Ambre & Lionel Tran - Une trop bruyante solitude | La génèse du projet | Repèrages photos par Valérie Berge | Historique du projet | Croquis préparatoires | L'ouvrage

 

AMBRE LIONEL TRAN VALERIE BERGE
d'après l'oeuvre de Bohumil Hrabal


La génèse du projet

Bohumil Hrabal
Né le 28 mars 1914 à Brno, en Tchécoslovaquie, mort le 3 février 1997 à Prague, en Tchéquie.
Bohumil Hrabal est l’un des écrivains contemporains les plus connus en Tchécoslovaquie, pour ses contes absurdes à l’humour féroce, qui s’attachent à décrire le quotidien d’ouvriers de bas étage, d’excentriques et de marginaux. Primé par un oscar en 1967 pour l'adaptation de son roman Trains étroitement surveillés, réalisé par J. Menzel et dont il rédigea le scénario, Bohumil Hrabal dû après l’invasion soviétique de la Tchécoslovaquie en 1969 se cacher pour écrire. Ses romans Moi qui ait servit le roi d’Angleterre et Une trop bruyante solitude ne purent être édités dans son pays qu’après que le pays se soit à nouveau ouvert, en 1989.


Une trop bruyante solitude
Depuis trente-cinq ans, Hanta écrase de vieux livres sous une presse hydraulique. Il écrase, il boit, il écrase, il soliloque en déambulant dans les rues de Prague. Il s'est donné pour mission de sauver cette culture qu'il est chargé de détruire. Dans l'avalanche de livres qui se déversent dans sa cave, il fait son choix, arrachant les uns à la mort, réservant à d'autres un traitement moins ignominieux. Ce faisant, il prend du retard dans son travail. Rejeté, abandonné de tous, il ne lui reste plus qu'à rejoindre ses livres bien aimés…
Roman écrit et publié clandestinement en Tchécoslovaquie durant les années 1970, Une trop bruyante solitude fut perçu lors de sa sortie comme une dénonciation de la répression communiste. Avec le recul, le thème du vieillissement et du remplacement d'une culture par une autre apparaissent comme son véritable fond. Centré autour de la destruction de la culture écrite, Une trop bruyante solitude prend une signification d'actualité alors que le domaine de l'édition est fortement remis en question par la progression des nouveaux média.

Synopsis
- Hanta travaille depuis trente-cinq ans dans une cave où il comprime à l’aide d’une presse des livres et du vieux papier. Depuis trente-cinq ans il prend quotidiennement du retard sous les huées de son parton. Il termine sa journée à la brasserie, avant de regagner, hébété, son appartement où il stocke les livres qu’il a sauvés du pilon. Son appartement est plein, du plancher au plafond de ces livres dont les piles s’écroulent parfois au milieu de la nuit, manquant de l’étouffer dans son lit. Parfois Hanta s’endort dans les toilettes, le seul endroit que les livres n’ont pas envahis.

- Tout en travaillant, Hanta pense au jour où il prendra sa retraite, il aimerait racheter sa presse afin de travailler enfin au rythme qui lui convient. La presse a déjà sa place réservée dans le jardin de son oncle, un ancien cheminot qui a racheté sa locomotive en quittant son emploi. En imaginant ces jours bénis, Hanta confectionne ses paquets de papier avec amour, glissant une belle reproduction ou un livre rare en leur cœur. Une fois par semaine un camion vient chercher les paquets de papier pour les conduire dans une usine de papier où il sont dissous avant d’être transformés en pâte à papier.

- Depuis trente-cinq ans Hanta boit et il ressasse ses souvenirs. Sa jeunesse lui a appris que rien ne durait et que tout finissait par être souillé. La vie de Hanta se confond avec les immondices qu’il charge dans sa presse. Il s’accroche à quelques éclats dont il est le seul à voir la beauté. Sur le trajet du travail il observe les Tziganes. Il aime leur amour de la vie.

- Plus il travaille et plus Hanta boit, plus il prend de retard, plus son chef le menace. Hanta a un seul ami : François Sturm. François est séminariste, il rêvait d’être journaliste, c’est un raté, comme Hanta. Un vieux professeur de philosophie qui s’est fait licencier du journal où il travaillait rend parfois visite à Hanta dans sa cave. Hanta lui ment et l’humilie.

- Un jour son chef, excédé, envoie Hanta visiter une usine moderne de retraitement du papier. Ce qu’il voit là bas l’ébranle : les ouvriers sont jeunes, ils travaillent à la chaîne et dans la bonne humeur. Leur cadence de travail signifie la fin des vieux presseurs de papier. De retour dans sa cave, Hanta travaille comme un acharné. C’est peine perdue : son chef lui annonce sa mise en disponibilité.

- Le lendemain deux jeunes ouvriers viennent remplacer Hanta Ils rattrapent son retard en une journée. Hanta erre dans les rues, annihilé. Il croise François, à qui il n’ose pas annoncer la nouvelle, puis le vieux professeur à qui il avoue ses mensonges ainsi que son licenciement. Le vieil homme l’encourage à " chercher une autre chance, ailleurs. "

- Hanta passe le jour suivant à faire la tournée des cafés. Il ressasse ses échecs, il pense à ce qu’est devenue, à force de compromissions Marina, son amour de jeunesse. Il repense à sa compagne, une jeune Tzigane déportée par les nazis. Son oncle vient de mourir, il ne rachètera pas la presse le jour de sa retraite, sa vie est détruite. Hanta ne peut pas accepter. Dans un ultime geste de révolte il met un terme à son existence.

(Tous droit de reproduction du résumé, réservés aux éditions Robert Laffont.)

 Ambre & Lionel Tran

historique du projet