SOMMAIRE

ENTRETIENS


A LA LOUPE
Le label SOFTL
Le label V/VM
Le label Z & Zoé
Chroniques de Julien Jaffré
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chroniques 2002
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CHRONIQUES #15

> V/A Kraakgeluiden doc1 1999-2003- (Unsounds/Metamkine)

Illustrer/mettre en lumière les archives d’un label tel qu’Unsounds prête à sourire dans un premier temps, tant la genèse du projet est récente et dans un sens, encore en constitution, dans l’attente de figer son identité. Dans un second temps, une étude approfondie de la jaquette nous donne un sentiment plus détaillé du sens de ce document. Pour être clair, une série d’improvisations, de performances de musiciens de tous univers, généralement aux frontières des courants acoustiques et électroniques et qui ici se prête à l’expérimentation, prétexte à des rencontres éruptives et surtout au mauvais traitement de la chose électronique dans la tension, la joie et l’effervescence que procure l’improvisation. Difficile d’établir un genre, de figer une identité, tout juste une approche ou une sorte de philosophie musicale tant la diversité s’immisce au fil de ces 12 propositions. On passe de morceaux furieux, rencontre improbable de Stock Hausen and Walkmen et de The Molecules à de somptueuses plages de musiques contemplatives. Un nombre impressionnant de compositeurs fait acte de présence, se combinant pour la première fois et regroupant l’international des musiques improvisées avec une nette présence de Hollandais (Unsounds étant un label hollandais, cqfd), artistes des plus reconnus (Andy Moor, Marko Ciciliani, joe Williamson, Yoshio Machida, Jaap Blonk, Colin Mac lean , etc..) au plus à reconnaître (Dirk Bruinsma, Cor Fuehler, etc. la liste est trop longue).
Un projet passionnant et intransigeant dans le même temps qui permet, une fois n’est pas coutume, une mixion totale des genres (instruments traditionnels/électroniques) à même d’ouvrir de nouvelles voies d’explorations. Disparate mais très bon. www.unsounds.com

> DIRGE fountain ep
> ATONE un jour ep
> HARPAGES simple Visions
> DEPTH AFFECT mesquin ep
(Autre direction in music/autresdirections.net)

Autre Directions In music / Moulin à vent, qui n’avait au départ d’autres prétentions que de proposer à de jeunes musiciens débutants une plate forme pour s’exprimer, devient, dans le flot prolixe et impromptu de ces productions, un pôle charnu, consistant.
De même qu’une pièce de théâtre repose et assoit sa crédibilité sur 3 unités majeur (temps, lieu, espace) on pourrait envisager que le vraisemblance d’un label et sa réussite sont régies par un certain nombre de critères qui fondent son intégrité et ses qualités. Construit autour d’une unité esthétique, plastique, sonique.
En l’espace de 4 courts instants dérobés au temps Autres Directions In Music fige notre attention, perturbe nos points d’équilibre/ déstabilise nos certitudes ancrées. 4 constats de bon goût, d’élégance et d’une forme musicale d’intelligence. Petits constat de rigueur.

DIRGE est à la traversée des chemins d’une orchestration pour quatuor à cordes et d’un Folk paisible et oscillante La voix rêche de son interprète magnifie les climats mélancoliques des compositions. Des atmosphères qu’on n’aura de cesse de mettre en boucle, de faire tourner dans nos têtes dans un vertigo de guitare, pour épancher notre cœur de ce trop plein de tristesse. Quelque part entre Silver Mt Zion, Overhead et l’Altra. Une merveille.

ATONE, pour sa part, élabore la trame ouateuse de ses pièces au détour d’une électronica lointaine, ambiente dans ses fins. Une mise en scène abstraite, où les sons électroniques conquièrent l’espace, l’investissent de ses pulsations vivantes, fluctuantes, fébriles. Une musique qui singe les arpèges de GSYB dans une version numérisée. Moins mélodique, plus portée sur la rythmique. Ces micro sonorités si elles percutent sans doute un peu moins notre imaginaire, l’aspect naïf, spectral et enfantin les rapprochant foncièrement de Isan, l’expérience et la profondeur en moins ou plus sûrement encore d’artiste comme Takagi Masakatsu sur Karaoke Kalk. Un univers coloré de tons pastels et de sentiments doux à l’oreille. Relaxant.

HARPAGES, plus expérimental que ses co-disciples, cette exploration électro-acoustique construite d’un seul tenant semble s’appuyer sur quelques théories contemporaines sur la mouvance des corps liquides et/ou gazeux. Un nappage étagé d’atmosphères, qui se délite à l’occasion de strates, d’ambiances soufreuses. Les paysages qu’évoque la musique d’Harpages ont un caractère opaque et brumeux, syphilitique et dans le même temps gardent ce réel et puissant pouvoir d’attractions. De la musique eidétique pour personnes (extra) lucides.

DEPTH AFFECT et son mesquin ep nous plonge dans un univers onirique sombre et féerique quelque part entre les trublions de chez Musik Experience (Falcon) et des éléments ambiente road movie de mélodies sur lesquels viennent se greffer ses rythmiques -mauvais garçon- sale et contondant, sorte d’abstract-hip-hop Scott Herrienne. Un très bon travail de construction et de déconstruction, d’architectures ajourées et ciselées, moucharabieh analogique où l’ombre et la lumière se croisent dans un mouvement incessant.

> REBECCA  [two Variations]  (Charizma/ Import)

À la manière d’un mouvement perpétuel, séquence sans fin d’un morceau vécu à l’infini, le duo Kai Fagaschinski / Michael Renkel intronise ici une révolution (au sens littéral) dans l’improvisation. Et ce, en partant d’un postulat simple : la relecture systématique d’un morceau improvisé. La relecture du morceau Rebecca, justement dans la constance et l’action, déclinant en variations « instables » (ici la 5 et la 6) le titre et en s’appuyant sur le souvenir qu’ils ont (le morceau est non écrit) de la partition originale. Une bonne idée qui au demeurant met un peu à mal le concept d’improvisation et le sentiment de spontanéité qui en découle.
Des variations continuent de près de 35 minutes chacune qui paraissent s’évanouir à mesure qu’elles se créent. Une répétition déraisonnable et sans achèvement, à la manière des vacations de Bill Murray dans Une journée sans fin où l’interprétation qu’il fait d’une situation modifie par ricochet les événements . Ce qui nous amène à cette conclusion : c’est dans la répétition qu’on peut trouver l’originalité.
Une répétition sans fin qui s’est cependant fait force en se laissant enregistrer…
www.charhizma.com

> JONO EL GRANDE  Fevergreens
> SKYPHONE  Fabula  
(Rune Grammofon / ECM)

Après avoir parcouru les étendues vides des arcs polaires, égrainé l’isolationnisme, saturé l’air d’un blizzard cristallin et bruitiste, caressé les rivages insalubres d’une poésie cut-upisée, le label norvégien revient hanter nos platines de 2 nouveaux spectres.
En propos liminaire, c’est l’impact des pochettes de Kim Hiortoy, la portée minimaliste de son graphisme, presque lactescent qui dessine, sur impressionne aux compositions du  label ce caractère dépouillé, intègre, plein.
Rune Grammophon pour sa 31ème sortie a choisi non pas de rompre avec le genre (les genres) qui aura fait sa renommée mais de faire évoluer l’état d’esprit et dépoussiérer les lieux communs d’un type musical passé pour austère et réfléchi .
La particule instable du moment se nomme Jono El Grande, éminemment estimée dans son pays et déjà responsable d’un album concept autour des « danses utopiques », forme de petit traité musical Fluxien absurde sur fond de musiques progressives électroniques et acoustiques.
La folie créative de Jon Andreas Hatun, puisque c’est son nom n’est pourtant pas en voie d’accalmie et distille avec toujours plus d’énergie et de vivacité ses préceptes déséquilibrés et contre-nature à la face du vent.
S’appuyant sur le savoir-faire de 9 musiciens aguerris, il égraine avec la précision métronomique d’un chef d’orchestre, l’émotion et l’émoi dévastateur d’un harmoniste rock, une sorte du panorama des possibles, une vision drôle et déconstruite de son patrimoine..
Non sans évoquer un certain Frank Zappa (l’ouverture d’esprit total/ le goût pour la chose rock), voire certaines orchestrations de Michel Magne (fantomas) ou d'ensembles musicaux de Paquebot;  Le jeune homme nous promène dans sa vision hallucinée, burlesque et caricaturale, jazzy également, aux frontières de la Muzak (Tricatel)… une représentation éminemment cinématographique, où flûte, trompette, xylophone, glockenspiel, percussion, saxophone ténor, guitare s’entremêlent dans un vertigo ludique..  Ça devrait prêter à rire, mais l’audition de cet album se révèle plus que salutaire… Le monde onirique de Jono El Grande est une promesse de non-retour, une invitation au voyage, un compartiment à part dans la longue caravane-sérail de la musique. Dépaysant.
Si l’on peut reprocher un certain isolationnisme contrit et une forme d'ascétisme créatif aux musiciens danois, ils compensent de manière magistrale par un cosmopolitisme de sources et d’univers à tout crin, d’instincts fluides de croisements et de texturations audacieuses, de climats musicaux.

Skyphone, comme par le passé Alog et Phonophani est un avatar de cette trempe qui exprime la subtilité des mixions et des vécus musicaux de ses artistes. Un trio (Kled Dam Schmidt, Thomas Holst, Mads Bodker) de compositeurs qui par un phénomène de combinatoires savantes, de jeu d’équilibre et de recherche, enfante d’une alchimie incertaine, casuelle une dynamique organique.
Chaque rouage humain participe alors de l’équilibre général. À la charge de l’électronique, du synthé analogique, des effets et divers samples, le jeune Mads Bodker, échappé du courant jazz et qui distillent ses séquelles de rythmes oniriques à la façon d’Oval ou .Snd ; Thomas Holst, lui, insémine profondeur et gravité par la création de textures et d’atmosphères. Schmidt, enfin assure la ligne mélodique au détour de sa guitare acoustique /synthé modulaire, apportant le caractère chaleureux et fragile aux compositions.
Le supplément d’âme réside dans ces fractures de mélodie, cette instabilité chronique qui s’immisce dans le giron des compositions.
À la fois évanescente et pondérale, ludique et triste, leur musique est à la chevauchée des styles ; atmosphérique, post-rock, krautrock, musique progressive ; elle s’abreuve de ces genres, les digère et les restitue sous une nouvelle forme et dans un nouveau contexte. C’est extrêmement beau, gracieux et prometteur, à rapprocher de Boards of Canada,  et quelquefois Tarwater, Fourtet et Phonophani.

> PUYO PUYO a novel trick item (GAGARIN/import)

Projet entièrement voué à la cause électronique, ce petit 5 titres, sorti Sur le labelGagarin rec, label de Felix Kubin conserve en lui toute les saveurs qui avait fait merveille lors de son apparition à la 2 ème édition du festival IDEAL.
Une idée du rythme revendicatrice, velléitaire, processive et qui pourtant ne se départie jamais de cette douceur et cette naïveté ludique qui font le charme des productions de Gagarin.
Un maxi très intéressant.

> MEAT BEAT MANIFESTO RUOK in DUB
(Quatermass/Metamkine)

Jack Dangers, aperçu à la dernière édition du festival IDEAL dans le cadre d’une figure imposée/ libre (un exercice de de-mixed des compositions des frères Berron sur Planète interdite) revient à la faveur d’un Dub asmathique.
IN DUB se veut être l’exploration, sous un angle différent, d’un album précédemment édité (RUOK) dans lequel Dangers explore la structure et les arcanes du DUB. Un exercice de ré-interprétation intime de ses propres œuvres, une mise en abîme créative dont il faut souligner la difficulté, du fait du recul nécessaire qu’il faut prendre sur soi. Dans cette manœuvre, Dangers investit tout son savoir-faire, fruits d’années d’expérimentations sur le son, sa texture, son comportement, les modulations de sa trame. Un langage Dub  abstrait, à cheval sur la chose électronique.
L’Anglais tisse ici un maillage tendu entre la chose électronique et une complémentarité roots.
Dépassant certains traits de caractère qu’on conçoit comme acquis à la jeunesse (la ferveur, l’engouement, la spontanéité), le compositeur en substitue de nouveaux fruits de sa constance créative, de son abnégation intellectuelle et d’un certain recul sur la création musicale acquise au fil des années.
Si le climat oscille volontiers entre torpeur et névralgie, c’est pour mieux immiscer ses subtils virus mélodiques aux tréfonds des basses pondérales, agrémentés à l’occasion de vocaux DJ Spookien. Assez Réussi.

> WESCHEL GARLAND AND WORLD STANDARD the isle
(Staubgold/La Baleine)

Ayant participé avec d’autres des premiers émois du courant électronica, c’est un plaisir non dissimulé que d’avoir à nouveau à vous entretenir de Weschel Garland. Une musique, la leur qui à l’époque, s’inscrivait dans les courants les plus intimistes et sensibles du genre. Cette nouvelle contribution est une contribution avec World Standard, pseudonyme derrière lequel se cache la guitare acoustique du musicien japonais Sohishiro Suzuki.  Un jeune musicien qui apporte sa science des atmosphères (japonaises), le goût des éléments naturels à Jörg Follert (WG) trouvant matière à perturber, à la faveur de douce déflagration, les mélodies fragiles de guitares et de violons qui transite dans l’air.
Les exhalaisons douces et graciles de ce projet ont le caractère volatil du vent, il se dégage de cette contribution, une heureuse synthèse organique tel le contact de l’eau sur la peau ou quelque chose d’approchant.. Une onde gracile qui m’évoque instinctivement les remixes de Kings of convenience parus sur Source par Riton,, notamment, voire des travaux de Rune Grammophon ou des essais pastoraux électroniques sur Morr  avec une dose d’intimité plus marquée. Très Beau.

> BRAILLE  Partir
(Angstrom/www.angstrom-records.net)

Ouvrage cinématique à l’attention des non-voyants, BRAILLE est une exploration intense du spectre sonore, qui oblige l’auditeur à désavouer son œil, à clore les paupières à de multiples reprises, laissant l’esprit vagabonder au milieu des bribes d’informations et des possibles.
Un voyage onirique, au pays du petit marteau, de l’étrier et de l’enclume avec comme décors de fond l’obscurité de nos paupières. Un ton léger pour l’abstraction la plus formelle, le folk contemplatif, l’expérimentation électronique la plus sensitive, qui à l’instar de Motenai / Tetsuo, nous entraîne dans un voyage onirique et initiatique.
L’intelligence du projet, construit autour de la fébrile ossature de petits sons cristallins et fragiles/cassables, réside dans l’adjonction d’un éventail d’intervenants et d’instruments depuis la voix d’Alice Imbert au saxophone de Shabaka, à la batterie et l’orgue de Tellemake jusqu’aux platines de dr Ivg_stn. On pense alors à  Colleen, Oval, christian Fennesz ou encore à Tujiko Noriko, dés lors que la voix s’immisce.. et plus généralement à une gamme non close de sensations nouvelles et immaculées.
On laisse notre épiderme parcourir le grain texturé de ces compositions, les renflements et les creux de ces combinaisons musicales discrètes, instantané de silence et de fragilité qui semble faire un doigt à l’éternité. Beau et faillible comme le mal du pays.

> HAMLET Robert le magnifique-Tepr-My dog is gay
(Idwet/L’unijambiste/La baleine)

S’il est un exercice des moins évidents, c’est bien celui d’appliquer une trame nouvelle à des fondations existantes, de surcroît aussi chargé d’histoire que peuvent l’être les parutions de Shakespeare. Une difficulté à double tranchant, à considérer la parfaite maîtrise et la juste beauté des textes du dramaturge, mais également la foisonnante prolixité d’interprétation qui se sont faite jour à son sujet.
Cette commande est le fait du thêatre National de Rennes, qui a eu recours à 3 musiciens du cru, tous issu d’Idwet, label Rennais.
Derrière Hamlet, se cache en réalité Robert le Magnifique, Tepr  et My dog is gay (respectivement Tanguy Destable et lionel Pierresd’Abtract Keal Agram). 
Ami de cœur et de scène, ils se prêtent ici à un album conceptuel, par la force des choses. Une inclinaison et une relecture volontairement urbaine et contemporaine parcourent cet album, où les héros se tiennent en lieu et place d’une cité.
Des thèmes universels qui trouvent ici une résonnance particulière, et pourtant actuelle, où des speechs rapés se superposent aux rythmiques d’abstract hip-hop et où de légères ritournelles viennent environner nos oreilles et hanter les partitions.
Si ce n’est quelques légers détails, ce recueil de morceaux fait montre d’un puissant talent de création d’ambience et d’atmosphère, jamais démenti d’ailleurs jusqu’à présent par les travaux précédents de ses brillants musiciens. Très bon.
www.idwet.com

> O.Lamm & Sutekh six residua (Active Suspension/Chronowax)

Olivier Lamm est sans nul doute l’électron le plus libre et le plus actif, exception faite de son alter ego Hypo dans la sphère méandrique d’artistes tissées par le consortium Active Suspension-Clapping music.
Libre car en mesure de surprendre son auditoire à chaque détour d’albums ou de maxi, au fil de collaborations et de remixes aussi habilement menés que singulier et surprenant qu’il soit ici question de Steve Roden, Alejandra & Aeron, ou Sutekh dans la cas présent. Une manière à la fois instinctive et réfléchie d’envisager son activisme musical.
Actif, dans un second temps comme aucune autre particule en suspension, où une manière élégante de faire entendre à ceux qui voudraient prendre pied dans la musique, que la réussite est aussi une histoire d’obstination, de travail intensif et de rigueur, le tout généralement gouverné par la passion d’entreprendre.
Cette collaboration avec Sutekh (Seth Horvitz) est le fruit d’une correspondance électronique nourrie et d’échanges de points de vue qui ont abouti à la superposition de strates de remixes, d’accumulation de couches sonores et d’amoncellements d’idées donnant forme à ce cadavre exquis musical, au demeurant très cohérent, divisé en 2 plages longues d’une quinzaine de minutes chacune (dont les matrices de samples figurent sur des albums sortis sur Orhlorng Musork (Orthlong Musik ? et Active Suspension).
On traverse une foule d’univers qui embrasse, de manière définitive le spectre large des goûts des 2 intervenants, depuis l’illbient grégaire et dansante au glitch et perturbations les plus micro maladive pour finir dans un Maelström d’électro pugnace et ludique. C’est très instructif, quelque chose comme une synthèse musicale des courants indépendants de ces 5 dernières années et surtout très stimulant et jouissif.

> V/A HAUNTED WEATHER (compiled by David Toop)
music, silence and memory (Staubgold / La Baleine)

Quand il ne dresse pas, au détour d’une série de livres (Ocean of Sound) la cartographie mouvante et sonore de l’histoire musicale contemporaine, et ce avec une approche si subtile, si intransigeante et si fertile intellectuellement qu’il place son œuvre quelques onces au-dessus de l’asphalte des pourtant brillants traités du genre, David Toop, joint alors le geste à la parole, l’acte à l’écrit et propose (sans doute sous l’impulsion de Staubgold) un pendant sonore à ses explorations intellectuelles.
« Haunted Weather » dans cet ordre d’idée est un prolongement, le continuum musical du discours « théorique » défendu dans l’ouvrage du même nom, récemment sorti outre-Manche et pas encore pour l’heure traduit de l’anglais. (Haunted WeatherSerpent’s tail edition).
Un livre qui, s’il tisse comme son prédécesseur Ocean of Sound la métaphore avec le domaine des mouvances fluides s’attache ici à développer une réflexion plus ténue sur le jeu d’abîme et de miroir existant entre réalité virtuelle des sons (Lap Top, sampling), abstractions réelles des instruments « traditionnels » et le jeu de conflits, d’ambiguïtés, de points d’ancrage (le silence, notamment), de fractures qui découlent de ces 2 Modes d’expressions musicales.
Une réflexion intime autour de l’usage des musiques électroniques, de leur diffusion, de leur existence propre comme lien avec l’abstraction ou comme vecteur d’imitation de la réalité qui rejoint l’aphorisme de Wilde ou on ne sait jamais réellement si c’est l’art qui imite la vie ou l’inverse.
Un thésaurus musical qui s’étire sur 2 cds et qui dresse une planimétrie en 3 dimensions des intervenants majeurs de ces 2 dernières décennies. Les ruptures électroniques, les disjonctions syntaxiques du rythme ont ici la part belle (Marclay / Oval 8 / Autechre / Matmos) même si on leur devine un goût certain pour la confidentialité. Une thématique forte ici explorée est celle des micro-tonalités et de l’esthétisme minimaliste.
Loin du fracas des vogues ou de l'engouement médiatique, cette compilation se veut une planche de salut dans la compréhension  de ces musiques, dont l’analyse historique manque encore de recul pour en saisir toute la vigueur et l’intelligibilité.
Avec, par ordre d’apparition et pour faire élégance au Name Dropping : Christian Marclay, Oval 8, Matmos, terre Thaemlitz, Janet Cardiff, Peter Cusak, Yuko Nexus6, Sarah Peebles, Haco, Otomo Yoshihide/sachikoM/ Gunter Muller, alvin Lucier, Evan Parker, Max Eastley / David Toop, Akiyama / Nakamura / Sugimoto / wastell, SME et beaucoup d’autres.
Essentiel.

> MITCHELL AKIYAMA If night is a weed and day grows less
(Sub Rosa/Tripsichord/Wave/Metamkine)

La venue de Mitchell Akiyama sur Sub Rosa dérive d’un processus logique, quasi-fataliste (mais dans le sens noble du terme), forme de chronique d’un album annoncé qui prolonge les dialectiques sonores et divers raisonnements musicaux entamés sur Intr_Version (son label) sur Substractif et Raster Noton (en 2002).
Des développements qui prennent leurs sources autour des thématiques ambiantes ou d’électro-atmosphériques, sorte de maillage complexe où des détails fugaces d’électro-acoustiques, de fractions de piano, se trouvent contrariés par des sources environnementales lénifiées, tempérées ou sereines.
Akiyama à l’instar d’Alejandra & Aeron ou d’Aki Onda, a cette capacité à rendre tactile la douceur, à traduire en l’espace d’un mouvement l’aménité intérieure des êtres et des choses, et ce, dans la clandestinité d’utilisation de teintes et de déclinaisons chromatiques de pastels.
Des effluves plus que des fragrances, des suggestions de sonorités plus que des phrasés sonores. Une accalmie bienfaisante et thérapeutique.

> ALEX GARRACOTCHE & STEPHAN KRIEGER 
la fraiche Touche
(Relax Ay Voo/relax-ayVoo@wanadoo.fr)

C’est à la faveur d’une plongée dans les bacs alimentaires et les travées de fruits généreux que réapparaît le délicieux label Relax Ay Voo. Une nouvelle production dont les fragrances et les effluves ont la saveur des bons petits moments de la vie. Une anti-quête de la mal bouffe qui passe par une quête de prise directe.
Un projet extravagant (autant dans sa forme que sur le fond) où 2 musiciens (2-ex-voodoo muzak) investissent les travées du marché de Pau, armés de capteurs pour une prise de sons directe avec le quotidien des gens.
Ainsi à ce quotidien concret se substitue l’abstraction à laquelle se livrent les 2 musiciens. Où l’idée de retraiter, en direct, les ambiances des Halles de Pau, en surimposant des filtres et en réinjectant le fruit de leur manipulation dans les halles elles-mêmes.
Et comme pour confirmer ce vieux dicton qui veut qu’il soit dangereux de déranger un homme affamé durant son repas, ce concert performance aura duré, comble de l’anecdote, 40 minutes montre en main soulevant un tôlé généralisé auprès des commerçants.. Le bruit de leur voix leur serait-il intolérable ? ! Drôle et unique, comme à l’habitude de Relax Ay Voo !

> FUNKSTORUNG  Disconnected (!K7/PIAS)

Michal Fakesh et Chris de Luca, fidèles camarades de route, ont choisi l’éloignement et la distance comme biais pour régénérer et resserrer les liens forts qui les unissent. Une mise à l’écart salutaire, ayant donné au fil de ces 3 dernières années de beaux gestes musicaux qu’ils soient intimes (Marion) ou extraverties (Funk Da Disco) et qui leur aura permis de trouver un fil conducteur ténu et des sources d’inspirations plus larges pour ce nouvel album.
Un Disconnected très éloigné de ses prédécesseurs (Appetite for destructions/ Post Art/Additional Productions).
Avec le recul, il semble que le remix de Björk (et plus proche la production du antenna de Jay Jay Johanson ) aura ouvert dans l’esprit du duo une boîte de Pandore où intégrité musicale et collaboration mainstream font un acceptable mariage. Une nouvelle perception qui se fait jour dès les premières mesures, les premiers échos de pulsations. L’énergie canalisée par la tempérance ; une profusion d’effets, une équation sensible entre déflagration urbaine et une certaine poésie mélodique. Un abécédaire enthousiaste et lyrique composé de ballades folk, de beat box sauvage, d’électronique des bas quartiers, de soul urbain, de hip-hop déviant. Un album perçu comme un projet associatif, un lien d’amitié couvrant 4 années de collaborations et de rencontres, de joie et de travail, avec Enik (du Munich Pathos Theater), Lou Rhodes de Lamb, Sarah Jay (Mezzannine de Massive Attack), Tes, Rob Sonic, Nils Petter Molvaer, ou encore Mark Boombastic. Meilleur à chaque nouvelle écoute.

> HELIOGABALE diving room
THE SIDE OF JORDAN Set the record Straight 
(heliogabale.free.fr / philippethiphaine@hotmail.com)

Les membres d’Héliogabale ont rarement transigé, préférant les points de vue radicaux aux petits compromis de surface. Ceci explique sans doute leur discographie espacée.
Préférant respecter la liberté et les latitudes culturelles de chaque membre, ils auront laissé 5 années s’écouler entre Mobil Home, dernier album en date, et ce Diving Room.
Loin d’être inactifs, leur créativité ou leur activisme foisonnants se seront exprimés au détour d’écarts filmographiques, d’écrits, de graphismes, Théâtre et d’activisme musical.
Sans doute doit-on y voir le compromis nécessaire, vital pour conserver à Héliogabale, son équilibre interne, sa précieuse stabilité.
Héliogabale est à proprement parler un groupe à la géométrie impalpable. Le cheminement intérieur qui les mène des premières productions ouvertement noise à The full mind is Alone the Clear album quasi conceptuel, constitué de longues plages obscures et mélancoliques. Suffocantes. Mobil Home, est un parfait volte-face où les lignes claires des mélodies réchauffent le cœur.
D’aucun pourront reprocher à Héliogabale une certaine forme d’inconstance à suivre un schéma établi ;  il faut, à mon sens, davantage y déceler une attitude courageuse de remise en question, une constante à remettre en cause, l’existant, syndrome de Pénélope où le temps passé à défaire n’est pas moins important que le temps constitutif de la création.
Plus virulent que son prédécesseur ; Les quatre membres d’Héliogabale (le canal historique) ont décidé de lourder le sampler et de revenir à une traduction viscérale, primale de leur sensibilité musicale. Une forme revêche de noise, abrupte, sans ornement superflu.
La présence du géant Eugène Robinson (Oxbow) au chant et de Graham Sutton à la production donne un caractère international à l’affaire autant que la présence de Jérôme Lorichonberg (Berg Sans Nipple) évoque la caractère amical et humain de l’entreprise.

This Side of Jordan est le projet sécant de Philippe Thiphaine, une part plus intime de lui-même dévoilée au monde, rendue audible à l’oreille.
Batî autour de la guitare, ce projet est à l’évidence plus personnel, jouant sur des gammes de tensions et de ruptures, d’arpèges mélodiques jusqu’alors assez peu développés sur Héliogabale.
Pour faible que soit ma connaissance dans le domaine, on discerne une évidente promiscuité avec le jeu de Rafael Toral ou Bill Frisell, ne serait-ce que dans cette capacité à privilégier l’émotion, la pure échelle des sensations au détriment de la technique (si ce n’est l’instrument).
Pas une instropection individuelle, Philippe a invité sur cet album des amis plus que des artistes dont les timbres sont de toute évidence complémentaires et participent de cette mixité de paysages et d’atmosphères. Depuis la voix revêche et terrienne de Eugène aux filets fragiles de Sasha.
Si les parties chantées sont splendides, c’est davantage les longues phases instrumentales, perturbées de légères dislocations du rythme, d’anfractuosités élégantes qui jalonnent notre imaginaire et le rendent si fécond.Dans le genre, on ne m’avait pas autant ému depuis les évocations lunaires de Fragile / Imagho.
Définitivement recommandé.

> V/a   FROM:/ TO: (A bruits secret + Fragment + hibari + Pricilia Records + vert pituite)

Il fallait beaucoup d’altruisme, de passion et de cohésion pour mener jusqu'à son terme cette expérience singulière. La réunion de 5 labels des musiques improvisées (A bruits secret + Fragment + hibari + Pricilia Records + vert pituite ) autour d’un projet où artistes et labels, à défaut du fer, croise leur savoir-faire sur le mode de l’improvisation. Des musiciens et des structures qui ont toujours su faire montre de cette volonté d’échange, de rapprochement. Prendre la mesure de l’autre, écouter ce qu’il a à nous dire, être attentif, mettre au placard son orgueil et simplement partager… de la philosophie et beaucoup de sagesse, qui ne doit pas pour autant nous écarter de l’analyse critique. De ces duos, on retiendra certainement les conversations et dialogues intenses de ses intervenants qu’il soit ici question des interférences stridentes de Gross/ Kawazaki,  des climats monastiques de Brisson/shin (à base de percussions et de cymbales), de triturations quasi biologiques de Hugo Roussel/ Ezaki ou encore les atmosphères tendues et subliminales du duo Okura/ Shanaoui … chacun trouvant un point d’ancrage et une voie d’action au dialogue.
Un Album dont la beauté se prolonge aussi par delà la musique trouvant des liens d'attaches avec le graphisme blanc et épuré de ces lignes flottantes à la recherche d’une âme sœur. Exigeant, beau, complexe.
Avec Jp Gross, Utah Kawazaki ; O Brisson/ Yoichiro Shin, hugo Roussel/ masafumi Ezaki, quentin Dubost/ yasuo Totsuka, Masahiko Okura/ sharif Shanaoui, Taku Unami/ norman d mayer, Kazushige Kinoshita/ Fabrice Eglin.

> RAUD & HOLLAND Tomorrow will be like today
(Staubgold/Chronowax)

Une embarcation légère frappée des armoiries d’une pop éthérée et légère vient d’amerrir sur les berges sablonneuses (et mouvantes) de Staubgold. Des précédents avaient déjà par le passé eu lieu, à titre d’exemple the Kat Cosm, qui déversait déjà dans nos oreilles le fiel doux et amer de son quotidien.
Raud & Holland perpétue ce patrimoine au détour de 8 titres concis et flegmatiques.
Des accords de guitares folk noyées quelque part dans l’horizon, entre le ciel et la mer, légers et éthérés, des rythmiques flottantes, des silences pleins, une voix désenchantée et étrangement lointaine ou encore les Accroches Haiwaiennes d’Everybody Wants to go  et sa rythmique coincée au fond d’une cuisine, cette voix lointaine, presque absente, tout cela contribue à nous emmener sur d’autres rives, plus accueillante.
Un album intimiste et beau signé de la main et du timbre de Brett Thompson, et sur lequel on retrouve la surprenante présence d’artistes des musiques atmosphériques et expérimentales, Oren Ambarchi et Scott Horscoft, pour ne citer qu’eux.
Une évocation indirecte des sentiments, une auréole de nonchalance et de douce torpeur. masquée de non-dits de sons totalement recommandables. Lignée Radar Bros-Smog avec un air pastoral en arrière-plan.

> EXCAVATION SONORE  11H  (OHM-AVATAR/Metamkine)

11h est un florilège de onze des meilleures sessions de l’émission radio Excavation sonore.
Une chevauchée fantastique au pays des assemblages de sons étranges, des ondes biscornues qui hantent les esprits de nombre de musiciens du collectif-label OHM Avatar, parmi ceux ci, on retrouve les Jazz Basters, des pièces de Pierre Bouchard, jacky Chassé, Steeve Lebrasseur, David Michaud, Jocelyn Robert, Eric Gagnon, Alexandre St Onge, Georges Azzaria, Le collectif TAP Poésie, Pierre Andrée Arcand, etc.
11 heures réelles d’émission sous format MP3, mais distribuée gratuitement qui donnent une idée précise des orientations du label, un état des lieux de ses expérimentations autant qu’il souligne le goût prononcé pour le support contemporain de communications (MP3, ADSL, Radio en ligne qui anime la démarche de ses auteurs. Les curieux et les amateurs du label apprécieront et c’est offert par OHM AVATAR.

> HYPO Random Veneziano (Active Suspension/Chronowax)

Sans doute aurions-nous pu déceler quelque temps auparavant, en y prêtant l’oreille, la fébrilité psychologique du jeune Anthony Keyeux.
Cet album commence par un petit laïus succinct sur le pourquoi du précepte Random Veneziano, croisement volontaire de mixture de musique « populaire bas de casse » traité par le biais d’outils spécialisés à forte consonance indépendante.
Dans sa forme et sa philosophie, cet album me rappelle le Swetch Bach de Wendy Carlos, une manière affichée de désacraliser les poncifs et de cracher sur l’élitisme avec les moyens musicaux du bord, si possible légers et décalés.
Le titre est à lui seul une merveilleuse invention qui comme pour Wevie Stonder, donne envie d’en savoir davantage sur le personnage.
Hypo flirte, à la manière d’un équilibriste, fréquemment avec le vide (ou l’outrage musical) réussissant pourtant toujours à tirer une conclusion heureuse à ce second degré latent.
Le grand écart facial est ici de mise, forme bâtarde de plunderphonique, de compilation V/VM à la sauce synthétique et d’amusement sérieux.
La réflexion prend ici cause et fait pour une lecture ouverte du patrimoine musical indé, une dramaturgie amusée et rigolote, un imbroglio de clin d’œil et de référence. À cheval, entre l’électro cheap de VLAD et les délires rythmiques d’une clique Planet Mu/ Rephlex.

> THE LOOP ORCHESTRA  Not overtly orchestral 
(Quecksilber / Chronowax)

La musique de ce projet australien réunit toutes les promesses contenues en germe (en terme) dans son nom. Une orchestration de boucles, une harmonisation de Loop, de réverbérations et de réfractions.
Ce serait mentir que de prétendre qu’on attendait cet album, troisième production du groupe en 20 ans, faisant suite en cela à The Analogue Years  (Endless,1999) et  plus loin encore Suspense (Endless, 1990). Le groupe assez peu prolixe et/ou prolifique n’aura ainsi commis que 3 albums en 2 décennies soit une moyenne d’un septennat par disque, chiffre mythique pour qui souhaite briller en politique mais avouons le, à peine assez symbolique pour formaliser un plan de carrière.
Ce Not Overtly Orchestral aura vécu le temps de la maturation, dirons-nous. Un album qui se compose de lancinants mouvements, d’impulsions circonvolutives, d’atmosphères surannées, de climats insolites, d’effets non dynamiques, de ralentis sépias, métaphore d’une fluidité en stagnation qu’on pourrait penser liquide mais qui s’étoffe pourtant davantage dans l’espace, et qui prend alors à témoin l’air comme vecteur.
Des climats répétitifs, agrégats de boucles en révolution où les sons semblent ricocher et se perdre en ondes acoustiques diffuses, phénomènes d’échos hallucinés, quasi eidétiques, en équilibre précaire entre méditation et réalité. Impressionnant.

> CLOUDHEAD Ten  (Ninja Tune/ PIAS)

Les nuages n’ont semble-t’il pas tous été décimés puisqu’ils reviennent obturer le soleil à la faveur d’un nouvel album « Ten ».
Odd Nosdam, Doseone et Why ?, trio vertigineux d’Oakland a mis plus d’humanité, de personnalité dans cet opus que dans les précédents réunis.
Un maillage de points de vue, d’apports respectifs et de visions métissées. Un brassage heureux, une collusion fortunée d’influences inespérées depuis le rock atmosphérique jusqu’aux climats dilettantes du hip-hop sauce Anticon. Du Kraut-Hip-hop aux effluves évanescents. Quelque chose comme Blackalicious perdu dans le brouillard.

> PAULO RAPOSO & MARS BEHRENS 
Further Consequences of Reinterpretation

(Cronica 008-2004/ Import/ www.cronicaelectronica.org)

Ce disque est la synthèse d’un travail entamé de longue date, ayant pour base la ré-interprétation de l’album 0.000 de l’artiste Nosei SAKATA, qui à proprement parlé ne contient rien d’audible (à l’entendement humain, du moins).
A la genèse, SAKATA a proposé un exercice de relecture de son œuvre, confié à Taylor Deupree, Aube, Richard Chartier, Akira Rabelais, John Hudak, Bernhard Günter, Steve Roden) et bien évidemment Marc Baïrams.
Marc Behrens s’était alors soumis à l’époque au jeu de l’introspection musicale à l’occasion d’un remix donnant son point de vue sur ce travail éminemment minimaliste.
Portée par une réflexion sur les marges extrêmes de l’audible, à savoir les infra sons, aussi précieux à Ryoji Ikeda qu’ils sont abhorrés par les orthophonistes, Marc Behrens a souhaité par la suite développer ce thème est en extirper une analyse plus conséquente ici présentée.
Conçu à la façon d’un Ping Pong, un duel amical durant lequel chaque intervenant se réapproprie le patrimoine (en perpétuelle mutation) de l’autre, ils ont laissé une séquelle en entraîner une autre jusqu’à la finalité du processus (et accessoirement du live, et du disque) Du téléphone arabe aux arabesques digitales.

> V/A Nothing but a Funk Thang (Chronowax/V2)

Une idée bien étrange de vouloir s’attarder sur un courant si médiatisé que le Gangsta Rap, même si à quelques égards, les premières productions du genre (d’un funk lourd lent) ont su faire montre d’un certain esprit de synthèse de Soul d’afro-funk, d’électro – rap, de P-funk il est vite, très vite tombé dans des travers caricaturaux qui à eux seuls ont crée et véhiculé plus de clichés sur le rap qu’aucun autre courant alors.  Dj MEHDI, en mettant en lumière les artistes et sons originaux qui ont assis la renommée de Death Row et approvisionné le compte en banque de DRE ne fait que nous conforter dans cette idée. Ce type est un sacré voleur. Toujours est-il que les titres (d’origine) sont excellents.Avec Leon Haywood, Joe Cocker, Isaac Hayes, Bernard Wright, Parliament, Georges Clinton, Bill Withers, Solomon Burke, etc…

> Jorg PIRINGER Vökal 
(Transacoustic Research/Import)
www.transacoustic-research.com

Au détour de cette 3 ème sortie, le label Transacoustic Research nous offre l’opportunité de découvrir l’œuvre unique d’un artiste, peu ou proue évoqué et référencé jusqu’à présent, membre à part entière du Vegetable Orchestra (Vienne) et affilié à l’institut de Transacoustic research.
Un pur et ultime travail de collage, exclusivement construit autour du timbre et des phonèmes de la voix humaine, bien loin des travaux affiliés à la cohorte de poètes sonores et autres adeptes de cut-up vocaux « traditionnel ».
Un travail de micro-cut-up autour des syntaxes et des syllabiques qui prennent selon les cas la forme de rythmique, de basses pondérales, de variations ondulatoires, de microglitch, de mutations subtiles, voire de mélodies (pour les phrases les plus longues).
Une approche unique et rarement ouïe par l’oreille humaine que seules la technologie et la créativité humaine pouvaient faire émerger.
Un pur travail de linguistique, de distorsion et de montage numérique de celui-ci qui œuvre au caractère surréaliste et poétique de ce travail. La sémantique des mots est rompue, n’offrant plus au langage (quelle langue, d’ailleurs ?!) que sa forme abstraite à se mettre sous l’oreille !
Etonnement Jorg Piringer arrive à un rendu à la fois très organique, presque micro-biologique et foncièrement proche des accidents de lap-top cher aux adeptes de Mego/ Touch.
Jamais loin de la torture ou d’une forme délicieuse de supplice, mais tellement humaine, dans le fond. La symphonie désespérée d’un homme seul devant sa folie.

> KID SPATULA  Meast (Planet Mu/La Baleine)

A force d’être bassiné par les come-back réitératifs d’une électro-clash molle du genou, on finissait à la longue par douter de la valeur intrinsèque du genre et par extension de sa capacité à perdurer. KID SPATULA vient reprendre la place sur le trône qu’il n’avait pourtant jamais réellement quitté.
Certes, la grande part de son travail réside dans cette accumulation de sons datés façon Ray Parker Junior (Ghostbuster), de titres tordus du Miami Sound et de revival 80’.
Mais la particularité de son univers réside tout autant dans cette prédisposition à agencer des atmosphères feutrées, profondes, parfois ambiguës, comme autant de parenthèses éphémères et douces aux explorations rythmiques.
On chemine alors de cet imbroglio d’évènements musicaux, d’accidents sonores joyeux et franchement dansant prompts à un hédonisme rococo et primesautier.
Un double album qui ne dormira pas sur votre étagère.

> AIRPORT CITY EXPRESS

ACE pourrait se fondre dans la masse de ces nombreux groupes qui ont choisi de faire de la musique un passe-temps dilettante si ce n’est qu’on sent chez ce groupe de la ferveur, du cœur à l’ouvrage et une bonne dose de savoir-faire.
8 titres splendides de pop sombre, de noisy ravageuse, de petits éclairs de lucidité mélodique dans une lignée que n’aurait pas renié les Pixies.

> EPSYLUN ZYGMA CLUB
Royal Rumble wrestling Jazz federation
 !
(Auto/epsiclub@hotmail.com)

Le club du chaos maitrisé et de la débauche (orchestré) laisse entrevoir ses nouvelles vues au détour de ces 4 titres, chargé d’énergie et de compost de rythme et de fébrilité mêlée. Le propos est ouvertement Jazz est anticipe les écueils, en développant dès les premiers accords des climats très personnels. Loin de la pureté, c’est davantage à une chimère de genre que nous convie le trio. Du post-rock ondulant, du punk pernicieux x, du jazz racé.

> SUGAR PLUM FAIRY matanuska
(Auto/sugar-plum-fairy@voilà.fr)

Après avoir suscité notre émoi au détour d’un précédent projet (Alcove), Aurélien développe ici, en compagnie de ses 2 partenaires une nouvelle approche. Autant Alcove paraissait intimiste, sensible et presque replié sur lui même, autant SPF s’ouvre à l’extérieur et communique, se fait porteur de prosélytisme. Des arrangements plus francs, construits autour de climats pop qui tirent fréquemment vers le folk. La voix et les textes prennent une importance, parfois trop présente, qui enlève sans doute un peu au mystère des morceaux. Toujours est-il qu’on se laisse délicieusement happer par ses petites symphonies de l’existence et du quotidien. À découvrir.

> Jean Luc Guionnet & Eric La Casa
(Vert Pituite la belle/ Metamkine)

Capter les mises en situation sonore en sollicitant la structure du lieu, les non dits de la musique, voilà sans doute la quête du Graal de génération de musiciens. Sans faire référence aux expériences les plus poussées (Russolo/ Stockhausen/ Xenakis) ou spectaculaires (O&A : The Box) dans ce domaine, voire les plus intimes (Jocelyn Robert sur Ohm) ; la réflexion sur la réceptivité d’un lieu, le spectre invisible de ses échos, l’expérience enfantine (qui n’a jamais joué de son écho dans une pièce vide) contribue à forger notre intérêt sur le projet. Conçu comme une compilation d’expériences, d’études phoniques et musicales (avant tous des lieux), le saxophone de Jean Luc Guionnet égraine son chapelet de notes, composant malgré lui avec l’acoustique du lieu. La passion n’est pas dissimulée, ni feinte dans les parois et nous pénètre de sa liberté.
ert en en donnant quelques clefs et pistes par ailleurs (un entretien avec les habitants) ;  correspondance qu’on retrouve ici dans le cadre de courtes rencontres avec les habitants. Les morceaux restent intransigeants et ce projet se révèle exaltant du seul fait de la participation de ses deux musiciens d’exception du paysage sonore français.
A venir sur le label une collaboration qui promet des choses merveilleuses, entre Hibari rec, Pricilia, A Bruit Secret, Fragment et Vert Pituite….Avec près de 8 confrontations qui s’annoncent splendides.
http://membres.lycos.fr/ascendre

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