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JadeWeb
chroniques #12
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LES
ENTRETIENS
. Clinic .
. Piano magic .
. Bip-Hop .
. Travaux Publics .
. Mathieu Malon .
. Arbouse Rec .
À LA LOUPE
Label
Z
& Zoé
V/VM
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ROOM
106 V/a
(Cirque/ Limonade)
L’amour franco nippon, d’abord fondé sur l’exotisme et la découverte,
a prolongé ses racines dans une collaboration solide, un maillage
créatif d’ampleur. La ferveur et l’hystérie nippone ne sont
pas ici présentes, la compile oscillant davantage dans les méandres
d’une folk électronica aux motifs pointillistes, où brouillards
digitaux et crachins de laptop viennent donner la mesure contemporaine
de cette musique.
On retrouve entre autres intervenants, quelques figures d’Active Suspension
et de Goom, depuis Dorinne_Muraille à Shinsei & regressive
Audio et O. Lamm ainsi que des personnages emblématiques de cette
fraternité franco nippone tels que Erik Minkkinen, membre de feu
Sister Iodine, actuel binôme de Discom et organisateur concepteur
des soirées BURO ou encore Minifer (Mehdi Hercberg) activiste de
l’ombre sous l’entité Shobo-Shobo Côté japonais, on
retrouve trois des fleurons de l’écurie Progressive Form, en les
personnes d’Eater, Yoshihiro Hanno et Aoki Takamasa, parmi tant d’autres
émérites (Tsuchiya Yasuyuki, Souguarehouse, Eutro, # de
niro, ….).
La musique est bien évidemment le reflet des attentes de chacun,
on sent une dynamique très positive chez nombre d’entre eux alors
que Shinsei et d’autres s’enfoncent toujours davantage dans leur (bel)
autisme digital.
Une belle brochette d’activistes qui donne envie d’en savoir davantage
sur leurs univers respectifs.
JJ.
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CREMASTER
Infra
(Antifrost/Métamkine)
Cremaster
contribue à mailler le genre noise d’une nouvelle appellation qu’on
qualifiera arbitrairement de swing noise ou noise dansante.
Bâti
autour d’un mixe protocolaire de feedback et d’effets de guitares préparées,
ce duo actif en les personnes de Ferran Fages et Alfredo Costa Monteiro
a déjà usé sa technique au contact des plus brillants
activistes contemporains, depuis Francisco Lopez à Peter Kowald,
en passant par Pascal Comelade, Andréa Neumann ou Kasper Toeplitz.
Traitant la texture de leurs sons avec une rare délicatesse, imprimant
quelques doux samples et autres répétitives anicroches de
grésillements.
La
gradation progressive, la construction fébrile, ténue, évoque
dès Infra 921 des procédés environnementalistes
ou l’image forte d’une station polaire à l’abandon, ponctuée
par intermittence de bruits distincts de pas dans la neige, de souffles
de vents polaires. La fragilité accidentelle s’amplifie, monte,
gronde, dessinant les contours d’une sorte d’électro minimale salie
et crachée, expectorée. On passe de phases douces, silencieuses
à des passages baroques, chargés en bruissements et en frottements.
Une
musique électro-acoustique, expérimentale…. Pour les amateurs
d’un grand Nord auditif quelque chose comme Pan sonic, Zbigniew Karkowski
et Thomas Koner sur la banquise. Exigeant, difficile d’accès, mais
avec de beaux points d’ancrages harmoniques, parfois vibratoires et Droniens.
JJ.
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I’M
NOT A GUN Every thing at once
(CCO/
ICI D’ailleurs)
Entre Folk électronique et Jazz filtré et feutré,
John Tejada, dont on entend beaucoup parler ces derniers temps (quelques
albums chez Plug Research, entre autres) et son acolyte Takeshi Nishimoto
relève ici un défi intéressant : agréger
un compost de post-rock où humus d’électronica et déchets
organiques de jazz, de groove et de Pop se mêlent de manière
substantielle, comme si Dictaphone, Mileva , Ganger, Fourtet et Appliance
entrelacaient leurs doigts.
Tout est ici question de lumière de timbre, de clarté,
d’intonation. Evoluant comme autant de fantomatiques apparitions, le rythme
et la mélodie surviennent, puis s’évanouissent avant de
réapparaître, toujours ailleurs, toujours pour le meilleur.
Des compositions que l’on suit comme autant de vies d’anonymes dans les
entrelacs " méandriques " d’une ville tentaculaire, sans
commencement ni fin. Le swing se dispute à la texture, la folk
intrigante fait son apparition puis se consume.
Une collaboration qui n’est pas sans rappeler les " loose grooves
& bastard blues " du sieur Tommy Guerrero , parenthèses
d’apaisement éphémère dans la folle course du monde.
Un instant qu’il convient de savourer sans mesure, le temps jouant contre
nous. L’appel à la tranquillité ?
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SET
FIRE TO FLAMES telegraphs in negative / mouths trapped in Static
(Fat Cat/ Chronowax)
Voyons dans SFTF non pas le renoncement à une certaine éthique
ou un quelconque idéal pavé d’ambiances introspectives et
désertiques, mais la promesse d’un ailleurs certes moins sûr,
plus obscur mais aussi plus excitant, aventureux, intense…
La musique improvisée comme seul point fixe au centre d’un océan
mouvant et incertain, l’expression concrète de l’aventure, cycles
minimaux où se nichent le silence et l’inconnu. Isolationniste,
cet album l’est certainement plus que son prédécesseur.
Inutile de se voiler la face, le genre défendu par SFTF était
en bout de course, tant GSYBE et l’entourage proche avaient scellé
le zénith et le zéphyr du genre dès les premiers
Albums. Tout était dit, à quoi bon revenir dessus.
Cette reconversion ou plutôt ce glissement vers les genres improvisés/
concrets est sans doute ce qu’on pouvait augurer de mieux
à ce genre.
Set Fire to Flame, en se délestant du superflu, jette à
l’eau les clichés qui encombraient sa musique pour donner à
lire en profondeur, au delà des écueils, l’humanité
complexe nichée dans ses mélodies et ses arrangements.
La lente montée de " Déjà comme des trous
de vent…. " se dévoile comme un adieu à leur passé
même si des retours se font à l’occasion " When sorrow
shots… ". " Small steps against inertia,… "
mélange de violons asthéniques et de passages environnementaux,
bande son imaginaire d’un film encore à tourner nous immerge dans
l’univers noir de l’album (haly throat hiss tracks)…..plus on s’enfonce
dans l’album, moins la musique se donne facilement, elle esquive, se plie,
adopte des postures nouvelles, comme ci l’écoute de Francisco Lopez,
de Robert Iolini, des Rachel’s et autre Eric La Casa avaient cacheté
le destin du groupe. Bientôt sur Ssc ?!? Quand l’émotion
communie avec la réflexion. Beauté, transgression, nostalgie…
JJ.
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FIENDISH
FIB Telecom classics
(Angstrom/Mange
disque/ La Baleine)
Angstrom joue ici la carte de la redécouverte, plongeant un
temps dans les plis historiques de la musique Toulousaine son dévolu.
Fiendfish Fib (Henning Specht/ Pierre Gastou) est de ces groupes qui se
sera fait trop tôt une oreille musicale aux sons des Résidents,
Suicide et autres éclaireurs de l’apocalypse digital.
Dans une optique John Oswaldienne ou plus exactement dans une non-éthique
comparable à Stock Hausen & Walkmen, The residents, V/VM ou
People like us ; Fiendfish Fib détourne la matière
informative de ses jalons, celle là même qui s’échappe
de nos postes. Une première autoprod. (1988) où le groupe
crucifiait Dorothée au piloris de sa création.
Viendra ensuite ce Telecom Classics, second volet, fruit d’un travail
de détournements subversifs, où les triturations incessantes,
de scanners de voix, de sonorités trafiquées de portance,
le tout sur fond de Michel Legrand (qui a composé les musiques
pour France Telecom) hymne ultra connu compromis d’Esquivel, de Standards
de Barry White, et de versions édulcorées des feux de l’amour.
Une transgression qui n’a sans doute pas reçu l’aval du ministère
des communications , on s’en doute mais qui libère une énergie
absolue au fil de cet album. Dans le processus de détournement
et la pointe d’agressivité dans la déviation, on est dans
l’esprit de Negativland jusqu’au cou (quelques chose comme leur " House
Arrest ").
Un excellent album, anarchique et bordelique à souhait, en opposition
probante avec The Eternal (Diamond Traxx),projet actuel d’une des 2 protagonistes
du groupe, preuve s’il en était qu’on peut interpeller l’intellect
et la réflexion des gens tout en inclinant leur rotules à
la danse.
JJ.
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RAFAEL
TORAL Electric babyland + lullabies
(Tomlab/Chronowax)
C’est au détour d’un album, " Wave fields "
pour Dexter ‘s Cigar (label de David Grubbs) que j’avais pu prendre la
mesure de ce guitariste Portugais dont les doigts semblent couverts d’étoiles ;
un sens inné de l’effacement et du camouflage ; un goût
affirmé pour les variations lumineuses, les ondoiements concentriques
d’arpèges, la blancheur et la simplicité graphique de ses
pochettes…. cette somme de petits détails sonores et visuels qui
forment un tout et qui composent l’environnement du poète gestuel
qu’est Toral . 45 min 38, d’une dérive semi-acoustique, semi électrique,
noyant jusqu’au bonheur l’auditeur , qui devient observateur du dessous
de la surface : les douces ondes provoquées par le modulateur
analogique et en écho lointain, abstrait, les réminiscences
de l’enfance au travers de la boîte à musique entêtante.
Un electric Babyland (& lullabies) comme une réfraction en
catimini du Electric Ladyland de l’autre.
Il faut enfin laisser à son compatriote, l’immense poète
Fernando Pessoa l’opportunité de conclure " Sentir comme
on regarde, penser comme on marche, Et, au bord de mourir, se souvenir
que le jour meurt…. " (…) " ne rien lire, ne penser
à rien, ne pas dormir, sentir la vie courir en moi comme une rivière
dans son lit, là bas, dehors, un grand silence comme un dieu qui
dort. ". Magnifique !
JJ.
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MUSCLORVISION
Hits up to you
(Musclorvision/Poplane)
Après un premier set disputé âprement au filet
(Simple Messieurs) Musclor rec. (épaulé ici par Poplane)
revient en force pour mettre à mal un nouveau symbole, non plus
national (Rolland Garros) mais international de la culture populaire…
.le Concours international de l’Eurovision.
Parti du constat simple mais ô combien judicieux que depuis 10 ans,
les instances de l’Eurovision ne jouent plus le jeu de la création
artistique (vision créative à long terme) mais celui de
l’opportunisme capitaliste (Vision mercantile à court Terme), Musclor
rec a imposé à ses soldats de circonstances la mission de
sauver la musique en redorant le blason terni de cette institution.
Construit un peu comme un chantier de Travaux Publics (le sublime Label
Tourangeau), un collège de règles plus ou moins établies
circulent, en vue du cahier des charges des participants.
Une idée joyeuse qui comme toute les idées joyeuses se doit
d’être préparée dans la plus grande gravité.
Ce sont pliés à l’exercice des artistes dont le nom
vaut à lui seul l’achat de l’album (Trostkids on the block mais
aussi Justice, Poney poney, Microloisir, Cocosuma, Choc, Dirty sanchez,
Soda Pop Kids, the nicotines.
Le résultat est sans appel ; on passe de sonorités
langoureuses façon Supertramp aux assauts mélodiques d’un
Thierry Pastor ( Dallax ), voire les Who ( the nicotines) ou Air (Dirty
Sanchez) avec en toile de fond, les spectres réconfortants de France
Gall, d’ABBA, ou de Petula Clarck et Burgalat.
Si la compile révèle sans exception l’excellence des compositeurs-interprètes,
ceux qui ont le plus joué le jeu ont ma préférence
et puisqu’on doit élire son trio infernal, voici le mien :
Justice, Dallax et Microloisir. Encore et plus que Jamais : vive
Musclor rec !!
JJ.
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ULRICH
SCHNAUSS A strangely isolated place
(City Center Offices/ La Baleine)
On peut avec pragmatisme diviser les amateurs (cela fonctionne aussi
avec les armateurs) de l’électronica ceux qui pêchent pour
un amour immodéré des mélodies ; ceux qui s’attachent
plus volontiers à la texture , le plumage du son, sa tessiture
digitale et cadencée. Ulrich Schnauss est dans ce sens plus proche
de Ms John Soda ou Laudanum que de Styrofoam.
La capacité évidente à construire des compositions
entêtantes du calibre de Monday-Paracetamol ou Clear Day, passe
par un goût sans faille pour des artistes type New Order, Slowdive,
etc…Déjà croisé sur les bancs d’équipes amis
(Morr, Carpark…), l’homme atteint avec cet album un maturité évidente.
Après l’excellent album post-rock du duo Tejada/ Nishimoto -
I’m not a gun - et une escapade remarquée en contrée
Jazzy (Dictaphone ), City Center Offices réaffirme sa passion
et sa plus profonde affection pour les constructions mélodiques
fluides, rythmiques aquatiques, atmosphères lacustres. On chemine
dans un univers de mousses humides, de pierres polies et de rieds brumeux,
sur les rivages de l’onirisme fondé sur quelques accents translucides.
Les tulipes de couverture évoquent d’autres tulipes (Celle de To
Roccoco Rot) Même si celles D’Ulrich Schnauss ont cette beauté
grave de fin d’existence, assombries et irrémédiablement
attirées par l’attraction terrestre et la fuite… Très beau.
JJ.
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TIM
HECKER radio Amor
(Mille Plateau/Tripsichord)
Pour l’avoir vu arpenter les rues de Nantes, si l’on devait d’un qualificatif
le décrire : Tim Hecker a la silhouette fluette et fine d’un
jeune adolescent, qui, sans être invisible au monde, cherche irrémédiablement
à se fondre dans la foule. De même, sa musique n’est rien
moins qu’un échos diffus de son caractère. Une fusion douce
entre la psyché et le physique.
Des structures fines, un maillage complexe, moucharabiehs digitaux de
filtres et d’échos, de résonances et d’impasses sonores,
de cheminements. Les affectes sensibles, éthérées
nous conduisent sur les traces d’un Fennesz, d’un Chessie ou d’un Oval,
jalons nuancés d’électronique et de scintillement de souffles,
où se retrouve toujours ce même sens extraordinaire de l’humain,
de la sensibilité et d’une virtuosité à plier les
machines à la douleur. L’esthétisme digital dans toute sa
pureté…
Les vibrations, lentes processions électro atmosphériques
cristallisent l’air , semblent figer la nature dans un posture expectative,
mettant en symphonie l’environnement. La vision du printemps après
l’hiver ?! Une alcôve splendide et spatiale !!!
JJ.
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ALEJANDRA
& AERON Scotch Monsters
IAN EPPS Finds the Year oldchild courtside V1
(Softl rec/Métamkine)
Nous vous avions déjà fait l’éloge, il y a près
d’un an de cela, de cette fabuleuse usine à songes et à
rêves qui s’incarne dans Soflt rec.
Un label au regard bleu délavé, le visage tourné
vers le ciel, vers les formes abstraites des nuages qui trouve dans les
ombres et les faux semblants qu’ils projettent au sol, matière
à bercer nos illusions. Chacun des artistes du label revêt
sa part de dépouillement, de translucidité, laissant la
lumière traverser nos corps. Ce fut déjà le cas des
productions passées, qu’elles soient l’œuvre d’Aki Onda (Precious
Moments) ou Yoshio Machida (Hypernatural # 2) ou des productions actuelles
telles celles, aujourd’hui d’Alejandra & Aeron et Ian Epps.
Retrouver
Alejandra & Aeron, duo Americano-Espagnol, concepteur du magnifique
label Lucky Kitchen sur Softl ne surprend pas outre mesure notre raison
tant ces deux labels partagent une kyrielle de qualités communes,
qui vont de la ligne graphique oscillant entre Magnifique et Splendide
(même si Softl reste très proche de Bron Bron rec) et d’une
foi quasi monastique pour les pièces atmosphériques et minimalistes,
évanescentes par nature, suggestions d’effets plus proches du document
sonore environnemental (comme c’est la cas pour Scotch Spirits)
que de l’interprétation classique.
La
force de ce label réside avant tout dans le choix d’artistes prédestinés
à la transversalité artistique comme expression, une sorte
de " rationalisation poétique " de l’existence et une
interrogation perpétuelle (une ré-interprétation)
de ce qui nous entoure…comme Diskono ou d’autres savent si bien le faire.
Alejandra
& Aeron Bergman s’attachent ici à fouiller, à creuser
les plis de l’air écossais pour y entrevoir (y entendre) les spectres
anciens de ces terres antiques. Partis de contes et de légendes,
selon lesquels, en plus de hanter les demeures, chaque fantôme régit
sa propre gamme de sonorités au contact de l’air en se déplaçant,
ils ont enregistré patiemment au long de ces 18 pièces,
ce qui leur semblait être le passage de revenants. Ces compositions
musicales ne manquent évidemment pas d’esprits ( …) ; elles
revendiquent volontiers une part d’étrange beauté , constituées
pour partie de tremblements, de micro-événements, de glissements
d’air, de souffles imperceptibles et de petites mélodies en retrait.
C’est incontestablement superbe, comme tout ce que touche le couple et
absolument indispensable à toute recherche du bonheur.
Ian
Epps, pour sa part, laisse l’irrationnel et le surnaturel de côté
pour axer sa démarche sur les terrains de l’étude comportementale
et des techniques issues du documentaire (psychanalytique). En appliquant
une forme d’entropie sur l’auditeur (on se retrouve dans la peau d’un
enfant de 4 ans), il sort nos anatomies de leur contexte, invitant nos
esprits à quitter un temps nos corps et la certitude de leur existence.
Une petite symphonie de l’enfance, légère et douce, à
porter de mains d’un Isan et d’apartés électro-ludo-acoustiques
soyeuses. Très beau !!
JJ.
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MELATONINE
Les environnements principaux
(Unique Records/La
Baleine)
La mélatonine, c’est ce petit composant chimique, qui mêlé
à l’organisme apaise l’esprit, régule les flux cardio-vaculaires….
Le quatuor s’en fait, sans honte l’écho dès son morceau
d’ouverture, voix monocorde d’un médecin désœuvré
rappelant le héros de la courte nouvelle de Boulgakov (Morphine,
je crois). Ensuite, l’instrumentation reprend son empire sur l’album.
Il est foncièrement réjouissant de retrouver, comme une
résonance du passé, un groupe dont la démo a trouvé
des oreilles attentives auprès d’un label (Unique rec) et d’une
personne (Gérald ). C’est le cas de Mélatonine dont nous
vous avions vanté, dans une précédente mise à
jour les effets euphorisants. Si le bilan arrive un peu vite pour un groupe
aussi jeune, il permet cependant de mettre en perspective l’évolution,
il aide à se faire une idée du chemin parcouru, des efforts
consentis et des techniques acquises.
On retrouve aussi cette même ferveur pour l’architecture et la photo
cadrée. Les silos industriels ont pris la place des immeubles Haussmanniens.
L’étape entre la chenille et le papillon suit délicieusement
son cours. Unique rec servant ici avec finesse de Chrysalide, " pouponnière "
à idées et expériences.
Les compositions, plus amples que par le passé sont également
plus aériennes.
L’emploi d’une section rythmique " classique " et de lignes
de guitares claires déchirant l’obscurité est l’empreinte
génétique du groupe, sa tâche de naissance patente,
perceptible dès les premiers accords jetés.
L’ampleur mélodique se produit sur Page 1, un sorte d’onde
souterraine qui se répand, alimente dans nos veines sa délicieuse
ciguë, lent poison de post-rock entêtant issu des cendres d’Hélium
et de Fly Pan Am/ GSYBE, de climats harassés d’émo-noise
façon Unwound ou Fugazi et de mélodies éphémères
et tourbillonnantes (Seitseman,) .Mélatonine déchire
nos âmes, sans nous donner les clefs pour stopper cette douce hémorragie.
Beau et obligatoire !
JJ.
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TELEDUBGNOSIS Magnetic
learning center
(Wordsound/ Tripsichord)
Skiz
Fernando a fait de Wordsound, (son label) , une arme de destruction massive
des clichés, un cheval de Troie à l’occasion duquel il répand
dans la forteresse dub , ses puissants courants déviants, ses adjonctions
sonores aussi éclectiques que variées. Les écueils
sont mis en ligne avant d’être exécutés sommairement.
Teledubgnosis
ne faillit pas à la règle ; il se révèle
une étape supplémentaire, une heureuse propagande de ce
vers quoi doit (devrait) tendre ce genre selon Wordsound.
Si
il est bien ici question de Dub, le travestissement qui s’y opère
révèle un talent certain pour le camouflage. Un album pour
l’essentiel Organique, construit autour de Ted Parsons, Jason Wolford
et Gregory Damien Grinnell, trio sur lequel vient s’adjoindre la basse
de Tony Maimone.
Sur
les trames classiques d’un Dub enivrant viennent s’adjoindre samples épurés,
ambiante pesante, lignes de guitares frustrées, vortex de cuivre,
gallons ocre d’harmonie….. Les basses fonctionnent à la manière
d’une éponge, absorbant les empruntes mélodiques, les effets
contingents, les restituant par échos sourds, par cercles concentriques
diffus. Les Climats asthéniques de some/thing, la chaleur
" country " de Close to fire , les arabesque moyen-orientale
de Operations Manual , les clairières illbient-hop de speed/life,
etc…. évoquent avec aplomb d’autres moments forts du label, depuis
the Weakenners à Equation of eternety, même si l’on retrouve
aussi certaines vibrations communes à Sub Rosa en lisière
de l’expérimentation. On pense aussi à des consonances du
Cinematic Orchestra, des Sofa Surfers, Badawi, Muslimgauze voire Red Snapper
dans ses grand jours. Un album qui impose son engourdissant rythme au
fil des écoutes.
JJ.
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ALL
TOMORROW’S PARTY 3.0 Autechre Current
(ATP Rec/ Chronowax)
Il serait regrettable de passer sous silence le travail d’orfèvres
tapis dans ce double album, thésaurus du dernier Festival ATP (All
Tomorrow’s Parties) donné en Angleterre le mois d’avril dernier.
Une construction didactique et dynamique, agencée par Autechre,
s’il vous plait. Une compilation comme seuls savent les entreprendre les
anglo-saxons (la patrie du magazine Wire..), qui se joue d’un joli contre-pied
aux compilations si prisées actuellement de Bastard Mix et de Bootlegs
F*ck (pour emprunter l’étiquette) qui sévissent avec plus
ou moins de bonheur sur l’hexagone.
Il est ici question de tempérance et de patience, d’ouverture de
pavillons et d’esprit, valeurs qui guident, chemin faisant, l’auditeur
au fil de cette partition en deux volumes.
L’accalmie n’est pourtant pas ici le maître adjectif, que l’on s’attarde
sur le somptueux trio de tête qui ouvre les festivités :
Public Enemy/ /Masters of Illusion/ Gescom (remixé ici de manière
magistrale pat Autechre).
La porte rythmique ouverte laisse libre court à l’entrée
des genres les plus variés, de la folk à la techno minimale
en passant par l’expérimentale…Jim’O Rourke, OST, Made, Dr Dooom,
Stasis.
Le deuxième volet, plus intransigeant trace une ligne droite entre
l’expérimental, l’électroacoustique et un processus jusqu’au
boutiste. Il fait la part belle aux praticiens de chez Mego,(Pita, Hecker)
et Skam (Bola, Baby Ford). On se délecte également des sphères
hypnotiques de chez Planet E (BFC) ou Disjecta, Earth.
" ATP is the ultimate mix tape ", ce n’est pas moi que
le dis, c’est Thurston Moore. Connaissant le bonhomme, c’est bien à
une confrontation d’éclectisme en règle à laquelle
nous sommes conviés. Ardemment recommandé (Avis catholique
favorable).
JJ.
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BUZZCOCKS
S/t
(Cherry red records/Pop Lane)
Difficile de tergiverser sur un des trois groupes fondateurs de la
mouvance Punk….
Pourtant, le groupe n’a jamais eu de mal dès le début de
sa gloire à se distinguer des ses 2 congénères en
écrivant, en filigrane, des sommets de mélodies punk-pop.
C’est ce song writing arraché à la violence du mouvement
de 77’, fils du sang et de la sueur qui a bâti le mythe des Buzzcocks.
C’est sans doute ce qui a sauvé du naufrage ce groupe alors même
que le genre punk n’avait d’autre destin que de ne pas en avoir…Pete Shelley
et Steve Diggle ont en cela bien abordé le tournant en trouvant
dans une nouvelle section rythmique (phil Barker à la batterie,
Tony Barber à la basse toujours en place actuellement), la cohésion
et la vraisemblance qui manquaient aux autres groupes de cette trempe.
Cet album semble garder toujours à l’esprit, comme quelqu’un qui
fixerait l’horizon, l’énergie et la rage des premier jours ;
n’en reste pas moins une baisse de régime et de spontanéité
qu’on concédera aux années …. Wire, buzzcocks …et si c’était
dans les vieux pots qu’on faisait la meilleur musique. L’occasion, aussi,
de redécouvrir les premiers albums par là même.
JJ.
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JASON
LESCALLEET Matttresslessness
(Cut/Metamkine)
Il est de ces personnes, qui préfèrent le réconfort
de l’anonymat à la notoriété, l’ombre plutôt
que la lumière, dirons-nous. Par timidité, appréhension
ou volonté affirmée, leur choix est de se tenir en retrait.
Cependant, à l’occasion, portées au devant par des amis
ou sous l’impulsion d’entités externes, elles choisissent de passer
la frontière et de transformer en actions leurs réflexions.
Jason Lescalleet, construit son cheminement sur l’improvisation, son mûrissement
hors des sentiers balisés, laissant enfin la place à l’exposition
d’une de ses œuvres.
Il jette des passerelles entre deux genres, qu’il connaît bien,
puisqu’il est ici question de structures improvisées, d’une part,
et d’explorations approfondies des sons extrêmes d’autre part.
C’est dans l’emploi d’un matériel rudimentaire ; outillage
de K7, d’ objets trouvés, de disques durs et de circuits électroniques
disruptifs que Jason Lescalleet a trouvé sa demeure, son gîte.
L’exposition dure est privilégiée en début de session,
les ultra hautes fréquences présentent sur Ambidextrous
& half japanese (qui ferait passer Ryoji Ikeda ou Kevin Drumm pour
de débonnaires compositeurs de musiques folkloriques Helvétiques)
s’apaisent au fil de l’album. Le propos se nuancent aussi au sein des
compositions, ainsi les crépitements sur Underscore laissent
place à une pluie acide de saturations au final et les boucles
préparées donnent un peu d’air à l’ensemble (clay
tapes) ouvrant sur de nouveaux paysages. Un pur travail d’électroacoustique
introspectif et expérimental. A manipuler avec attention.
Un premier album intéressant pour un musicien qui compte beaucoup
de collaborations splendides, notamment avec John Hudak, Franscico Lopez,
nmperign, Rrron Lessard/ Due process, Achim Wollscheid, etc….du beau linge,
en somme !
JJ.
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FREEFORM
Condensed
(Non place/La Baleine)
Les formes abstraites qui se déploient, se modulent, s’articulent,
au long de cet album prennent tour à tour les aspects et les tournures
de voyages exotiques, de trips extatiques, de mutations génétiques,
d’ascensions atmosphériques, de glissements sub-aquatiques. La
figure libre, émancipée, autonome, affranchie trouve ici
de très belles terminaisons nerveuses, une gracieuse expression
finale…la cristallisation hivernale d’un Ect, la rotondité
d’un Craving for grey, la candide répétition d’un
Foil , les stalagmites en formation sur Spandoe, etc…Chaque
morceau devient prétexte à imagination et laisse évoluer
ce géoïde tumultueux, dans un conflit ouvert entre culture
et nature.
Simon Pyke est un artiste caméléon capable d’une multitude
d’adaptations, d’une acclimatation continue (perpétuelle), preuve
s’il en est, sa production discographique brillante éparpillée
entre Warp, Skam, Sub Rosa, Worm Interface, Chocolate Industries, Language,
etc… d’admirables émotions .
JJ.
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HERPES
O DELUXE Havarie
(Everest rec/
RecRec/Import)
En investissant l’univers des vieux instruments analogiques :
magnéto à bande, Korg, Moog, etc… Herpes O Deluxe crée
instantanément une proximité et donne une profondeur singulière
à son projet. Un relief qui s’exprime aux détours de ses
vieux modulateurs chargés d’histoires, dont la texture, le grain,
les sonorités animent l’esprit de souvenirs et de nostalgie. Pourtant
HOD cherche à briser cette relation privilégiée entre
l’auditeur et la chaleur du son, en construisant des agencements abstraits,
étirés et quelquefois incompatibles à une écoute,
disons aisée. Une distance qui résume bien, l’esprit et
la philosophie du projet ; " n’employer une structure harmonique
(tonale) que si elle s’impose à la logique du morceau et du moment ".
Aux vieux instruments s’adjoignent des détails de Turntables modifiées,
des voix trafiquées et récurrentes ( comme ce phonème
de sorcier indien en intro du magnifique Anwachs), de matériaux
bricolés et de samples naturels détournés. Une musique
spectrale, fantomatique, à mettre en parallèle avec les
mondes imaginaires de Francisco Lopez (Selva), Black Fiction,par moment,
ou encore Thomas Koner, et Main, voire d’autres artisans du souffle et
du vent.
JJ.
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HECATE
Vs LUSTMORD
(Hymen/ La Baleine)
Lustmord et Hecate sont de ces groupes à géométrie
capricieuse qui spéculent sur l’ère post industrielle voire
l’ère industrielle tout court.
Les passages ambiant sombres et spectraux piquent notre imaginaire au
vif, attisent notre appétence pour l’obscur et la léthargie
(Mégavoid) Massif, pondéreux, les scansions piétinent
les ourlets de nos oreilles, réveillent avec une répétition
algébrique leur goût pour le chaos.
Un son Dark-beat, Breakbeat métallique, proche d’expériences
Hardcore avec toujours une retenue étrange.
Précepte de fin du monde ; pamphlet post-industriel ; même
si la formule s’écule au fil du temps (le poussif Heresy Resurrected),
elle garde encore (un peu) de mordant sous la langue, lorsque Hecate et
Lustmord mastiquent de consort…. Quoi que …
JJ.
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DUB
TRACTOR More or less Mono
(CCO/La
Baleine)
Les peuples du Nord de l’Europe ont sans doute gardé dans le
tréfonds de leur mémoire le souvenir enfouis des espaces
désertiques, de l’omniprésence de la nature. Un legs qui
tient de l’inné, transmis au subconscient de génération
en génération.
Anders Remmers en serait conscient qu’il n’agirait sans doute pas différemment.
Loin d’être un inconnu , ce musicien sévit en trio depuis
un couple d’année sous le nom de Future 3 (Avec Thomas Knak, (l’excellent
Opiate) et Jespers Skaaning (Acustic) On le retrouve également
sous l’hétéronyme System (On Scape). Une décennie
d’occupation , de travaux sophistiqués pour le compte de CCO ou
Morr.
More or less mono est à ce jour son quatrième album,
une escapade glacée dans la toundra, un moment d’intense sérénité,
plus pop dans sa construction que son compagnon d’Opiate, ne serait-ce
que par le chant léger et désinvolte présent sur
certains titres (I don’t care) et les douces parenthèses de guitares
en déclinaison constante, comme sur Pep, wait. De l’électronica-pop
lascive et endormie.
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DEATHSITCOM Destroy
all beauty
(Musik Experience/La Baleine)
Pour apprécier sans mesure la musique du jeune Munichois Joe
Starnecker, il faut au préalable évacuer rapidement de son
esprit l’esthétisme morbide du projet qui n’offre qu’une lecture
primaire et un peu puérile de sa musique. En ce sens, le cliché
de mutilation et de scarification qui orne la pochette n’a d’autre intérêt
que de rassurer une jeunesse en manque de sensations fortes et de repères.
Pas plus d’ailleurs que le titre de l’album faussement nihiliste et le nom
de l’artiste (Death sitcom). Pourquoi appuyer à ce point sur l’autodestruction
alors qu’il y aurait tant à dire sur la construction créative
et les univers riches, post-industriels et proto-digitaux qui s’y jouent.
On retrouve surtout avec un plaisir non dissimulé, ce qui fait le
magnifique attrait des artistes de Musik Experience, ce talent immodéré
pour tisser des atmosphères dark-ambientes ou un breakcore s’immisce
pesamment, dissout lentement la mélodie, s’amplifiant graduellement
pour ne plus offrir au final qu’une catalepsie rythmique ultime. L’énergie
d’UW avec l’esprit d’Hymen. |
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PRIKOSNOVENIE
Fairy World #1
(Prikos/La Baleine)
Qu’on adhère ou non à l’esprit graphique et la ligne esthétique
du label (Ce qui n’est pas mon cas), forme d’art naïf et enfantin un
peu gauche, on doit cependant reconnaître au moins au label une identité
unique, eaux fortes de musiques ethniques, de résonnance classique,
d’univers imprégnés en 4 AD, d’œuvres sacrées et païennes,
féeriques également, de boîtes à musique nostalgique,
d’électronica échevelée ou d’expérimentation
sauvage et post-industrielle.
Treize longues années à construire, au delà de l’univers
du label, une ferme communion entre les artistes ; du respect mutuel,
au-delà des clivages et des désunions artistiques ; une
fratrie qui assume ses différences, préférant se fâcher
sur les détails pour mieux se rassembler sur l’essentiel.
Un monde intérieur (Prikosnovénie) qui étend pourtant
son emprise sur bien des continents (Océanie, Europe, Asie, Amérique,
Russie) pour une pléthore d’artistes ayant tous répondu à
l’appel sans ciller. Lys & Louisa Joh Krol, Flëur, Gor, Ifran,
Ashram, Love session, Prajna, Lys, Phil Von, Anassana, Faraway, etc… A ceux
qui croient encore au mythe de la diversité culturelle et aux formes
uniques de créativité. |
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COIN
GUTTER All Your dream are meaningless
(No Type/Métamkine)
"C’est au nombre de ses ennemis qu’on reconnaît la valeur d’un
homme, la qualité d’une construction". De même que l’utopisme
moderniste et décapant du Bauhaus, avait au début du siècle
dernier déchaîné les passions, La musique de Coin Gutter,
belle épure de lignes courbes, d’à-plats limpides, de textures
lisses, béton lavé, vitres dépolies, de parements arc-boutés
se veut un prolongement de la recherche d’esthétisme, entre dynamique
harmonieuse, sensible et rupture soudaine. Emma Hendrix et Graeme Scott
veulent croire, par analogie, à l’utopie d’une musique qui aurait
les vertus d’élever l’homme au dessus de sa condition ; la musique
non pas comme un placebo aux maux de nos vies, mais comme un brasero ardent,
irradiant l’esprit par l’audition.
Une proposition abstraite de faits et d’actes, de principes musicaux qui
puisent dans les musiques strato-atmosphèrique, environnementale,
isolationniste, électro-acoustique minimaliste. Lift with the
Knees, lente ascension mentale (36 minutes), a la même beauté
embrumée que la progression mythique introduisant le film d’Herzog,
Aguire, où la colère de dieu par Popol Vuh.
A bien y regarder, on peut aussi déceler des touches de Throbbing
Gristle, des apartés de Thomas Koner et d’Alan Lamb, des petites
alcôves sonores de piano, un zapping terroriste, mélangeant
attentat sonores de bruits blancs (lignée Mego) et musique de chambre
(Lullaby)
Brouillard spectraux façon Dissolve ou Labradford , d’échos
de cartes postales sonore, façon La Casa où Ouie Dire rec.
et de musique électronique atonale. Introspectif et méditatif.
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DOF If
more twenty people laugh, it was’nt funny
(highpoint lowlife/Import)
Un titre qui sonne comme un sarcastique adage, humour anglais de circonstance
et un pseudonyme (DOF) à l’énigmatique sens.
Comme on enlace des nattes entre elles pour faire une corde, DOF stimule
et entrecroise trois courants majeurs de l’ère post-moderne :
électronique, musique atmosphérique et folk aérienne.
Des caractères de ces 3 courants : dynamisme, rectitude, froideur,
énergie de l’électronique ; harmonie, plénitude,
introspection de l’ambiante ; calme, limpidité tristesse grisante
de la folk ; DOF, en les juxtaposant les uns aux autres, aura su galvaniser
leur énergie, multipliant la portée de leurs effets, davantage
que les soustrayant ou les additionnant.
Brian Hulick, résidant de Philadelphie est venu à la musique,
deux points ouvrez les guillemets : " lors du crash d’une
météorite dans son jardin, de puissants rayons cosmiques m’ont
irradié et donné des super pouvoirs de musiciens".
Ce savant dosage n’est pourtant pas exsangue d’une expérimentation
maline autour des développements de rythmes et du comportement de
nappes. Il faut penser DoF en terme d’arithmétique : Matmos
+ Boards of Canada + L’altra + Autechre = Dof . Pour résumer l’algèbre,
Dof est ce qui était arrivé de mieux à ce genre depuis
Fourtet (Les connaisseurs apprécieront la comparaison). Essentiel !!
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ACIDE
HOUSE KINGS mondays are like tuesdays & tuesdays are like
wednesdays
CLUB 8 spring came, rain fell
(Labrador/Poplane)
Acide House Kings ouvre les fenêtres de ce " mondays
are like tuesdays…. " avec une intro mélodique douce qu’on
dirait droit sortie des tiroirs du maître de la soul lascive Barry
White…Puis apparaissent progressivement, par touche successives, une tonalité
de nouveaux éléments : la voix fragile et ténue
d’une femme (Julia Lannerheim), un timbre peu assuré d’homme, des
petites comptines délicates, où se mêlent sons de
synthé naïfs, guitares candides, trompettes guillerettes,
batterie ingénue. Le Pays d’Acide House Kings a beau être
proche des sphères polaires, leur musique réchauffe nos
esprits et nos cœurs. On pense au King Of Convenience ou à Belle
& Sebastian…
Une musique bien plus optimiste que ne laisse deviner le titre…Sans doute
la manière suédoise de manifester sa gravité et sa
tristesse… reposant et innocent. Un bon point pour les frères Angergärd
et leur jolie vocaliste Julia Lannerheim.
Heureux également de retrouver Club 8, leur morceaux sur
David design (V/a Labrador rec) étant déjà parmi
les plus pertinent et émotif de la compilation.
Projet
solo du boss de Labrador et tiers de Acide House Kings, ce Club 8 se démarque
par la voix plus engagée dans la bataille (de couettes), qui
n’est pour le coup pas celle de Johan Angesgärd (c’est Niklas, son
frère qui chante ici ). On devine un petit semis d’effets discrets
qui viennent enserrer de leur non chalance cette atmosphère douce
et ouateuse.
Cette
charge émotive, on la retrouve évidemment au long de ce " spring
came, rain fell ", distillé avec une plus sage retenue, à
la manière d’une infusion laissant ses arômes se mêler
doucement à l’air ambient . La voix fébrile de Karolina Komstedte,
s’apparie à merveille aux couleurs pop pastels au long de ces 12
titres , rehaussées à l’occasion d’éléments
trip-hop, chill out ou Dub rappelant à l’occasion Air ou Kings of
Convenience. Une inconnue subsiste : cet arpège de guitare en
intro de we’re simple minds est il un hommage déguisé au duo
Ballamenti/Twin Peaks ? Relaxant et beau. |
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MAPS
& DIAGRAMS free time
(Pause 2/Chronowax)
Le parallèle entre les cartes et les diagrammes a cela d’évident
que chacun d’eux relient, par la voie d’une technique humaine, les organismes
entre eux, symbolisent le rythme et la géographie des vies.
Les courbes, crêtes, et dépressions de leur musique composent
en parallèle les couches d’ altimétrie du corps, épousant
les reliefs et les creux de l’harmonie…la musique ondulante, mariant son
rythme aux géosynclinaux de la pochette.
Tim Martin, boss de Cactus Island et tête pensante du projet Maps
& Diagrams (albums sur Neo Ouija, Tundra music, Endorphin) semble
investi d’un devoir de piété et de dévotion à
l’encontre des synthétiseurs et de leursodes planantes.
Une musique qui effectivement peut se lire comme un diagramme , avec en
arrière plan, la rigueur d’un réseau de lignes horizontales
et verticales sur lesquelles naviguent une courbe hors d’attache, libre
d’onduler à sa guise, de stopper sa course ou de bifurquer. Un
voyage élégant et gracieux au pays des sonorités
électroniques délavées à la house, jamais
éloignées des protégés les plus apaisés
de Morr , CCO ou Vertical Form.
Pause 2 est un jeune label qui trace déjà les repères
et les démarcations d’une voie cohérente entre pop- électronica
complexe (et décomplexé) et climats synthétiques
grisants
JJ.
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