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David Vandermeulen & Ambre sont des rats de bibliothèque ; cette page présente une partie
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Le sujet
(texte provisoire)
'HISTOIRE des anabaptistes de Münster est une histoire vraie, peu connue, mais très riche de sens. Elle se passe dans l'Allemagne de 1500 à 1536, à l'époque de Luther, d'Erasme et de Dürer. L'anabaptisme fut un mouvement sectaire protestant révolutionnaire. Les anabaptistes étaient ce que l'on a appelé des millénaristes, c'est à dire des gens qui, contrairement au christianisme orthodoxe, ne croyaient pas que l'homme était né mauvais, mais bon. Ceci eut une conséquence philosophique absolument majeure : le salut pouvait dès lors s'obtenir directement sur terre. Cette conception bouscula de beaucoup la configuration théologique de l'époque et fut la porte ouverte à toutes les interprétations et dérives : les anabaptistes allaient être les champions de cette révolution, et c'est véritablement eux qui poussèrent l'idée dans sa voie la plus radicale : le partage et la communion des biens dans l'établissement d'un paradis terrestre étaient enfin possible.
Souvent considérés comme une sorte de proto-communistes, les anabaptistes ont développé une idéologie de la révolution étonnamment moderne, qui trouve de troublantes similitudes avec plusieurs idéologies de notre XXe siècle. La révolte anabaptiste fut construite sur une idéologie mise au point par des intellectuels pour apporter au peuple la force de la rébellion. Dans l'ivresse de son action, les anabaptistes croiront toucher de près le faîte de la victoire politique. Mais tout, très vite, se précipita dans l'échec, et les anabaptistes furent abandonnés puis trompés par leurs premiers compagnons de route, les luthériens.
L'Histoire consacra comme on le sait les luthériens. En retenant les noms de Luther et de Melanchthon aux dépens de ceux de Münzer ou Jean de Leyde, l'Histoire a donné raison aux révolutionnaires qui se sont détourné de l'option radicale, trouvant plus judicieux de pactiser avec les forces politiques dominantes. Par contre, la véritable défaite politique fut subie par les anabaptistes, qui furent tous anéantis pour ne jamais avoir fléchi, ni jamais avoir accepté la moindre concession.
Courte note d'intention
U-DELÀ d'un simple livre se bornant au développement d'un récit historique et documenté, on essaiera surtout, par les dessins que l'on voudra particulièrement denses et puissants, rendre au mieux l'oppressant malaise philosophique d'une époque, dont les thèmes centraux, dans le cas qui nous occupe, sont la relation toute particulière que l'homme du XVIème siècle entretenait avec Dieu et/ou son corps. On essaiera donc de présenter, dans une mise en scène parfois onirique, en un noir et blanc contrasté et complexe, une bande dessinée qui se donnera pour enjeu premier de recomposer, avec des codes actuels, la poésie de l'horreur humaine que les Dürer, Holbein et autres Graf, avaient su rendre dans leurs œuvres gravées. Ce sera donc un livre dur, étouffant, qui sentira la glaise et le sang.
Plan du récit en trois parties
1/ La Révolte des Paysans (première révolte du peuple, anéantie dans le sang)
2/ Théorisation de la révolution et second soulèvement (reconstruction théorique de la révolution par Münzer et Luther, seconde victoire des pouvoirs en place)
3/ Le paradis terrestre (Application des théories de Münzer par Jean de Leyde, et chute définitive des anabaptistes).
E SUCCÈS des anabaptistes s'est construit sur ce que les historiens ont appelé bien plus tard la Révolte des paysans. Cette insurrection (en réalité, il y en eut plusieurs à la suite) est un élément majeur de l'histoire de l'Allemagne. L'Allemagne, qui était contrairement à d'autres nations occidentales un pays fortement morcelé (cantons, villes indépendantes, etc.), développa une situation sociale présentant des injustices sans précédents. Vers 1500, les conditions de vie des paysans étaient si invraisemblables que le dicton « L'âne a besoin de nourriture, fardeau et fouet », très populaire à l'époque, suffit à faire comprendre le sort de cette paysannerie allemande. C'est ainsi qu'en 1503, et de 1512 à 1515, le pays connut diverses insurrections paysannes, qui toutes furent animées par des « héros révolutionnaires », mais qui toutes furent à chaque fois matées dans le carnage par les forces de la noblesse et du clergé (et les héros, décapités, écorchés, découpés et exposés ; les horreurs corporelles publiques étant inévitables en ce temps-là…). Pendant ces guerres paysannes, le jeune Luther, qui comme on le sait n'existait que par sa négation de Rome, prit la défense des paysans et des miséreux et prêcha des idées plutôt guerrières, suggérant par exemple de « se laver les mains avec le sang des évêques et des cardinaux de Rome ». La jeune secte anabaptiste, à cette même époque (1517), adhéra pleinement au discours de Luther et diffusa avec lui une haine énergique de Rome.
Apparut ensuite, vers les années 1520, un certain Thomas Münzer, un jeune théologien atypique (pas très catholique, dirait-on aujourd'hui), qui se fit rapidement connaître comme le nouvel héros de la révolte paysanne. Münzer mit en place une véritable ligue secrète et séditieuse, ayant pour objectif de déstabiliser le pouvoir en place. Ses discours étaient plus durs encore que ceux prêchés par Luther. Si bien que Luther fit marche arrière assez rapidement et opta pour la diplomatie, préférant les intrigues et les compromissions avec les instances au pouvoir. Dérouté par ce Münzer venu de nulle part (les deux hommes s'étaient rencontrés plusieurs fois), Luther s'éloigna de plus en plus des vues du champion des anabaptistes et finit par lui jeter publiquement l'anathème, en le qualifiant de suppôt de Satan (la formule paraît désuète aujourd'hui mais n'oublions pas que Luther croyait réellement au diable).
1525 fut l'année choisie pour le grand soulèvement populaire, mais les persécutions sanglantes des princes auront encore le dessus, et la révolte sera à nouveau réprimée, faisant des milliers de morts au sein des paysans.
S'imposa enfin, en sorte d'apothéose à cette longue et troublante insurrection, l'avènement de Bernhard Rottmann – « l'homme rouge ». Venu dans la ville de Münster dans les années 1530, Rottmann se fit connaître très vite comme un prédicateur luthérien très charismatique et un contestataire du clergé romain très apprécié. Les habitants de Münster, l'ayant à peine entendu, foncèrent dans les églises pour y détruire les images ou en chasser les ecclésiastiques. Après ces évènements, la ville de Münster ne fut plus reconnue par Rome et tomba dans le giron des villes protestantes. C'est à ce moment que Rottmann, contre toute attente, se convertit publiquement à l'anabaptisme. Ce geste eut pour conséquence d'attirer à Münster toutes les personnes proches de la secte. Parmi les centaines d'anabaptistes venus se réfugier à Münster, un hollandais, Jean de Leyde, s'affirma comme un prêcheur d'une intransigeance encore jamais vue. Il fut arrêté, mais ce seront bientôt les magistrats qui avaient pour devoir de le juger qui furent relevés de leurs fonctions. Petit à petit, ce furent tous les habitants de Münster qui n'adhéraient pas à l'anabaptisme que l'on chassa de la ville, quand on ne les exécutait pas sur place : l'établissement d'un paradis sur terre était en route, Münster allait être ce paradis. Un siège de la ville fut décidé par l'évêque de Spire et « le paradis » de Münster dura deux longues années. Deux années durant lesquelles Jean de Leyde imposa sa vision hystérique de l'anabaptisme, en s'autoproclamant roi dans un premier temps, puis véritable incarnation de Dieu. Dans un grand élan de générosité anabaptiste, tous les biens seront partagés et au-delà des biens, les femmes et les enfants. La déchéance fut terrible, et une logique de dénonciation des renégats fut mise au point pour que l'on puisse survivre : les traîtres étaient cuits et mangés par les survivants élus. L'attaque de Münster fut organisée par les forces catholiques, et tous les habitants, femmes, vieillards et enfants, furent assassinés sans exception. On prit Jean de Leyde et ses ministres vivants, et on les exposa dans des cages suspendues au clocher de la cathédrale de Münster, cages qui, encore aujourd'hui, sont une distraction pour les touristes de la ville.
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Martin Luther |
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Jean de Leyde |
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Thomas Münzer |
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