SOMMAIRE

ENTRETIENS
. Programme .
. Clinic .
. Piano magic .
. Bip-Hop .
. Arbouse Rec .



A LA LOUPE
Le label V/VM
Le label Z & Zoé

LA DEMOTHEQUE #1
LA DEMOTHEQUE #2


Chroniques de Julien Jaffré [Contact]
CHRONIQUES #12
DONNA SUMMER . SYLVAIN CHAUVEAU . PIERRE REDON  . MAPSTATION Vs RAS DONOVAN . FONICA  . KAMMERFLIMMER KOLLEKTIEF . TRAVAUX-PUBLICS  . STATE RIVER WIDENING . ANTHONY PATERAS & ROBIN FOX . INGFRIED HOFFMANN . LEXAUNCULPT . THRENODY ENSEMBLE . BERG SANS NIPPLE . DORON SADJA . TEPR . DISCOM . REPEAT . SUPERSILENT . NAW . KOBE . TAPE . ROOM 106 . CREMASTER . I’M NOT A GUN . SET FIRE TO FLAMES . FIENDISH FIB . RAFAEL TORAL . MUSCLORVISION . ULRICH SCHNAUSS . TIM HECKER . ALEJANDRA & AERON . IAN EPPS . MELATONINE . TELEDUBGNOSIS . ALL TOMORROW’S PARTY . BUZZCOCKS . JASON LESCALLEET . FREEFORM . HERPES O DELUXE . HECATE Vs LUSTMORD . MAPS & DIAGRAMS . DUB TRACTOR . DEATHSITCOM . PRIKOSNOVENIE . COIN GUTTER . DOF . ACIDE HOUSE KINGS . THE CHAP . VACUOUS NINNIES . CUANTICO . ORANGE BLACK . PARTYCUL SYSTEM . HECKER . FARMERS MANUAL. DISPLAY PARTY . TUJIKO NORIKO . THE SURFIN ROBOTS . RED SNAPPER . DAVIDE BALULA . DANIEL JOHNSTON . MANOS ARRIBA . COLLEEN . OPIATE . FAT CAT . THE NATIONAL . WORLD’S END GIRLFRIEND . STOLOFF & HOPKINSON TM . MONIQUE JEAN . FRANCIS DHOMONT . SEAGULL SCREAMING KISS HER KISS HER . IMPERIAL TEENS . EVEREST . JOE WILLIAMSON . BILL LASWELL . IMITATION ELECTRIC PIANO . SNAWKLOR . FRED POULET . V/a ID WET . RENIER LERICOLAIS . MINIFER . A. DONTIGNY/DIANE LABROSSE . A TRIBUTE TO PAVEMENT . EHB . LAURENT ROUSSEAU . MONADE . MONTREAL FREE . MIKE HART . NachtPlank . Lost & damaged . TLONE . THOMAS PERIN .

CHRONIQUES #11
DORA DOROVITCH . MASSIMO . FLIM . SUBURBIA . DAKOTA SUITE . QUINTET AVANT . THE MAJESTICONS TROUBLEMAKERS . DORINE_MURAILLE . SCHMOOF . FABRICE EGLIN / BENJAMIN RENARD . TONNE . HOMELIFE . LAUDANUM . PULP FUSION . ELEKTRONIK . APRIL MARCH . KOMET Vs BOVINE LIFE . MAJA RATKJE . GISCARD LE SURVIVANT . NAD SPIRO . POPULOUS . SNOWBOYS . JOHN BELTRAM . SR. CHINARRO . HOGGBOYS . AMON TOBIN . STUNTMANN 5 . SON OF CLAY . TENNIS . THE CARIBBEAN . PANOPTICA . TELEFAX . ALEXANDER PERIS . IMAGHO . SKETCHES OF PAIN . FRZ-IMAGHO . MOU, LIPS . SCANNER + TONNE . SALVATORE . VENETIANS SNARES . ANGEL . ABSTRACT KILL AGRAM . Battle of the Year 2002 . HAND OF DOOM . SPREAD LOVE .BURT BACHARAH . CALLA . PURÉE NOIRE . ELEKTRONISCHE MUSIK TAPE 10 . OBOKEN . RUBIN STEINER . BLACK DICE . BIP-HOP VOLUME 6 . EVA CASSIDY . CYANN & BEN . LEE HAZLEEWOOD . EPSILON SIGMA CLUB . RODAN . EUELL . ANALOGUE . MANTA RAY . KAITO . A1 PEOPLE . STARGAZER

CHRONIQUES #10
CAVIL . CAMPING CAR . POST OFFICE . DAVID WHITAKER . INFORMATION . DELAY MAKES ME NERVOUS . V/a LEAF . SOGAR . KAT ONOMA . CADIER / BURGER . MY LITTLE CHEAP DICTAPHONE . COLLECTION OF COLONIES OF BEES . SPECTRE FEATURING . SENSATIONAL . FENNESZ/MAIN . TARTWATER . NICOLAI DUNGER . ALEXEI BORISOV . BUSY SIGNAL . UN CADDIE RENVERSE DANS L'HERBE . IDAHO . MS JOHN SODA . OLIVIER QUEYSANNE . GOR . BJÖKENHEIM / HAKER FLATEN / NILSSEN-LOVE . PAUSE CAFE . MUS . FLEUR . FORMANEX . THE PHENOMONOLOGICAL BOYS . GHISLAIN POIRIER . MORGAN CANEY & KAMAL JOORY . DENZEL & HUHN . V/a PARTICULAR SYSTEM . RONNIE SUNDIN . ACTIVE SUSPENSION VS CLAPPING MUSIC . OLIVIER LAMM . THILGES 3 . ZOHREH . TUE-LOUP . HLM . FAUST . BUNGALOW . DICTAPHONE . COLLIN OLAN . 17 HIPPIES . NOONDAY UNDERGROUND . DENSE . VISION SHRINE . DAVID DESIGN . PURE . KUBIK . ACETATE ZERO . MASON JENNINGS . DIAGONALE STABLE . ANTIFROST . CORDELL KLIER . MINAMO / JÔRG-MARIA ZEGER/I-SOUND + D. RAFFEL . MIMETIC MUTE . PHILIP SCHEFFNER . TRAVAUX PUBLICS . MONTAG . T. RAUSCHMIERE . COLLEN . GUITAR . END . BATTERY OPERATED . IDENTIFICATION . ALAIN BASHUNG et CHLOE MONS . BREMSSTRAHLUNG RECORDINGS . DAYGAL . MICHEL & MICHEL . LA GOUTTE . RJD2 . TUJIKO NORIKO . SUPERSOFT [14-18] / ANDY’S CAR CRASH . GEOGRAPHIC . El-P . 22 PISTERPIRKKO . MLADA FRONTA . NO REWIND V/a . MILEVA . TRIBECA . DING DAWN . SCORN . THE WALKMEN . YUNX

 

chroniques 2002
chroniques 2001
Entretiens

Contact
 
CHRONIQUES #13

> CRONICA V/a   On paper  (Cronica/import)
Sobrement Intitulé “On paper”, cette compilation élaborée par Pedro Tudela, armateur de Cronica records est un rêve lointain, une méditation antérieure rendue possible et accessible par un travail laborieux et passionné. Couchées sur le papier, ses 13 compositions le sont : réfléchies, pensées, maturées ; chacune emprunte un chemin de traverse sur le parcours de l’initiation et de l’expérimentation.
Étrangement, l’idée, bâtie autour du “collage-décollage” (rien avoir avec les compilations Mille plateaux) n’est pas venue de la musique, mais de la sphère plastique/artistique. Inspiré malgré lui par les travaux de Villégié et des Hackers publicitaires (lire No Logo de Naomie Klein), Tudela a récupéré des bribes et des lambeaux d’affiches superposés et, en définit, par ce biais, une transposition musicale qui voit aujourd’hui le jour.
Il part de l’idée que cette superposition d’affiches, d’images, de publicités crée une grammaire visuelle, un phrasé cohérent où des concepts donnent vie à d’autres concepts.
Musicalement, le travail de collage-décollage se transpose en un univers de séquençage et de soustraction d’apports personnels à un ouvrage commun. La part de chacun dans la composition se dilue dans l’échange et la transposition. Les interventions sont multiples et dressent le panorama joyeusement chaotique de la production actuelle au Portugal : on retrouve ici, Paulo Raposo, Vitor Joaquim, @c, Longina, [des]integraçao, b.Z_ToneR et évidemment Pedro Tudela, qui  composent le pré carré du collectif Cronica auquel sont venus s’adjoindre quelques illustres messagers tels Pure, Pal, return ou Stephen Mathieu (avec Walter Marchetti).
Fort intéressant.
> ARC LALOVE  Ego consumimur  (Pricilia/Metamkine)
C’est la pure idée d’exigence qui domine la composition et guide/perd l’auditeur au long de ce dédale de 5 pièces en enfilade.
Ces 5 partitions inquisitives sont chargées de ce qui fait le charme et la détresse du genre (la tension narrative, l’absence totale de mélodie, le vide expérimental, le stress et l’absence de repères tangibles, etc.). C’est un charme à la fois déroutant et subtil, qui a à l’occasion de nous bluffer, ou quand les silences (nombreux) s’entremêlent aux ponctuations de perturbations numériques, laptopiennes, semblant combler une ligne mélodique invisible, évanescente, qui chemine dans nos esprits sans pourtant exister.
La plus pure des exigences est la nécessité pour l’auditeur de se dénuder, de laisser sa peau entrer en contact avec la musique, le derme contre l’électricité, en somme. C’est aussi la nécessité pour l’auditeur de parcourir l’autre moitié de chemin, chose pourtant au demeurant naturelle, mais qui requière une haute dose de volonté et d’abnégation en ces temps de disette culturelle.
Tout amateur de jeux de plages ou de Michel Constantin aura tôt fait de noter l’anagramme subtil qui relie Arc Lalove à Alc Levora, soit Sylvain Gauthier, dont le maxi en compagnie de Schneider TM paru chez Arbouse recording reste un des très bons moment de l’année 2001. Une délicate interposition de lettres suffit quelquefois à faire voyager l’esprit, et nous voilà transportés à quelques années-lumière de ce qui constituait le charme de son alter Ego.
À la simple faveur d’un laptop, ce jeune Fernando Pessoa de poche, armé de quelques effets, prend la route de la création. Une excursion dans l’insolite et l’étrange… 5 titres segments construisent cet ego-consumimur ;  pareil aux doigts d’une main, solidaires de la paume tout en gardant une part d’autonomie et une certaine indépendance d’esprit. Une musique introspective qui appuie ses bases sur les vertus de la construction ; la déconstruction comme confidente et le hoquet rythmique comme idéal. À tous ceux qui n’aiment pas la facilité et qui ne souhaitent pas voir un jour l’ignorance triompher.
> U-ZIQ  Bilious Paths  (Planet –Mu / La Baleine)
Le public est une maîtresse ingrate qui déifie selon son humeur et sa disposition les artistes et leur carrière. Mike Paradinas en a fait à sa façon les frais. Après avoir permis l’érection d’un genre d’électronique déviante et survitaminée, indissociable de l’univers de son alter ego Richard D James au début des 90’ ; Le jeune homme s’est fait plus discret, après avoir fait plus d’émules qu’on ne peut en imaginer.Un genre passé dans le domaine public alors même que le jeune homme préférera gérer en bon père de famille les productions de son label Planet Mu. Ceci explique qu’il n’est à ce jour produit qu’un nombre limité de productions. Pourtant sa silhouette effilée de grand garçon un peu gauche a écumé les scènes européennes depuis bientôt 10 ans.L’enrgie créatrice de ce Bilious Paths du sieur Paradinas est une boîte de Pandore qui recèle tous les secrets de son univers, condensé de savoir-faire acquis au fil des années ; Une affectivité et un savoir-faire à fleur de peau, sujette à la divagation rythmique, au hoquettement, à la flambée d’adrénaline, à l’hystérie de boucle et de grand 8 analogique.
Un univers qui reste exaltant, malgré les rides et la production pléthorique qui a étouffé le genre. Ce n’est pas lui qui change, c’est nous qui avons changé, ne l’oublions pas. Du très bon U-ZIQ !!
> ROOM 204  S/t  (Effervescence/ Kythibong/chrnowax)
En premier lieu, évacuer les doutes et malentendus, Room 204 est un jeune duo  et non pas la compilation perdue du label Parisien Cirque spécialisé en joyeuse incongruité laptopienne et exotisme japonais. C’est en fait le projet Nantais du duo Chaslerie/Parois qui nous avait déjà fait vibrer courant 2001à l’occasion de leur très réussi démo autoproduite [Private diary of a man on the verge of ruin…]. Que dire ? Le groupe a déployé un peu plus ses ailes, laissant l’ombre portée de leur talent s’étaler toujours plus loin. Pourtant, le visage de Room 204 est à la périphérie opposée de ce qui avait marqué leur précédente démo.L’ inspiration profondément ancrée dans les sphères de Mogwai, Fly Panam ou GSYBE n’est plus qu’un vague songe. Le groupe a mûri, et de cette maturation est venue l’expression, plus lâche, moins timide, fruit de répétitions, d’apprentissage et de réflexions qu’on devine conséquentes. Le groupe a mué, c’est électrifié… Room 204 est désormais plus proche que jamais de groupes tels que Don Caballero, A minor Forest ou Tortoise.. Leurs influences glissent lentement du Nord au sud ; une migration offensive, contenue et racée, à l’image de leur musique.
> JOSEPH SUCHY Calabi.Yau (Staubgold/Chronowax)
Joseph Suchy fonde son rythme sur une échelle et un temps différent de celui qui régit notre quotidien. Ni sensibilité ni familiarité avec ce qui constitue la mode, pas moins de complaisance avec les engouements momentanés.
Cette spationaute isolée, en quasi-recueillement, semblant effectuer une lévitation introspective n’est rien moins qu’une parabole de sa musique… une quête de l’isolement.
Le personnage de Joseph Suchy est une chimère, un leurre ; un personnage factice qui traîne pourtant derrière lui une longue caravane de collaborations et de participations, que ce soit au sein des Nu Dub Players (de Mister Burnt Friedman) ou avec David Grubbs, Ekkehard Ehlers (et son dernier et très sensitif album sur Staubgold) ou encore Niobe et les trop rares FX Randomiz. Il est aussi pour mémoire cofondateur du cultissime label d’improvisation GROB ; Ce mystérieux personnage a donc choisi ici de baser sa création autour de la manipulation de guitares, aériennes, légéres, en filigrane, pourrait-on dire, bouillon de culture d’arpèges sur laquelle il laisse germer des particules d’électronique, de scintillements analogiques qui nourrissent à leur tour la mélodie. Une sorte d’amiosynthèse d’électroacoustique inqualifiable, ancrée dans le minimalisme et l’ambient environnementale parfois proche de Toral ou Grubbs mais également d’artistes comme Taylor Deupree sur 12K voire des compositions d’Ocora. Une quiétude étonnante (rehaussée par des intitulés déracinés : Su-um, Ka-asam, moo-ay, by baa, soan-ne, kao-on) qui disperse ses spores mélodiques depuis la cime des grands cèdres jusqu’au tapis végétal des sous-bois. Magnifique.
> SR CHINARRO El Ventrilocuo de si mismo (Acuarela/Poplane)
La où jaillit la musique de Sr Chinarro, là où résonne la voix taciturne d’Antonio Luque, il y a un feu qui brûle, une chaleur qui s’empare du corps, le rassure de sa présence, un foyer qui réchauffe l’esprit. Sr Chinarro aime son pays et ne laissera à personne d’autre que lui la liberté d’en faire le discours, d’en exposer les charmes cachés, d’en révéler les attentes et les doutes. Des arrangements limpide, simple, élémentaires qui enserre de tout leur amour des textes qui évoquent sans distinction les piliers de comptoirs, les olives, les taxis, les terrasses encombrées de jeunes, la nuit et les marchés, le soleil et l’amour, les tomates et les cigarettes… La poésie du quotidien. Un album fabuleux, une fois de plus serions-nous tentés de dire, qui mêle toutes les dimensions de l’humanité dans une complainte bouleversante et digne.
> Ddamage/TTC Trop singe ep  (Clapping Music/ ASCorpus/ Chronowax)
Le “consortium AS corpus” (Active Suspension/Clapping Music) a marqué l’an dernier la remise en selle de la jeune et fragile structure Clapping… Une union célébrée à l’occasion d’une double compilation exquise où chaque engrenage des labels respectifs présentaient leur savoir-faire et leur mécanique chaotique.
Ce maxi vinyl  est une coopération étroite du furieux collectif parisien TTC, trublions de chez Big Dada et d’une figure de proue des musiques nouvelles, la machine à broyer le rythme électro Ddamage ; un duo détonnant qui explose les rapports conventionnels entre électro et rap. Une agressivité contrôlée des machines, qui contraste avec la liberté verbale et syntaxique du clan TTC. La complémentarité, l’additionnalité fonctionne à plein régime, semblant ainsi tout absorber sur leur passage ; les péripéties vocales anglophones de Dose One & Hi-Tekk semblant être né dans cette alcôve rythmique sulfureuse. La partie instrumentale rehausse la richesse musicale, fille de saturation odieuse et de boucles jouissives, promptes à assaillir nos oreilles !!! Un maxi racé et exaltant !!!
> JACKIE O MOTHER FUCKER  The magik fire musik/Wow  (ATP recordings/Chronowax)

Il est des rééditions qui charment autrement plus les sens que toutes les nouveautés d’une saison.
C’est sans doute le succès du collectif JOMFen Europe qui aura galvanisé/précipité la ressortie de ces deux premiers albums initialement parus sur Ecstatic Peace du sieur Thurston Moore. Ajoutez à cela, l’implication de ce dernier dans le festival ATP, la tournée sur le sol Américain en compagnie de God Speed et la récente couverture par le groupe du Wire de décembre 2002 et vous aurez ce qui ressemble à une embellie médiatique heureuse.
Heureuse car le groupe mérite largement le ramage qu’on rapporte à son plumage. Des structures tonitruantes, entremêlées de montées planantes ; des riffs en provenance directe du continent rock, parsemés de chapelets d’îlots électroniques.
Un collectif formé courant 94 autour du multi-instrumentiste Tom Greenwood et du saxophoniste Nester Bucket ; un duo qui avait  fait du recyclage de bandes, du triturage de boucles et du sampling additionnel sur des arpèges vibrants sa marque de fabrique. 7 ans plus tard, après avoir écumé les bars et récupéré un florilège de musiciens expérimentés (depuis Jef Brown à Jessie Carrot, Barry Hampton, bobby Crouser, etc…) ils signent deux somptueux doubles albums uniquement disponibles en vynil sur Ecstatic Peace et Fisheye label.
Des albums qui ferment le cercle et associent l’intelligence de trois groupes majeurs. La justesse d’écriture d’un Mogwai et ce goût pour les digressions mélodiques mélancoliques, l’approche “expérimentée” des structures et la curiosité musicale d’un Sonic Youth et l’appétit pour les épisodes désertiques en cinémascope d’un GSYBE. Au final ; ça ressemble beaucoup de référence gênante, encombrante, rapidement balayée d’un revers de main par les capacités d’émancipation du rock band.
Avant le genre et le patronyme, c’est surtout l’énergie brute qui se dégage du groupe sur scène qui marque les esprits. Les mélodies se rangent au diapason de l’exactitude rythmique et de l’inventivité mélodique… ajoutez à cela une passion brûlante et vous obtenez l’un des meilleurs groupes de scène de la côte Est.

> KUCHEN meets MAPSTATION   S/t  (Karaoke Kalk/ La baleine)
Stephan Schneider n’a semble-t’il jamais investi autant de sa personne dans un projet solo. Plus actif que jamais, le membre le plus entreprenant du trio To roccoco Rot a largement contribué à faire un nom à Mapstation.
Mapstation  semblait jusqu’à présent poser ses repères sur la base d’un dub anesthésié, au climat ensommeillé et engourdi. Sa précédente apparition en compagnie de Ras Donovan  sur Staubglod, accentuait le caractère roots du projet. Après l’engourdissement de l’hiver, la métamorphose de la chenille vers le papillon s’opère. La présence de Meriel Barham (Kuchen) à la production a sans doute accéléré le processus. C’est ce qui donne à cet album des allures de printemps, annoncé avant l’heure par les sons étirés, les rythmes guillerets qui ponctuent et jalonnent cet album. Les procédés rappellent Oval, les climats semblent proches de Takagi Masakatsu par leur infantilisme. Plus riches de variation que les précédents, Schneider abandonne (pour partie) ses longues, un peu trop longues séances d’infrabass abattue aux silhouettes deep house. La mélodie cherche une gamme plus profonde de sentiments, préférant jouer aussi bien sur les aspects de surface, les caractéristiques apaisantes et anesthésiques des sons que sur la maîtrise profonde des atmosphères, l’harmonieuse écriture des notes.
On sent chaque nouvelle production de Mapstation gagner graduellement un cap. De quoi nous tenir en haleine jusqu’à sa prochaine contribution.
On sent encore une certaine marge de manœuvre qu’on aura plaisir à découvrir rapidement…
> GUTHER  I know you know  (Morr Music/ la  Baleine)
À mesure que défilent les productions, Morr music semble se détacher davantage à chaque fois des climats électronica qui ont pourtant contribué à sa renommée. Guther pratique une pop légère et frêle ; un pastel dont les teintes s’accordent à merveille avec Elefant, belle & sebastian…
Julia Guther, chanteuse, compositeur (pour partie avec Berend Intelmann) impose sa douce divagation matinale, où il est question de problématique intime, d’interrogation intérieure, de rapport garçon fille, de dépendance amoureuse, de mélancolie et des plaisirs simples de la vie. C’est une musique fraîche, de sortie d’hiver, à écouter les fenêtres ouvertes en allant à la plage. Sans doute les mélodies ont du mal à pénétrer notre esprit, préférant flirter en surface… On est toujours en attente du morceau qui nous fera chavirer… le temps fera sans doute le reste. frais et appréciable.
> V/a CHINA  The Sonic Avant-garde (Post-concrete/Metamkine)
Ou lorsque la petite histoire de la musique contemporaine rejoint la grande histoire de la politique contemporaine.
China, The Sonic Avant-garde est un projet en tout point exaltant puisqu’il nous permet, à nous européens de faire le deuil d’une somme impressionnante de clichés à l’encontre de la Chine et des espérances culturelles de ses habitants.
On ressent réellement une certaine fébrilité à écouter ce double album de prêt de 2 heures, réunissant 15 artistes en provenance des quatre coins du pays : Harbin, Beijing (pékin), Shanghai, Guilin, Guangzhou. Cette fébrilité, c’est le sentiment de tenir à portée d’oreille, une certaine réalité de cette Chine contemporaine, les réflexions contemporaines de son peuple.
Une belle plaidoirie à la liberté d’expression, une parabole aiguisée qui taille la censure en pièce et qui donne une tournure libérative ou tout du moins émancipatrice à ce long courrier. La complexité et la variété des genres défendus (musique expérimentale, plunderphonics, sampling, instrument préparé, concrete sounds, improvisation, art sonore, sample concret, noise, etc…) même si elle n’offre pas une vision global du mouvement, donne pourtant à l’album une ligne directrice cohérente, un panel riche du pays du milieu. Le premier disque de musique contemporaine chinoise ? Quelque soit ici la manière de juger les artistes ici présentés, on ne peut se départir de penser qu’on tient là un objet rare à peine à même de contenir toute la poésie non dite du moment.
Avec WANG Changcun, ZHOU Pei, JIA Haiqing + FU Yü, Ismu (des pièces très intéréssantes) , Beijing sound unit, XÜ  Cheng , ZHONG Minje,  HU Mage, JIANG Yühui, ZHANG Jüngang.
> GHOSTCAULDRON Invent modest fires  (!K7/ PIAS)
Il est quelquefois intéressant de chroniquer un album avec un peu de recul, (c’est ici le cas) hors de l’effervescence médiatique et de la course à la nouveauté qui laisse sur le carreau nombres d’artistes ou permet à d’autres d’usurper leur place au sommet.
Ghost Cauldron a subit au Printemps dernier cette spirale médiatique. “Invent Modest Fires ” est un album agréable, sans prétention qui a su s’entourer d’intervenants heureux, tels Nick Taylor, Priest (qu’on retrouve en duo avec DJ Spooky sur Catechism (Synchronic rec), ou feu Anti-Pop Consortium. On pense à Unkle pour l’alternance de plages hip-hop et pop, on pense à l’abstract hip-hop d’Abstract Keal Agram… de très bonnes choses au final, même s’il manque, on doit bien se l’avouer, la pointe de génie et de modestie (d’approximation ?) qui ferait de ce Invent Modest Fires un bon album.
En résumé, une production un peu lisse, trop marketée accompagnant des titres bien écrits et ficelés.
> OSAKA The dynamics (Diesel combustible recordings/Chronowax)
L’art d’agencer les sons en un tout harmonieux, d’en sélectionner soigneusement les essences, d’en argumenter les choix est une perspective que peu de groupes s’accordent et qui en général reste suivi de peu d’effets.
Le précédent album d’Osaka, leur premier, en fait, posait déjà les jalons du style Osaka, une union sacrée de gimmicks new wave discrets au possible, de mélopées éthérées, assujettis aux critères esthétiques d’un Bark Psychosis.
On retrouve en arrière-plan l’univers délicieusement aseptisé et froid d’un Badalamenti. Yannick Martin et Sébastien sont mélomanes et esthètes avant d’être musiciens. Ils ont franchi la barrière, choisissant de faire du savoir accumulé une trame, une étoffe fine où les connexions les plus folles, les assemblages de coloris sonore les plus “disgracieux” se livrent bataille.
De cette richesse contemplative de références idéales ou rêvées, le duo a su les dématérialiser puis se les réapproprier, recontextualisant le tout dans l’épais grain de brume affecté des paysages bretons. Les sensations que dégage cet album ont beau être sereines, calmes, apaisées, elles n’en procurent pas moins un grand frémissement, une lente montée de spasmes chauds où la perception de bien-être n’est pas feinte.
On redécouvre alors les vertus du silence, la complémentarité des arpèges légers de guitare, les brumes de synthétiseur...  Un trait de génie que cette dynamique des fluides…
> HERVE BOGHOSSIAN  RVB (List/Metamkine)
La proximité de vue et de connivence entre 12 K et List semble s’établir à des degrés toujours plus profonds à mesure que le temps s’écoule... Une convergence d’idées et de points de vue rehaussée d’une conjonction esthétique qui confine à l’osmose… Un peu à la manière d’un vieux couple qui aurait mis du temps pour se trouver, ces deux-là sont attachés l’un à l’autre pour longtemps.
Pour ne pas nous faire mentir, Taylor Deupree, boss de 12K s’est amarré à la tenue graphique du disque d’Hervé Boghossian (RVBoghossian), trouvant dans la surexposition de ce qu’on devine être une pièce illuminée un écho des thèmes musicaux du parisien. On retrouve d’ailleurs ce même souci de translucidité sur ses dernières productions.
L’univers d’Hervé surgit aux premières fibrillations d’un l’album conçu comme un triptyque en 3 variations de durée variable (18.35/10.40/21.32) Hervé Boghossian a su s’entourer d’un précarré d’intimes, de connaissances ; on retrouve ainsi Mathieu Saladin et Ivan Solano à la basse clarinette (instrument qui joue ici une place cruciale) ; David Grubbs lui faisant même l’amitié d’une apparition sur B (à la guitare) ;  Hervé se chargeant de rééchantillonner les sons, de traiter en aval ses sinewaves et ses modulations électroniques (quand il n’opère pas ses feedbacks de spath à la guitare).
RVB- Rouge Vert Bleu, comme une volonté d’exprimer l’unité esthétique de ses pièces, la simple évidence d’une création sans artifice ni compromis.Des compositions qui prennent le temps de s’installer, comme l’on fait en leur temps des artistes de TOTE, Touch voire Shambala.
Les connaisseurs se feront un plaisir d’entreprendre des conjectures fantasmées entre les influences diverses de l’auteur. Nous préférons à cela une liste moins exhaustive d’adjectifs et de sensations, mieux à même de saisir l’essence de cet album : cristallin, aquatique, irréel, affectif, élémentaire, microscopique, ultra minimalisme, etc.…
Comme si l’addition du bleu, du vert et du rouge donnait du Blanc.
> CASIOTONE FOR THE PAINFULLY ALONE Twinkle Echo (Tomlab/Chonowax)
Si l’on devait se plier à une description sommaire de CFTPA, c’est sans doute possible l’image d’un song writer coincé entre l’adolescence et l’âge adulte qui figurerait au mieux Owen Ashworth.
Tom Steinle du label Tomlab en est dingue, de ce petit (26 ans) à tel point qu’il sort depuis 3 années successives ses albums (Answerind machine Music , Pocket symphonie for lo..) ; Un vrai mordu, je vous dis… cependant, loin d’être le seul à apprécier le talent de Casiotone, on peut ajouter à cette ligne Jherek Bischoff du Seattle’s Degenerate Art Ensemble, Jamie Stewart de Xiu Xiu ou encore LCD soundsystem ou le Chronos Quartet.. des gens de tout bords mais foutrement talentueux !
Un chanteur dont le besoin d’écrire et de chanter est irrépressible et fait peu de cas du reste. Une musique travaillée dans l’intimité d’un 4 pistes et d’une boîte à rythmes soviétique des débuts de la guerre froide. Un synthé exténué, en rupture d’anévrisme, 100 % home made, une nappe de synthé grésillante, des sonorités polluées et salies, aux limites de l’audible (plus pourri tu meurs !!), et des textes sombres, qui dresse l’image d’un Beck du pauvre, un peu moins outrancier dans son genre.
Un climat de claustrophobie évident amplifié par la voix un peu triste du jeune homme, qui raconte sur le ton de la première personne des historiettes qui ont la saveur de l’existence et la vérité du vécu. Casiotone, à défaut d’inventer la bande-son idéal, a cependant su, en s’appuyant sur la faiblesse des moyens à sa disposition (il ne les à jamais subit)  construire un univers à sa mesure. Un journal intime en sonorama, en quelques sortes… des petites mélodies pour des petites gens.
> SOPHIE RIMHEDEN  Hi-fi  (Mitek/La baleine)
La sphère électronique conserve l’heureux privilège d’être la moins misogyne des chapelles musicales. Elle a ainsi suscité à égale mesure les attentes et les espoirs des 2 sexes. Sophie Rimhenden, par la liberté de création qu’elle développe et l’essor créatif qu’elle met en branle assume la pleine et entière maternité de son projet.
Ce faisant, il reste à critiquer l’épreuve… Sophie Rimheden évolue dans le cercle intime des amateurs de house Filtrée telle que Brian Eno et Mirwais la pratiquent lorsqu’ils battent la bannière de Madonna ou proche de Kylie Minogue lorsqu’elle s’adjoint les services de producteurs à la mode. Une ressemblance si évidente qu’elle en dévient paralysante pour l’objectivité critique.
Toujours est-il que la jeune femme développe des trésors de dynamisme interne et de vitalité lumineuse. Des titres tels que Panic garde à l’esprit la fraiseuse de ce qu’était à ces débuts le mouvement House. De bonnes choses même si on attendait un tout petit peu plus d’originalité. 
> EKKEHARD EHLERS  Politik Braucht Keinen Feind (Staubgold/ Chronowax)
Si on peut concevoir Ekkehard Ehlers comme un artiste Pop, la bannière ondulante de son blason s’apparente davantage à la filiation d’un Markus Schlimmker .
L’idée d’artisan sonore n’est pas non plus a délaisser, tant la force de l’univers de Ehlers imprime sa griffe aux compositions…
La connaissance du milieu indépendant, ses nombreuses signatures sous la coupe d’hétéronymes divers (Autopieses sous Mille Plateaux, son projet avant-gardiste composé de Loops et de drone, Marz  avec Albrecht Kunzs sur Karaoke Kalk) son appétit des musiciens hors-piste tels que Charles Ives et Schonberg, Cornelius Cardew, Hubert Fichte ou Albert Ayler pour n’en citer que quelques uns complexifient et épaississent le folklore urbain de ce jeune homme.
Des sons fragiles et translucides qui jurent avec les solides bases de ses fondements culturels et conceptuels. C’est ici qu’il faut voir le talent de Ehlers dans cette faculté a transcendé un héritage lourd d’avancées et d’expérimentations, n’en conserver que l’essentiel et rebâtir par dessus, réagréger des parcelles intimes, en modifier les perspectives et les formes. On a alors à se mettre sous la dent cet étrange assemblage reposant sur un travail de relecture laptopienne d’instruments organiques (clarinette, cello) qui donnent au morceau un caractère emprunt de traditionnalité et de spiritualité (des musiques de temple Tibétain/musiques répétitives Indiennes de chez Ocora) et excessivement novateur dans le même temps par les distorsions qu’il introduit. Le souffle de la clarinette de Burkhard Kukel sur maander se répand comme une vague ondulante de drones et le silence associé jouent des rôles primordiaux dans l’installation d’un climat suffocant et intense. Blind (œuvre pour Cello) renforce cette application du concept d’angoisse par une introspection réglée de triturages, de frottements, de bourdonnements et de succions organiques.
Sans connaître réellement le fil d’Ariane de ses attentes, on sent indiciblement que Ehlers a abouti ici à quelque chose d’éminemment mature et lucide, même si le sujet d’intérêt est une quête de plaisir par extension.
Une aurore boréale au milieu d’une forêt de tour de béton.
> PIANO MAGIC/KLIMA  7’ (Monopsone/Chronowax)
Comme pour mieux établir et authentifier l’idée d’indépendance qui gouverne ses productions, Monopsone se détourne un temps des enregistrements longues portées et concentre son énergie sur un 7 ’ construit autour d’un split qui impose l’idée de complémentarité.
Piano Magic [entretien] insuffle sur ce “What does not Destroy me” la même force tranquille à ses morceaux que dans ses précédents albums éparpillés sur 4AD, Tugboat, Darla record, I, Rocket girl, j’en passe et j’en oublie. Un bon morceau qu’on sent pourtant retenu et où la voix (la sienne !) est à l’honneur.
Klima, jeune artiste féminine dont le timbre à en d’autres temps su souligner le génie des compositions de Mathieu Malon et agiter le microcosme parisien autour de Ginger Ale. Une voix d’une belle fragilité, qui rejoint la poignée de song-writeuse que sont Stina Nordensteim, Julie Doiron ou les voix de l’écurie Jazzland. une confusion étrange et gracieuse entre l’harmonie du morceau et le climat arrimé à la réalité des textes.
Un 7’’ qui couvre et ombrage, par sa dualité et sa belle complémentarité la plupart des albums de cette rentrée. Les chemins vers le bonheur étant souvent les plus courts. Excellent !
> LAB°  Friendly Remixed by My Jazzy Child, Encre, King Q4, Erich Zahn  (Clapping/Chronowax)
Le patrimoine génétique de Lab° nous rappelle qu’à trois générations s’y pratiquait un Dub grégaire. Bouleversements, transformations, variations, auditions répétées de Lee Perry, de Pil , de PWEI , d’Ennio Morriconne ont partiellement altéré sa carte génétique à tel point qu’aujourd’hui, le terme de transgénie sonore semble propice à définir ce travail, rêve claudicant d’un dub qui aurait aimé se fondre dans la masse. Comme si tout était trop simple, Clapping Musique a fait appel à la communauté de l’ASCorpus pour offrir un positionnement différent, de nouvelles élégantes pistes de recherche aux travaux de LAB°… une forme de mise en culture où le recyclage et l’expérience ont l’allure d’une vis sans fin.
My Jazzy Child conserve le caractère épique, pastoral d’improbable, Encre injecte ses arpèges de violons ondulants et ses petites rythmiques “human beat box” qui s’y intégrent à merveille ; Erich Zahn  feint de caresser une approche dancefloor jovial, s’octroyant ensuite de longs passages de rayonnements introspectifs mais saccadés (glitchs plein de rotondité) ; King Q4 clos cette marche à la faveur d’un Lulu baby mix plein de crachin noisy, de poussière analogique dans un tourbillon ascétique de larsens (contrôlés) et de saturations (maitrisés). Superbe complémentarité pour un excellent maxi.
> DOMOTIC Smiles again  (Active Suspension/Chronowax)
Stéphane Laporte aimerait nous faire croire qu’il est le membre le plus extraverti de la famille Active Suspension ; le desing 3 pouces décalés et funky de la pochette semblent droit sortis des Romans-Photos Indiens de la décennie 70’… Une aspiration à la décontraction qui est sans doute un reflet d’une de ses aspirations, mais pas l’irisation globale de sa personnalité. Les 20 minutes de cette plage unique sont une longue hallucination modulaire à l’esprit ambient ; (Brian Eno, Aix Em Klemm sur Kranky) des sonorités évanescentes qui ne lui font pourtant pas oublier la réalité, une réalité qui explose après 18 minutes… Un exercice de figure imposée, sur un format court soyeusement saturé… à écouter en boucle.
> MELMAC Les secours arrivent et prennent le relais (Ronda)
Melmac assume avec beaucoup de souplesse et un sens de l’intuition pas démenti le poids de leur passion.
Ce serait faux de considérer que les frères Reverter sont des hommes sous influence ; certes, les longilignes espaces qu’ils parcourent avec leurs instruments ont des résonances fortes avec les “tâches” de certains collectifs Canadiens ou Anglais éprient d’Ennio Morriconne et d’ambiances léthargiques (!?!) : même sens de la mise en scène, même prologue désertique, même enivrement pastoral…
Pourtant, les deux frangins ont su s'extraire, s’arracher de cette coupe un peu encombrante ; L’amour porté à Pierre Bastien, à Comelade, Harry Partch ; ces hommes du sérail ; aura sans doute contribué à diversifier leurs attentes, ouvrir des perspectives… Des compositions où la recherche d’euphonie, d’arythmie, le besoin d’approfondissement des textures prend souvent le pas. On a plaisir à écouter cette pluie fine de petites sonorités claudicantes, instables, apportant un caractère tellement plus humain, plus proche.
Une humanité également favorisée par l’adjonction du groupe Transmissionary Six (Walkabouts/William Grant Conspiracy), qui a semble t’il offert au duo l’apaisement mélodique tant recherché.
Ce raisonnement, poussé à son terme, les mènera peut-être ou non vers les chemins tracés par Set Fire To Flame, (leur double album sur Fat Cat), quelques parts sur les sentiers de l’abstraction… dans l'attente de ce jour, on appréciera la chaleur et le confort véritable de ce brillant album aux petites mélodies ensorcelantes.
Suite > page 3