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JadeWeb
chroniques #2 /
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Chroniques
#0 Tennis
| Klimperei | Stylus | Clarence Parker | Liquid sphere | Pascals | La
kuizine | Pauline Oliveros | Sébastien Tellier | Eglantine /
Dream | Acetate Zero | Maxime Lavièville / sébastien Eglème
| BS 2000 | Bip-Hop | Crunch - Heimelektro Ulm | My Jazzy Child | Antenne
| Jérome Noetinger/Lionel Marchetti |- General Magic | Michel
Banabila & Hannes & bobby | Scratch Pet Land | 386 DX
Chroniques
#1 Penumbra | Wagon crist | Antibalas RM
74
| Imagho | Sound Drifting | Couch | Prefuse 73 | Rob | Shudo | Nappe
| Ochre | Berliner Theorie | Peter, I'm Flying ! | Bourbonese | Gen
Ken Montgomery | AS11 | Panoptica | Chris Clark | Muslimgauze | Louis
Dufort | Jonty Harrison | Phil Von & The Gnawa musicians of Fés
| SI-CON | Reznicek / Kubin / Mancha ipsonat / Legrand | Man | Paul
Dutton | Richard Devine | I'm Half Divine | Formanex | Autechre | Herbert
| Slam/Society Suckers | Marc Sens | Home Made | Amp | Le Hammond Inferno
| Jon Sheffield | GOM
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Home
Made 2
V/a (mail)
"Ad
Augusta per Angusta" ("À des résultats grandioses par des
voies étroites") Cette locution, au regard de cette deuxième
production du label Home Made, sied merveilleusement à l’esprit
sommeillant des petites structures à caractère musical.
Avec un rythme soutenu de sorties, à raison d’une compilation par
trimestre, une participation d’artistes qui confine à l’exponentiel
et une solide déontologie artistique, quitte à vendre à
perte (15 artistes pour 30 francs, on a rarement vu ça), sans omettre
le soin apporté à l’objet proprement dit, tout ici culmine
dans un tourbillon enivrant d’hédonisme et de passion.
L’ordonnancement des formations est subtilement conçu, nous permettant
d’évoluer, de surprise en découverte, entre gaz et fluide,
autour d’atmosphères compassées ou éthérées
mais avec comme fil d’Ariane la musique électronique.
Un ébrasement du style, qui laisse entrevoir, béance enchantée,
nombre de nouvelles facette de l’électronica.
La clique tourangelle (hormis Minirepertoire, originaire de Montpellier)
forge sur un peu plus d’une heure, une œuvre tantôt rythmique, tantôt
poétique, mais toujours symptomatique d’un éveil à
la pluridisciplinarité des sources.
À mon palmarès
personnel : Elena Cortes et ce morceau qui fait se regarder
les symphonies de Bernhard Hermann (sans doute) et la drum’n bas sans
loucher ; Stigmat et son Breakbeat sauvage, inventif et asiatique
(effet samouraïs) Wash’o’matic qui après avoir (brillamment)
samplé Curtis Mayfield dans le premier volume fait péter
nos starters auditifs avec son " all star blues " tonitruant ;
Jeremy & DJ1 verse et son trip-hop urbain et nocturne, Bishop
et son nu-jazz très rubin steinerien, Joséphine et
son colonialisme exotique et désuet, La ligne de bass funky-entêtante
de Pilou-pilou ; Le sublime Ian Mad qui ne cesse de
grandir dans mon estime avec un " the money, the hoes & the Vip "
drôle, rythmique et sexuel., l’électronica du Parasite,
la sensualité sombre et subaquatique de Yucky-Yummy (le
pendant féminin de Spectre sur Wordsound ?) et la nuit comme
compagne pour savourer ce disque.
Home Made, ou quand radicalisation, esprit d’ouverture et sens de la fête
se tiennent la main pour faire honneur à la prosodie musicale.
JJ.
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Bucolique
Vol. 1
(Arbouse rec/chronowax)
Personnifiant plus
qu’il ne voudrait le concéder l’âme de Cyril Caucat, maestro
instruit et éclairé du label Arbouse, cette figure imposée,
construite autour du thème de la nature, où chaque intervenant
a loisir à choisir son angle d’approche sur le plaisir de vivre
au grand air. Cette compilation disais-je, adjure, le temps d’un court
instant, nos idées sombres et notre lassitude mêlée
(les moments agréables sont toujours courts).
Définir le genre est une tâche ardue, tant le label puise,
fait la chasse aux styles ; le contingent d’artistes et de formations
présentes font autorité au niveau international et possèdent,
chacun à leurs manières, des aptitudes subtiles et de la
noblesse dans les phalanges… L’inventaire est sans appel, une arborescence
d’habilité à l’ouvrage, un sens ténu du bon goût,
de la note juste, de la sonorité pertinente, sans fard ni flonflon,
pour une musique qui va à l’essentiel. Des morceaux totalement
inédits, (si ce n’est le titre d’Electric Bird qui figurera sur
son prochain album) pour une compilation qui ravira tous les amateurs
sans œillère du mail-order méridians et l’esprit des 555
recordings compilations.
La compilation fouille dans sa première partie les ossements de
l’électronique à sensibilité pop ou mélodique,
puis atmosphérique pour s’orienter aux deux tiers de son développement
vers des franges plus acoustiques de la musique contemporaine.
S’il fallait d’un adjectif ou deux résumer chacun des figurants
de cette pièce, nous aurions, dans un ordre aléatoire ;
Twisted science : Ashmatique illbient ; D’iberville :
Glitch aquatique ; Köhn: aspiration (oval rencontre la
house) ; Sink : sonarisé ; Electric Birds :
nostalgique et enfantin ; Bertuf : environnemental
(FranciscoLopez) et méditatif ; Rothko : ferroviaire
et hypnotique (Dutch Arbor prend le train avec Low), Kiln :
équatoriale et vibrant ; Hood : intimiste et mélodique ;
Acetate Zero : féminin et dominical ; Billy
Mahonie : une basse, une batterie et de la chaleur humaine douce
et caressante (parmi leur meilleur titre) ; Paloma :
folk enivrante et solitaire ; Chris Brokaw : John Fahey
tape un bœuf avec Robert Mitchum.
JJ.
Site
de Arbouse rec.
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Symptoms
apathy (Swim/import)
Symptoms, formation
danoise incarnée autour d’un membre unique en la personne de Klaus
Ammitzboll, (par ailleurs membre de Silo) invite l’auditeur à caler
son rythme cardiaque sur sa musique.
Un album conçu comme une lente déambulation musicale au
fil d’une journée ; brouillard matinal, sortie du lit, premier
regard sur l’extérieur, autant de points de détail qui rythment
nos quotidiens, austères et répétitifs dans une certaine
mesure, mais avant tout rassurants.
La musique de symptoms, entre jusqu’à certain égard en réaction
avec des zones reculées de notre physique. Ses mélodies
arpentent avec une certaine quiétude les confins de notre corporéité,
dans des étapes vibrantes de ce parcours initiatique interne.
De longs effluves atmosphériques, générés
via une guitare et un pc, bâties autour d’une certaine idée
d’une musique atmosphérique lo-fi triste. On pense à un
Pan American plus froid et asphalté, à une bande originale
moderne et planante du Walden de Jonas Mekas ; une mise en forme
du quotidien, comme un hommage à tous ces petits éléments
et sons du quotidien qui échappent (trop) souvent à notre
entendement. " People live in the city without understanding it.
They live on and off the earth but have never feit it quiet. " c’est
pas moi qui le dis, c’est lui…
JJ.
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Bip-hop
generation 3
(Bleep 5/ La Baleine)
L’apport de Bip-Hop
à la scène électronique n’est plus à débattre.
La venue sur le marché (quel mot vulgaire) de la 3e
génération de musiciens Bip-Hop (comme on aime à
le dire dans les séries télé d’anticipation) vient
à point nommé pour se plier à un état des
lieux sur le parcours du label. Sans pour autant avoir une vision globale
des retombées, il semble bien que Bip-Hop a réussi son pari
quant à la documentation de la scène électro-expérimentale
et à la diffusion médiatique à une échelle
plus large que celle des castes d’esthètes. Une série de
compilations que l’on retrouve avec le même bonheur consommé
et la même impatience à peine dissimulée.
Pour cette expédition, on retrouve un panel intergénérationnel
depuis l’ombre d’Atau Tanaka chantre de la bio mélodie et
des capteurs sensoriels, avec un morceau splendide d’ambiguïté
rythmique et d’abstraction mélodique à Néotropic,
japonais officiant sur Ninja Tune et qui ici se lâche totalement
dans un Dub panaché de samples de guitares éthérés ;
Zon’k, side project de Laurent Perrier (Nox, Cape Fear) qui exécute
une figure libre aérienne de toute beauté, limpide énergique ;
Pimmon qui défriche toujours le bush australien à
coup de serpette analogique et de glitch, Bovine Life qui renvoie
aux piquets les amateurs de No-wave, d’electro body et de pop song raffinées,
Novel 23 ; Roman Belousov, russe, qui emprunte à la
diction des grands auteurs de son pays pour nous livrer des pièces
romantiques et expérimentales.
C’est en sondant les profondeurs d’un lac, qu’on découvre la beauté
de celui ci, le mystère ayant sans doute quelque rôle à
y jouer. Bip-Hop offre un brin d’humanité à la scène,
quand un exilé de la musique noise donne des leçons de bon
goût et d’intégrité au défenseur du son électronique
(qui ne voit généralement pas plus loin que le bout de sa
platine).
JJ.
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Tremolo
dual
(BDG / Ultime Atome)
Les amateurs avertis
de la scène électronique lourde (Ant-Zen, Hymen) auront
certainement un temps d’adaptation conséquent avant de plonger
entièrement dans l’univers personnel de Jean Robert Rol(u)rang
et Noêmie Vandewoeveraa ; forfaité par les charismatiques
dirigeants du consortium " l’ultime
Atome " et leur " home label " BDG (Bande de Gougoul),
c’est bien l’une des têtes pensantes de Silksaw que l’on retrouve
aux manettes le temps d’un album.
Un ton festif où l’empereur du bruit et des infrabass passe aux
concasseurs analogiques les standards lounge, fanfarisant, guinguette
claudicante, bastringue déglingué. Une application méthodique,
parcimonieuse, pour un exercice sans filet. L’objet prouve, sans complaisance,
qu’on peut modeler chaque genre à la complexité de son imagination
(si tant est qu’on ait un soupçon de savoir-faire). Drôle
et entraînant.
JJ.
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Heimir
Björgulfsson
Machine natura (an interpretation inconsistent with
the actuality of a situation)
(Staalplaat/Métamkine)
Je vous avais déjà
entretenu des travaux de cet Islandais, travaux éblouissants par
leur capacité étonnante à restituer l’atmosphère
d’un lieu, sa substance et ce, au-delà de ce qu’une photo peut
offrir ; une sensation de solitude, d’évanescence auréolant
l’ensemble.
Puisant son inspiration dans l’ambivalence entre machine et nature, il
oppose ici le fruit de notre culture (les machines) au domaine du naturel ;
l’environnement devrait-on préciser car ce terme inclus la présence
de l’homme, dans un contexte naturel et la manière dont il l’envisage.
Deux pièces qui nous plongent dans une heureuse perplexité,
bête que nous sommes à définir, les parts de stances
électroacoustiques / concrètes et les flâneries électroniques.
Une composition légère et volubile, sortie sur la division
"material serie" de Staalplaat, faisant en cela suite à son projet
sur Ritornell, "discret journey digitalis". Heimir B. est également
un membre actif de Stillupsteypa, et il collabore, selon l’humeur avec
John Hudak, le déglingué et brillant concrétiste.
Délesté et aérien. Une vraie cupule protectrice.
JJ.
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Muslimgauze
Kashmiri Queens (Muslimlim/Staalplaat/metamkine)
Un son de Casbah nous
interpelle dès l’introduction ; Les machines de Brian Jones
happent la réalité et la tradition pour exécuter
le grand écart réfléchi entre les millénaires
et les cultures.
Kashmir Queens dénote/se démarque de ses prédécesseurs
par l’utilisation de quelques vocaux féminins. Basé sur
la construction classique des morceaux de Muslimgauze ; Kashmir Queens
se dévoile par de lentes montées hypnotiques de nappes,
avec un substrat consommé sur des bas-reliefs rythmiques à
base de percussions ethno-tribal.
La langueur générale de l’album, l’implication et le rôle
de la femme dans la société musulmane, les aspects théocratiques
du système sont ici évoqués derrière le voile
opaque du tchador. Des thèmes d’entrée neufs, pour les inconditionnels
de Brian Jones, avec un boîtier plastique, au lettrage sous-calligraphique
incrusté de nacre à même le boîtier. On a rarement
vu plus belle pochette dans le genre (une marque d’estime, d’affection
et de respect ultime de Stallplaat à l’égard de Brian Jones).
Beau, plaintif et reposant.
JJ.
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Roger
Rotor
Mort aux vaches (Staalplaat/métamkine)
Lors des Obliques
Lu Night, Roger Rotor appliquait à sa musique une rythmique sourde
sur le fil d’un beat tendu, brut, cataleptique ; il magnétisait
l’auditeur et le rejetait par la rudesse de son approche. Rien d’étonnant
au regard de son lourd passif de projet obscur (du grind au death) au
sein de collectif tel que Bloodstar, Myiase, Maggot Bile, Rotor Syndrom…
Alors que ni notre oreille, ni le carbone 14 ne sont à même
de dater précisément les influences sus-jacentes, certains
titres de ce mort aux vaches me font par moment penser au Quest
de Frans de Waard ou à des productions Oblique Soundscapes… La
voix, distordue et fondue dans la mélodie, ne donne rien de cohérent
à se mettre sous l’oreille et évoque un mezuïne
sous acide ; comme la lente plongée en abîme d’un Junky,
dont le son de la radio lui parviendrait tronqué, distordu. Des
ambiances caractéristiques des albums de Main (sur la fin de Start),
plus lancinant et électronique dans ses développements.
Une musique spectrale et nocturne. Une musique de rituel pour les temps
modernes.
JJ.
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Abstrackt
Keal Agram
S:T (Monopsome/Chronowax)
C’est dans l’atmosphère
un peu ouatée du début de week-end que je découvre,
lové dans ma boîte aux lettres, la dernière production
de Monopsone Rec, le petit label qui monte, qui monte… Un mot bref et
amical du boss, une bio succincte et une pochette digipack où une
caméra de surveillance semble filmer à leur insu une foule
disparate sur un parvis anonyme. Un temps de pause, prétexte à
l’absorption du café matinal et me voilà, manipulant le
premier album de ce duo breton (Abstrackt Keal Agram, donc) dans la gueule
béante de ma chaîne à bas prix.
Dès les premières mesures, la messe est donnée, l’intrusion
de sections acoustiques vient temporiser les beat syncopées de
ce hip hop abstrait et musical… Les mélodies sont sans appel, elles
régissent ma volonté et ma torpeur (qui s’estompe, d’ailleurs)
et m’interdisent par leur pouvoir d’attraction, le zapping de plages auquel
je soumets habituellement tout album à la première écoute
(c’est suffisamment rare pour être souligné).
L’album est donc écouté d’un tenant, puis réécouté
dans la foulée pour mieux en saisir les subtilités, en percer
l’alchimie discrète. Une logique formidable gouverne ce navire
éponyme avec, en proue de navire, de réelles innovations
et nombre de mélodies sublimes. Une petite merveille.
JJ.
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David
Axelrod
David Axelrod (Mo’Wax / Source)
Il est de coutume
de remettre en lumière à raison d’une fois ou deux l’an,
des artistes, qui ont expérimenté durant leur jeunesse des
combinaisons de sons alors envisagées comme décadentes,
voire étranges, ou trotskistes (sic).
C’est donc par pure méconnaissance que les levés de la dernière
heure placeront trop hasardeusement David Axelrode dans cette catégorie.
Chantre visionnaire au sein d’électric Prunes (albums aussi beaux
que durs à dénicher), le plus noir des compositeurs blancs,
directeur de Capitol des 63, oreilles hors pair, producteur génial
d’Harold Land, Lou Rawls, Cannonbal Hadderley, Coleman, Art Tatum, etc.
Il a influencé au travers de son sens de la composition une frange
conséquente de la musique actuelle et contemporaine. D’électric
Prunes, influences revendiquées et directes de The Verve et Radiohead
(ils lui demanderont d’ailleurs de remixer " rabbit in your head
light ") à toute la clique hip-hop / abstract hip hop (des
morceaux tels que the edge, the human abstract ou the Fox, repris à
différentes époques et avec des sorts divers par Dr Dre,
Lauryn, Hill, Mos Def et Tab Kwali ou DJ Shadow). Endtroducing aurait-il
d’ailleurs vu le jour sans David Axelrod ?!?
Mais qu’est-ce qui définit à ce point le son d’Axelrod,
quel est donc cette patte, cette griffe / marque de fabrique qui nous
inonde actuellement ?
Un croisement judicieux d’éléments chauds (Basse Batterie)
tirés du Jazz, de vocaux brûlants (tiré de la soul)
et de section cuivres (en provenance des orchestrations classiques gorecki-bernstein,
et consorts…). Ajouter à cela des chœurs souples, une dimension
sociale et politique (les spoken words) et quelques plans psychédéliques
et le tour est joué…
Ma préférence va aux morceaux d’intro et d’outro, soit the
little Children et Loved Boy, hymnes posthumes à son
fils décédé, tristes et symphoniques, évoquant
bien avant l’heure les épanchements de Saul Williams. Le reste
évoque le hip hop dans ce qu’il a de plus original et de moins
vulgaire et quelques grandes expériences de Frank Zappa, en passant
par la classe argentine et désuète de Lalo Shiffrin (dont
on vient de remasteriser toute l’œuvre !!!) Mo’Wax signe là
un album profond et en marge, historique par définition et donc
un peu essentiel….
JJ.
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Malcom
Catto
Popcorn bubble fish (Mo’Wax/
Source)
Malcom Catto est un
réfugié du rythme. Après avoir participé de
manière discrète à l’essor du Punk Garage 60’ (il
assurera quand même la première partie des Spacemen 3 !)
Sa rencontre avec Wid de The Weeds sera déterminante et lui ouvrira
les yeux sur toute une frange de la musique noire contemporaine (du funk
au jazz, en passant par le rap).
Sa collection de vinyles Deep-funk, monumentale (elle égale dit-on
celles de Keb Darge et Dj Shadow) lui aura permis de se faire les dents
sur quelques milliers de références vouées alors
à la culture microbienne.
Entre ces deux autres structures d’accueil (Soul Destroyers et Barefoot),
Popcorn Bubble Fish est un lieu de villégiature cosmopolite,
ouvert aux styles où se côtoient les influences les plus
extravagantes de la musique instrumentale (Rock psyché, Deepfunk,
Free jazz, trip-hop, ill-dub, ect.).
De cette heureuse cuisine se révèle une œuvre très
atypique, assez datée dans le son (ça sonne très
70’ par moment, " Spaghetti ", notamment), un peu rock
sixties ; l’album le plus proche qui me vient à l’esprit est
le Keyboard repair de Money Mark : même traitement dans les
sons (l’utilisation d’un vieil harmonium n’y est pas étrangère),
des petites mélodies groovantes, quelques évocations de
Wah-Wah et un peu d’easy-listening Tiki et nous voilà en présence
du 5e Beasties Boys. Un album plaisant et estival qui, par
la somme de détails qu’il dévoile et soulève, s’écoutera
avec un plaisir sans faille jusqu’à l’automne.
JJ.
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Mira
Calix
Prickle (Warp/ Source)
Un continent (le maxi)
découpé en quatre espaces territoriaux distincts qui s’interpénètrent
et se répondent. Quatre histoires courtes, petites mélopées
ambiantes, un peu environnementalistes, bruissement de grillons, pas d’une
antilope dans la savane, souffle austral, chaleur nocturne du vieux continent
africain.
Le travail de Mira Calix, c’est un peu le propos du bouquin d’Oscar Wilde,
" le déclin du mensonge " ou quand l’art cherche à
imiter la vie dans ces moindres détails. Ici, Mira Calix s’évertue
à recréer une réalité sonore d’espaces naturels,
une synthèse artificielle des lieux qu’elle côtoie lors de
ses voyages en Afrique. Un peu électroacoustique mais toujours
avec une approche et une attente " digitale ", ces quatre petites
embardées atmosphériques surprennent, sans toutefois atteindre
des sommets dans le genre. Andrea Parker réactive un peu notre
attention sur la fin, à l’occasion d’un remix bien senti. Une personne
attachante pour une musique qui pourrait l’être plus.
JJ.
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Solid
State
Kunkarma
(Dub/Chronowax)
J’avais conspué
dans un précédent numéro les suceurs de roue de la
fratrie Warp (Autechre-Plaid-Board of Canada). Funkarma s’en veut un très
bon exemple (l’anecdote voulant que la sous structure attachée
à Dub se nomme Clone).
Une fois établies les correspondances et autres révérences,
(un peu de Crunch/ Musik Aus Strom derrière tout ça aussi),
il serait quand même dommage de se priver de l’écoute de
cet album. Solide State a de très bons arguments à
faire valoir, un sens de la mélodie imparable, des trames très
atmosphériques, à cheval entre Styrofoam et Boards of Canada
(Lawk). Jamais Solid State ne crée de conflit entre la mélodie
et la rythmique, les deux allant de concert dans une direction commune.
Les morceaux se laissent seulement porter vers des inclinaisons diverses ;
spatiales et dentelés sur Zena ; Expérimentations
limbaires sur Empli, Bace et Nuncas nous rapprochant
plus sûrement des étagères de The Freight Elevator,
avec ces arpèges de violons lancinants. S’il s’affranchit des sources
évidentes qui le gouvernent, le groupe pourrait bien devenir un
gros truc dans le futur.
JJ.
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Men
With Box
(Dub/ Chronowax)
Pour ceux qui ne pourraient
voir l’avenir sans électronica cassante, Le Label Dub met à
notre disposition un tube de colle et cette compilation, histoire de réparer
les morceaux.
SpeedyJ Vs Math : Joli exercice de rap-électro.
Boom : bourrin et agressif (Funkstorung mais pas que).
Eog : plus sombre et hypnotique, il côtoie une frange
très rythmique (lignée Richart Devine) avec des échos
étranges et obscurs.
Phako : Des bass qui sonnent comme des infrabass et des petits
sons sortis de jouet pour enfant.
Funkarma : un morceau inédit, pas très symptomatique
de leurs travaux sur les nappes.
Eaven : Un travail axé sur la répétition
avec des grosses couvertures électro à la Output/VLAD ;
très sympa.
PSS2099 : sans doute l’artiste le plus soucieux d’harmonique
et de sensibilité. Plus original que ses congénères,
basse happée, son d’Harmonium.
Estermann : styrofoam.
Quench : Le plus ancien de l’équipée, leur son
plus accentué et moins linéaire révèle de
bien jolies mélodies.
D’Arcangelo : On sent l’expérience prédominer
sur la matière sonore, à la manière d’un Spectre.
JJ.
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Squarepusher
Go Plastic (Warp/ Source)
C’est donc avec une
neuvième pièce à son puzzle personnel et avec un
physique de bûcheron scandinave (à faire passer Charles Manson
pour le coiffeur de Bonnie Tyler) que nous revient Tom Jenkinson sur le
devant de la scène. Un physique herculéen, imposant, viril
pour une musique volubile, effervescente et insaisissable, voilà
le paradoxe de la rentrée.
Selection Sixteen avait en son temps un peu éludé sans toutefois
les faire oublier les deux opus majeurs à sensibilités jazz
(Music is rotted one note & budakhan Mindphone) très inspiré
par la clique Alice Coltrane Pharoah Sanders.
Alors que Selection Sixteen réintronisait une vision dérangée
et cataclysmique du rythme, Go plastic fait littéralement exploser
nos repères, notre petit abécédaire d’adjectifs chiadés,
par l’entremise de ces délirantes embardées, où l’enthousiasme
général et l’activité neuronale culminent très
haut.
Le ton général de l’album donne une idée d’improvisation
contrôlée, tant les dérives, syncopes rythmiques ont
bien du mal à s’ancrer aux attaches mélodiques. Un des meilleurs
albums du pote de Richard D James. L’apocalypse sera anglaise ou ne sera
pas.
JJ.
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Simian
Chemistry is what we are
(Source/ Source)
Les deux premiers
morceaux de Chemistry is what we are, déjà présents
sur leur Ep : " Watch it glow ", merveille de musique
pop et dépressive, nous avait laissé les pieds dans la boue,
les yeux dans les poches. Son de synthétiseurs pourris et sépias,
chœurs de bars liturgiques, mélodica poussiéreux et theremin
sous codéine, séquences de Dub édentées, psychédélisme
du " Air " des premiers temps et bidouillages électroniques,
voilà le monde de Simian ; un monde humain et imprévisible,
pleins de ratages et de moments un peu magiques, d’ajouts de chants féminins
datés, de bruits de l’espace à la Buck Rogers et de song
writing prétentieux à en faire 3 tonnes mais tellement efficaces.
James Ford, Simon Lord, Alex Macnagten et Jas Shaw baladent leur mélodies
et leurs délires de têtes d’anglais entre les tombes des
Beattles, les cyprès des Spiritualized et les fleurs désuètes
de Moonshake et Pram. Un bon album dont l’excellente et intrigante couverture
est signée par l’artiste contemporain Thomas Grünfeld.
JJ.
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Baka !
S/t (autoprod)
L’histoire de Baka !
est avant tout une histoire d’amitié et de consensus communs pour
une certaine frange de la musique à émotion : Pop,
noise, émo-core ; une musique où les arpèges de guitares
ont le devoir d’assurer une tension permanente à notre pouls. Ceux
qui ont connu le Baka ! Des premiers temps auront l’heureuse surprise
de voir comme les compositions ont gagné en détails et en
nuances. Un travail de bandes, prétexte à un isolement salutaire
aura permis à Jl Prades (Voir le sublime album d’Imagho), et Frank
Lafay d’épurer l’énergie brute (lignée Hint) qui
caractérisait leurs premiers jets, de faire l’économie des
sonorités superflux pour ne conserver que le caractère essentiel
de leurs compositions.
En laissant l’air et le silence occuper un peu de l’espace des morceaux,
démarche en cela proche de compositeur de musique néoclassique,
ils laissent leurs pièces respirer, offrant solennité et
gravité aux arrangements. La délicatesse dans le traitement
des bandes et des boucles est également à souligner tant
elle enrichit le morceau.
Même si la démarche est expérimentale (la recherche
perpétuelle de sensations), l’atmosphère globale de l’album
est à rapprocher des expériences splendides de Piano Magic
(Bliss out vol 13 et certaines intro de Artist’s rifles notamment)
mais dans une attitude de dénuement extrême (sans les voix
féminines chères à Glen Johnson, par exemple). Bien
sur, Baka ! développe une personnalité forte, qui puise
dans l’amertume et dans la froideur des musiques rock atmosphérique
et dans une attitude de recherche plus marquée.
JJ.
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James
Coleman
Zuihitsu (sedimental/import)
À ceux qui
considèrent toute idée de la musique figée, ou utilisation
d’un instrument de manière univoque et sclérosée,
je ne saurais trop conseiller l’écoute attentive du premier album
de James Coleman.
Thereminist de son état, improvisateur pour la forme, il a sans
doute abouti au constat simple que le Theremin n’a jamais fait l’objet
d’une étude centrale, tant il était relégué
au rang de second couteau, instrument subalterne (quelquefois kitch) de
la mélodie.
Ce disque apparaît donc comme un hommage, une de l’instrument, un
voyage d’étude au pays Theremin, dans le but avoué de nous
faire découvrir la topographie accidentée de son arrière
pays, les paysages rarement dévoilés de ses possibilités.
Le voyage est rude, il procure nombre de désagrément (froid,
meurtrissures, frissons) mais éveille dans l’âme de l’auditeur
un intense désir de poursuivre le chemin.
James Coleman, bien que peu rodé à l’exercice de l’album,
n’est pas pour autant novice dans l’art de l’improvisation ; ses
pairs et amis l’ont bien compris et l’ont fréquemment convié
à leurs projets respectifs. Des noms ? Saturnalia (Free improvisé),
évidemment, structure dont il est partie prenante, puis Nmperign,
Joe Mc Phee, Eddie Prévost, John Voigt, Peter Kowald, John Thomas,
David Gross, Dans de Cellis, ou au sein de Undr Quartet (pièces
expérimentales).
Du beau linge, qui vient compléter et entourer la présence
de non moins brillants musiciens de l’album ; Bhob Rainey, Tatsuya
Nakatami, entre autre pour un album austère (dans le sens sonore
du terme) et exigeant.
JJ.
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Pullman
viewfinder (Thrill Jockey/
PIAS)
Turnstyles
& junkpiles
m’avait surpris à sa sortie en 1997, par la sérénité
calculée, la quiétude et l’harmonie patente de ses arrangements.
Une surprise mesurée, pour être honnête, connaissant
l’attachement de certains des musiciens formant Pullman pour les tristes
embellies de Nick Drake ou les accords évanescents de John Fahey.
Un album qu’on pouvait alors taxer de contemplatif et instrumental (fine
analyse !).
Ce " View finder " qu’on pourrait prestement traduire de viseur,
(ou qui peut désigner un homme qui aurait forgé ses opinions)
prolonge la cinématique éthérée d’une suite
rêvée de Paris-Texas.
Une exploration espacée de quatre années qui ne semble jamais
avoir été close. Peu de dissonances ou d’arythmie, juste
un étirement classique des arpèges pastels, des mélodies
opalescentes et de promesses heureuses.
Des formations qu’ils composent habituellement, c’est sans doute celles
de Curtis Harvey (Rex) et Chris Brodaw de Come qui ont su atténuer
les contreforts sinueux des compositions de Bundy K Brown (Direction in
Music) et Douglas Mc Combs (Tortoise, Eleventh Dream Day) quoique Him
(autre side project du sieur Mc Combs) recherche un peu de cette quiétude
inavouée dans cette quête Dub.
L’ouïe ne trouve point de détails qui altèrent et qui
amoindrissent la vaste et puissante impression de posséder la sphère
entière de cette musique.
JJ.
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Chicago
underground quartet
S/T
(Thrill Jockey / PIAS)
L’illustration
du paysage sonore de la capitale de l’Illinois n’a pas attendu les soubresauts
de la musique noise, puis post-rock pour exprimer la plénitude
de ses ressources et possibilités.
Difficile gageure, semble-t-il de faire abstraction des personnalités
et structures présentes ou passés (AACM, Art Ensemble Of
Chicago, Walter Dyette, 8 bold soul, Lester Bowie, Roscoe Mitchell, Anthony
Braxton etc.) qui ont marqué avec tout autant de vivacité
la société Chicagoanne que les traces du lac Michigan sur
la topographie tourmentée de la cité.
Comme pour mystifier un peu l’auditoire, la structure gagne à chaque
étape de sa création un nouveau membre qui vient enrichir
la formation d’un nouveau substantif qualificatif (Duo, trio et à
présent quartet).
L’anecdote enterrée, il nous reste à nous évader
dans la musique de ce Chicago Underground Quartet ; primitivement
composé du cornettiste Rob Mazurek (collaborateur de Jim O’Rourke
sur Gastr del Sol, Isotope 217) et du percussionniste Chad Taylor (contributions
avec Fred Anderson de l’AACM), sont venus s’y adjoindre le guitariste
Jeff Parker (Tortoise, Isotope 217) et le bassiste Noel Kupersmith (qu’on
a vu traîner chez Brokeback). En fait Jeff Parker accompagnait déjà
sur scène le duo ; l’étape de son intégration
n’a été qu’une simple légalité administrative.
La tonalité commune qui se dégage de cet album est cette
perpétuelle constante à la recherche, cette avidité
pour les croisements de styles et la soif de rencontre. Du post jazz à
des partitions plus free, l’intégration du Moog sur Nostalgia,
ou de lentes arpèges sur Tunnel Chrome, on pense sans vraiment
s’en formaliser à d’autres formations du cru, ISOTOPE 217, Gastr
Del Sol, ou bien encore Tortoise ou BrokeBack.
Les neuf stances qui composent cet opus se rapprochent d’un format free
avec une nette inclination au non conventionnalisme.
Mazurek et ses "acabistes" développent ici, une appendice inspirée
et feutrée de l’esprit AACM avec une relation et un attachement
plus marqué pour la modernité des sons et des croisements
entre les sections.
Une musique en parfaite opposition avec les dogmes académiques
et un souffle vivifiant qui gagne nos cœurs et nos oreilles.
Faisant suite au sublime album des All Naturals (Hip-Hop) et de Takemura
(comptines électroniques), Thrill Jockey rompt encore une fois,
et avec subtilité les amarres du post-rock.
JJ.
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DE
FABRIEK
S/T
(Moloko +/ Métamkine)
Sous ce patronyme sibyllin
se cache une formation irréprochable et difficilement contournable
de la scène atmosphérique à vocation industrielle.
Fear Drop et Denis Boyer seraient sans doute possible plus habiles dans
l’art de nous conter l’histoire et les attentes de ce groupe.
Un entrelacs de sons spacieux, fruit d’un long processus, d’une maîtrise
habile habite cet album.
DE FABRIEK assume pleinement son lourd passif industriel, et ouvre, avec
une intelligence faconde son style aux grands espaces vierges- forêt
tropicale- No man’s land. L’évocation d’espaces laissés
à l’abandon. La fertilité des samples, la prolixité
des sources offrent un savant appel à la quiétude (et à
l’inquiétude), entre pointages géographiques référencés
et univers oniriques. On plonge littéralement dans ce sas de décompression,
manufacturé digipack. On en ressort lessivé mais grandi.
JJ.
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