| Votre 
            lectorat est stable ? Killofer 
            : Non, 
            il évolue, il grossit.
 Je 
              veux dire : les adhérents vous suivent ou ça varie. Menu 
              : 
              ya tous les cas de figures, les fidèles, ceux qui arrêtent 
              puis qui reviennent, les déçus... Ce qui est intéressant avec notre 
              lectorat, cest que ca recouvre un peu toutes les catégories. 
              Il y a aussi des adolescents, ou des gens extrêmement âgées.
 Trondheim 
              : Des 
              gens qui étaient blasées de la Bd et qui redécouvrent des trucs 
              intéressants
 Le 
              succès que vous rencontrez, ça a modifié votre manière de fonctionner 
              ? Menu 
              : 
              Je ne crois pas.
 Trondheim 
              : 
              Les livres quon vend le plus pour linstant, cest 
              des chiffres autour de 4000 ex.
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              : 
              Ça a dépassé. Les meilleurs ventes cest plutôt 6 à 7000 maintenant.
 Trondheim 
              : 7000, 
              cest Imbroglio, une patte de Mouche....
 Menu 
              : 
              Non, cest le Journal dun album de Dupuy et Berbérian, 
              talonné par Le pays des trois sourires et Lascension du haut-mal.
 David 
              B. : Avant, 
              le maximum, cétait 3000.
 Killofer 
              : 
              Cest les derniers albums qui se vendent le plus, cest 
              clair.
 David 
              B. : Ça 
              fonctionne aussi chez Dargaud quand on a fait, par exemple, Hop-Frog 
              avec Christophe Blain. Léditeur pensait en vendre 1000 ex. 
              Il lon tiré à 6000 ex, tirage qui nest pas très supérieur 
              à un tirage de Lassociation finalement et lalbum est 
              bientôt épuisé. Cest un album dans lequel il ne croyait pas 
              du tout.
 Menu 
              : 
              Cest un système d échange qui est intéressant. Faire 
              des albums à lextérieur, ça ramène des gens à lAssociation, 
              jai limpression aussi que pour les éditeurs installés, 
              les auteurs de lasso ont un espèce de crédit qui fait que 
              les albums....
 David 
              B. : Il 
              y a déjà un public tout prêt.
 Killofer 
              : 
              Quand tes auteur chez lasso., tas les portes grandes 
              ouvertes chez les gros éditeurs (rires).
 Menu 
              : 
              Ça a été un peu le problème de Futuro. Robial découvrait des gens, 
              et ils partaient après chez Casterman.
 Killofer 
              : 
              Robial, il a souffert de ça.
 Menu 
              : Oui, 
              cest quand même lui le premier qui a publié Muñoz et Sampayo, 
              partis après chez Casterman.
 Killofer 
              : 
              Alors comment on fait, nous, pour garder les auteurs ?
 Menu 
              : 
              On est hyper-sympas et on leur paye à manger. Et puis on est auteurs 
              aussi. donc on est conscient de ça, et on y fait attention.
 David 
              B. :  
              On est pas comme une maison déditions traditionnelle, de toute 
              façon. Moi, jessaye déquilibrer mon travail entres les 
              grands éditeurs et lAssociation. Jai pas envie de gagner 
              beaucoup dargent et de rentabiliser tout mes albums. Je pense 
              quau bout dun moment, jarriverais à vivre avec 
              lassociation. Plus on fait dalbums, plus on gagne dargent, 
              forcément. Ya un effet boule de neige. A partir du moment 
              ou jaurais beaucoup dalbums à lasso, ça ira. Je 
              récupérerais jamais autant que se que je pourrais toucher chez Dargaud, 
              mais de toute façon, cest intéressant quand même.
 Killofer 
              : 
              Mais ne dis pas ça, on la refait...
 Menu 
              : 
              Je pense que les auteurs qui commencent à travailler à lAssociation 
              restent fidèles parce quil y a un esprit sain. cest 
              à dire que les auteurs ont affaire à des auteurs.
 Je 
              me disais aussi que, paradoxalement, le succès de lassociation 
              venait aussi du fait que lédition se casse la gueule ? Trondheim 
              : 
              Ça se casse pas la gueule, ça se porte très bien.
 Killofer 
              : 
              Si, il 
              y a eu une grosse crise pour les revues dans les années 80.
 David 
              B. :  
              Si, il y a 10 ans, un jeune dessinateur vendais 10 000 exemplaires 
              sans problème. Cest plus le cas.
 Killofer 
              : 
              À lépoque 
              ou on arrivait, les éditeurs étaient hyper-frileux, ils ne sortait 
              pratiquement rien. Les gens comme nous, ils allaient voir les éditeurs 
              et ils se faisaient jetés. Cétait hyper dur de faire un album. 
              Enfin, on était plus jeunes aussi...
 Est-ce 
              que vous pensez que vous avez évoluer sur la création dun 
              nouveau public, dun autre public Bd. Killofer 
              : 
              Cest dur à dire. Cétait un peu notre but au départ. 
              Ça lest toujours dailleurs. On a déjà eu des échos de 
              gens qui disaient : « Je suis content, javais arrêté de lire 
              de la Bande dessinée... »
 Menu 
              : 
              Dés la 
              sortie du Cheval blême, on commençait a entendre : « Tiens, la Bande 
              dessinée ça peu être ça, je suis content ». On espère, oui. Mais 
              cest très long. Par exemple, pour pénétrer le marché des libraires 
              généralistes, cest toujours aussi dur, parce quils sont 
              toujours aussi fermés à la Bande dessinée, ils ont toujours des 
              préjugés.
 David 
              B. : De 
              toutes façons , je crois que lon a des publics assez différents. 
              Ya des gens qui aiment la Bd traditionnelles et qui aiment 
              aussi lAssociation.
 Menu 
              : 
              Ça oui, ya des tarés parmi nos adhérents...
 David 
              B. : Oui, 
              par exemple, il y a ladhérent qui arrache, dans Lapin, les 
              pages de Mattt Konture, de Menu, mes pages et de je sais plus qui 
              dautres, mais qui aime bien Killofer et Lewis. Ha oui, Killofer, 
              il aime bien ce que tu fais et si jétait toi, ça me ferais 
              réfléchir. Je comprends pas quil soit encore adhérent.
 Le 
              fait de publier des auteurs étrangers, vous pensez que ça va amener 
              du changement par rapport à votre lectorat ? 
              Menu 
              : 
              Jai limpression que notre lectorat est curieux et va 
              être intéressé.
 Trondheim 
              : 
              Si on ne faisait que des albums comme Le Haut mal ou de Jochen Gerner, 
              cest très bien, mais ne faire que ça au bout dun moment, 
              on connaît le système. Cest vrai que souvrir sur lextérieur, 
              ca fait des petites surprises.
 David 
              B. :  
              Cest intéressant pour nous aussi de nous confronter à ça.
 Menu 
              : 
              Ça fait vraiment plaisir de voir que lon a imposé Pixie de 
              Max Andersson en France. Cétait long à démarrer et cest 
              devenu un peu culte. Ya eu du bouche à oreille, le réassort 
              se fait bien et on a pu en sortir un deuxième.
 David 
              B. : Moi, 
              en plus tout ça, cest des trucs que je connaissait pas avant 
              dêtre à lAssociation. La BD américaine, tout ça... jétais 
              pas très undergraounde, donc je découvre plein de chose... Cest 
              maintenant que je vais me mettre à faire de lunderground... 
              jai commencé chez Glénat et je vais finir par ça. Non, mais 
              cest vrai, jai limpression davoir un carrière 
              qui va complètement à rebours.... Jvais me laisser pousser 
              les cheveux et je vais devenir comme Mattt... enfoncé Mattt Konture.
 Mattt 
              : 
              Je pense quon fait partie dune génération internationale 
              dauteurs indépendants.
 Killofer 
              : 
              Linternationale de la Bande dessinée (rires)...
 Du 
              coup, la spécificité que vous revendiquiez et qui est incarnée dans 
              Lapin, nest-elle pas en train dévoluer dans les autres 
              pays. Menu 
              : 
              Oui et 
              non , jai limpression que ya un truc qui a redémarré 
              depuis quelques années. Par lexemple, en Espagne, cétait 
              le point 0 depuis longtemps, maintenait ya Max. ya Ritchi 
              (?) qui lance Mano (?) en Italie.
 David 
              B. : Dans 
              les années 70, yavait pleins de dessinateur en Italie et puis 
              dans les années 80 plus rien. Maintenant cest vrai quon 
              voit des italiens revenir.
 Menu 
              : 
              Les allemands et les anglais sy mettent aussi. Les pays de 
              lEst sy mettent. Ça bouge vraiment et tout ces gens 
              là se réclament des mêmes références.
 David 
              B. :  
              Ya Jigounov. qui vient de faire une série au Lombard. ... 
              Cest un dessinateur russe qui a découvert le Lombard en Russie 
              et il a voulu faire de la Bd et comme il ny avait rien en 
              Russie, il sest dit : « faut que jaille en Europe de 
              louest » Comme il ne connaissait que le Lombard, il a été 
              les voir et ils lont pris tout de suite pour faire une série 
              genre XIII... Cest un dessinateur réaliste qui dessine comme 
              les gens du Lombard.
 Menu 
              : 
              Cest très intéressant...
 Killofer 
              : 
              Et il 
              est content ?
 David 
              B. : Ha, 
              il est ravi.
 Killofer 
              : 
              Cest une histoire qui se termine bien, dommage quelle 
              soit fini...
 Menu 
              : 
              En tout cas, il y a vraiment un fossé qui sest creusé ces 
              dernières années entre ce quon appelait Bd et qui continue 
              a exister en tant que produit, séries, etc... et se qui se passe 
              maintenant, à la suite de lAssociation et des autres petites 
              structures alternatives. On commence à intégrer lidée quil 
              ny à pas une Bande dessinée, mais plusieurs choses dans la 
              Bande dessinée, des choses qui nont rien à voie entres elles 
              et qui ne peuvent pas sinterpénétrer. Cest pas encore 
              tout à fait intégrer, mais il y a du progrès là-dessus.
 Trondheim 
              : 
              ce quon peut voir, cest que chaque pays à développer 
              des spécificités dans un domaine commercial, qui ne se rejoignent 
              pas entre-elles, comme le manga, les supers-héros ou la bd historique, 
              alors que dans le domaine de la small press, au contraire, là, il 
              y a des vrais cousinages qui se font de pays à pays. Nous avec des 
              éditeurs comme Draw & quatterly, Fantagraphics etc...
 Menu 
              : Cest 
              parce que là, cest humain, alors que le reste cest du 
              produit, cest tout.
 Trondheim 
              : 
              On est arrivé à une bande dessinée humaine.
 En 
              même temps, est-ce quelle nest pas confiné dans un ghetto 
              ? Trondheim 
              : Non, 
              cest plutôt lautre qui se confine dans un ghetto.
 Killofer 
              : 
              Dailleurs 
              le lecteur de cette Bd là, il est collectionneur, il sort pas de 
              chez lui, il est maniaco-dépressif, il lit que de la Bande dessinée.
 Trondheim 
              : 
              Il sbranle 
              comme un taré, il baise pas.
 David 
              B. :  
              Il a des problèmes avec les filles, cest un public adolescent, 
              même si les types ont 40 ou 50 ans. Ils ont un intérêt pour la Bd 
              dadolescent.
 Trondheim 
              : Hoo, 
              arrêtez de généraliser, quand même, sil vous plaît.
 David 
              B. :  
              Ils sattachent à la forme en fait...
 Daccord, 
              mais le public qui chercherait autre chose dans la Bande dessinée... 
              Menu 
              : 
              Cest le même problème que pour trouver des films ou de la 
              littérature intéressants, cest pas en lisant Lire que tu va 
              trouver des bouquins intéressant., ni en lisant Première.
 David 
              B. : Mais 
              Première, il parle aussi de films intéressants, cest çà le 
              problème. Il faut savoir trier, ce qui est important, cest 
              davoir un jugement, dêtre capable davoir un discernement 
              sur les choses.
 Menu 
              : Faut 
              avoir accès aux choses, aussi. Cest pas évident.
 David 
              B. : Par 
              exemple, il parle de nous dans la lettre de Dargaud, pas souvent. 
              On parle de nous dans un tas de revues, cest pas le problème, 
              les gens ont accès à linformation sur ce quon fait.
 Killofer 
              : 
              Holà, vous allez pas faire un scoop.
 En 
              parlant daccès, justement, est-ce quau tout début, la 
              discours de lAssociation sur le renouvellement de la Bande 
              dessinée névoquait quun renouveau formel, ou est-ce 
              quil y avait aussi une volonté politique de renouveler les 
              approches pour toucher le public. La volonté de proposer une bande 
              dessinée populaire de qualité. Trondheim 
              : 
              On partait 
              dun média qui était mal utilisé et mal connu, mal respecté.
 Menu 
              : 
              Le problème cest que personne ne sait ce que cest que 
              la Bande dessinée, personne ne connaît Herriman, Crumb. Groensteen 
              faisait remarquer, il y a pas mal de temps : « parler à quelquun 
              qui ne respecte pas la Bande dessinée, il rejette tout en bloc. 
              Puis après on lui parle de Mc Kean et il dit que ça cest de 
              la peinture, on parle de Brétécher et il dit que cest de la 
              littérature, cest pas de la Bd tout ça. En fait il y a quelque 
              cas particulier qui sortent de limage de la Bd et qui sont 
              adopté, mais il y a un effort à faire pour casser cet espèce de 
              mur, de mauvaise image de la Bande dessinée pour avoir accès aux 
              trucs intéressant.
 Killofer 
              : 
              Il y a encore quelque chose dencore plus vicieux, qui est 
              très apparent : Au Panorama de France culture...
 Menu 
              : 
              Ha quels 
              connards ceux là.
 Killofer 
              : 
              ... Même les gens cultivés qui sintéressent à la Bande dessinée, 
              cest toujours avec cette idée de condescendance, cest 
              pas du tout méchant mais pour eux ya la culture, et la Bd 
              qui rentre dans un cadre très précis...
 David 
              B. : : Ya 
              une émission de Bd sur France Culture...
 Killofer 
              : 
              Comme ils sont généralistes au niveau de la culture ils soccupent 
              des produit qui représente bien leur idée de la Bd, contre-culture, 
              etc, dans le même sac que le polar .....
 David 
              B. :  
              Ce qui est marrant au Panorama, cest que cest des gens 
              qui sont cultivés mais qui narrive pas à se cultiver au delà 
              de la culture traditionnelle : littérature, peinture, musique, machin... 
              La Bd , ça fait partie dautre chose. Ils vont aimer des Bandes 
              dessinées, mais des trucs extrêmement classique.
 Menu 
              : 
              Le Panorama, ils ont descendu Conte démoniaque dAristophane, 
              le Journal dun Album de Dupuy & Berbérian et ils ont encensé 
              666. Ça va les conneries...
 Killofer 
              : 
              Ils narrive pas à voir la Bd comme un moyen dexpression, 
              il la voit comme un compartiment de la culture qui doit respecter 
              certaine règles.
 Menu 
              : 
              En fait, cest le même problème que pour la plupart des gens.
 David 
              B. : Jai 
              limpression quil voit ça comme la corvée de patate à 
              larmée.
 Cest 
              les médias en général qui sont peu réceptifs... ? 
              : 
              Ya plein de raisons à ça.
 Menu 
              : 
              En même temps, nest-ce pas une bonne chose que la Bande dessinée 
              soit perméable à la culture. Cest pas si mal. Ça lui permet 
              de ne pas rentrer dans les canons officiels, elle nest pas 
              récupéré finalement. Elle est assez irrécupérable, comme le rock, 
              en fait.
 Killofer 
              : 
              Pour ça, lalbum sur lÉgypte cétait vachement révélateur. 
              Cest la réflexion qui nous est venu puisque ça a déranger 
              tout le monde quon publie cet album.
 Menu 
              : 
              La ??, cest le truc au sein du ministère des affaires étrangères, 
              qui a plein de fric, ils proposent, je sais pas, à des artistes 
              contemporains daller dans les pays en guerre et puis quest-ce 
              quils font : un truc abstrait avec du rouge. Ca ne branche 
              personne. Nous, ils nous ont envoyés en Égypte et le fait que lon 
              mélange le texte et limage, on se rend compte que ca dérange 
              tout le monde. Il ne vont plus jamais rien faire avec la Bd, je 
              pense maintenant.
 Vous 
              qui êtes assez revendicatifs, ca ne vous a jamais tenter dintroduire 
              une partie critique dans Lapin ?Killofer 
              : 
              Si, bien sur, on en reparle régulièrement dailleurs.
 Menu 
              : 
              A lorigine 
              il y avait cette idée darrêter de critiquer et de polémiquer 
              et on faire des choses. Du coup, on a mis en retrait la position 
              polémique et avec les années cest peut être moins nécessaire.
 Killofer 
              : 
              On aura lair cons de critiquer avec toutes les concessions 
              quon a fait pendant toutes ces années.
 Menu 
              : 
              Mais cest vrai que la situation à bien changer. Il y a moins 
              de choses à obtenir que dans les années 80.
 Killofer 
              : 
              Et puis on est un peu plus compromis, aussi, on ne peut plus taper 
              sur tout le monde comme on le faisait.
 David 
              B. : Le 
              problème nest pas là, cest pas le problème quon 
              bosse à Dargaud ou a Dupuis. Quand je vais voir Christmann qui monte 
              des trucs, moi, je dis quand jaime pas ça, cest pas 
              le problème. Christmann laccepte très bien, ils nous connaît 
              bien.
 Killofer 
              : 
              Par exemple, on avait eu envie avec Menu de reprendre Globof au 
              dernier Angoulême, par ce quil ne se passait rien. Et puis, 
              une fois sur place, ben on a pas eu envie, cest passé.
 Menu 
              : 
              Cest vrai quil y avait matière un peu à râler...
 Killofer 
              : 
              Mais là on ne parle pas vraiment de critique mais plus de polémique.
 Trondheim 
              : 
              On en 
              revient aussi au fait que faire de la critique négative sur des 
              bouquins, est-ce vraiment la peine ? en fait, Menu, il fait généralement 
              des critiques positives dans les éditos de Lapin. Cest plutôt 
              de linformation.
 Menu 
              : 
              Je considère que je ne fais absolument aucune critique ni polémique 
              dans Lapin, pour linstant. Si je le ferais, ca serait beaucoup 
              plus virulent.
 Trondheim 
              : Il 
              y a eu quelques dérapages avec Lolmède et Le Seuil, mais bon.
 David 
              B. : Avec 
              Le seuil, cétait justifié. Avec Lolmède, cétait un problème 
              entre Menu et lui.
 Menu 
              : 
              Cest le centième de ce que je pourrais dire. Moi, jai 
              un fond polémique, je suis vachement énervé mais je ne me permet 
              pas de le dire à lAssociation.
 Trondheim 
              : On 
              ne mets pas ça en avant.
 David 
              B. : Il 
              y a aussi le fait davoir créer lasso, de faire partie 
              du paysage de la Bande dessinée, au même titre que Dargaud ou Glénat, 
              que Jade ou les Requins marteaux, quoi quon en pense.
 Vous 
              avez limpression dêtre un véritable éditeur par moment 
              ? David 
              B. : On 
              est un véritable éditeur, la question posée, cest quel éditeur. 
              On est pas le même éditeur que Glénat, ça cest clair.
 Trondheim 
              : Limage 
              de léditeur, cest lalbum cartonné couleurs.
 Ya 
              des trucs qui se vendent plus que dautres. Des trucs qui vous 
              tiennent à coeur mais qui ne marcherons pas ? Menu 
              : 
              Mais attends, 
              cest une entreprise, cest clair. On à un loyer de 11000 
              balles, on est obligé de sortir des bouquins. On ne peux pas se 
              permettre de ne pas sortir de bouquins pendant 6 mois. On est dans 
              une logique dentreprise, ce qui est un peu chiant, mais cest 
              comme ça.
 Trondheim 
              : 
              Conte démoniaque, on a pas trop réalisé la difficulté...
 ... 
              coupure...  Vous 
              avez eu envie de sortie des albums en couleurs ? Menu 
              : 
              Ca commence à se poser.
 Killofer 
              : 
              Avec Jim 
              Woodring, notamment.
 Menu 
              : 
              En fait, 
              ça va se faire. Il y a déjà de plus en plus de bichro dans Lapin, 
              on va commencer à faire des albums en bichro. Il y a trois projets 
              qui appellent la quadri, cest Chris Ware, Woodring, co-édité 
              avec Fantagraphics et Jochen entreprise, un éditeur allemand. Lalbum 
              étant muet, on va limprimer en même temps et puis en novembre, 
              il y a le Lapin plus jeunesse, en collaboration avec le Salon de 
              Montreuil. Ils ne veulent pas mettre de blé, mais ils vont acheter 
              des exemplaires. Sil en achètent beaucoup, ca rend lopération 
              rentable.
 ???? 
              Menu 
              : 
              Le Rouergue, jadore ça.
 Vous 
              avez des envies de faire du livre jeunesse ? Ces dernières années, 
              cest un domaine qui a été très créatif. David 
              B. :  
              Moi, ca me branche pas trop
 Menu 
              : 
              Moi, je 
              veux absolument en faire, ne serait-ce que parce que jai des 
              gosses ....
 Trondheim 
              : 
              Moi, je crois que je vais en faire chez Delcourt. On me la 
              proposé.
 Menu 
              : 
              Cest 
              beaucoup plus riche et ouvert que la Bande dessinée. Les gens qui 
              samusent à découper le papier, ils nhésitent pas utiliser 
              des couleurs fluorescentes, à mettre des empreintes. Dailleurs, 
              Cornéluis doit faire une collection pour enfants sous peu.
 Trondheim 
              : Ceci 
              dit, comme je le disais au débat, cest dangereux de faire 
              du livre spécifiquement pour les enfants.
 Menu 
              : 
              De toutes façons, nous, on na jamais ciblé quoi que ce soit. 
              Cest pas maintenant que lon va se mettre à cibler.
 
  Trondheim 
              : 
              tu vois un truc comme Cédric par exemple, cest pour enfants 
              mais cest de la merde. Alors quà lépoque, Spirou 
              et Fantasio, cétait pour tout le monde. Menu 
              : 
              Jai lu Le nid des marsupilamis à ma fille Séraphine, javais 
              les larmes aux yeux tellement cétait bien. Cest même 
              génial, Franquin est génial. Entre ce qui se passe dans la jungle 
              et le contrepoint qui se passe dans la salle de projection, avec 
              la bonne femme qui bouffe ses chocolats. Cest parfait. Séraphine, 
              elle était émerveillée.
 Trondheim 
              : 
              Bouquins pour enfants, oui. Mais pas spécifiquement pour enfants.
 Menu : On 
              fait pas de bouquin pour les cons adultes. Pourquoi tu voudrais 
              quon fasse des bouquins pour les cons enfants.
 Killofer 
              : 
              leurs ai quasiment lu tout lalbum en une seule fois. Lautre 
              jour, jai lu un Tintin à mes enfants, cétait génial. 
              Jarrivais pas à marrêter. Je Cétait Le trésor 
              de Rackam le Rouge. Cest le première fois que jai vraiment 
              tripé sur un Tintin.
 Trondheim 
              : 
              Et voilà, on encense Franquin et Hergé...
 Killofer 
              : 
              Ben oui.
 David 
              B. : Je 
              me suis lu le dernier Alix, et bien cest super nul, alors 
              que quand jétais petit, jadorais ça.
 Vous 
              auriez envie de sortir certains des auteurs qui vous ont intéressé 
              ..... Menu 
              : 
              On a souvent parlé de faire des rééditions de trucs anciens, cest 
              un truc quon a pas vraiment.... On voulais faire M Le Magicien 
              de Mattioli, qui paraissait dans Pif, il y a longtemps. Mais cest 
              truc qui est en quadri. Ça cest un truc que quelquun 
              doit rééditer. Je préférerais que ce soit quelquun dautre, 
              mais si personne ne le fait.
 David 
              B. :  
              Ya des gens comme Fmurrr, comme Tardi, comme Forest, 
              sils voulaient faire des trucs pour lassociation, on 
              serait daccord, pas de problème.
 Menu 
              : 
              Il y a 
              des Bd qui ne sont pas disponible et ça manque. Cest pas normal 
              que lon est pas les oeuvres complètes de Willem ou de Gébé 
              en librairies. Moi, je vois bien pour eux, une collection Pléaïde, 
              sur papier bible avec loeuvre complète.
 Cétait 
              quoi, vos plus grosses surprises et vos plus grosses déceptions 
              à lassociation, en bilan sur ces dernières années ? Menu 
              : 
              Ya des chose quon a pas fait et que dautres ont 
              fait, mais cest pas très grave. Mais quand Delcourt fait Burns, 
              moi, ça mennuie, il aurait fallu que ce soit nous qui le fassions. 
              Black Hole, ça aurait été bien que se soit édité chez Cornélius 
              ou à Lassociation
 Trondheim 
              : Et 
              quand Delcourt fait Cages...
 Menu 
              : On 
              aurait pas pu le faire.
 Ça 
              vous aurait fait envie ? Menu 
              : 
              Heu, non. Moi, je ne suis pas fan. Pour les très bons souvenir, 
              il y a Pixie parce quentre le moment ou on la découvert 
              et celui ou on la publié, il ne sest écoulé quun 
              mois et demi. Du genre, on va à Helsinki, on découvre Max Andersson, 
              on est tous daccord sur Pixi, on fait un contrat, on traduit 
              le livre, je le lettre et ça sort pour Angoulême parce quil 
              y avait un spécial Scandinavie là-bas. Le tout en un mois et demi.
 Killofer 
              : 
              Moi, je me souviens du dernier déménagement de Lassociation, 
              ou il y avait plein dalbums à moi à déménager. Ca ma 
              quand même déprimer sérieusement.
 Vous 
              ouvrez aussi de plus en plus sur des auteurs français plus jeunes. 
              Menu 
              : 
              Il se passe plein de chose dans les fanzines. Moi, j'estime qu'on 
              est pas assez concentré sur ce qui se passe. Quand je vois Judith 
              et Marinette, par exemple, je suis impressionné. Je trouve que ça, 
              c'est vraiment du sang neuf.
 Killofer 
              : 
              En même temps, ils sont trop proches de ce que l'on fait, dans l'ambiance.
 Menu 
              : On 
              sent qu'il y a une proximité, mais moi, j'aimerais bien qu'il fasse 
              des trucs pour nous. Il y a les suisses qui tourne autour de Bülb 
              et de Drozophile, tout, ça, c'est très intéressant.
 Vous 
              vous attendez à être remis en cause par des plus jeunes ? Menu 
              : 
              Récemment, on a reçu un fanzine de Poitiers, Flbllll, c'est hyper-drôle. 
              Il y avait un faux texte critique sur l'asso, de Thierry Gronchton, 
              sur l'autobiographie en Bd. Ils tapent sur moi, sur Lewis et sur 
              Baudoin. Et après, il y a le journal de Fabrice No-no (Néaud), c'est 
              très drôle, mais ça fait froid dans le dos et ça fait mal, ça. Tous 
              les tiques de Fabrice sont laminés. Nous, on étaient morts de rires 
              et je trouve très bien qu'il y ai des gens qui arrivent et qui se 
              foutent de notre gueule. Franchement, je trouve ça sain et ça m'a 
              fait plaisir. Je trouve ça presque aussi important que d'être reçu 
              au Ministère de la culture.
 David 
              B. : Qu'on 
              se moque de mon frère comme ça, il n'ont aucun respect pour la douleur 
              d'une famille (rires)...
 Killofer 
              : 
              Les petits 
              saligauds.
 Trondheim 
              : 
              Moi je 
              dis c'est facile de se moquer, mais c'est pas facile de créer (rires).
 Menu 
              : 
              Pour Fabrice Neaud, qui n'a pas beaucoup d'humour, ça a du lui faire 
              très mal.
 ... 
              coupure...  Il 
              y a peu de filles à l'Association... Menu 
              : 
              Il y en a plus qu'ailleurs. A l'époque ou on a crée l'association, 
              on connaissait peu de dessinatrices. Mais il y en de plus en plus 
              et qui ne font pas de trucs niais. A L'association on a publié des 
              filles vraiment intéressantes, Julie Doucet, Anna Somer, Feuchtenberger, 
              Goblet, Kathie Kovacs, Joëlle Jolivet...
 David 
              B. :  
              Ha, on publie pas Joliguth, ni Wendling.
 Menu 
              : 
              Montellier et Goetzinger ont frappé à la porte, mais on a pas ouvert...
 Killofer 
              : 
              On a regardé par le judas...
 ? : Par contre, ce qui est vrai, 
              c'est qu'Olivia Clavel est venu nous démarcher, il y a deux ans.
 
 Jade : Ho Montellier, on ne craint pas.
 Menu 
              : 
              Laisse tomber....
 David 
              B. : Justement, 
              c'est ça le problème, c'est l'engagement en Bande dessinée qui est 
              très lourdingue, c'est ca qui est chiant, très démonstratif.
 Menu 
              : 
              C'est 
              vrai, c'est un bon exemple de Bd engagé bien raté.
 David 
              B. : C'est 
              un bon contre-exemple d'engagement dans la Bd.
 Peut-on 
              dire que sur notre génération, il y a une crainte, un rejet de l'engagement 
              dans la Bande dessinée ?Menu 
              : 
              C'est lucide. C'est plus intéressant de s'engager dans une structure 
              pour faire les choses que de s'engager dans un sujet, qui est beaucoup 
              plus casse-gueule.
 Killofer 
              : 
              Muñoz 
              et sampayo en ont fait, mais ont bien abordé le truc. Crumb aussi.
 Est-ce 
              que ça peut vous aider dans vos projets de bosser chez d'autres 
              éditeurs ? David 
              B. :  
              Pour moi, c'est intéressant pour une question d'équilibre, c'est 
              vrai que ca permet de sortir et de voir ailleurs.
 Killofer 
              : 
              Je ne suis pas d'accord. David B. disait qu'il était passé des gros 
              éditeurs à l'underground. Et c'est là qu'il fait les choses les 
              plus intéressantes.
 Menu 
              : 
              C'est 
              pas contradictoire.
 David 
              B. : L'intéressant, 
              c'est que l'inverse est vrai aussi. C'est que bosser à l'association, 
              ça permet de par rester à faire des séries cher un grand éditeur. 
              Pou moi, l'un est complémentaire de l'autre. Ca correspond aussi 
              à ma nature, j'ai toujours eu le cul entre deux chaises. Je me retrouve 
              à l'Association, je suis le plus âgé, alors que j'avais déjà toute 
              une carrière de dessinateur derrière moi.
 Killofer 
              : 
              Oui, mais tes bouquins, c'est les plus frais et les plus jeunes, 
              les plus péchus.
 Menu 
              : 
              tu es 
              notre gros bébé à tous. Tu es le sage de l'association.
 Killofer 
              : 
              À la fois, l'Asso t'as sauvé et à la fois tu la portes sur tes épaules.
 David 
              B. :  
              Elle m'a pas sauver. A l'époque ou je l'ai rencontrer, je ne faisais 
              rien.
 C'est 
              dans tes récits qu'il y a le plus de violence, bien qu'à la fois 
              ce soit très calme. Mais il y a souvent des morts, des batailles... 
              David 
              B. : Oui, 
              j'ai toujours été fasciné par ça. C'est ce que j'essaie d'expliquer 
              dans L'ascension du haut-mal. C'est vrai que c'est mêlé à ma vie 
              familiale, à mon frère.
 Killofer 
              : 
              Et voilà, ça tourne à l'interview de David B...
 David 
              B. :  
              Non, non, c'est juste qu'en ce moment, avec l'Ascension du Haut 
              Mal, je réfléchis à tout ça. J'aime bien l'ambivalence et mon ambiguïté. 
              C'est vrai que j'aime bien être chez un gros éditeur et à l'association. 
              C'est important pour moi, et pas seulement pour le fric. Ca m'équilibre.
 Trondheim 
              : 
              En Bd, on peux faire des choses selon différents axes.
 Menu 
              : 
              Moi aussi, 
              j'ai l'impression d'avoir le cul entre deux chaises, entre dessinateur 
              et éditeur et de ne pas pouvoir choisir.
 Killofer 
              : 
              Moi aussi 
              ! Je ne suis pas sur d'être fait pour la Bande dessinée... (rires).
 Trondheim 
              : 
              J'ai aussi le cul entre deux chaises. Je ne sais pas vraiment si 
              je vais bosser que pour Dargaud ou que pour Delcourt (rires)...
 Killofer 
              : 
              Si je me sens pas à ma place à l'Asso ? Le problème que j'ai c'est 
              que je ne représente pas vraiment une force de vente spécialement 
              importante... Je suis plutôt un agent d'ambiance... Je suis là :« 
              allez, allez les copains... » C'est important et il y a eu des périodes 
              ou c'était très très important.
 David 
              B. : Oui, 
              tu joues comme facteur apaisant autour de certaines polémiques que 
              je ne raviverais pas ici.
 Menu 
              : 
              On peut dire entre parenthèse, qu'être là huit ans après, c'est 
              pas mal non plus.
 David 
              B. : On 
              a des personnalités assez différentes.
 Je 
              sens vraiment un tournant. Menu 
              : 
              Il faut 
              voir qu'on a plus de moyens, aussi. On commence a pouvoir réaliser 
              des vielles envies.
 Le 
              fait que vous fassiez de plus en plus de projets à l'extérieur. 
              Trondheim 
              : 
              parce qu'on a plus les moyens de le faire graphiquement aussi. On 
              a l'assise et le crédit auprès des autres éditeurs.
 Par 
              rapport à vos intentions de bases, avez-vous l'impression de faire 
              un retour. Il y avait quand même une part de jeu et de bluff, à 
              la base. Menu 
              : 
              A la base, je sais pas.
 David 
              B. :  
              On a fait des albums et on a fait des pyramides. Il nous reste tout 
              pleins de trucs à faire. On pourrait ouvrir un restaurant.
 Killofer 
              : 
              Ouais, on à plus rien à dire. Il est prévue qu'on se saborde en 
              l'an 2000. Pour que la légende soit intacte. Mais Lewis ne veut 
              pas se suicider, mais on va l'assassiner, c'est pas grave.
 David 
              B. :  
              On va faire comme Actuel. On va se saborder et réapparaître après.
 Menu 
              : 
              Oui, y'a des projets assez fous qui arrivent assez vite.
 Trondheim 
              : 
              On en parle ou quoi ?
 Killofer 
              : 
              Non.
 Menu 
              : 
              D'accord.
 Killofer 
              : 
              Il faut 
              que les gens soient un peu intrigués. On peut pas tout dire.
 Trondheim 
              : 
              Non, mais ça fait un scoop.
 David 
              B. :  
              Oui, mais le Seuil va le sortir.
 Trondheim 
              : 
              Aucun éditeur ne pourra le faire, ce truc là.
 Menu 
              : 
              Si ca existe, y'a que nous à pouvoir le faire.
 On 
              est intrigués... Killofer 
              : 
              Et puis l'association à son jardin secret.
 Trondheim 
              : 
              Bon, on peux le dire maintenant.. Allez Menu, t'en crève d'envie.
 Killofer 
              : 
              Non, non 
              ! En plus c'est pas évident, c'est pas encore fait, si ca se trouve 
              on va se retrouver face à des difficultés insurmontables. Donc, 
              c'est pas la peine d'en parler.
 Menu 
              : 
              Imagine qu'il y a un type riche qui lit Jade, ou son fils, et qui 
              dit : « Ha, ha ! je vais donner plein de fric pour ce projet ».
 Vous 
              allez relancer Pif ? David 
              B. :  
              Non, mais attends, Pif, ça doit ressortir. Ils ont téléphoner à 
              Jose Jover pour qu'il fasse des Bd dedans.
 Avec 
              le gadget ? David 
              B. : C'est 
              un super richard communiste qui parait-il relance Pif et ce sera 
              mensuel.
 Menu 
              : 
              Moi, oui, ça m'intéresserait, mais s'ils vont d'emblée vers Jover, 
              je ne pense pas que ca soit une très bonne politique éditoriale.
 Y'aura 
              Jover dans le projet 2000 ? Killofer 
              : 
              Faut demander ça à Menu.
 Bon, 
              alors, le projet 2000 ? David 
              B. :  
              Ça y est, il a déjà commencer à en parler mine de rien.
 Menu 
              : 
              C'est Lewis qui a commencé. C'est lui qui crève d'envie d'en parler... 
              Donc, le projet pour l'an 2000, qui va nous rendre tous fous et 
              qui va couler l'association...
 David 
              B. : Dès 
              qu'on l'aura publié, ce sera la fin du monde tout de suite après.
 Menu 
              : 
              Ça commence à devenir possible. Le ministère de la culture fournirait 
              un quart du budget.
 Killofer 
              : 
              D'aucun 
              aurait entendu dire qu'on aurait la possibilité d'avoir un quart 
              du budget, qui est très lourd... Il est même relou.
 Trondheim 
              : Ça 
              vous intéresserait de faire 4 pages ?
 Et 
              puis vous, il y a de plus en plus d'ouverture qui se font sur autre 
              chose que le bouquin ? Menu 
              : C'est 
              pour ça que les démarches marginales m'intéresse comme ce qu'à fait 
              Thomas Ott, qui est un auteur de Bd qui étouffe un peu dans le papier 
              et qui décide de faire une histoire sous forme de scénographie, 
              ça je trouve ca très intéressant et je suis content qu'il y ai un 
              livre pour relayer ça. Pour l'an 2000, c'est un livre. Un gros livre.
 Trondheim 
              : 
              A votre avis, combien de pages ?
 
 2000.
 
 Trondheim 
              : Bravo 
              ! Voilà le projet.
 Killofer 
              : 
              Ils n'y croient pas.
 4 
              pages par auteur, sur 2000 pages ? Menu 
              : 
              C'est un dictionnaire et il y aura 500 auteurs qui feront 4 pages 
              muettes, sur le thème du 20e siècle. C'est muet donc exportable. 
              LA sélection des 500 auteurs, ça va être quelque chose. Parce qu'il 
              faut que cela soit cohérents avec les choix de l'association tout 
              en étant plus large. Car il faut qu'il y est des gens un peu internationale 
              et comme il faut que ça soit un peu historique, il y aura aussi 
              les gens important à qui il faudra demander. Mais alors ou ç'a s'arrête 
              ? µ
 David 
              B. : Est-ce 
              qu'il y aura Dimitri, par exemple ? Parce que c'est quelqu'un qui 
              à des choses à dire sur l'histoire du 20e siècle (rires)...
 Trondheim 
              : J'avais 
              déjà posé la question, tu avais dit non.
 Menu 
              : 
              Mais, est-qu'on demande à Druillet par exemple ? Il est important.
 David B. : Non, Druillet, je 
              vote contre.
 Killofer 
              : 
              On pourrait lui demander, mais on lui demande de faire du Lone Sloane 
              ou du Vuzz.
 Trondheim 
              : 
              Ou on lui demande les pages et après on lui refuse.
 Général : Ouaisss !
 Menu : Bon, 
              donc, on est en train d'établir la liste. Bon, donc y'a les gens 
              qui sont évident et puis après y'a les litigieux. Il y a les vieux 
              belges, ceux qui sont encore vivants. Il y a Will, Macherot, Wasterlain.... 
              et puis on va s'arrêter là. Voilà le truc. C'est un projet à un 
              million lourd. Très lourd... Ben c'est un bouquin qui fait 1 Kilo, 
              donc t'imagines.
 Killofer 
              : 
              Un Kilo, un million. En euros, ça fait combien ?
 Menu 
              : 
              C'est complètement taré comme histoire, mais bon, l'idée de base, 
              c'est Anne Baraou qui l'avait eu, elle voulait faire ça avec Hors-Gabarit.
 David 
              B. : On 
              lui a piqué l'idée et on l'a viré de l'Asso.
 Menu 
              : 
              Bon, mais elle, elle ne l'aurait pas fait, c'était juste un délire 
              et puis, on a commencé à en parlé, à faire des devis. C'est un bouquins 
              qui coûte 100 francs pièces. Ca ressemble à un petit Robert. Si 
              ca existe, c'est quand même quelque chose.
 Killofer 
              : 
              Rien que d'en parler, il est déjà content de lui.
 Menu 
              : 
              Ben enfin, c'est pas mon idée, c'est celle d'Anne.
 Dans 
              toutes les ambitions et les fantasmes, est-ce que la presse vous 
              fait peur ? Menu 
              : 
              Oui, on y a pensé, mais le kiosque, c'est vraiment.... trop lourd. 
              On est content de voir que vous tenez bon.
 David 
              B. : On 
              a déjà des problèmes à boucler les lapins, il fut un temps.
 Avec 
              l'expérience de Strips, vous ne vous êtes pas dit, « Tiens, il y 
              a quelque chose à faire... » Killofer 
              : 
              On se dit ça régulièrement, mais c'est pleins de contrainte. C'est 
              impossible d'avoir la liberté qu'on a dans Lapin.
 Menu 
              : 
              Le kiosque, c'est un peu comme les droits de retours en librairie, 
              c'est a dire, pour vendre 2000, tu tire 20 000.
 ... 
              Complément d'entretien avec Lewis Trondheim...  Le 
              Projet An 2000 ? Lewis 
              Trondheim : 
              Cela a vite posé des questions. D'un côté sur le choix-même des 
              auteurs. Par exemple : « Faut-il demander à Druillet » ? Certains 
              répondent «D'accord il a fait des choses très bien, mais il y a 
              longtemps ». Et d'autres répondent « Il reste l'un des grands auteurs 
              de la Bande dessinée ». D'autres surenchérissent « A ce moment-là 
              faut-il demander à Bilal » ?... Autre question : nous ne sommes 
              vraiment pas sûr des réponses des auteurs. Finalement nous en avons 
              opté pour un choix très large (plus de 600 auteurs), afin de nous 
              préserver de certains refus. Menu et Placid sont en train de prendre 
              les contacts. Côté budget, le Ministère de Culture le financerait 
              pour 250.000 F. et le Centre national de la Bande dessinée et de 
              l'Image participerait également. Une grande expo devrait accompagner 
              la sortie du bouquin, au CNBDI.
 C'est 
              un énorme coup de commnuication pour l'Association. 
              Cela n'a pas été pensé en ce sens. Personnellement j'étais 
              un peu réticent à l'idée de faire quelque chose pour l'an 2000, 
              comme ça se fait partout. J'aurai trouvé plus intéressant d'éditer 
              une belle rétrospective du siècle mais après coup. Cela étant dit 
              c'est un beau projet, très gros aussi. Alors, oui c'est vrai que 
              ça peut être une très bonne opération pour faire connaître l'Association... 
              ou pour la faire couler si ça ne marche pas (rire). C'est quelque 
              chose de très important et qu'on n'a jamais fait. C'est comme le 
              Tardi.  Il 
              sera publié dans la nouvelle collection Mimolette, que vient de 
              créer l'Association ? 
              Non. Mimolette est une collection de livres courts, d'une trentaine 
              de pages, vendus à un prix accessible (autour de 35 Francs) et qui 
              permettra aux auteurs qui n'ont pas envie de s'engager dans un long 
              récit, de sortir des livres quand même. Ce qui est le cas pour Mattt 
              ou encore Sardon... Les quatre premiers titres devraient paraître 
              en ce début d'année. Quant au bouquin de Jacques Tardi, il ne fait 
              partie d'aucune collection particulière...  Quel 
              est le but d'un telle collection : vous rapprocher d'un public et 
              de libraires qui ne vous connaissent pas encore ? 
              C'est l'histoire d'une opportunité. D'un côté, Tardi apprécie beaucoup 
              le travail de Stanislas et il lui a fait savoir. De l'autre, à l'occasion 
              d'un festival de Polar en Belgique, les organisateurs ont commandé 
              à Tardi une histoire dont ils souhaitaient faire un livre. N'ayant 
              pas la structure éditoriale pour élaborer un tel projet, Tardi leur 
              a soumis l'idée de faire appel à l'Association. Là encore, certaines 
              questions se sont posées : devions-nous accepter sans avoir lu le 
              projet sous prétexte qu'il s'agît de Tardi et qu'il vend beaucoup 
              ? Et si le livre n'était pas bon ? Si nous l'avions reçu par la 
              Poste, signé d'un inconnu, l'aurions-nous publier ?... Au final, 
              le bouquin paraît très bien, avec un dessin plutôt lâché et une 
              histoire dans la lignée de Trou d'obus... Il sera tiré à 35.000 
              exemplaires.  Jamais 
              vous n'aviez atteind un tel tirage. Ce 
              fut une autre question : quand on publie Tardi, il faut tirer à 
              combien ? Généralement nos bouquins ne dépassent pas 6000 exemplaires 
              !... En se renseignant ici et là, en rescençant les futures commandes 
              des libraires, on a atteind les 35.000 exemplaires.  Y 
              aura-t-il un « après » ? 
              On ne sais pas du tout. Pour l'instant, on a l'opportunité de réaliser 
              un tel projet, alors on le fait. Mais on sait bien qu'on ne pourra 
              jamais le payer autant que les autres gros éditeurs pourront le 
              payer. Et puis on sait aussi qu'il souhaite s'investir pour Futuropolis 
              qui est entrain de se remonter, notamment un projet avec Penacq 
              au scénario.  La 
              résurection des éditions Futuropolis est un secret encore bien gardé. 
              Après avoir assumé sa filiation, comment envisagez-vous leur retour 
              ? 
              C'est une très bonne chose. Plus les éditeurs indépendants seront 
              nombreux et présents dans les librairies, plus la Bande dessinée 
              indépendante aura de chances d'évoluer et de gagner du terrain. 
              Il ne reste plus qu'à espérer que Futuropolis reste égale à elle-même. 
               Sais-tu 
              si c'est son créateur, Etienne Robial, qui s'en occupera ?  
              En partie. Du peu que je sache, c'est la même plateforme de personne 
              qui devrait s'en occuper. Néanmoins, le nom et les moyens ne lui 
              appartiennent plus. Il reste donc à connaitre les vrai intentions 
              de Gallimard dans cette affaire. Lui laisseront-ils carte blanche 
              ?... Pour autant, ça reste l'une des bonnes nouvelles de l'année. 
              Oui, c'est une bonne nouvelle.   Interview 
              réalisée au cours du second semestre 1998 par Lionel Tran, Jérôme 
              Sié, Bruno Canard et Ambre,  
              proposées ici dans leurs versions intégrales non réécrites. |