SOMMAIRE





 
CHRONIQUES #19

ARILD ANDERSEN GROUP
electra
(ECM/ ECM)
Arild Andersen nous entraîne dans un exercice de style ardu, à savoir la mise en musique d'une œuvre théâtrale classique de Sophocle, ELEcTRA, mise en scène par Yannis Margaritis, directrice du Sping Theatre. Compositions étroitement liées à la Grèce donc, dont on retrouve nombre de ses représentants au détour de cet album depuis l'interprète des textes (Chrysanthi Douzi) aux musiciens du groupe (Savina Yannatou ) à des intervenants extérieurs liés à la production (Vangelis Katsoulis) ou aux clichés de couverture (Giorgio Vavilousakis) voire à la traduction . Pourtant, au-delà des apparences, ce projet n'est pas purement national, mais éminemment européen, dans ses vues philosophiques, embrassant bien au delà de la Grèce, ne serait-ce que dans le line-up de sa formation….. France Suède, Angleterre, Italie. Par delà les clivages culturels, Arild Andersen enfonce un autre accueil, mélangeant avec une liberté crâne les instruments et les styles : double bass, guitare électrique, trombone, etc… La légèreté des climats et des arrangements, le savoir-faire et la touche de grâce qui auréole ce disque font de ce electra un très beau songe nocturne. L'œuvre est complexe, ne le cachons pas, elle porte en elle beaucoup de clichés d'un académisme culturel poussiéreux. L'œuvre de Sophocle est une charge lourde à porter, tout du moins à étreindre. Pourtant, après une première écoute, on en ressort léger, grandi, irrésistiblement tiré vers le ciel.

THEE STRANDED HORSE s/t
(Active Suspension/ Chronowax)
Encre retourne à ses classiques, plongeant son univers dans une étude universitaire de la musique acoustique. Ce side project de Yann Tambour confronte l'étude attentive des musiques acoustiques et la belle nonchalance de la musique pop. Kora, guitare et instrument de sa fabrication fondent l'assise de ces 3 courts morceaux sur lesquels vient s'asseoir la voix chaude et texturée proche d'un Hermann Dune nocturne. Les climats sont amènes et conditionnent l'auditeur à un lent relâchement de ses muscles à mesure que coulent les partitions. Si la voix nous raccroche à l'univers Folk tel qu'on le connaît, l'instrumentation si particulière, elle, creuse davantage les rives d'une musique de la genèse, depuis l'Afrique jusqu' à la Louisiane (Mississippi John Hurt) voire quelques esprits frappeurs, tels Harry Partch ou Moondog pour l'esprit de fabrication. Moins symphonique et paradoxalement moins intimiste, ce projet, en dévoilant une nouvelle facette du musicien, lui permet au passage d'exprimer une gamme de sensations du médian qu'on ne lui connaissait pas. Une très bonne découverte.

SOLVENT
Elevators & Oscillators
(Ghostly international/La Baleine)
Solvent, musicien canadien basé à Toronto, a la constance d'un métronome lorsqu'il s'agit de dispenser ses productions. Nous gratifiant il y a un peu moins d'un an d'un Apples & Synthetiseurs, le voilà de retour avec une gamme de nouvelles compositions sous l'appellation Elevators & Oscillator. Le propos est sensiblement le même que chez son prédécesseur, si ce n'est que ses nouvelles compositions, issues des Radio Ga Ga series, ont été rehaussées de morceaux remixés par un pré-carré de paires et de compagnons d'armes. Parmi eux, Legowelt dans une manipulation à risque de " my radio " , Perspects et Lowfish, tous deux issu de Suction rec (entre autres) où le premier distille des étamines pop-électro. Alors que le second, récemment vu sur Cocosolidciti assure une certaine rigueur spartiate au morceau ; Isan (Morr, Darla) dans un pendant cotonneux et ouaté de cette version ; Schneider TM (Mute City Slang) qui décline ici son savoir-faire de nappes et enfinJDSY, tranfuge de Ghostly avec un morceau détonnant d'énergie et de bricolage numérique. Les morceaux de Solvent, pour leur part, continuent à répandre un flot de nappes synthétiques, de glitchs tonitruants, de bleeps saccadés sur fonds de voix vocodées chères à Console rappelant autant ce dernier que les rythmes plus hédonistes d'un My Robot Friend. Malgré la différence apparente des artistes présents, chacune des contributions participe d'un même esprit, communion spontanée de rythme et d'amour de la belle mélodie. Frais et dispo.

THE PEPPERMINTS
Jesus Chryst
(Paw Tracks/Chronowax)

Paw Tracks, label de The Animal Collective n'en pouvait plus d'attendre l'arrivée des messies de cette filiation unique qu'est l'experimental Barfy Trash Rock ! A savoir The Peppermints !! Dernier monument d'une ère presque révolue, The Peppermints est le dernier rempart dépravé et corrompu à ce monde sirupeux et perclus de morale. Un Rock band, irrévérencieux envers tout, notamment les religions (comme le souligne si justement la couverture), encensé par the animal Collective, donc et qu'on compare à échéances régulières depuis 1997, date de leur création, à GG Allin, The Ruin, Wire, The Fall, Melt Banana, Joan Jett ou the Coachwhips…. Inclassable, en résumé. Après divers maxis et singles sur Ivy Oh ! Pet Set records, NGWTT et Pandacide records, les voilà sur Paw tracks ! Une musique compulsive, nerveuse, âpre, sans fioriture, qui débite contre modes, vents et marées son flot de hargne, d'énergie et de débauche. Pour leur salut artistique, on prie pour qu'ils restent encore quelques temps dans l'anonymat. ..pour notre plaisir égoïste, aussi.

LUNT
Fragment of Free Part.1
(Carbon records/Hitomi rec/ www.carbonrecords.com)
Gille Deles, l'homme derrière Lunt n'a jamais caché la sensibilité qu'il avait à l'égard de l'improvisation et de l'usage sensible de la guitare au travers de celle ci. L'excellent Carbon records, dirigé depuis Rochester, USA, par Joe + N lui en donne une nouvelle fois l'occasion. Un label sur lequel on retrouve nombre de musiciens audacieux dans les sphères Expérimentales-improvisées (Chad Oliveiri , Arthur Doyle, Finkbeiner,Lasse Marhaug, et évidemment Joe + N, entre autres), Dans cette quête vers l'ouverture culturelle et la limpidité technique, il a déjà opéré un album " A half of you sur le label Ukrainien Nexsound , The Third of me sur Another rec, Ou encore Broken Words and lost answers sur Hitomi recordings ainsi que quelque morceaux épars pour Autres Direction, et Unique rec, bien évidemment. L'histoire de Fragment of Free Part. 1 semble empreint d'une sensibilité accrue, d'une sorte de colère sourde trop longtemps contenue et qui s'est transformée le temps aidant en une mélancolie profonde. Gilles Deles insuffle une intimité forte à chacune de ses compositions, comme le laissent deviner de façon énigmatique les intitulés (the Bridge, tha airplane and my love/ I'll incise a mineral while you draw a tree/ You soft the rubble and the dust come to me ) . Des titres qui ont le goût du vécu, de l'ailleurs, du dépaysement. Un album étoilé qui marche dans les pas d'autres prescripteurs du genre, depuis Loren Mazzacane Connors, jusqu'à John Fahey dont les Georgia Stomps, Atlanta trust auront marqué une génération de guitaristes.

ROBERT NORMANDEAU
Puzzles
(Empreintes Digitales/ Metamkine)
Conçus à leur genèse pour des mises en scène de Brigitte Haentens, ces 5 pièces ont été remixées en vue de leur sortie sur cet album. Puzzles est le septième enregistrement du très respecté Robert Normandeau, auteur compositeur sur Rephlex, Ambiance Magnétiques ou encore Sub Rosa. Ce disque marque une petite révolution technologique, dans la mesure où il est enregistré sous format DVD Audio " advanced resolution " qui au-delà des aspects techniques, procure une écoute incomparable, digne de véritables conditions de concert. Voici ainsi Robert Normandeau rendu dans notre salon aux seules fins d'un concert privé en 5 actes. L'originalité de ce disque tient également à son principe, évoqué par Normandeau dans le Livret " Cette musique a été composée, comme son titre l'indique, comme une suite de petits morceaux destinés à s'emboîter les uns dans les autres. Mais contrairement au jeu traditionnel, les morceaux de musique ici peuvent s'agencer les uns aux autres dans n'importe quel ordre. Autrement dit, sur le plan temporel et sur le plan timbral, les sonorités utilisées ont été accordées de tell sorte qu'elles puissent se superposer ou se juxtaposer de mille et une manières différentes(…) " Ces pièces, venons-y, ont l'empreinte électroacoustique du label Ambiance Magnétiques mais conservent pourtant la touche unique de leur concepteur. Une musique subliminale, somatique, eidétique, une musique profondément impressionniste où les touches électroniques et acoustiques de Normandeau nous plongent dans un film sans image (qui n'en nécessite pas nécessairement, d'ailleurs) aux confins d'univers oniriques à la croisée du couple Baron ou des musiques de films d'Hermann. Construites à partir d'onomatopées vocales et de sons de portes diverses, les 5 compositions regroupées par Puzzles s'inspirent de mises en scène célèbres, depuis Marguerite Duras à William Shakespeare., en passant par Lessing pour appuyer son univers d'idées et de préceptes intellectuels. Un voyage unique

THE RETURN B.O by Andrey Dergatchev
(ECM/ Universal)
The Return est l'histoire angoissante d'une retrouvaille. Parti douze ans plus tôt, un homme revient un jour dans son foyer où il trouve ses enfants désormais adolescents. S'en suit une lente quête de rédemption, aux marges du thriller où l'on ne connaît réellement les motivations intimes de ce retour. Film tourné par Andrey Zvyagintsev en 2003, Lion D'or à Venise, il aura fallu attendre 2 ans pour que des producteurs français le sortent en France. La musique d'Andrey Dergatchev s'insinue avec une rare intelligence dans le film, lui donnant ce supplément de relief que l'image même ne peut imprimer. Un camaïeu étrange de musique ondoyante à la Galasso/ Kar Wai, d'extraits sonores de dialogues tirés du film, de compositions oppressantes , toutes en tension et retenue, d'une rare intensité. On dit que dans chaque œil se cache une oreille interne, dans chaque réalisateur se cache un musicien qui s'ignore. Andrey Dergtchev nous prouve que le contraire est aussi possible

THE LAPPETITES
before the Libretto
(Quecksilber/La Baleine)
" The lappetites est un forum, un lieu de rencontre, un concept dans lequel chacun aura à loisir de produire et d'échanger via les modes digitaux et sonores actuels en relation constante avec une multitude de lieux et une multitude d'intervenants. " Dans un esprit proche du MIMEO, The Lappetites se veut un collectif de musicien(ne)s sans hiérarchie, dont le line -up, à géométrie variable, s'étire ou se restreint au fil des collaborations et des rencontres. De plus, pour s'affranchir des distances, The Lappetites cultive l'ubiquité, laissant les œuvres se créer à distance dans une relation d'échanges et de partage. L'idée a germé en 2001 dans l'esprit de Kaffe Matthews, lors d'un concert collectif réunissant O-BLAAT, IKUE MORI, ZEENA PARKINS, Marina ROSENFELD. Pour cette première trace sonore, Before The Libretto, le line-up n'est pas moins impressionnant et d'une féminité sans faille. Madame Éliane Radigué, en premier lieu, co-scénariste des débuts de l'RTP aux côtés de Pierre Henry et Pierre Schaeffer, et dont les travaux s'orientent depuis bientôt 30 ans autour des préceptes de musiques tibétaines au sein de son label Lovely Music, pour l'essentiel. Kaffe Mattews, pionnière de l'improvisation électronique et des champs de l'électroacoustique ; AGF (soit Antye Greie) repérée pour ses égarements atmosphériques mais pas seulement sur Quecksilber, entre autres. Et Ryoko Kuwajima, artiste japonaise ayant pied dans la vidéo également, proche des scènes maximaliste et qui a pour habitude le traitement radical et chaotique des feedback et de la sitar. L'ensemble est un tout cohérent où se mêlent collages sonores, fragments d'environnements traversés de voix spectrales, mélopées enfantines, montages électroacoustiques fluides, musique sacrée et dé fragmentation de disque dur. Un imbroglio qui sent à plein nez le libertinage intellectuel et la saine émulation. D'une belle exigence.

Andrew PEKLER
Strings + Feedback
(Staubgold/ La Baleine)
Ce réseau électrique en couverture est le pendant visuel/ graphique de la petite musique qui se joue dans le crâne d'Andrew Pexler/ Le plan de montage de son installation pour cordes et Feedback dont la forme visuelle rappelle quelques obscurs croquis surréalistes du sieur Duchamps. Ici, pas de concept euclidien, juste un appétit pour la simplicité, le concret, le direct. Le titre est en soit une émanation de la pochette qui est elle-même une émanation de sa musique. Ou quand la forme expose le fond. Emprunt de narration, d'ambiances cinématographiques, Strings & feedback propose une lente vacation, déambulation en territoire jazz. D'une douceur soutenue, les climats de ce disque enserrent l'auditeur, le plongent délicatement dans ses rêveries

MELODIUM La tête qui Flotte
(Autres Directions In Music / Musicast)
C'est avec une discrétion et une érudition sans faille que Melodium construit sa jeune carrière ; un cheminement artistique qui l'a déjà mené aux portes de nombres de labels Prestigieux (Disaster by choice, Peter I'm Flying, Active suspension, Audio Dregs, Autres directions, ). Au cours de ces récentes années, il aura su apprivoiser les rythme digitaux, faire montre d'un habileté renouvelé dans l'art de traduire ses sentiments confus en timbres et sonorités. Le belle évolution de son projet consistant en un doux glissement, depuis la confusion syncopées de rythmes électroniques vers des sources plus fluides, moins contendantes, principalement ancrées dans l'acoustique, via son versant Pop-folk. Le processus d'enregistrement de l'album est assez original, puisque le jeune homme a détourné l'usage classique des Soundfields à son usage intime ; jouant et captant son propre jeu de guitare en forêt ou en rase campagne, ou encore en utilisant des technologies de pointe (claquement de doigts en guise de rythme). C'est sans doute ses petits effets de manche qui donne tant de couleur et de chaleurs à ses compositions, cette texture grenue et imparfaite tellement unique. Au delà, de la mélodie,la tête qui flotte se révèle une mine d'or de tubes émouvants ou sautillants à placer quelques part entre un électro vintage façon Domotic, la fraîcheur d'un Console et un sens aigu de la chose mélodique (qu'on retrouve chez Laudanum, notamment). Les morceaux s'enchaînent et déroulent à chaque note, gamme, leur flot de petites humanités. Se rayer provisoirement de la liste des vivants et son aspect Saudade désœuvré sur fond d'électronica dépressive, l'entraînant kill me with a smile et ses lignes mélodiques entêtantes avec la voix de l'auteur légèrement dissimulée derrière un brouillard d'effets ; Emptykuerten est sa masse numérique ondoyante ; Le creux est ma matière première et ces subtiles nappes de guitares en boucle ; L'attachement aux symptômes évoque pour sa part les crachins de pixel et la fragilité des albums de Max Richter, ou l'école minimaliste à la Mickael Nyman. Comme le suggère ce court inventaire, la musique de Laurent Girard ne renvoie pas à un champ spécifique mais à une infinité de possibles, ou interfèrent éléments acoustiques, scories électroniques, passages harmoniques. Rien n'unit en apparence ces petits chapelets de compositions si ce n'est peut-être la beauté et une pure grâce mélodique. On est sous le charme de la " délicatesse " de cette embarcation, laissant notre esprit dériver au gré des compositions, qui nous entraîne tantôt dans une houle fébrile de crachin cadencé, tantôt dans la plénitude des éléments. Très bon.

www.autresdirections.net/inmusic/

VLAD D' Rmxs EP
(Angstrom/ Mangedisque)
A peine le temps de rassembler ses idées et de reprendre son souffle que VLAD, vient enrichir d'une nouvelle greffe sa discographie.. Jamais l'artiste n'avait consentie jusqu'alors aux ré assemblages de ses compositions. Un exercice de style, donc, auxquels se sera prêté une poignée restreinte de remixeurs, qu'on devine avoir des filiations d'amitiés avec l'artiste. L'occasion de retrouver quelques uns des fers de lance d'une électronique débridée, hérétique ou insouciante, c'est selon. Domo-kun, en guise d'introduction, qui nous sert un met sucré-salé, à la rythmique sautillante, jamais loin des élucubrations de Autechre/TeamShadetek ; Team Tendo,les terroristes du 8 pistes avec DJ Aï et son acolytes ensuite avec un remixe faramineux, mélange de beat sales et méchant et de mélodies infantiles en arrière plan. GROUPGRIS dont la récente sortie sur l'excellent label Wwilco est un gage supplémentaire des qualité de ce groupe. TELLEMAKE , membre de la fratrie Angstrom balance un morceau asthmatique de hip-hop déviant comme on pensait seul Skiz Fernando( Spectre) capable de le faire. B.alone enfin qui clôt le disque par de lente volutes digitales aux effluves atmosphérique. Des remixes physiques, organiques. V.L.A.D… Variations Lumineuses sur l'Arythmie Digitale ?

BARBARA MORGENSTERN/ROBERT LIPPOK
Tesri (Monika Enterprises/La Baleine)
Pour trouver les racines de cette collaboration , il convient de remonter 4 années en arrière, lorsque le label FATCAT faisait rayonner sa bannière à grand coup de Série 500. Les recalés de la dernière heures peuvent aujourd'hui corriger le tir à l'occasion de cette sortie Monika Enterprises. Le duo Morgenstern/ Lippok, après leur beau prologue semble encore avoir des choses à se dire et à nous faire partager. Tesri, c'est la vitesse en dialecte Turc ; La Turquie, Istanbul, plus précisément, c'est aussi le lieu dans lequel se sont rendu les 2 protagonistes, séparément, et en différente époque. De leur pérégrinations, chacun a rapporté des Soundfields mentaux, des cartes postales intérieures. Loin de tous clichés culturels ou touristiques. Leur musique a une fort potentiel évasif et dépaysant. Bien évidemment, la Patte Robert Lippok (To Roccoco Rot) n'est en aucun cas évincée ; on retrouve dans un dosage distinct les codes de couleurs spartiate et et d'harmonies froides du trio. Les réglementations rythmiques qui prédisposent à leur architecture Tesri invoque les déités de l'électronique et de l'acoustique : Piano, guitares, flûte, capteurs, modulateur, ordinateur, synthétiseur, batterie. Et surtout les voix, grâce aux contributions de Damon Aaron (Telefon Tel Aviv) et Mieko Shimozo (Kaitusburu and Otuskimi) qui ajoute aux caractères dépaysants et mondialisant de cette musique. Le résultat est une œuvre élégante, sans être bouleversante, traversée par les fantômes de Wyatt ; répétitive, par moment un peu timorée (genre consensus mou) les ambiances dégagés par Tesri arrive pourtant fréquemment à nous tirer vers la lumière.

V/a " Transient Travels "
(Domizil/ Metamkine)
Les gares et leurs messagers les trains sont des lieux magiques et d'un poésie insoupçonnée où transitent chaque jour des millions d'individus, partis retrouver quelqu'un , en quête de changements ou de dépaysement. Des concentrés de vies et d'existences réunit dans un même flux, circonscrit par des rails, des nodules de centres de trie, laissant sur les géographies parcourus, de longues courbes pareil à des lignes de vie. Missionné par The Swiss Arts Council Pro Helvetia, Marcus Maeder et Jan Schacher (Jasch) ont invité 6 artistes à développer sur le thème du Transient Travel des compositions, en investissant Trains électroniques et gares analogiques, et en tenant captif, le temps d'un cours voyage sonores, des passagers-auditeurs. Dans ce périple , outre eux mêmes les 2 musiciens Suisses ont convié le Russe Coh, qui fournit depuis plusieurs années un travail essentiel en matière de prospections sonores, AGF, ensuite qui après divers travaux atmosphériques angoissants, respectivement sur Quecksilber ,Orthlorng Musork et Stichting Mixer revient avec un titre entêtant et spectral, s'attachant à transcrire les variétés de paysages traversés lors d'un déplacement . Ilios, transfuge d'Antifrost, qui contribue par le biais de ces superpositions et de ces manipulations expérimentales, lent crescendo de drones nocturne, à raffermir le derme de notre peau. Hecker, ensuite dissident Allemand spécialiste des déflagrations de bruits blanc, porté par un amour de la marge, à l'instar de ces camarades de jeux Pita. Au long de ce morceau phare de plus de 20 minutes, qui mêle amour des capteurs prisonniers du vent Jasch (Jan Schacher) avec son Probe qui invite l'auditeur à écouter une trame de fragments et d'impulsions soutenues sur des nappes environnementales " classieuses ". Proches de recherches acoustiques de Francisco Lopez sur Selva. Marcus Maeder, enfin, qui clôt la session avec un titre énigmatique Od Kraja do Kraja où il est question de rupture de phase, d'éléments concrets disséminés, de fragments élastiques… Toujours aussi radical.

NIGHTSHIFT nightshift
(Antifrost/ Metamkine)
Le label hellèno-hispanique ANTIFROST et ses intervenants , ont toujours communiqué et diffusé leur discours et production sous couvert d'un esprit spartiate et dépouillé. Pas ou peu d'information, ligne graphique sobre, volonté de austérité, économie de la nécessité... Nightshift est en réalité la contribution croisée du duo grec extrêmement prolifique As11, spécialiste de la compression numérique de haute voltige et de l'improvisateur électronique Thodoris Zioutos. Le tribut sonore délivré par chacune des 2 entités artistiques, n'est pas facile à envisager, chacun ayant eu à cœur de superposer de fine strates d'effets dans un méthodique processus d'accumulation. Pour autant, la patine sonore d'AS11 ressurgit à l'occasion, laissant apparaître leur agencement, à la manière d'un plissement anticlinal érodé par le temps, Comme dans toute production du label Antifrost, le compromis est absent, laissant la seine expérimentation borner son territoire sur les cendres de De façon Pragmatique, cette collaboration, dans ses conclusions, est proche des perspectives de John Duncan (même si il ne pousse jamais aux crimes de l'infra…bass) ou des artistes de chez 90% wasser. Un épais magma compact, dense, une sourde montée de drone, agrémenté de petit blip , scintillement cristallins ; La lente plongée d'un vaisseau en territoire inconnu Pour tout habituer de Wave qui se respecte.


BENGE I am 9
(Expanding rec/ Chronowax)
FLOTEL wooden Beard
(Expanding rec/ Chronowax)
Le label Expanding records, coordonné par le talentueux maître de cérémonie Ben Edwards, [moitié respective de Stendec/ Expanding] continue à œuvrer dans l'ombre en faveur des musiques inespérées de faible obédience à forte connotation électro-synthétique avec édulcorant acoustique. Ces deux dernières sorties sont le reflet fidèle de son état d'esprit, mêlant une conscience aiguë de la fidélité et des rapports humains (Benge) et l'appétit de découverte et le goût du risque (Flotel, 1 er album) qui fait si souvent défauts aux majors. Benge, artiste accompli qui en 36 années à déjà réalisé 9 albums (Sub Rosa/ / … ) I am 9 aborde les rives émoussées de l'enfance (voir Memento Melodies dans ses pages) ; Ben Edwards, affecte ici un régression jusqu'à ses 9 ans, âge d'or, période idyllique et merveilleuse où le jeune benge, est agenouillé sur la moquette du salon familiale, auréolé de maquettes de petites voitures aux noms curieux (facel13), et de livres entre-ouvert retraçant l'épopée de leur grandes congénères. De Cette période, il aura aussi conservé ces petits médiums sonores de l'enfance, Batterie, Glokenspiels, Piano, Cymbals, Synthétiseurs modulaires, etc.…avec lesquels il travestie la réalité, maquille le quotidien après être allé le capter dans la rue. (en France, notamment) C'est fin et soyeux à l'oreille, d'une beauté vierge voire candide…qui frôle, avec risque le " un peu trop lisse " à plusieurs occasions (Un amour caché pour Erik Serra ?)

Flotel, ensuite. Sous ce patronyme se camoufle Leigh Toro, qui a déjà composé sur Expanding (Bowd). Originaire de Notthingham, Il a pourtant déjà réalisé Un 7' sur Expanding ainsi qu'un autre sur arable rec de1/2 D'isan (The bosso Fataka !) Chasseur de sons, Flotel aime capturer les atmosphères, les climats dénaturées que la ville génère, depuis l'intimité d'un appart ou d'un café à l'exubérance d'une gare ou d'un station de métro. Ici, on passe des atmosphères amnésique aux climats asiatiques. Photographe-auditeur de l'éphémère, ses sobres carte-postale sonore, ont un angle de vue toujours renouvelé, privilégiant la vie et la surcharge d'échos aux silences assourdissant des lieux désertés. Flotel, sans doute la contraction de Flottement Surnaturel.. présente un pur travail d'ambient works, assez convainquant dans l'ensemble, rappellant certaines compositions de Steve Hillage. A noter la présence de quelques habitués de chez Morr/CCO tel que Morgan Caney. Pour une certaine idée de la délicatesse Une éloge d'innocence et de savoir faire atmosphérique résumé en 2 albums. A découvrir.

BIZZY B
Sciences EP. Volumes III+ IV
(Planet Mu)
Alors que Warp ou Rephlex donnent quelques signes discrets d'essoufflements (mais peut-être n'est-ce qu'un faux semblant) La label de Mike Paradinas, Planet Mu, n'a de cesse de rebondir, et de distiller des productions qui éparpillent leurs semences rythmiques dans chaque point cardinaux de l'électronique, du hard-core, de l'EBM, de l'électro-vintage, de la Drum'n Bass, des click n' cut et que sais-je encore. Et même si le label n'évite pas forcément la redite, c'est toujours fait avec un tel élan de spontanéité que cela élude souvent la critique. Bizzy B est un " dinosaure " de la scène Hardcore/ jungle. Ses premières productions ont pour contexte les années 1990-91, époque fertile et enjouée entre toute pour l'éclosion de ce genre. A cette grande époque, il a évolué, selon l'esprit de l'époque sur un nombre incalculable de labels, sous un nombre incalculable de pseudonyme ou de signature (Brain/Joker/sub Base/Whitehouse/etc…) Paradinas, respectueux gardien du temple techno, en nous offrant l'opportunité de revisiter la grande histoire de ce jeune courant, rend par la même une révérence (ce n'est pas la première) aux armateurs en herbe, expérimentateurs de tout poils, éclaireurs de génies, qui posaient à l' époque les jalons de cette culture naissante. Le sons est forcément Old School, les rythmes ont des pattes d'oies et quelques rides aux entournures, mais ont conservé étonnement cette fraîcheur juvénile (le rythme) qu'on perdu quelques peu de vue, les musiciens actuels. A l'écoute, de Sciences EP, on parcours un territoire cabossé, abîmé, altéré, mais pourtant accueillant et ouvert. Une petite leçon de rythmique !!

BY COASTAL CAFE
old Cartoons
(EarSugar/Chronowax)
Dans la folle embellie de supports naissants (CD-R/ CD-RW, I-pod) et de mode alternatifs de captation et de compression de sons (P2P, MP3) , la stratégie de certains petits labels a était payante. Partant du principe que de fait, le support classique du Cd (boîtiers plastique translucides) devenait obsolète car anodin, certaines structures ont pris sur elles de développer de véritables écrins graphiques ou plastiques d'une rare beauté à même de ranimer la fibre artistique tapis dans tout auditeur exigeant. A cette déjà longue liste ( Lucky Kitchen, Les series Materials & Mort aux vaches de Staalplaat ; Relax Ay Voo, Intr_version, Dekorder, Selektion, Clouds of static, softl…etc…) vient s'adjoindre EarSugar qui avec cette 8ème production (By Coastal Cafe) fait montre d'un savoir faire indéniable dans cette relation graphique/Sonore. Un magnifique Livre de conte-Cd où se dissimule photos anciennes, vieille lithographie, gravures surannées, petits recueils manuscrit. Duo suédois formé au milieu des années 90', By Coastal Cafe (soit Martin Lilja et Marilyn Petridean, pratique depuis presque 10 ans une folk intimiste et sans fioriture ; La force de leur composition tient à l'aspect crade et directe des compositions, typiquement lo-fi , un sens de la mélodie ou fluidité et amour de l'économie se conjuguent. Des formats de chansons courts, entre 30 secondes à 2 minutes, qui expriment dans leur fluctuation le temps court d'une impression ,d'un sentiment ou d'une émotion. Les morceaux, composé entre 1996 et 2000, ont mis un laps de temps certain à nous parvenir, comme la lettre égarée d'un vieil ami. Des histoires d'amour et de déception, de bonheur aveugle et de bien-être naïf, écrit et réalisé sur le mode Lo-fi à 2 balles, [cher aux amateurs du label de Calvin Johnson ou aux aficionados du Velvet], simplicité et sincérité qui environnent ce disque sur le mode d'une affinité élective plus que d'une inspiration. et dont l'émotion ne prend pas de chemin détournés pour atteindre nos cœurs.

MANDARIN MOVIE S/t
(AESTHETICS/ La Baleine)
Même si son mentor Ken Dybers s'en est toujours défendu, l'esthétique d'Aesthetics n ' a jamais dévié d'une dimension Post-rock , lo-fi ou pop en prêts de 41 sorties, exception faites de 2 ou 3 étoiles filantes ( le hip-hop de ) Pourtant, on sent souffler un vent de changement, une entreprise d'ouverture, qui bien que lente, est une construction qui s'échafaude pas à pas. MANDARIN MOVIE peut-être considéré comme un collectif transversal dans la galaxie Aesthetics, dont la singularité se lie jusque dans le line-up. Impulsé par Rob Mazurek, musicien incontournable de la décennie passée, membre de Isotope 217, …s'est ici entouré de la crème des musiciens actuels, depuis le grand Alan Litch ,issu de l'improvisation sensitive pour délivrer un free rock agressive et instable, dément et orchestrale. ça commence d'ailleurs à la façon de Bernhard Hermman. Mandarin Movie's est un peu à part puisque ce disque est l'expression d'un rêve d'une clarté rare, qu'on pourrait nommer Eidétique où Rob Mazurek perché au sommet d'un building ou étincellait depuis le bas explosion lumineuse, cacophonie sonores et visuels à la manière d'un délicat ballet. Une vision artistique et nocturne qui se traduit, une année plus tard dans ce recueil de haute fréquence, ce florilège d'assaut rythmiques et digitaux. Un cauchemar, en fait , sale et direct, torturé de douleurs instestines., de trash culture, de bass funky, jamais loin de The Molecules , certains Naked City de john Zorn… voire Orchestre 331/3 du sieur Fennesz pour quelques somptueuses sessions d'accalmie (The Ghost Ship is sinking). LE line up est à ce point unique qu'on ne resiste pas à l'envie de vous en faire un tour de table. Tout d'abord : Alan LITCH (Run on, Love child, Text of lige/Lee Ranaldo, loren mazzacane Connors, Tom Verlaine, Arto Lindsay, Royal Trux, Christian Marclay….), puis Steve SWELL, avec plus de 70 disques à son actifs (dont 10 à son nom) incontournable à avoir joué avec Lionel Hampton, Anthony Braxton ou Buddy Rich.. Matt LUX, ensuite, d'Isotope 217 déjà vu aux côté de Plush, Smog, Nobuzaku Takemura ;Jason AJEMIAN dont les albums ont fait les beaux jours de Lucky Kitchen, Locust music ou Okkadisc et Frank ROSALY, batteur de Ken Vandermark La liste des contributeurs à ce disque est bien plus longue (John Herdon, Rick Rizzo, Mikael Jorgensen (Wilco)…

SHUTTLE 358 Chessa
(12K/ METAMKINE)
La musique de Dan Abrams n'est pas précieuse ou abusivement intellectuelle; elle élude une large frange des expérimentations les plus finies en matière atmosphériques, voire minimaliste, pour revenir à des interrogations et des réflexions simples sur la nature apaisante, tranquillisante ou sédative (selon le talent de l'artiste) d'une musique ambiante et microtonale. Car il s'agit bien ici de micro-rythmie, de logique d'économie de sons qui est mis en branle. Cepandant là ou Shuttle 358 se démarque, c'est qu'il ose réinvestir ses travaux dans une démarche mélodique, héritage des recherches sensibles d' Eno ou de … les prémices des musiques de l'Ether si chère à David Toop. Seconde gageures, est pas des moindres, il refuse de tomber dans les écueils du genre ambiante en produisant des morceaux d'une longueur extrême pour s'en tenir à des formats courts (3-7 min) et par voie de conséquence plus dense et allant à l'essentielle. Un monde aquatique où le prisme aqueux altère silhouette et forme dans un jeu de mouvance onirique d'une rare beauté. Après 2 albums édités chez 12K (Optimal, Frame) et 2 albums sur Mille Plateaux (Understanding Wildlife, Stream), Dan Ambrams vient irradier nos pupilles de ces océans fluctuant de sources ,de climats horizontaux, de lignes courbes oscillatoires.

JANE Berserker
(PAW TRACKS/ Chronowax)
Peut-être ce la pourrait se résumer par cette phrase simple d'une des 2 protagonistes de Jane : " We liked all the mechanical robot dance jams like Detroit ans Chicago and the german but we wanted to do something with less 0s ans1s ans more souls. " le La est donné, JANE, avec Berserker, ont la ferme intention de réecrire la courte histoire de la musique binaire. L'idée un peu naïve de transcender les apports premiers de la techno pour en faire, au delà du caractère festif indéniable une musique emplis d'âme de Soul, pour reprendre les termes des musiciens de JANE est ici pris à bras le corps avec une sincérité pieuse. Ça débute par une lente musique atmosphérique teintée de chœurs diaphane et d'échos lointains, on pense à du Dead Can Dance, puis on s'enfonce, progressivement dans des nuances de détails , de climats plus opaque, écho de voix, Beat down tempo, effets de sonorités inversées. C'est assez étrange, en définitif, on a du mal à se trouver des accointances avec cette musique, pour original quel soit. Entre des chants grégoriens et un dave Clark sous tranquillisant. Passable.

ARIEL PINK Worn Copy
( Paw Tracks/ Chronowax)
La folie douce qui gouverne ce disque est à porter au compte d'ARIEL PINK, mentor et maître d'œuvre de ce Worn Copy, initialement parue sur Rhystop rec. Un album,où il est question de compresser en 70 minutes la culture musicale de son auteur, mélange improbable de trash Culture, de connaissances approfondies, de révérences intellectuelles ou artistiques et de second degré désinvolte. L'intro est feutré, rappellant les égarements de Malcom Catto, puis on bascule rapidement dans un doux délire de trash culture ou ariel Pink, interprète, transfigure, défigure ses références dans une optique Lo-fi rock crade et enjouée. On pense à priori à certains ravagé du cortex, genre Stock Hausen & Walkman ou les compiles V/VM dans cette recherche avide de compression, de superposition d'ambiances, dur ou légère, pourtant Worn Copy est vraiment unique, comme si on retombait sur un enregistrement de sessions radio, de ceux qu'on faisait enfant, 20 ans plus tard. Même si par moment, ça semble un peu brouillon, quelqu'un qui remercie The Germs, Red Crayola, The summer hits, John Maus, ou The Beachwood Sparks dans le même temps ne peut définitivement pas être mauvais.. Entre compilation mentale et juke-box ultime, Worn Copy est un disque attachant et extravagant. Fucking Trash rock !!

SUSUMU YOKOTA
Symbol
(Lo Recording/La Baleine)
L'irrésistible [quoique encore discrète] ascension de Susumu Yokota, au-delà de la finesse du geste musical est sans doute à porter au crédit de l'esthétique délicieusement décalée de son univers qui , à l'instar de celui de Collen capte des émotions dans les franges larges de la culture sans âge. L'aspect néo-romantique des pochettes, usant volontiers de peintures de la renaissance italienne ou de représentations romantiques des écoles anglaises, donne d'emblée une noblesse d'âme au projet Susumu Yokota. Cette différence de style, qu'on retrouve pour partie dans sa musique, en isolant certes son auteur de la scène électronique " classique " lui offre dans ce même lapse de temps, l'opportunité de développer des questionnements plus larges, plus ouverts sur sa musique. Dès les premiers morceaux il en est question, puisque le japonais vient agréger sur des concertos classiques des fibres électroniques; un univers onirique, hors du temps où les sources contemporaines et classiques interfèrent, se répondent, discutent. Le charme extravagant de ce disque, assez peu dansant, il faut bien l'avouer, est pourtant de tout premier ordre. A écouter d'urgence.

KOURTRAJME/ DJ MEHDI
Des friandises pour ta bouche
(Kourtrajmé/Chronowax)
Kourtrajmé, le collectif, irrévérencieux, unique et à géométrie variable de Paname, à l'occasion de la sortie de son long métrage Métropolis, entérine plusieurs années de travail, courts métrages, expériences dans le domaine du clip et de la pub pour faire un état des lieux à mi-parcours des projets. Les courts métrages, malgré quelques maladresses qu'on attribuera à la jeunesse sont souvent drôles, frais et d'une humanité rare.Qu'il soit construit autour d'un collectif où des centaines de jeunes s'accaparent la caméra (démonstration de force) ou à partir d'un délire. Ou le par trop fameux et politiquement incorrect clip de Didier Super. Des bandes de potes parmi lesquels quelques transfuges et parrains tutélaires de circonstances, depuis Romain Gavras et Mathieu Kassovitz . et de nombreux jeunes réalisateurs tels que Tunami, Kim Chapiron LE long métrage est à la hauteur des courts est nous entraîne dans un cortège de références autour de l'urbanité, de la rue, des cités, de la ville, des gens qui la peuplent. Un film qui n'est rien moins qu'une lettre d'amour déguisée à la plus belle d'entre toutes : PARIS. DJ Mehdi, issu des radios libres à su au long des années faire fructifier sa connaissance de la musique pour livrer ici une bande sons unique, pleine de nuances et de tonalités bien loin des clichés que peuvent souvent véhiculer les hip-hop ou le rap. On retrouve dessus China, Bogue, Jaz-Z, Boombass, Bogue de Bogue et Winter. Des ambiances bien évidemment cinématographiques mais qui, et c'est là le talent du jeune homme, se passent fréquemment d'image. Ça sent la sueur et les rires, les idées finement ciselés et les gros délires de potaches, le talent et la désinvolture, tout ce qu'on aime !! Définitivement conseillé.

MOBIUS BAND City Vs country
(Ghostly international/ La Baleine)
Après une retraite forestière de 3 années, dans les confins du Massachusetts, Mobius Band revient discrètement à notre mémoire par le biais d'un ep, où justement il est question de campagne et de ville. Le déménagement récent de deux de ses membres à New York aura sans doute motivé une réflexion croisée sur les modes de vivre en milieu rural ou urbain et les effets que cela induit. Mobius Band, à savoir Peter Sax, Noam Schatz et Ben Sterling développe en s'appuyant sur un lit de branchages craquants de guitares sèches, un tapis mélodique de feuilles "humusées" et de mousse humide une musique pleine de fragilité et d'humanité. L'esprit de leur musique semble fortement marqué par l'espace et les grandes étendues forestières. Un maxi étonnant loin des frasques pailletées house habituelles du label, et qui cultive un amour immodéré pour la belle mélodie. A rapprocher des productions de Setenta.

EN BREF

DEERHOOF Milkman (ATP/ Kill rock star/a Baleine) La très noble entreprise Kill Rock Star d'Olympia (K records, également) sous l'égide de la non moins noble enseigne ATP nous envoie une petite missive sous la forme de Deerhoof. Celui ci est composé de Chris Cohen, John Dieterich dont on reconnaît les assauts rythmiques qu'il prodigue chez Colossamite ou Gorge Trio, ainsi que Rob Fisk, Kelly Goode, Satomi Matsuzaki au chant cristallin et Greg Saunier. Faisant suite à 6 albums, et précédé d'un Lp sorti plus récemment (The Runners Four) Milkman est un étrange agrégat de rythmiques et déstructurations noise-rock, de synthé vintage, de la voix féerique de Satomi,d'emprunt Jazzy. Un drôle d'Ovni en fait, qui déstabilise dans les premiers temps mais qui pour autant s'avère être un subtil univers personnel et onirique. A noter la pochette très laide TOUANE Awake (persona/La baleine) Touane est basé à Gimini en Italie et produit une musique assez peu engageante, du moins dans sa forme ambiente-atmosphérique, cela est du sans doute aux caractère anémié des sons et au lissage excessif de la production. Une sorte de house de Bar pour fin d'après-midi. On lève le nez à l'occasion mais la pesanteur à plus d'attrait, alors on replonge. STEWART WALKER est également un artiste du label Person et à déjà sorti 2 albums sur la structure, soit Live Extracts et Reclamation 1 en 1999. Une musique qui hésite continuellement entre introspection pour appartement et tentation débridée pour le dancefloor avec un son électronique -house assez daté. Un disque rapidement agaçant et dont l'intérêt est limité. Stewart WALKER grounded in existence (Persona/La Baleine) Derrière ANTIGUO AUTOMATO MEXICANO Micro-hate (Background/La Baleine) se cache Angel Sanchez Borges Monterrey, qui distille au long de ce Micro-Hate un eminimal Techno tout en nappe et vaporeusité . Le Label Background, qui l'accueille s'est déjà fait le relais d'artistes intéressants de cette sphère électronica/ Minimal techno tel que Akufen, Sutekh, Geoff White, Smyglyssna, Portable, Dave Miller pour citer les principaux. De bons moments. SLEATER KINNEY, le trio féminin de chez Sub-Pop nous rappelle à son bon souvenir à l'occasion de ce trois titres de power pop rock enlevé. Carrie, Janet et Corin prolongent l'exercice de style débuté sur 1ALBUM. Intéressant, sans être bouleversant. SLEATER KINNEY entertain (Sub-pop/ Chronowax)