|
>
V/A Kraakgeluiden doc1 1999-2003- (Unsounds/Metamkine) |
Illustrer/mettre
en lumière les archives d’un label tel qu’Unsounds prête à sourire
dans un premier temps, tant la genèse du projet est récente et dans
un sens, encore en constitution, dans l’attente de figer son identité.
Dans un second temps, une étude approfondie de la jaquette nous
donne un sentiment plus détaillé du sens de ce document. Pour être
clair, une série d’improvisations, de performances de musiciens
de tous univers, généralement aux frontières des courants acoustiques
et électroniques et qui ici se prête à l’expérimentation, prétexte
à des rencontres éruptives et surtout au mauvais traitement de la
chose électronique dans la tension, la joie et l’effervescence que
procure l’improvisation. Difficile d’établir un genre, de figer
une identité, tout juste une approche ou une sorte de philosophie
musicale tant la diversité s’immisce au fil de ces 12 propositions.
On passe de morceaux furieux, rencontre improbable de Stock Hausen
and Walkmen et de The Molecules à de somptueuses plages de musiques
contemplatives. Un nombre impressionnant de compositeurs fait acte
de présence, se combinant pour la première fois et regroupant l’international
des musiques improvisées avec une nette présence de Hollandais (Unsounds
étant un label hollandais, cqfd), artistes des plus reconnus (Andy
Moor, Marko Ciciliani, joe Williamson, Yoshio Machida, Jaap Blonk,
Colin Mac lean , etc..) au plus à reconnaître (Dirk Bruinsma, Cor
Fuehler, etc. la liste est trop longue).
Un projet passionnant et intransigeant dans le même temps qui permet,
une fois n’est pas coutume, une mixion totale des genres (instruments
traditionnels/électroniques) à même d’ouvrir de nouvelles voies
d’explorations. Disparate mais très bon. www.unsounds.com
|
>
DIRGE fountain ep
> ATONE un jour ep
> HARPAGES simple Visions
> DEPTH AFFECT mesquin ep
(Autre direction in music/autresdirections.net)
|
Autre
Directions In music / Moulin à vent, qui n’avait au départ d’autres
prétentions que de proposer à de jeunes musiciens débutants une
plate forme pour s’exprimer, devient, dans le flot prolixe et impromptu
de ces productions, un pôle charnu, consistant.
De même qu’une pièce de théâtre repose et assoit sa crédibilité
sur 3 unités majeur (temps, lieu, espace) on pourrait envisager
que le vraisemblance d’un label et sa réussite sont régies par un
certain nombre de critères qui fondent son intégrité et ses qualités.
Construit autour d’une unité esthétique, plastique, sonique.
En l’espace de 4 courts instants dérobés au temps Autres Directions
In Music fige notre attention, perturbe nos points d’équilibre/
déstabilise nos certitudes ancrées. 4 constats de bon goût, d’élégance
et d’une forme musicale d’intelligence. Petits constat de rigueur.
DIRGE
est à la traversée des chemins d’une orchestration pour quatuor
à cordes et d’un Folk paisible et oscillante La voix rêche de son
interprète magnifie les climats mélancoliques des compositions.
Des atmosphères qu’on n’aura de cesse de mettre en boucle, de faire
tourner dans nos têtes dans un vertigo de guitare, pour épancher
notre cœur de ce trop plein de tristesse. Quelque part entre Silver
Mt Zion, Overhead et l’Altra. Une merveille.
ATONE,
pour sa part, élabore la trame ouateuse de ses pièces au détour
d’une électronica lointaine, ambiente dans ses fins. Une mise en
scène abstraite, où les sons électroniques conquièrent l’espace,
l’investissent de ses pulsations vivantes, fluctuantes, fébriles.
Une musique qui singe les arpèges de GSYB dans une version numérisée.
Moins mélodique, plus portée sur la rythmique. Ces micro sonorités
si elles percutent sans doute un peu moins notre imaginaire, l’aspect
naïf, spectral et enfantin les rapprochant foncièrement de Isan,
l’expérience et la profondeur en moins ou plus sûrement encore d’artiste
comme Takagi Masakatsu sur Karaoke Kalk. Un univers coloré de tons
pastels et de sentiments doux à l’oreille. Relaxant.
HARPAGES,
plus expérimental que ses co-disciples, cette exploration électro-acoustique
construite d’un seul tenant semble s’appuyer sur quelques théories
contemporaines sur la mouvance des corps liquides et/ou gazeux.
Un nappage étagé d’atmosphères, qui se délite à l’occasion de strates,
d’ambiances soufreuses. Les paysages qu’évoque la musique d’Harpages
ont un caractère opaque et brumeux, syphilitique et dans le même
temps gardent ce réel et puissant pouvoir d’attractions. De la musique
eidétique pour personnes (extra) lucides.
DEPTH
AFFECT et son mesquin ep nous plonge dans un univers
onirique sombre et féerique quelque part entre les trublions de
chez Musik Experience (Falcon) et des éléments ambiente road movie
de mélodies sur lesquels viennent se greffer ses rythmiques -mauvais
garçon- sale et contondant, sorte d’abstract-hip-hop Scott Herrienne.
Un très bon travail de construction et de déconstruction, d’architectures
ajourées et ciselées, moucharabieh analogique où l’ombre et la lumière
se croisent dans un mouvement incessant.
|
>
REBECCA [two Variations] (Charizma/ Import) |
À
la manière d’un mouvement perpétuel, séquence sans fin d’un morceau
vécu à l’infini, le duo Kai Fagaschinski / Michael Renkel intronise
ici une révolution (au sens littéral) dans l’improvisation. Et ce,
en partant d’un postulat simple : la relecture systématique
d’un morceau improvisé. La relecture du morceau Rebecca, justement
dans la constance et l’action, déclinant en variations « instables »
(ici la 5 et la 6) le titre et en s’appuyant sur le souvenir qu’ils
ont (le morceau est non écrit) de la partition originale. Une bonne
idée qui au demeurant met un peu à mal le concept d’improvisation
et le sentiment de spontanéité qui en découle.
Des variations continuent de près de 35 minutes chacune qui paraissent
s’évanouir à mesure qu’elles se créent. Une répétition déraisonnable
et sans achèvement, à la manière des vacations de Bill Murray dans
Une journée sans fin où l’interprétation qu’il fait d’une
situation modifie par ricochet les événements . Ce qui nous
amène à cette conclusion : c’est dans la répétition qu’on peut
trouver l’originalité.
Une répétition sans fin qui s’est cependant fait force en se laissant
enregistrer…
www.charhizma.com
|
>
JONO EL GRANDE Fevergreens
> SKYPHONE Fabula
(Rune Grammofon / ECM) |
Après
avoir parcouru les étendues vides des arcs polaires, égrainé l’isolationnisme,
saturé l’air d’un blizzard cristallin et bruitiste, caressé
les rivages insalubres d’une poésie cut-upisée, le label norvégien
revient hanter nos platines de 2 nouveaux spectres.
En propos liminaire, c’est l’impact des pochettes de Kim Hiortoy,
la portée minimaliste de son graphisme, presque lactescent qui dessine,
sur impressionne aux compositions du label ce caractère dépouillé,
intègre, plein.
Rune Grammophon pour sa 31ème sortie a choisi non pas
de rompre avec le genre (les genres) qui aura fait sa renommée mais
de faire évoluer l’état d’esprit et dépoussiérer les lieux communs
d’un type musical passé pour austère et réfléchi .
La particule instable du moment se nomme Jono El Grande,
éminemment estimée dans son pays et déjà responsable d’un album
concept autour des « danses utopiques », forme de petit
traité musical Fluxien absurde sur fond de musiques progressives
électroniques et acoustiques.
La folie créative de Jon Andreas Hatun, puisque c’est son nom n’est
pourtant pas en voie d’accalmie et distille avec toujours plus d’énergie
et de vivacité ses préceptes déséquilibrés et contre-nature à la
face du vent.
S’appuyant sur le savoir-faire de 9 musiciens aguerris, il égraine
avec la précision métronomique d’un chef d’orchestre, l’émotion
et l’émoi dévastateur d’un harmoniste rock, une sorte du panorama
des possibles, une vision drôle et déconstruite de son patrimoine..
Non sans évoquer un certain Frank Zappa (l’ouverture d’esprit total/
le goût pour la chose rock), voire certaines orchestrations de Michel
Magne (fantomas) ou d'ensembles musicaux de Paquebot; Le jeune
homme nous promène dans sa vision hallucinée, burlesque et caricaturale,
jazzy également, aux frontières de la Muzak (Tricatel)… une représentation
éminemment cinématographique, où flûte, trompette, xylophone, glockenspiel,
percussion, saxophone ténor, guitare s’entremêlent dans un vertigo
ludique.. Ça devrait prêter à rire, mais l’audition de cet album
se révèle plus que salutaire… Le monde onirique de Jono El Grande
est une promesse de non-retour, une invitation au voyage, un compartiment
à part dans la longue caravane-sérail de la musique. Dépaysant.
Si l’on peut reprocher un certain isolationnisme contrit et une
forme d'ascétisme créatif aux musiciens danois, ils compensent de
manière magistrale par un cosmopolitisme de sources et d’univers
à tout crin, d’instincts fluides de croisements et de texturations
audacieuses, de climats musicaux.
Skyphone,
comme par le passé Alog et Phonophani est un avatar de cette trempe
qui exprime la subtilité des mixions et des vécus musicaux de ses
artistes. Un trio (Kled Dam Schmidt, Thomas Holst, Mads Bodker)
de compositeurs qui par un phénomène de combinatoires savantes,
de jeu d’équilibre et de recherche, enfante d’une alchimie incertaine,
casuelle une dynamique organique.
Chaque rouage humain participe alors de l’équilibre général. À la
charge de l’électronique, du synthé analogique, des effets et divers
samples, le jeune Mads Bodker, échappé du courant jazz et qui distillent
ses séquelles de rythmes oniriques à la façon d’Oval ou .Snd ;
Thomas Holst, lui, insémine profondeur et gravité par la création
de textures et d’atmosphères. Schmidt, enfin assure la ligne mélodique
au détour de sa guitare acoustique /synthé modulaire, apportant
le caractère chaleureux et fragile aux compositions.
Le supplément d’âme réside dans ces fractures de mélodie, cette
instabilité chronique qui s’immisce dans le giron des compositions.
À la fois évanescente et pondérale, ludique et triste, leur musique
est à la chevauchée des styles ; atmosphérique, post-rock,
krautrock, musique progressive ; elle s’abreuve de ces genres,
les digère et les restitue sous une nouvelle forme et dans un nouveau
contexte. C’est extrêmement beau, gracieux et prometteur, à rapprocher
de Boards of Canada, et quelquefois Tarwater, Fourtet et Phonophani.
|
>
PUYO PUYO a novel trick item (GAGARIN/import)
|
Projet
entièrement voué à la cause électronique, ce petit 5 titres, sorti
Sur le labelGagarin rec, label de Felix Kubin conserve en lui toute
les saveurs qui avait fait merveille lors de son apparition à la
2 ème édition du festival IDEAL.
Une idée du rythme revendicatrice, velléitaire, processive et qui
pourtant ne se départie jamais de cette douceur et cette naïveté
ludique qui font le charme des productions de Gagarin.
Un maxi très intéressant.
|
>
MEAT BEAT MANIFESTO RUOK in DUB
(Quatermass/Metamkine)
|
Jack
Dangers, aperçu à la dernière édition du festival IDEAL dans le cadre
d’une figure imposée/ libre (un exercice de de-mixed des compositions
des frères Berron sur Planète interdite) revient à la faveur d’un
Dub asmathique.
IN DUB se veut être l’exploration, sous un angle différent, d’un album
précédemment édité (RUOK) dans lequel Dangers explore la structure
et les arcanes du DUB. Un exercice de ré-interprétation intime de
ses propres œuvres, une mise en abîme créative dont il faut souligner
la difficulté, du fait du recul nécessaire qu’il faut prendre sur
soi. Dans cette manœuvre, Dangers investit tout son savoir-faire,
fruits d’années d’expérimentations sur le son, sa texture, son comportement,
les modulations de sa trame. Un langage Dub abstrait, à cheval sur
la chose électronique.
L’Anglais tisse ici un maillage tendu entre la chose électronique
et une complémentarité roots.
Dépassant certains traits de caractère qu’on conçoit comme acquis
à la jeunesse (la ferveur, l’engouement, la spontanéité), le compositeur
en substitue de nouveaux fruits de sa constance créative, de son abnégation
intellectuelle et d’un certain recul sur la création musicale acquise
au fil des années.
Si le climat oscille volontiers entre torpeur et névralgie, c’est
pour mieux immiscer ses subtils virus mélodiques aux tréfonds des
basses pondérales, agrémentés à l’occasion de vocaux DJ Spookien.
Assez Réussi. |
>
WESCHEL GARLAND AND WORLD STANDARD the isle
(Staubgold/La Baleine)
|
Ayant
participé avec d’autres des premiers émois du courant électronica,
c’est un plaisir non dissimulé que d’avoir à nouveau à vous entretenir
de Weschel Garland. Une musique, la leur qui à l’époque, s’inscrivait
dans les courants les plus intimistes et sensibles du genre. Cette
nouvelle contribution est une contribution avec World Standard,
pseudonyme derrière lequel se cache la guitare acoustique du musicien
japonais Sohishiro Suzuki. Un jeune musicien qui apporte sa science
des atmosphères (japonaises), le goût des éléments naturels à Jörg
Follert (WG) trouvant matière à perturber, à la faveur de douce
déflagration, les mélodies fragiles de guitares et de violons qui
transite dans l’air.
Les exhalaisons douces et graciles de ce projet ont le caractère
volatil du vent, il se dégage de cette contribution, une heureuse
synthèse organique tel le contact de l’eau sur la peau ou quelque
chose d’approchant.. Une onde gracile qui m’évoque instinctivement
les remixes de Kings of convenience parus sur Source par Riton,,
notamment, voire des travaux de Rune Grammophon ou des essais pastoraux
électroniques sur Morr avec une dose d’intimité plus marquée. Très
Beau.
|
|
Ouvrage
cinématique à l’attention des non-voyants, BRAILLE est une exploration
intense du spectre sonore, qui oblige l’auditeur à désavouer son
œil, à clore les paupières à de multiples reprises, laissant l’esprit
vagabonder au milieu des bribes d’informations et des possibles.
Un voyage onirique, au pays du petit marteau, de l’étrier et de
l’enclume avec comme décors de fond l’obscurité de nos paupières.
Un ton léger pour l’abstraction la plus formelle, le folk contemplatif,
l’expérimentation électronique la plus sensitive, qui à l’instar
de Motenai / Tetsuo, nous entraîne dans un voyage onirique et initiatique.
L’intelligence du projet, construit autour de la fébrile ossature
de petits sons cristallins et fragiles/cassables, réside dans l’adjonction
d’un éventail d’intervenants et d’instruments depuis la voix d’Alice
Imbert au saxophone de Shabaka, à la batterie et l’orgue de Tellemake
jusqu’aux platines de dr Ivg_stn. On pense alors à Colleen, Oval,
christian Fennesz ou encore à Tujiko Noriko, dés lors que la voix
s’immisce.. et plus généralement à une gamme non close de sensations
nouvelles et immaculées.
On laisse notre épiderme parcourir le grain texturé de ces compositions,
les renflements et les creux de ces combinaisons musicales discrètes,
instantané de silence et de fragilité qui semble faire un doigt
à l’éternité. Beau et faillible comme le mal du pays.
|
>
HAMLET Robert le magnifique-Tepr-My dog is gay
(Idwet/L’unijambiste/La baleine)
|
S’il
est un exercice des moins évidents, c’est bien celui d’appliquer
une trame nouvelle à des fondations existantes, de surcroît aussi
chargé d’histoire que peuvent l’être les parutions de Shakespeare.
Une difficulté à double tranchant, à considérer la parfaite maîtrise
et la juste beauté des textes du dramaturge, mais également la foisonnante
prolixité d’interprétation qui se sont faite jour à son sujet.
Cette commande est le fait du thêatre National de Rennes, qui a
eu recours à 3 musiciens du cru, tous issu d’Idwet, label Rennais.
Derrière Hamlet, se cache en réalité Robert le Magnifique, Tepr
et My dog is gay (respectivement Tanguy Destable et lionel Pierresd’Abtract
Keal Agram).
Ami de cœur et de scène, ils se prêtent ici à un album conceptuel,
par la force des choses. Une inclinaison et une relecture volontairement
urbaine et contemporaine parcourent cet album, où les héros se tiennent
en lieu et place d’une cité.
Des thèmes universels qui trouvent ici une résonnance particulière,
et pourtant actuelle, où des speechs rapés se superposent aux rythmiques
d’abstract hip-hop et où de légères ritournelles viennent environner
nos oreilles et hanter les partitions.
Si ce n’est quelques légers détails, ce recueil de morceaux fait
montre d’un puissant talent de création d’ambience et d’atmosphère,
jamais démenti d’ailleurs jusqu’à présent par les travaux précédents
de ses brillants musiciens. Très bon.
www.idwet.com
|
>
O.Lamm & Sutekh six residua (Active
Suspension/Chronowax)
|
Olivier
Lamm est sans nul doute l’électron le plus libre et le plus actif,
exception faite de son alter ego Hypo dans la sphère méandrique
d’artistes tissées par le consortium Active Suspension-Clapping
music.
Libre car en mesure de surprendre son auditoire à chaque détour
d’albums ou de maxi, au fil de collaborations et de remixes aussi
habilement menés que singulier et surprenant qu’il soit ici question
de Steve Roden, Alejandra & Aeron, ou Sutekh dans la cas présent.
Une manière à la fois instinctive et réfléchie d’envisager son activisme
musical.
Actif, dans un second temps comme aucune autre particule en suspension,
où une manière élégante de faire entendre à ceux qui voudraient
prendre pied dans la musique, que la réussite est aussi une histoire
d’obstination, de travail intensif et de rigueur, le tout généralement
gouverné par la passion d’entreprendre.
Cette collaboration avec Sutekh (Seth Horvitz) est le fruit d’une
correspondance électronique nourrie et d’échanges de points de vue
qui ont abouti à la superposition de strates de remixes, d’accumulation
de couches sonores et d’amoncellements d’idées donnant forme à ce
cadavre exquis musical, au demeurant très cohérent, divisé en 2
plages longues d’une quinzaine de minutes chacune (dont les matrices
de samples figurent sur des albums sortis sur Orhlorng Musork (Orthlong
Musik ? et Active Suspension).
On traverse une foule d’univers qui embrasse, de manière définitive
le spectre large des goûts des 2 intervenants, depuis l’illbient
grégaire et dansante au glitch et perturbations les plus micro maladive
pour finir dans un Maelström d’électro pugnace et ludique. C’est
très instructif, quelque chose comme une synthèse musicale des courants
indépendants de ces 5 dernières années et surtout très stimulant
et jouissif.
|
>
V/A HAUNTED WEATHER (compiled by David Toop)
music, silence and memory (Staubgold / La Baleine) |
Quand
il ne dresse pas, au détour d’une série de livres (Ocean of Sound)
la cartographie mouvante et sonore de l’histoire musicale contemporaine,
et ce avec une approche si subtile, si intransigeante et si fertile
intellectuellement qu’il place son œuvre quelques onces au-dessus
de l’asphalte des pourtant brillants traités du genre, David Toop,
joint alors le geste à la parole, l’acte à l’écrit et propose (sans
doute sous l’impulsion de Staubgold) un pendant sonore à ses explorations
intellectuelles.
« Haunted Weather » dans cet ordre d’idée est un
prolongement, le continuum musical du discours « théorique »
défendu dans l’ouvrage du même nom, récemment sorti outre-Manche
et pas encore pour l’heure traduit de l’anglais. (Haunted Weather,
Serpent’s tail edition).
Un livre qui, s’il tisse comme son prédécesseur Ocean of Sound
la métaphore avec le domaine des mouvances fluides s’attache ici
à développer une réflexion plus ténue sur le jeu d’abîme et de miroir
existant entre réalité virtuelle des sons (Lap Top, sampling), abstractions
réelles des instruments « traditionnels » et le jeu de
conflits, d’ambiguïtés, de points d’ancrage (le silence, notamment),
de fractures qui découlent de ces 2 Modes d’expressions musicales.
Une réflexion intime autour de l’usage des musiques électroniques,
de leur diffusion, de leur existence propre comme lien avec l’abstraction
ou comme vecteur d’imitation de la réalité qui rejoint l’aphorisme
de Wilde ou on ne sait jamais réellement si c’est l’art qui imite
la vie ou l’inverse.
Un thésaurus musical qui s’étire sur 2 cds et qui dresse une
planimétrie en 3 dimensions des intervenants majeurs de ces 2 dernières
décennies. Les ruptures électroniques, les disjonctions syntaxiques
du rythme ont ici la part belle (Marclay / Oval 8 / Autechre / Matmos)
même si on leur devine un goût certain pour la confidentialité.
Une thématique forte ici explorée est celle des micro-tonalités
et de l’esthétisme minimaliste.
Loin du fracas des vogues ou de l'engouement médiatique, cette compilation
se veut une planche de salut dans la compréhension de ces musiques,
dont l’analyse historique manque encore de recul pour en saisir
toute la vigueur et l’intelligibilité.
Avec, par ordre d’apparition et pour faire élégance au Name Dropping :
Christian Marclay, Oval 8, Matmos, terre Thaemlitz, Janet Cardiff,
Peter Cusak, Yuko Nexus6, Sarah Peebles, Haco, Otomo Yoshihide/sachikoM/
Gunter Muller, alvin Lucier, Evan Parker, Max Eastley / David Toop,
Akiyama / Nakamura / Sugimoto / wastell, SME et beaucoup d’autres.
Essentiel.
|
>
MITCHELL AKIYAMA If night is a weed and day grows less
(Sub Rosa/Tripsichord/Wave/Metamkine)
|
La
venue de Mitchell Akiyama sur Sub Rosa dérive d’un processus logique,
quasi-fataliste (mais dans le sens noble du terme), forme de chronique
d’un album annoncé qui prolonge les dialectiques sonores et divers
raisonnements musicaux entamés sur Intr_Version (son label) sur
Substractif et Raster Noton (en 2002).
Des développements qui prennent leurs sources autour des thématiques
ambiantes ou d’électro-atmosphériques, sorte de maillage complexe
où des détails fugaces d’électro-acoustiques, de fractions de piano,
se trouvent contrariés par des sources environnementales lénifiées,
tempérées ou sereines.
Akiyama à l’instar d’Alejandra & Aeron ou d’Aki Onda, a cette
capacité à rendre tactile la douceur, à traduire en l’espace d’un
mouvement l’aménité intérieure des êtres et des choses, et ce, dans
la clandestinité d’utilisation de teintes et de déclinaisons chromatiques
de pastels.
Des effluves plus que des fragrances, des suggestions de sonorités
plus que des phrasés sonores. Une accalmie bienfaisante et thérapeutique.
|
>
ALEX GARRACOTCHE & STEPHAN KRIEGER
la fraiche Touche (Relax Ay Voo/relax-ayVoo@wanadoo.fr)
|
C’est
à la faveur d’une plongée dans les bacs alimentaires et les travées
de fruits généreux que réapparaît le délicieux label Relax Ay Voo.
Une nouvelle production dont les fragrances et les effluves ont
la saveur des bons petits moments de la vie. Une anti-quête de la
mal bouffe qui passe par une quête de prise directe.
Un projet extravagant (autant dans sa forme que sur le fond) où
2 musiciens (2-ex-voodoo muzak) investissent les travées du marché
de Pau, armés de capteurs pour une prise de sons directe avec le
quotidien des gens.
Ainsi à ce quotidien concret se substitue l’abstraction à laquelle
se livrent les 2 musiciens. Où l’idée de retraiter, en direct, les
ambiances des Halles de Pau, en surimposant des filtres et en réinjectant
le fruit de leur manipulation dans les halles elles-mêmes.
Et comme pour confirmer ce vieux dicton qui veut qu’il soit dangereux
de déranger un homme affamé durant son repas, ce concert performance
aura duré, comble de l’anecdote, 40 minutes montre en main soulevant
un tôlé généralisé auprès des commerçants.. Le bruit de leur voix
leur serait-il intolérable ? ! Drôle et unique, comme à l’habitude
de Relax Ay Voo !
|
>
FUNKSTORUNG Disconnected (!K7/PIAS)
|
Michal
Fakesh et Chris de Luca, fidèles camarades de route, ont choisi
l’éloignement et la distance comme biais pour régénérer et resserrer
les liens forts qui les unissent. Une mise à l’écart salutaire,
ayant donné au fil de ces 3 dernières années de beaux gestes musicaux
qu’ils soient intimes (Marion) ou extraverties (Funk Da Disco) et
qui leur aura permis de trouver un fil conducteur ténu et des sources
d’inspirations plus larges pour ce nouvel album.
Un Disconnected très éloigné de ses prédécesseurs (Appetite for
destructions/ Post Art/Additional Productions).
Avec le recul, il semble que le remix de Björk (et plus proche
la production du antenna de Jay Jay Johanson ) aura ouvert
dans l’esprit du duo une boîte de Pandore où intégrité musicale
et collaboration mainstream font un acceptable mariage. Une nouvelle
perception qui se fait jour dès les premières mesures, les premiers
échos de pulsations. L’énergie canalisée par la tempérance ;
une profusion d’effets, une équation sensible entre déflagration
urbaine et une certaine poésie mélodique. Un abécédaire enthousiaste
et lyrique composé de ballades folk, de beat box sauvage, d’électronique
des bas quartiers, de soul urbain, de hip-hop déviant. Un album
perçu comme un projet associatif, un lien d’amitié couvrant 4 années
de collaborations et de rencontres, de joie et de travail, avec
Enik (du Munich Pathos Theater), Lou Rhodes de Lamb, Sarah Jay (Mezzannine
de Massive Attack), Tes, Rob Sonic, Nils Petter Molvaer, ou encore
Mark Boombastic. Meilleur à chaque nouvelle écoute.
|
|
Les
membres d’Héliogabale ont rarement transigé, préférant les points
de vue radicaux aux petits compromis de surface. Ceci explique sans
doute leur discographie espacée.
Préférant respecter la liberté et les latitudes culturelles de chaque
membre, ils auront laissé 5 années s’écouler entre Mobil Home,
dernier album en date, et ce Diving Room.
Loin d’être inactifs, leur créativité ou leur activisme
foisonnants se seront exprimés au détour d’écarts filmographiques,
d’écrits, de graphismes, Théâtre et d’activisme musical.
Sans doute doit-on y voir le compromis nécessaire, vital pour conserver
à Héliogabale, son équilibre interne, sa précieuse stabilité.
Héliogabale est à proprement parler un groupe à la géométrie
impalpable. Le cheminement intérieur qui les mène des premières
productions ouvertement noise à The full mind is Alone the Clear
album quasi conceptuel, constitué de longues plages obscures
et mélancoliques. Suffocantes. Mobil Home, est un parfait
volte-face où les lignes claires des mélodies réchauffent le cœur.
D’aucun pourront reprocher à Héliogabale une certaine forme d’inconstance
à suivre un schéma établi ; il faut, à mon sens, davantage
y déceler une attitude courageuse de remise en question, une constante
à remettre en cause, l’existant, syndrome de Pénélope où le temps
passé à défaire n’est pas moins important que le temps constitutif
de la création.
Plus virulent que son prédécesseur ; Les quatre membres d’Héliogabale
(le canal historique) ont décidé de lourder le sampler et de revenir
à une traduction viscérale, primale de leur sensibilité musicale.
Une forme revêche de noise, abrupte, sans ornement superflu.
La présence du géant Eugène Robinson (Oxbow) au chant et de Graham
Sutton à la production donne un caractère international à l’affaire
autant que la présence de Jérôme Lorichonberg (Berg Sans Nipple)
évoque la caractère amical et humain de l’entreprise.
This
Side of Jordan est le projet sécant de Philippe Thiphaine, une
part plus intime de lui-même dévoilée au monde, rendue audible à
l’oreille.
Batî autour de la guitare, ce projet est à l’évidence plus personnel,
jouant sur des gammes de tensions et de ruptures, d’arpèges mélodiques
jusqu’alors assez peu développés sur Héliogabale.
Pour faible que soit ma connaissance dans le domaine, on discerne
une évidente promiscuité avec le jeu de Rafael Toral ou Bill Frisell,
ne serait-ce que dans cette capacité à privilégier l’émotion, la
pure échelle des sensations au détriment de la technique (si ce
n’est l’instrument).
Pas une instropection individuelle, Philippe a invité sur cet album
des amis plus que des artistes dont les timbres sont de toute évidence
complémentaires et participent de cette mixité de paysages et d’atmosphères.
Depuis la voix revêche et terrienne de Eugène aux filets fragiles
de Sasha.
Si les parties chantées sont splendides, c’est davantage les longues
phases instrumentales, perturbées de légères dislocations du rythme,
d’anfractuosités élégantes qui jalonnent notre imaginaire et le
rendent si fécond.Dans le genre, on ne m’avait pas autant ému depuis
les évocations lunaires de Fragile / Imagho.
Définitivement recommandé.
|
>
V/a FROM:/ TO: (A bruits secret + Fragment + hibari + Pricilia
Records + vert pituite)
|
Il
fallait beaucoup d’altruisme, de passion et de cohésion pour mener
jusqu'à son terme cette expérience singulière. La réunion de 5 labels
des musiques improvisées (A bruits secret + Fragment + hibari +
Pricilia Records + vert pituite ) autour d’un projet où artistes
et labels, à défaut du fer, croise leur savoir-faire sur le mode
de l’improvisation. Des musiciens et des structures qui ont toujours
su faire montre de cette volonté d’échange, de rapprochement. Prendre
la mesure de l’autre, écouter ce qu’il a à nous dire, être attentif,
mettre au placard son orgueil et simplement partager… de la philosophie
et beaucoup de sagesse, qui ne doit pas pour autant nous écarter
de l’analyse critique. De ces duos, on retiendra certainement les
conversations et dialogues intenses de ses intervenants qu’il soit
ici question des interférences stridentes de Gross/ Kawazaki, des
climats monastiques de Brisson/shin (à base de percussions et de
cymbales), de triturations quasi biologiques de Hugo Roussel/ Ezaki
ou encore les atmosphères tendues et subliminales du duo Okura/
Shanaoui … chacun trouvant un point d’ancrage et une voie d’action
au dialogue.
Un Album dont la beauté se prolonge aussi par delà la musique trouvant
des liens d'attaches avec le graphisme blanc et épuré de ces lignes
flottantes à la recherche d’une âme sœur. Exigeant, beau, complexe.
Avec Jp Gross, Utah Kawazaki ; O Brisson/ Yoichiro Shin,
hugo Roussel/ masafumi Ezaki, quentin Dubost/ yasuo Totsuka, Masahiko
Okura/ sharif Shanaoui, Taku Unami/ norman d mayer, Kazushige Kinoshita/
Fabrice Eglin.
|
>
RAUD & HOLLAND Tomorrow will be like today
(Staubgold/Chronowax)
|
Une
embarcation légère frappée des armoiries d’une pop éthérée et légère
vient d’amerrir sur les berges sablonneuses (et mouvantes) de Staubgold.
Des précédents avaient déjà par le passé eu lieu, à titre d’exemple
the Kat Cosm, qui déversait déjà dans nos oreilles le fiel doux
et amer de son quotidien.
Raud & Holland perpétue ce patrimoine au détour de 8 titres
concis et flegmatiques.
Des accords de guitares folk noyées quelque part dans l’horizon,
entre le ciel et la mer, légers et éthérés, des rythmiques flottantes,
des silences pleins, une voix désenchantée et étrangement lointaine
ou encore les Accroches Haiwaiennes d’Everybody Wants to go
et sa rythmique coincée au fond d’une cuisine, cette voix lointaine,
presque absente, tout cela contribue à nous emmener sur d’autres
rives, plus accueillante.
Un album intimiste et beau signé de la main et du timbre de Brett
Thompson, et sur lequel on retrouve la surprenante présence d’artistes
des musiques atmosphériques et expérimentales, Oren Ambarchi et
Scott Horscoft, pour ne citer qu’eux.
Une évocation indirecte des sentiments, une auréole de nonchalance
et de douce torpeur. masquée de non-dits de sons totalement recommandables.
Lignée Radar Bros-Smog avec un air pastoral en arrière-plan.
|
>
EXCAVATION SONORE 11H (OHM-AVATAR/Metamkine)
|
11h
est un florilège de onze des meilleures sessions de l’émission radio
Excavation sonore.
Une chevauchée fantastique au pays des assemblages de sons étranges,
des ondes biscornues qui hantent les esprits de nombre de musiciens
du collectif-label OHM Avatar, parmi ceux ci, on retrouve les Jazz
Basters, des pièces de Pierre Bouchard, jacky Chassé, Steeve Lebrasseur,
David Michaud, Jocelyn Robert, Eric Gagnon, Alexandre St Onge, Georges
Azzaria, Le collectif TAP Poésie, Pierre Andrée Arcand, etc.
11 heures réelles d’émission sous format MP3, mais distribuée gratuitement
qui donnent une idée précise des orientations du label, un état
des lieux de ses expérimentations autant qu’il souligne le goût
prononcé pour le support contemporain de communications (MP3, ADSL,
Radio en ligne qui anime la démarche de ses auteurs. Les curieux
et les amateurs du label apprécieront et c’est offert par OHM AVATAR.
|
>
HYPO Random Veneziano (Active Suspension/Chronowax) |
Sans
doute aurions-nous pu déceler quelque temps auparavant, en y prêtant
l’oreille, la fébrilité psychologique du jeune Anthony Keyeux.
Cet album commence par un petit laïus succinct sur le pourquoi du
précepte Random Veneziano, croisement volontaire de mixture
de musique « populaire bas de casse » traité par le biais
d’outils spécialisés à forte consonance indépendante.
Dans sa forme et sa philosophie, cet album me rappelle le Swetch
Bach de Wendy Carlos, une manière affichée de désacraliser les poncifs
et de cracher sur l’élitisme avec les moyens musicaux du bord, si
possible légers et décalés.
Le titre est à lui seul une merveilleuse invention qui comme pour
Wevie Stonder, donne envie d’en savoir davantage sur le personnage.
Hypo flirte, à la manière d’un équilibriste, fréquemment avec le
vide (ou l’outrage musical) réussissant pourtant toujours à tirer
une conclusion heureuse à ce second degré latent.
Le grand écart facial est ici de mise, forme bâtarde de plunderphonique,
de compilation V/VM à la sauce synthétique et d’amusement sérieux.
La réflexion prend ici cause et fait pour une lecture ouverte du
patrimoine musical indé, une dramaturgie amusée et rigolote, un
imbroglio de clin d’œil et de référence. À cheval, entre l’électro
cheap de VLAD et les délires rythmiques d’une clique Planet Mu/
Rephlex.
|
>
THE
LOOP ORCHESTRA Not overtly orchestral
(Quecksilber / Chronowax)
|
La
musique de ce projet australien réunit toutes les promesses contenues
en germe (en terme) dans son nom. Une orchestration de boucles,
une harmonisation de Loop, de réverbérations et de réfractions.
Ce serait mentir que de prétendre qu’on attendait cet album, troisième
production du groupe en 20 ans, faisant suite en cela à The Analogue
Years (Endless,1999) et plus loin encore Suspense
(Endless, 1990). Le groupe assez peu prolixe et/ou prolifique
n’aura ainsi commis que 3 albums en 2 décennies soit une moyenne
d’un septennat par disque, chiffre mythique pour qui souhaite briller
en politique mais avouons le, à peine assez symbolique pour formaliser
un plan de carrière.
Ce Not Overtly Orchestral aura vécu le temps de la maturation,
dirons-nous. Un album qui se compose de lancinants mouvements, d’impulsions
circonvolutives, d’atmosphères surannées, de climats insolites,
d’effets non dynamiques, de ralentis sépias, métaphore d’une fluidité
en stagnation qu’on pourrait penser liquide mais qui s’étoffe pourtant
davantage dans l’espace, et qui prend alors à témoin l’air comme
vecteur.
Des climats répétitifs, agrégats de boucles en révolution où les
sons semblent ricocher et se perdre en ondes acoustiques diffuses,
phénomènes d’échos hallucinés, quasi eidétiques, en équilibre précaire
entre méditation et réalité. Impressionnant.
|
>
CLOUDHEAD Ten (Ninja Tune/ PIAS)
|
Les
nuages n’ont semble-t’il pas tous été décimés puisqu’ils reviennent
obturer le soleil à la faveur d’un nouvel album « Ten ».
Odd Nosdam, Doseone et Why ?, trio vertigineux d’Oakland a
mis plus d’humanité, de personnalité dans cet opus que dans les
précédents réunis.
Un maillage de points de vue, d’apports respectifs et de visions
métissées. Un brassage heureux, une collusion fortunée d’influences
inespérées depuis le rock atmosphérique jusqu’aux climats dilettantes
du hip-hop sauce Anticon. Du Kraut-Hip-hop aux effluves évanescents.
Quelque chose comme Blackalicious perdu dans le brouillard.
|
|
Ce
disque est la synthèse d’un travail entamé de longue date, ayant pour
base la ré-interprétation de l’album 0.000 de l’artiste Nosei SAKATA,
qui à proprement parlé ne contient rien d’audible (à l’entendement
humain, du moins).
A la genèse, SAKATA a proposé un exercice de relecture de son œuvre,
confié à Taylor Deupree, Aube, Richard Chartier, Akira Rabelais, John
Hudak, Bernhard Günter, Steve Roden) et bien évidemment Marc Baïrams.
Marc Behrens s’était alors soumis à l’époque au jeu de l’introspection
musicale à l’occasion d’un remix donnant son point de vue sur ce travail
éminemment minimaliste.
Portée par une réflexion sur les marges extrêmes de l’audible, à savoir
les infra sons, aussi précieux à Ryoji Ikeda qu’ils sont abhorrés
par les orthophonistes, Marc Behrens a souhaité par la suite développer
ce thème est en extirper une analyse plus conséquente ici présentée.
Conçu à la façon d’un Ping Pong, un duel amical durant lequel chaque
intervenant se réapproprie le patrimoine (en perpétuelle mutation)
de l’autre, ils ont laissé une séquelle en entraîner une autre jusqu’à
la finalité du processus (et accessoirement du live, et du disque)
Du téléphone arabe aux arabesques digitales. |
>
V/A Nothing but a Funk Thang (Chronowax/V2)
|
Une
idée bien étrange de vouloir s’attarder sur un courant si médiatisé
que le Gangsta Rap, même si à quelques égards, les premières productions
du genre (d’un funk lourd lent) ont su faire montre d’un certain esprit
de synthèse de Soul d’afro-funk, d’électro – rap, de P-funk il est
vite, très vite tombé dans des travers caricaturaux qui à eux seuls
ont crée et véhiculé plus de clichés sur le rap qu’aucun autre courant
alors. Dj MEHDI, en mettant en lumière les artistes et sons originaux
qui ont assis la renommée de Death Row et approvisionné le compte
en banque de DRE ne fait que nous conforter dans cette idée. Ce type
est un sacré voleur. Toujours est-il que les titres (d’origine) sont
excellents.Avec Leon Haywood, Joe Cocker, Isaac Hayes, Bernard Wright,
Parliament, Georges Clinton, Bill Withers, Solomon Burke, etc… |
>
Jorg
PIRINGER Vökal
(Transacoustic
Research/Import)
www.transacoustic-research.com
|
Au
détour de cette 3 ème sortie, le label Transacoustic Research nous
offre l’opportunité de découvrir l’œuvre unique d’un artiste, peu
ou proue évoqué et référencé jusqu’à présent, membre à part entière
du Vegetable Orchestra (Vienne) et affilié à l’institut de Transacoustic
research.
Un pur et ultime travail de collage, exclusivement construit autour
du timbre et des phonèmes de la voix humaine, bien loin des travaux
affiliés à la cohorte de poètes sonores et autres adeptes de cut-up
vocaux « traditionnel ».
Un travail de micro-cut-up autour des syntaxes et des syllabiques
qui prennent selon les cas la forme de rythmique, de basses pondérales,
de variations ondulatoires, de microglitch, de mutations subtiles,
voire de mélodies (pour les phrases les plus longues).
Une approche unique et rarement ouïe par l’oreille humaine que seules
la technologie et la créativité humaine pouvaient faire émerger.
Un pur travail de linguistique, de distorsion et de montage numérique
de celui-ci qui œuvre au caractère surréaliste et poétique de ce travail.
La sémantique des mots est rompue, n’offrant plus au langage (quelle
langue, d’ailleurs ?!) que sa forme abstraite à se mettre sous
l’oreille !
Etonnement Jorg Piringer arrive à un rendu à la fois très organique,
presque micro-biologique et foncièrement proche des accidents de lap-top
cher aux adeptes de Mego/ Touch.
Jamais loin de la torture ou d’une forme délicieuse de supplice, mais
tellement humaine, dans le fond. La symphonie désespérée d’un homme
seul devant sa folie. |
>
KID SPATULA Meast (Planet Mu/La Baleine)
|
A
force d’être bassiné par les come-back réitératifs d’une électro-clash
molle du genou, on finissait à la longue par douter de la valeur
intrinsèque du genre et par extension de sa capacité à perdurer.
KID SPATULA vient reprendre la place sur le trône qu’il n’avait
pourtant jamais réellement quitté.
Certes, la grande part de son travail réside dans cette accumulation
de sons datés façon Ray Parker Junior (Ghostbuster), de titres tordus
du Miami Sound et de revival 80’.
Mais la particularité de son univers réside tout autant dans cette
prédisposition à agencer des atmosphères feutrées, profondes, parfois
ambiguës, comme autant de parenthèses éphémères et douces aux explorations
rythmiques.
On chemine alors de cet imbroglio d’évènements musicaux, d’accidents
sonores joyeux et franchement dansant prompts à un hédonisme rococo
et primesautier.
Un double album qui ne dormira pas sur votre étagère.
|
>
AIRPORT CITY EXPRESS
|
ACE
pourrait se fondre dans la masse de ces nombreux groupes qui ont choisi
de faire de la musique un passe-temps dilettante si ce n’est qu’on
sent chez ce groupe de la ferveur, du cœur à l’ouvrage et une bonne
dose de savoir-faire.
8 titres splendides de pop sombre, de noisy ravageuse, de petits éclairs
de lucidité mélodique dans une lignée que n’aurait pas renié les Pixies.
|
|
Le
club du chaos maitrisé et de la débauche (orchestré) laisse entrevoir
ses nouvelles vues au détour de ces 4 titres, chargé d’énergie et
de compost de rythme et de fébrilité mêlée. Le propos est ouvertement
Jazz est anticipe les écueils, en développant dès les premiers accords
des climats très personnels. Loin de la pureté, c’est davantage à
une chimère de genre que nous convie le trio. Du post-rock ondulant,
du punk pernicieux x, du jazz racé. |
|
Après
avoir suscité notre émoi au détour d’un précédent projet (Alcove),
Aurélien développe ici, en compagnie de ses 2 partenaires une nouvelle
approche. Autant Alcove paraissait intimiste, sensible et presque
replié sur lui même, autant SPF s’ouvre à l’extérieur et communique,
se fait porteur de prosélytisme. Des arrangements plus francs, construits
autour de climats pop qui tirent fréquemment vers le folk. La voix
et les textes prennent une importance, parfois trop présente, qui
enlève sans doute un peu au mystère des morceaux. Toujours est-il
qu’on se laisse délicieusement happer par ses petites symphonies de
l’existence et du quotidien. À découvrir. |
>
Jean Luc Guionnet & Eric La Casa
(Vert Pituite la belle/ Metamkine)
|
Capter
les mises en situation sonore en sollicitant la structure du lieu,
les non dits de la musique, voilà sans doute la quête du Graal de
génération de musiciens. Sans faire référence aux expériences les
plus poussées (Russolo/ Stockhausen/ Xenakis) ou spectaculaires
(O&A : The Box) dans ce domaine, voire les plus intimes
(Jocelyn Robert sur Ohm) ; la réflexion sur la réceptivité
d’un lieu, le spectre invisible de ses échos, l’expérience enfantine
(qui n’a jamais joué de son écho dans une pièce vide) contribue
à forger notre intérêt sur le projet. Conçu comme une compilation
d’expériences, d’études phoniques et musicales (avant tous des lieux),
le saxophone de Jean Luc Guionnet égraine son chapelet de notes,
composant malgré lui avec l’acoustique du lieu. La passion n’est
pas dissimulée, ni feinte dans les parois et nous pénètre de sa
liberté.
ert en en donnant quelques clefs et pistes par ailleurs (un entretien
avec les habitants) ; correspondance qu’on retrouve ici dans
le cadre de courtes rencontres avec les habitants. Les morceaux
restent intransigeants et ce projet se révèle exaltant du seul fait
de la participation de ses deux musiciens d’exception du paysage
sonore français.
A venir sur le label une collaboration qui promet des choses merveilleuses,
entre Hibari rec, Pricilia, A Bruit Secret, Fragment et Vert Pituite….Avec
près de 8 confrontations qui s’annoncent splendides.
http://membres.lycos.fr/ascendre
|
|
|
|