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JadeWeb
chroniques #1 /
page >1 >2
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Chroniques
#0
Tennis
- Klimperei - Stylus - Clarence Parker - Liquid sphere - Pascals - La
kuizine - Pauline Oliveros - Sébastien Tellier - Eglantine -
Dream - Acetate Zero - Maxime Lavièville/sébastien Eglème
- BS 2000 - Bip-Hop - Crunch - Heimelektro Ulm - My Jazzy Child - Antenne
- Jérome Noetinger/Lionel Marchetti - General Magic - Michel
Banabila & Hannes & bobby - Scratch Pet Land - 386 DX
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Penumbra
Skandinavien
(Iris Light Mèl
/import/wave)
Difficile de traiter
des compositions de Penumbra sans faire état, petit laïus
de rigueur, de son approche de la musique au sein de Zoviet France, formation
industrielle / dark atmosphérique et visionnaire des early eighties,
formation qui aura su traduire et intégrer les nouveaux sons, mouvances
et techniques sans jamais renier leur part d'héritage à
toute la scène Dark Ambiant.
Penumbra assagit ses vues, fait rompre les battants des volets et ouvre
ses pièces à la lumière nocturne et aux souffles
lunaires.
Les quelques
morceaux qui jalonnent ce Skandinavien révèlent des
ressources étonnantes de loops en résonances. Les 2 morceaux
qui ouvrent l'opus me rappelle invariablement, la lente montée
d'Aguire, où la colère de dieu, rendue célèbre
par Popol Vuh, même climat éthéré, même
moiteur, également. L'album gagne en rythme par la suite, sorte
de rythmique périodique minimale (lignée Pan sonic), entremêlée
d'atmosphères opaques. A ceux qui n'attendent plus rien de la musique
atmosphérique, ils trouveront dans ce disque un peu de la sérénité
à laquelle ils aspirent depuis si longtemps, Liminal et spectral.
JJ.
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Wagon
Crist
musipal
(Ninja Tunes/PIAS)
Wagon Crist,
Plug, Vibert/ Simmonds, autant de noms d'emprunts pour un seul homme,
luke Vibert, chef de division chez Rising High, Rephlex et Ninja Tunes,
dont ce dernier sort aujourd'hui après divers maxis, "Throbbing
Pouch" et "Tally Ho!" le magistral "Musipal". Issu de cette
longue péninsule aux côtes découpées, talon
de l'Angleterre, , Luke Vibert vient à l'occasion goûter
d'un peu de la sérénité du lieu, prétexte
géographique à la réflexion, à la domestication
des sons, art dans lequel il est passé maître.
Faussement
cataloguées ambiantes, ses mélopées ont le charme
du dépaysement. Ni ostensiblement house, ni foncièrement
électronique, avec des passages drum'n bass c'est l'exotisme qui
gouverne. Ses morceaux voguent entre ces courants prenant de rythmes et
de mélodies ce qu'il faut. Une vision qui lui octroie ce son si
particulier, dont on ne sait vraiment trop s'il provient du bas ou du
haut dans la mesure où il s'attache davantage à construire
une ligne mélodique qu'à intégrer un cahier des charges
de beat. Les ajouts sont des suppléments d'âmes, ni nécessaires,
ni gratuits, mais qui au fil des écoutes se révèlent
indispensables et rafraîchissants. Un album de haute volée,
un de plus à son actif.
JJ.
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Antibalas
liberation afro beat (Ninja Tunes/Pias)
La musique d'Antibalas
me fait irrémédiablement penser à la fougue communicative
des albums de Fela Kuti. C'est évident dès la première
mesure. D'autant plus évident à l'écoute de certains
morceaux chantés en langue Yoruba. Un afrobeat léviathique,
pimenté de cuivres, une musique spontanée, insidieusement
free, sans attache réelle aux Etats Unis, d'où ils sont
originaires, si ce n'est certains thèmes où les passages
vocalisés en anglais rapprochent le vieux continent de son cousin
américain. Un rap polyglotte, qui se fait le temps d'un album l'étendard
des langues minorées, passant sans vergogne de l'anglais à
l'espagnol, puis au Yoruba, nous l'avons dit (langue officielle du Nigeria
et plus largement de l'Afrique occidentale). Antibalas nous propose de
retrouver un peu de la ferveur de Fela Anikulapo Kuti, par delà
sa mort. L'album, brillant au possible laisse une saveur douce amère
dans la bouche, lorsqu'on prend la mesure de ce que doit être Antibalas
sur scène. Dans cette attente, l'écoute prolongée
de l'album se révélera un merveilleux palliatif.
JJ.
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RM
74
mikrosport
(domizil /Wave)
Un digipack
qui rappelle les fractals perturbés de Nobukazu Takemura ou d'Autechre,
voici pour l'entrée en matière. Le reste est un dispositif
sonore où les effusions de glitchs et de cliquetis désassemblés
traduisent une certaine idée d'un mal-être. Une activité
sonore en ébullition, qui commence dans les franges de l'expérimental
pour finir dans un imbroglio de sources.
Une approche
assez théorique de la musique, qui offre des vues vers des labels
tels que Ash ou Touch, avec une inclinaison pour les sonorités
chères à Raster Noton ou Microwave. Domizil a fait son miel
de cette musique. RM74 fait de l'expérimentation sa marotte, son
esthétique de vie, avec des sons bricolés à la lampe
à galène. Sous ce nom se cache Reto Mäder, qui nous
livre ici des compositions digitales granuleuses, mécaniques, qui
par transparence laissent deviner un goût pour la micro tonalité,
le choix de pixels plus que d'images. Un peu comme si Pan sonic avait
laissé tomber son matos dans un évier plein de flotte. Mikrosport
ou l'ère de la biologie sonore moléculaire.
JJ.
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Imagho
images des mondes flottants
(Loom rec/catharsis) Mèl
L'album d'Imagho
envahira votre corps de doux frémissements, enivrera vos sens par
l'extrême onction de sa forme ; de lentes phases de guitares, qui
à la manière du flux marin, vont et viennent en d'interminables
ressacs. Une musique fragile, isolée, qui se laisse effleurer du
bout de l'oreille, une gamme de sons friables et périssables, fouillés
à l'extrême, avec le silence en point d'orgue, l'écho
d'un touché de piano comme chant du cygne. Jean -Louis Prades remet
en culture les terrains vagues que de précédentes formations
avaient laissé en friche, gastr del sol sur "lake street…",
un peu de la fluidité de rafael Toral et des espaces sans limites
de John Fahey. Un album qui rend compatible simplicité, dextérité,
et sens de la mélodie. L'évocation brumeuse de paysages
sonores trop rarement foulés. Merveilleux.
En guise de
conclusion, j'ai envie de souffler cette phrase de Joe Chaikin : "Au
début du siècle, raconter une histoire constituait une forme
véritable, et les gens avaient un peu l'impression que ça
correspondait à leur vie. Cette longue forme- début, milieu
et fin - avait vraiment un sens pour eux. Peut-être qu'aujourd'hui
nous vivons dans un temps où ça n'a plus de sens. Un temps
qui exige quelque chose de nouveau, d'autres types de conceptions. Peut-être
que l'histoire ressemble davantage à des moments, plutôt
qu'à cette longue forme épique qui n'a plus aucun rapport
avec notre vie, tellement tout est fragmenté et brisé".
JJ.
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Sound
Drifting (triton/MEGO)
Site
Sound
Drifting est une fabuleuse quête d'esthétisme urbain, une
réflexion pure sur les disfonctionnements de la vie sociale et
les richesses qu'elle recèle.
Une publication luxueuse qui développe
son entreprise sur deux supports distincts: une publication papier, recueil
de textes, de rapports et d'images captés en différents
points du globe. Le support audio , format double Cd qui l'accompagne,
est la synthèse, pendant auditif de 9 jours de prise, où
se sont succédés, 16 Projets internationaux, sur 3 continents
à l'occasion des Ars Electronica 99.
Les projets sont à l'initiative
du label Triton, en collaboration avec l'Orf Kunsradio et proposent la
confrontation de plus de 50 artistes, poètes, plasticiens, urbanistes,
architectes, vidéastes, danseurs dans ce tour de table de l'urbanité
et de la citoyenneté citadine. La musique rappellera aux curieux,
amateurs d'expos les bornes auditives disséminées lors de
l'exposition Mutations au CAPC de Bordeaux, où l'on retrouvait
pèle mêle l'international déconnant, Merzbow, R&D
et autres activistes du bruit blanc et de la prise de sons concrète
de la ville en marche. Résumé: le principe du livre est
la ville comme matériau, élément central des échanges
d'informations et de données, un système complexe de visions
reliant chaque être humain et ici, les différents projets.
Un beau livre en Anglais et deux disques où les artistes présents
développent une certaine idée du bruit et de l'investigation
sonore. Du beau linge, donc.
JJ.
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Couch
profane
(Kitty-Yo/ PIAS)
Le très
bel album Fantasy, très beau trait d'esprit musical ( ligne
épure, teintes chaudes ) avait quelque peu entériné
le style." Profane" est de cette veine ; des arrangements à
base d'instruments acoustiques, où contrebasse, trompette et cordes
jouent les troubles fêtes, volant la vedette au clavier .
Les relais
médiatiques auront tôt fait de leur coincer l'étiquette
Post-rock dans le cou, et même s'il est vrai qu'on décèle
quelque chose de Tortoisien sous le canapé ("couch"), ils empruntent
aussi de leur vocabulaire aux musiques rock progressive (Deep Purple)
et Krautrock (Can) les rapprochant en cela des formations plus contemporaines,
chaudes et éprises des vibrations chaloupées du Jazz (Genf,
Ganger, Salaryman). Des mélodies douces à l'oreille, qui
s'encrent à nos attentes, prennent possession de l'espace de la
pièce.
Couch n'invente
sans doute pas grand chose, mais à bien y considérer, ne
vaut-il pas mieux un bon album qui se trouve qu'un mauvais qui se cherche?
Profane est à la fois une violation en règle, un pillage
orchestré de ce qui s'est déjà pratiqué et
un hommage brillant à ces styles. Que demander de plus?
JJ.
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Prefuse
73
Estrocaro
(Warp/source)
Difficile
de rester impassible à la véritable tornade d'influences
qui gravite dans la tête de Prefuse 73.
Scott Heren
est à l'heure actuelle un génie du son. Il a réussi
à synthétiser les plus vibrantes émanations de la
culture électronica (tendance replex, Warp) avec les meilleurs
des stratèges Rawkus. Un hip hop furieux, très sensuel par
moment, qu'il déstructure à loisir, séquençant
le débit du MC comme autant d'interférences. Si vous espériez
passer le Printemps confiné dans votre appartement, oubliez tout.
Vos jambes vous supplieront de vous livrer à Prefuse 73 et à
son hip hop satanique. Excellent!
JJ.
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ROB
don't Kill (Chevauchée/Source)
Comme pour
injurier l'air du temps, cracher sur les cultures-références
du moment (hip hop /électronique), ou tout simplement pour faire
son truc, Rob, revient avec un album Don't Kill, hymne à la béatitude
des 70' et à ses légions de chœurs féminins très
Fame, appel aux longues envolées. Des arrangements grandiloquents
à coup de guitare, de fuzz, de batterie, pas si éloigné
des formations eighties lignée Supertramp et Toto, de la mégalomanie
qui sert la musique. On aura le même plaisir renouvelé à
écouter Le tube Amour, triste et baroque.
Désuète,
la musique de Rob l'est certainement, bien qu'on ressente des influences
plus récentes. Ces titres nous rendent aussi fou de joie que d'exhumer
des vieilles photos passées d'un grenier. La nostalgie, le souvenir,
le temps qui passe…
A l'instar
de Sébastien Tellier, Rob cultive ce même goût âpre
pour la mélodie Vrai même si sa démarche est autrement
plus démonstrative.
La force de
ses chansons, c'est la familiarité qui les auréole, cette
sensation qu'elles ont de nous faire croire qu'elles ont toujours existé
au fond de notre oreille, tapis dans l'ourlet. S'il ne devait rester qu'un
fan, je serais celui là. Brillant et indispensable.
JJ.
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SHUDO
(Quatermass/Tripsichord)
Bien davantage
que les superstructures économiques ou les entités politiques
extraterritoriales, les labels (ici Sub Rosa/Quatermass) ont su comprendre
la potentialité inhérente au patrimoine culturel européen.
Une culture "en train de se faire", audacieuse et inventive qui trouve
des bases aux 4 coins de la communauté. Le fait que Shudo soit
catalan, originaire de Barcelone n'est pas le fruit du hasard ; Il souligne
simplement la vitalité de la scène locale, portée
par la dynamique du festival Sonar, mettant en exergue l'attrait croissant
des labels électroniques pour cette région de l'Espagne.
Quatermass est à présent une entité autonome, laboratoire
électronique exilé de sa maison mère Sub Rosa. Shudo
est un des chantres de l'interdisciplinarité, expérimentant
dans les sphères vidéo, audio mais également porteur
de réflexion sur l'interactivité du support Net.
La dichotomie
image/son est si tactile, présente dans son œuvre, qu'elle donne
un aspect plastique et cinématique à sa matière sonore.
A mon sens, l'approche la plus juste de son travail est à la croisée
des chemins entre le Necropolis de DJ Spooky, panorama nocturne d'une
urbanité déclinante et le traitement de son si particulier
à Oval, succion de nappes en travelling arrière. Une vision
sensible de l'abstract électro qui à le goût de la
réussite.
JJ.
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Nappe
Mèl
tic
(SMI/Orchestra)
La musique
électroacoustique et improvisée a tout a gagner dans le
rapprochement des genres, dans la collusion des outils musicaux. C'est
en tout cas ce que nous soumet le label SMI (label du saxophoniste de
St Etienne, Bruno Meiller ) par l'intermédiaire de la formation
Nappe. Loin de traîner des pieds, la sphère improvisée
jette un regard clairvoyant, avec juste ce qu'il faut de recul, et livre
des productions souvent raisonnées, amusantes, brillantes sur le
matériau électronique, bien plus, d'ailleurs que les scènes
électroniques traditionnelles, intellectuellement mornes et peu
audacieuses. Nappe, groupement fluide composé de 2 membres, Pierre
Faure et Christian Malfray sont issus de cette scène. Autodidactes,
didactiques, ils ont su galvaniser leurs compositions d'un maillage électronique,
entrelacs de samples, fruit d'un travail long d'expérimentation
et d'influences délicatement agencées.
L'adhérence
réciproque de ces sphères assure un maintien solide aux
fibres de leur construction. L'approche, pour expérimentale qu'elle
soit, n'en dénigre pas moins les aspects dansants et œuvre avec
virtuosité pour le rythme.
Une ambiance
où les maîtres du minimalisme électronique (Massimo,
Ikeda) auraient maille à partir avec l'abstract électro
d'un Autechre ou d'un Pimmon, et le close-up sonore d'un Voicecrack.
Une vision
hémisphérique du monde, profonde et fouillée, instable
et cohérente, improvisée et séduisante.
JJ.
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Ochre
infrasonic waves
(Ochre/import)
Ochre, couleur
nuancée de la gamme polychromique de l'échiquier musical
entretien depuis cinq le feu d'une musique à captation vibratoire,
dont les ramifications en France ont donné vocations à nombres
d'activistes, de Meridians à la clique Ursa en passant par Monopsome...
Une musique
vibrante, dronienne, ondulatoire, qui se courbe à une certaine
mélancolie. La liste très impressionnante d'artistes et
de formations présentes, laisse se dessiner en arrière plan,
l'ampleur et l'envergure qu'à du jouer et prendre Ochre dans l'émergence
et la pérennisation de cette scène.
De même
que Kranky, Space Age ou Drunken Fish, Ochre a su , au long de ces années
de repérages, faire sienne une certaine idée de l'ambiante
et de l'atmosphérique… créant une identité suffisante
à sa structure pour laisser entendre que tous ses groupes ont un
avenir et une destinée commune, des racines et des ancêtres
à honorer (lignée Spiritualized / Spaceman 3).
La liste résonne
dans nos oreilles comme un panel idyllique d'une discothèque enviée.
Voilà ce qui grise mon attention dans ces regroupements, toute
l'évidence de ces points d'ancrage qui les lient à une même
scène…et le soucis de détail, la pointe de pittoresque qui
anime chacun d'eux et les différencie à l'écoute.
Des noms connus, Avrocar, Magnetophone, Stylus, 90° degrees south, Amp
Studio, des homonymes distingués, Lakescene (Land Of Nod), Igirisu
Jin Futari ( longstone), Five Way Mirror (Windy & Carl) et des formations
en devenir, Mount Verron Arts Lab, Freed Unit, Yellow G, The Groce Rie….De
tous ces noms et dans le contexte forcément subjectif de la compilation,
on retiendra de beaux développements et appendices. Pop névrotique,
boucles magnétiques et émissions électro désabusées,
voici le bonheur, la vision du monde que nous offre Ochre.
JJ.
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Berliner
Theorie
Live
(Staalplaat/Metamkine)
L'emploi abusif
du terme d'expérimental a très souvent tenté de justifier
une action artistique dans une structure préexistante. La seule
démarche expérimentale valable se fonde sur le critère
exact des conditions existantes, et leur dépassement délibéré.
On ne saurait appeler création ce qui n'est qu'expression personnelle
dans le cadre de moyens crées par d'autres. La création
n'est pas l'arrangement des objets et des formes, c'est l'invention de
nouvelles lois sur cet arrangement. La théorie Berlinoise n'est
pas de ces sombres préceptes qui cherchent à expliquer l'univers
autour d'obscures formules. Rien moins que la volonté de nous familiariser
à l'électronique et l'expérimentation.
Dans cette
optique, Sam Avinger et Rupert Huber ont radicalisé l'utilisation
de l'art Radiophonique avec un tournant abstrait à leurs travaux.
Un positionnement irascible pour les amateurs de mélodies douces.
Les autres curieux et amoureux de compositions sans visage jouiront de
tout leur soûl.
JJ.
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Peter,
I'm Flying !
formotiondisconfort, callflightattendantforbagdisponable
(Pan/autoprod)
Certainement
le logo le plus explicite quand aux vertus de cette musique (qui devrait
à lui seul en justifier l'achat).
Les amateurs d'une triade Active
Suspension/clapping music/tout l'univers (rajoutons Goom) retrouveront
avec un plaisir sans faille un peu de l'énergie et de l'intuition
de ces labels dans cette compilation.
L'écueil a éviter
dans ce genre de compilation est la mise en orbite d'Artistes dont les
références avouées (Warp/Musik Aus Strom/Morr, Payola…)
deviendraient de malheureuses révérences, ou fac-similés
aux labels suscités.
On est vite rassuré, et même
si VLAD, parrain de circonstance (il a sorti un sublime ep sur Warp) surveille
de sa bienveillance la petite tribu, on est bien loin du plagiat.
En fait, les Groupes trouvent un
certain salut dans le travail, en allant fouiller au plus profond d'eux
même pour signifier dans leur musique les caractéristiques
et aspects qui les définissent au mieux. Ainsi, on passe allègrement
de l'électro cheap japonisante d'Anne Laplantine, à l'intimité
douce et féminine de Shinsei ( Eno/boards of Canada), aux nappes
électro -freefanfare de Mils qui est un pendant convainquant d'un
Pierre Bastien analogique. O.Lamm, quand à lui, donne dans le glitch
/blip en abstraction avec une fin heureuse ("le réveil des synthétiseurs")
et une conclusion digne de Microwave.
Snark est son drôle de signe
que je n'arrive pas à matérialiser sur mon ordinateur avec
un titre assez mélancolique (sur l'intro) pour prendre en rythme
par la suite et avec ce traitement de son qui lui est si singulier ; herri
Kopter (le projet électronique de Jérôme Minière)
qui développe de longues phases dépressives qu'on verraient
volontiers sur Kranky sur ce "aux chiens écrasés"; Gel:
un ton au dessus des autres avec un titre éponyme magnifique de
simplicité et d'onirisme; Mitchell Akiyama nous ramène brutalement
sur terre avec ses rythmes hard-techno aquatiques et répétitifs
; King Q4 , qu'on retrouve avec un plaisir non dissimulé, et qui
semble, à la manière des bons vins, se bonifier avec le
temps; Chris Cole est un "i just want someone to know this is me" somptueux,
où les lentes montées, mélopées mélancoliques
d'un Satie entre en guerre avec une armature drum'n bass à résidu
Jazzy. Excellent !
Encre, distille son Barbara aux dernières heures de la journée,
quand le ciel inonde les toits des maisons encore brûlantes. A base
de cut-up sonores et digitaux, la répétition bienvenue dans
ce morceau enivre sans mesure. Beau
"me tracks for hyperactive kids" et son raining drums très cinématographique
avec toujours ces mélodies lancinantes au piano, instrument réminiscent
chez divers des artistes présents. Et Vlad et son Electro qui tue
pour clore dans la joie cette superbe compilation, qui est une syncrétisation
parfaite entre ce que la pop recèle de plus mélodique, d'attachant
et l'électronique de dérapages contrôlés et
d'aspérités caressantes.
JJ.
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Bourbonese
Qualk on uncertainity
(Korm Plastic/metamkine)
"Dans
l'incertitude", voilà un sentiment noble et judicieux qui signe
à merveille les travaux de cette formation prestigieuse, et emblématique
et peu reconnue de l'underground expérimental/analogique des 80'.
On comprend dés lors l'intérêt
que leur porte Frans de Waard, issu de cette même scène (Kapotte
Muziek) et le souhait intime qu'il formule à voir les générations
actuelles faire œuvre de reconnaissance. Evidemment, le son du groupe
à quelque peu évolué, néanmoins les sources,
même anciennes du groupe n'ont jamais été exclusivement
électronique ou analogique. La formation a toujours eu à
cœur un télescopage franc et l'assimilation d'instruments acoustiques
à leur compositions. Les récents conflits Anarchiques, au
centre de Londres, le mois dernier ramènent les BQ au devant de
l'actualité tant leur musique à longtemps sous-tendu liberté
absolue et spontanéité de l'individu, fondements de base
de cette idéologie. Leur dernière apparition publique, courant
1993, préfigurait les courants et thèmes ultra-bruitistes
chers à Praxis, UHT saoulaterre; pendant sludge électro-core
d'un Doom. Rien de commun a "on uncertainity" qui s'inscrit dans
une optique résolument Ambiante, où les stratifications
de guitares répondent aux arpèges de rythmiques âpres
et spartiates, rappelant dans une large mesure les travaux de Nigel Ayers
et Origami Republika…. C'est d'ailleurs sans doute au sein de ses formations
de vieux routards, Kapotte Muziek, Nocturnal Emissions, Muslimgauze, Coil
qu'on trouve le plus d'intensité, d'acuité intellectuelle
et sonore…l'âge de la sérénité.
JJ.
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Gen
Ken Montgomery
icebreaker
(Staalplaat/metamkine)
L'adaptation
des artistes au monde contemporain et à son cortège de médias
obligent ceux-ci, les invitent à organiser leur pensée et
leurs travaux au travers d'un corpus de méthodes et d'analyses.
Ma conviction est la suivante : Un musicien, pour peu qu'il fraye dans
les musiques vouées à l'expérimentation, qu'il prenne
à partie le son doit dans le même temps s'interroger sur
l'environnement de ce son (ex: les images auxquelles il renvoie) , et
le contexte dans lequel il est émis, etc…c'est donc un travail
polymorphe, agissant sur plusieurs supports, au travers de techniques
diverses. Gen Ken Montgomery est à la fois plasticien et musicien.
Depuis 1978, il expérimente dans un soucis de création ludique
le son et l'image (vidéo) et leur relation. Ses collaborations
avec Conrad Schnitzler s'élaborent autour de la perception des
sonorités (l'installation est une pièce baignée dans
le noir le plus total, le "ice-O-matic" où est diffusé via
8 haut-parleurs, de façon alternative, correspondant aux compositions
présentent sur ce mini CD) Ce disque est un succédané
de la performance originale longue de 4h 30, orchestré en 1992
au Generator Sound Art Gallery, NYC : bruits de craquements, glace qu'on
brise, crispation, pas dans la neige….A écouter dans le noir, les
paupières closes ou non.
JJ.
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AS11
5000m New WR
(Antifrost/Metamkine)
Ce mini-album
3 titres format "cinéma pour l'oreille" est une déclinaison
intégrale de ce que notre cœur peu avoir a subir. Il marque dans
un premier temps le retour à l'avant-scène du discret AS11,
grec de son état. Son travail de conceptualisation prend ici pied
dans le course de (demi) fond, soit le 5000m. Evidemment, qui mieux qu'un
grec, dont sa mère patrie est le foyer des olympiades, pouvait
s'attacher à rendre intelligible une des épreuves reines
. L'idée étant de simuler chaque étape rythmique
, révéler ce qui se passe de souffrance intime, de lutte
intestine contre le métabolisme, le cœur en étant l'acteur
principal et le souffle l'interprète. L'anecdote est prolongée
jusqu'à composer des morceaux, qui réunis, égalent
le record mondial de la distance, établit par un Ethiopien : partager
un peu de sa souffrance et de son adrénaline, une vrai thérapie
emphatique.
Antifrost est une structure grecque ayant pour objet de promouvoir les
travaux du groupe Elios et à l'occasion ceux d'AS11. Cependant,
elle s'est déjà ouvert à l'international en
la très jolie personne de Sachiko M pour un Detect.
JJ.
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Panoptica
Certificate 18
(Electronic projects/La baleine)
Vous
laisserez errer vos très jolis yeux/oreilles ourlées sur
le très beau premier album de Panoptica, dansant et déterritorialisant.
le Mexique, terre de pérégrination musicale de Robert Mendoza,
et loin des clichés précautionneusement établis,
influencé qu'il est par l'électronica chère à
Kruder &Dorfmeiter, Photek, on est donc loin des Tequila, citron vert
et autres trompettes pour Moustachu. 8 titres qu'on écoutera en
relisant le motel chronicles de Sam Shepard, même si en définitif,
un bon John Fahey aurait largement fait l'affaire.
JJ.
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