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Entretiens
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JadeWeb
chroniques #1
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LES
ENTRETIENS
. Bip-Hop .
. Travaux Publics .
. Mathieu Malon .
. Arbouse Rec .
. Active Suspension .
. Osaka . |
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OLIVIER
QUEYSANNE
Reperage digital (Pricilia)
L’utilisation
privilégiée d’un type de matériel, d’une fonction
usitée d’un vieux logiciel, des potentiels oubliés d’instruments
désuets/démodés prend aujourd’hui une part croissante
dans l’élaboration du morceau. Le son chemine en étroite
collaboration avec l’idée même de ce que veut faire l’auteur.
Cette imbrication du matériel comme élément déterminant
de la composition est sans doute un héritage des G.R.M. ou de l’IRCAM
(dont le synthétiseur modulaire numérique ici présent
est issu), et continue à occuper les attentions d’artistes, de
386 DMX à Oeuf Korreckt.
Olivier Queysanne a élaboré sa participation sur
le tard, en investissant à la nuit tombée, appartements
et lieux intimes de la capitale. Une exploration en règle des lieux
de complicités (ou non) donnant à écouter " de
petits évènements sonores interstitiels ".
Un matériel très ciblé, très présent
qui a le mérite de ne pas trop obturer l’œuvre de son contenu.
La complexité du processus (et du matériel) contraste ainsi
avec la simplicité de l’œuvre, la légèreté
de l’approche. La mise en action révèle une lente montée
(presque) silencieuse et répétitive où les espaces
clos se remplissent peu à peu de sens. On pense à Kozo Inada
([d] sur staalplaat) à Heimir Björgulisson, à Richard
Chartier, par instant à Tobias Hazan, puis surtout Jocelyn Robert,
pour cette traque commune de l’indicible (20 moments blancs sur OHM).
Froid et reposant.
JJ.
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GOR
Phlegraei (Prikosnovénie/La Baleine)
Gor
élabore un croisement apparié d’influences européennes,
d’héritages de sons perdus de langues mortes et de dialectes musicaux
en mutation.
La
partition de l’album laisse onduler ces différentes sources au
gré des continents et espaces vierges qu’il visite.
Ce
va-et-vient culturel, temporel nous entraîne entre folklore médiéval,
romantisme moyenâgeux, jazz yiddish, vocalises croates et accompagnements
roms ou tziganes.
Francesco
Banchini (par ailleurs percussionniste d’Ataraxia) épaulé
sur l’album des Gitans de Pozzuoli élabore une mosaïque parfaite
des cultures musicales depuis l’Europe de l’Est jusqu’à la Mer
Rouge, qui allume avec le même embrasement de couleurs notre attention
et chauffe nos désirs d’évasion.
Phlegraei
est une fabuleuse aventure, à mi-chemin de Goran Brégovitch,
des productions grecques du label Trikont, des orchestrations de Mohamed
Abdel Wahab, des chants d’Europe de l’Est d’Ochora…
Un
splendide dépaysement.
JJ.
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BJÖKENHEIM
/ HAKER FLATEN / NILSSEN-LOVE
Scortch trio (Rune Grammophon/ECM)
Comme
le nom de l’album l’indique, Scortch Trio est une thérapie
musicale à trois intervenants.
Haker
Flaten, qui s’il ne touche pas sa bille en informatique (malgré
son prénom prédestiné), est par contre passé
maître dans un jeu de basse nerveux et subtil dans The Thing, Close
Erase, New Conceptions of Jazz ou Atomic, pour n’en citer que quatre.
Pall
Nilssen-Love, batteur furieusement génial dont la dextérité
rythmique en fait un demi-dieu pour Pat Metheny a été élevé
au jazz dès sa plus tendre enfance, également membre de
The Thing, School Day, Atomic et du trio de Frode Gjerstad.
Enfin,
Raoul Björkenheim, pierre angulaire du projet connu pour ses
tours de poignets intenses au sein de Krakatau et ses interventions remarquées
en compagnie de Bill Laswell, Jah Wobble, Henry Kaiser, Paul Scütze
ou Mats Gustafsson.
L’album
est une vertigineuse incursion dans l’espace de la musique semi-improvisée.
Une combustion lente d’effets de rupture, de bifurcations de rythmes,
de fluidités de jeu, de contre résonances dans une veine
free-jazz/progressif rock.
Le
travail de production, confié à Kai Andersen exagère
le caractère brut dans la prise de son directe, le rendu écru
et primitif du jeu.
On
pense à Mats Gustaffson, justement, chez qui on retrouve les mêmes
inventaires de déconstruction. Ajoutez à cela l’énergie
du désespoir de The Molécule et la recherche pure de Band
of Gypsie (où figurait Hendrix) et vous obtiendrez une matrice
approximative de l’intempérance musicale qui règne sur ce
Scortch Trio.
JJ.
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PAUSE
CAFE S/t (Les disques du crépuscule)
La
pause café représente à bien des égard un
instant privilégié de liberté, de communication et
de plénitude circonscrit au sein d’une longue journée laborieuse
de travail. Par comparaison, cet album nous soumet une inhalation de jazz,
de rythme pop bossa nova et d’allusions à la chanson à texte,
prompt à détendre nos muscles. On y retrouve cinq musiciens
dont la bonne volonté affichée a pourtant du mal à
nous convaincre du bien fondé du projet. Un disque agréablement
construit mais auquel il manque la grâce ou une bonne dose de spontanéité,
c’est au choix.
JJ.
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MUS
El naval (Acuarela/Pop lane)
Les
pop songs dépressives de Migala ne sont plus les seules à
faire perler les larmes du peuple espagnol. La Providence a vu dans Mus
une alternative féminine de circonstance.
Mus
étreint la poésie du quotidien, par bribes, par fractions
fugaces, il ramifie la gamme des émotions en une kyrielle d’évocations,
du timbre cassé à la parole blessée.
Les
atmosphères taciturnes, le calme apparent nous renvoient inexorablement
à la case Piano Magic et nous fait porter un peu de l’amertume
de Glen Johnson de n’avoir pas su capter et détourner ses voies
à ses propres intérêts. Et comme me le fait remarquer
mon ami Jean François Carlot, ce n’est pas non plus sans évoquer
Mazzy Star et sa spectrale chanteuse.
L’absolue
cohérence des morceaux, leur despotique beauté nous font
progressivement baisser la garde critique, chanceler la vigilance.
Mus
parachève la trame mélodique et l’esquisse compositionelle
de ses travaux passés, malheureusement éponymes. Le groupe
courtise la mélancolie, plie le chagrin comme un vieux drap de
famille, avec ce qu’il contient de motifs damassés, de poussière
et de souvenirs.
Pour
autant, leur musique ne provoque ni accablement, ni peine, elle agit comme
moteur d’émancipation, comme délivrance à nos angoisses.
JJ.
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FLEUR
Prikosnovénie (Prikosnovénie/La
Baleine)
Fleur
est un groupe originaire d’Ukraine qui délivre dans la syntaxe
douce de sa langue d’origine une pop mélancolique, qui infiltre
par moment le folklore slave. L’instrumentalisation est riche d’apport,
empruntant autant aux instruments à cordes, (piano, violoncelle,
guitare acoustique, basse), à vent (une flûte qui marque
sa présence) ou rythmique (la batterie discrète). Quant
aux voix, toutes deux féminines, elles renvoient en alternance
tantôt une veine douce et chaude, tantôt une vigueur profonde.
Les
enivrants parfums dont Fleur se fait la porteuse pollenisent bien volontiers
quelques contrées d’Europe qui ont déjà vu naître
d’autres beautés florales : Cocteau Twins, Bel Canto et le
label 4 AD par extension logique.
Les
fragrances auditives, lyriques, féeriques, nous immergent l’espace
d’une petite heure hors des flots tumultueux de notre existence quotidienne,
vers des eaux où sérénité et limpidité
se jaugent mutuellement. Très beau.
JJ.
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FORMANEX
S/t (Fibrr records)
Décidément
très attaché à dépoussiérer humblement
l’héritage de l’AMM, ces deux compositions formulent avec conviction
et une haute dose de maîtrise musicale la stratégie et l’optique
de leurs pairs. Radicaliser et moderniser tout en perpétuant l’esprit
d’une création improvisée, tantôt minimale, tantôt
bruitiste ; voici sans doute la vérité profonde et
l’engagement dont se sont fait fort les quatre activistes du groupe.
Le
déboisement auditif continue d’édicter sa loi. La tessiture
du son est lourde et oppressante, comme un orage lointain dont les déchirements
tardent à venir. La mise sous tension de l’auditeur est constante,
crescendo ; elle sature l’espace de ses infra-basses anémiées.
La charge héroïque des particules sonores se traduit à
l’occasion d’accidents rythmiques concis, de grésillements succincts,
de frottements aléatoires, d’effets saturés.
Le
mot " densité ", sur les premiers jalons de l’écoute
ne cesse de larder la langue jusqu’à son ultime conclusion, le
cri. Puis des espaces vierges s’esquissent alors.
L’accès
à leur composition est plus qu’à l’accoutumée difficile.
Cependant, à la longue, elles s’avèrent riche de réflexions
et de pensées. L’équivalent auditif d’une bonne vieille
persistance rétinienne.
Si
la démarche esquive les travaux de l’AMM et de MIMEO, certains
passages sur le disque rappelleront à certains la brise douce de
micro événements de Thomas Koner, passés au crible
de la pluie noire de Zbigniew Karkowski ou Goem.
En
parallèle est sortie une session live du Treatrise de Cardew, parallèle
de l’enregistrement studio permettant ainsi de mettre en demeure les points
d’ancrages et les distanciations voulues par le groupe. Cette confrontation
en dit d’ailleurs autant dans ses non-dits que dans ce qu’elle
JJ.
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THE
PHENOMONOLOGICAL BOYS Melody, melody, melody & more melody (Tomlab/Chronowax)
"Mais
qu’est-ce que c’est que ce bordel ?" constituerait un joli préambule
à l’écoute de ce disque.
L’indiscipline,
l’insoumission, la désinvolture sont parmi les principales qualités
requises pour tout groupe de pop-rock qui ne se respecte pas. The P.
Boys vont au-delà du phénomène et plus loin que
la logique. Ils mixent sans état d’âme les plus étranges
sources, les provenances les plus improbables avec une vitalité
rare (enthousiasme, ferveur ?).
On
les croirait sortis d’un roman de Luke Rhineart, où dévoués
au hasard, ils remettraient toutes leurs décisions au diktat d’une
facette de dé. Un pas dans le rock sixties, un passo doble dans
l’électronica, des excursions free jazz, une embardée chez
les Beach Boys, etc.
Leur
démarche contient un attrait élevé pour l’à-peu-près,
le bricolage, la déviance, le rapiéçage de rythme,
la rafistolage de mélodie qui souligne avec soin une forme d’apprentissage,
d’aspiration simple à la belle mélodie La vitalité
qui irradie de cet album dépeint sur nous. Inclassable et revigorant.
JJ.
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GHISLAIN
POIRIER Sous le manguier (Intr.version/Mochi mochi)
Dans
ces périodes d’incertitude boursière, peu de valeurs ont
encore l’attachement des courtiers et affairistes. L’indécision,
le palpable illogisme des crêtes et creux de leur diagramme affolent
jusqu’au plus téméraire. Pourtant certaines vertus telles
que l’intégrité, la lucidité créatrice pourraient
représenter le terreau d’une nouvelle forme d’économie.
Ghislain
Poirier
possède toutes ces qualités.
Sous
le manguier affectionne les oueds ombragés ; le dépaysement,
l’exotisme dont Poirier se fait le traducteur, suggèrent autant
l’univers de Laurence d’Arabie ou d’Arthur Rimbaud que la quête
initiatique et scientifique de Théodore Monod.
Le
soleil chauffe à blanc la mélodie, impose au rythme pondération
et mesure, écrase le relief des compositions. On transite d’un
dub analogique minimaliste et feutré à des perversions d’ambiante
musique molletonnée. Des mélodies alanguies, des rêveries
astrales et douze petites poésies (depuis l’hiver neige
à Torpinouche jusqu’à Complémentaire de
bleu) fébrilement susurrées à l’oreille. Magistralement
orchestré.
JJ.
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MORGAN
CANEY & KAMAL JOORY Magic
radios (City Center Offices/Ici d’ailleurs)
DENZEL
& HUHN Time
is a good thing (City Center Offices/ ici d’ailleurs)
City
Center Office est l’officine berlinoise de prestige de la filière
électronique à géométrie variable (Ambiante/acoustique)
de la partie est du Rhin. Après plusieurs essais fructueux, ayant
permis d’apprécier entre autres personnes Static, CCO revient triturer
les mélodies avec la même ferveur affichée.
Il
élargit avec une belle logique le champ des possibles du label
en investissant son énergie sur de nouvelles productions. En premier
lieu Caney & Joory , qui sont à la veine électronica
synthétique ce que la controverse de Valladolid fut à l’Inquisition,
à bien considérer les transfigurations et autres assemblages
peu chrétiens dont se sont faits les sujets.
Ainsi,
l’apport d’une musique ambiante aux atours new age (blanket), de vibrants
violons dignes des compositions de Mickael Nyman, a insufflé aux
compositions analogiques une âme liturgique, une profondeur sacrée,
hiératique.
Les
inconvenances allant de pair, Caney et Joory s’offrent le suprême
office d’accompagner ce cantique post atomique d’un quartet jazzy désincarné
(de magnifiques embardées à la Yussef Lateef sur take my
light), voire d’échos latins chatoyants et de dérives orientales.
Les deux artistes, en se branlant un peu des convenances, livrent ici
une multitude de nouvelles entrées au genre. Un régal.
Le
second projet ranime également l’émoi par sa pertinence
et sa tangible beauté.
On
ne peut pas blâmer Denzel & Hunt présents à
la genèse de Tarwater et de To roccoco Rot, d’être démangés
d’exprimer leur vision du son allemand. Ceux-ci ont ainsi côtoyé
Bernd Jestram, Ronald Lippok, et d’autres à cette époque.
Sans doute avaient-ils alors les mêmes plans sur la comète,
les mêmes desseins.
Ce
qui importe ici et maintenant, c’est d’envisager les points de rupture
existants, les éléments discordants qui émergent
de leur style, qui fondent leur singularité.
La
fragilité cristalline des crêtes rythmiques, la capture sonore
de mini-événements, les micro-défectuosités,
les imperfections de ces mélodies de strates, les tournures révèlent
bien la particularité de ce duo. À inscrire quelque part
entre Tarwater - Matmos - Kreidler et l’écurie d’Ochre rec.
Un
dévoiement en règle des styles bien établis.
JJ.
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RONNIE
SUNDIN
Morphei (Hapna /
import )
Saisir
la musique de Ronnie Sundin, c’est porter son interrogation aux
avant-postes de la modernité, de la plénitude expérimentale.
Les climats étranges dépeints par ce musicien composent
un paysage isolationniste, une mise en situation aquatique des sonorités.
La réaction épidermique à ses compositions est difficile
à prévoir ; elle opère dans différentes
catégories de notre conscience. La fragilité de certains
passages, la liquidité des transitions, la subtilité des
sons aigus chers à Ryoiji Ikeda construisent une évocation
à la fois savante et populaire de cette musique atmosphérique.
Une musique sans tergiversations, calme et plane comme la surface d’un
lac. Beau et reposant
JJ.
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ACTIVE
SUSPENSION VS CLAPPING MUSIC
V/a (Active Suspension / Clapping Music)
C’est
l’histoire de deux amants que l’attraction pourtant évidente avait
fini par rendre aveugles l’un à l’autre ; c’est l’histoire
d’une passion commune, d’une guerre conjointe vouée à défendre
des positions comparables et des bastions similaires, c’est avant tout
une histoire d’amitié et de savoir-faire…
Voilà
ce qui à l’évidence qualifie le mieux les imbrications et
les parcours d’Active Suspension et de Clapping Music. Les gens se connaissent,
les artistes se côtoient, s’encouragent, se remixent à l’occasion
dans une frénétique jubilation qu’on peut seule attribuer
à l’environnement parisien. Si maints traits de caractères
sont comparables, l’effervescence dans le rythme des sorties a sans doute
donné plus d’assurance et de maturité à Active Suspension,
grand frère de circonstance de cette rencontre.
On
serait bien en peine de lister les apports de chacun, les traits de génie
(nombreux) et les petites déceptions (rares) qui s’y révèlent.
Toujours est-il que ses quotités se résument incidemment
au travers d’un flot ininterrompu d’adjectifs et de mots qui font sens
dans nos oreilles : douceur -drone- improvisation –glitch –électronica
–interférences sonores –mélodie –dodécaphonies –torsions
- digital –blip –fracture-minimalisme –grésillements –joie –travail
–dilettantisme –pulsation-effet –brouillard - abstraction – torpeur -
arpèges – intimité –exubérance, etc.
Chaque
destinataire ayant à cœur d’y prélever ce que bon lui semble,
se faisant un luxe et une stratégie personnelle d’en dégager
le meilleur.
Pour
l’heure, on doit saisir l’opportunité de ce split afin de remarquer
les artistes, dont les partitions sur des supports courts (45 t),
ou en passe de publier une première création nous auront
échappé jusque là : Quasidigital Love, Orval
Carlos Sibelius, Odot.lamm (dérivé épileptique d’O.Lamm),
Herz Chain, Noak Katoi, Davide Balula, Rudde, Colleen (lire chronique
de son excellent 45 t) ou encore Emmanuelle de Héricourt ou
the Konki Duet…
On
appréciera également de retrouver l’arrière garde
des labels, de KingQ4 à Shinsei, de Hypo à My Jazzy child,
Domotic, Sogar (échappé un temps de List), Encre ou Domotic.
Assurément
indispensable.
JJ.
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OLIVIER
LAMM My
favorite things (Active Suspension/Chronowax)
L’idée
de faire remixer son premier album, le fruit de ses expérimentations
pionnières a du germer dans l’esprit de O. Lamm bien avant
la conclusion même de celui-ci. Plus qu’un aboutissement, c’est
sans doute possible la forme la plus expressive de reconnaissance par
ses pairs qu’on peut y lire : " une fin dans la fin ",
comme dirait l’autre.
À
ce jeu, le jeune Parisien pouvait prétendre à convoiter
le meilleur. La liste, déjà éloquente d’artistes
qui ont fait serment d’allégeance à ce passe-temps de re-de-construction
(même intitulé qu’un album d’Alan Lamb sur Dorobo…) aurait
pu s’allonger à l’infini, tant d’autres références
encombrent les bras et l’esprit du talentueux compositeur : Jake
Mandell, C-Shulz & Hajsch, Ash international, Kaffe Matthews, John
Fahey, Francisco Lopez, C. Palestine, etc.
En
soi, les tuteurs d’occurrences ici présentés (d’alejandra
& aeron à Team Doyobi, de Blevin Blectum à Discom en
passant par Ovil Bianca ou Steve Roden) prolongen l’auditeur dans les
confins tourmentés des aspirations secrètes d’o lamm, dans
une sorte de jeu de mise en abîme sans fin ou les remixeurs ont
eux-même inspiré (pour partie) les morceaux qu’ils remixent…
Une
variété d’approches, de climats depuis l’électro
déglinguée à la nuisance sonore ou l’affleurante
mélodie, pour un même sens commun de la chose musicale.
Une
belle communion, une scène enivrante où le maître
de cérémonie et ses quinze disciples (l’histoire ne se répète
jamais !) s’attarderaient à refaire le monde autour d’une
table (à mixer) et d’instruments de leur propre compositions. Un
admirable kaléidoscope humain.
JJ.
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THILGES
3 Die
offene gesellschaft (Staubgold/Chronowax)
Armin
Steiner, Gammon et Nik Hummer ont su pérenniser leurs attentes
au-delà de la performance spontanée et consolider sur l’humus
de leur prestation électroacoustique une union sacrée.
Thilges
3, trio autrichien a su se singulariser très rapidement en
exprimant le condensé de leur attente sur Format 3 pouce (géométrique
et chromatique) sept mini disques vus comme sept tableaux distincts d’un
même tout. Une approche singulière où le temps et
la création se testent et s’observent, se mesurent. La composition
est livrée au temps court du format et doit se donner sans ostentation
ni mise en scène.
Ce
premier long jet, faisant également suite à un autre maxi
sur la collection Material Series de Staalplaat, est ce qu’on pourrait
nommer, pour faire une parabole agile avec l’œnologie , un album de garde
qui incorpore de complexes projets de maturation. Un mélange érudit,
un dosage intelligent entre compositions muettes, passages concrets, expérimentations
lancinantes qui transportent l’auditeur aux confins de leur musique autant
que dans leurs à côté.
Certainement
leur meilleur disque à ce jour.
JJ.
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ZOHREH
Man, to etc… (Minuscule/pias)
Zohreh
explore dans une dimension croisée la mise en musique de ses mots,
de ses idées, la philologie de ses phrases, leur consonance.
On
dit fréquemment qu’un écrivain est un conteur qui s’ignore,
par trop plein d’humilité ou de timidité, préférant
l’ombre à la lumière. Pourtant, les plus belles expressions
de la langue et des mots sont venus de poètes ayant passé
le pas, de Michel Bulteau à Jack Kerouac en passant par Heidsieck,
Burroughs ou Pringent.
Zohreh,
auteur française d’origine et de culture iranienne, assaillie par
la volonté de ses proches, a mis sa gorge au service de sa main.
Le résultat, s’il emprunte des sentiers classiques de la musique
contemporaine pop, n’en est pas moins troublant et déstabilisant.
Le
timbre de la voix, tout d’abord, proche de Värttina ou des chanteuses
du label Ayngaran qui sillonne aux plus profonds des vallons iraniens
donne une tournure lunaire à ces drôles d’histoires mystérieuses.
La
musique, ensuite, poudrée de folklore oriental indien, de fanfares
tziganes, de passo doble argentins, d’électro house et de musique
populaire française à la André Popp procure un sentiment
" d’apatrie " puissant.
Malheureusement,
le mélange de ces deux pôles donne une synthèse mal
ordonnée, par moment totalement indigeste (Havva) où la
perspective traditionnelle et intimiste de la voix de Zohreh est proprement
saccagée par un travail de production insipide et douceâtre.
Tout juste trouve-t-on un peu de répit sur Mademoiselle (et ses
musicalités à la Vladimir Cosma) et Bayad Beravan…
JJ.
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TUE-LOUP
Penya (Le Village Vert/Wagram)
Conciliant
un irréprochable talent pour les harmonies ainsi qu’un goût
immodéré pour les trous perdus en général
et celui qui leur sert de base arrière en particulier, Tue-loup
revient distiller son poison dans nos oreilles après quelques temps
d’absence et deux albums en héritage (La bancale et La
belle inutile).
On
est d’entrée sous le charme de cette mélodie folk blues
américaine et de ce texte dédié à la tauromachie.
Le ton un peu trop appuyé de cette (belle) voix énerve un
peu, mais participe de la chaleur du morceau. L’enchaînement apparaît
alors dans toute sa logique.
La
précision rythmique, la subtilité mélodique, la texture
des atmosphères, l’intelligence des textes (forme de cadavres exquis
remaniés), le caractère taciturne et embrumé des
compositions, nous donne l’impression d’émerger de l’obscurité,
quand l’aurore et la brume matinale gouvernent la campagne.
On
pense à Programme en plus soigné, à Miossec, à
Diabologum, à Murat, à Idaho période Heart of palm ;
des références un peu abusives quand on connaît l’humanité
et la singularité de la musique de Tue-Loup mais ô combien
nécessaire pour comprendre leur imbrication élémentaire
dans le panorama international.
JJ.
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HLM
Nuit night nacht (HLM/ Poplane)
Home
Laboratory est une sorte d’expérience à grande échelle
sur les effets induits de la house sur les neurones des amateurs de sorties
nocturnes. La musique est bercée de l’iconographie Lounge de cette
fin de siècle, ça hume easy-électronica et la house
naïve et joviale à plein nez. Pour autant, les spores qui
parviennent jusqu’à nos narines ont bien du mal à nous faire
saisir l’odeur du lieu. Et ce n’est pas la présence de Patrick
"Gary Oldman" Eudeline, vampire de circonstance qui nous fera
changer d’avis. Totalement dispensable.
JJ.
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FAUST
Patchwork 1971-2002 (Staubgold/Chronowax)
L’alliance
avec le diable semble avoir tenu ses promesses, puisque cet album offre
un recul de vingt années sur l’action et l’ouvrage du groupe franco-allemand
dans le paysage contemporain des musiques actuelles. Une contribution
essentielle pour qui sait y prêter l’oreille, qui aura aussi bien
permis la fertilisation des champs " rock " que des espaces
vierges " électroniques ".
Depuis
Stretch over all times, a seventies event jusqu’à elegie,
psalter pour finir sur Stetch out ou nervous, on
voit toute l’évolution, la créativité, l’imaginaire
de ce collectif hors du commun.
Alors
qu’on pensait la musique du groupe imperceptiblement statique, ancrée
dans un registre Kraut rock atmosphérique teinté d’ambiances
sombres, on découvre au détour de ce résumé
de carrière (où figurent nombreux inédits ou chutes
ou non-inventoriés) l’évolution concrète du groupe
vers ce qui allait faire leur fortune d’estime. Et de nous rappeler ces
splendides albums, qui de Faust à Rien, en passant par You
know us ou Wake nosferatu (entre autres) ont marqué leur temps.
Historique !
JJ.
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BUNGALOW
Risiko 100 (Bungalow/Pop
Lane)
La
label allemand Bungalow pourrait être un avatar heureux de
ce qu’on aime à dépeindre de la société allemande :
rigoriste, froide, scrupuleuse, efficace… heureusement pour nous, il n’en
est rien : Bungalow fait voler les étiquettes depuis plus
d’une demi-décennie et déroule sa spontanéité
sur le tapis vermillon de la bonne humeur, de la décontraction,
de l’oisiveté et du décalage kitch érigé en
dogme.
Les
exégètes de cette confrérie viennent vite saborder
à de hauts niveaux d’érudition les têtes de gondole
des grands magasins du disque… Parmi les plus appréciés,
Stereo Total, Mina, et le Hammond Inferno (dont un des membres actifs
n’est autre que le boss du label). En plus de ce trio de choc, de nombreuses
bonnes surprises, en vrac : Olympic Lifts, BIS, Sitcom warriors,
Experimental Pop band, Volovan, Geezers of Nazareth, Laila France, etc.
Ce
Risiko 100 est le rétroviseur musical de six années
d’activisme reflétant 100 sorties. Un travail de titan qui fait
douter un peu de leur négligence affichée. Un trait d’union
survitaminé, kitch, rock 60’ déglingué et easy listening
chargé à l’E.P.O. Un savant mélange, hédoniste
à mort, qui est ici accompagné de son frère d’arme
le D.V.D. (et ses vidéos nazes à souhait et uniques) ainsi
que d’un petit livret. Comment y résister…
JJ.
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DICTAPHONE
M=Addiction (City Centre Offices/Ici d’ailleurs)
La
fâcheuse tendance à crier au génie créatif
à raison d’une fois le mois engendre souvent le déplaisant
contrecoup de se voir comparé à un gardien de moutons mythomane.
Prenons encore une fois ce risque, à l’occasion de la sortie imminente
de l’album de Dictaphone, résident du bienveillant label City Center
Office, protégé de Thomas Morr, s’il en est.
Amoureux
du temps qui passe, des volutes jazzy et des circonvolutions électroniques
soyeuses, les quatre membres du groupe Dictaphone ont conçu à
huit mains une splendide page du patrimoine musical contemporain, révélant
sans le vouloir, la fatuité à présent révélée
des albums de même acabit.
Avec
The Kammerflimmer Kollektief, the Notwist et Tarwater à un niveau
moindre, les Allemands sont passés maîtres dans l’habileté
à appréhender et à mâtiner l’univers jazz à
la sauce électronique sans en faire un genre putassier et amolli.
Engourdissant à l’extrême.
JJ.
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COLLIN
OLAN Rec 01 (Listen / Apestaarje)
Ici,
l’invitation à l’écoute a le goût affirmé de
l’obligation, comme poussée par la conviction qu’il est urgent
d’agir pour sauver nos oreilles de ces épais brouillards sonores,
de ces multiples sources interférentes qui aveuglent nos jugements
et pourrissent nos choix. Le label Listen, associé pour l’occasion
à Aperstaarje a choisi de réinvestir les petits fragments,
objets de notre quotidien et de nous les faire redécouvrir par
le spectre de l’audition. Ici, il est question de deux capteurs sonores
immergés et captifs d’un bloc de glace, d’une baignade impromptue
dans une solution d’eau et de l’écoute attentive de cette fonte
des glaces improvisée, du gémissement des cristaux, de la
plainte de la glace, de l’impétuosité de l’eau qui s’immisce,
jaillit, surgit, cherche à percer la lumière, c’est l’histoire
de l’enterrement en catimini d’un pavé de glace en 16 minutes chrono.
Glacial et relaxant.
JJ.
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17
HIPPIES Sirba (Buda music/melodie)
La
montagne imposante qui domine de sa magnitude l’esthétisme de la
pochette dresse d’entrée un climat dépaysant, entraîne
notre esprit hors des frontières physiques de notre quotidien.
17 Hippies, dont l’ouverture d’esprit n’est pas polluée,
sclérosée au contact de réflexions intestines et
contemporaines, livrent ici toute la maestria de leur art. Ce qu’ils ont
à nous offrir se conçoit comme de l’air pur, de larges brises
en provenance d’Europe centrale, depuis les Balkans jusqu’aux pays baltes…
On
survole avec la même agilité qu’un oiseau les territoires
slaves voire irlandais (certaines sonorités en sont proches), riches
d’images et d’évocations, de Taraf des Haidouks jusqu’aux artistes
et groupes néo-réalistes (Hurlement de Léo) et aux
vieux airs grecs d’Anestis Delias, Markos Vamvakaris, Spiros Peristeris,
Takis Nikolaou et tant d’autres.
Splendide
et dépaysant.
JJ.
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