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Chroniques de
Julien Jaffré

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CHRONIQUES 18
13 & GOD.WORLD STANDARD. TROY VON BALTHAZAR. VLAD. L.PIERRE. THE REMOTE VIEWER. Robin FOX. FS BLUMM. POPULOUS. THE GASMAN. SINISTRI. Keith FULLERTON WHITMAN/ greg DAVIS. PXP. THE KONKI DUET. LAUTER. MARGO. JASMIN01. Alexander PETERHAENSEL. Dino FELIPE. V/a RONDA. TARAB. LOOPER. Masha QRELLA. COLEMAN/ HAUTZINGER/SACHIKO M/YOSHIHIDE. Jon MUELLER. The CHOPSTICK SISTERS. The WILD BUD. The DAYS. ELEKTROPHONVINTAGE. ROOM 204. OBADIA. Ben GIBBARD/Andrew KENNY.Ronnie SUNDIN. Xabier ERKIZIA. PASTACAS. LOUIS. ROOTS MANUVA. THEODORE. ENON. SETTLFISH. THE THING. V/a TOYTRONIC . OCHRE. 3PCONCEPTS. ABRAXAS PROJECT. SHANE COUGH. NAVEL. MLADA FRONTA. John CONVERTINO. AMON TOBIN. STUNTMAN 5. SKUGGE & STRAVOSTRAND.FENIN. ECHO DEPTH FINDERS. IGNATUS. COLLEEN. PERCEVAL MUSIC. SPRINGINT GUT. SNA-FU. V/a TALES OF THE UNREST.Michael GALASSO.Johzn SKUGGE. BUSDRIVER. INNOCENT X. SUPERCILIOUS. THE PREFECTS. RUBIN STEINER.

CHRONIQUES 17
John ZORN . KAADA / PATTON . THE BERG SANS NIPPLE . KILN . SOLVENT . PAN/TONE . Alexander RISHAUG . BLACK EYES COUGH . Damien MINGUS . Stepahn MICUS. Q AND NOT U . STYROFOAM . DANA HILLIOT . O.BLAAT . PROPERGOL Y COLARGOL . Vitor JOAQUIM . PSYKICK LYRIKHAH . KAMMERFLIMMER KOLLEKTIEF . BJORGULFSSON/ PIMMON /THORSSON . HANALEI . TETRAULT/ OTOMO . THE PATRIOTIC SUNDAY . MORCEAUX DE MACHINES . POLA . AUTODIGEST . DIE WELTTRAUMFORSCHER . GOO . PATRICK WOLF . STATE RIVER WIDENING . WILLIT/ DEUPREE . MARCLAY . MOUSE ON MARS . GRAILS . SUN PLEXUS . EPSYLON ZYGMA CLUB . FRANCESCO ARENA . LUDMILA . Michaela MELIAN . FS BLUMM . HENKE . ENCRE . V/a NOISE &THE CITY . V/a NEUROT . FORMANEX . REUBER . TILIA . INFANT . ENABLERS . ILIOS . V/a MONIKA FORCE . TREVOR DUNN S TRIO . SUSANNA & THE MAGICAL ORCHESTRA . ISIS . MILGRAM. SKOLTZ KOLGEN . V/a PORC EPIC . ARMAND MELIES . RD16 . KREIDLER . BLOOD AND TIME . MARSEN JULES . AETHER . NIMP . SUPERCILIOUS . TOOG . RUBIN STEINER . MATTIN/ WORKMAN . ICHLIEBELOVE . PRINCESSE ROTATIVE . STAFOENN HAKON . CANCEL N. PARESSANT . THE SOFT RIDER. KAMIDO TU . MALAUSSENE Vs BANGA . JAMES T COTTON . ANA . GREG HEADLEY . NOWHERE . SOFUS FORSBERG. OBNY . LOSOUL . OHM EDITIONS/ AVATAR . KOTRA . BORISOB/ NIKKILA.


CHRONIQUES 16

COBRA KILLER . TRAVAUX PUBLICS . V/a STAUBGOLD . KARATE .. LALI PUNA . KERRIER DISTRICT . STRATEGY . Pascal SCHÄFER . V/a Antologia de musica electronica portuguesa . FIRE WERE SHOT . SWOD . PATERAS/ BAXTER/BROWN . SCHURER .. @C . ADAM WILTZIE . RAN SLAVIN . THE ETERNALS . CHILDRENS OF MU . MAX EASTLEY/ DAVID TOOP . CHARALAMBIDES . ANGIL . BIP-HOP VOLUME 7 . EYVIND KANG . COCOON . VENETIANS SNARES . LULLATONE . Corker Conboy . POST INDUSTIAL BOYS .. STEPHAN WITTWER . GROWING . ILIOS . YANNIS KYRIAKIDES/VEENFABRIEK . MINIT . THE GO-FIND . MICHAEL J SCHUMACHER . MILOSCH


2004
CHRONIQUES #15
BATHYSCAPHE . TRAVAUX-PUBLICS . SPEKTRUM . LUNT . BAKA ! .. V/a MUSIK EXPERIENCE . LANGUAGE COMPUTER . AGF . Tô .. TRICATEL . MEN’S BEST FRIEND . MAX HAIVEN/JON VAUGHN . V/a List . RYOICHI KUROKAWA . SKETCHES OF PAIN . MINOTAURE SCHOCK . Z_E_L_L_E . V/a Rural Psychogeography . MARGO . FORMA. 2.03 . FAUST Vs DALEK . MANITOBA . COURTIS / MARHAUG . LUCKY R’ . EXPLOSIONS IN THE SKY . REMARC . JOSH RITTER . GROWING . CHRISTIAN RENOU/ANEMONE TUBE . BREEZY TEMPLE . GUINEA PIG . V/A Kraakgeluiden doc1 1999-2003 . DIRGE . ATONE . HARPAGES . DEPTH AFFECT . REBECCA . JONO EL GRANDE . SKYPHONE . PUYO PUYO . MEAT BEAT MANIFESTO . WESCHEL GARLAND AND WORLD STANDARD . BRAILLE . HAMLET . O.Lamm & Sutekh . V/A HAUNTED WEATHER . MITCHELL AKIYAMA . ALEX GARRACOTCHE & STEPHAN KRIEGER . FUNKSTORUNG . HELIOGABALE .. THE SIDE OF JORDAN . FROM:/TO:  . RAUD & HOLLAND .. EXCAVATION SONORE . HYPO . THE LOOP ORCHESTRA . CLOUDHEAD . PAULO RAPOSO & MARS BEHRENS . V/A Nothing but a Funk Thang . Jorg PIRINGER . KID SPATULA . AIRPORT CITY EXPRESS . EPSYLUN ZYGMA CLUB . SUGAR PLUM FAIRY . Jean Luc Guionnet & Eric La Casa . CM VON HAUSSWOLFF . JOHN BUTCHER . YEYE . Pierre BONDU . MINIMALISTIC SWEDEN . BABY FORD . DJ DAMAGE . FLUNK . ALCAHA SOUNDSYSTEM . DAY &TAXI . PHI LIFE CYPHER . NHX . 90 DAY MEN . Fort Laudendale . Le POP 2 . PERLON . TBA . TANDY . WHOPPER . Villalobos . LUNGFISH . TWERK . MICHAEL YONKERS BAND . Andrew Thomas . SERGEJ MOHNTAU . The Limps Twins . ABSiNTHE (PROVISOIRE) . Gustavo Lamas . SETH P BRUNDEL . The Sound Of Warhammer . BEXAR BEXAR . Active Suspension at Vooruit, GENT . PLANETALDOL .. FEIST . THE SHINS . Arman MELIES . GREENBANK . ROSIE THOMAS . V/A STEREO DELUXE . JASCH . KAMIDO . ARMAND-FLORIAND DIDIER . TANTE HORTENSE . METAMATICS . HELLFIRE . Laurent PLESSIET . ISO 68 . BMB Con . CARLO FASHION . JAS

CHRONIQUES #14
EXTENSIONS . LEFT / MIDDLE / RIGHT . BERNARD FLEISCHMANN . CHARALAMBIDES . KAFFE  MATTEWS . TRIOSK MEETS JAN JELINEK . NAO TOKUI . FANTOMAS . DEAN ROBERTS . CINELUX . FUTURE PILOT AKA . KAT COSM . OLAF HUND & HIS ORCHESTRE TOUT JUSTE . FORMANEX/AMM . PLURAMON . V/A LOST IN TRANSLATION .. KID 606 . THOMAS MERY . PAUL WIRKUS . POLMO POLPO . NITRADA . MELODIUM . DUDLEY . BIAS . HANS JOAQUIM  IRMLER . ENCRE . KHANATE . ADVENTURE TIMES . V/a CIRQUE . PIANO MAGIC . THE HIGH LLAMAS . THE BOOKS . REFREE . XANOPTICON . GRIDLOCK . WILLIAM ELLIOT WHITEMORE DIM MAK . PARADISE ISLAND . DANCE DISASTER MOOVEMENT . EKKEHARD EHLERS / JOSEPH SUCHY / FRANZ  HAUTZINGER . OKKERVIL RIVER . ANTIFROST . THE PAPER CHASES . THE SILVER mt ZION MEMORIAL ORCHESTRA & TRA-LA-LA BAND WITH CHOIR . RED SNAPPER . AUTODIGEST . SUMUGAN SIVANESAW / DURAN VAZQUEZ .LEE VAN DOWSKI .WE GOT MONKEYS . RAINIER LERICOLAIS . GRASSKIRT . ANABEL’S POPPY DAYS . FABRIQUE DE COULEURS . METAXU . XIU XIU . NOVEL 23 . ERIK FRIEDLANDER .. DICKY BIRD . SANTA CRUZ . PW LONG . DO MAKE SAY THINK . CHICA & THE FOLDER 42 . CLEAR HORIZON . TELEFON TEL AVIV . Ms JOHN SODA . Phrênésie #2 . EINOMA . BRUNO DESCOUT . J XAVERRE

 
CHRONIQUES #18

THE REMOTE VIEWER Let your heart draw line (City Centre Office/ La Baleine)

On ne sait réellement à quoi tient cet attachement qui nous lie indéfectiblement à The Remote Viewer…est-ce leur passé au sein de Hood, groupe merveilleux entre tous ou plus simplement leur musique qui semble éclore d'une longue léthargie, bourgeons musicaux perçant la neige en quête de vents printaniers. Toujours est-il que c'est une sensation profonde de bien être qui nous inonde. Le sens d'un renouveau.. Les fluctuations de leur musique tiennent davantage de la brise légère venant perturber la surface supérieure de l'océan que d'une houle plus prompte à rompre la plénitude marine. Chaque moment est important dans leur musique, les compositions et les sons trouvant une raison d'être dans les silences et inversement. La couleur générale n'est pas à la fête, mais évoque plus volontiers l'inquiétude, le vague à l'âme ou la tristesse (I'm sad feeling / last night you said goodbye, now it seems years). Pour autant, on vit cela davantage comme une sinécure, une délivrance aux maux de nos âmes. D'une scandaleuse et discrète beauté.

www.city-centre-offices.de

SINISTRI Free Pulse (Hapna/ Metamkine)

Ce trio italien, issu des cendres de Starfuckers (tout un programme) s'applique à développer une direction musicale hautement personnelle, qui se construit autour d'une sainte trinité sonique, tour à tour électrique, acoustique et électronique. Opérant sous les principes de l'intuitif, ils appuient leur démarche sur une recherche dans divers domaines des musiques modernes et contemporaines, puisant dans les techniques du blues, des musiques concrètes, de l'électro-acoustique du funk et du jazz. Décrite comme de la nonmetric music et appuyant leur pratique sur un Dogme, un manifeste assez radical et sérieux, Sinitri invite ici l'esprit de l'auditeur à cheminer le long des arpents sinueux et délicats de l'improvisation et de la voltige maîtrisée. Une musique qui trouve ses qualités sur la longueur de ces 10 titres et conviendra aux amateurs du genre. A noter que leur travail n'a aucun copyright, s'inscrivant dans un courant plus vaste, soit the Creative Commons Attribution- non commercial -No derives license.
www.hapna.com

ENON lost marbles and exploded evidence (Touch & go/ chronowax)

Tant qu'il y aura des artistes ou collectifs pour nous faire oublier la grisaille du quotidien, nos afflictions et nos épreuves, on pourra encore avoir foi en la musique, en sa capacité à nous porter au-delà de nos maux et des vicissitudes de nos existences. Enon pratique un pop-rock à sensibilité électro impétueux et sautillant, enflammé et trépidant, hautement communicatif et grégaire, ingénu, également. L'originalité du groupe réside certainement dans la personnalité de ses musiciens, qui tient pour beaucoup à leur origine, depuis la chanteuse, Toko Yasuda japonaise de son état, qui avec sa manière très féminine et ludique de psalmodier insuffle une énergie rare et naïve aux constructions mélodiques du groupe. Les musiciens, ensuite Rick Lee (synthe), John Schmersal (voix, sample) et Steve Calhoon (percussion) dont la vitalité et le groove engendrent tantôt une haute dose d'adrénaline, tantôt une chaleur électrique. La basse assurant une rythmique souple et tonitruante à l'ensemble. Des détails d'électro débridés lignée Trevor Jackson viennent parfaire l'unité. Ce cd est en fait un recueil, une chrestomathie (osons le mot !) de vacations et d'exercices de styles en une variété de lieux et de supports, depuis des singles de magazines ou de websites, de 7' de petits labels (Do tell rec/Frenchkiss, Troubleman, Friction rec, Extra ball, Hold on slowboy rec) ou au cours de sessions radio. Ce disque au graphisme très tendance façon Geneviève Guckler a la poésie d'une bulle de savon et sa fragilité mêlée. L'album est accompagné d'un DVD, où sont compilés clips, d'interventions d'interviews et de délires de ce trio ravageur.. A écouter d'urgence.
www.touchandgo.com

THE THING Garage (Smalltown superjazz/ Chronowax )

Hommage au Grand Nord ou au chef d'œuvre de Carpenter, qu'importe! La Chose est de retour en ville, dans la petite ville au super son. Le miraculeux et inespéré label Smalltown Supersound projette ainsi à nos oreilles sa nouvelle petite missive, production embrasée en provenance de Stockholm où, c'est bien connu, le cœur des hommes est plus brûlant que le soleil. Matière incandescente, The THING (déjà croisé sur Crazy Wisdom) est composée de Mats Gustafsson (saxophone Tenor & bariton), Pall Nilssen Love (Percussions, batterie et samples) et Ingebrigt Harer Flaten (Double basse) ; groupe à variables in-ajustables, qui comprime un mélange viscéral de jazz, de freerock et d'improvisation. Energie du free, hargne du rock, mêlé à une certaine forme de passion et de spontanéité ; nos trois guérilleros du son abattent les unes après les autres les portes de notre asthénie pour nous laisser en fin de course, pantelants, hébétés. Le tour de force de ce projet n'a rien de complexe ou de conceptuel ; il met simplement en relief des techniques " simples " qu'ils adaptent à leur regard, par le biais d'une interprétation tendue. The Thing reprend ici le flambeau, l'étendard d'artistes tels que Don Cherry, évidemment et The lounge Lizard, par instants. Sur scène ils se produisent avec la légende du free jazz Joe Mac Phee, avec lequel ils ont enregistré un live courant 2001. Somptueux.
www.smalltownsupersound.com

MLADA FRONTA Dioxydes ( PARAMETRIC/www.parametric.info)

L'idée planait depuis quelque temps dans l'antichambre créative du label Parametric Le résultat est un objet unique, inouï compte tenu des moyens, fruit d'une passion sans bornes pour l'épure graphique et d'un amour immodéré pour la musique, l'image et ceux qui la font vivre. Le DVD, sagement tapi, est gansé d'un coffret d'inox aux contours savamment émoussés. Dans ce refuge d'acier est disposé, outre Le DVD, un recueil de feuillets glacés format A5, fébrilement maintenu par une pince où défile une série de clichés splendides, mêlant friches urbaines, architecture futuriste et collages contemporains audacieux rappelant par bribes les heureuses intentions de Warp et son coffret anniversaire. Une fois la première approche évanouie, il reste à se plonger dans les méandres visuels et sonores de ce DVD. Habituellement portée sur les franges musicales néo-industrielles, le label présente avec ce disque multimédia un angle de recherche sur les contours apaisés quoique tourmentés d'une musique électronique à forte texture analogique. Les atmosphères qui émanent de ce disque ont la beauté sombre d'un territoire ravagé, le goût de l'étrange accalmie qui suit les combats. A dire vrai, la musique de Mlada Fronta a trouvé dans les compositions de l'immense cinéaste John Carpenter (qui réalise lui-même la musique de ses films) un terrain de jeux propice à ses expérimentations, quelques part entre des landfields désœuvrées, des paysages ambiants insalubres et de petites mélodies synthétiques dérangeantes. L'image quant à elle, exploite toutes les ressources revisitées de l'urbanité, de l'industrialisation et de l'énergie pour offrir un substrat visuel à ce disque ; depuis la lente rotation des éoliennes au travelling avant sur le bitume en passant par les friches ou le manège de grues mécaniques Une véritable victoire sur la sensibilité et les sens. Superbe.
www.parametric.info | www.malda-fronta.com

FENIN Grounded (Shitkatapult/ La Baleine)

Le label Shitkatapult n'est pas à proprement parler le fer de lance d'une musique policée et douceâtre ; Bien au contraire, il martèle depuis quelques années déjà son engagement pour l'activisme sonore, la résistance et la rébellion auditive… Et comme beaucoup, celle-ci passe par le bruit, le bruit vu comme un acte violent lorsqu'il est maîtrisé sans être forcément contenu. Pourtant, cette nouvelle contribution, que l'on doit à FENIN, offre l'opportunité d'écouter les approches transversales du label, dub ou techno, c'est selon. Le chien loup esseulé et monochrome en couverture semble suggérer de multiples interactions avec la musique ; sans doute son aspect sauvage, émancipé autant que sa capacité instinctive à aller de l'avant lui confère une certaine promiscuité avec cette musique. L'approche est ici ouvertement dub, on la doit à un des piliers centraux du label, Lars Fenin qui étonnement, malgré de multiples faits d'armes et collaborations signe ici son premier album pour Shitkatapult. Cette expérience, on la ressent dès les premières tournures des compositions, la manière de poser les rythmes, de tourner autour de la mélodie. A rapprocher de Mapstation Vs Raw Sandoval. Du minimal techno Dub.
www.fenin.net

COLLEEN the Golden Morning breaks (Leaf/ La Baleine)

Les sons qui peuplent l'univers de Colleen ont leur vie propre, inaliénable; ils évoluent et se meuvent, naissent puis meurent. Un pays de l'imaginaire, de l'origine, flottant, définitivement ancré entre le ciel et la terre, noyés quelque part dans les nuages. Un imaginaire entretenu par la forme féerique des graphismes de l'Italien Iker Spozio, où une licorne vient délicatement effleurer de sa promiscuité l'épaule frêle d'une jeune fée. Quoi qu'ancré dans la contemporanéité, Cécile Schoot laisse libre court à ses compositions lumineuses, qui semblent s'appuyer sur la large histoire de la musique. De l'aveux de sa créatrice, les influences prennent d'ailleurs davantage pied dans la musique baroque du moyen âge. Les instruments (Cello, Glockenspiel, etc..) qui se suppléent fonde une succession de révérences à cette période. On retrouve un peu de la fragilité ou de l'atmosphère d'artistes, tels que World Standard, Takagi Masakatsu, Brian Eno, sans qu'ils viennent à aucun moment interférer. La musique de Collen nous éclabousse de cette étincelante beauté froide qui réduits toutes tentatives d'analyse à néant, réduisant chaque amorce de critique à un état larvaire, bribes de compréhension sans cohésion. Cette beauté n'en demeure pas moins fragile, intrigante, ne s'offrant jamais totalement au regard ou à l'écoute. Laissant une part de doute et de mystère assaillir notre curiosité. Une spécificité qui fait de cet album une éternelle découverte. Superbe.
Ps : A noter la sortie très attendue de son live à la VPRO, Amsterdam, dans le cadre de la mythique série Mort Aux Vaches sur Staalplaat.

www.colleenplays.org

SUPERCILIOUS Viva el protocole, my friends !
(Monopsone/ Chronowax) www.monopsone.com

Supercilious nous avait charmé par la grâce et l'énergie composite que sa musique savait avec nuances développer. (…Sans évoquer ici l'affabilité de ce musicien Tourangeau.) Avec une pointe d'humour, il avait placé à une hauteur insoupçonnée la barre, nous laissant entendre que son prochain album serait sublime (next time, we go sublime). Il se mouille à demi en laissant à une myriade d'artistes le soin de se pencher sur le berceau naissant de ses premières compositions. Le couperet de la sélection une fois tombée, par simple souci de cohérence, semble-t'il (on retrouve avec intelligence les morceaux en bonus à télécharger sur le site de Monopsone, soit Laudanum, Stuntman 5, Red Shift, Schengen, Feubo, 2tokiislands et Virga), il reste 6 protagonistes de choix. Un jeu croisé de remixes enrichis par 2 inédits du sieur Alexandre Vaudin qu'il convient, par révérence d'étudier en propos liminaire. Fidèle à sa vision musicale transversale, The book of relief left behind & so much love for the Pigs, ces morceaux plongent leur univers dans les abîmes incertains d'une ambiante étrange, nappes sombres jamais éloignées de l'esthétique de John Carpenter , d'un Laudanum voire d'un Styrofoam sur laquelle viennent se greffer boucles rythmiques, échos et loops, mêlant à l'occasion des voix féminines qui achèvent de nous convertir. Enivrant, et beau. L'approche des remixeurs, amis et pairs est intéressante puisqu'elle sonde les parts cachées de l'univers de Supercilious. Pourtant, l'exercice est ardu tant Alexandre Vaudin s'épanouit sur tous les continents et climats des musiques contemporaines. Objectile a sorti The Matriarcal Society de son orbite industrielle pour en faire une ballade- électro abrasive entêtante ; Les Suisses de Velma, tissent avec le même bonheur ces sphères pop-électronica aux climats denses comme le plomb.Sofus Forsberg insuffle une architecture minimaliste de glitchs et de micro accidents rythmiques pour un morceau plein d'une clarté lunaire. Le remixe de Yorgl rappelant une Tujiko Noriko hexagonale ; Alban Punition nous la joue Dj Spooky avec un titre très réussi, alors que Stupid Dog (Vox Populi / ou avec Phillipe Robert) ferme la marche avec les constructions qu'il a toujours affectionnés, quelque part entre Shitkatapult, V/Vm et d'autres énergumènes anglo-saxons. Supercilious est fidèle en amitié et ses amis lui rendent bien.

Viva el protocole, my friends ! se révèle une excellente post-face, propice à approfondir son amour pour la Touraine et les Tourangeaux. (J'en suis).

www.monopsone.com

BUSDRIVER fear of a black tangent (Big dada/ Mush/ PIAS )

Même si ce n'est évidemment qu'un clin d'œil amusé au chef d'œuvre de Public Enemy, il faut néanmoins une bonne dose d'audace pour se frotter à ce monolithe, même avec humour. Busdriver se garde pourtant du ridicule avec son hiphop tenace et intuitif, symphonique et urbain à l'humour sous-jacent. Des titres aux intitulés étranges ou drôles (Unemployed black astronaut/ map you psyche/avantcore) ; un flow tendu, une belle idée de groove urbain ; Busdriver évite les gouttes des écueils, ouvrant grand le parapluie de son professionnalisme et de l'originalité. Emanation du légendaire Blowed Crew, Busdriver emprunte dans ces constructions aussi bien au Jazz, à l'électro, aux vieux standard Funk, aux spoken words, tout devenant finalement source d'inspiration pour cet infatigable stakhanoviste. Après 4 albums/ Maxi sur Mush (dont un avec Daedalus, l'autre avec The Weather) voici la diction incisive et contorsionnée de Busdriver (et sa gueule d'ange) qui déboule sur nos platines ! qui nous rappellera le meilleur de Lex et Anticon. La bande son de notre été.
www.bigdada.com

Michael GALASSO high Lines (ECM/ Universal)

L'écrasant historique que recèle la presque totalité des oeuvres d'ECM n'est plus à discuter. Michael Galasso, discret chef d'orchestre de l'ombre s'est fait une réputation sans faille en arrangeant la bande originale de Wong Kar Wai, un certain " In the Mood for love ". Au-delà du succès médiatique de cette œuvre, c'est toute la justesse et le sens de la musicalité, du raffinement qui nous avait séduit à cette époque et qu'on redécouvre avec un plaisir non feint sur ces Hautes lignes. Les compositions sont enlevées, aériennes, elle achemine beaucoup d'émotions aux confins de notre esprit. Leur fragilité et leur profondeur semblent s'opposer, se jauger l'une l'autre dans un jeu de confrontations constant, d'éviction et d'attirance, ouvrant l'écoute à une large gamme de sensations, de l'évasion au dépaysement en passant par la nostalgie. Galasso s'est attaché les services de quelques brillants musiciens, parmi lesquels Terje Rypdal à la guitare, Frank Colon ou Marc Marder. Essayant de nouvelles combinaisons, oeuvrant un peu à la manière du Balanescu Quartet en intégrant différents éléments exclus des registres classiques (Bass, Guitare). Pourtant, dés lors que la guitare prend une certaine assurance, qu'elle se laisse aller à des solos bas de casse, on décroche rapidement préférant se réfugier dans l'intimité de ses petites constructions. Equilibriste entre tous, Galasso laisse vagabonder son imaginaire sur les filins tendus de ses Hautes lignes. Et même s'il risque la chute à plusieurs reprise, on y trouve des très grands moments d'apesanteur.

www.ecmrecords.com

PERCEVAL MUSIC Vies scolaires (Effervescence/ La Baleine)
www.collectif-effervescence.fr.st

Etrange intitulé et drôle de patronyme pourrait s'avérer un préambule honorable à l'étude de cet album. Pourtant, ne vous arrêtez pas là, il faut plonger dans cet album, sauter l'humour de rigueur (les titres : Cœur de rockeur, Mon miraille, Eau Forte) Construit autour de l'usage intensif de guitare, batterie mais aussi du violon, du clavecin, de l'accordéon et du piano, ce projet a un rapport particulier bien que lointain avec la musique médiévale. De nombreux groupes ont déjà transposé dans leurs mélodies, des pans mélodiques entiers, héritages de musique d'antan comme c'est le cas pour Helium, ou dans un registre Illbient avec Spectre. Pourtant, plus que chez aucun d'eux, Perceval music a su pervertir [pourfendre ?] le genre (musique de chambre moyenâgeuse) à ses compositions, sortant le style de sa gance académique pour lui donner un aspect profondément rock. Ce qu'il y a d'intéressant dans cette musique, c'est la profondeur, la patine qu'elle donne à la composition. Ici les sonorités profondes du violon et du clavecin (qui donne un petit côté Wendy Carlos, en moins kitch) sont perverties par une électronique enjouée et tourmentée ou un rock atonal tendant vers les sphères post-rock (façon Ganger) Une musique entêtante, symphonique, répétitive et brinquebalante, racée.

www.collectif-effervescence.fr.st

ECHO DEPTH FINDERS The city of the dolls (Meteosound/ La Baleine)

A proprement parler, Meteosound compose, en présence de Echochord, Shitkatapult ou encore Textone, une sorte de fratrie, une petite communauté dont l'attrait et l'apport résident dans une esthétique musicale commune. EDF ( !!!) Echo Depth Finders sont russes et résident dans la ville de Noboskibirtz. Malgré le nombre important de productions émanant de l'ex-URSS, cette petite particularité confère toujours, pour nous européens, une certaine forme d'exotisme, de dépaysement fantasmé. Pourtant, the city of the dolls nous soumet rapidement à la réalité de ce collectif, plus proche du substrat goudronné de New York que de la Toundra sibérienne. Une musique pondérale, urbaine, qui élabore des connections particulières entre Hip-hop Techno et post rock et climats industriels. Une terminologie qui semble ainsi emprunter au savoir-faire de labels tels que Lex ou Anticon voire plus proche de nous Idwet. En une poignée de minutes, EDF nous entraîne sur la pente descendante de leurs visions insalubres et dénaturées. Oppressant ! et jouissif ! Une vrai bonne surprise.

www.meteosound.net

John CONVERTINO Ragland (Indigo/hausmusik/ La Baleine)

Dans un esprit proche de celui de Gonzales sur sa dernière œuvre, John Convertino exerce sa dextérité articulaire le temps d'une brève immersion dans les abîmes de l'œuvre classique. Une petite démonstration au piano, des gymnopédies sans prétention qui malgré le caractère solennel et grave qui flotte au long du disque gardent quand même un esthétisme fortement contemporain et pour le coup assez intuitif. On devine que John Convertino ou son label auront sans doute senti le besoin de s'accorder une petite trêve, un petit écart de prestige, pour prouver, une fois n'est pas coutume que les musiciens électroniques sont avant tout des musiciens. Le jeu est fluide, la technique un peu galvaudée par moment mais conserve une certaine vivacité et fraîcheur au long de ces 45 minutes. Quelques part entre un jazz minimal et chopin. A écouter le soir venu.
www.sommerweg.de

INNOCENT X Fugues ( Bleu electric/ Universal)

Innocent X, possible hommage à Bacon, dépeint à la manière du peintre des atmosphères tourmentées, climats en mouvement constant où les sonorités n'arrivent jamais totalement à se stabiliser. Composé d'Etienne Bonhomme, Pierre Fruchard et Cédric LeBoeuf, ce trio parisien a assimilé les vertus du désert canadien (option Constellation) la dramaturgie évanescente d'un Labradford et l'arythmie tonique des artistes de Chicago. Une musique ample et fluctuante, plein de gravité et de pesanteur, tissant paysages noises et atmosphériques sans trop le montrer. Fugues intronise la voix dans les compositions avec la voix frêle et très appropriée de Florence Catigny qui donne une tournure un peu onirique aux compositions et le timbre rêche et un peu moins approprié du poète Anne-James Chaton, qui a du mal a fusionner avec les instruments tout en rappelant certains clichés du genre. Fugues est et reste un excellent album, qui renouvelle son prédécesseur sans le négliger.

www.innocent-x.net

STUNTMAN 5 Melted fake plastic (Effervescence/ La Baleine)

Le projet caméléon de Christian Bagnalasta, Stuntman 5 revient coloniser nos platines à la faveur d'un nouvel album, intitulé Melted Fake Plastic. Un disque qui à la manière du saurien suscité, précipite une mosaïque de couleurs musicales et de nuances de textures dans son univers. Pour autant, la différence avec son prédécesseur, Bretzel arabesque est tranché ; Il apparaît clair que le jeune homme, par ailleurs membre de Cinelux, a choisi de nouveaux axes de recherches, de nouvelles géométries d'investigations. D'une part, là où les voix étaient (presque) absentes, on lui découvre aujourd'hui un appétit certain pour la vocalise. Qu'elle prenne les atours du hip hop, autour du duo Mou & lips de Huntington/usa ou d'une veine plus folk avec l'attrait que peu susciter le timbre d'Eric Pasquereau Ces 2 contributions livrent peut être un élément à la compréhension de ce nouvel album. Stuntman 5 occupant pour beaucoup le terrain d'une noisy aux savants entrefilets pop tout en continuant à disséquer le rythme sous format abstract hip hop et électro bricolée. L'empreinte de Kevin Shield ou de Bark Psychosis en goguette est ici prégnante, et devient jouissive, un peu à la manière de Themselves/ 13 & god, lorsqu'elle est pervertie par un flow hiphop. Peut-être un peu moins ludique et foutraque que son précurseur, ce Melted Fake Plastic émet pourtant un écho dans notre âme, comme si en définitive, il avait cesser d'effleurer la surface pour (tenter de) mieux sonder notre être. Hors des sentiers battus.

www.collectif-effervescence.fr.st

AMON TOBIN chaos theory (Ninja Tunes/ PIAS)

On découvre, à mesure qu'on s'enfonce dans la discographie du brésilien Amon Tobin un certain nombre de caractéristiques, d'éléments composites qui finissent par former une sphère de thème ; en premier lieu, cette machinerie sourde et pondérale mêle à des micro cadences légères et fusantes qui caractérisent si singulièrement sa rythmique. Ensuite, les ambiances et atmosphères sombres et presque fétides, qui parachèvent les climats phtisiques et maladifs de ses 2 derniers albums. Ici, l'objet est particulier, puisque Chaos Theory est une œuvre commandée, une figure imposée autour de la thématique d'un jeu vidéo, Splinter cell…le jeu impose ses règles de conduite, esthétiques et musicales même si finalement, la pochette reste proche des fractales auxquels nous a habituées Tobin. Dans la droite lignée de ces prédécesseurs, Chaos Theory enfonce un peu davantage le clou, maltraitant avec célérité et soin clinique les paysages auditifs. C'est toujours aussi dense et intense à entendre même si on regrette d'une part que le Brésilien ait abandonné les aspects ludiques, la candeur juvénile qui faisaient aussi le charme de ses morceaux, et d'autre part, le choix de donner de l'attention à un jeu vidéo, thème un peu pauvre à côté de la richesse imaginaire que peuvent proposer certains auteurs de la littérature contemporaine, ou non d'ailleurs.

www.ninjatune.net

THE WILD BUD over the top (Flame On/ Indus valley prod)
www.flameonrecord.com

Ça ressemble à une pochette de Grandaddy, la douce quiétude des alpages, peints de la main d'Albert Frey (1855-1923) et pourtant derrière le projet Wild Bud se cache un quatuor de jeunes gominés (Senator Duck, JfG, Lee Kenboy, buddy P), qui distille au fil des 6 compositions courtes et racées un rock'a billy du fond des âges énergique à souhait. C'est totalement en marge des modes, la texture du son est sépia et désuète mais pour autant, fraîche, on vous invite volontiers à les découvrir.

www.flameonrecord.com

DINO FELIPE I'm YOU (Schematic/ La Baleine)

Schematic prend sur son temps et trouve la belle opportunité de rééditer l'album de Dino Felipe, anciennement paru sur Asphodel. Ce détail a son importance quand on connaît la pluridisciplinarité du label New Yorkais…polymorphie d'une approche musicale qui déteint visiblement sur Schematic, à voir leur dernière parution. Cette parenthèse close, on porte vite son attention sur ce bel objet, au graphisme soigné (une belle pochette extérieure malheureusement dépréciée par les piètres collages/ tableaux internes). Dino Felipe de la Vega (si,si) ne prend pas trop d'ambages, et balance avec une arrogance crâne sa mixture de samples, de click'n cut virulents. Sa musique est excessive, mais finalement, elle reflète assez justement l'époque qui l'a vu naître. Sur près de 26 titres, dans un flot quasi ininterrompu de click'n cut, de glitchs, de phases house, de petites sonorités naïves, d'ambiances plombées ou surnaturelles, le maître égrène son zapping sonore et jouissif. Quelque part entre Blectum from Blechdom et Kid 606 .Une musique ingénue et inventive, qui a l'apanage de la jeunesse, sa fougue et ses limites.

THE GASMAN The Grand Electric Palace of Variety (Planet Mu/ La Baleine)

A mesure que croît le label Planet Mu, sa vision de la musique vient s'étoffer aux carrefours de nouveaux courants, laissant plus souvent qu'à l'accoutumée l'instinct et la spontanéité gouverner le navire, plutôt qu'un classique savoir-faire dans la déflagration électronique. Chris Reeves de Pourthmouth ne le sait que trop…Les étranges atmosphères, les climats baroques, les sons biscornus et insolites qui peuplent ce disque ont au moins le mérite de surprendre et d'étonner à défaut de convaincre !! Des mélodies inaccoutumées, insolites, donc, sur lesquelles vient se greffer une ossature solide, qu'on retrouve dans ces sonorités techno européenne du début des 90'. Un métissage de Hardore et de Breakbeat hérétique, et de sons anormaux et polymorphes. Les seuls noms des titres offrent déjà un aperçu : Hump, Imodium, Bifidus, Citrimax, Zarin, Flash, Gash, Ark, Radion, Pic nic, Blurb, R-Lipoic Acid, etc… Une rencontre étonnante entre Kafka et " Radio Bomb " en quelque sorte, pour un vrai album étrange, qui ne nous tient que difficilement en haleine.

www.planet-mu.com

NAVEL lunokhod
(Partycul System/ VPC ordre Partycul system, 14, rue des tournelles 51100 Reims France)

Fondé en 1997, ce duo de Stuttgart, respectivement composé de Gage et Floyd a par le passé sorti sur Ophon, un lp dénommé Alexeij, sorti à l'époque en catimini. 5 longues années d'une maturation, d'un mûrissement intérieur salutaire, auront au final payé et se seront concrétisé sous les traits de Lunokhod, dont l'insigne honneur revient à un label français, Partycul System pour ne pas le nommer.. Lunokohd s'enfonce un peu plus dans ce qui faisait le charme de leur premier opus. Soit une musique hautement contemplative et vibratoire, qui assume pleinement les effets dronniens développés par quelques pairs. A cheval entre une démonstration post rock comme sait les suggérer The Postal Service ou Ma chérie for Painting (Le producteur, Niko est d'ailleurs membre de ce dernier) ; La démarche rock intuitive des bardes de Partycul System (Rrsolicoeur et optophone) ; les guitares brumeuses et les radars désertiques de Kranky (Montgomery, Charalambides et Co) voire quelquefois la répétition et les drones érigés comme art sonore par Faust ou Neu ! Navel délivre ici un remarquable album, déployé et consistant,, qui enivrera quelques semaines durant l'intérieur de votre habitat, comme une fragrance entêtante. Une belle contribution qui donne irrémédiablement le désir de se replonger dans les fondements de ces musiques. Seul bémol, la pochette, hors contexte, qui ne rend pas compte de la beauté qui se trame derrière elle (comme Angil, en fait).
www.navel-music.de

ABRAXAS PROJEKT Cosmik (Océanik création/ )

Jérôme Paressant à, de mémoire, toujours refusé les étiquettes, privilégiant une vision ouverte et transversale à sa musique. A cheval entre plusieurs disciplines et genres (électronique/ trip-hop/Jazz/ ambiant/ rock/ musique improvisée), sa musique est une évocation nuancée de l'ensemble de ces genres, une retranscription personnelle de cet éventail. Oeuvrant à la manière d'un impressionniste, il livre par nuances diffuses, sans contour défini, les logiques de celles ci privilégiant tantôt une vision profondément ambiante et climatique, s'octroyant tantôt de brèves incursions en territoire rythmique. Accompagné de Philipe Martin, Michael Ruan et Frédéric Chaplain, ce petit quatuor navigue avec sérénité et aisance dans les climats tempérés de labels amis, depuis Prikosnovénie (sur lequel il a précédemment sorti 2 albums, il me semble) pour l'aspect onirique ou REALWORD, voire ECM pour cette gravité plombée, qui donne par moment un caractère " sacré " à sa musique. Même si quelques effets rythmiques enlèvent parfois leur attrait à certains morceaux, il n'en demeure pas moins qu'il se dégage beaucoup d'intensité de ce Cosmik, rappelant souvent les divagations d'Hector Zazou.

www.jparessant.com

SHANE COUGH S/t (Enragé Production/ )

Très tôt catapulté pendant Hexagonal de la sphère teutonne Digital Hardcore Recording, Shane Cough avait à l'époque de son premier album surfé sur cette fin de vague digital punk avec le succès qu'on lui connaît. Déjà, à l'époque, on pouvait émettre quelques critiques d'usage sur le caractère formel, lecture exagérément superficielle et un peu faite sur le tard de ce qu'incarnait l'esprit DHR ; Shane Cough ayant quelque peu gommé le caractère nihiliste du label (même si Alec Empire s'y est aussi brûlé les ailes) pour n'adopter au final que la pause convenue pour teenagers en mal de révolte. La musique est ici et à nouveau, hautement " efficace ", elle s'active à nous convaincre de sa perspective insoumise, de son caractère rebelle et jusqu'au boutiste.. Malgré cela, au final, on aura tendance à ne retenir qu'à nouveau cette pause d'usage dont la photo presse est un très bon révélateur; Pour une musique un poil timorée qui ne conserve que les écueils et les clichés un peu grossiers du genre. Preuve en est la production, confiée à Adam Kviman et Bjorn Engelmann qui ont à leur tableau de chasse Clawfinger, the Rasmus Eagle Eye Cherry ou Cher…s'il vous plait (sic) ..Autant dire que ça ne flirte pas du coté de Zeni Geva , Pita ou Masami Akita

EVERYTHING IS GREEN V /a (Toytronic/ La baleine) www.toytronic.com
OCHRE A midsummer nice dream (Toytronic/ La baleine) www.toytronic.com
3P CONCEPTS (Miles Tilmann/ Loess/ Low Profiles Society) (Toytronic/ La baleine) www.toytronic.com

Aux détours d'Eveything is Green, on retrouve le sens premier de la compilation, à savoir pénétrer l'univers d'un label et en saisir les spécificités et les subtilités s'il y a lieu. Ce florilège d'artistes en provenance de la sphère Toytronic (Londres, Chris Cuningham) se révèle une très riche entrée en matière, permettant de mieux cerner les attentes et de préciser, au-delà, l'approche d'un artiste tel qu'Ochre, développé plus bas. Le label Toytronic, met ici l'accent sur une diversité d'artistes qui ont fait des accidents rythmiques, des désistements mélodiques, des surcouches ambiantes et de l'abstraction digitale leur fond de commerce. On y trouve une légion d'artistes, tels Maps & Diagram, Num Num, Sovacusa ect.. Qu'on a, par le passé entendu s'exercer sur Pause 2 rec, Juno rec, Norman rec et nombre d'autres labels notamment On peut ainsi concevoir que dans ce giron de petits labels ait émergé une micro scène, permettant quelques passerelles et échanges de bons procédés. Pour satisfaire à notre appétit de petites comparaisons, on retiendra les performances sensibles et belles de Koordinate of Wonder, Ochre, Maps and Diagrams le reste s'avérant franchement passable, voire moyen.

L'Ochre, ocre en français est un colorant minéral naturel, jaune brun ou rouge, constitué par de l'argile et des oxydes de fer ou de manganèse. En ce sens, l'étymologie du terme nous offre un angle d'analyse original pour au mieux comprendre, entrapercevoir tout du moins la singularité et la gamme de nuances des compositions, de Chris Leary, le jeune homme derrière le projet. Une musique qui débute de façon assez classique, par une ambiante naïve un peu dénaturée, puis dès le second morceau, le jeune homme met en branle toute son imagination et nous gratifie de compositions obsessionnelles, petites ritournelles fragiles et entêtantes ; le secret de fabrication semblant être cette étonnante façon d'empiler les sources (sons électroniques, analogiques, parfois environnementaux) et de tirer de cette imbrication un peu étrange de belles litanies comme les mots peuvent quelquefois le faire des phrases. 13 titres prestigieux qui offrent un passeport de choix pour infiltrer l'univers scintillant de Toytronic. Frère de sang de Boards of Canada.

Enfin, le label TOYTRONIC déroule également un autre concept basé sur un échange de compétences, de point de vue et de savoir-faire entre 3 artistes de son écurie. Une plate-forme d'échange tripartite, où à tour de rôles, chaque musicien œuvre dans sa spécialité ; à cette séance, nous est donné d'écouter Miles TILMANN qui nous la joue un peu Steeve Hillage avec son ambiante symphonique, LOESS pour sa part, adopte une démarche aux tempos réduits une excursion où les micro-rythmes assurent une cadence au corps, proche d'Ochre; Low Profile Society qui occupe tout le second volet de l'album pour un survol des côtes découpé de la perfide albion sous couvert d'une électro ambiante aérienne et cotonneuse.
www.toytronic.com

IGNATUS Messomer ( Rocket Racer/ Out records)

La très belle pochette oscillant dans des tons échelonnés du rose au prune en passant par le bleu, évoque des continents en perpétuelle mutation, éléments morphiques en constante transformation est une élégante parabole sur les vertus de la musique de Steve Westbrook, plus connu sous le nom de Ignatus. Pourtant loin des fluctuations inhérentes à la pochette, la musique d'Ignatus se révèle plus spartiate et lapidaire, quelquefois linéaire. Westbrook, ne semble jamais s'être totalement détaché d'influences majeures qui ont sans doute marqué à jamais sa musique ; Une musique électronique secouée de spasmes métalliques ; La texture et les panoramas ici évoqués lorgnent du côté de Détroit. Un travail minutieux dans le détail et laborieux sur la longueur ; un album qui peine difficilement à se renouveler sur la longueur sans éviter les écueils. Un peu décevant.

www.outrecords.com

SETTLEFISH plurality of the choir (Unhip/ La Baleine)

La belle fraîcheur de cette pochette, entremêlement de graphismes légers et fleuris et de photos nouvelle vague met assez justement en bouche ce Plurality of the choir. Néanmoins, on est pas au bout de nos surprises, l'écoute aidant.. 5 musiciens, pas moins, ( menés par Jonathan Clancy) basé en Italie, avec des instruments trempés dans la brume, qui revisite ici les vertus de l'arythmie et de la cadence, avec un certain goût pour les questionnements émo-noise. Un compromis heureux, élégant, entre la fraîcheur de la pop et le sérieux de la noisy, entre conflits assumés et accords amiables. Sur le fond, la patte de Settlefish possède une assise sonore fortement ancrée dans le son de labels tels que Deep Elm (sur lequel ils ont précédemment réalisé Dance a while, uppset), dans cette mise en juxtaposition de guitares aiguisées, de rythmique emballée et de voix écorchées. On spécule sur de possibles rapprochements, depuis Spy Versus spy à Don caballero à des formats plus pop enivrante façon Chokebore. Sans faire de l'originalité une vertu, ce groupe nous transporte loin par son énergie et cette petite chose qui pourrait bien être du charisme.

www.settlefish.com

SKUGGE & STRAVOSTRAND Humla (Onitor/ Kompakt/ La Baleine)

L'association de 2 labels inféodés à une électronique racée et primaire est toujours une promesse de curiosités rythmiques et d'investigations aux confins de la texture sonore. Loin de toute école et de tout dogme, ces 2 labels suédois n'ont que faire de l'étiquette minimaliste techno qu'on leur colle abondamment sur le dos/ Cette ouverture d'esprit, on la lit en filigrane dans le parcours du boss de Mitek, Stravostrand qui a depuis plusieurs années choisi une variétés d'entrées sur la musique électronique, lui permettant d'établir des connexions durables avec Force Inc ou Mille Plateaux , à titre d'exemple (sur lequel il a réalisé des travaux pour les material series, entre autres). Sans éluder l'horizon hédoniste de sa musique, Stravostrand a développé ici, en compagnie de Johan Skugge, son acolyte du moment, une vision ouverte de la techno, laissant divers apports extérieurs ( électronica, glitchs) enrichir l'ossature de base. Au final, on se trouve devant une forme ambiguë d'art techno qui n'aurait pas peur de faire danser les gens, une forme post-moderne de l'artificial intelligence de chez Warp, en quelque sorte. Pas beaucoup de démonstration dans les vacations de ce duo. Les quotités de rythmes sont rationnées ; chaque sonorité est mesurée, comptée, dosée. C'est une dynamique de la nécessité qui habite les compositions du duo.
www.onitor.de

SPRINGINT GUT (Posten 90) (Pingipung/ La baleine)

Enregistré avec amour et dévotion par Andrea Otto, Springintgut est par essence un disque électro-acoustique, basé autour d'une partition de Cello, de Glokenspiel, de percus et de samples. Loin du naturalisme de façade sur la pochette ( plan de coupe d'arbres) la musique d'Otto est pleine d'une grâce synthétique, ouvertement emprunte de la culture de notre temps. Sans être originales, ses compositions restent de bons moments de détente..

SNA-FU s/t (Miser records/ overcome)

SNA-FU pratique un hard core expurgé de toute complaisance. Sans fioriture ni détail baroque, le quintet est jeune et cultive sa musique avec sincérité et une bonne dose de désinvolture. Une énergie puissante et joyeuse qu'il convient néanmoins de canaliser quelques peu pour enrichir les structures déjà intéressantes. A découvrir.

TALES OF THE UNREST V/a (Imploz/ La Baleine)

Tales of the Unrest n'est pas en soi une mauvaise compilation ; elle vient simplement s'ajouter à une montagne de ses congénères de laquelle ont extraira que les plus originales. Imploz dresse ici un panorama de ces artistes de provenance européenne pour l'essentiel qui se disputent leur talent autour d'une sphère électro-acoustique. se côtoient ici divers artistes, parmi lesquels Lee Van Dowski, mais aussi dans un ordre aléatoire Don Marco, Ben Larsen, Agnès, Autodub, Crowplease, Quenum, etc….

JOHAN SKUGGE volume (Mitek/ La baleine)

Le label Mitek continue, avec la détermination d'un bûcheron canadien à élaguer les taillis électroniques, les maquis down tempo encombré pour sortir de la futaie les perles house de demain. Avec Johan Skugge, ce sont les jeunes pousses de pins douglas qui sont mis à l'honneur. Une contribution énergique, presque naïve à la musique électronique.. Les amateurs du genre apprécieront.

THE DAYS never lasting love (Day Off)

The Days diffuse dans nos enceintes une approche un peu maladroite de pop-folk marquée de l'esprit des Beatles, la spontanéité en moins ; difficile d'adhérer à cette musique professionnelle et maniérée