FEMMES DE RÉCONFORT
Esclaves sexuelles de l'armée Japonaise
Par Jung Kyung-a
La Presse


SCENARIO.COM -
par Sbuoro - 01 octobre 2007

On retrouve trace de ces pratiques dès la fin du dix-neuvième siècle, période qui a vu des conflits entre la Chine et le Japon, mais si on en sait plus de nos jours sur ce qui aurait pu rester une sorte de secret d’état, c’est parce que, par le biais de la colonisation (les néerlandais ayant été très présents en Asie du sud-est et notamment en Indonésie) des femmes d’origine européenne se sont également vues contraintes de livrer leurs corps à la satisfaction des soldats.

Le temps passant et les techniques d’information et de communication aidant, le mutisme de ces femmes s’est estompé et, l’union faisant la force, il a fallu que l’une d’entre elles parle pour que sortent de leur silence et de leur honte de nombreuses autres.

C’est une femme coréenne, Kyung-a Jung, qui a décidé de porter à la connaissance du plus grand nombre ces pages honteuses de l’Histoire et de les raconter en BD. En tout cas, de les raconter tout court, car si le support est la bande dessinée, vous verrez vite que le témoignage et le message prennent le meilleur sur le graphisme qui, très simple, en est réduit à quelques petits dessins qui font plus office d’illustrations ou d’échos au texte que de dessins comme on en trouve plus classiquement en BD.

La distance et le temps qui passe nous éloignent forcément de pans de l’Histoire (ou d’autres choses) de pays lointains. C’est d’ailleurs complètement normal : on ne peut pas tout savoir sur tout quand déjà, on ne sait pas tout de ce qui nous touche de plus près. Avec ce titre, et comme cela arrive de plus en plus souvent que ce soit par la BD, la télé ou encore le cinéma, on est mis au pied du mur devant un passé qui (res)surgit faute d’avoir pu être étouffé par ceux qui auraient pu vouloir le faire taire. Et c’est ainsi qu’on se prend une claque en lisant Femmes de réconfort. On lit, et on apprend, complètement abasourdis...

Hommage à ces femmes qui ont vu leurs vies brisées et au courage de celles qui ont pu parler, Femmes de réconfort est un document exceptionnel, un ouvrage de choix pour ceux qui aiment avoir les yeux ouverts sur leur monde, ses erreurs et les leçons d’espoir qu’il faut en tirer.

A lire aussi : Les esclaves sexuelles de l’armée japonaise, par George Hicks.



IDDB - 18 octobre 2007

Avec la sortie aujourd'hui de Femmes de réconfort, le manwah tord encore un peu le cou aux idées reçues sur la BD asiatique (et aux grincheux qui vont avec). Le sujet abordé est tout sauf léger puisqu'il s'agit, au travers de 264 pages, de raconter l'histoire méconnue de ces 200 000 femmes coréennes kidnappées, déportées, violées, battues, tuées, abandonnées pendant l'occupation de la Corée par le Japon, lors de la seconde guerre mondiale. Peu en ont réchappé, et les survivantes sont restées blessées, physiquement et psychologiquement.

Jung Kyung-a, jeune auteure coréenne, raconte avec ce livre l’histoire vraie de ces "femmes de réconfort", envoyées dans les camps de l’armée japonaise pour y servir d’esclaves sexuelles.

Les ouvrages abordant ce sujet douloureux de l’histoire commune du Japon, et de la Corée étaient jusqu’ici des travaux académiques et universitaires, s’adressant surtout aux chercheurs. Femmes de réconfort retrace les itinéraires poignants d’un médecin japonais chargé de la santé des détenues, d’une fille de colon hollandais et d’une jeune Coréenne, ces deux dernières étant toujours vivantes aujourd’hui.
Tout en restant précis et documenté, ce récit expose désormais, par le biais de la bande dessinée, la réalité de ce drame au grand public... Edifiant.

Le style du dessin choisi par Jung Kyung-a n'est pa sans rappeler celui de Marjane Satrapi, du moins pour l'aspect dépouillé de toute fioriture laissant toute la place à l'émotion et au récit. En tout cas, il sert magnifiquement une histoire à découvrir absolument, tant il est vrai que l'oubli ou l'ignorance sont les supôts de toutes les barbaries.


FLEUR D'ENCRE - 12 octobre 2007

Esclaves sexuelles de l'armée japonaise

C'est un document exceptionnel auquel 6 Pieds sous terre (associé pour l'occasion aux éditions Au diable vauvert) vous convie avec ce manhwa d'une jeune auteure coréenne, Jung Kyung-a.
Femmes de réconfort retrace l'historique, aux travers de témoignages, d'un épisode bien sombre des guerres expensionnistes de l'empire Japonais au début du XXe siècle : celui de la création d'un véritable esclavage sexuel, organisé par l'armée Japonaise et à l'usage de ses soldats dans les pays d'asie.
Pendant l'occupation de la Corée par le Japon, lors de la seconde guerre mondiale, près de 200 000 femmes coréennes ont été kidnappées, déportées, violées, battues, tuées, abandonnées. Peu en ont réchappé, et les survivantes sont restées blessées, physiquement et psychologiquement.

Jung Kyung-a, jeune auteure coréenne, raconte avec ce livre l’histoire vraie de ces "femmes de réconfort", envoyées dans les camps de l’armée japonaise pour y servir d’esclaves sexuelles.
Les ouvrages abordant ce sujet douloureux de l’histoire commune du Japon et de la Corée étaient jusqu’ici des travaux académiques et universitaires, s’adressant surtout aux chercheurs. Femmes de réconfort retrace les itinéraires poignants d’un médecin japonais chargé de la santé des détenues, d’une fille de colon hollandais et d’une jeune Coréenne, ces deux dernières étant toujours vivantes aujourd’hui.
Tout en restant précis et documenté, ce récit expose désormais, par le biais de la bande dessinée, la réalité de ce drame au grand public.


20 MINUTES - Armelle Le Goff - 18 octobre 2007

Quand l'armée nippone enlevait des femmes

S'il y a bien une chose que Jung Kyung-a n'aime pas, c'est l'expression « femmes de réconfort ». L'euphémisme date de 1932 et de l'envoi de renforts militaires japonais à Shanghai, en Chine, partiellement occupée par le Japon depuis le début de la guerre sino-japonaise. Soucieux du bien-être de ses soldats, et surtout de leur éviter des maladies vénériennes qui risqueraient de les affaiblir, l'état-major nippon créé les « maisons de réconfort ». En fait de maisons, ce sont le plus souvent des camps itinérants de ressortissantes des colonies japonaises de l'époque - la Corée, Taïwan, l'Indonésie - qui suivent les déplacements de l'armée de l'empereur. Enrôlées de force, elles vont être, jusqu'à la capitulation de Tokyo en 1945, esclaves de la soldatesque japonaise.

C'est l'histoire de ces femmes que Jung Kyung-a a choisi de raconter dans une bande dessinée sobrement intitulée Femmes de réconfort. Esclaves de l'armée japonaise. Avec justesse, pudeur mais aussi beaucoup d'humour, elle dit tout, ou en tout cas beaucoup, de ce pan très sombre de l'histoire asiatique, soigneusement tu par les bourreaux et les victimes jusque dans les années 1990. Historienne de formation, Jung Kyung-a décrypte remarquablement ce système de prostitution institutionnel. En Corée du Sud, où elle vit, son livre fait un tabac. Là-bas, les plaies sont toujours à vif. Pas étonnant : les Japonais étaient passés maîtres dans l'art du kidnapping pour remplir les bordels de l'armée (voir ci-contre). Nombreuses sont les Coréen­nes à avoir été bernées par de fausses annonces d'emplois. Elles en ont longtemps éprouvé une grande honte. « Pourtant, cela pouvait arriver à tout le monde, toutes classes sociales confondues », affirme Jung Kyung-a qui a décidé de se pencher sur ce sujet au moment de l'invasion américaine en Irak. Elle s'interroge alors sur le sort des femmes dans la guerre et le sujet des « femmes de réconfort » s'impose naturellement à elle. Chaque semaine depuis 1992, à Séoul, les ex-esclaves manifestent devant l'ambassade japonaise. Alors qu'avec les années, elles meurent les unes après les autres, Jung Kyung-a voulait leur rendre hommage en écrivant leur histoire.


L'AGENCE BD - Didier Pasamonik - 8 octobre 2007

Sous la forme d'un manwha (manga coréen), l'auteure Jung Kyung-a règle ses comptes avec les révisionnistes japonais qui refusent de reconnaître l'esclavage sexuel dont ont été victimes des jeunes femmes des pays conquis par le Japon.

« Ville prise » était, dans les temps barbares, le terme utilisé quand les soldats se servaient sur l'habitant : nourriture, biens d'équipement ou encore viols. On croyait qu'un peuple civilisé ne pouvait plus tolérer ces pratiques d'un autre âge. Or, le Japon, sommet de civilisation s'il en est, a été ce pays de colonisateurs qui érigea jusqu'en 1945, dans les territoires qu'ils avaient occupés, en Mandchourie, en Corée ou à Java, des véritables bordels pour servir d'exutoire à l'armée en campagne. Des centaines de jeunes filles, souvent vierges car leur virginité protégeait, pensait-on, les soldats contre les maladies vénériennes, ont été livrées clandestinement à l'appétit de la soldatesque conquérante.

Atrocités de la guerre, me direz-vous. Certes, mais c'est un fait qui n'est pas accepté aujourd'hui par le gouvernement japonais, en dépit des procès et des témoignages concordants. Dans Femmes de réconfort - Esclaves sexuelles de l'armée japonaise, Jung Kuyung-a retrace leur calvaire, notamment au travers du témoignage d'un Hollandaise de Sumatra, Jan Ruff O' Herne qui a été soumise à cette atroce condition à l'âge de 19 ans. C'est quand elle a vu à la télé les tentatives, vaines jusqu'ici, de quelques femmes coréennes pour faire reconnaître leurs droits aux dommages de guerre, qu'elle a décidé de venir témoigner à Tôkyô, alors que jusque là ses propres enfants ignoraient ce lourd passé. Cela a été pour elle une délivrance en même temps qu'un formidable acte de solidarité.

Après Gen d'Hiroshima, après Maus, après Deogratias, la bande dessinée fait à nouveau acte de témoignage. Le bédéphile patenté pourra trouver cet album « plutôt moche ». La réplique fusera : pour témoigner, nul n'est besoin de faire joli.


AURACAN - Mickael du Gouret - 18 octobre 2007

Aux esclaves sexuelles de l’armée de l’Empereur, le Japon méprisant

Parfois, l’on se retrouve avec quelque album dans les mains dont le dessin n’attire pas spécialement, dont la thématique ne motive pas vraiment. Puis, allez savoir pourquoi, l’on commence à feuilleter, et l’on ressent un grand choc. Telle est la sensation éprouvée à la lecture de cet ouvrage.

Le drame présenté ici est peu connu. Pendant la Seconde Guerre mondiale, le Japon envahit une partie de l’Asie et impose son ordre militaire. Efficace, brutal, etc. Machiste aussi et surtout. Les soldats japonais avaient des besoins, les femmes des territoires occupés les ont satisfaits. Contre leur gré, malgré elles. Mais il ne s’agissait pas de débordements de quelques soldats ici ou là, mais bien de la mise en place d’une opération d’envergure avec la participation active de la hiérarchie militaire. En clair : de l’esclavage sexuel à grande échelle.

La polémique est venue sur le devant de la scène mondiale il y a quelques années quand quelques femmes ont décidé de se battre pour déterrer ce sujet honteux. Et depuis longtemps, trop longtemps, beaucoup trop longtemps, l’État japonais refuse de reconnaître les faits.

Telle est l’histoire du présent album. Donc, pas de surprise : la lecture est dure, sans concession, parfois insoutenable, et interpelle directement le lecteur. Une chose doit être soulignée : l’auteur a opté pour un graphisme dépouillé, et pour des cadrages particuliers mettant en relief certaines scènes. Tantôt la case est tout en longueur, écrasante, traduisant par là un sentiment d’enfermement individuel de ces femmes, qui ont tu leur douleur pendant quarante ans. Tantôt la case est ouverte, absente, montrant la volonté de parler, de se battre pour faire reconnaître l’infamie. Tantôt la voix est off, monocorde, qui dit la douleur, tantôt…

Ce traitement graphique prend le lecteur à la gorge, le sollicite, lui demande son assentiment pour le combat de ces femmes qui réclament juste un droit à la dignité. Et il ne faut surtout pas croire que cela ne concerne que des Asiatiques (nous n’évoquons même pas la notion des nombres) : des Européennes ont aussi subi cet esclavage sexuel, et ont porté depuis ce petit chapeau couvrant les baguettes de riz enfoncées dans leur crâne, qui symbolisaient l’appétit sexuel des soldats japonais. Consommer une femme comme l’on mange un plat.

Ce livre est sérieusement documenté, les notes sont omniprésentes, avec des faits, des noms, des dates, des situations, des témoins, dont ce gynécologue japonais auteur d’un stupéfiant ouvrage sur les méthodes de prophylaxie des maladies sexuellement transmissibles dans l’armée, des rappels à l’Histoire. Plus la lecture avance, moins le lecteur a de doute et plus il plonge dans l’abîme. Il s’agit d’un véritable système d’État, mis en place par quelques militaires japonais zélés dans l’entre-deux guerres, dans le contexte d’une autre guerre qu’ils ont eux-mêmes suscitée, pour cause d’un besoin d’espace vital, d’expansionnisme effréné, de volonté colonialiste effrayante, de soif de richesses satisfaite par tous les moyens possibles, surtout les plus ignobles. Dans ce contexte, les femmes ont rapidement servi d’esclaves sexuelles, dans un système de plus en plus élaboré, avec des camps « dignes » de ceux dans lesquels l’Allemagne nazie a parqué et détruit les Juifs.

Hallucinant. Tout simplement hallucinant.


CHARLIE HEBDO - Willem - 17 octobre 2007


20 Minutes - Armelle le Goff - 18 octobre 2007

 


ISA - E. G. - novembre 2007


BO-DOI - 7 novembre 2007
Une chronique bouleversante de l’occupation japonaise en Corée
Pendant la Seconde Guerre mondiale, alors que le Japon occupait la Corée, les soldats japonais utilisaient des « femmes de réconfort ». Un nom presque poétique, donné à une odieuse réalité, celle des esclaves sexuelles emprisonnées dans les camps de l’armée. Jung Kyung-a raconte les tortures subies de trois points de vue différents : celui d’une Hollandaise née à Java, enfermée dans une maison close et violée à d’innombrables reprises, celui d’un médecin japonais, chargé de la santé des détenues, et celui d’une jeune Coréenne. Malgré un sujet bouleversant, l’auteure réussit, en adoptant un ton résolument dynamique et pédagogique, à ne pas créer d’excès de pathos. (Au Diable Vauvert / 6 Pieds sous Terre, 268 pages, 22 E, le 18 octobre)


LE JOURNAL DES COMBATTANTS - 27 Octobre 2007

 


> Hors-Collection
> FEMMES DE RCONFORT,
Esclaves sexuelles de l'armée japonaise
> Jung Kyung-a
> Traduit du coréen par
Stéphane Couralet et Kim Youn-Sill

> 264 pages - Format 19x21 cm
> Bichromie
>22,00 Euros
> ISBN 978-2-35212-029-2
> EAN 9782352120292
> Parution : 18 Octobre 2007
Ce livre est une co-édition entre Au diable Vauvert et 6 Pieds sous terre

La Laune - BP 72 - 30600 Vauvert - France
Site

BP 13 - 34111 Frontignan cedex - France
6pieds@pastis.org
Titre original : The Story of "Japanese Militar y Sex Slaves"
© 2007 Jung Kyung-a, All Rights Reserved. First published in Korea by GCK
French translation rights arranged with GCK through Orange Agency
© Éditions Au diable vauvert et 6 pieds sous terre, 2007, pour la présente édition
Publié avec le concours du Korea Literature Translation Institute