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JadeWeb
chroniques #0 /
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Chris
Clark
Clarence Park
(Warp/source)
Une vindicte
musicale, un épanchement constant pour la déstructuration
et l'appel au large. Une générosité des sources qui
entrent en résonance avec la prolixité des atmosphères
; l'éclectisme est pour Chris Clark un doux euphémisme.
Et pourtant,
rien ne semble laissé au hasard. Ainsi dans ce foutraque apparent
des compositions se révèle une réalité toute
autre, celle de la jeunesse (21 ans) et de la faim créatrice que
rien ne vient rassasier, une alchimie sensible, une mixture où
alternent les phases atmosphériques et calmes (Reen 1930s, fossil
paste) et les embolies électro heavy (The dog) , digressions Plaidiennes
(Diesel Roven). Un camaïeux disparate, mais hiérarchisé,
une fougue avec en bout de course une constante à la légèreté,
un appel à l'enfance et à la candeur qui désamorce
toute velléité à la critique. On ressentira l'impétuosité
de la jeunesse, le manque de recul (parfois) sur l'enchaînement
des morceaux. Un refuge bienheureux cerné par les aspérités
de Rephlex et les tentations pop-électro de chez Darla ou (Kraak)
3.
JJ.
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Muslimgauze
S/t
(Staalplaat/Metamkine)
Rompu aux arabesques
sonores de sa culture d'adoption, Brian Jones. ajoute en ornements et
enluminures sonores, en sinuosité également à la
grandiose architecture qu'il bâtit depuis vingt ans. La difficulté
première étant l'emploi des temps lorsqu'on évoque
cet illusionniste de l'instant, mort il y a de cela deux ans, mais qui
continue à animer les passions et à grandir le cercle de
ses supporters. Un album éponyme sous forme d'entrelacements éloquents
où l'électronique se pare d'un visage humain, où
la musique traditionnelle trouve un écho moderne. Muslimgauze a
troqué le voile pour le linceul, mais donne toujours à entendre
une conversation humaniste et passionnée (il a toujours combattu
l'arabisme et ses extrémistes) entre un futur incertain et un passé
lourd de son histoire. Comme si Virilio embrassait l'œuvre de Messaoudi…
JJ.
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Louis
Dufort
Connexion
(Empreintes digitales/Metamkine)
Jonty
Harrison
évidence matérielle
(Empreintes digitales/Metamkine)
Empreintes
digitales est le fer de lance de la musique électro-acoustique
au sens où Metamkine pourrait la définir. Dirigé
par Jean-François Denis, il est partagé avec SONARt qui
lui distingue davantage les créations instrumentales de studio.
Chez
Empreintes Digitales, le radicalisme esthétique est une constante,
plaçant d'emblée les productions du label au rang d'objet
d'art. Un soin apporté aux pochettes et aux disques, qui sonne
comme un engagement quasi éthique, si ce n'est idéologique.
Toute cette génération de curieux trouve à présent
un réel épanouissement, mûrissement de quelques années
de pratiques laborieuses, de doutes successifs, dans le jeu de la construction
de leur univers respectif.
On peut ajouter l'influence de l'école Française concrète
(Schaeffer) référence évidente et revendiquée,
notamment par Jonty Harrison, même s'ils s'inscrivent en réaction
à l'académisme, à l'hermétisme et à
la doctrine de la technique.
Ces auteurs ont le mérite de considérer l'époque
pour elle-même et non à travers des mythologies douteuses
ou fantasmées.
Louis
Dufort, 31 ans, premier prix du conservatoire de Montréal,
compositeur de la compagnie de Marie Chouinard, est un brillant iconoclaste.
Il aime ainsi à intégrer des éléments non
-musicaux dans sa trame musicale: "Objets, corps, couleurs et anecdotes
sonores donnent lieu à des jeux de perception dans lesquelles est
immergé l'auditeur. Les matériaux sonores sont ainsi trafiqués
pour en soutirer des profils musicaux où poésie et représentation
narrative du son servent de balises à l'élaboration de l'œuvre."
La limpidité de ses travaux offre un profond vertige soucieux d'allier
tradition et modernité. Ses compositions électro-acoustiques
et atmosphériques sont empruntes d'angoisse, d'images pesantes
et d'accalmies majestueusement fluides et dynamiques dans le même
temps. Comme ci Francisco Lopez signé la BO de "la machine molle"
sur Ant-Zen. Impressionnant.
Jonty Harrisson,
directeur du BEAST, groupe de compositeurs Anglo-Saxon se plait à
définir son album comme une flânerie sensorielle, déambulation
libre le long d'une avenue idéalisée où les magasins
sont autant de tonalités électroniques sur l'asphalte "concret".
Une casserole, des déchets de consommation courante, tiges de métal,
bruits de forêt, autant de sons bruts, d'objets usuels et d'environnements
fréquentés qui prennent une tournure onirique et abstraite
dans les mains de cet anglais de génie. Plus intimiste et académique,
cet album calme et riche reste éblouissant de maîtrise. Site
JJ.
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Phil
Von & The Gnawa musicians of Fés
(Lytch/La Baleine)
L'attirance
de l'Extrême Orient a toujours été une source insatiable
d'inspiration pour les compositeurs Européens. On notera le chemin
parcouru depuis Brian Gysin et les Masters musiciens of Joujouka .Dans
cette confrontation entre l'électronique et la musique traditionnelle
Extrême Orientale, les exigences posées par Bryan Jones (Muslimgauze)
ont bien évidemment placé bien haute la barre qualitative.
Phil Von (leader
de Von Magnet) s'est adjoint les services des musiciens de Fès
à l'occasion d'un concert donné au lieu Unique.
Le plus dur,
dans ce genre de performance, reste d'éviter les écueils
trop souvent rabattus où Occident rime avec technologie et Maghreb
avec traditionalisme.
L'angoisse
est dissipée, la critique battue en brèche à la mesure
des intelligences développées par les musiciens. Phil Von
plutôt que de singer la texture si riche des instruments installe
sa machinerie dans la mélodie, aux confins des silences, enroulant
les lentes montées de gracilité électronique. La
voix de Mohammed Moncef Al Kadiri, compteur d'un soir et son "divan de
l'esprit" finisse définitivement de nous séduire.
Cet échange
vrai (il n'y a plus ici de confrontation) a le mérite de faire
apparaître les beautés cachées de nos deux cultures,
leurs points d'ancrage et leur diversité. Une passerelle qui n'a
jamais mis si prêt nos deux continents. Envoûtant.
JJ.
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SI-CON
remixes the ghosts
(Artefact/chronowax)
SI-CON arrive
à point nommé pour évoquer la résurgence de
talents qui filtrent des frontières japonaises. La tonalité
est clairement annoncée : Abstract Hip Hop japonais. On ne serait
mesurer l'influence que la scène New-Yorkaise d' illbient (We,
Spooky et consorts) et les déchaînements Hip-hop scratching
des X-ecutionners ont apporté aux manipulations post atomiques
des DJ japonais, mais l'impact est lourd.
Artefact,
avec cette compilation, engage un travail de défrichage prolixe
et nous rappelle la diversité heureuse des insulaires du soleil
levant.
L'ensemble
des formations affiche une prétention aux rythmes pas démentie.
HeadRoc, avec son morceau Breakbeat "brand nu rock" impose d'entrée
une secousse tellurique à la compilation option " arrachage
de plancher ". Les élans rythmiques se calment par la suite
et un soucis de moindre impact.
La remise
en forme du fond hip-hopesque conduit à revitaliser le style. Ces
travaux denses confèrent à l'ensemble un aspect expérimental
(léger) et scratchant (prononcé). On laissera de côté
les morceaux pour clubbers et les notes de piano qui se perdent en échos.
Après
l'écurie Shi-Ranui, le trip-hop de Nigo, les sets furieux d' Ill
Young Kim, j'en passe et j'en oublie, Artefact donne le ton juste d'une
maîtrise sonore ès pacifique.
JJ.
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Reznicek/Kubin/Mancha
ipsonat/Legrand
(Disaster Area/Metamkine)
L'histoire
ne dit pas si l'on doit interpréter le titre comme un hommage au
plus lounge des compositeurs Français 60'….
Ce 10' se
découvre avec une pièce lente, bâtie comme un morceau
de Gorecki, par répétition lente et fluctuante, par addition
succincte de sons, qui, graduellement, pesamment, imprime tension et puissance,
jusqu'à la libération totale, où la boîte à
rythme déchire l'opacité grondante, la texture lourde du
morceau. L'utilisation de cloches d'église en introduction de Face
B n'est pas sans souligner l'aspect liturgique qu'ils souhaitent imprimer
aux morceaux. On a bien du mal à reconnaître le Kubin de
A_musik (Klankrieg, Felix Knoth à l'état civil) qui nous
faisait onduler du bassin, moulé dans des chemises marron cintrées.
Il est accompagné ici de Guenter Reznicek (Nova Huta, Hammond pop)
et de Mark Mancha (amoud Jacobs)
Une série
de 3 10' (dont celui ci est le premier) verront se succéder Nocturnal
Emissions avec "imaginary 99" puis Delphiums "self Vs self". Des morceaux
qui recommandent une écoute prolongée pour vraiment s'en
imprégner pleinement. Veuillez consulter la notice avant toute
utilisation.
JJ.
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Man
man
(DSA Mèl/Tripsichord)
Une tradition
orale tenace voue à Man, groupe Nantais, un certain prestige, dû
dans une large mesure à la qualité de leur prestation scénique.
Ajoutez à cela l'attente et sa sœur d'arme l'impatience et vous
vous retrouverez vite dans un état d'esprit euphorique à
l'idée de partager quelques moments rares en leur compagnie. DSA,
inquiet de voir l'album si mal distribué, a repris le flambeau
en rééditant cet album sous ses armoiries.
Sage décision,
à l'écoute de ces 10 pièces élégantes,
nocturnes et fébriles, figures libres, créations d'un jet
entremêlant free-jazz, avant rock et accords feutrés.
Le champs
large des instruments employés (piano, rhodes, guitares, mélodica,
basse, bruitage), les manipulations fortuites et l'instabilité
calculée des compositions confèrent à cet album des
atmosphères bancales et amples, en prise à l'hésitation,
où l'humanité, la sincérité et l'humilité
se dévoilent en filigrane. On s'imagine volontiers une nuit en
voiture dans une ville américaine à regarder les lumières
des boulevards défiler sous ses yeux. Etonnement, certains morceaux
m'évoquent le "Lushlife " de Bowery electric, dans
une version épurée.(#4), mais aussi Les Rachels, Shazam,
Tiersen, Klimperei (la petite valse) et quelques repères cinématographiques.
François
Biyikli et Charles-Eric Charrier, ainsi que Lara Moulny (violoncelle)
et Pierrick Coheleach (leur contribution est merveilleuse) excitent notre
attention et notre amour pour la musique, caressent notre sensibilité
dans leur quête brillante de musicalité et de beauté.
JJ.
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Paul
Dutton
Mouth pieces
(OHM/avatar/Metamkine)
Pour être
sincère, je ne connaissais pas ou peu Paul Dutton. Dès les
premières expirations verbales, on sait qu'on a à faire
à un maître. La virtuosité de sa syntaxe, la distorsion
de sa glotte, les vacations et fébrilités de son larynx
font glisser délicieusement ma mémoire vers d'autres adeptes
de ce sport à risque : Joël Hubaut, Jaap Blonk, Christian
Pringent, principalement.
Paul Dutton
déploie ici un éventail de techniques (Percussions buccales,
air forcé, inspiration soufflée) qui nous mènent
vers des instants de transe quasi chamaniques, puis à des évocations-suffocations
calmes. Une des singularités de sa technique est la place qu'il
accorde à ses mains pour accentuer sur la résonance de sa
voix, la guider vers des champs du chant vierges d'exploitation.
Un véritable
art oral, où spasmes et borborygmes, grincements et harmoniques
se côtoient sans se faire ombre.
Une œuvre
de tout premier plan, où la gamme polyphonique des sons est passée
au crible. Un album qui nous rappelle, une fois n'est pas coutume, que
la voix (du moins sa voix) est de loin, le plus bel instrument mis à
notre portée. Eblouissant. JJ.
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Richard
DEVINE
L.I.P.S.W.I.T.C.H.
(Warp/Source)
Richard DEVINE
avec cet album, renforce notre perception du son Warp ; Il expose sans
mesure un son classique, rythmiques hachées de ce qu'est le label
Mancusien alors même que celui ci diversifie son catalogue de références.
Dans un souci
de totale objectivité, il convient de noter le peu de recul que
la musique de Devine prend avec le son customisé de la machinerie
Warp. Souci de briser les rythmes… faculté à dissoudre les
structures mélodiques trop établies, cut-up dansant, très
réussi comme de bien entendu, mais qui ne laisse aucune surprise
quant à son balisage de références musicales.
Là
ou l'anglais tire son épingle du jeu, c'est dans l'alternance de
phases rythmiques (l'abrasif et sémillant Kepter) et de plages
très étudiées, plus proches de l'œil que de l'oreille.
Des morceaux emprunts d'électroacoustisme (Ressource, increment
Swap) qui nous prend à revers, nous obligeant à suivre le
rythme de ses variations. La où un dilemme aurait pu naître,
une certaine osmose se crée, chaque thème développé
offrant un pied d'appel à l'autre.
JJ.
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I'm
Half Divine
Winter Class
(Onival/autoprod)
I'm
Half Divine est une ballade irlandaise sans Irlande, un retrait doux au
monde. De lentes mélopées pop-abstraites, de cette pop douce
et délétère qui affûte la bonne humeur lorsque
les beaux jours reviennent, qui donne à entendre de jolis textes,
une voix sensuelle et expressive. Le chant en Anglais est divin. L'amertume
est en liberté. Thibault Losson décline son monde et ceux
qui l'entourent par la petite lorgnette de sa glotte. On ne manquera pas
d'évoquer l'influence qu'a du avoir un Dominique A, des mélodies
à la PAPA M, un peu de l'amertume d'Amber #2 et de Will Holdman.
Une largesse de sentiments qui se combine ma foi plutôt bien avec
la petitesse des moyens engagés. Et de déplorer une fois
encore que des artistes aussi talentueux en soit résolu à
sortir leur propre disque par eux-mêmes. Une école de la
vie qui portera sans doute ses fruits dans le cas présent.
JJ.
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Formanex
treatise-Cornelius
Cardew/live in Extrapool
(Fibrr rec/Metamkine)
La
musique de Formanex est à la fois figure libre et marquage imposé.
Elle s'imprègne des nécessités techniques de l'architecture
fonctionnelle tout en laissant libre champs aux formes les plus abstraites
de l'édifice. Elle existe dans un équilibre exigu entre
musique non-directive et écrite. Tout d'abord préciser le
contenu: Formanex, petit collectif de 4 musiciens, se réapproprie
le temps d'un concert donné à Extrapool, en Hollande, les
compositions subtiles de C. Cardew, agitateur (piano, violoncelle) au
sein du collectif AMM, première période mais aussi du Scratch
Orchestra. L'interprétation des 4 pièces est commise avec
un grand sens de la nuance, une grande dose d'intelligence eu égards
aux aspects complexes qu'on y décèle (Cardew a été
assistant de Stockhausen). Les instruments utilisés (saxo, guitares,
basses, électroniques, percussion, électroacoustique), leur
hiérarchisation dans leur entrée-sortie de scène,
leur cohérence dans la structure du morceau, offre une appropriation
bienvenue, originale, souvent détentrice d'atmosphères eidétiques
fortes. On appréciera sans discernement la connivence étroite
qui anime chacun des participants (avec en contre jour l'ombre de Keith
Roth, peut-être) et l'esprit alerte de cette nouvelle structure,
qui comme peu d'autres, n'a pas peur de poser un regard curieux (mais
aussi critique), tantôt atmosphérique, tantôt bruitiste,
tantôt expérimental sur toutes les formes d'expressions musicales
et surtout de les faire siennes. A noter que cet album est la deuxième
production du label Fibrr, qui doit être affilié (plus ou
moins ) à l'asso APO33 de Nantes, et que ce premier prévoit
un digital live radio session courant septembre, soit la 3ème
signature. Très bon. Mèl
JJ.
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Autechre
LED
(Warp/source)
L'éveil
des sens aux musiques électroniques doit beaucoup à Autechre.
Tant dans les franges du public que dans celles des concepteurs/créateurs.
Pas étonnant, au demeurant. Rares sont les groupes à avoir
su créer tensions, ferveurs, attentes, frénésies,
consensus total, créant en l'espace d'une décennie un univers
clos (car unique) et ouvert (à la multiplicité des champs
de l'expérimentation), offerts aux changements. Autechre, ou les
chantres modernes de la dodécaphonie Schonbergienne, perturbateurs
d'équilibre. Les séquelles pressenties de ce groupe, pour
peu qu'on aime la prospective pouvaient laisser présager une dérive
salutaire vers l'abstraction, démarche logique d'une musique toujours
plus déconstruite, toujours plus ciselée et inféodée
à l'incertitude rythmique.
Le premier
titre de L.E.D. semble nous donner raison , tant il porte en lui le germe
d'une certaine forme de minimalisme, érigé au rang de science
par Raster/Noton, Microwave ou les Material Series de Staalplaat.
Puis, sûrement,
le rythme et la patte d'Autechre reprend ses droits avec des points d'orgues
géniaux, Pen Expers, en étant un très judicieux exemple.
Des contrastes, qui donnent à cet album une touche d'éclectisme
et un peu de la vivacité perdue sur les précédents
albums. Impressionnant.
JJ.
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Herbert
bodily functions
(K7!/PIAS)
Bien davantage
que les qualités musicales de ses albums, ce qui détermine
sans doute le plus radicalement Matthew Herbert, c'est ce code moral qui
sillonne en parallèle à ses compositions, à son parcours,
qu'il se matérialise sous la forme des refus d'offres alléchantes
ou bien sous les traits de sa charte déontologique, dogma intime,
manifeste interne d'une rigueur personnelle jamais démentie (comprenant
notamment l'interdiction d'user des fonctions des sampleurs préétablies
industriellement, ou le plagiat de sources externes…) Bref, Herbert, qu'on
l'aime ou pas, fait preuve d'un caractère fort, exigeant pour lui-même
et ses contemporains.
De ce constat
découle une vision plus en profondeur et en nuances de sa musique,
de la house où le Jazz prend ses repères, qui brille de
ces emprunts concrets et électroacoustiques. De même que
Matmos use des sons "réels" dans leur post-électronica débridée,
Herbert ré-intronise "l'intelligentsia house", harmonisant les
rythmes chaloupés du Jazz avec une introspection de l'anatomie
humaine. Le piano, son instrument de base/prédilection vient ici
se réchauffer auprès des petites sonorités délicates
et des timbres omniprésents de Dani Siciliano, avec des incursions
de Luca Santucci (officiant également pour Leila) ou encore Shingei
Shoniwa.
La messe est
une nouvelle fois donnée: plus feutrée et clair-obscur que
Around the House, la musique d'Herbert, transporte, davantage à
la manière d'un transbordeur que d'un pont, nous laissant dans
une position statique tout en nous offrant le privilège de contempler
le fil du fleuve.
JJ.
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Slam/Society
Suckers
united on the Marpatk
(Peace Off)
Rendue évidente
par la tension et l'urgence qui s'exercent sur nos rythmes de vies, Slam
et le Society suckers crew refrènent notre goût à
la monotonie et déchargent le surplus d'énergie contenu
dans nos veines.
Comme en d'autres
temps, les sports de contact permettaient un défoulement d'Adrénaline
en règle, le Breakbeat-harsh-noise du collectif Peace off est un
heureux palliatif, dérivatif. Il pousse l'acte musical dans son
dernier retranchement, visualisant sans le perdre de vue la limite au-delà
de laquelle nos pieds ne pourraient plus suivre la cadence…pour ma part,
j'adore…ou quand DJ Grazhoppa rencontre Merzbow…
JJ.
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Marc
Sens
(Shambala
Rec/Métamkine)
Le
rapport de forces qui s'exerce entre une main et une corde est un phénomène
étrange qui se soustrait bien souvent à l'analyse. D'où
la faiblesse des thèses musicologiques en ce domaine. Si la potentialité
technique d'un instrument et de celui qui le dirige est une chose qu'on
ne peut omettre, la part d'humanité qu'on recherche, sans forcément
se l'avouer, réside ailleurs. Shambala le sait et Marc Sens le
fait…C'est dans ce contexte que le label a laissé un champ libre
au guitariste pour improviser et apprivoiser sa guitare. Le cadre intime
dans lequel le compositeur entrevoit sa musique nous est révélé
au long de ces 10 déclinaisons. Pas de figures pompeuses, ni d'onanisme
technique, tout ici est question de nécessité, de survie,
d'honnêteté. On a du mal à croire certains passages
tant ils semblent désincarnés de cet instrument au demeurant
classique. Les ondes sonores sur "petite loop" sont prodigieuses, me rappelant
un peu des effets d' Alan Lamb, moments de sérénité
au milieu des strates vibrantes et des grésillements soniques tels
que Plus loin, pluie Noire (Qui lorgne vers le bruit blanc
à la fin). On notera pour l'anecdote la présence de Serge
Teyssot Gay, membre de Noir Désir qui vient prêter main forte
à Sens sur un titre, mais en avait-il seulement besoin? Beau, vibrant
et introspectif.
JJ.
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Home
Made
V/a
(Home made/ mezig@37.com)
Sur
les conseils avisés de JP (le talentueux et adorable patron de
l'excellent Tek-Off) et de Mathieu (mon Grand ami), j'ai acquis la compilation
home Made, fruit du labeur studieux d'un collectif ou d'une seule
personne (mystère?) et qui décline en 10 titres et 5 formations
l'idée élémentaire de ce qu'est la musique électronique
tout pedigree en 2001. Ainsi, vous passerez de la jungle easy listening
cheap et glamour de Iam mad vs Big Dill (avec un formidable sample d'Amicalement
Votre) à Brad Pich, le chéri de ces dames avec une reprise
éclairée et belle du Velvet (The Gift), plutôt dans
une tendance abstract électro-hop superbe. Digne d'un DJ Spooky
/ David Shea. Puis Was'omatic all Stars et son Hip-hop bigbeat sauce Pharoah
Sanders (le somptueux War theme) sympathique….Elena Cortes et sa voix
ensorcelante et effacée ; enfin Stigmat (un petit breakcore basique
et ludique). Difficile en faite de cerner chacun des artistes tant ils
se frottent aux styles avec un talent scandaleux…Après Rubin Steiner
et Volvo Traxx, la Touraine épate son monde en sublimant nos oreilles.
on adore!
JJ.
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Amp
Saint Cecila Sinsemilla
(Space Age recording/import)
Richard Walker
est un architecte. Un architecte au sens où il compose à
la manière d'un maître d'œuvre, en adjoignant dans un déroulement
précis et logique chaque sonorités, chaque strates vibrantes,
pour donner en fin de course une cohérence et une assise à
l'édifice. Pas de divagation ni de parenthèse dans la musique
d'AMP, juste ce qu'il faut d'humanité pour exister et de fonctionnalisme
pour tourner. Les sons se propagent comme les ondes le feraient à
la surface de l'eau, sans dommage ni obstacle, si ce n'est l'exigence
de leur auteur et concepteur. La musique de Amp n'est ni dansante ni méditative,
elle n'ouvre à aucun des sentiments classique de la gamme (dégoût,
adoration, surprise).Cette musique capte l'air et la lumière et
l'absorbe sans complaisance, juste parce qu'il fallait le faire. Space
Age Recording est de la veine de ces labels discrets qui sillonnent avec
élégance et dans la durée, la sphère des musiques
vibrantes et évanescentes. Au rang de ses productions, mon préféré
: Octal.
Amp sur Space
Age? , peu surprenant en définitif, quant on connaît la ligne
musicale du label, dont JB André à fait les beaux jours
dans les colonnes d'Octopus. La ligne musicale, disais-je , entretient
une petite parenthèse charnelle d'avec Ochre, Enraptured ou Kranky:
loops agonisants et en perpétuelles mutations, détails fugaces
de sonorités acoustiques, filtres et résonances.
Ce nouvel
album, Saint Cecilia Sinsemilla est en résumé une suite
heureuse à Astralboombeanprojections et à Stenorette (produit
par Robert Hampson (Main-Loop) rappelons le), qui plane au dessus du sol
davantage à la manière de la brume que du brouillard, trop
volatile pour être sublimée, trop pondérale et présente
pour s'élever dans les strates supérieures. Une musique
ample et pourtant difficile à pénétrer qui s'autorise
l'amertume comme ultime compliment.
JJ.
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Le
Hammond Inferno
my first political dance album
(Bungalow/labels)
En
offrant un pied d'appel électronique à l'easy listening,
Bungalow a su sortir de son ghetto capitonné d'initiés,
ce style longtemps dévoyé par la critique mais ô combien
chaleureux et chatoyant.
Sans se farder d'un historique,
rappelons quelques grands moments de ce label, qui de la compilation Pop
Tics (génialissime) aux révoltes pilleuses des Sushi V/a
compilations qui auront offert aux torses des jeunes hommes un prétexte
à se faire parcourir par des mains attentionnés. Le Hammond
inferno assume cette paternité avec une fine aisance. Ils ont d'ailleurs
participé à ces compilations d'artistes entre un défilé
pour Vivienne Westwood, Un live act à Moscou, des tournées
au Japon (6, plus que Scorpion!!!) une pub pour Nike ("Easy listening
superstar") et une tonne de remixes (Jim avignon, Die Sterne, Fantastic
Plastic Machine, Experimental Pop Band, Baxendale, Blochin 81, Gautsch,
etc…) Sans crier pour autant au génie, on sirotera les 9 titres
de cet album, comme autant de "Créole Crème" aux olives
s'entrechoquant. Et annoncé un 12' avec "Move your MP3" et des
remixes par Adamski et FPM.
Le Hammond Inferno, Soit Holger
et Marcus est un concentré de Funk, groove, disco, hip hop et pop.
Musique estivale, quand tu nous tiens…
JJ.
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Jon
Sheffield
it's been so long since i've seen
the ocean (tomlab/Ici
d'ailleurs)
Aux
premiers abords, Jon Sheffield s'offre à l'écoute comme
un écho des vues esthétiques et musicales de Sonig.
On est environné sur ce petit album par les sons et les divines
irrégularités sautillantes, petites mélodies du dimanche.
Paradoxalement, les créations ont une virulente maturité.
La pochette, irruption contrôlée de néo pop-art où
les pastilles colorées se superposent aux dessins faussement naïf
est un prolongement réfléchi des morceaux.
Rapprochement de genres réussi, ,John Sheffield louvoie parmi les
grandes pointures de ce style, écart facial entre Scratch Pet Land,
Stock Hausen & Walkman et la tristesse harmonieuse d'un pierre Bastien.
Les époques se mélangent (Moderne et traditionnel), les
états d'âme également (joyeux et un peu splénique).
Déconstruit et mélodique, cet album, comme les plaisirs
simples de la vie (écailler la peinture d'un porte, fendre l'opercule
d'un pot de Nutella avec un couteau) à une relation fugace au plaisir,
raison de plus pour
le répéter en boucle sur notre platine.
JJ.
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GOM
(+- )
(RP/ La baleine)
Gom,
en "Bat-Cav" reconverti (ex-Corpus delicti) a gardé de cette période,
n'ont pas les petits chaussons de lutin à grelot, mais un certain
savoir faire pour les atmosphères tendues et oppressives. Seulement,
Death In June ne suffisant plus à son appétit musical, il
a intégré sans relâche des perspectives sonores nouvelles.
Des atmosphères de films noirs parcours les traverses d'usines
désaffectées. Le tout auréolé d'une qualité
d'agencement évident, quelques splendides passages digne d'un Nocturnal
Emission ou des protégés de Prikosnovénie. C'est
très bon.
JJ.
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