SOMMAIRE

ENTRETIENS
. Programme .
. Clinic .
. Piano magic .
. Bip-Hop .
. Arbouse Rec .



A LA LOUPE
Le label SOFTL
Le label V/VM
Le label Z & Zoé

LA DEMOTHEQUE #1
LA DEMOTHEQUE #2


Chroniques de Julien Jaffré
[Contact]
CHRONIQUES #12
DONNA SUMMER . SYLVAIN CHAUVEAU . PIERRE REDON  . MAPSTATION Vs RAS DONOVAN . FONICA  . KAMMERFLIMMER KOLLEKTIEF . TRAVAUX-PUBLICS  . STATE RIVER WIDENING . ANTHONY PATERAS & ROBIN FOX . INGFRIED HOFFMANN . LEXAUNCULPT . THRENODY ENSEMBLE . BERG SANS NIPPLE . DORON SADJA . TEPR . DISCOM . REPEAT . SUPERSILENT . NAW . KOBE . TAPE . ROOM 106 . CREMASTER . I’M NOT A GUN . SET FIRE TO FLAMES . FIENDISH FIB . RAFAEL TORAL . MUSCLORVISION . ULRICH SCHNAUSS . TIM HECKER . ALEJANDRA & AERON . IAN EPPS . MELATONINE . TELEDUBGNOSIS . ALL TOMORROW’S PARTY . BUZZCOCKS . JASON LESCALLEET . FREEFORM . HERPES O DELUXE . HECATE Vs LUSTMORD . MAPS & DIAGRAMS . DUB TRACTOR . DEATHSITCOM . PRIKOSNOVENIE . COIN GUTTER . DOF . ACIDE HOUSE KINGS . THE CHAP . VACUOUS NINNIES . CUANTICO . ORANGE BLACK . PARTYCUL SYSTEM . HECKER . FARMERS MANUAL. DISPLAY PARTY . TUJIKO NORIKO . THE SURFIN ROBOTS . RED SNAPPER . DAVIDE BALULA . DANIEL JOHNSTON . MANOS ARRIBA . COLLEEN . OPIATE . FAT CAT . THE NATIONAL . WORLD’S END GIRLFRIEND . STOLOFF & HOPKINSON TM . MONIQUE JEAN . FRANCIS DHOMONT . SEAGULL SCREAMING KISS HER KISS HER . IMPERIAL TEENS . EVEREST . JOE WILLIAMSON . BILL LASWELL . IMITATION ELECTRIC PIANO . SNAWKLOR . FRED POULET . V/a ID WET . RENIER LERICOLAIS . MINIFER . A. DONTIGNY/DIANE LABROSSE . A TRIBUTE TO PAVEMENT . EHB . LAURENT ROUSSEAU . MONADE . MONTREAL FREE . MIKE HART . NachtPlank . Lost & damaged . TLONE . THOMAS PERIN .

CHRONIQUES #11
DORA DOROVITCH . MASSIMO . FLIM . SUBURBIA . DAKOTA SUITE . QUINTET AVANT . THE MAJESTICONS TROUBLEMAKERS . DORINE_MURAILLE . SCHMOOF . FABRICE EGLIN / BENJAMIN RENARD . TONNE . HOMELIFE . LAUDANUM . PULP FUSION . ELEKTRONIK . APRIL MARCH . KOMET Vs BOVINE LIFE . MAJA RATKJE . GISCARD LE SURVIVANT . NAD SPIRO . POPULOUS . SNOWBOYS . JOHN BELTRAM . SR. CHINARRO . HOGGBOYS . AMON TOBIN . STUNTMANN 5 . SON OF CLAY . TENNIS . THE CARIBBEAN . PANOPTICA . TELEFAX . ALEXANDER PERIS . IMAGHO . SKETCHES OF PAIN . FRZ-IMAGHO . MOU, LIPS . SCANNER + TONNE . SALVATORE . VENETIANS SNARES . ANGEL . ABSTRACT KILL AGRAM . Battle of the Year 2002 . HAND OF DOOM . SPREAD LOVE .BURT BACHARAH . CALLA . PURÉE NOIRE . ELEKTRONISCHE MUSIK TAPE 10 . OBOKEN . RUBIN STEINER . BLACK DICE . BIP-HOP VOLUME 6 . EVA CASSIDY . CYANN & BEN . LEE HAZLEEWOOD . EPSILON SIGMA CLUB . RODAN . EUELL . ANALOGUE . MANTA RAY . KAITO . A1 PEOPLE . STARGAZER

CHRONIQUES #10
CAVIL . CAMPING CAR . POST OFFICE . DAVID WHITAKER . INFORMATION . DELAY MAKES ME NERVOUS . V/a LEAF . SOGAR . KAT ONOMA . CADIER / BURGER . MY LITTLE CHEAP DICTAPHONE . COLLECTION OF COLONIES OF BEES . SPECTRE FEATURING . SENSATIONAL . FENNESZ/MAIN . TARTWATER . NICOLAI DUNGER . ALEXEI BORISOV . BUSY SIGNAL . UN CADDIE RENVERSE DANS L'HERBE . IDAHO . MS JOHN SODA . OLIVIER QUEYSANNE . GOR . BJÖKENHEIM / HAKER FLATEN / NILSSEN-LOVE . PAUSE CAFE . MUS . FLEUR . FORMANEX . THE PHENOMONOLOGICAL BOYS . GHISLAIN POIRIER . MORGAN CANEY & KAMAL JOORY . DENZEL & HUHN . V/a PARTICULAR SYSTEM . RONNIE SUNDIN . ACTIVE SUSPENSION VS CLAPPING MUSIC . OLIVIER LAMM . THILGES 3 . ZOHREH . TUE-LOUP . HLM . FAUST . BUNGALOW . DICTAPHONE . COLLIN OLAN . 17 HIPPIES . NOONDAY UNDERGROUND . DENSE . VISION SHRINE . DAVID DESIGN . PURE . KUBIK . ACETATE ZERO . MASON JENNINGS . DIAGONALE STABLE . ANTIFROST . CORDELL KLIER . MINAMO / JÔRG-MARIA ZEGER/I-SOUND + D. RAFFEL . MIMETIC MUTE . PHILIP SCHEFFNER . TRAVAUX PUBLICS . MONTAG . T. RAUSCHMIERE . COLLEN . GUITAR . END . BATTERY OPERATED . IDENTIFICATION . ALAIN BASHUNG et CHLOE MONS . BREMSSTRAHLUNG RECORDINGS . DAYGAL . MICHEL & MICHEL . LA GOUTTE . RJD2 . TUJIKO NORIKO . SUPERSOFT [14-18] / ANDY’S CAR CRASH . GEOGRAPHIC . El-P . 22 PISTERPIRKKO . MLADA FRONTA . NO REWIND V/a . MILEVA . TRIBECA . DING DAWN . SCORN . THE WALKMEN . YUNX

 

 
 
CHRONIQUES #13

> TRAVAUX PUBLICS Chantier number 6  "disco chamalow" (Travaux publics)
La règle d’or du Journalisme musical est bien celle de s’octroyer le droit suprême d’étiqueter d’une pirouette stylistique les genres et courants artistiques d’une époque… Electro bongalow, Néo-harsh noise, Glitch Bip fuck music, etc… Travaux publics, le label Frondeur de Tours foule depuis 4 compilations ce droit légitime, et comme une coutume, impose un genre supplémentaire à la liste existante, le  "disco chamalow". Qu’est-ce ? Un style hybride qui emprunte pour partie sa rythmique aux mouvements proto-disco/funk et pour le reste à la musique Italienne putassière de la fin de la décade 70’ et des early ‘s 80.
Pourtant, au de là de la vignette, Travaux publics, en regroupant sous une même bannière ses forces vives crée une filiation que toute compilation devrait établir ; intimité et fraternité humaine autant que cohérence et attachement à une vision commune, et ce, dans l’éventail de ce que cela représente de diversité, de variabilité et de connexions diverses.
La posture musicale ici défendue adopte une attitude à même d’assimiler tous les courants et les effets orphelins de l’époque.
Elle trouve pourtant quelques repères fixes, phares immuables au milieu d’un horizon mouvant et incertain. On peut citer sans embarrassement, les compilations ultimes de Blow up, Sequel, Crippled, Wall of Sound ou Ceraton ; Piaza Dora et ses échos de Discothèque italienne ou encore Barry White et ses arrangements sudorifères de violons ; L’apôtre du genre en étant Giorgio Moroder et ses compositions imbibées des atmosphères moites de lino à paillettes et des canapés Stupreux et luxueux en sky noir.
Les 15 participants de ce quatrième chantier l’ont compris... en fuckant les dogmes, ils traversent avec spontanéité et panache la figure imposée. C’est des 4 existants, le chantier le plus varié dans ses approches. Une diversité d’humeur et de goût qui affine l’idée qu’on peut se faire du genre. 3 courants se détachent néanmoins :
Un courant ouvertement moite et suintant qui crucifie les voix langoureuses d’italian Lovers asthmatiques et les violons de la drague inévitablement associés. Ça sent ostensiblement la gomina, l’armada de poils et le lubrifiant pour grosses berlines.
La seconde voie, tout aussi ludique et moins viril s’évertue à intégrer de longues nappes de synthé lénifiantes et de sessions de cuivres dantesques et hédonistes qui frofrottent rs vibrations sur une bonne vieille basbassnky.
La rupture finale anticipe la mouvance électronique avec des titres où cohabitent voix spectrales et déclinaisons languissantes de violons bontempi périmés.
Un Quatrième volet qui pousse méchamment au cul,  , c par ordre d’apparition : de l’adrénaline, du sexe, des samples honteux mais jouissifs de Bob Clapton et Eric Marley, du soleil, des arrières goûts de Proppellerhead, des poils, de la wahwah, la vie quoi !

Starring : Boogers, Bosco, Charlie O., Chlorine free, Croque love, électroménager, fc*k, julien Ribot, Léonard de léonard, Mr Teddybear, Olivier Corre, pouic pouic, Rubin Steiner, Swinging Skeletor, Zimpala. Un chef d’œuvre de perdition.
> EEDL Parallemped ep (SPARK/Import ) [site]
Il n’est jamais aisé d’affûter son esprit critique, de garantir sa subjectivité ou simplement d’assouvir son appétit musical sur la seule foi d’un 4 titres. Et pourtant…
Ce duo Barcelonais sans doute forgé son obsession à la faveur d’une overdose auditive/ d'une absorption modérée de live act et de DJ Set dont seul le art festival a le secret.
A proprement parler, EEDL résume assez justement l’idée de compromis entre les constructions inféodées à l’autorité et à la rigueur rythmique et une recherche mélodique qui ne se contente pas d’être un simple faire-valoir passage du bruit au silence, de  "l’apocalypse" à la sérénité avec comme étape obligée ce parallemped ep. Que les hermétiques à la trigonométrie spatiale se rassurent… le propos du disque tergiverse davantage avec d’autres problématiques.
De l’élasticité viciée à la douce ambiance compassée on trouve ici des résonnances discrètes ou marquées, sorte de frère de sang de Crunch (sur Muzikaustraum) Lexaunculp (Planet Mu) ou Two Lones Swordmen pour la rotondité des attaques, c’est selselonu très beau linge en filigrane pour un ep d’une absolue nécessité parce que d’une absolue réussite !!!
> BOOKS ON TAPE  Sing the blues (No type/ Métamkine)
On se figurait avec une bonne grosse dose de dépit et de raccourcis intellectuels que l’horizontalité d’une ville telle que Los Angeles finissait par marquer sévérement les esprits de ses habitants, leurs interdisant toutes ambitions d’ascension ou d’investissement culturel.
Un relief que n’a pas manqué de souligner puis d’épouser le public Canadien à l’écoute des premiers jets de Books on Tape ( autrement connu sous Click Tracy , Sluts on Tape, Tape Science Version ou Box Social); engouement constant depuis  Throw Down Your Laptops (deathbomb Arc) sans évoquer les maxis sur Piehead et winning rec. No Type qui après un 10’ diffuse ici son long métrage expose ici avec toute sa franchise la dynamique rythmique que le label souhaitait offrir à son identité.
Du beat Punk, selon les termes de leurs amateurs, dissimulé au long de ce disque sous des mélopées électroniques, couloirs Dub, voire des révérences à l’Electronique Body Musique et aux résurgences néo-industriel (7) dans ce cas précis sans intêret.
En résumé, les plis crasseux de la jeunesse sonique et les contre ourlets complexes des écuries Tigerbeat/ Warp/ Planet Mu. Une union heureuse au delà du papier qui scelle nous l’avons dit, après Headphone et Œuf Korrekt l’appétit du label pour une musique rythmique en marge.
Books On Tape (Todd Matthew Drootin)  avec ce Sing the blues en dépit d’une abscence quasi totale de références au style (si ce n’est le clin d’œil de l’intitulé) donne à entendre une vision passionnée des genres qui transcende les étiquettes et les clivages. Si d’aucun hurleront à l’hérésie, au mariage contre-nature, il est pourtant ici davantage question de dépassement de soi.
> DJ FORMAT  Music for the mature B-Boy (Genuine/ Pias rec)
Matt Ford [DJ Format] assume et revendique son appartenance à une filiation Old School en général, de Brighton pour le particulier, berceau de talents et d’érudits de la platine, de manmanipulateurs génie…DJ… Shadow, Cut Chemist, Decksmen Numarc (Jurassic 5)..  un Unvier de talents qui impose une émulation, et irrigue, qu’on le veuille ou non vers une certaine représentation, une manière d’entrevoir la culture hip-hop.
Matt Ford est un perfectionniste, soucieux du moindre détail, s’est imposé une discipline de fer, répétant inlassablement les mêmes enchaînements secs, assiduité, application, abnégation. Faire de sa passion un art et faire que cet art soit à la hauteur de sa passion… La seconde étape l’a amené à archiver, chercher, se documenter ; compilant inlassablement, croisant l’improbable, reconstituant l’histoire de ce genre.
Ce music for the mature B-boy, même s’il s’inscrit dans l’actualité, la contemporanéité, reste une synthèse, un long développement des évolutions du genre, des apports funk au courant Jazz, des tentations rap aux inspirations soul… qui embrasse Afrika Bambaata, Grandmaster Flash, Booker T & the M.G’s, King Curtis, Cymande, Curtis Mayfield en passant par De la soul et le Sugarhill Gang . un album qui a valeur d’exaexhaustivitént il remremplits espérances par les vertus et les valeurs (les rythmes) il ère… un vrai grand bonheur que ce disque. A écouter jusqu’à l’indigestion !!!
> ILIOS  Old Testament  (Antifrost/ Metamkine)
C’est sans doute dans cette absence fataliste de médiatisation des structures telles qu’Antifrost, ici représentée par Ilios développe une forme habile  "d’esthétique de la disparition". Il n’est pas ici question de vitesse mais de transparence. Ilios assume depuis 10 ans ce statut d’apatride médiatique, entrevoit à cette carence par un glissement progressif vers l’anonymat. Par écho, la musique d’Ilios s’est teintée de cette saveur, de cette patine nitessente où les drones, les vibrations font disparaître la composition.
Old Testament , dans une logique biblique précède une séquelle à venir,  "new testament" qu’on devine déjà comme un prolongement et une antithèse de cet album.
Un parcours sombre, chaotique, constitué de sons spectraux, de triturages électro-acoustiques, comme au premier jour du monde où les infrabasses grondent comme des tonnerres lointains, mouvements telluriques, et où les grésillements laissent entrevoir les premiers soubresauts d’une vie terrestre à venir.
5 traités de géoclimatologie vive, reflets involontaires d’un monde à jamais disparu.
> JULIE DOIRON/OKKERVIL RIVER  Split Album  (Acuarela/ P/S)
Si Hanif Kureishi n’avait pas déjà imprimé avec la profondeur de son talent le terme "Intimité", Julie Doiron et Okkervil River auraient tout aussi bien pu en déposer la paternité.
Un split album initié par Julie Doiron (ex-bassiste d’Eric’s strip).
Après un album remarqué  (Julie Doiron & the wooden stars) suivront 3 albums sur Jagjagwar  ainsi que’un recueil de photo.
Une suractivité  contrastée par l’absolue douceur de ses comptines ; berceuses folk d’une tranquilité monastique, prompt à l’errance intérieure et au recueillement ; une éloge de l’à-peu-prêt, de l’hésitation, de l’inconstance et de la précarité vocale. Sublime
Okkervil River assène d’entrée de jeu une ballade ultime He passes number Thirsty-Three, imbibé d’orgue d’église et de jeu de guitare folk-pop raffiné, à même de s’enflammer à l’occasion. La voix rèche de Will Sheff à cet éclat triste des lendemains de fête, pas sans rappeler le timbre du divin Bonnie Prince Billy et cultive les champs du maître Nick Cave (Omie Wise). 4 compositions investis de la chaleur de l’authenticité et du feu de la passion.  Absolument incontournable !!!
> VARIOUS ARTISTS  Hearing  (Transacoustic Research)
Même si l’on est pas toujours enclin à apprécier le principe de la compilation, tant l’essence même du concept a été  bafouée un nombre incommensurable de foi… A de rares occasions, cependant, un label nous fait agréablement oublier notre amertume et notre ressentiment associé.
Transacoustic Research, jeune label du  paysage musical contemporain nous permet de  saisir cette occasion en conjuguant en parallèle exigence et cohérence.
Pourtant, l’amateur de musique normée risque de chercher longuement cette cohérence… la cohésion réside ici, vous l’aurez saisi, moins dans le non-classicisme des morceaux que dans leur parfaite imbrication, succesion  mutuelles. Pas moins de 13 intervenants érigent ce vitrail contemporain, où toutes les nuances de teintes sont représentées : expérimentations électroacoustiques, laptop low-fi trafiqué, extraits de musique concrète, sampling, déviances de glitchs, musique contemplative, répétitive  etc…
Des pigmentations et des colorations qui cependant se rassemblent toutes sous l’égide de l’expérimentation dans son acception la plus étendue. Quelques uns des intervenants ont déjà fait leurs armes du côté  du For 4 Ears de Gunter Mûller (Dieb 13/ Boris Hauf)  alors que les autres ont suivi un cheminement plus où moins balisé.  "Hearings (ecouter)", prononcé sur le ton de l’invective, comme pour mieux souligner l’attitude volontariste, l’aventure inconventionnelle qui nous  y attend. Une  plongée profonde et irrémédiable dans le matériau sonore et dans l’exploration artistique. Un disque axé sur la recherche qui contribue, à sa manière à nourir le genre. Avec The Vegetable Orchestra, Dieb13, Lo-res, Iftaf, Nilolaus Gansterer, Matthias Meinharter, Helmut Kahlers, Jôrg Piringer, Paul Divjak, Das Fax Mattinger & Geral Rossbacher, etc...
> TEXTURIZER  S/t  (Antifrost/Metamkine)
“Suffer/Enjoy” compilation du label Antifrost avait exprimé dans un passé récent la détermination et l’appétit de celui-ci pour les marges obscures du bruit blanc et des errements sonores.
Texturizer réunit deux adeptes de cette pratique, de ce sport à hauts risques auditifs, en les personnes de Nikos Veliotis et de Coti K.
Nikos Veliotis est un celliste expérimenté qui s’est consacré tôt à l’improvisation. Les sonorités du Cello, si spécifiques, sont échantillonnées et retravaillées par le biais de filtres électroniques de Coti K.
Une présence magnétique, un travail sur l’écho, la vibration et la réverbération fascinant qui rappelle les incontournables exercices d’Alan Lamb sur Dorobo et des travaux divers sur Touch ; des “fields recordings” dont l‘énergie intérieure capte par ondes successives, dans une progression constante toute la vitalité du lieu qu’elles colonisent.
Un moment étonnant que d’entendre ces sonorités acoustiques capturées à leur état naturel, dans leur “condition sauvage” d’existence et qui, par le biais de l’électronique essaye de “regagner” un caractère social, une forme “civilisée”. Une sorte de métaphore musicale, auditive de l’enfant Sauvage de Truffaut. Une interprétation audacieuse de la sérénité.
> FIBLA. Lent  (SPARK)
Les amateurs du consortium Sub Rosa/Quatermass auront reconnu en Fibla le prometteur jeune homme, qui courant 2000, nous livrait un “landscape” cliquetant et hypnotique. La jeunesse de sa carrière pourrait nous tromper s’il n’y avait la prolixité de sa production. Les heureux hédonistes sonores auront noté avec pertinence sa présence sur diverses compilations, depuis Worm Interface à Benbecula rec, où encore ce 7 ‘ sur la fameuse série d’Expanding records voire ses remixes de Philip GLASS en collaboration avec D-Fuse.
Sur Lent se joue une synthèse, une mise en accord des techniques acquises au fil des années, la finesse et le cautionnement du temps en plus. On retrouve dans ce cocktail les mêmes éléments mais cette fois-ci démultipliés, depuis l’arythmie chronique jusqu’au soulèvement crépitant, passages d’ondées cristallines et les régimes d’averses ondulants et spectraux… Comme si les ombres chinoises projetées par la lune sur les reliefs, soulignaient davantage le caractère maussade et la teneur claire obscure de ses compositions.
Une chaleur composite enivre cet album d’électronica mid-tempo sans fioriture dans la lignée du meilleur de CCO), renforcé par les scratchs imposants de DJ2D (rien à voir avec RJD2) acolyte Barcelonais de Scott Herren. Très bon
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> MARK ROBINSON  Origami & Urbanism  (Tomlab/Chronowax)
Les amateurs de pop indie américaine vaporeuse ont déjà le cœur en vrac à la seule annonce de cette heureuse sortie du label Tomlab.
Les autres auront désormais l’occasion de rattraper le retard accumulé durant tant d’années.
Mark Robinson, avec sa fausse allure de jeune homme désinvolte un poil flegmatique n’est rien d’autre qu’un bouillonnant concepteur de perles pop sophistiquées. Une carrière débutée depuis 12 ans, étalée sur 3 périodes principales ; phases durant lesquelles il côtoie quelques labels prestigieux (4 AD, Teenbeat, K records) au sein de groupes non moins prestigieux (les Sublimes Unrest, Air Miami. Flin Flon ou Grenadine), 9 années de travail en commun qui le mène logiquement en 2000 à un premier album solo “Canada’s Green Highways” suivit l’année suivante par “Tiger Banana ”, tout deux sur Teenbeat, sa propre structure.
L’esprit de Mark Robinson est habité par de douces arborescences de guitares aux pourtours tantôt folk, parfois Grunge ou lo-fi ; un buisson de rythmique jazzy et pour clore, des herbes folles de petits effets de synthétiseurs surannés. Qu’il soit question d’Origami ou d’Architecture, c’est toujours l’idée simple de structures simples qui obsède Robinson.
À mi-chemin du talent d’écriture de Kurt Kobain (un son très Sub-pop sur cet album) et de Josh Haden (Spain), les 2 univers de ces deux musiciens s’emmêlent et traversent les lignes mélodiques et l’inspiration de l’américain.
Plus à même de captiver sur la durée l’auditeur que de l’assourdir brutalement par sa beauté, cet “Origami & Urbanism ” est une belle et fragile sculpture de papier soumise, malgré elle aux pliures de l’âme de son concepteur. À fleur de peau.
> OREN AMBARCHI / MARTIN NG Vigil  (Quecksilber/Chronowax)
Le duo Ambarchi /Martin NG a déjà mis à l’épreuve sa capacité à entremêler leur univers à l’occasion d’un précédent album, Renaissance, sortie chez Staubgold. En ce sens, le projet a déjà maturé, il a déjà opéré un processus de délitation de ses acquis.
On ne présente plus Oren Ambarchi, guitariste atypique dont la carte de visite indique quelques rencontres décisives avec Fennesz, Yoshihide, Touch, Staubgold, SubRosa ou Tzadik ; Martin
Ng , un peu moins connu, quoique, est un dissident Autrichien qui combine un goût immodéré pour les modulations et les ondes cristallines. On l’a vu en compagnie de Hiaz Gmachl1/3 de Farmer Manuals sur Mego, avec Yoshihide accompagné du québecois Martin Tétrault lors de Turntable Hell ou encore Jim Denley pour un album sur Grob.
 Une belle mécanique de fluides, empourprée de passages architecturés, d’événements planifiés. Ambarchi assume depuis plusieurs années un héritage néo-industriel où la musique atmosphérique tient une place de choix.
Une conception assez singulière de l’énergie musicale, champ d’énergies gravitationnelles, forces centrifuges, turbines subaquatiques, flux électroniques sous-tension qui dispensent leurs effets comme autant d’échos concentriques, ricochets numériques d’une onde qui en s’étalant se déforme, altèrent leur patrimoine de départ, modifie et corrompt leur nature instable.
L’assouplissement des basses, la fusion des drones avec la mélodie infecte le rythme, tourmente la belle mélodie. Un exil permanent pour ces deux armateurs de la torpeur méditative.
> KENNETH KIRSCHNER  September 19, 1998 et Al (12K/import)
12K et Taylor Deupree continue d’inventorier la variété des sons inhibés, des rythmes souterrains et elliptiques.
La Nostalgie, la fragilité et la quiétude sont sans doute trois des termes le mieux à même de définir/de dessiner les contours des compositions de Kenneth Kirschner. Le caractère minimaliste, microtonal, translucide de cette musique digitale se marie à l’évidence avec ces qualificatifs. Pourtant, l’allemand ne fait pas son deuil d’épithètes plus musclés ; la violence, la nervosité, la fièvre, l’émoi ?
Imaginer la musique de Kenneth Kirschner, c’est tendre un câble entre les percussions customisées d’Harry Partch, la tonalité blanche et minimaliste de labels tels que “à bruit secret” et les constructions pianistiques savantes d’un Morton Feldmann ou d’un john Cage.
Fragments, éclats et sections composent une autre dimension dans le cadre de cette exploration sonore. Une approche rigoureuse, fine, contenant en elle quelque chose de paradoxal, une sorte de dynamique amorphe, de mouvement stable.
Taylor Deupree, on le sait, affectionne ces climats qui évoluent en régime minimum, qui intiment à l’auditeur le silence absolu pour quérir toute la subtilité et l’intelligence de l’œuvre. Ça tombe bien, nous aussi.
> TOMAS JIRKU  Bleak 1999 (No Type/Metamkine)
Amateur du MuteK festival, complice de longue date de Robin Judge, activiste éclairé de structures diverses et heureuses, pêle-mêle Intr-Version, Alien 8 ou Force INC voir Klang Electronik, voilà le pédigree sommaire, sans être réducteur, de Tomas Jirku.
Dans le cas présent de ce Bleak 1999, sa musicalité voit s’opposer 2 facettes supplétives où les rythmes irraisonnés et les beats tranchants s’exposent, assimilent la matière radiophonique, et diffusent des ondes radio inertes. Un climat fort se dégage de ce disque. On pourrait aisément qualifier cette musique de Dark-Ambient, tant elle concentre les caractéristiques d’artistes tels qu’Hybrids ou Starfish Pool.
La simplicité de la main-d’œuvre invite l’auditeur à canaliser son attitude sur la frugalité mélodique, l’aisance des traitements. Des titres tels que Psychosis , Cefuroxime étonnent par leur simplicité d’accès, envoutent par la rotondité de leur rythme, imprègnent l’auditeur d’un désir de “trance méditative”.
La présence au Mastering de l’électroacousticien Louis Dufort ( Vulvatron 2000, Concept 2018957, Connexion) renforce l’expression de sombre poésie narrative qui se dégage de cet album. Très bon.
> PLAYDOH  Fragments  (Peter I’m Flying/Chronowax)
De la pâte à modeler pour enfants, le collectif aura sans doute conservé le caractère malléable, mutant de celle-ci, ainsi que cet inexplicable attachement à la candeur et à la spontanéité de l’enfance, effluves de papier d’Arménie et de couleurs vives imprimées dans la rétine.Un détour par les origines, seul capable de garantir la pureté et la sincérité d’une approche.
Plus électrique que Seefeel, moins nostalgique qu’Arovane ou feutré que Dictaphone mais proche d’Im not a gun par certaines facettes ; plus assagi que Blonde Redhead, moins heureusement foutraque que Berg sans Nipple ; aussi étourdissant que Prohibition, mélancolique quand il doit l’être, spontané, fébrile, chaleureux à d’autres moments… Fragments est un album d’une grande beauté, qui gagne un cran supplémentaire vers le paradis lorsque se mettent en branle les voix de Sébastien et Marielle (dont le timbre est proche de celui de Klima), complémentaire jusqu’à l’excès.
Le temps passé à reconstituer les pièces éparses, fragmentaires de cet album, lentes dérives d’érudition post-rock, d'esquisses synthétiques discrètes et de sincérité pop n’est pas du temps perdu ; c’est le temps gagné de la maturation, du mûrissement sur soi, qui se constitue à la faveur des mois et des années passées et se révèle, ici, au détour de 10 titres racés, entêtants et beaux.
> ARNE  NORDHEIM  Dodeka  (Rune Grammofon/ ECM)
Les travaux passés, la somme des expériences amassées par le passé sont des jalons, des repères légués aux générations futures.
L’histoire est friande d’appels au génie, d’exhumations posthumes, de redécouvertes de partitions éteintes ; elle a besoin de combler les pans oubliés et les vides majeurs qui carcissent /oblitèrent une compréhension raisonnée de son parcours.
C’est animé de cette volonté que Rune Grammophon reconstruit depuis quelques années, à partir de fragments disséminés, d’éléments éclatés de sonorités, de copeaux d’enregistrement, une trame de l’existence artistique de ce grand compositeur Norvégien. qu’est Arne Nordheim.
De ces événements désarticulés sans lien apparent, conçu entre Varsovie et la Norvège sur une période étalée sur plus de 5 ans (67-72) Rune Grammophon, quatre ans après l’acclamé Electrique, fait renaître la magie, là ou Ligeti, Lutoslawski et Schonberg (et le clin d’œil de ce Dodeka) l’ont laissée Bruckner et Malher ont aussi marqué jusqu’au sang la compositrice norvégien.
Les apartés cristallins, lunaires laissent notre imagination vaquer vers quelques films d’anticipation de l’époque… (Planète interdite) ; on fictionne des cathédrales englouties de stalactites surdimensionnées aux reflets multiples, des lacs souterrains constellés de quartz…
L’intérêt réellement déterminant de ce disque reste sa qualité sonore, comme un dernier pied de nez au temps, aux ravages disgracieux des années. Les techniques antédiluviennes d’enregistrement, la précarité des instruments, du matériel d’époque n’ont semble t'il pas altéré la modernité de l’approche.
Anthropomorphisme musical, chaque pièce recèle son propre caractère, sa précieuse dynamique.  Étrange et spectral.
> SCOTT HORSCROFT  8 Guitars  (Quecksilber/Chronowax)
Parce qu’il est quelquefois des non-sens qui font sens… c’est l’accumulation de “Bruits” qui permet occasionnellement d’accéder à une forme de sérénité ou de méditation contemplative.
Ce concerto pour 8 guitares est orchestré par Scott Horscroft, chef d’orchestre ayant troqué la baguette pour le click d’une souris. Réalisé sans Overdub, cette “mise en commun” des vibrations électriques n’a pas l’énergie dévastatrice des arrangements de Glenn Branca ou des murs de bruits chers à Kevin Drumms.  Le traitement opéré, les indications observées et les ordres donnés, permettent à Horstcroft de mettre en scène les atmosphères.
Une lente montée de drones hypnotiques, aux marges des musiques répétitives de Riley et d’une approche plus psychédélique à la Monte Young.
Un lent maillage d’Overtone et d’Harmonique s’enchevêtrent, se conjuguent, reflet du jeu complexe des musiciens.
Un album surprenant pour cet Australien qui dresse de nouvelles frontières entre les écoles européennes d’improvisation et le goût de son pays continent (et de ses environs) pour une certaine idée de la résonance (White Noise, Drunken Fish, Copus Hermeticum, Extreme), plus enclin à ravir le non-initié en matière de guitare que l’admirateur pur de l’instrument.
> SHANTEL  Bucovina Club  (Essay recordings/Tripsichord)
L’attrait résurgent pour les pays d’Europe Centrale aura permis de mettre en relief le riche folklore musical de ses peuples. La musique Tsigane/Manouche/Rom est une forme d’expression picturale, elle donne à voir plus qu’à entendre, elle matérialise le rêve et la mélancolie, l’espoir aussi comme aucune autre musique
Le tourbillon des sensations, des couleurs, de sentiments mêlés, tourne, virevolte, dessine un arc en ciel mouvementé et libre proche de la musique grecque d’entre deux-guerres, du folklore grec et des mouvances yiddish.
Shantel, artiste au demeurant talentueux, a réuni ici quelques une des formations les plus représentatives de ces mouvances… Les taraf des Haidouks, reconnaissables à la première note, Goran Brejgovic, chef d’orchestre attitré des films de Kusturica, mais aussi The Rootsman, Fanfare Ciocarlia, Kocani Orkestar, Banda Ionica ou Gogol Bordello composent cet orchestre improvisé où Shantel s’improvise chef d’orchestre, signant même quelques titres réussis (Dimineata/ Disko) ; Bucovina s’inscrivant davantage dans une lignée House (façon Peut-être).
Cette juxtaposition permet de voir toutes les déclinaisons et les richesses de ces musiciens, camaïeux bigarrés d’influences plutôt qu’union sacrée de genres ?
Mais qu’on ne s’y trompe pas, il est bien ici question de modernité, de contemporanéité et non de résurgences ancestrales. Le rôle du clan est ici central, la famille comme courroie de transmission du savoir-faire et du savoir écouter…
La majorité des interprétations, déjà entendues, n’ont pas la saveur de la nouveauté, mais par leur chaleur et la vérité qu’elles portent nous entraînent à notre corps défendant dans un voyage immobile, une excursion statique magnifique. Dépaysant à l’extrême.
> LOISIRS Glamoroso  (Dora Dorovitch/iscograph)
Loisirs, que quelques indélicats surnomment déjà Moisirs (n’est-ce pas, monsieur Furet !) est une formation Poitevine regroupant en son sein quelques années d’activisme Rock indé, depuis Moob à Seven Hate en passant par Cut.
Loisirs annonce surtout la non allégeance de Dora Dorovitch aux chapelles, quitte à perturber un temps l’image du label, quitte à brouiller la ligne claire des premières sorties.
Loisirs comme nom reste un paradoxe si l’on prend en considération l’acharnement de ses concepteurs à rudoyer le son, l’énergie dépensée à faire ployer le rythme à leur vue. Les influences viennent d’Amérique du Nord pour l’essentiel, on pense à At the Drive In, à ses branleurs géniaux de Chez Skin Graft que sont MountShasta pour l’approche Rock Crade, à la puissance christique d’un JohnBoy ou d’un Distorted Pony (sublimes albums sur Trance Sundicate) la lourdeur noise en moins ; aux lignes claires et à l’énergie intacte et juvénile de Fugazi d’une power rock barré entre Robocop Kraus et Shotmaker, la justesse mélodique des Rentals; groupes  toujours marqués par une quête d’évidence, d’essentialité.
Les sections rythmiques tranchantes, les guitares acérés, les silences pesants, tout cet ensemble converge et semble harmoniser son pas pour délivrer moments d’agressivité contenue, de ferveur et d’exaltation enragée…Une belle valorisation de savoir faire. En résumé : c’est un putain de groupe !!!
> ARAB STRAP Monday at the Hug & Pint  (Chemikal Underground/PIAS)
Les forces qui régissent l’univers trouvent un équilibre relatif dans la relation stable entre la matière et le néant, entre l’obscurité et la lumière.
Il en va pour toute chose ainsi. De même, les mauvais albums ont cet avantage qu’ils vous font apprécier de façon décuplée les bons.
Le nouveau long-courrier d’Arab Strap, n’a il est vrai certes pas besoin de la médiocrité du monde pour étaler sa beauté.
C’est l’engouement qui domine ce Monday at the hug & pint album, une sorte d’engourdissement chaud de fonds de pub Irlandais, un voile fumeux sur les certitudes de la vie ; un camphre aux vicissitudes de l’existence. Les textes toujours aussi limpides gagnent en rythme et patine au contact de la voix de Moffat ; la musique, fille de l’immigration Irlandaise et du folklore traditionnel écossais exhale ses arômes de folk enivrant aux embruns de houblons (la touche Middleton).
Arab Strap, joue les hommages fictifs et offre à l’auditeur l’occasion de passer derrière le rideau, d’accéder au quotidien, enfant de l’inspiration du groupe. Une parcelle de vie arrachée à l’intimité, un lambeau de leur culture qui permette d’appréhender ce qui fait d’Arab Strap un groupe unique : cette capacité à esthétiser le sordide, à faire du quotidien terrestre un haïku plaintif et lunaire.
> MY JAZZY CHILD  Sada Soul (Active Suspension/Chronowax)
Il n’y a rien de présomptueux à dire qu’on sentait déjà dans les précédents travaux de Damien Mingus, à l’état de germes, se ferme désir, cette virulente aspiration a davantage de mélodie et d’intimisme.
Ces expérimentations passées (un grand coup de lassitude sur Pricilia, notamment) contenaient, au-delà de leurs “légères” tendances à l’abstraction un puissant ancrage dans le réel, dans le tangible, le patent ; quelque chose comme un spectre de ritournelle en suspension dans l’air à la fois irréel et matériel.
 Plus généralement, la trajectoire logique de cette jeune scène électronique (Parisienne) aspire soit à davantage d’abstractions (le pied dans l’expérimentation, le minimalisme) soit vers une approche plus narrative dans l’expression de leurs sentiments.
La question d’intimité fait résonner en arrière-plan, de manière sourde, les termes de familiarité, d’attachement et de complicité ; de mise en avant de soi. C’est pour ses raisons que Damien, en se mettant à nu (il chante sur plusieurs titres) a souhaité border ses compositions du regard doux d’amis et de connaissances ;  une anecdote qui n’est pas fortuite puisqu’elle donne une grande chaleur à ses petites histoires, de la proximité et de la sensibilité à ses tranches d’existences, un peu de fébrilité aussi.
Au-delà des sentiments qui nous assaillent, il faut pourtant jeter une oreille à l’oeuvre ; agencement de titres partagés entre des passages d’instrumentations pop-folk orné d’effets, de magnifique facture, et de troués de textes où s’engage pêle-mêle le staff des Beach Boys (Pet sounds plane sur ce “sada soul”), Robert Wyatt, voire Moondog par la juxtaposition de climats dépareillés. La prise de risque est courageuse, réussissant à garder une intégrité intacte de bout en bout, même si certains morceaux chantés me laissent perplexe (Morfler).
La trame musicale est d’une incroyable limpidité au regard de la complexité de ses arrangements. Le seul défaut mineur de ce disque est cette volonté de vouloir condenser un trop-plein d’idées, souvent bonnes d’ailleurs. Les pensées musicales ont, comme les plantes, aussi besoin d’air pour se développer.
Une très belle ambition que ce disque qui marque également le bienheureux retour à la scène de Clapping Music…
> MOONPALACE RECORDS  V/a  (Unique records / Moonpalace records / chronowax)
Ce qui me fait intangiblement aimer un label tel qu’Unique record, c’est cette capacité à s’émouvoir, à être touché par l’univers des artistes qui environnent leur quotidien. Au travers du prisme du label semble se décupler la sensibilité de maître d’oeuvre, Gérald, sensibilité nourrie de lectures sans fin et d’auditions tardives, où seules la passion et la volonté vous gardent en éveil.
Chose rare, c’est bien à un fanzine dont Unique records rend non pas hommage mais apporte son soutien. À la manière du ricochet, Unique records étend l’onde d’écoute (et par écho l’onde d’auditeurs) de cette compilation somptueuse issue du fanzine, en permettant sa distribution en France.
Une compilation dont les amateurs de Pop, et les promoteurs de Popnews (n’est-ce pas Guillaume) n’auront de cesse de se délecter .
Une fraternité d’esprit et de sensibilité qui lie d’ailleurs les 2 structures, Moonpalace et Popnews ; un sens commun à valoriser la sphère Pop-Folk dans tous ce qu’elle a de reposant/prégnant/intimiste et ce, au travers d’artisans aussi proches émotivement qu’ils sont éloignés géographiquement, depuis Jack a Hood, en passant par Dakota suite ou Polar. Ce qu’il convient de souligner ici, c’est la cohérence, l’osmose qui gouverne chaque portée de la mélodie, chaque espoir susurré, chaque non dit du silence…
“Des groupes exemplaires pour des morceaux exemplaires pour une compilation exemplaire”.
Voilà une belle épigraphe pour clore avec bonheur et recueillement cette fin d’année. Très très beau.
Avec Arco, Tex la Homa, Jacques, Elba Roda, The Walkabouts, Dakota Suite, Knife in the Water, Jack, Zola, Hood, American analog set, Polar, Forstars, Racingpaperplanes.
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