chroniques 2001 | JadeWeb
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Chroniques 2002 |
YVES
DAOUST Bruits En
choisissant de consacrer ce nouvel enregistrement à la ville de
Montréal, Yves Daoust chemine un peu plus profondément dans
sa logique, bâtissant plus qu’auparavant un lien visible entre ses
deux passions : le son et l’image. Si ses deux précédentes
productions pour Empreintes digitales (Anecdotes, 91 et Musiques
naïves, 98) étaient déjà empreintes de cinétiques…
Bruits soulève dès les premières mesures l’idée
de carte postale sonore. Quatre vues choisies, cadrées, dont la
puissance eidétique et la richesse de sens émerveillent,
étonnent ou intriguent… Sur Children’s corner, on pensera aux travaux
de Sibylle Pomorin voire Robert Iolini sur Soundscape (Scnd rec.) ou encore
à certains travaux de déambulations sonores d’O' Rourke
sur Cinéma pour l’oreille. L’album prend également une trajectoire
environnementaliste (un environnement urbain) comme si Daoust se faisait
le caméraman d’une virée dans Montréal un jour d’éclipse
solaire. Une relation avec l’image qui jalonne d’ailleurs sa vie, puisqu’
il fut designer sonore pour l'Office national du film du Canada (ça
ne s’invente pas), sans trop évoquer ses multiples collaborations
sonores à des documentaires et films. Une approche multidisciplinaire,
comme Michael Snow et Derek Jarman savent les apprécier. |
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AKI
ONDA Precious moments Peu
ou pas connu en Europe, si ce n’est pas les "Japonophiles" de la
première heure, Aki Onda n’en demeure pas moins un sérieux
maillon de la toile underground ; compositeur émérite,
il a approfondi l’étude de la musique électroacoustique
dans divers styles, offrant quelques lettres de noblesse au jazz, à
l’électronique en passant par l’ambiant. Des curieux en tout genre
sont venus collaborer à ses travaux, dont quelques pointures, de
Yamatsuka Eye à Nobukazu Takemura (deux excellents albums chez
Thrill Jockey) ou encore SFT, Steven Berstein ou Blixa Bargeld… |
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BLACK
FICTION Internal dissident part1 Soleilmoon
fait partie des "grands" labels indépendants. Il a contribué
à documenter le milieu en artistes rares, Muslimgauze parmi tant
d’autres… Pour
ce qui est de Z’ev, il est ici question de coupure plutôt
que déchirure, schizophrénie plutôt que folie Z’ev
s’est mis bille en tête d’ausculter le corps, d’en tester la malléabilité,
d’inspecter en plongée descendante chaque portion… On est pris
dans un tourbillon psychotique et métaphysique de sons volés,
de samples happés, de conversations en provenance du néant,
proche de la musique industrielle, du scratch, du cut-up sonore à
la Shea/ Erik M… On pense aussi à Columne One, à Bourbonese
Qualk, à Nocturnal Emission, et à plein de lieux étranges…
Des mondes imaginaires où le temps compressé, rendrait compte
d’une période de 50 années résumées en quelques
dizaines de minutes intenses. Un zapping scarifié d’univers industriels.
Sombre et éprouvant, mais intéressant… |
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Francisco
Lopez/ Joe Colley Knowing when not know Faisant
suite à des productions locales (RM11), le label grec Antifrost,
a peu à peu entrouvert les persiennes de son catalogue aux rayons
rasants et lumineux de la musique internationale électroacoustique
à filiation minimaliste. Un nouveau filtre vient ainsi enrichir
la gamme large d’artistes présents (Sachiko M…) en la présence
de Francisco Lopez et Joe Coley. |
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Comae s/t
En
érudit astronome en herbe, on se doit de connaître deux ou
trois notions d’astrophysique sur les comètes. La traînée
stellaire (Comae en anglais) est le nuage de gaz lié à la
destruction partielle de l’astéroïde (glace et poussières),
particules qui se forment en périphérie selon une longue
traînée aussi dénommée queue. |
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Oh !
Henry s/t Oh !
Henry distille l’air du temps, avec une nonchalance teintée de
gravité. Les dix morceaux, qu’on devine écrits à
la hâte, sur le coin d’une terrasse parisienne cristallisent un
style pourtant difficile à maîtriser (et à écouter) :
la chanson à texte en français. Pour autant, sans toutefois
crier au génie, on est en émoi devant les jolies formules
de style que développe Georges H, sorte de satellite entre les
compositions d’Alain Souchon (Les garces) avec une manière
de poser la voix proche de Nicolas S, d’Indochine. Les titres tels que
Carbone 14 ou L’été des merguez nous interpellent
par leur justesse ; la musique lorgnant sans préméditation
vers les compositions de Sébastien Tellier (La fille sans joie) ;
Ou une façon comme une autre d’évacuer ou de stigmatiser,
c’est selon, les zones d’ombre de son for intérieur. On aime beaucoup. |
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Tlone |
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Bathyscaphe Road
movie Ce
pèlerinage auditif auquel nous convie Bathyscaphe exige abnégation :
le chemin est long, difficile, parfois même accidenté ;
le parcours est paradoxalement scandé de repères arrondis,
émoussés, qui en adoucissent la rigueur (musique répétitive
de rituel sur Film Winder Knob) ; images de films égarés,
cinéma pour l’oreille que l’auditeur est seul à comprendre.
Certaines des routes empruntées par Bathyscaphe sont balisées,
indiquées ; d’autres se perdent dans les limbes de l’expérimentation.
Rien n’obéit à la stratégie… Ces chemins de traverse
sonore se plient à des motivations plus humbles. Les teintes bleutées
et froides des guitares (granite) font place aux tons plus chauds de la
batterie et de la basse (gneiss). Ce voyage fait de nous, sans conteste,
des voyageurs attentifs, des témoins discrets et attentionnés
de leurs découvertes. L’énumération des dissonances,
des strates éthérées de guitares ou des vallons capitonnés
de la basse et de voix samplées coïncident avec des attentes
refoulées de notre esprit. |
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Yellow
6 lake : desert En
ouvrant leurs compositions à des domaines autres que la musique
acoustique pure, Yellow 6 a sans doute, involontairement repris le flambeau
là où l’avait laissé l’écurie Kranky. Une
vibration familière parcourt la surface de cet album, les apartés
silencieux assurent la circulation de l’air, évitent l’asphyxie
caractérisée et la raréfaction redoutée… Et
toutes ces traces prennent leur sens lorsqu’elles s’intègrent dans
leur globalité, soit la totalité de l’album. |
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Angil Beeguending Plutôt
que de prendre les voix de destructions classiques (suicide, boulimie,
anorexie), Angil a voté, à l’unanimité de son comité
restreint, de traduire ses conflits intérieurs et ses belles mélodies
d’outre-tombe en un exposé brillant. Il a choisi de nous faire
part du trop plein de noirceur (et de bonheur) qui encombre ses veines
par l’entremise de textes agiles à se déployer, évocateurs,
en équilibre sur un fil tendu entre une harmonie qu’on aurait volontiers
attribué à M.Ward et un quart d’heure spleenesque digne
d’un Bonnie"prince" Billy en tenue d’apparat. Une voix splendide, sur
fond de guitare acoustique isolée. Écouter An old acquaintance
sans sombrer relève du défi. Parallèlement, l’album
développe des propositions rythmées/déglinguées
à la Beck, intelligentes et énervées. Monsieur Mottet,
vous êtes un brillant song-writer. |
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Mélatonine s/t
En
mettant en scène ses doutes et craintes, Mélatonine a su
donner une certaine grandeur au résignement. Développée
dans le cadre fermé d’une noise contemporaine (A minor forest,
Unwound ) à filiation post-rock américaine (Pullman, Sam
Prekop), la musique de Mélatonine est ample, alternant fébrilité
matinale et coup de sang nocturne : strates de wahwah, basse ronde
et ondoyante, batterie réservée, voilà pour le décor.
Les constructions nous dévoilent (à la manière de
la pochette au centre de laquelle trône un immeuble hausmanien)
l’architecture tour à tour rigoureuse et massive, puis, une fois
les premières couches grattées, une somme de beaux détails
de façade, bas reliefs sculptés, subtilité iconographique
avide d’esthétique. On reste envahi de belles pensées contemplatives
tout au long de ces neuf titres instrumentaux langoureux et opaques qui
rapprochent une fois n’est pas coutume la France des territoires des grands
lacs. Un album bien plus lumineux que ce que nous suggère la pochette.
Très bon. |
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Active
Suspension V/a Cette
compilation arrive comme l’heureux bilan de plusieurs années d’activisme,
postface d’efforts nourris et de non-complaisance affichée. |
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Sisdel
Endresen Undertow Dans
un prolongement heureux des voix du Nord, doux avertissement de l’hiver
qui approche, Sisdel Endresen creuse un peu plus le sillon nordique où
les voix chaudes et à part, où les arrangements jazzy se
télescopent. Jazzland est le fer de lance de cette nouvelle scène,
qui, de Marie Boine à Beady Belle, voire Stina Nordemstein convoque
à sa table la chaleur opaque des cuivres, le son feutré
des basses et la voix crépusculaire de chanteuses rares ;
un mariage d’amour dont on ne se lasse pas t’entendre les excroissances,
ou la progéniture… |
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V/vm
test Hate you L’entité
V/vm manie l’humour et le politiquement incorrect avec une aisance rare.
L’approche de cette anthologie s’appuie sur le constat du manque d’originalité
constaté (avéré) de nombres de labels indépendants,
au sein desquels s’opère un processus lent, où petit à
petit, l’intuition cède le pas sur la cohérence, où
le DIY s’efface devant le concept marketing. |
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Louise
Vertigo S/t Le
sentiment de perplexité est à classer dans la gamme des
sensations étranges, d’entre deux, où l’assurance se dispute
au doute, où l’émerveillement laisse place à l’interrogation,
quelquefois à l’ennui. Louise Vertigo a une dose substantielle
de talent ; on l’avait repérée en crooneuse Jazzy/trip-hop
chez les Mighty bop. Elle a toujours su enlacer, entourer sa personne
et sa voix de compositeurs talentueux, morceaux chauds, élégants
et rythmés… C’était déjà le cas chez Mighty
bop, c’est à nouveau le cas aujourd’hui… En s’entourant des nouveaux
talents de la scène française, de Rubin Steiner à
Olaf Hund, en passant par Roudoudou, elle a su se construire une cours
attentionnée, facétieuse et astucieuse dans le traitement
des sons, redonnant un coup de polish aux morceaux initiaux… Des morceaux
comme des petits écrins capitonnés, veloutés d’ingéniosité…
Le problème est que l’écrin est un peu vide, là où
devrait se tenir en lieu et place un diamant… On n’entrevoit qu’une gemme
de facture classique. La voix et les textes asphyxient l’air des compositions,
brouillent la vision d’ensemble, noient le rythme dans un bain d’eau tiède
alors que les compositions étaient supposées palier au manque
de rythme général. Si sur certains passages, l’osmose se
fait avec intelligence, la voix est le plus souvent trop présente
pour concentrer notre attention. |
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Cartouche S/t
Cartouche,
patronyme voué à la postérité, en partie grâce
aux écarts faciaux du sympathique et athlétique Jean-Paul
Belmondo, devra à présent compter sur son équivalent
musical. |
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Fragile
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Imagho Ombres/sombres L’année
2001 aura été une année de prestige pour les vacations
contemplatives déclinées sur le mode de la guitare intimiste…
L’album de Vincent Gallo, et d’autres projets plus discrets (Le cube,
par exemple) et puis cet album… |
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Velo Bulbul À
quelques exceptions prêt, les compositions de musique concrète
ont toujours été réfractaires à la mélodie. |
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Monogram
s/t En
adepte du recyclage, Monogram fait son petit commerce des bribes de sons
de l’enfance, d’un tout-venant sonore. Sans brusquer les choses, ils installent,
avec une rigueur toute métronomique un climat où détente
et angoisse s’entrecroisent. Pas de superflu ni rien de trop ostentatoire
dans la production… Heureusement, a-t-on envie de dire, tant les frêles
fondations sont peu propices à recevoir une telle charge de décorum. |
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