Discourir avec LALI PUNA, c’est côtoyer pour quelques minutes les nuages, donner une impulsion d’air frais à ses poumons, laisser le vent caresser ses cheveux. Valerie Trebeljahr, Markus Acher, Christophe Brander et Christian Heiss ont choisi, depuis bientôt 6 ans, par philanthropie et sans doute aussi pour se faire un peu plaisir, de nous offrir la part de rêves et de bonheur qui manquait cruellement à nos existences. Et ce n’est pas Fake The Book qui dérogera à cette règle...

 

 





 

INTERVIEW


Dans les nuages


LALI PUNA

Comment est né le projet LALI PUNA ? Quelles ont été les motivations premières à la création du groupe ? Quelle est la genèse de sa création ?
Valérie : le groupe n’était au départ constitué que de moi, j’ai monté ce projet solo suite à la dissolution de mon premier groupe L.B. Page. J’ai alors souhaité continuer par mes propres moyens. Le premier single, un 4 titres a été réalisé en 1998.
Markus était alors déjà impliqué. Nous avons ensuite demandé à Christoph et à Florian de nous rejoindre. Nous avons sorti Tridecoder puis Scary Word Theory. Un peu plus tard, Florian a quitté le groupe, le nouveau Clavier, Christian a fait son arrivée.

Comment envisagez-vous la création des morceaux ? Comment vous partagez-vous le processus créatif ?
Markus : Nous (Valérie, moi ou tous les deux) composons les morceaux et travaillons sur l’armature et la structure de ceux-ci, les agencements électroniques/numériques en particulier, via nos ordinateurs de maison ; Ensuite, on emmène nos maquettes au studio, pour enregistrer en compagnie de Christophe et Christian. Nous introduisons alors davantage d’instruments, Christoph conçoit et réfléchit sur les arrangements rythmiques, Christian sur les parties plus électroniques et Mario Thaler, notre producteur, s’interroge sur la façon de les enregistrer, de soigner les arrangements, etc. Néanmoins, l’assise principale et le fondement central des idées et du son de Lali Puna  provient généralement de Valérie.

Y-a-t’il un esprit de famille au sein du label Morr ?
M : Oui, beaucoup. Thomas (Morr) souhaite exclusivement travailler avec des musiciens qu’il apprécie et aime, musicalement et personnellement. Et d’une certaine façon, c’est vrai que Morr Music s’apparente à une grande famille, chaque personne se connaissant l’une l’autre et prenant plaisir à jouer en compagnie de l’autre. C’est un état d’esprit assez rare.

Quelles sont les pistes que vous aimeriez approfondir à l’avenir ?
V : c’est difficile à dire, alors que nous venons de finir cet album (Faking the Book) et je sais dés à présent que le prochain prendra un certain temps… Parce que, comme tu dois le savoir, Lali Puna est constitué de musicien comme Markus ou Christoph qui sont déjà investi dans d’autres groupes, Notwist et Console. C’est une sorte de cercle : à présent Notwist et Console vont travailler sur leur nouvel album et Lali Puna va s'accorder un peu de repos après avoir, évidemment, beaucoup tourné.

Est-ce que vos précédentes expériences au sein de The Notwist, Tied & Tickled Trio, Village of Savoonga ou ISO 68 vous ont permis de travailler de façon plus rapide, plus pragmatique… D’éviter certaines erreurs ?
M : Oui, bien sur. Néanmoins, chaque Groupe a sa logique et son alchimie propre… ce sont différentes voies de travail, et dans un sens la comparaison n’est pas facile. Ce qui peut être considéré comme une erreur pour un groupe peut-être exactement ce que recherche un autre groupe.
De cette façon, tu dois toujours réfléchir différemment. C’est ce qui permet de maintenir constamment notre intérêt et de nous protéger de la routine.


Vous avez remixé à plusieurs reprises Two Lone Swordmen, Valérie a chanté récemment sur un morceau (Fed ex to München) de Radioactive man (side project de 2lone Swordmen) à paraître sur Rotters Golf Club. Quels sont vos liens avec le groupe ? Avec la scène musicale électronique plus généralement ?
M : nous avons fait la connaissance de Keith Tenniswood à un festival, à Bratislava, puis lors de plusieurs rencontres ensuite. C’est un type adorable et nous aimons tous deux énormément la musique.

Excepté le ep Clear Cut avec Bomb the bass et de nombreux remixes ou 7’, vous n’avez réalisé que 2 Albums en 6 ans d’existence. Pourquoi autant de temps entre les albums ?
M : Nous avons tant d’autres activités (musical et professionnel) à côté… Mais c’est vrai aussi qu’on a besoin de temps pour être satisfait de notre travail, ne jamais refaire ce que nous avons fait précédemment.

Vous avez participé à un Tribute to Human League, à un split ep avec Bomb The Bass ? Votre n’hésitez pas à mettre en avant votre patrimoine ? De qui vous sentez-vous les héritiers ?
V : en vérité, nous avons participé au tribut de Human League davantage parce qu’on nous l’a demandé que parce que nous sommes fans du groupe. Cependant, on aime généralement travailler avec des personnes qui ont une culture musicale différente de la nôtre, simplement parce que c’est plus intéressant et très enrichissant.

Qu’y a-t’il de plus personnel chez LALI PUNA qu’on ne retrouve pas dans vos autres projets (The Notwist, Tied & Tickled trio,  Village of Savoonga, ISO 68) ?
M : La voix de Valérie, son timbre, ses textes, sa manière de composer… le son du clavier, l’aspect minimal du rythme, cette façon abstraite d’arranger les instruments, d’employer les guitares. Et beaucoup d’autres choses encore…

Votre nouvel album (Faking the Book) semble plus énergique, incisif et plus marqué par l’urgence. Est-ce une manière de montrer de nouvelles facettes de votre personnalité ?
M : C’est quelque chose que nous avons découvert en jouant en concert. Il y a évidemment bien d’autres possibilités et alternatives, d’autres voies à explorer dans Lali Puna que celle que nous avons tenté sur cet album. C’est quelques chose que nous avons tenté de réaliser sur ce disque.
Mais, au fond, je pense que Lali Puna reste néanmoins très loin du format d’un Indie rock-band. À mon sens, c’est davantage un groupe pop disciple de l’électronique qui utilise des éléments rock.

Votre musique navigue avec beaucoup de finesse entre électronique, folk et pop-rock ?  Quels sont les apports de chacun de ces styles selon vous ? (Questionnement et incertitude du folk /détermination et hédonisme de la musique électronique).
V : Lali Puna a des influences qui pointent dans de nombreuses directions, depuis Young Marble Giants, My Bloody Valentine, Laurie Anderson, Stereolab en passant par Kraftwerk, Mouse on Mars et Aphex Twin jusqu’à Team Dresch, Le Tigre sans oublier les songwriters de la trempe de Smog, Bonnie Prince billie ou Johnny Cash.

Vos sources d’inspirations sont-elles uniquement musicales ? Cinématographiques ? Plastiques ? Qui vous influence ?
M : Nos inspirations proviennent de multiples sources et domaines : depuis des films comme Dogville en passant par les comics d’Adrian Tomine ou encore le design de Neasden Control Center…
V : … Pipilotti Rist, Mike Kelley, Sophie Calle. L’idée pour certains que nos photos de presse sont basées sur les vidéos de Cindy Sherman, par exemple.

Quels albums récents écoutez-vous fréquemment ? Quels disques fondent les bases de votre culture musicale ?
M : Hymnie’s Basement , The Books, Themselves, Cloudhead, toute sorte de vieux disques.
V : La B.O de Lost in Translation, le nouvel Isan, Hank Williams.


> Rédaction
© Julien Jaffré [contact] | Jadeweb 2004

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