Tu
disais que tu naimais pas spécialement le terme déditeurs
ou de label indépendants ?
Oui, parce
que léditeur.... je pense que lAssociation, Fréon,
Amok, le Cycliste ou Les Requins Marteaux, bons, ce sont tous des éditeurs,
personne ne peut remettre ça en cause. Du moment que tu sors des
livres, tu es un éditeur. Point à la ligne. Cest pas
plus compliqué que ça. En revanche, je naime pas trop
le terme Label indépendant parce que pour moi, ça ressemble
à un sticker sur un CD, " nice price " ou " attention
jeunes ", ou une connerie comme ça, tu vois. ça
pue le marketing, cest une espèce de... pour moi " Label
indépendant " ça sonne comme " Mal-voyant "
pour dire aveugle. Une espèce de néologisme bidon qui commence
à contaminer le langage de tous les jours. La pub rentre dans notre
façon de parler et cest con, parce que ya pas plus
simple que de dire petit éditeur, puisque cest la vérité
et que déjà cest énormément porteur
de sens. " Label " pour moi cest une petite
structure englobée dans une plus grosse. Un major du disque qui
a des labels, ce qui est pas le cas. Et " indépendants ",
je trouve ça complètement con comme terme, parce que indépendant
de quoi, de qui ? La notion même de commerce exclut quasiment la
notion dindépendance.
Cest
même plutôt dune grande dépendance...
Exactement, tu dépends de largent à la base. et
puis, si tu as un gros truc marketing, tu peux dépendre de ton
public, de plein de choses.
Dans
tes livres, parmi tous les petits éditeurs, on assimile plus facilement
ta démarche spécifique à celle de petits éditeurs
littéraire style Fata Morgana.
Peut-être parce que les petits éditeurs littéraires,
ils sont obligés du fait de type de diffusion auxquels ils se soumettent,
de rester dans le cadre dun marché. Il ny a pas cette
histoire de librairie spécialisée par exemple. Plein de
choses comme ça qui font quils sont obligés de tenir
compte dun marché qui englobe des petits et des gros éditeurs,
ya un peu de circuit parallèle au niveau des diffuseurs,
mais à larrivée dans les librairies, tas pas
de rayons " labels indépendants ". Tu prends
par exemple les bouquins du Dilettante, qui reste un petit éditeur
aujourdhui, ben ils sont à côté de Gallimard,
etc.
En
même temps, tu as certains libraires qui défendront plus
facilement ce genre de recherches et puis tu as la grosse distribution
où ces bouquins là sont foutus dans un coin.
Cest vrai. Jen ai déjà discuté avec
des petits éditeurs de littérature, mais eux, lhistoire
petit/gros, bien sûr cest quelque chose quils ont toujours
en tête, ils sont soucieux du problème de la Fnac, cest
normal, mais ils ont toujours cette lucidité de ne pas oublier
que tu le veuilles ou non, cest du commerce. Comme cest vachement
dur, cest plus dur dêtre un petit éditeur de
littérature que de bande dessinée.
Justement,
est-ce quil y a une spécificité à la bande
dessinée ? Est-ce quelle existait jusque là, cette
notion de petit éditeur dans le cadre de la bande dessinée
?
Ça a existé, parce que franchement, moi, mon grand modèle,
cest les éditions Artefact. Plus que Futuropolis. Noublions
pas que les Humanos, cétait un petit éditeur à
lépoque, Lécho des savanes, avant que ça
soit les éditions du Fromage, cétait un groupement
dauteurs, tu vois, on na rien inventé aujourdhui,
cest juste que ça ressurgit. Mes références,
à part les comics américains, cest Artefact. On parlait
de hasard de la vie, cest avec Jean-Pierre Mercier quon fait
les Crumb, et Jean-Pierre Mercier, cest lun des fondateurs
dArtefact. Pour répondre, je ne sais pas pourquoi cest
plus viable dêtre un petit éditeur de bande dessinée
que de littérature. Cest peut-être la production, la
masse, peut-être quil y a un public qui émerge tout
à coup, qui avait un peu disparu et qui est revenu, qui sest
reconstitué, je crois que tout le monde est daccord là-dessus.
Les bouquins de lAsso, les bouquins de Cornélius et puis
ensuite, les bouquins des autres petits éditeurs qui sont apparus,
ça a ramené un public en librairies. Pour moi, cest
super important, le fait que des plus gros éditeurs commencent
à faire des livres qui soient un peu dans la même catégorie.
Ça, mine de rien, ben ça nous a un peu aidé. Ça
nous a pas aidés à enfoncer le clou, mais sur un truc tout
bête. Cest à dire que des libraires qui ne voulaient
pas nos livres parce quon les vendait en ferme, ont eu les bouquins
du Seuil, les bouquins de Dargaud, parce quils sont à loffice
et ont vu quils les vendaient un peu et ont pu, grâce à
ces livres là, se constituer un rayon.
Ça
fonctionne à double tranchant.
Cest à double tranchant, mais on parle toujours de lautre
tranchant, jamais de celui-là. Si dun côté,
tu peux dire : " ha, on nous a copié ",
mais nous aussi on a copié des gens... Moi je te dis Artefact,
jai pompé Artefact, comme lAsso cest vachement
inspiré de Futuropolis et tant mieux, cest une filiation,
mais faut pas oublier cet autre tranchant. Lewis Trondheim, faut pas oublier
aussi, ça la aidé à décoller davoir
des bouquins au Seuil, parce que les mecs, sont allés commander
les bouquins de lAsso et de Cornélius derrière et
ainsi de suite. Cest drôle, dailleurs, jaime bien
lironie du truc.
En
même temps, cest amusant, parce dans ce dossier, on sest
rendu compte que tous ces petits éditeurs se défaussaient
de cette appellation de " label indépendant ",
en même temps, de fait, on a pu voir lors du festival dAngoulême
que ces petits éditeurs sont côte à côte, avec
des différences, des trucs qui intéressent les uns et pas
les autres, etc. ya une intention dans les livres qui se dégage.
Pas marketing, chacun fait son truc dans son coin.
Jai pas assez de recul pour juger de ça, mais sûrement,
obligatoirement. Il y a au moins deux points communs à tous. Cest
les limitations techniques qui font quil y a forcément une
espèce de... noir et blanc et tout ça, même sil
y a des petits éditeurs qui font de la couleurs et puis...
Ca
fait un peu " ligne pauvre "...
Presque.
Encore
cest assez réducteur de ne le voir que dans les limitations
techniques, dans la démarche aussi, dans ce qui émerge.
il y a une entité, qui est pas faite artificiellement.
Cest des gens qui veulent, ça cest sûr. Il
y a une volonté de faire qui est commune à tous, par ses
propres moyens. Je veux dire, les Requins Marteaux, cette volonté
de faire je la retrouve dans le catalogue, elle est évidente, elle
saute au yeux. Et même si les livres de Cornélius sont très
différents des leurs, au moins, là-dessus, je me sens à
laise. Je sais pas ce que eux en pensent.
Chaque
fois on en parle avec les gens... du coup on voit... derrière le
catalogue, là où la volonté est marquée, dans
le fonctionnement, les envies, doù cest venu, il y
a énormément de points communs mais qui apparaissent déjà
malgré toutes les différences éditoriales venues
des sensibilités différentes. Il y a une identité.
Là cette année cest net et il ny a pas ce sticker,
elle est de fait.
Cest vrai que souvent on voit les choses dans le détail
et en fait, cette question faudrait la poser à des lecteurs, qui
auraient tendance à regrouper effectivement parce que cest
une vision plus globale. Jai pas assez de recul, je te donne des
réponses de détails alors que effectivement, faut être
lucide, globalement, il y a forcément, je le vois dans la volonté
de faire et dagir, cest vrai que ça saute au yeux.
Cest
vrai que nous, la micro édition, on voit ça avec le Dernier
Cri, les gens quon voit, qui viennent vers ce type de productions
faites au sein de micro-éditions... pareil. On voit souvent, dans
les festivals, les mêmes personnes, le même public entre les
petits éditeurs.
Le Dernier Cri, cest un bon exemple. On peut penser que cest
très éloigné de Cornélius alors que, Bernard
et moi, cest un des éditeurs quon aime et quon
regarde. Qui a dautres réponses techniques et éditoriales
à des questions communes.
Ils
font plus des livres dartistes, etc.
Nous aussi on en fait, avec le David Sandlin et cest marrant
parce que cest des questions communes quon a tous avec des
réponses très différentes. Tu prends Ug, le sérigraphe
qui fait des bouquins pour Les 4 mers...
Il
y a une différence entre ces gens là, dont on fait partie
aussi, que je qualifierais de micro-éditeurs, vraiment dauto-productions
et vous qui êtes des petits éditeurs. Dans la volonté,
il y a un trait commun. ... Il y a une volonté de ne pas vouloir
être mis sur une étiquette.
Sûrement. Il y a toujours des nouveaux éditeurs qui apparaissent
et ça ça me rassure vachement, quon ne se retrouve
pas à 5 ou 6 dans un club fermé. ça prouve que le
flux continue, cest très important.
Depuis
que vous vous êtes mis à publier plus de bouquins, il y a
quelque chose qui vous différencie de ces petits éditeurs.
Quoi ?
Cest dur à dire. Je sais que cest vrai ce que tu
dis, mais jarrive pas à savoir quoi. Jaimerais bien.
Jai du mal à savoir où. Je vois pas de réponse.
Le
fait que pour toi, la démarcation entre ton boulot à toi
et ton activité déditeur, que je lie à des
envies de lecteur, que ça soit plus cloisonné, il y a peut-être
quelque chose qui tient à ça. Cest plus fusionnel
maintenant.
Peut-être plus confus, peut-être plus riche, plus varié
et plus radical dailleurs. Cest peut-être ça,
mais en même temps, les goûts de Bernard, de moi sont beaucoup
plus larges que le spectre qui est traité dans Cornélius.
Dans Cornélius on va faire des livres qui correspondent à
nos goûts, à une sur-excitation, une envie hyper-force et
qui concilie nos compétences techniques. Cest des livres
quon aime, quon peut penser et faire bien. Il y a des bouquins
que jadore, que jachète chez dautres éditeurs,
on ne les ferait jamais à Cornélius. On en a même
refusé à des auteurs parce que, jaime bien, ça,
mais je sais pas comment le faire, je vois pas la mise en scène.
Il
y a cette notion de mise en scène et de raccord pour faire passer
quelque chose. Vous avez un côté -jaime pas le terme-
plus pragmatique en tant quéditeur. Ça permet à
des choses dexister, de créer un public pour ça. Je
vous sens plus pragmatiques la dessus.
Il y a lapproche en tant que lecteur et il y a lapproche
en tant que limites. Pour moi, les expériences que jai pu
avoir avant mont montré clairement que javais des compétences
et que javais des carences. Et ça pouvait progresser, mais
ça pouvait pas se faire au forcing. Les carences, ça peut
être une force parce que ça nous oblige à nous recentrer
sur des trucs quon sait faire, quon veut faire, quon
apprend à faire. Imagine si Crumb avait été édité
chez Cornélius il y a 5 ans, ça aurait été
catastrophique. Jaurais eu honte. Cest un peu comme les artisans-compagnons,
ils apprennent et à la fin ils peuvent prétendre à.
Nous aujourdhui, il y a plein de choses quon ne peut pas faire.
Bon, on a commencé à faire un peu de quadri pour Pierre
La Police, les couvertures, etc. Cest excitant dapprendre
des choses. Cest vrai que lon est peut-être moins courageux.
On est peut-être moins fonceurs sur un plan... moins tête
brûlée.
Vous
lêtes à votre manière parce que avoir envie
de faire Crumb à lépoque, cétait votre
fantasme et derrière vous vous êtes donné les moyens
et un concours de circonstance, comme tu disais avec lidée
du voyage. Chacun part dans cette idée là.
Jaime bien ce côté tête brûlée
de certains autres petits éditeurs, je trouve ça vachement
bien, mais en même temps, à notre niveau, cest peut-être
comme ça que je vois aussi, Cornélius, cest pas notre
vie non plus. On a des vies à côté et on les préserve
au maximum. Dautres envies, dautres choses et ça se
passe à côté de Cornélius, en dehors. À
Cornélius, il y a du travail et il y a aussi de grosses déconnades,
on passe des journées entières des fois à ne pas
travailler, juste pour le plaisir dêtre là à
se dire : " on est sur notre lieu de travail et on fout rien ".
Il y a le côté cancre. Et pour Bernard, François et
moi, cest un truc terrible. On aime bien samuser de façon
assez puérile sur le fait quon peut sécher les cours.
Cest bête...
Et
en même temps, vous êtes plus professionnels, enfin sans...
souvent chez les autres il ny a pas de distinction entre vie privée
et pro.
Ça je sais pas. Franchement je ne sais pas si on est plus professionnels,
cest un besoin. Les autres éditeurs qui sont plus fonceurs,
ils arrivent à faire des trucs qui mépatent. Qui me
laissent en admiration de lecteur. Je me dis : " quel culot ".
Tu
peux te dire les mêmes choses.
Je peux te dire les mêmes choses, mais je peux te dire aussi
que je ne suis pas du tout sûr de lexistence de Cornélius
dans 5 ans. ça rend aussi les choses excitantes.
En
même temps, par rapports à ce que disent dautres :
" je ne suis pas sûr de lexistence de nos bouquins ",
de Ego comme x à Amok, ils disent " ...dans 2 mois
! ".
Cest exagéré, parce que quand tu as un catalogue,
que tu as mis en place une structure de diffusion, de communication, tu
as toujours un laps de temps qui dépasse lannée en
cours. Donc, ils peuvent dire, je ne suis pas sûr dêtre
là dans deux ans, mettons. Demain, cest une image. Moi, je
dis 5 ans parce que je sais les efforts que lon a déjà
produits, les efforts physiques, parce que la sérigraphie, cest
assez physique, que ce soit les efforts psychologiques parce que cest
vrai que moi, ya des moments où jai bossé comme
un dingue et pour moccuper la tête, et pour moccuper
la vue, et pour apprendre. Pour essayer dêtre le plus indépendant
possible. Donc, cest sûr que ça a un prix. Cest
très coûteux personnellement et puis tu trouves une espèce
de stabilité qui te permet davoir deux vies, davoir
plusieurs envies. Cest pour ça que je dis 5 ans. Vu les efforts
que lon a déjà produits, quon essaye maintenant
de calmer, même si on gagne pas dargent pour 5 ans.
Quest
qui sest passé quand tu as réalisé que vous
tiriez des couvertures en sérigraphie et que cétait
pas possible ?
Physique, limite physique et psychologique.
En
même temps derrière, vous vous êtes donné dautres
moyens. Cest là où il y a vraiment eu une transition.
Cest là quon sest dit bon, super... mais
là attention, le plaisir est en train de seffacer derrière
la contrainte. Donc, faut réagir vite, vite, là, on est
un train de rentrer dans un cercle vicieux où le plaisir originel
est en train dêtre complètement dévoré
par les inconvénients quil engendre. Donc faut changer, cest
toujours des allées et venues comme ça. Cest pour
ça que des fois, oui, cest vrai, on peut le faire, on peut
le faire en bossant comme des dingues un mois. Est-ce que franchement
ça va changer la vie de lauteur si on sort pas dans un mois,
est-ce que ça va avoir de gros inconvénients au point de
vue commercial ? Non, pas tant que ça, mais en revanche, ça
veut dire quon va être plus heureux pendant un mois.
[ beaucoup de brouhaha
depuis 5 minutes...]
Jai
entendu dire que cétait pas anormal de se donner les moyens
de faire les choses. À tous niveaux.
Globalement, oui, cest super-important ; moi, je sais quil
y a des moments où jai été complètement
plongé dedans, cest un truc, ya des livres que jai
faits moins bien que dautres. Cest quand même grave
parce que moi, je suis déçu et cest grave pour lauteur.
Ces livres-là, jattends de pouvoir les refaire. Oui, le devoir
de bien faire, pour moi cest la seule chose quon doit réellement,
cest le minimum syndical que tu dois à lauteur. Et
puis en plus, cest plus mon délire, cest un devoir
par rapport à soi-même, de faire le maximum pour soi, cest
respecter son corps, cest apprendre à saimer, apprendre
à trouver un équilibre là-dedans. Je fais vachement
attention à ça parce que je me suis retrouvé dans
des expériences physiques limites où tu commences à
ne plus faire attention à ton corps et à penser que tes
un pur esprit et tu te retrouves à devenir une épave. Donc
cest pareil, la relation travail / vie privée /plaisir, cest
des paramètres à équilibrer. Ça veut pas dire
que tes quelquun de meilleur ou de plus intelligent, tes
simplement quelquun qui souffre moins. On revient à la notion
de plaisir. Moi, jai pas envie que lédition soit une
espèce de chemin de croix. Jai envie que ça soit un
truc très excitant, tu te lèves tôt, tes de
bonne humeur et tas envie de courir partout. Jai plutôt
envie de quelque chose comme ça. Je crois pas au bonheur mais...
la différence, cest peut-être ça. Ça
toffrira jamais le bonheur, parce que cest bourré demmerdements
mais tu peux y trouver des moments heureux et intenses et si tu ne fais
pas attention à respecter tes propres équilibres, ça
devient une souffrance. ça devient un sacerdoce , malsain.
Tu
parlais de pérennité à propos de Crumb, ou de Blutch...
non seulement ces petits éditeurs mettent le maximum pour permettre
à ces livres de naître, et bien mais derrière, je
te sens soucieux de lexistence que ces livres peuvent mener.
Ça cest souvent, pour moi, les gros éditeurs qui
ont cette attitude. De balancer à la mer.... Tiens jen jette
dix et yen a bien un qui va sortir du lot, qui va ramener... Tu
vois, ils lancent le filet un peu comme ça. Cest un peu le
reproche que je peux faire à certains gros éditeurs, à
cette logique commerciale. Tu as peut-être remarqué un truc,
on a un catalogue dune soixantaine de titres et on a très
peu dauteurs. Tu compares avec un éditeur comme lAsso,
qui a vraiment beaucoup de mecs différents et tout, on a peu dauteurs,
parce que je suis dans cette logique dont je te parlais tout à
lheure. Tu vois Blutch, cest marrant parce quil le disait
dans une interview, ce qui a été important, de bosser avec
Cornélius, la relation, a été important. Parce que
ses livres sont sortis et au-delà de ça, ça a été
important parce que des choses se sont passées, des envies se sont
mélangées et ya rien de plus fascinant. Il ne sagit
pas tintervenir dans le travail des auteurs, ça, cest
des foutaises. Ce que jai toujours dit, à Blutch comme aux
autres : " ne faisons pas les choses à moitié,
ce que vous avez envie de faire, faites ". Nous, ça
va nourrir notre propre envie et si cest raté, cest
pas important parce quil y a le... cest presque lapologie
de léchec, un échec, isolément, cest
un livre raté, mais dans une oeuvre, cest peut-être
pas un échec, ça peut-être une cassure, un tournant,
cest peut-être un palier, faut pas oublier que Fellini, quand
il a fait Juliette des esprit, entre Huit et demi et le
Satiricon... cest un film raté, cest un film
très mauvais de Fellini. Tout le monde la oublié et
pourtant si tu les regardes à la suite, et les autres grandes oeuvres
en couleurs, ben tu taperçois que Juliette des esprit,
cest une échelle, elle est toute branlante, cest un
escalier, mais heureusement quil a fait ça, sinon, on aurait
peut-être pas le Satiricon. Sil avait continué
le neo-réalisme un peu fantastique, on aurait pas la suite. cest
vachement important.
On
sent cette accroche-là en voyant loeuvre de Crumb dans son
ensemble aussi.
Luvre de Crumb, loeuvre de Blutch, de Mazzucchelli,
de Clowes, je crois que cest une constante de tous les auteurs...
Tous les gens quon publie. Je crois quon publie 15 auteurs.
Chaque fois quil y a une envie avec un autre auteur, on se pose
des questions car vu la façon dont on a envie de bosser, quest-ce
quon peut lui offrir de mieux sachant que pour lui, lidéal
est davoir un gros éditeur. Pas de travailler avec un petit.
Jai encouragé Blutch a essayer de vendre le Péplum
à Casterman, à Dargaud... bon, ça sest pas
fait et on la fait et voilà. Mais là aujourdhui
il va développer un truc aux Humanos, et cest bien. Il va
pouvoir en retirer de largent, cest du travail.
Et
si son travail ne peut pas passer par Cornélius à ce moment-là,
ce quil va faire maintenant ailleurs, il ne laurait pas fait....
Il le dit lui-même. Et si Blutch nétait pas venu
à Cornélius et navait pas fait ce chemin là,
Cornélius ne serait pas où il en est. Cest ça
qui est génial. Peut-être que pousser le truc à fond,
y compris avec les gens avec lesquels on bosse... Blanquet par exemple,
il a plein denvies et des envies qui trouvent des résonances
chez nous, auxquelles on pourra répondre, ou alors il va nous convaincre,
nous expliquer, ou il les fera avec dautres éditeurs et il
développera une autre relation cohérente. Cest comme
avoir plusieurs amis. Et pourquoi pas. Cest mieux pour lui, mieux
pour nous. On revient toujours à cette notion... Dautres
lont aussi à leur manière, mais disons que cest
vrai que là... Mais tu vois aussi, il y a lidée de
ce quon peut faire, et cest pour ça que lon ne
travaille pas avec beaucoup dauteurs. Parce quavec beaucoup
dauteurs, on serait moins efficace, moins en éveil, on pourrait
moins donner à chacun. Quand on est à Cornélius et
quon se donne à fond, mais il faut quon se garde des
réserves pour nous.
On
sachemine vers la conclusion. On va parler un petit peu du festival
dAngoulême et de la bande dessinée en général.
Est-ce que cest une position particulière vis-à-vis
du festival ; cette absence de léditeur de Crumb, le président
?
Théoriquement, jai rien senti de spécial, à
part plus de sollicitation de la part des journalistes, jai pas
senti de chose particulière. Il faut dire que Crumb nest
pas trop disposé à se prêter au jeu médiatique.
En réponse, le festival sest assez peu soucié de le
mettre en avant, cest logique. En même temps, le gala de clôture,
le dîner, se déroulent à 21h30 à la même
heure et le même soir que la seule apparition publique de Crumb
qui est le concert avec les Primitifs du futur, tu te dis bien quils
ont fait le service minimum. Donc de ce point de vue là, ça
a lavantage que jai pas été tellement emmerdé.
Et Crumb non plus. Bon, je ne sais pas comment ça sest passé
précisément. Ça jai trouvé ça
très maladroit. Crumb, je crois que ce nétait pas
son désir le plus fou, nous non plus. Je pense que ce nétait
pas spécialement une bonne idée que de faire des gros stickers
à mettre sur les livres avec Crumb président. Non, je pense
que lon a juste calqué notre attitude sur Angoulême,
sur celle de Crumb. Profil bas. Cest pas un dieu, on va pas en faire
toute une histoire, cest terrible, jai vu un mec pleurer devant
Crumb. Il lui à fait un petit dessin comme ça et le mec
sest mis à pleurer. Tu te dis, mais cest déraisonnable.
Crumb, cest quelquun que jaime beaucoup, dont jadmire
le travail, tu parles avec lui, ok, cest Crumb ! Mais admettons
quil soit extrêmement désagréable, je serais
désagréable avec lui de même. Cest bizarre quand
ça génère ce genre de chose, moi, jai jamais
compris ce genre dattitude. On a fait profil bas avec Crumb.
Si
tu veux, cest pas de lordre des choses revendiquées
de manière militantes, cest un choix et cest un engagement
aussi.
Oui, cest un engagement dans le silence. ça na
pas été clamé, cest comme ça. Pas calculé,
mais Cornélius, cest un peu ça, cest profil
bas. Pas par modestie, par souci de pas être trop emmerdé
parce quon a peu de temps. On préfère lutiliser
au mieux... à samuser ou à faire des livres.
Depuis
quelques années, parmi tous ces petits auteurs/éditeurs,
il y a des liens qui se sont tissés.
Ha moi, Willem, je le vénère. Enfin je le vénère,
je ne lidolâtre pas, si il fait un dessin devant moi, je vais
pas pleurer, cest sûr. Je le charrie, jaime bien rigoler
avec lui, picoler, enfin, un truc normal, un truc humain, simple, très
simple. Jaime bien les rapports qui restent simples, directs, presque,
oui bon voilà... Oui, cest vrai, que Willem, ça fait
partie pour moi des déclencheurs, comme Artefact, comme Crumb.
Je suis content, jai envie de pouvoir travailler avec eux, cest
un vieux rêve... Willem, cest un génie dont tout le
monde connaît le nom et dont personne ne se soucie de limportance
quil peut avoir. Cest curieux. Cest pour ça que
je porte ses livres, cest affirmer envers et contre tous, ce mec
là est génial. Regardez ! Et même si ce livre ne marche
pas, on fera le suivant. Les Requins Marteaux ont sorti le leur en même
temps, cest très bien, il y a besoin de ça....
Il
y a une volonté de pérennité en allant chercher plus
loin avec Crumb.
Oui. Et en plus, tout ces gens-là sont des gens que je respecte
humainement. Le but du jeu, ce nest pas de partir en vacances avec
eux, attention. Mais cest... on peut discuter, humainement, on se
respecte, tous, tous. Et les rares fois où jai senti que
ça pouvait ne pas se passer comme ça, on a pas fait les
livres. On a pas travaillé avec les auteurs, parce quon aurait
pas pu bien bosser.
Que
penses-tu de la volonté de revenir à une bande dessinée
très grand public et revendiquer haut et fort, sur le festival
?
Ben le festival, il a des impératifs économiques, jimagine
et donc, il y a des discours marketing, des trucs comme ça... maintenant,
ils on beau vouloir ça, ben dans les faits, ça ne se traduit
par un plutôt bon palmarès cette année 2000.
Ça
provoque des réactions, je trouve ça assez sain...
Oui, cest peut-être pas plus mal. Ceci dit, je nai
rien contre la bande dessinée grand public, faut savoir quune
série comme XIII, que je conchie, puisque elle est quand
même dans sa première période plagiée sur un
bouquin de SF, je sais même pas comment ils ont pu faire ça
et dans sa deuxième partie, je lai lu, un, jaime bien
garder des liens pour savoir, cest carrément du nimporte
quoi, style un téléfilm sur M6... Highlander... et
bien cette série-là que je trouve merdique, et ce nest
que mon jugement personnel et bien je suis quand même assez lucide
pour savoir quelle ramène les gens en librairies, pour savoir
quelle fait partie du chiffre daffaire dun secteur,
que ce secteur, ce chiffre daffaire global, même si ça
va enrichir je ne sais plus quelle société, Dargaud ou Lombard,
ça rejaillit sur lensemble, ça rejaillit sur les libraires.
ça crée une dynamique par la force des choses et on en profite
un tout petit peu, on en bénéficie. Si personne nallait
en librairie pour acheter des bouquins comme ça, si sur 1000 acheteurs,
le millième va voir les livres un peu différents et peut-être
acheter le Willem, on laura pris. Et Willem qui est grand extincteur
2000, par ailleurs. Cest a dire que lannée dernière,
les mecs dAllo les Pompiers avaient choisit Crumb, cette année,
ils choisissent Willem... bon goût... et cest bien quil
y ait cette multiplication des prix off. Le grand prix de lécole
DAngoulême cest David B. Jaime bien ce genre...
Cest vrai que la série grand public que je préfère
chez un gros éditeur actuellement, cest Donjon. Pour
moi, cest la quintessence de lidée quavait Goscinny
de faire quelque chose de digne et douvert à tous. Cest
à dire darriver à faire coexister implication personnelle,
oeuvre personnelle et lecture ouverte à tous. Cest grandiose.
Est-ce
que tu as limpression que lédition de bande dessinée
évolue actuellement.
Disons quelle évolue toujours, mais cest vrai que
ces dernières années, elle sest franchement enrichie.
Et pour une fois je suis optimiste. Dhabitude, jétais
extrêmement pessimiste là-dessus, je pense quil y a
des étanchéités qui vont devenir poreuses. et cest
normal. Cest-à-dire que 10 ans de lAsso, ça
amène forcément des gens comme David B., Joan Sfar ou Lewis
chez des grands éditeurs et pourtant ils ne se dégagent
pas de lAssociation. ça ne se dégage pas de leur démarche.
Ça cest bon signe. Et le fait que même un éditeur
comme Delcourt puisse imaginer sortir un épisode de Donjon dessiné
par Menu, ça dit aussi beaucoup de choses sur le regard qui a changé
dans la reconnaissance des petits éditeurs. Finalement, cest
assez marrant, ces mecs-là qui me parlaient pas il y a un moment
et qui maintenant savent que jexiste, cest ben, cest
pas la peine daller au conflit. Cest en fait, oui, vous existez
et vous bossez, oui ça a une importance. Cest ce que jai
toujours dit les concernant et cest ce que eux, aujourdhui
disent nous concernant parce que cest du domaine de lévidence.
Et tant quapparaîtront de petits éditeurs, qui naîtront,
dans nimporte quelle filiation, le marché sera dynamique.
Le jour où les petits éditeurs commenceront à mourir,
à ne pas se recycler, lédition commencera à
aller mal. Attention, jentends sur un plan artistique. ça
cest une loi imparable. Ya qua voir ce que ça
a donné avec la disparition de Futuro, dArtefact, le rachat
des Humanos. Et aujourdhui ce cycle, il se fait et il se fait bien
parce quil y en a peu qui meurent. Cest pas le trop grand
nombre déditeurs dans la bande dessinée qui.... ça
peut être éventuellement le trop grand nombre de livres.
Le
fait que certains auteurs... [inaudible]
Complètement. Cest important financièrement
pour eux, parce que sil ont une autonomie financière en bossant
chez des gros, ils peuvent développer des trucs plus extrêmes,
plus radical chez des plus petits et il y a un échange de notoriété.
Cest intéressant pour les gros davoir une espèce
de crédibilité artistique tirée des petits et à
linverse, cest bon pour les auteurs davoir ce confort,
de finance, qui va leur permettre de faire plus, de faire mieux et de
développer des axes peut-être plus complémentaires.
Je pense que cest bien. Même si je ne suis pas forcément
super-preneur...
Cest
la conjonction de plusieurs choses, le palmarès depuis deux années
en décalage avec le discours global.
Le discours dAngoulème, cest du discours, après
il y a les faits, cest pour ça que je dis que le discours
ça me fait chier.
Jusque
là ça allait. Maintenant ça se marque et les choix
se marquent aussi.
Un discours ce nest que des mots et puis il y a les actes, les
faits. Cest ça qui est important. Tes bien daccord
avec moi que le discours dAngoulême cette année, on
laura oublié lannée prochaine. Le palmarès
il a déjà un effet. Ya que les actes qui comptent
pour moi. Le discours, cest bien, cest marrant quand on est
entre copains, cest une perte de temps dans le travail. Cest
même une perte de temps dans lactivité du plaisir.
Cest bien la rhétorique, Jaime bien couper les cheveux
en 4, les poils de cul en 18, à un moment donné, si on parle
de plaisir, si on veut être vulgaire à la limite et ramener
ça au sexe. Ya ceux qui en parlent beaucoup et ceux qui préfèrent
prendre du plaisir. Moi je suis à fond là-dedans. Bon limage
ne la garde pas. Cest comme parler du plaisir ou se faire plaisir.
Bon ben le discours dAngoulême, cest parler dAngoulême,
parler de la bande dessinée, non en faire et non en montrer. Nous
on en fait, et le palmarès va en montrer. Je cherche même
pas à leur gerber dessus, cest simplement quun discours,
ça véhicule les trucs mais il est aussi soumis à
des contraintes, donc le seul risque que ça a cest que les
choses soient décrédibilisées à terme sils
prennent pas le pas avec ce quest aujourdhui la réalité
de la bande dessinée. Des gros, des petits, une extrême variété,
une extrême effervescence. Cest exactement ça. Une
énorme effervescence. et surtout des barrières de moins
en moins étanches, de plus en plus poreuses et à mon sens
de plus en plus profitable, créatrice et excitante. Par contre,
là où je suis super-pessimiste, cest que je pense
que lon est à une espèce dapogée, on
va redescendre. Cest pour ça que je préfère
pas savoir si on sera encore là dans 5 ans. On arrêtera soit
parce quon sera au bout du rouleau, soit parce quon aura plus
de plaisir. De toute façon on verra. Mais si ça sarrête,
ce ne sera pas grave. On fera autre chose, la vie continuera et... Ce
que ça nous a déjà offert à Bernard et à
moi en terme de vie, dexpérience, dapprentissage, de
plaisir. Cest ya rien qui peut acheter ça, jaurais
pu gagner des millions à faire autre chose, avec ces millions-là
je naurais jamais pu me payer ce quon a vécu, jamais.
Cest une fortune et elle est à moi pour toujours. Rien que
ça, cest génial.
Tu
es pessimiste là-dessus ?
Je suis pessimiste positif. Je suis un idéaliste qui a perdu
toutes ses illusions. Je suis un idéaliste. Jai zéro
illusion. De toute façon, je sais quon crève à
la fin. Je le sais. À 45 ans, ya très peu de chances
que je fasse encore ça. Soit par choix, soit parce que les autres
auront choisi pour moi. Mais cest vrai que je suis super-pessimiste.
Mais mon attitude par rapport à la vie elle est basée sur
le plaisir, elle est ultra positive. Si tu mises toute ta vie, tout ton
devenir sur une chose et que ça rate, tes foutu. Si tu mets
ça en perspective, cest au contraire génial. Ouais,
peut-être quon ne sera pas là, mais franchement, cest
pas grave. Moi le futur, ça ne mintéresse pas. Le
futur na aucun intérêt. Ce qui est intéressant
pour moi, cest le passé et le présent. Le futur cest
juste une espèce de moteur, je le vois à très court
terme. Jai des phantasmes sur le long terme, mais cest pour
ça que je te parlais dinstinct, cest pas trop programmé.
Jai des espèces denvies qui sont loin, très
loin. Un jour je tombe dessus. Tiens, elle était là. Cest
le présent qui est intéressant. Quand tu vis dans le futur,
tu ne fais rien. Tu ne vis rien, parce que tu es toujours dans la seconde
suivante. Moi je veux être là. Cest pour ça
que si dans 5 ans on est mort, quest ce que ça peut me foutre
? Si tu commences à te dire dans cinq ans, tes déjà
dans cinq ans, tes déjà mort.
Tu
ne planifies pas dévolution de Cornélius ?
Non, il y a juste des trucs comme ça, qui restent en lair.
Restons petits, on est bien. Et restons petits parce quil faut être
un peu humble. Se rendre compte que cest là quon donne
le meilleur de nous-mêmes. Moi je sais que cest là
que je donne le meilleur de moi-même pour Cornélius. Plus
gros je vais tomber sur toutes mes carences, sur toutes mes failles. Des
failles qui peuvent être sympas, dans le genre un peu je men
foutiste, un peu ah, ah. Plus gros cest le genre de truc, ça
ne devient plus du tout sympathique, les auteurs en pâtissent, les
gens qui bossent dans la structure en pâtissent et dans ta vie privée
tu en pâtis. Moi jai plein de défauts, mais je ne suis
pas mégalo, je crois.
Pourtant
vous assez des projets éditoriaux sur le moyen terme. Pour Crumb,
par exemple...
Oui, pour Crumb on est partis pour 15 volumes.
Vous
avez dautres types de projets ?
On fait le catalogue, quon avait jamais fait parce quon
est des fainéants. Chaque fois quon devait faire le catalogue
on se disait " faisons plutôt ce livre, il est quand même
plus important que ce petit catalogue " . Ça,
cest fait, donc là on a été raisonnables. On
a su être raisonnables sur ce coup-là. Et cest une
bonne chose. Dans les projets on aimerait bien faire une revue justement,
qui nous permettrait non pas de traiter la tranche de goût quon
a qui est plus large que Cornélius, mais simplement den parler.
Juste dire " jaime ça ". Et donc ça
serait une revue qui ne contiendrait pas beaucoup de bande dessinée,
mais beaucoup dentretiens, beaucoup darticles de fond, sur
la bande dessinée, mais aussi sur le graphisme, sur tout ce qui
nous intéresse, pas de connotation particulière, si ce nest
les goûts de léquipe. Lenvie qui génère
cette revue, cest aussi de rencontrer dautres gens, de travailler
avec dautres gens, quon a rencontrés sur internet par
exemple. On a envie de souvrir, en tous les cas. Ça serait
une autre façon pour moi dexercer ma passion en tant que
lecteur, autrement quen tant quéditeur, moins sérieux
que le mec qui amène les trucs, ça serait plus léger,
ça serait plus une parole, la parole. Moi jai une passion
pour la musique qui sest composée à Cinnecita dans
les années 60-70, parce quil y a des tas de choses à
dire sur ce pan de lindustrie cinématographique, ya
des questionnements sur comment avoir un travail dauteur, ça
dit plein de choses sur la création, cest des questions qui
mintéressent, parler de dessinateurs chinois, parler de dessinateurs
japonais, russes, de tout, nimporte quoi. Les bandes dessinées
oubliées, les petits formats, tu vois, faire plein de choses, je
ne peut pas ten dire beaucoup plus comme ça.
Étonnant,
il sagit vraiment dun type dengagement éditorial
différent...
Ouais mais ça sera avec dautres gens, tu verras ça
sera intéressant parce que ce sera très cohérent
avec Cornélius, ça montrera justement tout cet à-côté,
tout ce quil y a derrière le décor, tous ces goûts
qui sont derrière le décor. Cest une envie de longue
date, cest un projet récent et on en fera quun par
an parce que cest aussi un truc quon fera à prix coûtant
ça sera notre espèce dengagement pour les gens quon
aime.
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