chroniques
2002
chroniques 2001
Entretiens
|
|
JadeWeb
chroniques #12
page >1
>2 >3
>4 |
|
|
|
|
LES
ENTRETIENS
. Clinic .
. Piano magic .
. Bip-Hop .
. Arbouse Rec .
MEMENTO MELODIES
À LA LOUPE
Le
label Z & Zoé
LA
DEMOTHEQUE #1
CHRONIQUES #11
DORA DOROVITCH . MASSIMO . FLIM . SUBURBIA . DAKOTA SUITE . QUINTET
AVANT . THE MAJESTICONS TROUBLEMAKERS . DORINE_MURAILLE . SCHMOOF .
FABRICE EGLIN / BENJAMIN RENARD . TONNE . HOMELIFE . LAUDANUM . PULP
FUSION . ELEKTRONIK . APRIL MARCH . KOMET Vs BOVINE LIFE . MAJA RATKJE
. GISCARD LE SURVIVANT . NAD SPIRO . POPULOUS . SNOWBOYS . JOHN BELTRAM
. SR. CHINARRO . HOGGBOYS . AMON TOBIN . STUNTMANN 5 . SON OF CLAY .
TENNIS . THE CARIBBEAN . PANOPTICA . TELEFAX . ALEXANDER PERIS . IMAGHO
. SKETCHES OF PAIN . FRZ-IMAGHO . MOU, LIPS . SCANNER + TONNE . SALVATORE
. VENETIANS SNARES . ANGEL . ABSTRACT KILL AGRAM . Battle of the Year
2002 . HAND OF DOOM . SPREAD LOVE .BURT BACHARAH . CALLA . PURÉE NOIRE
. ELEKTRONISCHE MUSIK TAPE 10 . OBOKEN . RUBIN STEINER . BLACK DICE
. BIP-HOP VOLUME 6 . EVA CASSIDY . CYANN & BEN . LEE HAZLEEWOOD . EPSILON
SIGMA CLUB . RODAN . EUELL . ANALOGUE . MANTA RAY . KAITO . A1 PEOPLE
. STARGAZER
CHRONIQUES
#10
CAVIL . CAMPING CAR . POST OFFICE . DAVID WHITAKER . INFORMATION . DELAY
MAKES ME NERVOUS . V/a LEAF . SOGAR . KAT ONOMA . CADIER / BURGER .
MY LITTLE CHEAP DICTAPHONE . COLLECTION OF COLONIES OF BEES . SPECTRE
FEATURING . SENSATIONAL . FENNESZ/MAIN . TARTWATER . NICOLAI DUNGER
. ALEXEI BORISOV . BUSY SIGNAL . UN CADDIE RENVERSE DANS L'HERBE . IDAHO
. MS JOHN SODA . OLIVIER QUEYSANNE . GOR . BJÖKENHEIM / HAKER FLATEN
/ NILSSEN-LOVE . PAUSE CAFE . MUS . FLEUR . FORMANEX . THE PHENOMONOLOGICAL
BOYS . GHISLAIN POIRIER . MORGAN CANEY & KAMAL JOORY . DENZEL & HUHN
. V/a PARTICULAR SYSTEM . RONNIE SUNDIN . ACTIVE SUSPENSION VS CLAPPING
MUSIC . OLIVIER LAMM . THILGES 3 . ZOHREH . TUE-LOUP . HLM . FAUST .
BUNGALOW . DICTAPHONE . COLLIN OLAN . 17 HIPPIES . NOONDAY UNDERGROUND
. DENSE . VISION SHRINE . DAVID DESIGN . PURE . KUBIK . ACETATE ZERO
. MASON JENNINGS . DIAGONALE STABLE . ANTIFROST . CORDELL KLIER . MINAMO
/ JÔRG-MARIA ZEGER/I-SOUND + D. RAFFEL . MIMETIC MUTE . PHILIP SCHEFFNER
. TRAVAUX PUBLICS . MONTAG . T. RAUSCHMIERE . COLLEN . GUITAR . END
. BATTERY OPERATED . IDENTIFICATION . ALAIN BASHUNG et CHLOE MONS .
BREMSSTRAHLUNG RECORDINGS . DAYGAL . MICHEL & MICHEL . LA GOUTTE . RJD2
. TUJIKO NORIKO . SUPERSOFT [14-18] / ANDY’S CAR CRASH . GEOGRAPHIC
. El-P . 22 PISTERPIRKKO . MLADA FRONTA . NO REWIND V/a . MILEVA . TRIBECA
. DING DAWN . SCORN . THE WALKMEN . YUNX
|
|
|
|
|
|
|
|
DONNA
SUMMER This need to be your style
(Irritant/Toolbox)
Toute
l’ironie et le cynisme du projet est contenu dans le pseudonyme du groupe
et son intitulé. Sous couvert de cet emprunt patronymique à
la reine discoïde de la fin des seventies ; Donna Summer cherche
à exorciser l’hédonisme triomphant du genre disco autant
qu’à en marquer son achèvement clinique. Un doigt d’honneur
plus qu’un pied de nez, résumé dans cette pochette de squatters
Anglais chevelus du début 80’ et qui trouve son accomplissement
dans cette musique. Cette musique, justement, forme de superpositions
extravagantes et de glissements géniaux de sons funky 70’ type
Harmless/ SoulJazz/ Superclass (les sections cuivres sur What you truly
need et cette ligne de basse !!!), d’assauts Groovy et Looney
Tunesques, de vitrification de glitchs trafiqués et boiteux, de
bootlegs hasardeux et de breakcore désinvolte... Héritage
récents du sieur Kid 606 et d’autres comparses du genre (V/Vm ;
Lesser) A lire la bio d’Ed Flis , mentor d’Irritant et tête chercheuse
de Donna Summer, le jeune homme voue un culte à Supertramp ( !!!)
alors même que Pierre Bastien, Bernard Parmigiani, End, KK Null
Squarpusher Public Enemy , Yes ou His name is Alive figurent au panthéon
de ses aspirations musicales… nécropole aussi improbable que bigarrée
et vivante.
D’autres
noms jonchent sa courte discographie, depuis Omeko rec., Brooklyn beats,
cock rock Disco, Joseph Nothing ou Computers…Enfant d’une Trash Culture
joviale, il assène avec une spontanéité rare cette
" disco breakcore " primesautière et exigeante. Cool
et bienvenu !!! Avis catholique (ultra) favorable. Funk you !
JJ.
|
|
|
|
|
|
SYLVAIN
CHAUVEAU Un autre décembre
(Fat Cat/ PIAS)
On pourrait tout aussi bien sous-titré cet autre décembre
"chronique d’une évolution annoncée". L’approche
minimaliste à laquelle se livre Sylvain Chauveau est devenue de
plus en plus palpable au fil de ses 3 albums dont " un autre décembre "
marque ici la fin du triptyque (et quelque part le début d’une
nouvelle étape) .L’approche néo-classique de ses débuts
a progressivement subi l’épure de son jugement et de sa volonté
d’essentialisme.
Trois idées gouvernent le dogme intime auquel il s’astreint :
" rester aussi proche que possible de la beauté abstraite
du silence / faire que chaque son illumine l’harmonie par son évidence
/ rester fidèle à son histoire et à ses influences."
La beauté irrationnelle qui prend forme sous nos yeux se joue
autant dans les profonds silences que dans les fugaces gammes, jeux d’ombres
chinoises où la pénombre et la lumière se plaisent
à redéfinir les formes et créer des silhouettes fantomatiques,
dans une subtile chorégraphie en mouvement. Les silences emplissent
de leur gravité les clairières ouvertes de la composition,
redéfinissant à la manière d’Arvo Part, ou de Dakota
Suite le mouvement et l’espace.
L’au delà de sa culture musicale et sa recherche de la note juste
(fuir l’ostentatoire) passe nécessairement par l’admiration qu’il
voue à Bresson et son esthétique de la limpidité.
(Passage des images vivantes aux images immobiles).
Il emprunte également au texte de Brel ou cet Autre décembre
figure comme une réponse amère et nostalgique d’un présent
qui rejoint le passé. A l’heure où les ombres accouchent
d’autres ombres…
JJ.
|
|
|
|
|
|
PIERRE
REDON
solo (L’oreille
Electronique)
Sobrement intitulé Solo, les à-côtés de
cet album nous en feraient presque oublier le dessein principal de son
objet : son écoute ; ainsi , on aimerait s’épancher
pendant des heures sur le splendide objet qu’on tourne et retourne entre
nos mains, conçu et réalisé d’après dessins
et maquettes par Jean Pierre Valette, sorte de petit livret cartonné
où flottent d’étranges formes monocellulaires dignes de
Miro, gansées d’une armature fine de tiges métalliques qui
en assurent la protection. Les appréciations du livret aussi, pendant
humain de sa musique, où Pierre Redon décrit le contexte
et les conditions de sa création avec simplicité et intelligence.
Enfin, la musique, nous y voilà : fine, sensible, évidente,
fruit de captages acoustiques, de sonorités naturelles et
d’introspections électroniques : de l’électroacoutique
belle et intuitive, quelques fois drôle et surprenante comme ce
cri du Monstre, fruit de je ne sais quel mariage contre-nature
(une Scie ? un ressort ?) ou de moments plus calmes, apaisés
(Interlude II).
JJ.
|
|
|
|
|
|
MAPSTATION
Vs RAS DONOVAN
S/t
(Staubgold/ Chronowax)
Stephan
Schneider a multiplié ces derniers temps les approches et les goûts,
divisant en autant de projets qu’un diamant a de facettes ses parutions
musicales. Une vision typiquement allemande pour une classification régularisée ;
l’idée d’un ordonnancement rationnel . Mapstation développe
depuis 2 albums des circonvolutions électro-Dub minimalistes. L’adjonction
de la voix de Ras Donovan , si elle donne épaisseur et texture
à la trame mélodique peut aussi s’interpréter comme
un gage de légitimité " roots " à l’attention
des amateurs du genre. Si on rentre au départ mollement dans l’album
( L’austérité rythmique, son caractère répétitif
frôle les écueils du genre), c’est pour mieux s’emparer par
la suite des mélodies entêtantes, et instrumentales que sont
Wake Up et Effects of my Haste.
La pondération des basses, le flot lent des rythmes cautionnent
un sentiment mêlé de torpeur et de quiétude qui ne
se dément pas au fil de ce court album.
Stephan Schneider expérimente de nouveaux sentiers de sa géographie
intérieure, déjà esquissés dans certaines
compositions de ses projets adjacents.
Un équilibre entre pesanteur électronique, dub analogique
et speech roots qui renvoie à des influences notables depuis Him
jusqu’aux charismes des Hu Vibrationnal (Estern rec)
JJ.
|
|
|
|
|
|
FONICA
ripple
(Tomlab/ Chronowax)
On est dans un premier temps happé par ces visuels légers
comme l’air, perdus quelques part entre l’imaginaire de Follon et les
signalisations imagées de Tati ; des flèches semblant
migrer, fuir, s’extirper de la cacophonie des villes, gagner la campagne
et son silence imaginaire.. Fonica est un duo (Keichi Sugimoto & Cheason).
Préalablement sorti au Japon, cet album a connu une deuxième
jeunesse aux côtés de Tomlab. après un artwork revisité
ainsi qu’un allégement substantiel (la version japonaise contenant
des remixes de Sogar et Mitche Akiyama).
Sorte de parabole d’un monde urbain pressé où le seul exutoire
a les contours d’un voyage onirique et poétique, Fonica conjugue
à la première personne du conditionnel une musique enivrante
et grisante, constituée pour partie de glissando de guitares lo-fi,
d’arpéges folk aérés et d’autre part d’impromptues
et de fourmillements digitaux, de collages et d'inespérés
flux numériques. On pense irrémédiablement aux jolis
moments que nous ont offert par le passé Sogar, Isan, Mum, The
Book ou encore certaines digressions folk pastoralesde Mantler ou
de Jim O’ Rourke . Leur musique laisse librement s’exprimer la poésie
d’un quotidien qui nous échappe. Apaisant et fébrile.
JJ.
|
|
|
|
|
|
KAMMERFLIMMER
KOLLEKTIEF Cicadidae
(Staubgold/ Chronowax)
The Kammerflimmer Kollektief a atteint un degré de sérénité
absolu et de maîtrise de ces espaces sonores peu communs. Difficile
de trouver en équivalence groupe dont la musique vous imprègne
dès les premières mesures avec une telle intensité,
vous berce dans un climat élevé de plénitude, se
permettant au passage des constructions free éclaires (et alambiquées
comme sur Neumond Inselhin). L’intégrité de cet album,
la justesse miraculeuse des mélodies, dans la beauté des
ambiances, la fusion physique du jazz, des ambiances post-électronica,
post–rock …Jazz évanouis, électronique du Troisième
millénaire.
L’accoutumance aux grands espaces du far west aura offert à ce
troisième opus des atmosphères étranges, à
la fois free et rangées dans le même temps, jamais loin des
BO de Morricone, d’Il était une fois le bronx , de Air ou
d’anouar Brahem. L’album fait pesamment évoluer sa mouture, sa
chimère de jazz vers des sphères plus astrales . Il explore
avec la même détermination qu’à ses débuts
l’interface encore méconnus, les rapports de forces entre Jazz
(libre ou attaché), musique électro-atmosphérique
et post-rock vaporeux.
Les noms de Pan American, Hood, gravitent, s’enchevêtrent à
des frottements analogiques….la virtuosité de ce métissage
échappe un peu à l’analyse… dennNacht ist jetzt schon
bald ! compose ainsi le carambolage rêvé de Pharoah
Sanders et d’Opiate. Pourquoi le talent démesuré, l’humilité
et le discrétion font ils si bon ménage ???
Mince alors, un petit chef d’œuvre !
JJ.
|
|
|
|
|
|
TRAVAUX-PUBLICS
Hymne électro- synthétique (TP)
[Mèl]
L'appareil travaux publics, après avoir frappé à
grand coup de phalanges le tampon des Pianos et laissé le punk
couvert de bleu, la gueule ouverte, pour mort, vient aujourd’hui dépuceler
la musique électronique 80’, déniaiser les synthétiseurs
bontempi, ébranler les tenants d’une électro-clash déjà
Mort Née.
On aurait pourtant du s’en inquiéter...quelques signes avant-coureurs
pointaient leur nez comme autant de mises en garde. A force de voir le
comptable de TP ressortir ses vieux shorts élimés en lycra
3 bandes (pailletées), arborer fièrement ses badges Bonnie
Tyler et Dead Or Alive, on devait s’attendre à une rechute musicale…C’est
chose faite.
De même que les théoriciens grecs inscrivaient la perfection
géométrique à la faveur des proportions d’un rectangle
parfait…l’équipe de TP a trouvé dans le tube de Visage Fade
to grey un mètre étalon en matière d’électro-New
wave 80’, à même de raviver les plus infimes parcelles d’élans
créateurs de cette scène musicale Française.
Privilégiant la musique avant les strass, préférant
la création à la promotion, ils ont eu l’extrême audace
d’éconduire (à regret, le choix était dur) les morceaux
d’illustres participants pour ce chantier n°3 : des Pointures internationales
et nationales de la musak (Pas de noms !).
Pour les autres, heureux artisans du son à avoir franchi la barrière
des sélections, on assiste à la concrétisation de
la règle numéro 3, à savoir la production de tubes
à la chaîne …un déluge d’électro datée,
de clins d’œils revisités (avec intelligence) sur cette période
perdue entre 81 et 85 : l’avènement des synthétiseurs
cheap et des textes abscons.
On retombe joyeusement dans cette atmosphère ingénue et
frivole et ce, dés les premières mesures. La compilation
synchronise son pou avec les meilleurs crus du genre depuis les égarements
d’Adulte en passant par Console, DMX Crew jusqu’aux compiles
Electro Luv ou Ghost rec (Miss Kittin, Fisherspooner, 13Diktator,
Hong kong Kounterfeit…. ).
Cependant, Si ce troisème chantier est une tuerie pour dancefloor,
on serait bien con de l’affubler trop rapidement d’une étiquette
exclusivement électro-clash. L’éruption de sons de synthé,
d’échos de play-back, la recherche d’une démarche 80’ est
à ce point respectée qu’elle confine à certains moments
au mimétisme.
Ce qui fait la vigueur de ces 19 titres, c’est la solidité mélodique,
la variété harmonique des approches, leur sincérité,
aussi…les samples n’ont pas l’agressivité de ce début de
siècle mais la naïveté un peu conne des early eighties,
une époque fantasmée où on croyait encore que le
rose et le noir s’accordaient, que le spencer avec cravate en cuir coins
carrés symbolisaient le summum de l’élégance, que
Véronique et Davina allaient révolutionner nos culs, que
Ronald Reagan, c’était décidément quelqu’un de bien !
(et un bon acteur ) et que Plastic Bertrand avait un bel organe.
Bref une mise en scène de cette période hédoniste
où l’apparence triomphait du contenu. Sentiment que font cependant
mentir ici, les vénérables membres de la confréries
TP, tant ils rendraient presque intelligents certains morceaux à
force de leur donner du relief !!!
Avec, je prends mon souffle : Flairs, Big Ben, Ben Symphonic orchestra,
Cinelux, Electroménager & gershin on fire, iologic, Laudanum,
meniamandine & leonard de leonard, Phoneker, nicolas erréra,
Placido, the anilenoxx, pouic pouic, edredore, croque love, Ben symphonic
orchestra, camping car, étienne charry, Komori, novovisions deluxe
et les ouvriers qualifiés etc….
C’est statistiquement prouvé, aucun label soit-il n’est en mesure
d’aligner 4 Productions exemplaires sur le fil tendu de la continuité...du
moins jusqu’à présent. Travaux Publics met un coup de boule
aux stats, sortant à nouveau un objet rare et beau car unique,
sa 4e entreprise de salubrité publique !
JJ.
|
|
|
|
|
|
STATE
RIVER WIDENING s/t
(Rocket Girl/ Chronowax)
Emouvoir à la faveur d’une simple mise en relief d’instrumentation
est à peu près aussi aisé que de saisir les mots
justes pour parler d’amour dans une langue étrangère.
Une vrai et belle gageure dont State Rivers Widening s’acquitte depuis
maintenant quelques années.
Le temps à beau s’écouler, se consumer dans un sablier sans
fond, State Rivers Widenings, imperturbable, effeuille toujours la beauté
du monde avec la même finesse et la même vigueur contenue,
ébranle le cœur des amateurs d’une folk-post-rock ni tout à
fait urbaine, ni totalement rurale. Le quatuor contribue de nouveau à
cet état de fébrilité extatique, insinuant ses instrumentaux
fluides, ses mélodies soyeuses au confins de nos artères.
Un contexte musicale pas foncièrement nouveau, nourrissant des
accointances avec Tortoise, et les arpèges de guitares isolées
de Jim’O Rourke ou Nick Drake . De lentes digressions à cordes
sur le mode pastoral, pour une musique calme et apaisée. Des brises
fraîches de synthétiseurs cernées de vibrato par dessus.
Tout un monde résumé en un album.
JJ.
|
|
|
|
|
|
ANTHONY
PATERAS & ROBIN FOX Coagulate
(Synaesthesia/
Chronowax)
Cette nouvelle production du label Synaesthesia stigmatise à
elle seule quelques uns des courants les plus emprunts d’indépendance
et les plus symboliques des musiques libres et émancipées :
poésie sonores, ambient isolationniste, expérimental, minimalisme.
Coagulate entame sa marche avec Vox Erratum, héritage
d’une poésie sonore et vocale sans concession, qui d’Antonin Artaud
à Jaap Blonk, en passant par Pierre André Arcand oeuvre
pour cette poésie action, cette poésie virulente, extraite
aux forceps des pages imprimés , crachant syllabes, borborygmes
et autres onomatopées par tous les moyens.
Le morceaux en question évoquent les expériences les plus
épuisantes de Braaxtaal, de Kurt Schwitters avec les techniques
de collage de Nadja Ratjke : la mutation violente, incontrôlable
d’un corps, l’équivalent sonore du Scanner de Cronenberg.
44 degrés Splinter, pour sa part impose son hiératique
minimalisme, une pièce aux confins de l’abstraction pianistique
et de la musique tonale alors que Cranking the dwarf explore la
matière électroacoustique avec violence et dérision ;
un recul sur eux-mêmes bien venu.
Une maîtrise surprenante des 3 dimensions, qu’elles se maquillent
aux détours de bruits blancs, de collages poétiques ou qu’elles
évoluent dans les wavefields les plus dépeuplés,
il ressort de la musique de ce duo toujours la même intensité
lumineuse.
JJ.
|
|
|
|
|
|
INGFRIED
HOFFMANN Robbi, Tobbi und das Fliewatüüt
(Diggler Records/ Pop Lane)
Considéré à plus d’un égard comme une
oeuvre majeure de l’animation, Robbi, Tobbi und das Fliewatüüt
est un grand classique de la culture Allemande des années 70, comme
peut l’être Thunderbirds pour les américains, ou Pollux
pour les français. L’histoire est celle peu commune d’un enfant
ayant pour meilleur compagnon un robot…avec lequel il se déplace
d’aventure en aventure sur une voiture volante (!).
Un bijou de créativité visuelle et esthétique
(pour l’époque) auxquels sont venues s’adjoindre quelques prouesses
techniques (la technique du Break Throught).
Cependant, le réel extase qui se livre à nous n’est point
de l’ordre de la vue, mais bien de celui de l’ouie. Ingfried Hoffmann
a sans aucun doute offert ses lettres de noblesses à la bande originale
d’animation pour enfant, en orchestrant, autour de thèmes choisis,
des perles de mélodies seventies, des sommets d’arrangements pour
cuivres et pédale wah-wah, le mettant au niveau d’un Lalo Schiffrin
(Période Bullit/ Enter the Dragon) d’un Jean Claude Pelletier,
un Vladimir Cosma ou d’un Baxton (pierre Bachelet). L’atmosphère
pattes’ d’ éph’- poutre apparente, cheveux longs et idées
libertaires est perceptible sur chacun des titres, revisités à
l’occasion de cette sortie par le Frank Popp Ensemble. A cela viennent
s’ajouter, se superposer par intermittence au fil de l’album des extraits
de dialogues de la série, nous replongeant, nostalgiques jusqu’au
yeux dans les réflexions de fond des personnages. Du miel pour
les amateurs de Blow up, de Desco rec ou de Inflight rec…. Absolutely
Kitch !!!
JJ.
|
|
|
|
|
|
LEXAUNCULPT the
Blurring of trees
(Planet U/ La Baleine)
Comme pour mieux signifier ses nouveaux horizons, Alex Graham entame
sa marche par un chorus d’orchestre. Puis, l’électronica instable,
les grésillements frêles et périssables font leur
entrée, les scratch’n cut prennent leur marque, apposent leur cadence.
On perçoit l’écriture de Lexaunculpt à la manière
d’un lent mouvement fluide où le bercement des harmonies symphoniques
pour micro-processeurs compense, rééquilibre l’énergie
liquoreuse des rythmes, avant d’être progressivement happé,
phagocyté par ses fébriles blip’n cut et ses basses sourdes.
Une approche extractive et dynamique de la composition qui n’oublie jamais
la mélodie…les morceaux dérivant toujours avec grâce
et agilité, sorte de synopsis philharmonique du 3e millénaire.
Lexaunculp évolue avec une aisance irraisonnée, presque
insolente entre les espérances de Gescom, Styrofoam, Gorecky, Boards
of Canada, Satie, ou Richard Devine, …. les fans de SKAM, Schematic, Warp,
Planet mU en auront pour leur oreilles (et leur argent aussi).
Une leçon d’élégance et de raffinement en mode mineur
à destination des barons du genre. Ce " has been trying
to wonder " justifiant à lui seul, l’existence de l’album.
Prix d’excellence.
JJ.
|
|
|
|
|
|
|
|
THRENODY
ENSEMBLE Timbre Hollow
(All Tomorrow’s Parties/ Vital)
Lorsqu’on
a vécu durant des mois, sous la dépendance et le joug absolu
de références telles que celles de Rodan, Bastro ou Slint,
le sevrage impose une rigueur absolue, une détermination tyrannique
pour fuir la rechute. Puis, à mesure que passent les saisons, on
se surprend à respirer des effluves volatiles de ses premières
tentations… qu’elles prennent la forme de The for Carnation, Aerial M,
Pullman, Gastr del Sol ou A minor Forest…. A minor Forest, justement,
qui constitue le socle primaire, le chevelu racinien à l’existence
du Threnody Ensemble. Dave Cerf et Erik Hoversten en sont issus ;
ils y ont placé les plus belles années de leur vie nous
donnant au passage quelques uns des plus beaux moments des nôtres.
(Flemish Altruism & inindependence sur Thrill Jockey).
Mais le passé est le passé et il convient de toujours regarder
droit devant…un optimisme forcené qui leur a permis de remonter
en selle, en s’adjoignant au passage la complicité du "celliste"
Dominique Davison.
Une musique du présent qui a quand même la nostalgie du passé
(le producteur n’est autre que Brian Paulson ( " Spiderland "
de Slint, Gastr del Sol, Beck, Mark Eitzel…).
L’apport du cello bouleverse totalement les rapports de force au sein
de la composition. Construit à la genèse autour de deux
guitares acoustiques et du cello, le projet sans perdre en intimité
s’est adjoint les collaborations de musiciens divers, nourrissant toujours
plus en profondeur la réflexion de leurs apports autour d’une forme
hybride, nuancée de néo classicisme tonal (façon
Rachel’s) et d’univers pastoraux où l’essence d’une country lointaine
rencontre des folks songs introspectifs. A pleurer pour quelque chose,
faites le au moins en compagnie de Timbre Hollow. Splendide !!
JJ.
|
|
|
|
|
|
|
|
BERG
SANS NIPPLE form of....
(Gumspot/ Prohibited/ Chronowax)
Ce duo, en sus de cultiver une ressemblance physique assez troublante,
prend un malin plaisir à faire de l’osmose la figure de proue du
duo berg Sans nipple ; soit 2 hémisphères qui se jouent
de leurs attractions réciproques tout en cultivant avec discrétion
leur diversité.
Leur diversité, elle se taire surtout dans les approches qu’ils
cultivent au sein de leurs groupes respectifs : Lullaby for the Working
class, Songs Ohia, pour Shane Sans Nipple Aspergen, et un leg issu des
cendres encore incandescentes de Purr et du brasero Don nino pour Lori
Sean Berg.
Au delà de leurs héritage respectifs, la logique du groupe
s’éveille et se livre dès lors qu’on intègre les
provenances géographiques des protagonistes. A la double nationalité,
répond une double dimension culturelle, une double sensibilité
(Franco-Américaine). Un sentiment d’ailleurs, qui pour autant enrichit
l’album sans en faire un inconnu, un apatride. On connaît déjà
ses accords familiers issus des scènes rock indé de Chicago,
on devine en filigrane une culture musicale commune.
On est dès les premiers accords, les premiers fragments de rythmes,
souffles de mélodie sous le charme de leur musique, convaincu de
vivre un moment particulier, unique où le fil de la création,
son synopsis se déroule lentement, allant toujours plus loin dans
la cohérence et la beauté (le sublime a free…..). Un talent
de Song-writing stupéfiant, servie par l’intelligence, et le panache
(oser l’expérimentation). Entre Fourtet et Sébastien Tellier.
Absolument indispensable !!
JJ.
|
|
|
|
|
|
|
|
DORON
SADJA A piece of string, a sunset
(12K/ Import)
Taylor
Deupree, nous donne l’occasion de découvrir l’univers tout en nuance
de Doron Sadja. Des nuances ciselés, discrètes, qui se dévoilent
dans les fibres de la moquette, dans les stries du parquet, à une
échelle infra-cellulaire, où l’ouïe doit nécessairement
prendre le pas sur la vue.
A
piece of string, a sunset, est divisé en 5 mouvements comme
autant d’explorations et de réflexions sur l’amplitude, la matière
sonore acoustique, les sound files et autre sinewaves. Une musique qu’on
devine comme une balise, isolée au large des côtes, envoyant
dans l’immense silence de l’océan son message codé, pulsations
anonymes en quête d’humanité.
D’une
approche au départ assez abstraite et limpide, rappelant des artistes
comme Cordell Klier ou Comae, Doron Sadja laisse doucement dériver
ses pensées vers des champs plus nuancés, où les
rythmiques statiques, blanches de limpidité façon Pan Sonic,
Ryoji Ikeda se mêlent à des approches ultra minimale de la
musique façon Microwave rec.
Cette
analyse n’enlève rien au caractère captivant, aux potentialités
mélodiques de sa musique, le 4ème mouvement étant
l’exemple parfait d’un croisement entre une petite harmonie répétitive
et belle parsemée de poussières de rythmes éphémères.
JJ.
|
|
|
|
|
|
|
|
TEPR
The Deadly Master of Rappers From Hell
(IDWET [Mèl]/La Baleine)
Déjà entre-aperçu sur quelques compilations hautement
recommandable, (Ele[K]tronic, Effervescence et Id02 d’Idwet)….Tepr vient
enfin confirmer à la faveur d’un album court mais intense tout
le bien qu’il disséminait déjà autour de lui.
Side Project d’Abstract Keal Agram, Tepr est le fruit d’une personnalité,
celle de Tanguy Destable, tant dans la sélection des instruments
employés (Piano, guitare, ordinateur) que dans le choix des atmosphères
développées (engoncées quelques part entre de l’abstract
hip-hop atmosphérique lignée Delarosa & Asora et du
Ill-rock bancal façon UI).
Si l’on sent avec une ardente détermination l’empreinte d’un Scott
Herren ou d’un Dabrye dans les compositions du Rennais, c’est surtout
dans la manière qu’il a de faire évoluer ce legs vers des
univers plus complexes et/ou plus intimistes. L’Agencement de beat bancals
et syncopés (Yto) et de phases musicales lénifiées
quasi spatiales ( nous n’y sommes pas –Tepr Empereur) offre des
combinaisons nouvelles, audacieuses, et pour tout dire excitantes.
A découvrir !
JJ.
|
|
|
|
|
|
|
|
DISCOM Automoto
(Deco/Chronowax )
La doctrine de Discom (Erik Minkkinen et Lionel Fernandez ) gravite autour
d’une définition bi-polaire de l’électronique. De même
que le jour et la nuit s’exaspèrent de leur perpétuelle
alternance, la part de sauvagerie analogique contenue dans les fibres
de Discom n’a de cesse de se laisser tirailler par des phases d’ascensions
mélodiques et d’accalmies créatrices tout au long de cet
"Automoto ".
Cette équivoque a pourtant l’avantage de créer une réelle
discussion, entre le refus de céder au facile d’une part :
les plages expérimentales exprimant pour partie cette prise de
position. (l’envie de vivre la pratique musicale comme une mode d’action
plein et entier).
De l’autre, la fondamentale envie de communiquer , de livrer une gamme
de sentiments étagée entre la douceur et la quiétude.
C’est dans l’équilibre entre ces deux forces que leur musique s’épanouit.
La subtilité de cette communion doit autant à son ramage
qu’à son plumage. L’expérimentation poussée des sons,
la recherche de nouvelles sonorités instables, d’eurythmies précaires,
de consonances branlantes sert toujours le traité de départ
et néglige de ce fait toute auto-congratulation conchiée.
Même si l’approche n’est pas toujours évidente et rejoint
les travaux des Farmer Manuals à l’occasion, ils laissent facilement
leurs compositions se délier de manière ludicielle (façon
Skipp record ) ou évanescente (Formoll).
Une musique qui simule le caractère changeant de tout un chacun,
entre colère et instant de joie, entre réflexion fournie
et relâchement intellectuel souverain. De l’irréel intact
dans le réel dévasté.
NB : Soulignons le graphisme impeccable
de rigueur, où les lignes droites fluides, toniques et colorées
prennent à l’occasion la tangente.
JJ.
|
|
|
|
|
|
|
|
REPEAT pool
(CUT/Metamkine)
Faisant suite à un album remarqué (et apprécié)
sur la structure suisse For 4 Ears , J. Khan & N. Takemura réinvestissent
la tranquillité inquiétante de leurs espaces sonores à
la faveur de ce "pool", sorti sur CUT.
La pochette est une belle épure, pièce de carton sérigraphiée
délicatement pliée en son centre. La musique, quant à
elle, esquisse avec une admirable leçon d’humilité, les
rivages délicats de l’électro-acoustique. L’amour de leur
art est vécu de manière totale, absolue…ils ne transigent
avec aucune concession, ne bradent ni leur identité ni leur liberté.
Jason Kahn et Toshimaru Nakamura (qu’on voit traîner sur le minimalistique
label A Bruit Secret (No-imput mixing board #2) en compagnie de
Taku Sugimoto, Brandon Labelle….) s’accordent à traiter dans un
jeu de va et vient les hautes et basses fréquences, les pôles
extrêmes du chant sonore, à la faveur d’une table à
mixer, de capteurs électroniques et de percussions ciselées.
Cela donne au final une ambiance, monastique, à l’orée du
liturgique, comme si voix au chapitre était offert au silence et
au recueillement. De l’électroacoustique minimale, (in)sonorisée,
audible en filigrane . Le frôlement fugitif du brouillard sur la
surface d’une feuille de soie?
JJ.
|
|
|
|
|
|
|
|
SUPERSILENT
6
(Rune Grammophon/ECM)
De prime abord, ce Supersilent 6 contribue à façonner
toujours un peu plus le mystère ( le mythe) qui entoure cette formation.
Aussi inclassable qu’iconoclaste, Supersilent ( Stale Storlokken, Arve
Henriksen, Jarle Vespestad, Helge Sten) multiplie les fausses pistes et
les embuscades. Refusant d’ergoter sur une direction précise à
donner à la structure, chacun de ses albums développe des
tournures distinctes, des orientations autres… Depuis la pluie ionique
de particule digitale du " 1-3 ", le jazz raffiné de
" 4 ", l’isolationnisme translucide de " 5 ".
On devine dans 6, par éléments esquissés, par omissions
volontaires ou bribes fugaces un peu de chacun de ses prédécesseurs.
En cela " 6 " fait figure de synthèse, la combinaison
majestueuse entre la pesanteur glaciale, la chaleur australe du souffle
jazzique et le travail en profondeur de l’expérimentation, creusant
toujours plus loin l’écorce terrestre de l’imaginaire et de la
création.
Un album spontané et émancipé, fils de l’instinct
et du hasard (enregistré d’une prise en 5 jours) qui (re)donne
ses lettres de noblesses au mot improvisation, tant tout semble s’agencer
de façon suprême.
John Surnam, Moondog, Steve Reich et God speed you Black emperor! sont
sur un bateau, personne ne tombe à l’eau, qu’est-ce qui reste:
Supersilent 6. L’équivalent Nordique d’ascenseur pour l’échafaud !!!
Une splendeur !!!!
JJ.
|
|
|
|
|
|
|
|
NAW
The resound of a foggy autumn dawn
(Noise Factory)
La structure Noise Factory semblait jusqu’à présent
porter les errances du courant Post-rock & émo-folk avec des
signatures imprégnées de ces genres tels que Beef Terminal,
KC Accidental, Do may say think, etc… Pourtant, on avait malgré
cela pu entrevoir quelques indices préfigurant l'embrasure offerte
à la sphère électronique…. Dj serpent One, sparrow
orange.
Naw marque sans doute une étape, qu’on espère courte dans
la progression du label, tant " the resound of a foggy autumn
dawn " enfonce les portes ouvertes. Une techno basique, primaire,
odieusement fade, qui traîne au passage une brouette de clichés
sur le genre. A oublier.
JJ.
|
|
|
|
|
|
|
|
KOBE made
of water
(Diesel Combustible/
Chronowax)
De l’imposant triptyque que forme la mégalopole Tokyo Osaka
Kobe, il y aurait bien des choses à retenir, du domaine de l’interstitiel,
de l’éphémère qui lie dans une alchimie fragile ces
villes tentaculaires.
Kobe, en pur artisan de l’ombre au sein d’Osaka n’a pu se départir
d’emmener dans ce voyage un peu de l’esprit du groupe, vapeur humide de
Pan American, brouillard opaque de Labradford ; la part de lui-même
qui vit dans ce " made of water " tient davantage à un
esthétisme soutenu et un culte renouvelé à quelques
figures de l’underground (Mark Van Hen/ Locust, Antenne (asleep at
last) mais aussi l’écurie Vertical Form : Kim Hiorthoy,
Iso68, Corker/Conboy…. ainsi qu’un goût prononcé pour le
rythme le plus abstrait. L’abstraction Hip-hop, forme esthétique
épurée de travaux de Scott Herren. (davantage lignée
Delasora & Asora/ savath & savalas) y a aussi sa place.
A l’obscurité des profondeurs, Sébastien Roué préfère
les espaces bannés de lumière de la surface. Pas de disposition
donc, pour la réclusion ou l’autisme des profondeurs ; sa
musique clapote, ondule, elle s’étend toujours plus loin dans un
jeu fluide et dispendieux de courbes chaleureuses et ondoyantes. Envoûtant !!
JJ.
|
|
|
|
|
|
|
|
TAPE
Flying over banugues (loops & sketches)
(Reunion 01 Optical
sound & Aspic records/Limonade)
L’ossature profonde de Tape, projet exemplaire de Daniel Romero Calderon
construit sa calcification dans l’emploi outrageux (merveilleux) de petites
bricoles lo-fi, de bouts de ficelles mélodiques et de frivolités
rythmiques.
Rien de bien solide, me direz-vous ?! Oui et pourtant, c’est dans
cet équilibre instable, où les bleeps et petites dissonances
cristallines et digitales viennent grignoter le jeu de guitare folk et
aérien que .TAPE. trouve sa plus parfaite expression.
Au delà de l’intimité qu’on trouve sur la majorité
des titres, émergent aussi du malstrom la vitesse, la poésie
(bicyclette part I-II), l’exotisme, le surréalisme, le futurisme,
l’enfance (too much coffe circus) Ou quand l’ingénu se dispute
à l’ingéniosité.
On avait sans doute pas écouté aussi belle démonstration
d’humilité depuis The Books sur Tomlab (je l’aime, cet album).
Ainsi, au pays des rêves, les accointances vont bon train, on retrouve,
autant l’électronique ludique et racée de chez Rephlex,
que du Jon Sheffield, du Joseph Nothing ou du Masakatsu passé dans
la machine Casiotone. En écho de la pochette, Tape poursuit avec
la modestie de ces moyens, son illusion d’utopie, son rêve secret.
JJ.
|
|
|
|
|
|