chroniques
2001 |
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JadeWeb
chroniques #7
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Chroniques
2002
jadeweb#6
SAVOY . MOTION . ALEJANDRA ET AERON . OLAF HUND . OCTET . DJ LUL . CRAY
. GISCARD LE SURVIVANT . SOL/t.einfeldt . BETH HIRSCH . LYS . BLUE BABOON
. SAYAG JAZZ MACHINE . TAAPET . MARINA ROSENFELD . AAMUS TIETCHENS /
DAVID LEE MYERS . ANDREAS BERTHLING . V.A. Unattainable Texts, A
Precis . LAMBENT / DUODECIMO . LE CUBE . DIGITALE LIVE RADIO SESSION
. 90° SOUTH . ULF LOHMANN . PYLONE . TOMMY GUERRERO . ANTI-POP CONSORTIUM
. CYLOB . ESSA . DIAGONALE STABLE . OSAKA THREE ORCHESTRA . Petite
musique de Chambre V/A . RUBIN STEINER . HUGO ROUSSEL Jr / NORMAN
D. MAYER . LIQUID SPHÈRE . PARTICUL SYSTEM . JONATHAN COE . SYMPHONY
. CONSOLE .
jadeweb#5
YVES DAOUST . AKI ONDA . BLACK FICTION . FRANSISCO LOPEZ / JOE COLLEY
. COMAE . OH ! HENRY . TLONE . BATHYSCAPHE . YELLOW 6 . ANGIL . MELATONINE
. ACTIVE SUSPENSION V/a . SISDEL ENDRESEN . V/vm . LOUISE VERTIGO .
CARTOUCHE . FRAGILE / IMAGHO . VELO . MONOGRAM . ULTRA RED . MASSIMO
. ANDRE POPP . MONEY MARK . BOVINE LIFE . A.F.R.I. STUDIO . SI-CUT.db
. BIP-HOP Vol.4 . DON NINO . BEULAH . AEROSPACE SOUNDWISE . BERTRAND
BURGALAT MEETS A.S. DRAGON . PULP FUSION . ALC LEVORA / SCHnEIDER TM
. TOM SWEETLOVE . EASTERN CONFERENCE . KEEP PUNCHING .
LES
ENTRETIENS
.
MATHIEU MALON .
ARBOUSE REC . ACTIVE SUSPENSION
. OSAKA .
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ULTRA
RED / ANNA PLANETA
split12’
(Fat Cat [site]
/ PIAS)
L’imminence
d’un nouveau split Fat Cat est toujours l’occasion de joie étouffée
et de festivité intérieure. Avec le Printemps nous arrive
donc, ce split mêlant deux formations originales. Ultra Red,
tout d’abord, activistes Californiens, fers de lance de l’anti-mondialisation
qui font un retour à l’électro groovy, par la grande porte,
laissant pour un temps les travaux développés dans leur
précédent opus (extensions musicales à caractères
sociaux et politiques). La base de cette exploration tient pour source
la manifestation donnée à Washington en avril 2000 contre
le Fonds Monétaire International. Ces sources multiples (harangue
des manifestants, grondements des forces de l’ordre, voix étouffée
des haut-parleurs) dessinent un climat tendu sur lequel Ultra Red incorpore
une rythmique de dancefloor groovy rappelant les fonds musicaux de DJ
Assault ou Gonzales. Là où Ultra Red force le respect, c’est
qu’il n’envisage jamais son "Sound field recording" sans la présence
de l’homme. L’homme comme élément central de la réflexion.
Dans une opposition parfaite, Anna Planeta utilise la nudité
silencieuse d’une ancienne paroisse catholique, comme unique caisse de
résonance d’un concert électroacoustique, sans adjoindre
aucun effet ni additif si ce n’est le léger bourdonnement de la
batterie du DAT et les échos lointains de bruits qui environnent
le bâtiment. Autrement plus introspectif, ce lieu délaissé,
à l’abandon, laisse entrevoir par échos, des bribes de conversations,
des souffles de prières, des scintillements de cymbales... une
charge poétique et symbolique forte nous étreint, rappelant
en cela les incursions électroacoustiques d’Olivier Messiaen et
plus sûrement les travaux de Jocelyn Robert et ses 20 moments
blancs.
JJ.
PS :
Anna Planeta est le projet acoustique mené de front par Dan Bird,
Phill Todd et Andy Jarvis, boss tous trois du label indépendant
Betley welcomes careful drivers.
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XINLI
SUPREME Tomorrow
never comes
(Fat Cat [site]
/ PIAS)
Un peu à
la manière du roman de Shan-Sa La joueuse de Go, la relation
qui lie le label Fat Cat à Xinli supreme (formation composée
de Yasumi Okano et Takayuki Shouji) à l’instar des héros
du livre, se dévoile davantage dans les non-dits et les allusions,
dans l’émotion que procure leur musique que dans un long cheminement
de tractations et de conversations fleuves. Le fait que les deux membres
du groupe ne maîtrisent que modérément l’anglais et
la discrétion naturelle de leur caractère aidant, tout cela
œuvre à couvrir le projet d’un voile de mystère.
C’est donc l’émotion qui dicte cette chronique comme elle a guidé
le choix de Fat Cat de sortir cet album.
Un projet pour guitares, où feed back et résonances dépressives
se mêlent, radicalisés par les pulsations analogiques des
machines.
À l’image du brouillard, liaison étroite entre le monde
du volatile et du solide, de l’aérien et du terrestre… les compositions
de Xinli supreme temporisent l’air d’une humidité qui sature
l’espace, nourries à la No-Wave de Jesus & Mary Chain, au rock
Progressif cher à leurs compatriotes insulaires et aux assauts
didactiques de Merzbow, voire Suicide.
Un album où les maîtres mots urgence, densité, énergie,
spatialité, nihilisme (Tomorrow never comes) se superposent
pour former un phrasé électroacoustique somptueux, quelquefois
expérimental (à base de collages comme sur Suzu)
et dans une large mesure atmosphérique.
JJ.
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LABEL
X-TRACT
Le
label X-tract nous plonge d’emblée dans une profonde et dense affaire
de textures sonores où les spectres de l’électroacoustique
et de l’expérimentation flottent, au gré des lieux d’enregistrement
du studio Podewil [site],
basé à Berlin. Les quatre premières sorties de ce
nouveau label reflètent de manière exhaustive la position
revendiquée de ce lieu dans la promotion et la diffusion d’une
frange de la musique contemporaine d’avant-garde, dédouanée
des genres et des styles (les productions lorgnent tout autant vers la
musique concrète, que vers l’expérimentation électronique
ou le sound art), oeuvrant simplement pour la recherche musicale.
De
cette collaboration étroite entre le studio et le label ont émergé
déjà quatre productions, promesses heureuses de la pluralité
et de la diversité des albums à venir. À ce titre,
chacun des artistes présents dressent déjà nombre
de ponts et abattent quantité de murs.
ROLF
JULIUS
(halb) schwarz (X-tract/ Metamkine)
VESTIGE
VERTICAL Vestige
vertical (X-tract/ Metamkine)
Sampling Rage V/a (X-tract/Metamkine)
WERNER DURAND
The art of buzzing (X-tract/metamkine)
ROLF
JULIUS s’est
fait une spécialité de défendre les sons de seconde
classe, impurs selon le jargon des ingénieurs du son, ou dit autrement,
la somme de détails, craquements, vibrations, drones, crissements,
qui enrichissent ou pervertissent, selon la vision et l’intérêt
qu’on leur donne les travaux principaux de composition. Déjà
entendu chez Small Music et Edition RZ rec. Ce travail se
revendique directement d’une déclinaison de la pensée de
John Cage. Un jour, ce dernier, entrant dans une pièce totalement
insonorisée entendit 2 sons : " lorsque je les décrivai
à l’ingénieur responsable, il m’expliqua que le son aigu
était celui de la tension de mon système nerveux, le grave
celui de la circulation de mon sang " Cage conclut, " le
silence n’existe pas, il y a toujours quelque chose pour produire un son. "
Briser la
géométrie parfaite de la construction humaine, réintroduire
l’erreur comme élément moteur de l’humanité d’un
morceau, faire de l’asymétrie musicale (le traitement de ces sources)
son moteur.
Il crée
un univers environnemental à partir de bribes électroacoustiques,
d’éléments épars de l’infiniment inaudible , une
forme de biotope microtonal où l’imagination de l’auditeur se laisse
submerger par la puissance eidétique des compositions de Rolf Julius.
Un monde aussi hermétique qu’ouvert qui nous laisse entrevoir nombre
des éléments indicibles qui nous environnent.
Son travail
est le prolongement logique des travaux d’anthropologie sonore d’un Robert
Hampson (Main, Comae) se nourrissant de la réflexion de Francisco
Lopez sur les sources naturelles comme matérielles.
VESTIGE
VERTICAL est
un projet composé de trois musiciens berlinois ; Lothar Fiedler,
Michael Vorfeld et Michael Walz, fréquemment additionnés
de Aleks Kolkowski et de D. Hegenbart lors de leurs sessions live.
L’oscillation
du groupe prend sa mesure autour de l’utilisation d’instruments acoustiques
(guitares, percussions, violons) et d’éléments purement
électroniques. La construction de textures joue d’ailleurs dans
l’alternance et la mutation des assemblages entre ces deux sources… la
lancinante vibration du violon laisse place à des altercations
de computer.
Cette interpénétration
de deux styles, évidente sur Gavarnie permet une juxtaposition
de sensations, de climats qui rythme tantôt l’amertume, tantôt
la tension (Roraima) ou la fosse d’un orchestre philharmonique
cherchant ses marques.
Un travail de
premier plan, foncièrement cinématographique, puissamment
atmosphérique, angoissant par moments, Lynchien et Bokanoskien,
dans un certain sens, avec des passages de grandes clairvoyances, et ce,
malgré l’obscurité latente qui règne sur l’album.
Sampling
Rage
Cette
rencontre est le fruit de sessions d’improvisations, de travaux d’esthètes
et d’exercices appliqués dans le giron des studios Podewil, lors
de concerts… travaux quelquefois achevés sur place… le plus souvent
prolongés au de là du rendez-vous fixé entre 1998
et 1999 par Elke Moltrecht et Dieter Scheywing.
Une incursion
dans le monde du sampling qui offre à qui ne le sait pas, un panorama
(forcément) partiel, mais riche des activistes les plus tenaces
de cette sphère. Au premier rang duquel Steve Roden, également
encensé sous son patronyme In Between Noise, projet dont l’intérêt
tient pour partie à l’utilisation systématique d’une source
unique (samplée) par album. Un carcan strict, certes, mais qui
oblige le compositeur à développer des trésors d’ingéniosité
pour arriver à ses fins (il crée également ses propres
instruments). Ici, le pied d’appel du morceau est un sample d’une B.O.
de film revisitée à l’excès par Roden.
Finalement,
comme il le définit lui même : " cette pièce
n’est rien d’autre que l’exploration d’un son commun de la vie de tous
les jours. "
Terre
Thaemlitz,
héraut californien de la cause homosexuelle et pourfendeur du sexisme,
sampleur total, auteur de conceptualisation alambiquée mais brillante
sur la post modernité. Le premier morceau est d’ailleurs issu de
son album sur Mille plateaux, véritable litanie de presque 20 minutes,
où de lentes montées new age à la Eno dans sa première
partie font place aux bégaiements de glitchs, convulsions électroniques
dans son second volet. Le second titre Facilitator, avec ses crépitements
de flash d’appareils photos, est le morceau splendide de cette compilation
proche des plus belles envolées de Scanner sur Mort aux vaches.
Brandon
Labelle
lui file le train. Alors même qu’on l’a vu dernièrement chez
Softl rec. dans un exercice de finesse déployée, il s’adonne
ici à une introspection autour du larsen et de la résonance
(comme réaction à l’égard des codes et normes établis
sur ce que doit être la musique : comme identificateur social,
comme expression d’une réalité musicale, etc.). Pour autant,
cette réflexion sur le bruit n’est pas aussi prégnante dans
les faits, attaché qu’il est à l’acte mélodique.
Des bruits concrets, crépitements, viennent émailler la
structure d’ensemble.
Boris
D. Hegenbart,
un peu moins connu que ses comparses n’en démérite pas pour
autant avec une pièce profonde et humaine où les voix d’étudiants
japonais se mêlent à un travail de déconstruction
de la source samplée bit par bit à la manière de
ces sonars dont les ondes pénètrent les êtres et les
choses…
Le morceau de clôture, plus concret et improvisé, outre la
présence de Roden et Labelle, offre l’occasion de se frotter aux
personnes de Markus Popp et Christophe Charles (qui remanie le tout à
partir des travaux bruts des personnes citées). Plongée
sous-marine nocturne.
Un album exigeant et au demeurant superbe, qui fait pleinement prendre
conscience des potentialités du sample et de ses applications électroacoustiques.
WERNER
DURAND
Rejoignant
les réflexions et attentes de musiciens tels que Jérôme
Paressant ou encore La Monte Young, Tony Conrad, Werner Durand
construit une réflexion soigneuse (et une application qui l’est
tout autant) autour des possibilités de résonances des instruments.
Sa pratique de la flûte coréenne ou chinoise, de tampura
indienne ou d’instruments à cordes basques ou éthiopiens,
trouve comme fil d’Ariane l’étude systématique des phénomènes
vibratoires. En disposant en couches stratifiées ces instruments,
il compose des chorales de barrissements d’éléphants et
d’essaims d’abeilles (Drone et bees), des marches funèbres
pour sirènes de bateaux (Beehive), des nuées d’insectes
affamés (Honey) et des concertos pour feed back plongeant
le plus souvent l’auditeur dans une transe puissante, vibrations pouvant
être interprétées comme la sortie de corps de l’âme.
Dans cet album, il prend à témoin des objets conventionnellement
non musicaux pour en faire des instruments : tubes P.V.C., pots de
fleurs occupent une grande frange des compositions, mêlés
étroitement de parties de saxophones.
À cheval entre la réflexion pure et des réflexes
élémentaires de l’enfance (qui n’a jamais passé son
doigt humide sur une coupe à demi pleine ?!) le résultat
est proprement ahurissant. Et qui révèle le talent d’un
nouveau grand de la musique répétitive en la personne de
Werner Durand.
JJ.
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DIED
13 / KAHN / MÜLLER
streaming
(For 4 Ears [site] /
Métamkine)
Gunter
Müller affectionne les rencontres transversales, faites de surprises
et d’intrigues mêlées, de sensations d’inachevées
et de presque atteints. C’est d’ailleurs ce qui fait la richesse de sa
personne, cette capacité à remettre en question à
chaque nouveau projet son engouement, sa quête personnelle, ce plaisir
juvénile, cette soif de découverte enfantine et désintéressée.
Mais pourtant instructive.
Après avoir œuvré en trio avec Erik M et Voice crack (Poire-Z),
avoir révélé à l’Europe de grand Turntablist,
(Christian Marclay, Otomo Yoshihide, Erik M) et avoir improvisé
avec toute la scène mondiale (d’O Rourke à Widemer en passant
par Doneda et Sachiko M) il invite à présent Dieb 13,
duo de Turntabliste mi européen (Dieter Kovacic) mi asiatique (Takeshi
Fumimoto) à se joindre à Jason Khan (déjà
entendu sous la formation Repeat en compagnie de Toshimaru Nakamura) et
à lui pour une session d’improvisations puissantes, par moments
cataclysmique, où chacun joue dans la surabondance de couches sonores
jusqu’à l’extinction de la mélodie (qui laisse place au
bruit).
JJ.
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CASIATONE
FOR THE PAINFULLY ALONE Pocket
symphonies for lonesome subway cars
(tomlab [site]
/ Ici d’ailleurs)
L’accumulation
de détails subtils participe souvent de la perception globale d’un
artiste ou d’un projet. Dans le cas présent, cette somme d’éléments
(depuis le nom du groupe jusqu’au titre tendre de l’album, à la
pochette sensible et belle) converge vers une même sensation d’intimité,
de présence douce à l’oreille, avant même d’en avoir
écouté l’essence.
Pocket symphonies nous plonge ainsi dans un univers jamais éloigné
du lo-fi folk sale, d’électronique crade et ludique (le boards
of Canadien " number ten "), d’investissement personnel,
de pop bricolée, de claviers Bontempi pourris, de rap anémié
(Oh ! contessa) lignée Rope et de mélancolie
contenue à la Velvet underground.
Un univers de poche qui pourtant déborde de générosité,
où les quelques samples distillés (rythmes de trains, bus,
métros, taxis) évoquent toujours le départ, la rupture,
le mouvement, comme autant de personnes et de lieux qu’on quitte à
jamais.
Cet album assez éloigné des productions plus " avant-gardistes "
de Tomlab n’en demeure pas moins un des albums les plus attachants et
les plus introspectifs du label (et du moment) et ce, même si d’autres
albums géniaux peuplent le back catalogue du susnommé label).
Écoutez votre cœur et saisissez l’occasion de renouer avec vos
sentiments les plus profonds.
JJ.
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FOR
FRIENDS Tomlab Vs Audio Dregs
(Tomlab 15 [site]
/ Ici d’Ailleurs.)
Si le premier For Friends avait comme seule et unique ambition
de faire acte de générosité envers les amis proches
du label Tomlab, panachage des artistes du label distribué à
titre gratuit sous la manche et une main pausée sur le cœur… ce
deuxième volet, s’il garde toujours en perspective la convivialité
et l’échange réciproque, se propose de faire découvrir
plus en avant des entités musicales amies et des labels affiliés.
Un peu à la manière de Sub Rosa (et ses échanges
avec Kompakt, Shi-ra nui) ou plus près de nous Quatermass (Kitty-yo,
rather Interesting) Tomlab nous fait partager l’univers d’Audio Dregs,
structures basées à New York co-dirigées par E*rock
et son frère E* vax (des morceaux chez Morr Musique) tout en nous
plongeant de nouveau dans son vivier de signatures talentueuses, jeunes
et prolixes. La compilation se divise selon divers courants de sensibilités :
Atmosphérique légère (Alejandra & aeron, Dim
Dim), électronica bancale et jolie (Carpet musics, E*rock, Inkblot,
Supersprite, E*Vax), easy listening casio (Dz, Fs Blumm & bikini,
Lineland), Post-rock-no wave obsédant et folk cheap (Casiotone,
le fabuleux morceau de Juergen de Blonde (alias Kohn), Zammuto) sans oublier
le Ovalien Hoffnung d’Ad Lib ou le stylé Gemini disco de Ekiti
Son. La mention du morceau génial allant à Jon Sheffield
que j’adore.
Une compilation subtile, pleine d’embuscades rythmiques et de petites
symphonies électroniques qui agrandira sans aucun doute le cercle
de vos amis (pas de jeux de mots déplacés). Deux labels
exemplaires à collectionner d’urgence.
JJ.
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V/a
ELECTRIC LIGHT
Column one remixes
(90% wasser/ Nuit et Brouillard)
Après
le petit séisme intime provoqué par l’écoute attentive
du Electric Pleasure de Column One, album cinglant de logique et
de belles intuitions… 90 % Wasser remet une fois encore le couvert
à l’occasion de ce Electric Light, offrant un substrat somptueux
de mélodies analogiques (hérité du meilleur de l’analogique
européenne de ces 25 dernières années) à des
proches du trio Columne One.
Un travail difficile dans la mesure où les morceaux originaux,
aboutis à l’excès, ont leur propre autonomie… Cette compilation
reste alors l’occasion de mettre en lumière les autres éléments
moteurs du label (par ailleurs partie prenante dans son fonctionnement)…
Parmi eux et pour ne pas les froisser les merveilleux belges Marc Medea
et Gabriel Séverin de Silksaw (albums sur Ant-zen, sub rosa…) qui
déstructurent avec acidité la machinerie bien huilée,
introduisant quelques secousses et grains de sables oeuvrant à
l’asymétrie rythmique.
Frieder Butzmann et sa rengaine industrielle, Marc Wannabe, qui développe
ici des collages habiles et cinématiques, déshabillant le
morceau pour le mettre à nu. Rechenzentrum qui polissent leur " maladjusted
electronica " dans une veine tendue et versatile (art to dance, art
to dance reverse) prolongement probable de leur récent album sorti
chez Quatermass.
Mimetic, alias Jérôme Soudan repéré chez Prikosnovénie
à l’occasion de son double album Positive/Negative, mélange
de souffle urbain, d’agressivité électro/drum’nbass spartiate
et de timbre vocodé à la cylob (excellent).
Cor Ur Nagl (qui prononcé à haute voix ressemble à
un râle étrange) projet issu des limbes du label allemand
Stateart. Et d’autres piliers de la scène industrielle allemande.
Et bien sûr, Column One qui se livre délibérément
à un travail d’extrapolation excellent sur son œuvre.
Si cet album n’a pas l’unité de son aîné, il recèle
pourtant de superbes parties d’électronique rythmées, froides
et élégantes ou doucement atmosphériques. Une peuplade
disparate qui mélange avec habilité genres musicaux et générations
de musiciens.
JJ.
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QUATERMASS
VS KITTY-YO
(quatermass/Tripsichord)
C’est avec
la même curiosité qu’on découvrira l’étrange
créature, héritée de la mythologie qui orne la pochette
de ce split CD, (une œuvre de Thomas Grünfeld) et les fruits défendues
du mariage contre nature de Quatermass et Kitty-yo.
On savoure sans détour la folie communicative des fers de lance
Kitty-yo, déjantée au possible.
Pas si contre nature que cela, à la réflexion, ce mariage
où se mêlent la gouaille tapageuse du plus poilu des crooner
vivants (Gonzales) à la hargne viscérale de Peaches (ce
lovertits est génial), le post-rock cotonneux de Couch, l’électronica-collage
racée du français Tal… l’analogie mal ajustée de
Rechenzentrum, la poésie atmosphérique de Stol, le space
computer d’AddnTo (X), la sensibilité féminine et les détails
concrets de mira Calix…
Un portrait de famille incongru, décousu, mais plein de complexité
et de richesses musicales qui fait des artisans présents des êtres
uniques et à part entière.
JJ.
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LAUDANUM
System :on
(Monopsone [mèl] / Chronowax)
La beauté
d’un album prend quelquefois des tournures complexes, équilibre
judicieux de savoir faire intuitif et de mélodies entêtantes.
Si cette alchimie est un jeu de hasards, elle doit pour beaucoup à
la sensibilité du compositeur, qui au gré des compositions
dévoile avec plus ou moins de retenue le fond de son âme.
Laudanum, également connu sous son nom patronymique Matthieu
Malon à offert au label Monopsone, la plus belle preuve d’amour
qu’un artiste peut concevoir à l’encontre d’une structure :
un album parfait.
Empruntant pour mesure aux précurseurs de sa culture Pop-no wave,
de Talk talk à New order, prétextant à l’occasion
une faiblesse pour les espaces électronique de Ladytron, un goût
prononcé pour les constructions primales de Primal Scream (on devine
une révérence), Dj Food pour les collages sonores, vieux
canons du septième art pour l’ambiance, et un surcroît d’intimité
lo-fi (et puis Isaac Hayes) ; Laudanum a réalisé
un album immense et humble, taillé à la démesure
d’un talent qui ne se conteste pas.
Qu’on épanche ses oreilles aux subtiles mélodies d’Afternoon
(to Dorothy Parker), ou à l’écoute du morceau où
le timbre grisant du chanteur d’Arab strap nous submerge, le mot extase
flotte dans notre esprit, suspendu par on ne sait quelle malice à
l’orée de notre bouche. Le prononcer, c’est rompre la magie qui
unit cet album avec son auditeur. Mais après tout, quelle plus
pure récompense souhaiter, après un album de cette trempe ?
JJ.
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DOMOTIC bye
- bye
(Active Suspension [site]
/ Chronowax)
On avait
fraternisé avec les sonorités accidentées et émoussées
de Domotic à l’occasion de l’écoute des Premières
series 7’ d’Active Suspension. L’évolution qui s’est opérée
dans leur musique tient davantage à un processus de mûrissement
de leurs acquis ; où leurs pairs et les autres influences
ostensibles se sont peu à peu effacés devant de nouveaux
point de balisage, plus personnels quant à eux. Des compositions
matures, qui délaissent sagement la pop-électronique "première
génération" pour s’atteler à un travail de mise en
valeur d’environnements élargis (musique atmosphérique,
éléments concrets).
Les somptueuses montées en mélodie de Consilium industri,
les japonieseries douces-amères de Durchkomponiert, les
climats spatiaux de Domestic electrical supplies nous libèrent
un temps court du quotidien, ouvrent une nouvelle géographie où
les pensées s’accommodent mieux à la solitude. Les opiniâtres
trouveront certainement quelques points d’ancrage aux univers de Isan,
Styrofoam mais à cette liste on pourrait aussi bien adjoindre quelques
membres du clan Rune Grammophon tels que Alog ou Phonophani. L’envergure
de Domotic ne semble plus à démontrer, offrant un album
splendide, qui par certains côtés, prolonge, dans une tournure
contemporaine, le travail de Brian Eno entamé sur Music for
Airport… Autant dire un incontournable.
JJ.
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ALOG Duck
- Rabbit
(Rune Grammophon [site]
/ ECM)
L’illustration
de la pochette laisse entrevoir une image d’Épinal stylisée
où la silhouette d’un lapin et d’un canard, selon l’angle d’approche,
se matérialise à notre conscience. Deux entités en
une qui évoquent une autre promiscuité, celle du duo composé
de Dag-Are Haugan et Espen Sommer Eide, tous deux membres d’Alog.
Faisant suite à l’acclamé Red shift swing, Duck rabbit
continue son investigation du son dans une pure et authentique approche
électroacoustique, revendiquée jusque dans le nom du groupe,
AL étant partie de digitAL et LOG d’anaLOGique.
Attaché aux partages clairs de tâches, le duo fonctionne
volontiers comme un vieux couple, entamant ici ce que l’autre rechigne
à terminer, apportant là finitions et détails à
l’ossature.
Comme ils aiment eux-même à se définir, " Espen
est Monsieur Numérique et Dag-Are Monsieur Analogique", où
comment l’un porte le piano (guitares, claviers imposants…) alors que
l’autre tient les partitions (Laptop).
L’analyse ne serait que partielle sans préciser l’importance de
l’improvisation (et la liberté donnée à la notion
d’accident) et des samples, qui jouent un rôle déterminant
sur l’esthétisme des sons et leur provenance. À la différence
d’artistes comme Herbert qui crée ses sons ex-nihilo, Alog n’établit
pas de hiérarchie quant aux provenances des sources, leur sensibilité
ne s’exprimant que sur leurs manipulations. Un univers mélodique
doux, caressant, empruntant au jeu électronique (Violence &
magical danger) ou aux fêtes foraines (Fire’s for burning),
ponctué de brisures discrètes et d’erratum de Glitch.
Duck rabbit réalisé pour partie lors de concerts,
et dans une large mesure en studio, accuse une extraversion plus marquée
et souffle un goût de liberté et d’imprévu salvateur
sur la production musicale européenne.
JJ.
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ARVE
HENRIKSEN Sakuteiki
(Rune Grammofon [site]
/ ECM)
Le trompettiste
occupe une place particulière dans l’univers de la musique contemporaine.
Il faut sans doute y voir les efforts (récompensés) d’artistes
notables, s’évertuant à rompre les amarres de leurs carcans
(styles) traditionnels : de l’immense Miles Davis, à Eric
Truffaz, en passant par Tushimuro Noriko (albums en compagnie de Mick
Harris, DJ Krush ou Eraldo Bernocchi) et au-delà de la trompette,
Pharoah Sanders (pour les dérives extrême-orientales)… ils
sont à présent sollicités de toutes parts, sans doute
pour la capacité qu’ils ont de tisser des atmosphères lancinantes
et irréelles et de détruire ce maillage la minute d’après,
dans la plus grande "incohésion".
Arve Henriksen est un maillon précieux de la musique nordique,
dont on avait pu repérer le jeu élégant et exotique
sur les albums de Supersilent, trio qui synthétise le blizzard
sibérien sur support disque, mené de front par Deathprod,
par ailleurs producteur brillant de Runnegramofon. On l’a également
aperçu en compagnie de Iain Ballamy, d’Audun Kleive ou encore du
Differents Rivers Orchestra (projet de Trygve Seim).
Autrement différent, ce Sakuteiki emprunte pour beaucoup
à la musique traditionnelle japonaise, influencé par l’aspect
tonal d’instruments à vent tels la flûte shakuhachi. Le titre
de l’album est une allégorie des méthodes compositionnelles
d’Arve Henriksen, ordonnées et directives, correspondant à
l’esthétique d’un traité du XIe siècle
sur l’art d’aménager les jardins.
Cela évoque tout autant la musique Buto que l’environnement jazz
d’Ascenseur pour l’échafaud et l’emploi d’orgue et de bandonéon
(Giya Kancheli) et de solitude glaciale (The anchor song de Bjork sur
procession passing), avec des pointes d’électro-concrète
(breathing) ensemble d’instruments qui impose une dimension liturgique
et chamanique à cette musique atmosphérique.
Des compositions empreintes de poésie et de nature, où l’homme
maîtrise avec rigueur le paysage dans ses moindres détails
. Splendide.
JJ.
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TRANSBEAUCE
Die mitte
(Artefact/Chronowax)
Avec la
sortie quasi simultanée du Gel, du Domotic sur Actice
Suspension et dans un genre un peu différent du Laudanum
sur Monopsone, la frange pop-électronica atmosphérique française
a franchi un seuil significatif et acquis une dimension internationale
(déjà entamé par Encre) en portant ce genre à
des degrés inespérés. Transbeauce et son die
mitte intègre sans coup férir ce trio princier pour
établir un quatuor royal. Une forme musicale des quatre cavaliers
de l’apocalypse déboulant sur nos platines.
Les talents mélodiques développés au fil de ces 12
titres (bâtis autour d’une basse post rock et de complaintes folk–lo-fi)
les portent à l’avant-scène, offrant une vision terrifiante
des potentialités du groupe.
On traverse le champ de bataille de leurs travaux ni tout à fait
électroniques, ni tout à fait organiques, avec le même
égarement qu’un soldat portant l’oriflamme au milieu des corps
après le dénouement heureux. Si l’image est un peu tarabiscotée,
la musique du duo ne l’est pas moins, même si en apparence, elle
suggère une simplicité d’écriture, marque des grands
groupes s’il en est. On pense parfois à Ganger ou Salaryman…
Expérimentations ardues et sensations pures, propos germaniques
et dérives ambiantes, mosaïque de techniques et d’intuitions
cérébrales ornent des titres tels que Anfang, le
profond Xd7, le eighties Trakig (Console, tiens toi bien)
ou le magnifique Hemlig (déjà entendu sur
un 7’ Active Suspension) qui feront regretter à jamais à
certains de n’avoir pas su s’attarder suffisamment tôt sur le sort
de ce groupe majeur.
JJ.
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REMBETIKA
Songs of the Greek Underground
(Trikont rec [site]
/ Import)
Trikont, label allemand malheureusement non distribué en France,
œuvre pour la préservation de la mémoire des peuples, de
leur musique. Un travail d’ethnologie, aussi bien attaché à
l’archéologie contemporaine des cultures européennes qu’à
la sociologie musicale des influences extérieures.
Rembetika n’est rien moins qu’une anthologie splendide des chants traditionnels
du peuple grec, peuple fier et méritant qui porte en lui et sur
les gueules tannées de ses compatriotes tout son lot de souffrance
et de joie.
Un double album somptueux, autour duquel sont réunis les plus respectés
musiciens de cette presque péninsule (Startos, Halkias, Delias,
Peristeris, Papazoglou, Katsaros, Atraidis, Eskenazi, vamvakaris) et qui
rompt, une fois n’est pas coutume, avec l’image galvaudée du joueur
de sirtaki affublé d’un saroual blanchi au soleil (Anthony Queen,
paix à ton âme).
Les compositions présentes dévoilent quelques merveilleuses
surprises, où l’on découvre cette musique comme un chaînon
manquant entre les mélodies tziganes d’Europe de l’est et l’amertume
ensoleillée des maîtres de la musique arabo-andalouses (parmi
lesquels Abdel Halim Hafez ou Mohammed Abdel Wahab).
Une plongée abyssale dans le temps et le dépaysement le
plus total, carte postale surannée d’un patrimoine multimillénaire,
patrimoine qui s’exprime dans un total souci de dénuement sur plus
de 2 heures 30. Une extase absolue.
JJ.
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Africa
Raps V/a
(Trikont rec [site]
/ Import )
C’est armé
d’une bonne dose de surréalisme que j’entame l’audition de ce disque.
Allez comprendre… un label allemand, avec une bio en anglais, pour évoquer
la sortie d’une compilation d’artistes rap africains chantant en français…
Pour autant, je retombe vite dans mes travers d’auditeur zélé
des les premiers titres de ce Africa Raps, dont Wire a
déjà fait l’éloge. Le risque, pour nous francophones,
réside dans l’absence de surprise et d’exotisme qui charme nos
compatriotes européens… et pourtant, et pourtant, loin des frasques
(géniaux) mais pourtant formatés de Def Jux, Rapster, Rawkus
et autres labels de renom… on est totalement conquis par la richesse narrative
des textes, l’acclimatation intelligente des musiques traditionnelles
(Sénégal, Mali, Gambie) à une construction syntaxique
et rythmique moderne et crédible.
Plus important
que tout, cette compilation (dé)montre que l’Afrique a un savoir
faire à revendiquer dans le circuit des musiques actuelles, appuyé
par un vivier actif de jeunes compositeurs (Abass Abass, Bibson/Xuman,
Da brains, Djoloff, Positive Black Soul, Pee Froiss, Tata Pound, BMG 44).
Les artistes
chantent tour à tour en français, en malien ou en sénégalais
Les morceaux de Abass Abass, Gokh-bi system révèlent des
qualités rares d’écriture et les mélodies présentes
sur Kunu abal ay beut de Omzo fendent notre volonté.
Cette compile
doit sans doute beaucoup à la présence d’un des membres
de Positive Black Soul, moteur s’il en est du renouveau culturel sénégalais.
Et même si leur album solo n’était pas à la hauteur
de mes espérances, les compositions de ce Africa Raps sont d’un
autre calibre… La dimension politique (corruption, liberté, démocratie)
est tapie au cœur de chaque texte, comme autant de perles serties au sein
d’un environnement hostile.
Le rap africain
ou le blues des temps modernes prend ici définitivement son sens
dans la bouche de ceux qui ont des choses à dire…
JJ.
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JAMES
ECK RIPPIE / COLIN A. SHEFFIELD Improvised recordings
(Elevator bath/import MS Dos)
Pas
d’imposture, de détournement de sens, ni de duplicité dans
les exercices de style de ce duo. Ces hommes sont de ceux qui ne baissent
pas le regard ; fixant avec intensité l’horizon. L’énergie
de leur improvisation est bien davantage intérieure, recluse en
profondeur et dénuée de fioriture.
Un
duo turntable/guitare qui se replie davantage dans les recoins et les
plis doux des couvertures pour créer des textures symphoniques
sub-terrestres où la guitare pondère les vides accidentels
du disque. Sur la première face, les musiciens, étroitement
en phase, laissent peu à peu se déliter leur attraction
pour engendrer, dans la répétition, de nouveaux élans
inquiétants. Des échos de guitare sèche et l’approximation
du rythme vampirise notre acuité. L’entrecroisement des genres
atteignant l’état de grâce par moment. Peu de points de comparaison
et d’assise avec l’autre duo du moment, Morr/Matthews, où les assauts
de guitare, plus virulents, brisent le confort d’écoute. Ici, la
sagesse et la tempérance plaident avec assurance.
Une
approche toute en finesse, délicate et féminine, qui reste
un témoignage privilégié de cette première
collaboration, d’autant plus privilégié que le tirage discret
(400 exemplaires) intime l’urgence…
JJ.
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AIRPORT
CITY EXPRESS Lower than hi-fi
(autoprod/collectif jaune-orange [site])
Autrement
dénommé Airport City Express, ACE offre à
l’oreille une première démo pop lo-fi comportant de belles
tournures de style, où se croisent les faisceaux étroits
de Pavement et les silhouettes courbées de Sebadoh. Le son est
audible, si l’on ne se fait pas une trop haute considération de
la définition d’audible (ils se réclament eux-mêmes
du lower than fi) ; les textes drôles nous entraînent
dans un univers où des mères lesbiennes côtoient Mickael
Bolton et les Zit remedy (ah ! les années collèges !!) des
samples de Jean Claude Aware.
Ace
est un des maillons du collectif Jaune Orange, groupement moteur de la
région de Liège, maillon qui prend davantage ses teintes
dans les tons pastels que dans les couleurs primaires. Plus proche des
attentes de My little Cheap dictaphone que du tempérament post-rock
de Tom Sweetlove ou Electro:lux.
JJ.
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DA
CAPO The fruit
(Autruche/Poplane)
Ce
qui plait d’emblée chez Da capo, c’est l’équilibre
à peine stable entre la voix ravagée et hargneuse du sieur
Paugam et cette mélodie faite de ligne claire, pop dans l’âme
qui prend à l’occasion la tangente vers d’autres styles. Si Robert
Wyatt paraît intimement référencé au projet,
le groupe en fait vite le deuil.
Rivalisant
de nonchalance et de je-m’en-foutisme, de bonhomie et d’esprit de détente,
cet album apparaît, quatre ans après son prédécesseur
Minor swing, comme l’album heureux du dilettantisme estival.
Ce
faux assoupissement des frères Paugam affiche avec plus de conviction
(et de sympathie à leur égard) leur réel potentiel
de faiseurs de tubes Fresh, The winter, Jungle’s paradise,
étant dans ce domaine des petits mètres-étalons…
C’est d’ailleurs dans ce jeu de perversion voilée, entre nonchalance
et exigence technique qu’ils excellent… À défaut d’avoir
comme leur label, la tête bien fichée dans le sol, Da Capo
a l’assise des grands groupes sans se la jouer. C’est bien connu, en France,
on aime pas les gens qui la ramènent…
JJ.
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DRONAEMENT
VS RABBIT'S SORROW
Between two yearthousands (Le Cri de la Harpe
[site])
Les
juxtapositions possibles et les angles de chevauchement à même
de créer une vraie complémentarité entre Marcus Obst
et Sébastien Roux résident dans cette fascination pour la
solitude pure.
Drone
est le maître mot de cette chronique, celui sans qui rien n’arrive,
l’invité de marque d’un banquet où le festin reste purement
atmosphérique. Si S. Roux a déjà construit un peu
de mythe et beaucoup de belles mélodies autour du groupe Un Automn
à Lobnor, Marcus Obst, discret fondateur du label Nauze nous restait
jusque là caché (il a quand même réalisé
un "7" sur Drone rec.). Amateurs tous deux de Drones et de Soundscapes,
c’est tout naturellement que leur musique est portée par le vent
et satisfait à son quota de réverbération et d’échos.
FSA, Star of the Lid, Fuxa, Roy Montgomery et des labels comme Drunken
fish ou Kranky sont bien souvent à l’affiche de leur palmarès
personnel.
Les
réseaux de vibrations, lentes résonances héritées
d’autres temps au delà du caractère chamaniste qu’ils revêtent,
laissent deviner un certain goût de la mélodie soignée
chère aux frères Wilson, Labradford et autre Dissolve.
Une
guitare à la présence feutrée, quelques Drones et
pulsations… Et si c’était cela le bonheur ?
JJ.
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JIMMY
T Bass project 1
(Musik experience [site])
L’idée
originale de traiter les éclairs et le champ restreint de leur musicalité
(grondement, vibration, déchirement) comme source de travail offre
un potentiel riche d’expérimentations et de possibilités rythmiques
à son auteur. Les bruits sourds de bourdonnements confèrent
une force profonde aux morceaux, déroutant par moment l’auditeur
avec ces infra-basses pondérales. On est investi des mêmes
tremblements qui gouvernent le disque, et qui s’emparent aussi de nous par
la charge électrique et la force mythologique de l’orage.
Invariablement,
cela évoquera pour certains l’esprit des travaux d’Alan Lamb sur
les caténaires et autres pylônes, instruments malgré
eux des vents violents mais au final, on pense plus volontiers à
Mick Harris et sa série de subsoniques sur Sub Rosa et à
des musiques à base de capteurs.
L’album
prend une tangente industrielle au cours de son développement, plus
traditionnelle et normée, enlevant un temps un peu du charme du projet,
avant de revenir sur ses sons qui forgent sa nature profonde.
Un
très exigeant travail sur les profonds tremblements telluriques qui
secouent notre petite planète et dans le cas présent notre
cœur.
JJ. |
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FALCON
PROLEGOMENE
(Musik experience
[site])
Falcon
a de la prestance ; la prestance de celui qui assujettit les rythmes à
son dessein personnel tout en étant garant d’une certaine limpidité
des mélodies déployées. Prétextant un goût
pour l’abstrait et le conceptuel, il livre pourtant ici six flambeaux
pour dance-floor, alliance érudite de Third eye fondation, de Wagon
Christ, d’Aphex twin et d’autres merveilles à venir. Du hip-hop,
de la crunchy électronica, ponctue les lentes volutes atmosphériques
de ce mini album décidément excellent.
Sans
coup férir, Musik experience impose une griffe hors des sentiers
battus, un style captivant qui a justement la particularité de
ne pas en avoir…
JJ.
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CHRIS
DOOKS To look north
(Isis arts press release [site])
Ce
nouveau témoignage pictural et auditif de Chris Dooks fonctionne
comme les travaux de Stan Brackhage, où chaque teinte, déclinaison
de lumière, changement d’attitude de la caméra intime une
tonalité différente à la musique. Ici, c’est bien l’image
qui dicte le son, qui guide et déroule la matrice du synopsis. Une
matière sonore qui se veut cinématique, si ce n’est environnementale,
pour décrire les éléments cachés, les non-dits
du visuel.
Les
scènes de vie du quotidien sont passées au crible ; la circulation
automobile d’une rue animée, des sourires d’enfants, voix d’anciens
comme autant de flash et de nostalgie réunie de la mémoire
commune des Anglais "du Nord". Plus précisément, ce disque
(et les films joints) se veut une évocation plus objective (quoique
discordante) de la réalité de cette partie de l’Angleterre,
où ce sont habituellement les termes usines, employés ou grèves
qui focalisent l’attention.
Pas
encore fixé sur son violon d’Ingres, Chris Dooks laisse cheminer
en parallèle ses deux objets passionnels (même si sa maladie
le destine vraisemblablement à la musique) et prolonge dans une veine
plus artistique qui tient du documentaire (l’idée d’installation
n’est jamais loin) ses bribes d’images et d’instantanés de vie déjà
entamée dans son projet plus électronique Bovine life. Ce
disque est le fruit du travail d’un musée d’art contemporain, l’ISIS
Arts. Cette commande est le début d’une relation étroite entre
artistes-musiciens et professionnels de l’art, du moins l’espère
t’on…
JJ. |
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HONS
[site] Ferner liefen
(Ferner liefen Rec./ Mdos.at)
Hons
a créé Ferner liefen en vue de répondre au besoin
souverain qui gouverne chaque musicien : sortir ses disques, éditer
ses productions, s’exprimer au travers de ses créations.
Ferner
liefen est donc (pour l’heure) le label objet d’un unique artiste, dévoué
corps et âme à sa sensibilité. Un artiste qui a fait
ses classes à l’institut d’électroacoustique et d’expérimentation
musicale de Vienne ; séjour qui lui aura permis de se familiariser
avec la musique concrète et l’étude de la programmation.
Une passion qui l’amène à développer ses propres
logiciels de création sonore, et de détourner des programmations
de langage aux seules fins de sa musique. Construit dans un style industriel
pompier, cet album est un oratorio moderne, une parabole contemporaine
d’une B.O. imaginaire autour de l’œuvre de Satie et du Blade runner
de Scott : des couplets atoniques, des mélodies de rocades, sons
de voitures, voix futuriste, échos lunaires, jazz hybride, etc.
un conglomérat de détails qui engendre chez l’auditeur une
mélancolie légère. Songwriting attachant et sons
inamicaux parcourent ce soundscape concret teinté d’électronique
racée, première étape de sa jeune carrière.
Un album riche et intéressant à découvrir.
JJ.
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