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OPTICAL SOUND [site]
 
 
 
 

Optical sound soigne avec encore plus de détails qu'avant la multiplicité de ses approches et sa polychromie culturelle. Avec le sursaut de passion et le surcroît d'intégrité qui sied au label farouche et indépendant, Optical sound nous envoie au visage pas moins de 4 sorties simultanées, comme pour mieux nous rappeler que le meilleur est toujours à venir et que le label semble puiser son énergie dans cette soif constante de projets, autant que cette multiplicité de desseins.

RAINER LERICOLAIS Re : courrier électronique
Parmi ceux ci, la très attendue séquelle de Rainier Lericolais, qui avec ce troisième album (Reader'digest et Yrieix ep) clôt une forme inaccoutumée de triptyque. Les arts plastiques, sonores, visuels chez cet artiste se croisent, s'hybrident dans un savant maillage, une belle et irréprochable alchimie plus que chez aucun autre artiste. Rainier Lericolais s'attache ici à pervertir un peu davantage encore son patrimoine pop à la relecture d'une électronique sertie d'humanité. Il s'agit en fait de la réédition de son premier album passé sous silence, et comme il se pratique généralement, l'objet est accompagné de son alter ego, remixé, confié à un parterre d'artistes et de connaissances. L'album se compose d'une poignée de morceaux , concis, ludiques, entremêlement de pistes avortées de glitchs, de dérapages informatique et de voix désincarnées, comme ces feulements féminins en morceau d'ouverture, ces univers Jazz ou ces voix de geishas errantes, rappelant tour à tour Tujiko Nuriko, certains morceaux de Amon Tobin/ Chris Clark sous lexomyle, On échappe un temps à l'attraction, et on laisse divaguer nos pensées au gré de ces flux et reflux de vibrations, de petites scories de pixels et de glitchs. Très réussi La douce intro portée par la voix de Lili Kim nous porte ainsi de compositions en ré interprétation Les remixeurs ont à loisir d'entretenir le feu des originaux ou plus subtilement d'en pervertir la flamme. Sébastien Roux œuvre dans cette veine ambiante qui lui sied si parfaitement, Cat Or Die introduit un monde onirique et aquatique, Simon Fisher Turner (à 3 reprises, s'il vous plait) met les compositions au frigidaire, .tape insuffle une électronica douce et micro alvéolée dans le voiles, Markus Shaller déstructurant à coup de sons âpres ce transparent_left_a, Yuji Inoue (Dill) jouant sur les fréquences et la superposition de parasites, etc.. mais aussi Pierre Bélouin ( et sa belle vision philharmonique), Minizza, That Summer (David Sanson) radiomentale, et les grands Ultramilkmaids. Un album de remixes qui pourrait superbement prendre place sur un label tels que Sub Rosa, par sa variété d'approches et sa justesse d'investigation.

HELLER 01..05.
HELLER, pour sa part, duo intimiste composé de Sébastien Roux et d'Eddie Ladoire. Sébastien Roux, élément porteur de la sphère Optical Sound au même titre que quelques autres a un historique musical déjà bien chargé malgré son jeune âge. Membre d'un automne à Lobneor, Oldine, Aspic et Blue Babboon, il a également édité en compagnie de E. Ladoire (E-Di, bande sons pour films expérimentaux) sous son nom Heller au niveau international sur des labels aussi divers que 12K, Falt, Trente Oiseaux ou n-Rec au côté de Greg Davis, Bernhard Gunter, Main Sogar ou bien Mou,Lips ! A la lecture des labels sus-cités, certains auront déjà noté l'orientation musicale éminemment minimaliste que cela suppose ; Même si Heller joue dans l'économie de détails, c'est davantage dans un souci de méticulosité et de précision ; leurs petites explorations, pour peu qu'on y tende l'oreille sont des cathédrales baroques, qui livrent en filigranes, la somme de petits effets et de ciselures sonores. Leur musique s'emploie à appréhender l'espace, consistant en une fébrile capture des ondes, dans un jeu habile d'opacité diluée. La surimpression de micro couches et de halos sonores se diffusent dans une gamme apaisée de couleurs pastel. A rapprocher de Hash Jar Tempo, voire Star of the Lid. Une expérience sonore en terre minimaliste Ambiante tout aussi gracile que leur précédent opus pour N-Rec. Une forme assez poétique d'émission boréale.

LES ENFANTS GATES B.O par Rainer Lericolais
Juger de la qualité d'une bande son n'est pas chose aisée si on n'a pas eu connaissance du film à priori.. N'ayant pas eu l'occasion de voir le film de Daniela Marxer (les films de la greluche ) incapable de juger de la pertinence du fond et de la forme, on s'en tiendra donc à l'analyse simple et un peu tronquée qu'offre cet album. Les qualités qu'on peut y déceler ont pourtant une valeur propre, liée à l'harmonie et à la mélodie des morceaux. Composés par Le plasticien musicien Rainier Lericolais, accessoirement " Pilier " du label Optical Sound. Nourri de l'aide de Joachim Batliner, Mathias Ospelt, Marco Schâdler, Ingo Ospelt, Lericolais a réussi la belle gageure avec ses enfants gâtes de donner une dimension fragile et humaine à sa musique, intégrant à loisir samples et éléments divers tels que ces dialogues en allemand. Les effets et modes opératoires électroniques ont été estampées pour offrir une plus grande liberté de mouvements aux variations acoustiques et au contexte du film, mêlant chansons populaires germaniques, ambiances obscures et étranges, échos concrets de cours d'école. Néanmoins, on retrouve à divers degrés ce qui fait l'empreinte du musicien La force de ce disque se révèle au fur et à mesure de l'écoute, suggérant une succession de scènes, de contextes et de caractères. Un pari risqué, mais réussi qui s'écoute les yeux fermés.

ECHOLOCATION 1979 - 1990 - 2004 - 2005 remixes & inedits
Optical Sound ne s'est jamais caché de l'affection qu'il portait aux franges premières des musiques no wave françaises, dark-wave ou post punk de la fin 70, early 80'. Sans doute un peu accablé par les rééditions caricaturales à l'excès ou sorties inopinées de compilations sagement tendance, Pierre Belouin a mené, dans un exigeant travail de recherche monastique/ universitaire, une étude approfondie et passionnée, sur la grande majorité des segments et associations artistiques passées sous silence, portant sur le créneau restreint des musiques néo-romantiques, post-industrielles et no-wave du cette période. Quelques signes avant-coureurs nous avaient préalablement mis la puce à l'oreille, la sortie de Cocoon, orchestré par l'ancien leader chanteur de Clair Obscur, Christophe Demarther, en étant un signe. Pour paraphraser David Sanson, " le but d'Echolocation est aussi de proposer des allers-retours dans l'espace temps, de faire émerger certaines zones d'ombre de l'underground français des années 1980, de les ramener vers nous et de les faire revivre. " Difficile de détailler chacun des artistes ; tout juste peut-on y entendre une extrême richesse narrative, musicale, historique, qui nous amène même à pardonner certains aspects quelques peu ridicules qui, le temps aidant, ont pris une patine attachante. Sans doute , pour résumer, devrions nous inviter les amateurs ou nostalgiques, de Cure, Joy Division, Einsturzende Neubaten, Siouxsie & the Banshees, feu les labels Divine/ Madrigal, Bauhaus , etc.. à se ruer sur cette compilation, joyaux entre tous. En ordre dispersé, on (re)découvre ces archives perdues ou dépoussiérées, ses inédits réenregistrés et ses raretés faiblement ankylosées du poids des ages. Avec Clair Obscur, Dazibao, DDAA, Complot Bronswick, Die Bunker, Kas Product, Les Tétines Noires (D'emmanuel Hubault, LTNO actuel The dead Sexy INC), Vox Populi, Marquis de Sade, Nox, The Grief, Martin Dupont, MKB, Norma Loy, Little Nemo, End of data, Von Magnet… Merci, monsieur Belouin !

JJ.

 
 
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