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GROWING
(KRANKY/ SOUTHEN) |
L’activité
de Growing suit le cycle court des saisons puis des années
puisque The soul of the raimbow and the Harmony of light
fait suite de peu à the sky’s running into the sea
d’une année écoulée.
On retrouve
cette même expression froide, cette alliance de bleu et de
blanc tendant vers le gris, cette inclinaison prononcée pour
les univers éthérés et fluides, horizontaux.
Le monde
de Growing (Kevin Doria, Joe Denardo) semble s’être
teinté de couleurs iridescentes , de détails fugaces
et périssables qui bien que contenus, composent une profondeur
aux partitions de ses titres.
Un album
divisé en 4 titres qui comme sur le précédent
album semble vouloir indiquer, à la façon des saisons,
une révolution en cours où seul l’hiver et l’automne
alterneraient.
Disposés
en strates successives, les sédiments de la composition (nappes
de guitares, feed back, waves of delay, bruit de basse, alluvions
de samples) en se chevauchant, font naître une mélodie
désincarnée, liquoreuse, transparente qui donne l’impression
d’être en suspension.
La musique
de Growing prolonge dans le domaine du son, les phénomènes
d’aurore boréale, sorte d’iridescente de la lumière
et d’aspiration à la contemplation. Toute la beauté
statique du monde.
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ILIOS
Encyclopedia –RW
(Antifrost/ Metamkine) |
Cet
album de re-mixes et de de-mixes selon la terminologie adoptée
fait acte d’une double célébration, symbolisant les
10 années d’existence du label et également la vingtième
production de ce dernier.
L’occasion
pour ce label grec exilé pour partie à Barcelone de
présenter l’étendue de son patrimoine et la diversité
des filiations qu’il n’a eu de cesse de dresser entre les genres
et les sphères. Jugez-en plutôt : Jazz Kammer,
Francisco Lopez, Mattin, Leif Elggren, Alexei Borisov, Anton Nikilla,
Marc Behrens, Jason Kahn, Nishide Takehiro, Anla Courtis, Panos
Ghikas, Daniel Menche, Zbigniew Karkowski, as11, Joe Colley, Coti
K, etc…qui au-delà des pays dont ils sont originaires évoquent
surtout la profonde alchimie créatrice internationale qui
bouillonne au sein des labels indépendants, dont fait indiscutablement
partie Antifrost.
L’album,
ça ne surprendra personne se révèle un kaléidoscope
des variétés de genres qui de l’expérimentation
sonore au minimalisme le plus lactescent, de l’improvisation aux
contrées du bruit blanc et de l’inclinaison électro-acoustique
chemine dans les ravines escarpées des musiques " expérimentales "
offrant une investigation des musiques contemporaines
On notera
les très belles pièces de Francisco Lopez, Ilios,
Anton Nikillä (hommage à moderne talking ?) entre
autres participants et on se ravira de l’existence de ce label qui
porte haut et loin la pluralité et la dissidence créatrice.
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YANNIS KYRIAKIDES/VEENFABRIEK The thing like us
(unsounds/Metamkine) |
Ce
disque traite pour une large partie de la dé-territorialité
et des leurres du réel.
Les émotions
trahissent souvent les lieux, en surimposant à la réalité
des strates d’affectifs, des couches de sentiments, d’émois
qui modifient profondément la réalité des lieux.
Ce disque construit autour d’écrits de Spinoza sur ce thème ;
l’ idée sensible " de ne pas être là
où l’on semble être " trahit le schisme du
corps ancré à la géographie d’un lieu et l’esprit
délivré des frontières spatiales.
Réalisé
entre Anvers et La Hague, dans le cadre des productions de Veenfabriek,
ce disque construit en 2 parties de 48 " mouvements "
chacune, laisse une part à l’interaction entre voix, manipulations
électro-acoustique discrètes , et effets électroniques
. Tour à tour architecturales et paysagères, les arabesques
sonores nous transportent du domaine de l’intime aux grandes contrées
pastorales. Le timbre de Carola Arons et celui de Bert Luppes alternent
entre discours et chant au long de l’album.
La disque
est une plongée insolite au cœur des émotions, chaque
variation du morceau trahissant une gamme de sensations (Amour,
aversion, devotion joie, pitié, etc…) et ce, élaboré
autour d’une harpe, de percussions, de voix et de procédés
électroniques.
De la
gamme d’émotions ici exposée, c’est sans doute le
désappointement qui conviendrait le plus à notre situation
d’auditeur. Le disque est une sorte de télescopage de musique
médiévale ou féerique façon Prikosnovénie
(Daemonia Nymphe, Fleur, Collection d’Arnell Andrea) de la BO de
Planète interdite et d’ambiance à la 4AD.
Un sextet
composé de Ayelet Harpaz, d’Anne Falbourn, de Tatiana Koleva,
de Carola Arons de Bert Luppes et de Yannis Kyriakides en chef d’orchestre
numérique. Bizarre, hélènique et baroque.
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MINIT Now roght
here
(Staubgold/La Baleine) |
Staubgold
continue à convier à sa table les réflexions
les plus audacieuses autour des mixions de travaux électro-acoustiques
et d’expérimentations digitales.
C’est
ici le cas pour Minit, qui s’ingénie à fragmenter
des mélodies en les noyant dans un vortex de boucles hypnotiques
et d’harmonies psychotropes .
Proche
de l’esprit des drones et des Loops, la confrontation rapproche
leurs démarches des courants psychadéliques des années
70’ incluant au passage les attentes de groupe tel que Faust, Neu !
Popol Voo. Résurgence des aspirations des groupes allemands
de cette époque, Jasmine Guffond et Torben Tilly
ont su galvaniser la texture étirée de leurs constructions
avec des attentes plus contemporaines, telles que le besoin d’isolement,
de retranchement au monde, laissant la technologie prendre le pas
sur les derniers titres, en recréant un univers organique
et désolé.
Le résultat
offre un univers riche d’espaces et d’apaisement, de silences et
de fébriles variations, mêlant tournures du passé
et instrumentations avant-gardistes proches de formations de chez
Kranky, Roy Mongomery et Charalambides en tête ou des projets
les plus évanescents de chez Constellation voire The Loop
Orchestra
Quand
Spatialité et liturgie se donnent la main en 4 variations
splendides.
www.staubgold.com
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THE GO-FIND Miami
(Morr Music/La Baleine)
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Anvers,
jolie ville aux façades ordonnancées tient pour symbole
un jeune garde dans une position stylisée en train de jeter
à l’eau la main du géant terrassé qui terrorisait
la ville.
A présent
lorsqu’on pensera à Anvers, en plus des diamants, nous viendra
subitement à l’esprit Dieter Sermeus [ The Go-Find]
et son doux timbre.
Miami
semble guidé par un feeling inconscient de nonchalance, une
ligne de crête mélodique pleine de rotondité
et de petites déclivités, de points de vue splendides
et de haltes méritées. The Go-find parfume les lieux
et les pièces de ses petites compositions enivrantes et entêtantes..
popsong légère et sans prétention qui emprunte
aux univers de Phoenix et de The Notwist, quelques lignes de guitares
aux Cure, et un esprit low-fi électronica contemporain façon
Fourtet.
A la manière
de son homonyme géographique, c’est bien l’esthétique
du vent caressant les palmes des palmiers-dattiers qui prédomine
au fil de ces 10 titres.
Du soleil
, du sable et l’océan Atlantique en ligne de mire. Une petite
éloge de l’évasion.
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MICHAEL
J SCHUMACHER Stories
(Quecksilber/La Baleine)
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Alors
que Charles Ives plaçait ses orchestres aux sommets de montagnes
environnantes pour créer des concertos uniques , Michael
Schumacher s’attache quant à lui à l’architecture
des lieux et des espaces, en proposant des concerts simultanés
comme ce fut le cas pour Room Pieces in NEW YORK, notamment. Il
continue à explorer des échantillons de vies, à
l’instar d’un Altmann et ses " Shortcuts " sur
ce nouvel Album
Il pratique
ici son art en filigrane, préférant l’ombre à
la lumière, les collaborations de traverses aux projets solistes;
Stories est l’évocation de parcours de vies, d’instantanés
d’existence qui se croisent et se décroisent dans un lent
processus de maillage social (et par extension musicale).
Les compositions
trouvent ici la guitare préparée de Schumacher comme
ossature centrale, colonne vertébrale des agencements autour
de laquelle se développe une niche biologique de petites
sonorités, grésillements inconstants, bourdonnements
capricieux.
La somme
de détails sonores qu’on emmagasine au fil de cet album évoque
la foule de petits événements que nous restitue notre
cerveau après une journée de labeur.
Musique
savante par instants, envrionnementale à d’autres moments,
l’environnement sonore de ce disque, proche des attentes de labels
tels qu’OHM AVATAR, met en branle l’énergie de nombre de
musiciens, parmi lesquels Tim Barnes, Anthony Burr, Charles Curtis,
Jene Henry, Nisi Jacobs, Donald Miller, rebecca Moore, Charles Morrow,
Peter Zummo.
Un microcosme
inventif et exigeant.
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MILOSCH
(Plug Research/La Baleine)
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En
premier lieu, cette pochette, qui évoque sans coup férir
les cut-up d’images bancales de Stuntman 5 et dans laquelle
on décèle un peu de la philosophie et de l’ossature
de sa musique, tour à tour fébrile et compacte, instable
et bien ancrée dans la mélodie.
Un voile
translucide de petit événements rythmiques saupoudrés
d’un gaufrage d’électronica et de nappes d’électronica…la
démarche est douce, parfois lisse à la façon
des voix vaporeuses qui traversent les titres do you like me
this way, Frozen Pieces, etc..
Plug
Research nous a déjà habitués dans un passé
récent à l’accueil d’artistes similaires mais la rotondité
des morceaux, et la production trop soignée enferme les morceaux
dans une attitude sage et presque bonhommique qui lasse rapidement.
Sans grand intérêt.
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