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ARILD
ANDERSEN GROUP
electra
(ECM/
ECM)
Arild Andersen nous entraîne dans un exercice de style ardu, à savoir
la mise en musique d'une œuvre théâtrale classique de Sophocle,
ELEcTRA, mise en scène par Yannis Margaritis, directrice du Sping
Theatre. Compositions étroitement liées à la Grèce donc, dont on
retrouve nombre de ses représentants au détour de cet album depuis
l'interprète des textes (Chrysanthi Douzi) aux musiciens du groupe
(Savina Yannatou ) à des intervenants extérieurs liés à la production
(Vangelis Katsoulis) ou aux clichés de couverture (Giorgio Vavilousakis)
voire à la traduction . Pourtant, au-delà des apparences, ce projet
n'est pas purement national, mais éminemment européen, dans ses
vues philosophiques, embrassant bien au delà de la Grèce, ne serait-ce
que dans le line-up de sa formation….. France Suède, Angleterre,
Italie. Par delà les clivages culturels, Arild Andersen enfonce
un autre accueil, mélangeant avec une liberté crâne les instruments
et les styles : double bass, guitare électrique, trombone, etc…
La légèreté des climats et des arrangements, le savoir-faire et
la touche de grâce qui auréole ce disque font de ce electra un très
beau songe nocturne. L'œuvre est complexe, ne le cachons pas, elle
porte en elle beaucoup de clichés d'un académisme culturel poussiéreux.
L'œuvre de Sophocle est une charge lourde à porter, tout du moins
à étreindre. Pourtant, après une première écoute, on en ressort
léger, grandi, irrésistiblement tiré vers le ciel.
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THEE
STRANDED HORSE s/t
(Active
Suspension/ Chronowax)
Encre retourne à ses classiques, plongeant son univers dans une
étude universitaire de la musique acoustique. Ce side project de
Yann Tambour confronte l'étude attentive des musiques acoustiques
et la belle nonchalance de la musique pop. Kora, guitare et instrument
de sa fabrication fondent l'assise de ces 3 courts morceaux sur
lesquels vient s'asseoir la voix chaude et texturée proche d'un
Hermann Dune nocturne. Les climats sont amènes et conditionnent
l'auditeur à un lent relâchement de ses muscles à mesure que coulent
les partitions. Si la voix nous raccroche à l'univers Folk tel qu'on
le connaît, l'instrumentation si particulière, elle, creuse davantage
les rives d'une musique de la genèse, depuis l'Afrique jusqu' à
la Louisiane (Mississippi John Hurt) voire quelques esprits frappeurs,
tels Harry Partch ou Moondog pour l'esprit de fabrication. Moins
symphonique et paradoxalement moins intimiste, ce projet, en dévoilant
une nouvelle facette du musicien, lui permet au passage d'exprimer
une gamme de sensations du médian qu'on ne lui connaissait pas.
Une très bonne découverte.
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SOLVENT
Elevators & Oscillators
(Ghostly
international/La Baleine)
Solvent, musicien canadien basé à Toronto, a la constance d'un métronome
lorsqu'il s'agit de dispenser ses productions. Nous gratifiant il
y a un peu moins d'un an d'un Apples & Synthetiseurs, le voilà de
retour avec une gamme de nouvelles compositions sous l'appellation
Elevators & Oscillator. Le propos est sensiblement le même que chez
son prédécesseur, si ce n'est que ses nouvelles compositions, issues
des Radio Ga Ga series, ont été rehaussées de morceaux remixés par
un pré-carré de paires et de compagnons d'armes. Parmi eux, Legowelt
dans une manipulation à risque de " my radio " , Perspects et Lowfish,
tous deux issu de Suction rec (entre autres) où le premier distille
des étamines pop-électro. Alors que le second, récemment vu sur
Cocosolidciti assure une certaine rigueur spartiate au morceau ;
Isan (Morr, Darla) dans un pendant cotonneux et ouaté de cette version
; Schneider TM (Mute City Slang) qui décline ici son savoir-faire
de nappes et enfinJDSY, tranfuge de Ghostly avec un morceau détonnant
d'énergie et de bricolage numérique. Les morceaux de Solvent, pour
leur part, continuent à répandre un flot de nappes synthétiques,
de glitchs tonitruants, de bleeps saccadés sur fonds de voix vocodées
chères à Console rappelant autant ce dernier que les rythmes plus
hédonistes d'un My Robot Friend. Malgré la différence apparente
des artistes présents, chacune des contributions participe d'un
même esprit, communion spontanée de rythme et d'amour de la belle
mélodie. Frais et dispo.
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THE
PEPPERMINTS
Jesus Chryst
(Paw Tracks/Chronowax)
Paw Tracks, label de The Animal Collective n'en pouvait plus d'attendre
l'arrivée des messies de cette filiation unique qu'est l'experimental
Barfy Trash Rock ! A savoir The Peppermints !! Dernier monument
d'une ère presque révolue, The Peppermints est le dernier rempart
dépravé et corrompu à ce monde sirupeux et perclus de morale. Un
Rock band, irrévérencieux envers tout, notamment les religions (comme
le souligne si justement la couverture), encensé par the animal
Collective, donc et qu'on compare à échéances régulières depuis
1997, date de leur création, à GG Allin, The Ruin, Wire, The Fall,
Melt Banana, Joan Jett ou the Coachwhips…. Inclassable, en résumé.
Après divers maxis et singles sur Ivy Oh ! Pet Set records, NGWTT
et Pandacide records, les voilà sur Paw tracks ! Une musique compulsive,
nerveuse, âpre, sans fioriture, qui débite contre modes, vents et
marées son flot de hargne, d'énergie et de débauche. Pour leur salut
artistique, on prie pour qu'ils restent encore quelques temps dans
l'anonymat. ..pour notre plaisir égoïste, aussi.
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LUNT
Fragment of Free Part.1
(Carbon
records/Hitomi rec/ www.carbonrecords.com)
Gille Deles, l'homme derrière Lunt n'a jamais caché la sensibilité
qu'il avait à l'égard de l'improvisation et de l'usage sensible
de la guitare au travers de celle ci. L'excellent Carbon records,
dirigé depuis Rochester, USA, par Joe + N lui en donne une nouvelle
fois l'occasion. Un label sur lequel on retrouve nombre de musiciens
audacieux dans les sphères Expérimentales-improvisées (Chad Oliveiri
, Arthur Doyle, Finkbeiner,Lasse Marhaug, et évidemment Joe + N,
entre autres), Dans cette quête vers l'ouverture culturelle et la
limpidité technique, il a déjà opéré un album " A half of you sur
le label Ukrainien Nexsound , The Third of me sur Another rec, Ou
encore Broken Words and lost answers sur Hitomi recordings ainsi
que quelque morceaux épars pour Autres Direction, et Unique rec,
bien évidemment. L'histoire de Fragment of Free Part. 1 semble empreint
d'une sensibilité accrue, d'une sorte de colère sourde trop longtemps
contenue et qui s'est transformée le temps aidant en une mélancolie
profonde. Gilles Deles insuffle une intimité forte à chacune de
ses compositions, comme le laissent deviner de façon énigmatique
les intitulés (the Bridge, tha airplane and my love/ I'll incise
a mineral while you draw a tree/ You soft the rubble and the dust
come to me ) . Des titres qui ont le goût du vécu, de l'ailleurs,
du dépaysement. Un album étoilé qui marche dans les pas d'autres
prescripteurs du genre, depuis Loren Mazzacane Connors, jusqu'à
John Fahey dont les Georgia Stomps, Atlanta trust auront marqué
une génération de guitaristes.
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ROBERT
NORMANDEAU
Puzzles
(Empreintes
Digitales/ Metamkine)
Conçus
à leur genèse pour des mises en scène de Brigitte Haentens, ces
5 pièces ont été remixées en vue de leur sortie sur cet album. Puzzles
est le septième enregistrement du très respecté Robert Normandeau,
auteur compositeur sur Rephlex, Ambiance Magnétiques ou encore Sub
Rosa. Ce disque marque une petite révolution technologique, dans
la mesure où il est enregistré sous format DVD Audio " advanced
resolution " qui au-delà des aspects techniques, procure une écoute
incomparable, digne de véritables conditions de concert. Voici ainsi
Robert Normandeau rendu dans notre salon aux seules fins d'un concert
privé en 5 actes. L'originalité de ce disque tient également à son
principe, évoqué par Normandeau dans le Livret " Cette musique a
été composée, comme son titre l'indique, comme une suite de petits
morceaux destinés à s'emboîter les uns dans les autres. Mais contrairement
au jeu traditionnel, les morceaux de musique ici peuvent s'agencer
les uns aux autres dans n'importe quel ordre. Autrement dit, sur
le plan temporel et sur le plan timbral, les sonorités utilisées
ont été accordées de tell sorte qu'elles puissent se superposer
ou se juxtaposer de mille et une manières différentes(…) " Ces pièces,
venons-y, ont l'empreinte électroacoustique du label Ambiance Magnétiques
mais conservent pourtant la touche unique de leur concepteur. Une
musique subliminale, somatique, eidétique, une musique profondément
impressionniste où les touches électroniques et acoustiques de Normandeau
nous plongent dans un film sans image (qui n'en nécessite pas nécessairement,
d'ailleurs) aux confins d'univers oniriques à la croisée du couple
Baron ou des musiques de films d'Hermann. Construites à partir d'onomatopées
vocales et de sons de portes diverses, les 5 compositions regroupées
par Puzzles s'inspirent de mises en scène célèbres, depuis Marguerite
Duras à William Shakespeare., en passant par Lessing pour appuyer
son univers d'idées et de préceptes intellectuels. Un voyage unique
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THE
RETURN B.O by Andrey Dergatchev
(ECM/
Universal)
The Return est l'histoire angoissante d'une retrouvaille. Parti
douze ans plus tôt, un homme revient un jour dans son foyer où il
trouve ses enfants désormais adolescents. S'en suit une lente quête
de rédemption, aux marges du thriller où l'on ne connaît réellement
les motivations intimes de ce retour. Film tourné par Andrey Zvyagintsev
en 2003, Lion D'or à Venise, il aura fallu attendre 2 ans pour que
des producteurs français le sortent en France. La musique d'Andrey
Dergatchev s'insinue avec une rare intelligence dans le film, lui
donnant ce supplément de relief que l'image même ne peut imprimer.
Un camaïeu étrange de musique ondoyante à la Galasso/ Kar Wai, d'extraits
sonores de dialogues tirés du film, de compositions oppressantes
, toutes en tension et retenue, d'une rare intensité. On dit que
dans chaque œil se cache une oreille interne, dans chaque réalisateur
se cache un musicien qui s'ignore. Andrey Dergtchev nous prouve
que le contraire est aussi possible
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THE
LAPPETITES
before the Libretto
(Quecksilber/La
Baleine)
" The lappetites est un forum, un lieu de rencontre, un concept
dans lequel chacun aura à loisir de produire et d'échanger via les
modes digitaux et sonores actuels en relation constante avec une
multitude de lieux et une multitude d'intervenants. " Dans un esprit
proche du MIMEO, The Lappetites se veut un collectif de musicien(ne)s
sans hiérarchie, dont le line -up, à géométrie variable, s'étire
ou se restreint au fil des collaborations et des rencontres. De
plus, pour s'affranchir des distances, The Lappetites cultive l'ubiquité,
laissant les œuvres se créer à distance dans une relation d'échanges
et de partage. L'idée a germé en 2001 dans l'esprit de Kaffe Matthews,
lors d'un concert collectif réunissant O-BLAAT, IKUE MORI, ZEENA
PARKINS, Marina ROSENFELD. Pour cette première trace sonore, Before
The Libretto, le line-up n'est pas moins impressionnant et d'une
féminité sans faille. Madame Éliane Radigué, en premier lieu, co-scénariste
des débuts de l'RTP aux côtés de Pierre Henry et Pierre Schaeffer,
et dont les travaux s'orientent depuis bientôt 30 ans autour des
préceptes de musiques tibétaines au sein de son label Lovely Music,
pour l'essentiel. Kaffe Mattews, pionnière de l'improvisation électronique
et des champs de l'électroacoustique ; AGF (soit Antye Greie) repérée
pour ses égarements atmosphériques mais pas seulement sur Quecksilber,
entre autres. Et Ryoko Kuwajima, artiste japonaise ayant pied dans
la vidéo également, proche des scènes maximaliste et qui a pour
habitude le traitement radical et chaotique des feedback et de la
sitar. L'ensemble est un tout cohérent où se mêlent collages sonores,
fragments d'environnements traversés de voix spectrales, mélopées
enfantines, montages électroacoustiques fluides, musique sacrée
et dé fragmentation de disque dur. Un imbroglio qui sent à plein
nez le libertinage intellectuel et la saine émulation. D'une belle
exigence.
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Andrew
PEKLER
Strings
+ Feedback
(Staubgold/
La Baleine)
Ce réseau électrique en couverture est le pendant visuel/ graphique
de la petite musique qui se joue dans le crâne d'Andrew Pexler/
Le plan de montage de son installation pour cordes et Feedback dont
la forme visuelle rappelle quelques obscurs croquis surréalistes
du sieur Duchamps. Ici, pas de concept euclidien, juste un appétit
pour la simplicité, le concret, le direct. Le titre est en soit
une émanation de la pochette qui est elle-même une émanation de
sa musique. Ou quand la forme expose le fond. Emprunt de narration,
d'ambiances cinématographiques, Strings & feedback propose une lente
vacation, déambulation en territoire jazz. D'une douceur soutenue,
les climats de ce disque enserrent l'auditeur, le plongent délicatement
dans ses rêveries
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MELODIUM
La tête qui Flotte
(Autres Directions In Music / Musicast)
C'est avec une discrétion et une érudition sans faille que Melodium
construit sa jeune carrière ; un cheminement artistique qui l'a
déjà mené aux portes de nombres de labels Prestigieux (Disaster
by choice, Peter I'm Flying, Active suspension, Audio Dregs, Autres
directions, ). Au cours de ces récentes années, il aura su apprivoiser
les rythme digitaux, faire montre d'un habileté renouvelé dans l'art
de traduire ses sentiments confus en timbres et sonorités. Le belle
évolution de son projet consistant en un doux glissement, depuis
la confusion syncopées de rythmes électroniques vers des sources
plus fluides, moins contendantes, principalement ancrées dans l'acoustique,
via son versant Pop-folk. Le processus d'enregistrement de l'album
est assez original, puisque le jeune homme a détourné l'usage classique
des Soundfields à son usage intime ; jouant et captant son propre
jeu de guitare en forêt ou en rase campagne, ou encore en utilisant
des technologies de pointe (claquement de doigts en guise de rythme).
C'est sans doute ses petits effets de manche qui donne tant de couleur
et de chaleurs à ses compositions, cette texture grenue et imparfaite
tellement unique. Au delà, de la mélodie,la tête qui flotte se révèle
une mine d'or de tubes émouvants ou sautillants à placer quelques
part entre un électro vintage façon Domotic, la fraîcheur d'un Console
et un sens aigu de la chose mélodique (qu'on retrouve chez Laudanum,
notamment). Les morceaux s'enchaînent et déroulent à chaque note,
gamme, leur flot de petites humanités. Se rayer provisoirement de
la liste des vivants et son aspect Saudade désœuvré sur fond d'électronica
dépressive, l'entraînant kill me with a smile et ses lignes mélodiques
entêtantes avec la voix de l'auteur légèrement dissimulée derrière
un brouillard d'effets ; Emptykuerten est sa masse numérique ondoyante
; Le creux est ma matière première et ces subtiles nappes de guitares
en boucle ; L'attachement aux symptômes évoque pour sa part les
crachins de pixel et la fragilité des albums de Max Richter, ou
l'école minimaliste à la Mickael Nyman. Comme le suggère ce court
inventaire, la musique de Laurent Girard ne renvoie pas à un champ
spécifique mais à une infinité de possibles, ou interfèrent éléments
acoustiques, scories électroniques, passages harmoniques. Rien n'unit
en apparence ces petits chapelets de compositions si ce n'est peut-être
la beauté et une pure grâce mélodique. On est sous le charme de
la " délicatesse " de cette embarcation, laissant notre esprit dériver
au gré des compositions, qui nous entraîne tantôt dans une houle
fébrile de crachin cadencé, tantôt dans la plénitude des éléments.
Très bon.
www.autresdirections.net/inmusic/
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VLAD
D' Rmxs EP
(Angstrom/
Mangedisque)
A peine le temps de rassembler ses idées et de reprendre son souffle
que VLAD, vient enrichir d'une nouvelle greffe sa discographie..
Jamais l'artiste n'avait consentie jusqu'alors aux ré assemblages
de ses compositions. Un exercice de style, donc, auxquels se sera
prêté une poignée restreinte de remixeurs, qu'on devine avoir des
filiations d'amitiés avec l'artiste. L'occasion de retrouver quelques
uns des fers de lance d'une électronique débridée, hérétique ou
insouciante, c'est selon. Domo-kun, en guise d'introduction, qui
nous sert un met sucré-salé, à la rythmique sautillante, jamais
loin des élucubrations de Autechre/TeamShadetek ; Team Tendo,les
terroristes du 8 pistes avec DJ Aï et son acolytes ensuite avec
un remixe faramineux, mélange de beat sales et méchant et de mélodies
infantiles en arrière plan. GROUPGRIS dont la récente sortie sur
l'excellent label Wwilco est un gage supplémentaire des qualité
de ce groupe. TELLEMAKE , membre de la fratrie Angstrom balance
un morceau asthmatique de hip-hop déviant comme on pensait seul
Skiz Fernando( Spectre) capable de le faire. B.alone enfin qui clôt
le disque par de lente volutes digitales aux effluves atmosphérique.
Des remixes physiques, organiques. V.L.A.D… Variations Lumineuses
sur l'Arythmie Digitale ?
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BARBARA
MORGENSTERN/ROBERT LIPPOK
Tesri
(Monika Enterprises/La Baleine)
Pour
trouver les racines de cette collaboration , il convient de remonter
4 années en arrière, lorsque le label FATCAT faisait rayonner sa
bannière à grand coup de Série 500. Les recalés de la dernière heures
peuvent aujourd'hui corriger le tir à l'occasion de cette sortie
Monika Enterprises. Le duo Morgenstern/ Lippok, après leur beau
prologue semble encore avoir des choses à se dire et à nous faire
partager. Tesri, c'est la vitesse en dialecte Turc ; La Turquie,
Istanbul, plus précisément, c'est aussi le lieu dans lequel se sont
rendu les 2 protagonistes, séparément, et en différente époque.
De leur pérégrinations, chacun a rapporté des Soundfields mentaux,
des cartes postales intérieures. Loin de tous clichés culturels
ou touristiques. Leur musique a une fort potentiel évasif et dépaysant.
Bien évidemment, la Patte Robert Lippok (To Roccoco Rot) n'est en
aucun cas évincée ; on retrouve dans un dosage distinct les codes
de couleurs spartiate et et d'harmonies froides du trio. Les réglementations
rythmiques qui prédisposent à leur architecture Tesri invoque les
déités de l'électronique et de l'acoustique : Piano, guitares, flûte,
capteurs, modulateur, ordinateur, synthétiseur, batterie. Et surtout
les voix, grâce aux contributions de Damon Aaron (Telefon Tel Aviv)
et Mieko Shimozo (Kaitusburu and Otuskimi) qui ajoute aux caractères
dépaysants et mondialisant de cette musique. Le résultat est une
œuvre élégante, sans être bouleversante, traversée par les fantômes
de Wyatt ; répétitive, par moment un peu timorée (genre consensus
mou) les ambiances dégagés par Tesri arrive pourtant fréquemment
à nous tirer vers la lumière.
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V/a
" Transient Travels "
(Domizil/
Metamkine)
Les gares et leurs messagers les trains sont des lieux magiques
et d'un poésie insoupçonnée où transitent chaque jour des millions
d'individus, partis retrouver quelqu'un , en quête de changements
ou de dépaysement. Des concentrés de vies et d'existences réunit
dans un même flux, circonscrit par des rails, des nodules de centres
de trie, laissant sur les géographies parcourus, de longues courbes
pareil à des lignes de vie. Missionné par The Swiss Arts Council
Pro Helvetia, Marcus Maeder et Jan Schacher (Jasch) ont invité 6
artistes à développer sur le thème du Transient Travel des compositions,
en investissant Trains électroniques et gares analogiques, et en
tenant captif, le temps d'un cours voyage sonores, des passagers-auditeurs.
Dans ce périple , outre eux mêmes les 2 musiciens Suisses ont convié
le Russe Coh, qui fournit depuis plusieurs années un travail essentiel
en matière de prospections sonores, AGF, ensuite qui après divers
travaux atmosphériques angoissants, respectivement sur Quecksilber
,Orthlorng Musork et Stichting Mixer revient avec un titre entêtant
et spectral, s'attachant à transcrire les variétés de paysages traversés
lors d'un déplacement . Ilios, transfuge d'Antifrost, qui contribue
par le biais de ces superpositions et de ces manipulations expérimentales,
lent crescendo de drones nocturne, à raffermir le derme de notre
peau. Hecker, ensuite dissident Allemand spécialiste des déflagrations
de bruits blanc, porté par un amour de la marge, à l'instar de ces
camarades de jeux Pita. Au long de ce morceau phare de plus de 20
minutes, qui mêle amour des capteurs prisonniers du vent Jasch (Jan
Schacher) avec son Probe qui invite l'auditeur à écouter une trame
de fragments et d'impulsions soutenues sur des nappes environnementales
" classieuses ". Proches de recherches acoustiques de Francisco
Lopez sur Selva. Marcus Maeder, enfin, qui clôt la session avec
un titre énigmatique Od Kraja do Kraja où il est question de rupture
de phase, d'éléments concrets disséminés, de fragments élastiques…
Toujours aussi radical.
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NIGHTSHIFT
nightshift
(Antifrost/
Metamkine)
Le label hellèno-hispanique ANTIFROST et ses intervenants , ont
toujours communiqué et diffusé leur discours et production sous
couvert d'un esprit spartiate et dépouillé. Pas ou peu d'information,
ligne graphique sobre, volonté de austérité, économie de la nécessité...
Nightshift est en réalité la contribution croisée du duo grec extrêmement
prolifique As11, spécialiste de la compression numérique de haute
voltige et de l'improvisateur électronique Thodoris Zioutos. Le
tribut sonore délivré par chacune des 2 entités artistiques, n'est
pas facile à envisager, chacun ayant eu à cœur de superposer de
fine strates d'effets dans un méthodique processus d'accumulation.
Pour autant, la patine sonore d'AS11 ressurgit à l'occasion, laissant
apparaître leur agencement, à la manière d'un plissement anticlinal
érodé par le temps, Comme dans toute production du label Antifrost,
le compromis est absent, laissant la seine expérimentation borner
son territoire sur les cendres de De façon Pragmatique, cette collaboration,
dans ses conclusions, est proche des perspectives de John Duncan
(même si il ne pousse jamais aux crimes de l'infra…bass) ou des
artistes de chez 90% wasser. Un épais magma compact, dense, une
sourde montée de drone, agrémenté de petit blip , scintillement
cristallins ; La lente plongée d'un vaisseau en territoire inconnu
Pour tout habituer de Wave qui se respecte.
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BENGE
I am 9
(Expanding
rec/ Chronowax)
FLOTEL
wooden Beard
(Expanding
rec/ Chronowax)
Le label Expanding records, coordonné par le talentueux maître de
cérémonie Ben Edwards, [moitié respective de Stendec/ Expanding]
continue à œuvrer dans l'ombre en faveur des musiques inespérées
de faible obédience à forte connotation électro-synthétique avec
édulcorant acoustique. Ces deux dernières sorties sont le reflet
fidèle de son état d'esprit, mêlant une conscience aiguë de la fidélité
et des rapports humains (Benge) et l'appétit de découverte et le
goût du risque (Flotel, 1 er album) qui fait si souvent défauts
aux majors. Benge, artiste accompli qui en 36 années à déjà réalisé
9 albums (Sub Rosa/ / … ) I am 9 aborde les rives émoussées de l'enfance
(voir Memento Melodies dans ses pages) ; Ben Edwards, affecte ici
un régression jusqu'à ses 9 ans, âge d'or, période idyllique et
merveilleuse où le jeune benge, est agenouillé sur la moquette du
salon familiale, auréolé de maquettes de petites voitures aux noms
curieux (facel13), et de livres entre-ouvert retraçant l'épopée
de leur grandes congénères. De Cette période, il aura aussi conservé
ces petits médiums sonores de l'enfance, Batterie, Glokenspiels,
Piano, Cymbals, Synthétiseurs modulaires, etc.…avec lesquels il
travestie la réalité, maquille le quotidien après être allé le capter
dans la rue. (en France, notamment) C'est fin et soyeux à l'oreille,
d'une beauté vierge voire candide…qui frôle, avec risque le " un
peu trop lisse " à plusieurs occasions (Un amour caché pour Erik
Serra ?)
Flotel,
ensuite. Sous ce patronyme se camoufle Leigh Toro, qui a déjà composé
sur Expanding (Bowd). Originaire de Notthingham, Il a pourtant déjà
réalisé Un 7' sur Expanding ainsi qu'un autre sur arable rec de1/2
D'isan (The bosso Fataka !) Chasseur de sons, Flotel aime capturer
les atmosphères, les climats dénaturées que la ville génère, depuis
l'intimité d'un appart ou d'un café à l'exubérance d'une gare ou
d'un station de métro. Ici, on passe des atmosphères amnésique aux
climats asiatiques. Photographe-auditeur de l'éphémère, ses sobres
carte-postale sonore, ont un angle de vue toujours renouvelé, privilégiant
la vie et la surcharge d'échos aux silences assourdissant des lieux
désertés. Flotel, sans doute la contraction de Flottement Surnaturel..
présente un pur travail d'ambient works, assez convainquant dans
l'ensemble, rappellant certaines compositions de Steve Hillage.
A noter la présence de quelques habitués de chez Morr/CCO tel que
Morgan Caney. Pour une certaine idée de la délicatesse Une éloge
d'innocence et de savoir faire atmosphérique résumé en 2 albums.
A découvrir.
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BIZZY
B
Sciences EP. Volumes III+ IV
(Planet Mu)
Alors que Warp ou Rephlex donnent quelques signes discrets
d'essoufflements (mais peut-être n'est-ce qu'un faux semblant) La
label de Mike Paradinas, Planet Mu, n'a de cesse de rebondir, et
de distiller des productions qui éparpillent leurs semences rythmiques
dans chaque point cardinaux de l'électronique, du hard-core, de
l'EBM, de l'électro-vintage, de la Drum'n Bass, des click n' cut
et que sais-je encore. Et même si le label n'évite pas forcément
la redite, c'est toujours fait avec un tel élan de spontanéité que
cela élude souvent la critique. Bizzy B est un " dinosaure " de
la scène Hardcore/ jungle. Ses premières productions ont pour contexte
les années 1990-91, époque fertile et enjouée entre toute pour l'éclosion
de ce genre. A cette grande époque, il a évolué, selon l'esprit
de l'époque sur un nombre incalculable de labels, sous un nombre
incalculable de pseudonyme ou de signature (Brain/Joker/sub Base/Whitehouse/etc…)
Paradinas, respectueux gardien du temple techno, en nous offrant
l'opportunité de revisiter la grande histoire de ce jeune courant,
rend par la même une révérence (ce n'est pas la première) aux armateurs
en herbe, expérimentateurs de tout poils, éclaireurs de génies,
qui posaient à l' époque les jalons de cette culture naissante.
Le sons est forcément Old School, les rythmes ont des pattes d'oies
et quelques rides aux entournures, mais ont conservé étonnement
cette fraîcheur juvénile (le rythme) qu'on perdu quelques peu de
vue, les musiciens actuels. A l'écoute, de Sciences EP, on parcours
un territoire cabossé, abîmé, altéré, mais pourtant accueillant
et ouvert. Une petite leçon de rythmique !!
|
BY
COASTAL CAFE
old Cartoons
(EarSugar/Chronowax)
Dans la folle embellie de supports naissants (CD-R/ CD-RW,
I-pod) et de mode alternatifs de captation et de compression de
sons (P2P, MP3) , la stratégie de certains petits labels a était
payante. Partant du principe que de fait, le support classique du
Cd (boîtiers plastique translucides) devenait obsolète car anodin,
certaines structures ont pris sur elles de développer de véritables
écrins graphiques ou plastiques d'une rare beauté à même de ranimer
la fibre artistique tapis dans tout auditeur exigeant. A cette déjà
longue liste ( Lucky Kitchen, Les series Materials & Mort aux vaches
de Staalplaat ; Relax Ay Voo, Intr_version, Dekorder, Selektion,
Clouds of static, softl…etc…) vient s'adjoindre EarSugar qui avec
cette 8ème production (By Coastal Cafe) fait montre d'un savoir
faire indéniable dans cette relation graphique/Sonore. Un magnifique
Livre de conte-Cd où se dissimule photos anciennes, vieille lithographie,
gravures surannées, petits recueils manuscrit. Duo suédois formé
au milieu des années 90', By Coastal Cafe (soit Martin Lilja et
Marilyn Petridean, pratique depuis presque 10 ans une folk intimiste
et sans fioriture ; La force de leur composition tient à l'aspect
crade et directe des compositions, typiquement lo-fi , un sens de
la mélodie ou fluidité et amour de l'économie se conjuguent. Des
formats de chansons courts, entre 30 secondes à 2 minutes, qui expriment
dans leur fluctuation le temps court d'une impression ,d'un sentiment
ou d'une émotion. Les morceaux, composé entre 1996 et 2000, ont
mis un laps de temps certain à nous parvenir, comme la lettre égarée
d'un vieil ami. Des histoires d'amour et de déception, de bonheur
aveugle et de bien-être naïf, écrit et réalisé sur le mode Lo-fi
à 2 balles, [cher aux amateurs du label de Calvin Johnson ou aux
aficionados du Velvet], simplicité et sincérité qui environnent
ce disque sur le mode d'une affinité élective plus que d'une inspiration.
et dont l'émotion ne prend pas de chemin détournés pour atteindre
nos cœurs.
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MANDARIN
MOVIE S/t
(AESTHETICS/ La Baleine)
Même si son mentor Ken Dybers s'en est toujours défendu,
l'esthétique d'Aesthetics n ' a jamais dévié d'une dimension Post-rock
, lo-fi ou pop en prêts de 41 sorties, exception faites de 2 ou
3 étoiles filantes ( le hip-hop de ) Pourtant, on sent souffler
un vent de changement, une entreprise d'ouverture, qui bien que
lente, est une construction qui s'échafaude pas à pas. MANDARIN
MOVIE peut-être considéré comme un collectif transversal dans la
galaxie Aesthetics, dont la singularité se lie jusque dans le line-up.
Impulsé par Rob Mazurek, musicien incontournable de la décennie
passée, membre de Isotope 217, …s'est ici entouré de la crème des
musiciens actuels, depuis le grand Alan Litch ,issu de l'improvisation
sensitive pour délivrer un free rock agressive et instable, dément
et orchestrale. ça commence d'ailleurs à la façon de Bernhard Hermman.
Mandarin Movie's est un peu à part puisque ce disque est l'expression
d'un rêve d'une clarté rare, qu'on pourrait nommer Eidétique où
Rob Mazurek perché au sommet d'un building ou étincellait depuis
le bas explosion lumineuse, cacophonie sonores et visuels à la manière
d'un délicat ballet. Une vision artistique et nocturne qui se traduit,
une année plus tard dans ce recueil de haute fréquence, ce florilège
d'assaut rythmiques et digitaux. Un cauchemar, en fait , sale et
direct, torturé de douleurs instestines., de trash culture, de bass
funky, jamais loin de The Molecules , certains Naked City de john
Zorn… voire Orchestre 331/3 du sieur Fennesz pour quelques somptueuses
sessions d'accalmie (The Ghost Ship is sinking). LE line up est
à ce point unique qu'on ne resiste pas à l'envie de vous en faire
un tour de table. Tout d'abord : Alan LITCH (Run on, Love child,
Text of lige/Lee Ranaldo, loren mazzacane Connors, Tom Verlaine,
Arto Lindsay, Royal Trux, Christian Marclay….), puis Steve SWELL,
avec plus de 70 disques à son actifs (dont 10 à son nom) incontournable
à avoir joué avec Lionel Hampton, Anthony Braxton ou Buddy Rich..
Matt LUX, ensuite, d'Isotope 217 déjà vu aux côté de Plush, Smog,
Nobuzaku Takemura ;Jason AJEMIAN dont les albums ont fait les beaux
jours de Lucky Kitchen, Locust music ou Okkadisc et Frank ROSALY,
batteur de Ken Vandermark La liste des contributeurs à ce disque
est bien plus longue (John Herdon, Rick Rizzo, Mikael Jorgensen
(Wilco)…
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SHUTTLE
358 Chessa
(12K/ METAMKINE)
La
musique de Dan Abrams n'est pas précieuse ou abusivement intellectuelle;
elle élude une large frange des expérimentations les plus finies en
matière atmosphériques, voire minimaliste, pour revenir à des interrogations
et des réflexions simples sur la nature apaisante, tranquillisante
ou sédative (selon le talent de l'artiste) d'une musique ambiante
et microtonale. Car il s'agit bien ici de micro-rythmie, de logique
d'économie de sons qui est mis en branle. Cepandant là ou Shuttle
358 se démarque, c'est qu'il ose réinvestir ses travaux dans une démarche
mélodique, héritage des recherches sensibles d' Eno ou de … les prémices
des musiques de l'Ether si chère à David Toop. Seconde gageures, est
pas des moindres, il refuse de tomber dans les écueils du genre ambiante
en produisant des morceaux d'une longueur extrême pour s'en tenir
à des formats courts (3-7 min) et par voie de conséquence plus dense
et allant à l'essentielle. Un monde aquatique où le prisme aqueux
altère silhouette et forme dans un jeu de mouvance onirique d'une
rare beauté. Après 2 albums édités chez 12K (Optimal, Frame) et 2
albums sur Mille Plateaux (Understanding Wildlife, Stream), Dan Ambrams
vient irradier nos pupilles de ces océans fluctuant de sources ,de
climats horizontaux, de lignes courbes oscillatoires. |
JANE
Berserker
(PAW
TRACKS/ Chronowax)
Peut-être ce la pourrait se résumer par cette phrase simple d'une
des 2 protagonistes de Jane : " We liked all the mechanical robot
dance jams like Detroit ans Chicago and the german but we wanted
to do something with less 0s ans1s ans more souls. " le La est donné,
JANE, avec Berserker, ont la ferme intention de réecrire la courte
histoire de la musique binaire. L'idée un peu naïve de transcender
les apports premiers de la techno pour en faire, au delà du caractère
festif indéniable une musique emplis d'âme de Soul, pour reprendre
les termes des musiciens de JANE est ici pris à bras le corps avec
une sincérité pieuse. Ça débute par une lente musique atmosphérique
teintée de chœurs diaphane et d'échos lointains, on pense à du Dead
Can Dance, puis on s'enfonce, progressivement dans des nuances de
détails , de climats plus opaque, écho de voix, Beat down tempo,
effets de sonorités inversées. C'est assez étrange, en définitif,
on a du mal à se trouver des accointances avec cette musique, pour
original quel soit. Entre des chants grégoriens et un dave Clark
sous tranquillisant. Passable.
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ARIEL
PINK Worn Copy
(
Paw Tracks/ Chronowax)
La folie douce qui gouverne ce disque est à porter au compte d'ARIEL
PINK, mentor et maître d'œuvre de ce Worn Copy, initialement parue
sur Rhystop rec. Un album,où il est question de compresser en 70
minutes la culture musicale de son auteur, mélange improbable de
trash Culture, de connaissances approfondies, de révérences intellectuelles
ou artistiques et de second degré désinvolte. L'intro est feutré,
rappellant les égarements de Malcom Catto, puis on bascule rapidement
dans un doux délire de trash culture ou ariel Pink, interprète,
transfigure, défigure ses références dans une optique Lo-fi rock
crade et enjouée. On pense à priori à certains ravagé du cortex,
genre Stock Hausen & Walkman ou les compiles V/VM dans cette recherche
avide de compression, de superposition d'ambiances, dur ou légère,
pourtant Worn Copy est vraiment unique, comme si on retombait sur
un enregistrement de sessions radio, de ceux qu'on faisait enfant,
20 ans plus tard. Même si par moment, ça semble un peu brouillon,
quelqu'un qui remercie The Germs, Red Crayola, The summer hits,
John Maus, ou The Beachwood Sparks dans le même temps ne peut définitivement
pas être mauvais.. Entre compilation mentale et juke-box ultime,
Worn Copy est un disque attachant et extravagant. Fucking Trash
rock !!
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SUSUMU
YOKOTA
Symbol
(Lo
Recording/La Baleine)
L'irrésistible [quoique encore discrète] ascension de Susumu Yokota,
au-delà de la finesse du geste musical est sans doute à porter au
crédit de l'esthétique délicieusement décalée de son univers qui
, à l'instar de celui de Collen capte des émotions dans les franges
larges de la culture sans âge. L'aspect néo-romantique des pochettes,
usant volontiers de peintures de la renaissance italienne ou de
représentations romantiques des écoles anglaises, donne d'emblée
une noblesse d'âme au projet Susumu Yokota. Cette différence de
style, qu'on retrouve pour partie dans sa musique, en isolant certes
son auteur de la scène électronique " classique " lui offre dans
ce même lapse de temps, l'opportunité de développer des questionnements
plus larges, plus ouverts sur sa musique. Dès les premiers morceaux
il en est question, puisque le japonais vient agréger sur des concertos
classiques des fibres électroniques; un univers onirique, hors du
temps où les sources contemporaines et classiques interfèrent, se
répondent, discutent. Le charme extravagant de ce disque, assez
peu dansant, il faut bien l'avouer, est pourtant de tout premier
ordre. A écouter d'urgence.
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KOURTRAJME/
DJ MEHDI
Des
friandises pour ta bouche
(Kourtrajmé/Chronowax)
Kourtrajmé,
le collectif, irrévérencieux, unique et à géométrie variable de
Paname, à l'occasion de la sortie de son long métrage Métropolis,
entérine plusieurs années de travail, courts métrages, expériences
dans le domaine du clip et de la pub pour faire un état des lieux
à mi-parcours des projets. Les courts métrages, malgré quelques
maladresses qu'on attribuera à la jeunesse sont souvent drôles,
frais et d'une humanité rare.Qu'il soit construit autour d'un collectif
où des centaines de jeunes s'accaparent la caméra (démonstration
de force) ou à partir d'un délire. Ou le par trop fameux et politiquement
incorrect clip de Didier Super. Des bandes de potes parmi lesquels
quelques transfuges et parrains tutélaires de circonstances, depuis
Romain Gavras et Mathieu Kassovitz . et de nombreux jeunes réalisateurs
tels que Tunami, Kim Chapiron LE long métrage est à la hauteur des
courts est nous entraîne dans un cortège de références autour de
l'urbanité, de la rue, des cités, de la ville, des gens qui la peuplent.
Un film qui n'est rien moins qu'une lettre d'amour déguisée à la
plus belle d'entre toutes : PARIS. DJ Mehdi, issu des radios libres
à su au long des années faire fructifier sa connaissance de la musique
pour livrer ici une bande sons unique, pleine de nuances et de tonalités
bien loin des clichés que peuvent souvent véhiculer les hip-hop
ou le rap. On retrouve dessus China, Bogue, Jaz-Z, Boombass, Bogue
de Bogue et Winter. Des ambiances bien évidemment cinématographiques
mais qui, et c'est là le talent du jeune homme, se passent fréquemment
d'image. Ça sent la sueur et les rires, les idées finement ciselés
et les gros délires de potaches, le talent et la désinvolture, tout
ce qu'on aime !! Définitivement conseillé.
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MOBIUS
BAND City Vs country
(Ghostly
international/ La Baleine)
Après une retraite forestière de 3 années, dans les confins du Massachusetts,
Mobius Band revient discrètement à notre mémoire par le biais d'un
ep, où justement il est question de campagne et de ville. Le déménagement
récent de deux de ses membres à New York aura sans doute motivé
une réflexion croisée sur les modes de vivre en milieu rural ou
urbain et les effets que cela induit. Mobius Band, à savoir Peter
Sax, Noam Schatz et Ben Sterling développe en s'appuyant sur un
lit de branchages craquants de guitares sèches, un tapis mélodique
de feuilles "humusées" et de mousse humide une musique pleine de
fragilité et d'humanité. L'esprit de leur musique semble fortement
marqué par l'espace et les grandes étendues forestières. Un maxi
étonnant loin des frasques pailletées house habituelles du label,
et qui cultive un amour immodéré pour la belle mélodie. A rapprocher
des productions de Setenta.
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EN
BREF
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DEERHOOF
Milkman (ATP/ Kill rock star/a Baleine) La très noble entreprise
Kill Rock Star d'Olympia (K records, également) sous l'égide de
la non moins noble enseigne ATP nous envoie une petite missive sous
la forme de Deerhoof. Celui ci est composé de Chris Cohen, John
Dieterich dont on reconnaît les assauts rythmiques qu'il prodigue
chez Colossamite ou Gorge Trio, ainsi que Rob Fisk, Kelly Goode,
Satomi Matsuzaki au chant cristallin et Greg Saunier. Faisant suite
à 6 albums, et précédé d'un Lp sorti plus récemment (The Runners
Four) Milkman est un étrange agrégat de rythmiques et déstructurations
noise-rock, de synthé vintage, de la voix féerique de Satomi,d'emprunt
Jazzy. Un drôle d'Ovni en fait, qui déstabilise dans les premiers
temps mais qui pour autant s'avère être un subtil univers personnel
et onirique. A noter la pochette très laide TOUANE Awake (persona/La
baleine) Touane est basé à Gimini en Italie et produit une musique
assez peu engageante, du moins dans sa forme ambiente-atmosphérique,
cela est du sans doute aux caractère anémié des sons et au lissage
excessif de la production. Une sorte de house de Bar pour fin d'après-midi.
On lève le nez à l'occasion mais la pesanteur à plus d'attrait,
alors on replonge. STEWART WALKER est également un artiste du label
Person et à déjà sorti 2 albums sur la structure, soit Live Extracts
et Reclamation 1 en 1999. Une musique qui hésite continuellement
entre introspection pour appartement et tentation débridée pour
le dancefloor avec un son électronique -house assez daté. Un disque
rapidement agaçant et dont l'intérêt est limité. Stewart WALKER
grounded in existence (Persona/La Baleine) Derrière ANTIGUO AUTOMATO
MEXICANO Micro-hate (Background/La Baleine) se cache Angel Sanchez
Borges Monterrey, qui distille au long de ce Micro-Hate un eminimal
Techno tout en nappe et vaporeusité . Le Label Background, qui l'accueille
s'est déjà fait le relais d'artistes intéressants de cette sphère
électronica/ Minimal techno tel que Akufen, Sutekh, Geoff White,
Smyglyssna, Portable, Dave Miller pour citer les principaux. De
bons moments. SLEATER KINNEY, le trio féminin de chez Sub-Pop nous
rappelle à son bon souvenir à l'occasion de ce trois titres de power
pop rock enlevé. Carrie, Janet et Corin prolongent l'exercice de
style débuté sur 1ALBUM. Intéressant, sans être bouleversant. SLEATER
KINNEY entertain (Sub-pop/ Chronowax)
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