SOMMAIRE |
ENTRETIENS
A
LA LOUPE
Le
label SOFTL
Le
label V/VM
Le
label Z & Zoé
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Chroniques
de Julien Jaffré
[
Contact ]
Ce
mois ci
CHRONIQUES #15
BATHYSCAPHE
. TRAVAUX-PUBLICS . SPEKTRUM . LUNT . BAKA ! . V/a
MUSIK EXPERIENCE . LANGUAGE COMPUTER . AGF . Tô . TRICATEL
. MEN’S BEST FRIEND . MAX HAIVEN/JON VAUGHN . V/a List .
RYOICHI KUROKAWA . SKETCHES OF PAIN . MINOTAURE SCHOCK .
Z_E_L_L_E . V/a Rural Psychogeography . MARGO . FORMA.
2.03 . FAUST Vs DALEK . MANITOBA . COURTIS / MARHAUG
. LUCKY R’ . EXPLOSIONS IN THE SKY . REMARC . JOSH RITTER
. GROWING . CHRISTIAN RENOU/ANEMONE TUBE . BREEZY TEMPLE
. GUINEA PIG . V/A Kraakgeluiden doc1 1999-2003 . DIRGE
. ATONE . HARPAGES . DEPTH AFFECT . REBECCA . JONO EL GRANDE
. SKYPHONE . PUYO PUYO . MEAT BEAT MANIFESTO . WESCHEL GARLAND
AND WORLD STANDARD . BRAILLE . HAMLET . O.Lamm & Sutekh
. V/A HAUNTED WEATHER . MITCHELL AKIYAMA . ALEX GARRACOTCHE
& STEPHAN KRIEGER . FUNKSTORUNG . HELIOGABALE . THE
SIDE OF JORDAN . FROM:/TO: . RAUD & HOLLAND . EXCAVATION
SONORE . HYPO . THE LOOP ORCHESTRA . CLOUDHEAD . PAULO RAPOSO
& MARS BEHRENS . V/A Nothing but a Funk Thang
. Jorg PIRINGER . KID SPATULA . AIRPORT CITY EXPRESS . EPSYLUN
ZYGMA CLUB . SUGAR PLUM FAIRY . Jean Luc Guionnet &
Eric La Casa . CM VON HAUSSWOLFF . JOHN BUTCHER . YEYE .
Pierre BONDU . MINIMALISTIC SWEDEN . BABY FORD . DJ DAMAGE
. FLUNK . ALCAHA SOUNDSYSTEM . DAY &TAXI . PHI LIFE
CYPHER . NHX . 90 DAY MEN . Fort Laudendale . Le POP 2 .
PERLON . TBA . TANDY . WHOPPER . Villalobos . LUNGFISH .
TWERK . MICHAEL YONKERS BAND . Andrew Thomas . SERGEJ MOHNTAU
. The Limps Twins . ABSiNTHE (PROVISOIRE) . Gustavo Lamas
. SETH P BRUNDEL . The Sound Of Warhammer . BEXAR BEXAR
. Active Suspension at Vooruit, GENT . PLANETALDOL . FEIST
. THE SHINS . Arman MELIES . GREENBANK . ROSIE THOMAS .
V/A STEREO DELUXE . JASCH . KAMIDO . ARMAND-FLORIAND DIDIER
. TANTE HORTENSE . METAMATICS . HELLFIRE . Laurent PLESSIET
. ISO 68 . BMB Con . CARLO FASHION . JAS
CHRONIQUES
#14
EXTENSIONS . LEFT / MIDDLE / RIGHT . BERNARD FLEISCHMANN
. CHARALAMBIDES . KAFFE MATTEWS . TRIOSK MEETS JAN JELINEK
. NAO TOKUI . FANTOMAS . DEAN ROBERTS . CINELUX . FUTURE
PILOT AKA . KAT COSM . OLAF HUND & HIS ORCHESTRE TOUT JUSTE .
FORMANEX/AMM . PLURAMON . V/A LOST IN TRANSLATION . KID
606 . THOMAS MERY . PAUL WIRKUS . POLMO POLPO . NITRADA .
MELODIUM . DUDLEY . BIAS . HANS JOAQUIM IRMLER . ENCRE
. KHANATE . ADVENTURE TIMES . V/a CIRQUE . PIANO MAGIC .
THE HIGH LLAMAS . THE BOOKS . REFREE . XANOPTICON . GRIDLOCK
. WILLIAM ELLIOT WHITEMORE DIM MAK . PARADISE ISLAND . DANCE
DISASTER MOOVEMENT . EKKEHARD EHLERS / JOSEPH SUCHY / FRANZ
HAUTZINGER . OKKERVIL RIVER . ANTIFROST . THE PAPER CHASES .
THE SILVER mt ZION MEMORIAL ORCHESTRA & TRA-LA-LA BAND WITH
CHOIR . RED SNAPPER . AUTODIGEST . SUMUGAN SIVANESAW / DURAN
VAZQUEZ .LEE VAN DOWSKI .WE GOT MONKEYS . RAINIER LERICOLAIS
. GRASSKIRT . ANABEL’S POPPY DAYS . FABRIQUE DE COULEURS
. METAXU . XIU XIU . NOVEL 23 . ERIK FRIEDLANDER . DICKY
BIRD . SANTA CRUZ . PW LONG . DO MAKE SAY THINK . CHICA
& THE FOLDER 42 . CLEAR HORIZON . TELEFON TEL AVIV . Ms
JOHN SODA . Phrênésie #2 . EINOMA . BRUNO DESCOUT . J XAVERRE
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chroniques
2003
chroniques
2002
chroniques
2001
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LA
DEMOTHEQUE #1
LA DEMOTHEQUE #2
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BATHYSCAPHE -11034m (Monopsone/Chronowax) |
À
ceux chez qui la mémoire ne faillit pas encore, il est intéressant
de noter la marge de progression phénoménale qui sépare ce -11034m
de son pourtant excellent prédécesseur road movie sorti en
catimini sur le label lyonnais Lykill records.
Les premiers déplacements d’air musicaux laissent entrevoir l’éveil
à l’humanité et à l’énergie, là où road movie était tellement
plus narcoleptique et intériorisé (isolationniste ?), -11034m
(référence au point le plus profond du globe, la fosse des Mariannes
semble-t’il.) est beaucoup plus coloré et expressif. Un vertigo
aquatique et ellipsoïdal qui tire sa force de cette répétition cyclique
et instrumentale enivrante jusqu’à la lie.
Des compositions qui soupèsent le poids de l’air au détour de lancinantes
énumérations d’accord de piano, d’arpèges de guitares (home
sleep diagnostic), de circonvolutions de batterie et qui en retour
le chargent d’humeur et d’agressivité tempérée.
La tempérance est assurée par les sonorités paysagères de samples
et de boucles, de crachotements non inventoriés, presque organiques
(shutter release) qui donnent une dimension humaine, le poids
des fêlures et des blessures humaines, en quelques sortes.
Une musique posée et contemplative où l’énergie est maintenue sous
pression par on ne sait quelle alchimie… Un disque vraiment splendide,
qui évoque sans honte de grands noms de la musique… je pense au
GENF sur DSA et ses mélodies entêtantes, mais aussi au premier SALARYMAN
(l’omniprésence de la batterie) et surtout, comment ne pas les nommer
au détour des atmosphères riches et aux climats entravés de détails
merveilleux… de BASTARD. Détails heureux qui n’enlèvent pourtant
rien à la sobriété et à la maturité de ce splendide album.
Impossible de passer à côté ! www.monopsone.com
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TRAVAUX-PUBLICS
Chantier N°5 Hip-Hop acoustique
(Travaux-publics/www.travaux-publics.org) |
S’il
y a bien une chapelle musicale qui mérite l’attention du SAMU, de
la Croix rouge, du FMI et par extension du comité du bon goût de
Travaux publics réunis, c’est bien le hip-hop.
Certes, on voit poindre ici et là, depuis quelque temps des labels
frondeurs tels qu’Anticon, Mush,Def Jux, Lex voire Big Dada qui
ont à cœur de dépoussiérer les étagères et les écueils du genre
et qui d’une manière originale, tendent à reverdir les trottoirs
asphaltés du hip-hop… Pourtant, dans son étendue majorité, la production
reste passablement ancrée dans des clichés tenaces (Phallocentrisme
/ Complainte excessive / pose et attitude outrancière).
Participant et se nourrissant du courant novateur sus-cité, les
B-boys et autres Mc du posse TP ont pour leur part galvanisé leurs
compositions à grand coup de mélopées rock, d’inspirations électroniques
et du souffle créateur de l’acoustique (comme convenu par le dogme).
On sent d’ailleurs une certaine filiation dans leur approche, quelque
part dans une diagonale tendue entre Afrika Bambaataa / TTC / Beasties
Boys; une mixture transversale et polymorphe qui déjoue à chaque
inclinaison vocale, tournant rythmique, notre attention.
Il
y a aussi cette fausse nonchalance ostensible mêlée à des traits
d’esprit drôles et cons qui piquent notre concentration, qu’il s’agisse
de Mélange Maître Michel (Mix master mike !) ou des
Président Chirac qui se tapent une bonne crise de rire sur
les faits divers de NTM ; Tout devient sujet à discussion et prétexte
à texte.
De l’humour, donc, souvent exsangue du genre et qui libère un peu
les thèmes maintes fois rabattus du hip-hop sans pour autant voir
abandonner le gros son rond et émoussé qui caractérise le genre.
On traverse ainsi des climats bariolés de toute la torpeur urbaine
qui dans un ordre chronologique nous font rencontrer Everybody
Can et ses aires de bandonéon, avatar d’Astor Piazolla et de
Chili Gonzales (instrumental et excellent) ; Hip Hop momo
et sa basse satanique soulignée d’un speech digne de Jurassic
5 ; Ounch Ping bap ! et sa structure très Amon
Tobienne ; Gou dt’ière et son hip-hop asthmatique
en droite lignée de TTC, Paris sous les tropiks et
son flow lent et pondéral comme l’atmosphère de la capitale ;
Hip-hop corne, sorte de The Avalanches gavé de groove ;
[mo] et son funk rock à la sauce France Culture, Put
Your Horn in your ass and pull off….et son splendide groove
des profondeurs surteintées d’un flow digne du meilleur de Blackalicious ;
Hi-pop, j’irai cracher dans vos soupes titre le plus percutant,
sans doute car drôle et léger, cynique et énergique, quelque part
entre Lionel D et NTM, mais aussi Slip ! oh
my slip (croisement de Herbie Hancock et de Chagrin
d’Amour) les textes démentiels de Trop perçus, sans oublier
le drolatique et fabuleux titre de Boogers, mélange maître Michel !…
qui nous rappelle que même des structures comme Travaux Publics
doivent justifier des 7% COTOREP.. Indescriptible !
Sans oublier Cadi Gavé qui élargit la gamme des narcoleptiques
officiels du courant Hip-hop grâce à l’absorption intensive d’Hélium !
(Ces 2 là sont fous !), Démajusculé (old hiphop façon
Grandmaster flash), Fiebre et ses incantations révolutionnaires
et ibériques et le rap d’un ogre ventripotent sur les marches
de la maison fürthenerhfgurt.
Et l’on me permettra de souffler la formule de conclusion à
Bruno Peinado (plasticien-graphiste) relevé sur un tag :
« Hip Hope ».
Grâce à la Travaux Publics team, le hip-hop peut assurément garder
espoir.
Avec Boogers, Chlorine free, Croque Love, de la rue, Electroménager
& subversive boys, Jean Lemou & Charlie O, K.baboon &
Charli circus, Komori, Léonard de léonard feat Komorizer, maximum
rectum, Mute feat cya & tof, Olaf Hund, Pouic Pouic, Rimaki
feat Braxel, Robert le magnifique, rubin Steiner et swinging Skeletor.
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SPEKTRUM enter the… spektrum (Playhouse/La Baleine) |
Avant
toute chose, évacuer les malentendus et distinguer ce projet d’avec
celui de Sonic Boom, soit SPECTRUM, ancien membre influent de Spacemen
3. Ce Spektrum est en fait un trio composé de Lola Olafisoye, d’Isaac
Tucker et de Gabriel Olegavich. 3 étoiles échappées de la constellation
Playhouse.
Pour autant, même si la comparaison avec Spectrum est fortuite,
ce Spektrum la ne manque pas de ressources et invente un vocabulaire
ludique et dansant autour de sa composition.
Un agglomérat d’électro-synthétique early 80’, de vocodeur et de
chant façon Tom-tom club, de synthétiseurs fleurant bon le Herbie
Hancock, de basse funky aux contours émoussés, de rock pugnace modelé
par le Tigre et de gimmick house terriblement efficace !!!
Rien de nouveau sous le soleil me direz vous... Et pourtant de Spektrum
se dégage une fraîcheur absolument délicieuse, quelque chose comme
un dimanche ensoleillé avec une odeur de café et de croissant en
arrière-plan. 14 titres qui démontrent que malgré les matraquages
de revival du genre et la multiplication des projets similaires,
on peut encore produire une musique plaisante et aérée… Vive Spektrum !
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LUNT broken words and lost answers
> BAKA ! Ephémère
(hitomi recordings/ Chronowax) |
On
pourrait discourir de longues heures sur la ligne esthétique / beauté
graphique admirable des pochettes du label, paysages au format oblong
gansés d’un canson ébène, si l’on ne resservait pas les plus fines
de ses éloges à l’analyse musicale de ses productions.
Hitomi est la membrane expérimentale, l’épiderme sensible d’Unique
records, plus généralement portées sur les sphères Post-rock. Une
scission qui se sera faite naturellement, étayée sans doute par
une saine curiosité et le désir de faire émerger de nouvelles approches
dans l’expérimentation acoustique.
De ce lent travail de production de l’imaginaire, la petite structure
aux embruns asiatiques aura permis la mise au monde de 2 productions
à ce jour.
Lunt qui inaugure l’existence du label est une belle preuve d’intelligence
et de tempérance. Des pièces qui consacrent les détails du quotidien
comme nouveau champ d’action à la création atmosphérique.
Composé autour de la matière vivante de bourdonnements de guitare,
on dérive lentement sur des passages opacifiés et troubles, nous
donnant l’impression de suivre du regard une ligne d’horizon toujours
plus lointaine. Des évocations de lieux, de places, d’endroits,
dont nous ne connaissions pas l’existence mais, qui, par l’habile
croisement de l’écoute et de l’imagination, nous paraissent alors
familiers, proches.
Le principe de ses constructions tient moins d’un entrelacs d’arpèges
de guitares étirés et superposés que d’un jeu de silences et de
phases où la pesanteur et l’air jouent un rôle prépondérant. Les
amateurs du label Dexter’s cigar (david Grubbs) apprécieront.
BAKA !
pour sa part, duo déjà évoqué dans ces pages, composé pour moitié
de Jean Louis Prades (Imagho/ Sketches of Pain) et de Franck Lafay
offre à l’oreille le meilleur de leur exploration musicale, de
leur migration intérieure. Un florilège de sessions enregistrées
live, agencées et mises en lumière au détour de cet Ephémère
de près de 40 minutes. Des climats atmosphériques aux contours nocturnes
où viennent s’insérer de très beaux instants de musique environnementale.
Des vapeurs, qui mêlées aux odeurs prégnantes d’huiles et de cambouis
donnent à ce voyage en train un caractère initiatique. Très bon.
www.hitomirecordings.com
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V/a MUSIK EXPERIENCE V/a Seriously underground shit found in the
trunk of a mini parked underneath the eiffel tower
(ME / La Baleine) |
Les concepts
un peu abscons de Deleuze autour des Rhizomes auront au moins, à
défaut d’être lus, permis d’insuffler de manière indirecte à une
pléthore de petites structures l’envie et le désir de convertir
en pratique la théorie. Une ramification qui prend la forme d’une
collaboration amicale, d’une entraide fraternelle à même de produire
émulations salutaires et projets communs et ce, en évitant autant
que faire ce peu, antagonisme et conflits.
Ce nouvel appel à projet de l’excellent label Musik Experience en
est un probant exemple. Deuxième compilation à ce jour du label,
la structure parisienne étend ici son réseau, son maillage, s’offrant
à cette occasion les services d’artistes itinérants tels que Dorinne_Muraille,
King Q4, entre autres, derrière lesquels, on lit en filigrane la
présence de labels amis : Clapping, Active Suspension, Effervescence,
etc.
La communion d’esprit tient surtout à la philosophie similaire qui
anime les intervenants. Les approches sont variées quant à la forme ;
depuis les anguleuses spirales rythmiques d’Ezdac aux alcôves
fumeuses de Infant, Spasm; les déchets numériques chers
à Deathsitcom le hip-hop désaxé et urbain de The Killaz
ou Kowatabo, les climats confinés de Stuntman 5, Jimmi T,
tous participent de l’effort de guerre et apportent une fois encore
de belles considérations de leur talent. Essentiel et précieux parce
que rare. info@musikexperience.com
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LANGUAGE
COMPUTER Musik Back Riding
(Quatermass/ Tripsichord) |
Il
y a quelque chose d’étrange dans ce pseudonyme de "language
computer", alors même que le hip-hop, est sans doute le mode
d’expression musical le plus en phase avec l’expression humaine,
depuis le corps jusqu’à la bouche.
Affilié à la scène Abstract hip-hop au même titre que Hi Tekk, l’armée
des 12, TTC, Ddamage voire Abstract Keal Agram ou Robert le Magnifique,
Language Computer, composé de John Bloug et Detect n’a rien à envier
à ces jeunes et illustres références. À défaut d’un langage analogique
en provenance d’un vocodeur, c’est bien davantage à une confrontation
virulente que nous convie le duo, une confrontation où les scratches,
noyés d’électroniques et de samples, viennent se frotter à la chaleur
immanente du timbre rêche, et des phonèmes enfumés des artistes
invités (Buck 65, s’il vous plaît, mais également, Hi Tekk (La Caution)
et James Delleck) ou Reiko Underwater ; Hi Tekk, déjà aperçu
à de maintes reprises du côté d’Active Suspension et Clapping Music
voire avec James Delleck sur Cluster Ville D’AKA en 2002.
Pourtant, l’écoute de ce disque exalte bien l’aspérité humaine et
les fêlures sociales. Une musique qu’on pourrait décrire comme sombre
et liturgique. Le travail du duo essentiellement instrumental est
rehaussé à échéances régulières par les invectives des jeunes Mc
qui déclament en français. Les phases instrumentales assurant de
sublimes intermèdes aux atmosphères à la fois surannées et anticipatrices.
De petites comptines urbaines, ciselées de micro mélodies de l’enfance
et de scratch acides.
Un album subtil, tout en retenue et en nuances signé chez Quatermass,
références d’éclectismes s’il en est.
Excessivement agréable.
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AGF Language is the most
(Quecksilber/La Baleine) |
Faisant
suite à la charge émotive provoquée par son album sorti sur Orthlong
Musik (westernization completed), précédent album acclamé par les
initiés et la critique indé, AGF, soit Antye Greie, prolonge notre
émoi au détour de ce live, commandité par Klangpark et édité sur
Quecksilber. Un enregistrement vivant, enregistré à l’occasion des
Ars Electronica de Berlin.
Remarqué dans un passé récent sur Kitty-Yo ou Mille plateaux, aux
côtés de Vladislas Delay ou Laub, Antye Greie a patiemment acclimaté
l’oreille des ses auditeurs à ses contrés extrêmes : la lecture
de lignes de codes qu’elle déconstruit, rompt, réassemble en une
musicalité étrange sur-impreniée d’effets, de sonorités sibyllines
et de beat subsonique pondéré.
Le langage reste la forme intelligible de l’existence, de l’intelligence,
de l’expression des idées… un assemblage abstrait de codes, de sons,
de phonèmes qui compose une mélodie.
Le point de vue Zbigniew Karkowski est que la musique apparaît lorsque
les mots ne peuvent plus rien exprimer. À ce postulat, Antye Greie
substitue une analyse distincte où sa musique devient le point de
départ d’un nouveau langage. Un point de liaison entre Scanner,
Filament et Thomas Koner. De la poésie pure à fleur de peau.
www.quecksilber-music.com
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Tô memory of (f) (Fissür/fissur@caramail.com)
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L’évocation
du souvenir, de la mémoire intrinsèque des lieux et des objets est
un sujet récurrent, une étude sensible qui précède souvent la réflexion.
Tö, jeune poitevin, déjà auteur de 2 courts albums à son compte
stimule ici son approche/aiguille sa démarche/éperonne notre curiosité
en prenant à témoin 2 lieux qui lui sont familiers : le grenier
de la maison familiale et la forêt mitoyenne. 2 lieux fortement
chargés émotivement, relatifs à son enfance qui ont également la
particularité d’être chargés symboliquement, puisqu’ils correspondent
à un lieu vide (fermé) et plein (ouvert), un peu à la façon d’Antifrost
et son Void/ Full.
Thomas (Tô) s’exerce à retracer au travers de ses prises de sons
environnementales et de manipulations concrètes d’objets prélevés
sur place (écorces, branches, eau), la mémoire perdue des lieux,
des gens et des vies qui ont traversé ces espaces. Une forme d’ethnographie
des sites.
La mise en parallèle de ces lieux fermés et ouverts évoque par résonance
d’autres problématiques en marge des champs musicaux, qu’il soit
question de territorialité, de réflexion sur l’isolement, la nature,
la solitude.
Un album autoproduit d’une belle intensité, proche des réflexions
d’Eric La Casa sur ce thème, des productions Ouie Dire, voire d’une
approche quelquefois similaire à Hazard (Wind, Wood, North, notamment)
sur Touch.
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TRICATEL l’Age d’Or de Tricatel
(Tricatel/ Wagram) |
L’auberge
espagnole TRICATEL achève sa révolution momentanée comme elle l’avait
débuté, par une compilation. Au détour de cette compilation, on
redécouvre le charme suranné, la légèreté (et le sérieux, aussi)
de ce qui fonde la philosophie du label, à savoir l’imprécation
inextricable d’univers pop, bossa nova, d’easy listening, de sound
orchestral, de chanson à texte en français, de poprock et d’exotica
traçant une ligne depuis Esquivel à Ray Baretto , de Les Baxter
à la case Michel Legrand en passant par Andre Popp, Michel Magne
et la Pop 60’ de Lee Hazlewood.
Un dogme musical qui n’en est pas un, sans amarres ni frontière
et qui distillent depuis plusieurs années la topographie moelleuse
et non contondante de la géographie intime des goûts et attentes
du cartographe Burgalat. Un chef d’orchestre, qui dans cet exercice
de style a réellement su fédérer des caractères et des personnalités
en apparence opposées, les coiffant de sa bannière easy listening .
De ces camaïeux d’existence, il aura fait une sorte de bonheur.
Un petit Mémento Mori à l’égard de ceux (en reste-t-il encore) qui
douteraient de la qualité musicale et du bien fondé de cette entreprise.Avec
AS DRAGON, David Whitaker, Ladytron, Count Indigo, Etienne Charry,
April March, Symphony, Michel Houellebecq, Ingrid Caven, Bertrand
Burgalat, Helena, Alain Chamfort, Jonathan Coe, Eggstone, Depeche
Mode ( !!) Valérie Lemercier, etc…
Lorsque légèreté et rigueur s’accordent sur fond de coloris pastel
ou acidulé.
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MEN’S BEST FRIE ND the new human is illegal
(Morr/La Baleine)
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Fils
de l’éclectisme et de la culture de masse, Thomas Morr ne pouvait
pas rester insensible aux perturbations heureuses, aux manipulations
en profondeur du Docteur Franken Sole.
Issu de la culture de rue américaine, classé parmi cette kyrielle
de compositeurs/ingénieurs du son en provenance de label de Hip-hop
mutant (Lex-Anticon-Mush, Def Jux entre autres), Sole assume 10
années de hip-hop, et un nombre certain d’albums sous son propre
nom ou sous son pseudonyme Men’s best Friend (Bottles of Humans/
Selling live Water).
La venue de Men’s best friend sur le label teuton invite à une relecture
amusée du catalogue de Morr, ou seules quelque percées down tempo
avaient jusqu’alors vu le jour. Jamais celui-ci n’avait laissé divaguer
(avec bonheur) sa production sur les terrains vagues du hip-hop,
préférant les confinements feutrés des squares pop et autres passages
électronica.
Le caractère impulsif, profondément rythmique et textuel de sa musique
ne s’est pas pervertie pour autant. Un beat spartiate, une ligne
mélodique anémiée soutenue par des paroles virulentes et politiquement
engagées, inspirés de rêves et de réflexions sur la mondialisation,
la paupérisation, les guerres, le capitalisme et autres grands mouvements
de fond. Une vision assez sombre de la nature humaine qui dépeint
sur ses compositions et tranche avec les habituelles références .
Sans être son meilleur album, the new human is illegal reste un
Pamphlet emporté à l’encontre de l’impérialisme. Dense et sans
concession.
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MAX HAIVEN / JON VAUGHN Front
(No type/ Metamkine) |
Ce
jeune duo, cette naissante collaboration trouve comme point de concordance
le territoire de Saskatoon, lieu isolé de la province du Saskatchewan,
îlot d’humanité perdue au milieu d’un océan de prairie, d’une mer
de steppe à l’ouest de Montréal, géo-référencé au centre du Canada.
De ce « handicap » géographique, les 2 protagonistes en
auront tiré une force et une philosophie qui alimentent l’ensemble
de leur œuvre. L’activisme forcené de ces musiciens, leur constance
à construire et créer, malgré les problèmes d’éloignements semblent
un effort pour abolir les distances et l’isolement.
En un sens, ils nous rappellent qu’il n’y a plus d’ailleurs, ni
de nulle part, que la géographie, l’éloignement ne sont plus des
couperets sociaux, mais qu’il existe, dans des coins reculés des
centres d’actions multiples, de productions culturelles, sorte de
TAZ à la sauce Achim Bay.
Dans le cas présent, 2 électro-acousticiens, qui n’ont pas pris
le parti unique d’une musique ambiante, à l’esthétique isolationniste
mais d’un agrégat, malstrom de fébriles triturations urbaines, de
plages acoustiques, de musiques savantes, d’ambiant introspective
pour la majorité façon Kranky voire d’un morceau énergique et dansant
façon Donna Summer sur l’intro. Un no man’s land musical où les
vibrations ont des échos sonores de terres dénudées de leur enfance.
Une symbiose avec leur environnement direct, qui paradoxalement,
a énormément à dire et donne envie de partager en leur compagnie
leur appétit d’isolement et de solitude, de vie, aussi.
Une démarche qui invoque la communication, le contact et l’échange.
Un désir de combler l’espace par une pleine activité humaine… l’équilibre.
www.notype.com
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V/a List Instruments
(List/Amanita/Metamkine) |
Ce
qui fonde l’intérêt de label tel que List tient autant de la sincérité
avec laquelle ils valorisent et défendent leurs artistes hexagonaux
que de cette détermination à s’inscrire dans un cadre international,
brouillant toujours plus les notions de territorialité et de frontières.
Hervé Boghossian, récemment salué pour son album RVB continue d’inviter
l’international des musiques nouvelles à sa table.Ici, c’est une
réflexion ténue sur les rapports entretenus entre acoustique et
numérique qui guide les compositions.
Une succession d’artistes qui se présente comme une série d’événements
sonores, de processus en courts. Chaque intervention procure ses
lots d’attentions ou de surprises, qu’il soit question de monsieur
For 4 Ears (Günter Müller) ou de Monsieur Intr_Version (Mitchel
Akiyama) . Les artistes affiliés au label ne déméritent pas non
plus (Sébastien Roux, Mou, Lips, Hervé Boghossian) et semblent toujours
approfondir plus leur thème de prédilection.
Retraçant leurs performances passées ou actuelles, cette excellente
compilation dresse un constat varié et riche de l’approche instrumentale.
Avec Werner Dafedecker/ Martin Siewert, Janek Shaefer, Steinbrüchel,
Mou, Lips, Sébastien Roux, Günter Müller, Hervé Boghossian, Mitchell
Akiyama, Julien Tardieu/ cylens, Colleen, Mathieu Saladin/ Ivan
Solano.
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RYOICHI KUROKAWA Copynature
(Progressive Form/Moshi Moshi) |
Le
goût piquant du sel sur la langue, la douce rotondité des galets
sur la plage, la lumière intense qui aveugle, autant de descriptions
imagées susceptibles de faire entendre à un sourd la musique du
Kurokowa.
Le crachin cristallin de micro-glitchs, la douce pluie de nano-effets
apaisent l’esprit autant qu’ils rafraîchissent le corps. Pénétrant
la mousse, derme rocheux entre tous, c’est alors la terre qui s’éveille
et qui rythme par des échos sourds et pondéreux la ligne fluide
de la mélodie appelant à quelques résonances avec Freeform, entre
autres…
Si la musique de Ryoichi Kurokawa, jeune homme de 25 ans est si
riche d’images, si pleine d’effets eidétiques, cela ne relève que
du seul fait qu’avant d’être compositeur électronique, c’est un
artiste visuel, vidéaste et promoteur d’installations renommées
à travers l’Europe (Hollande, Angleterre, Suisse, France).
Sans être un traité d’environnementaliste ce double jeu où les sonorités
factices de la musique électronique semblent vouloir se soustraire
à la réalité des sons « naturels » reste troublant. Un
travail subtil et enrichissant intellectuellement qui se double
d’un format DVD, où sont mises en images ses constructions. Très
beau.
Libre à vous alors d’agencer images et sons en différé, d’en faire
un nouveau traité de bave et d’éternité s’il en est...
http://homepage.mac.com/p_form
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SKETCHES OF PAIN Necro
(Versus records/versus.asso@wanadoo.fr) |
L’adroit
clin d’œil à Miles DAVIS n’est pas fortuit ; il semble simplement
vouloir transcrire la volonté d’un groupe à œuvrer pour le genre
noise, comme le génie Davis le fit pour le jazz en son temps.
Cette nouvelle production met en exergue l’existence du label Versus,
dirigé par Jean Louis Prades, notamment tiers pensant de Sketches
of Pain (Valérie Rossignol/ seb Carayon). Un 3 titres intense, qui
a souhaité se délester des boîtes à rythmes et sampleurs, pour gagner
en spontanéité et légèreté. Un vain mot si l’on considère, la densité
des morceaux, fardeau heureux pour qui sait en apprécier la subtilité,
jamais trop éloignée de John Boy –Distorted Pony (en plus calme)
et de leurs circonvolutions rythmiques pondérales. Dense, et obscur
comme l’ébène, précieux, également.
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MINOTAURE SCHOCK rinse
(Melodic/ La Baleine) |
Le
projet Bristolien emmené par David Edwards en 2001 avait su tirer
parti de cette complémentarité étroite entre électronique et atmosphères
pop funambules et nocturnes ; un étrange objet, acclamé par
la critique, beau et sensible, et dont l’assemblage semblait alors
aussi inadéquat et incohérent qu’un homme orné d’une tête de Taureau…
Une belle aventure, en somme à laquelle il manquait pourtant un
chapitre, un préambule, une genèse. Un cadrage historique nécessaire,
dont Mélodic se fait le relais, au détour de sa vingt et
unième sortie et ce, sur le fil tendu de 11 compositions ;
nous proposant une excursion autant qu’une relecture du patrimoine
premier de ce groupe.
Onze intitulés dont on retrouve la trace sur deux des premiers maxis
du label Melodic ; Références 2 et 4, réunissant déjà, à l’état
de nævus, la douce saveur sucré-amer de leurs ballades folk ill-hop
teintée d’électronica.
Des climats aux consonances et aux détails d’architectures qui suggèrent
les volutes de Warp, (Boards of Canada/ Plaid, Plone), la belle
pesanteur de labels tels que CCO ou Karaoké Kalk ou l’inventivité
de croisement d’un Fourtet.
Des belles énergies contenues, une exquise appétence d’harmonies
aiguisées proches d’Opiate et une sale énergie urbaine tirée d’un
vieil hip-hop instrumental old school.
Minotaure Shock cultive avec un talent sans mesure ce relâchement
magnifique dans la gravité. De sublimes moments légers et graves,
soyeux et texturés. Excellent !!
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Z_E_L_L_E rjctd :: nw (Cubicfabric/Chronowax) |
Assumant
la paternité d’un précédent album paru sur Line (nth), division
concrète du minimaliste et laptopien label 12K (Taylor Deupree),
ce duo italien, composé de Maurizio Martusciello et Nicola Catalano,
a su tirer les leçons des paires de la musique concrète, Schaeffer
en tête de proue.
Bardes d’une idéologie proto moderniste, composée d’électronica,
de champs magnétiques digitaux, de micro-évenements (Glitch, click’n
cuts, microsound), les 2 compères ont su rendre palpables des déclivités
et autres micro reliefs seulement lisibles jusqu’alors en filigranes,
par touches fugitives, périssables. Quelque chose comme du Seurat
à l’air digital.
Poussant plus en avant leur recherche, et forts de leurs apports
annexes (tels que des travaux autour de la batterie sur Metamkine)
ils reviennent avec cet album spectral, fruit d’une vision naturée
de leur imaginaire, qui à la façon d’un corps céleste lumineux,
ne se laisse jamais regarder de face, mais nécessite une observation
périphérique pour en desceller les caractéristiques et la beauté
formelle. Un monde de vibrations, de grésillements, de disparitions
et d’évanescence, de chaleur et de basse température, d’isolement
et de fourmillements véritables.
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V/a Rural Psychogeography (Nex Sound/ak@nexsound.org)
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Le
label Nexsound est une structure ukrainienne qui affiche un certain
attachement aux courants de pensées philosophiques contemporains
comme base de sa création artistique, à l’instar de Sub Rosa, pour
n’en citer qu’un.
La psychogéographie rurale est un thème développé par le situationniste
Guy Debord dans le courant des années 50 ayant pour analyse le rapport
intime et psychologique qui se crée entre un individu et l’espace,
le lieu qu’il fréquente ou traverse. Une expertise qui dresse ensuite
un état des lieux des affects et de la géographie intime de chaque
individu.
Chaque auditeur peut alors par un jeu d’énigmes se laisser porter
par les expérimentations sonores de chaque intervenant, et en déduire
les expériences sensorielles, visualiser les lieux qui les ont suscités.
Sur un pur plan musical, ce travail étreint les sphères des musiques
ambiantes, atmosphériques, environnementales mais aussi quelques
interventions à base de micro- événements (Glitch, clik n’cut) libérant
de ce fait une certaine poésie de l’ère (aire) digitale.
Comptant une frange large de l’international des musiques indépendantes,
on retrouve ici.
Francisco Lopez, Korber/ Müller, Jason Kahn, Courtis, Lunt, Martin
tétreault, Radian, Steinbrüchel, Kim Cascone, entre autres.
A noter que le label ukrainien met à dispositions un site de téléchargement
de productions au format MP3 d’artistes du cru. Une réflexion sensible
sur l’espace et la territorialité simplement passionnante.
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MARGO the Catnap remixed (Peter I’m Flying/Chronowax) |
Il
fallait une bonne dose d’isolement et une curiosité en berne pour
passer à côté de MARGO en 2002. La simple beauté des compositions
adossées à la prestance de leur performance scénique provoquait
en chaque auditeur l’étrange ferveur, le sentiment de douce adoration
qu’on peut ressentir au passage d’une belle inconnue.
Un sentiment amoureux qui s’est assagi, estompé, domestiqué et transformé,
le temps aidant, en une intime relation de confiance et de loyauté…
cette certitude qu’on a de ne jamais être trompé à l’écoute d’un
de leurs morceaux.
En prévision de la sortie imminente d’un nouvel opus, Margo en accord
avec Peter I’m Flying, pour se délester d’un surcroît de stress
avant la rentrée, ont confié à un collectif d’amis le soin de revisiter
selon l’expression consacrée leurs travaux.
Ainsi, ces 12 remixes nous donnent l’occasion de souligner le caractère
profondément international de ce groupe, qu’il soit question ici
de Schneider Tm, Tomas Jirku, Iso 68, Styrofoam, Teamforest et Wasteland
pour les plus connus et le caractère amical qui les lie à cette
diagonale heureuse de l’hexagone depuis Laudanum (Mathieu Malon,
qui n’a de cesse de remixer son semblable, pour notre plus grand
Bonheur), Mils et Monogram voire Margo (qui approfondit ici un de
ses morceaux). Sans hiérarchie ni logique particulière, on traverse
les ambiances hétéroclites de l’électro clash eigthies à l’électronica,
de l’abstraction sonore au post-rock aérien en passant par la minimale
techno.
Un tirage limité à 500 exemplaires qu’il serait dommage de passer
sous silence.
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Various Artists FORMA. 2.03 '> (CD album/PFCD08) |
PROGRESSIVE
FORM offre à la lecture des ondes une seconde compilation ;
opportunité pour nous d’assiéger l’univers du label japonais et
au retardataire de la dernière heure t’anticiper sur le chemin déjà
parcouru autant que sur les perspectives à venir.
Un traité sonore qui postule d’emblée sur les sensibilités privilégiées
du label, à savoir le Mid-tempo comme pulsation cardiaque et la
fluidité électronique comme flux sanguin. Difficile de qualifier
d’un adjectif le caractère général des morceaux… la plupart des
artistes discerneraient sans nul doute des aspects communs de leurs
travaux avec les projets les plus sensibles de Planet Mu (Lexaunculpt,
par ex.) ou Warp, les réceptivités les plus électroniques de Morr-CCO
(on retrouve Static, d’ailleurs) autant qu’une certaine idée de
la House….Quelques éléments s’écartant un peu du schéma ; Dublee
et son abstract hip-hop Herrenien ou des visées plus environnementales
ou ambiantes (Yam). L’ensemble compose néanmoins un tout unitaire
et au demeurant indépendant ; formes organiques aquatiques
proches de l’anémone de mer, à la base commune et aux mille bras
affranchis. Apaisant et lumineux.
Avec katsutoshi yoshihara, static, dublee, nq, process, yam,
30506 et Ametsub.
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FAUST Vs DALEK derbe respect, alder
(Staubgold/Klangbad/La Baleine ) |
Si
la confrontation des sphères KrautRock / Post industrielle et des
mouvances Hip-hop semble neuve et marginale sur papier ou tout
du moins événementiel quand il s’agit du groupe mythique FAUST (Hans
Joachim Hirmler et son label Klangbag, de fait), elle reste cependant
usuelle à l’écoute, du moins au premier abord.
Ainsi, bien que ce rapprochement n’a à ma connaissance pas encore
eu lieu (CAN/ SAGE FRANCIS ; NEU !/ PUBLIC ENEMY ?
) on aperçoit dans un premier temps un certain nombre d’analogies
avec le courant Illbient popularisé par DJ SPOOKY. Par pans, on
retrouve les univers tourmentés, cataleptiques et salement urbains
(néo-industriels ?) rencontrés sur Necropolis (Paul
D Miller sur Asphodel) ou Songs of a Dead City du même Spooky.
Puis, chemin faisant, les constructions s’étirent, s’épaississent,
obliquent ; le flow de Dalek (Will Brooks) perd peu à peu
la mesure des choses et se laisse submerger par les Champs sonores
saturés de plomb et de particules en suspension de FAUST, mêlés
aux strates de samples et de scratches de Hsi-Chang Linaka (tiers
de Dalek), toujours plus oppressants et présents à mesure que s’efface
le chant.
Une prestation si dense, si sonore, si pondérable qu’elle mériterait
à elle seule un avenant à la table des matières à la colonne des
solides. Consistant et beau
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MANITOBA up in Flames (Leaf/ PIAS) |
Dan Snaith avait
fait trembler les colonnes des pourtant blasés journaux spécialisés
il y a de cela 2 ans à la faveur d’un album concis et intrigant
construit sur la promiscuité d’une électronica savante, d’une Pop
délétère et datée façon Noonday Underground /Paul Weller et les
cendres d’une noisy fumante. Réactualisant les atmosphères sépiasés
de My Bloody Valentine et celle plus présente encore de Primal Scream,
période Screamadelica, ce qui convenons le, est loin d’être
une insulte…
Ce qui le différencie sans doute de ses illustres prédécesseurs,
c’est cette légèreté pop qui s’immisce dans chacune des interstices
de la mélodie comme en est le témoin ce Crayon délicat et
primesautier (cosigné avec Koushik Ghosh). On reste également sans
voix devant la montée tourbillonnante de « every time she
turns round it’s her birthday », la légèreté hédoniste
et champêtre de Skunks.
Les ambriglio d’arpèges n’arrivent pas à salir, ni à étourdir
le cœur généreux de ces compositions qui percent les âmes comme
le soleil transperce les nuages. Un album court, bien trop court
qui laisse des aspérités colorées dans les oreilles.
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COURTIS/MARHAUG
North and South Neutrino
(Antifrost/Metamkine) |
L’ombre
de Lasse MARHAUG à l’instar de DeathProd sature de sa présence une
large frange des productions internationales contemporaines. Quelques
galons au-dessus de l’asphalte, ces travaux, qu’on peut considérer
comme expérimentaux ont trouvé un voisinage d’âme, une promiscuité
d’écoute auprès d’un nombre impressionnant d’artistes.. TV Pow, Maja
SK Ratkje, Tore H Boe, Merzbow, Otomo Yoshihide, Kim Cascone, Matt
Davis, Taku Sigomoto, Reynols, Matt Gustafsson, Francisco Lopez, Aube,
Ronnie Suddin Spunk, etc.…En un mot résumé, un succédané de l’international
des musiques bruitistes, minimalistes, transfigurées et improvisées.
Membre éminent de JazzKarmmer, élément actif du collectif norvégien
à géométrie variable Origami Republica, Lasse Marhaug a récemment
sorti une épreuve 3pouces sur le label Dokedeker.
Anla Courtis est pour sa part, plus connu comme membre (guitariste)
et compositeur principal du groupe argentin Reynols.
Les 2 hommes fondent ici un compromis musical autour d’une étude sur
les hautes fréquences et les grésillements, aspérités rythmiques.
Une longue et unique plage qui a sillonné les ondes hertziennes depuis
plus de 5 années, préalablement enregistré entre Oslo, Steigen et
Buenos Aires et qui se charge au fur et à mesure de sa marche d’une
tension sourde, d’un grondement lointain des machines quasi organiques.
Où l’idée qu’on se ferait d’un orage au milieu du désert avec une
radio orpheline de fréquence. A rapprocher de Alan Lamb et de ses
études sur les lignes à hautes tensions.
L’image figée et apaisée de cet homme en couverture, pourtant en
proie à des congestions ou à une activité gastrique conséquente,
droit sorti de l’esthétisme violent d’Egon Schiele (dessiné par
Leif Elggren, artiste suédois) résume à elle seule toute l’intensité
de cet album, toutes ses contradictions intestines.
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LUCKY R S/t (Ronda/ www.ronda-label.com)
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Les
frères Reverter ont cette fois-ci scindé leur talent (MELMAC) laissant
à Luc l’occasion de nous offrir une petite leçon d’ambient Ill-hop
dub dépressif.
Même si Lucky R a subi involontairement ou non les prédications de
l’abstract Hip-hop, c’est bien davantage du côté de l’Illbient New-Yorkaise
que semble s’aventurer cet album.
Est développé ici un hip-hop mélancolique et bâtard, qui empreinte
autant à l’esprit d’anticipation créatrice d’un SPECTRE (Skizz Fernando,
boss de Wordsound.) De part cette recherche névralgique de filets
de mélodies maladives et surannées (Exppe) le caractère moyenâgeux
en moins, mais aussi DJ Wally et DJ Spooky pour ce tissage d’atmosphères
cosmopolites et terrifiantes d’urbanité dans le même temps. Ne reste
alors plus qu’à nous replonger dans Teledubgnosis, Laswell ou les
Crooklyn Dub Consortium quand se font entendre les premiers rythmes
Dub.Des compositions qui pour autant, gardent une étonnante cohérence
et une singularité bien réelle (même si on entrevoit des sons très
marqués Cypress Hill sur la plage 4, notamment). D’ailleurs, si l’on
extirpe la ganse urbaine de ces titres, on découvre un riche attrait
pour la chose mélodique autant qu’un amour éhonté pour la forme et
les imbrications Post-Rock et expérimentales (par petites doses).
Un presque sans faute pour ce jeune projet qui ont l’espère va prendre
encore davantage d’envergure avec le temps. |
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EXPLOSIONS IN THE SKY the earth is not a cold dead place (Bella
Union/ Chronowax) |
L’approche
dépouillée de ce Guitare Band d’Austin, Texas, prédicateur d’un folk
voilé et pastorale est unique, consubstantiel.
Chaque nouvel album d’Explosions in the Sky soulève nécessairement
son lot de superlatifs.
The earth is not a dead cold placeest une tempête sèche, un
mirage au milieu du désert, un signe céleste, le châtiment onctueux
qu’on ne se lasse de s’administrer.
Michael James, Munaf rayani, Christopher Hrasky et Mark T Smith signent
avec The earth is not a cold dead place une figure de style
évidente par sa beauté et la simplicité de ses traits. Pas de révolution ;
simplement l’association harmonieuse de lignes cristallines de guitares,
adoucies par la pondération de rythmiques lointaines, avalant l’espace
d’un galop de cheval sur the only moment we were alone, effaçant
sa trace sur le divin six days at the bottom of the ocean (la
même intensité des premiers GSYBE) . Très proche de Constellation
sous certains aspects (l’appétence désertique) tout en magnifiant
l’intimité.
Explosions in the sky prolonge nos rêves de grandeurs.. |
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REMARC unreleased Dubs 94-96 (Planet Mu/La Baleine) |
On
connaissait l’attachement de Mike Paradinas aux fondements de la musique
électronique et par échos aux pairs qui ont contribué à en développer
les bases. REMARC a œuvré, dans sa mesure a dynamiser le genre Jungle
en y injectant des éléments hétéroclites et primesautiers issus du
dub notamment.
On se croit revenu une décennie en arrière, (ce qui est le cas, d’ailleurs),
auditeur à l’écoute d’un genre à jamais disparu.
Ce qui surprend évidemment à la première écoute, c’est le caractère
daté des sonorités, leurs enchaînements qui, pour énergiques et instables,
qu’ils soient semble cousus de fils blancs.
Le genre Jungle, passé à la moulinette des années et des courants
toujours plus récents, toujours plus rapides et rythmés, aura subi
le lent travail du temps sur sa texture et sa personnalité. Pourtant,
on prend un réel plaisir à redécouvrir les boucles névrotiques mêlées
aux flow cut-upisés qui ont fait en d’autres temps la gloire de Metalheadz,
Shy FX, Photek, Omni Trio ou encore LTJ Bukem.
Ce travail de mémoire, orchestré par Planet Mu, n’en demeure pas moins
un témoignage étonnant et touchant des premiers assauts du genre et
des mutations sans fin de la chose électronique. |
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JOSH RITTER Hello Starling (Setanta/ PIAS) |
Josh
Ritter a l’assurance et le panache de la jeunesse, pourtant, on décèle
dans son allure quelques chose de plus profond, de plus mature qui
tranche immanquablement avec le visage angélique qu’il arbore.
Un jeune homme qui a pris fait et cause pour la chose pop, matinée
de Folk voire de légers relents country ; Des constructions
simples, fragiles, cristallines bâties autour d’une ligne de guitare,
d’un touché léger de batterie, presque Jazzy où s’encastrent à l’occasion
Orgue Hammond, Mandolin, Wurlitzer et/ou un nuage d’instruments à
cordes.
La voix de Ritter est attachante et chaude, discrète à l’oreille aussi ;
portée par l’air chaud de son souffle, elle ondule jusqu’à nos oreilles,
caressent nos pensées les plus personnelles, diffuse sa fragilité
dans nos artères. Les morceaux les plus virulents pouvant rappeler
Belle & Sebastien, par certains aspects. Et une production Setanta,
une. |
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GROWING the sky’s into the sea
(Kranky/Southern/Chronowax) |
Le
brouillard a une âme et du caractère, je l’ai entendu !!
Growing, trio d’Olympia, Etat de Washington, patrie de K records est
une réminiscence heureuse du contact d’un substrat sec avec une masse
nuageuse humide.
Une beauté synonyme de sérénité, construite à partir de trois fois
rien, d’une cymbale qui enfle l’air de sa présence, d’une vibration
lointaine, d’une sirène de bateau égarée ; Growing, à la faveur
de cet album établit une nouvelle hiérarchie dans la classification
des éléments, affectée quelque part entre gaz et liquide, dans la
position figée d’un état de sublimation… ni tout à fait gaz, ni tout
à fait Liquide. Cette étrange beauté dissolue se retrouve sur la pochette,
synonyme d’une limpidité absolue dont la beauté vient fondre la mer
et diluer le ciel, tout en conservant cette unité de vue, cette cohésion
dans les nuances de gris-bleu.
Le caractère vaporeux de l’approche, les vibrations continues et la
densité absolue des déclinaisons mélodiques, leur fusion quasi surnaturelle
imprime une insidieuse cadence dronienne tout en donnant un caractère
religieux et pénétrant à l’ensemble.
Grandir, voilà un album qui exprime de la manière la plus explicite
qui soit le sentiment profond qui nous assaille à l’écoute de ce disque :
l’élévation. |
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CHRISTIAN RENOU/ANEMONE TUBE Transference
(Auf Abwegen/Import) |
Du
néologisme du titre découle beaucoup de suggestions et d’idées.
L’association de 2 termes, transparence et transfert, émanation
directe du vocabulaire de l’image et du son suggère ici les apports
visuels et musicaux des 2 protagonistes, respectivement Stefan Hanser
et Christian Renou. Une collaboration qui prend en fait les traits
d’une relecture d’un travail passé, prétexte à la sortie du brouillard
de Christian Renou, artiste français caché durant de longues années
sur le pseudonyme Brume.
Un travail qui, ça ne surprendra personne (du moins pour les amateurs
du français) gravite et s’imprègne d’une densité sonore noire et
palpable, matière évoluant et lancinante de couches dark atmosphériques,
d’éléments néo industriels, et de strates droniennes et opaques.
Une sorte d’esthétique de l’austérité et de l’obscurité qui prend
à l’occasion des couleurs « liturgiques et ambiantes »
comme sur ce second et troisième morceau d’une belle intensité.
Stefan Hanser, en sus d’être musicien au sein d’Anémone Tube, a
par la voie de la plastique et du design, développé une pensée conceptuelle
autour de ses travaux qui se reflète dans la fluctuation de lignes
fines et « parallèles » qui ornent ce Transference.
Les amateurs d’Alan Lamb, de Comae ou des climats de chez Ant-zen
seront comblés.
www.aufabwegen.com
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BREEZY TEMPLE cattleya songs
> GUINEA PIG bientôt votre mariage
(Partycul System/Chronowax) |
Le
label continue au détour de ses signatures, sur un mode qui n’est
plus tout à fait mineur, à forer et excaver les minéraux et pierres
précieuses qui sertissent l’âme humaine.
Une exploration véritable, sensible qui demande un étayage précautionneux
à qui veut en saisir toute la sensibilité.
Breezy Temple (le temple venteux) est une émanation de Miss
Moon et de Sharl Hot Ganache, auquel on peut adjoindre Raavy Lennon
( !!?) à la guitare / post-production. Un monologue à trois
donc, où il est question de folk ténébreuse, de poésie début de
siècle, de préférence Anglo saxonne (Poe, Wilde, Bates, Spencer),
de lo-fi amplifié, de mélodies crève-cœur, de blues poussiéreux
des plaines. Déjà repéré sur la précédente compilation du label,
BREEZY TEMPLE souffle l’amertume et le fiel comme peu savent le
faire…
Âmes endolories, s’abstenir. Très bon.
Thomas
Fernier (Guinea Pig) établit une relation étroite avec les sons,
épidermique.
L’amour qu’il porte aux sons, la réflexion poétique avec laquelle
il entoure chacun de ses gestes musicaux, son penchant pour l’expérimentation
d’harmonie et de disharmonies nouvelles, la curiosité qui l’anime
participent de l’engouement qu’on prend à découvrir cet album. Un
schéma d’album bâti autour d’un échange constant entre structure
rock et foyer d’expérimentation. Une confrontation qui déchire le
rideau de la composition normée, livrant par lambeaux bribes de
sensations diffuses, fractions de rythmes et éléments disparates
de compositions.
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