FEMMES DE RÉCONFORT
Esclaves sexuelles de l'armée Japonaise Par Jung Kyung-a |
La
Presse
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Jung Kyung-a, jeune auteure coréenne, raconte avec ce livre l’histoire vraie de ces "femmes de réconfort", envoyées dans les camps de l’armée japonaise pour y servir d’esclaves sexuelles. Les
ouvrages abordant ce sujet douloureux de l’histoire commune du
Japon, et de la Corée étaient jusqu’ici des travaux académiques
et universitaires, s’adressant surtout aux chercheurs. Femmes
de réconfort retrace les itinéraires poignants d’un médecin japonais
chargé de la santé des détenues, d’une fille de colon hollandais
et d’une jeune Coréenne, ces deux dernières étant toujours vivantes
aujourd’hui. Le
style du dessin choisi par Jung Kyung-a n'est pa sans rappeler
celui de Marjane Satrapi, du moins pour l'aspect dépouillé de
toute fioriture laissant toute la place à l'émotion et au récit.
En tout cas, il sert magnifiquement une histoire à découvrir absolument,
tant il est vrai que l'oubli ou l'ignorance sont les supôts de
toutes les barbaries. FLEUR
D'ENCRE - 12 octobre 2007 20
MINUTES - Armelle Le Goff - 18 octobre 2007 C'est l'histoire de ces femmes que Jung Kyung-a a choisi de raconter dans une bande dessinée sobrement intitulée Femmes de réconfort. Esclaves de l'armée japonaise. Avec justesse, pudeur mais aussi beaucoup d'humour, elle dit tout, ou en tout cas beaucoup, de ce pan très sombre de l'histoire asiatique, soigneusement tu par les bourreaux et les victimes jusque dans les années 1990. Historienne de formation, Jung Kyung-a décrypte remarquablement ce système de prostitution institutionnel. En Corée du Sud, où elle vit, son livre fait un tabac. Là-bas, les plaies sont toujours à vif. Pas étonnant : les Japonais étaient passés maîtres dans l'art du kidnapping pour remplir les bordels de l'armée (voir ci-contre). Nombreuses sont les Coréennes à avoir été bernées par de fausses annonces d'emplois. Elles en ont longtemps éprouvé une grande honte. « Pourtant, cela pouvait arriver à tout le monde, toutes classes sociales confondues », affirme Jung Kyung-a qui a décidé de se pencher sur ce sujet au moment de l'invasion américaine en Irak. Elle s'interroge alors sur le sort des femmes dans la guerre et le sujet des « femmes de réconfort » s'impose naturellement à elle. Chaque semaine depuis 1992, à Séoul, les ex-esclaves manifestent devant l'ambassade japonaise. Alors qu'avec les années, elles meurent les unes après les autres, Jung Kyung-a voulait leur rendre hommage en écrivant leur histoire. L'AGENCE
BD - Didier Pasamonik - 8 octobre 2007 « Ville prise » était, dans les temps barbares, le terme utilisé quand les soldats se servaient sur l'habitant : nourriture, biens d'équipement ou encore viols. On croyait qu'un peuple civilisé ne pouvait plus tolérer ces pratiques d'un autre âge. Or, le Japon, sommet de civilisation s'il en est, a été ce pays de colonisateurs qui érigea jusqu'en 1945, dans les territoires qu'ils avaient occupés, en Mandchourie, en Corée ou à Java, des véritables bordels pour servir d'exutoire à l'armée en campagne. Des centaines de jeunes filles, souvent vierges car leur virginité protégeait, pensait-on, les soldats contre les maladies vénériennes, ont été livrées clandestinement à l'appétit de la soldatesque conquérante. Atrocités de la guerre, me direz-vous. Certes, mais c'est un fait qui n'est pas accepté aujourd'hui par le gouvernement japonais, en dépit des procès et des témoignages concordants. Dans Femmes de réconfort - Esclaves sexuelles de l'armée japonaise, Jung Kuyung-a retrace leur calvaire, notamment au travers du témoignage d'un Hollandaise de Sumatra, Jan Ruff O' Herne qui a été soumise à cette atroce condition à l'âge de 19 ans. C'est quand elle a vu à la télé les tentatives, vaines jusqu'ici, de quelques femmes coréennes pour faire reconnaître leurs droits aux dommages de guerre, qu'elle a décidé de venir témoigner à Tôkyô, alors que jusque là ses propres enfants ignoraient ce lourd passé. Cela a été pour elle une délivrance en même temps qu'un formidable acte de solidarité. Après Gen d'Hiroshima, après Maus, après Deogratias, la bande dessinée fait à nouveau acte de témoignage. Le bédéphile patenté pourra trouver cet album « plutôt moche ». La réplique fusera : pour témoigner, nul n'est besoin de faire joli. AURACAN
- Mickael du Gouret - 18 octobre 2007 Le drame présenté ici est peu connu. Pendant la Seconde Guerre mondiale, le Japon envahit une partie de l’Asie et impose son ordre militaire. Efficace, brutal, etc. Machiste aussi et surtout. Les soldats japonais avaient des besoins, les femmes des territoires occupés les ont satisfaits. Contre leur gré, malgré elles. Mais il ne s’agissait pas de débordements de quelques soldats ici ou là, mais bien de la mise en place d’une opération d’envergure avec la participation active de la hiérarchie militaire. En clair : de l’esclavage sexuel à grande échelle. La polémique est venue sur le devant de la scène mondiale il y a quelques années quand quelques femmes ont décidé de se battre pour déterrer ce sujet honteux. Et depuis longtemps, trop longtemps, beaucoup trop longtemps, l’État japonais refuse de reconnaître les faits. Telle est l’histoire du présent album. Donc, pas de surprise : la lecture est dure, sans concession, parfois insoutenable, et interpelle directement le lecteur. Une chose doit être soulignée : l’auteur a opté pour un graphisme dépouillé, et pour des cadrages particuliers mettant en relief certaines scènes. Tantôt la case est tout en longueur, écrasante, traduisant par là un sentiment d’enfermement individuel de ces femmes, qui ont tu leur douleur pendant quarante ans. Tantôt la case est ouverte, absente, montrant la volonté de parler, de se battre pour faire reconnaître l’infamie. Tantôt la voix est off, monocorde, qui dit la douleur, tantôt… Ce traitement graphique prend le lecteur à la gorge, le sollicite, lui demande son assentiment pour le combat de ces femmes qui réclament juste un droit à la dignité. Et il ne faut surtout pas croire que cela ne concerne que des Asiatiques (nous n’évoquons même pas la notion des nombres) : des Européennes ont aussi subi cet esclavage sexuel, et ont porté depuis ce petit chapeau couvrant les baguettes de riz enfoncées dans leur crâne, qui symbolisaient l’appétit sexuel des soldats japonais. Consommer une femme comme l’on mange un plat. Ce livre est sérieusement documenté, les notes sont omniprésentes, avec des faits, des noms, des dates, des situations, des témoins, dont ce gynécologue japonais auteur d’un stupéfiant ouvrage sur les méthodes de prophylaxie des maladies sexuellement transmissibles dans l’armée, des rappels à l’Histoire. Plus la lecture avance, moins le lecteur a de doute et plus il plonge dans l’abîme. Il s’agit d’un véritable système d’État, mis en place par quelques militaires japonais zélés dans l’entre-deux guerres, dans le contexte d’une autre guerre qu’ils ont eux-mêmes suscitée, pour cause d’un besoin d’espace vital, d’expansionnisme effréné, de volonté colonialiste effrayante, de soif de richesses satisfaite par tous les moyens possibles, surtout les plus ignobles. Dans ce contexte, les femmes ont rapidement servi d’esclaves sexuelles, dans un système de plus en plus élaboré, avec des camps « dignes » de ceux dans lesquels l’Allemagne nazie a parqué et détruit les Juifs. Hallucinant. Tout simplement hallucinant. CHARLIE
HEBDO -
Willem - 17 octobre 2007 20
Minutes -
Armelle le Goff - 18 octobre 2007
ISA - E. G. - novembre 2007 BO-DOI
- 7 novembre 2007 LE
JOURNAL DES COMBATTANTS
- 27 Octobre 2007
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Hors-Collection |
> 264 pages - Format 19x21 cm
> Bichromie >22,00 Euros > ISBN 978-2-35212-029-2 > EAN 9782352120292 > Parution : 18 Octobre 2007 |
Ce livre est une co-édition entre Au diable Vauvert et 6 Pieds sous terre | |
La Laune - BP 72 - 30600 Vauvert - France Site |
BP 13 - 34111 Frontignan cedex - France 6pieds@pastis.org |
Titre
original : The Story of "Japanese Militar y Sex Slaves" © 2007 Jung Kyung-a, All Rights Reserved. First published in Korea by GCK French translation rights arranged with GCK through Orange Agency © Éditions Au diable vauvert et 6 pieds sous terre, 2007, pour la présente édition Publié avec le concours du Korea Literature Translation Institute |