Prologue
de la Passion des anabaptistes
L’histoire
du mouvement sectaire protestant révolutionnaire des anabaptistes
de Münster est une histoire vraie, peu connue, mais très
riche de sens. Elle se passe dans l’Allemagne de 1493 à
1536, à l’époque de Luther, d’Erasme et de Dürer.
Souvent qualifiés de proto-communistes, les anabaptistes
de Münster ont développé une idéologie de la révolution
étonnamment moderne, qui trouve de troublantes similitudes
avec plusieurs idéologies de notre XXe siècle.
Dans l’ivresse de leur action, les anabaptistes ont cru
toucher de près le faîte de la victoire politique. Mais
tout, très vite, s’est précipité vers l’échec, et les anabaptistes
furent abandonnés puis trompés par leurs premiers compagnons
de route, les luthériens.
L’Histoire consacra, comme on le sait, les luthériens. En
retenant les noms de Luther et de Melanchthon aux dépens
de ceux de Joss Fritz, Müntzer ou Jean de Leyde, l’Histoire
a donné raison aux révolutionnaires qui ont su se détourner
de l’option radicale, trouvant plus judicieux de pactiser
avec les forces politiques dominantes. La véritable défaite
politique fut subie par les anabaptistes, anéantis pour
ne jamais avoir fléchi, ni accepté la moindre concession.
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Format 28,5x37,5 cm
> Noir et blanc
> ISBN 978-2-35212-112-1
> EAN 9782352121121
> 80 pages - Prix : 30
Imprimé sur Tintoretto
Ceylon Sesamo 350g (couverture) et Munken Lynx smooth 140gr.
Paru le 16 octobre 2014
DIFFUSION/DISTRIBUTION
France, Belgique, Suisse : Volumen
Canada : Dimédia
Chronique
de Nicolas Tellop dans Chronicart
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Thomas
Müntzer constitue le second volume de la trilogie La
passion des Anabaptistes. Il aborde la théorisation de la révolution
et conte le second soulèvement populaire du début du XVIe siècle
dans le Saint-Empire romain germanique.
Pendant les guerres paysannes, le jeune Martin Luther prit la défense
des paysans et des miséreux et prêcha des idées plutôt guerrières,
suggérant par exemple de « se laver les mains avec le sang des évêques
et des cardinaux de Rome ». La jeune secte anabaptiste, à cette
même époque (1517), adhéra pleinement au discours de Luther et diffusa
avec lui une haine énergique de Rome.
Apparut ensuite, vers les années 1520, un certain Thomas Müntzer,
jeune théologien atypique qui se fit rapidement connaître comme
le nouvel héros de la révolte paysanne et mit en place une véritable
ligue secrète et séditieuse, ayant pour objectif de déstabiliser
le pouvoir en place. Ses discours étaient plus durs encore que ceux
prêchés par Luther, si bien que ce dernier fit marche arrière assez
rapidement et opta pour la diplomatie, préférant les intrigues et
les compromissions avec les instances au pouvoir. Dérouté par ce
Müntzer venu de nulle part, Luther s’éloigna de plus en plus des
vues du champion des anabaptistes et finit par lui jeter publiquement
l’anathème.
Quatre ans
après le volume I, Ambre & Vandermeulen proposent enfin le second
volet de cette trilogie de La Passion des anabaptistes.
Ecrit avec la rigueur qu’on lui connait lorsqu’il entreprend des
récits historiques documentés, David Vandermeulen (prix Château
de Cheverny de la BD historique 2009 pour Fritz Haber) continue,
en s’appuyant sur une importante bibliographie, sa lecture personnelle
de l’histoire allemande.
Ambre, par ses mises en scène et ses dessins particulièrement denses,
puissants et oniriques, s’est réapproprié avec un même souci de
rigueur la poésie de l’horreur humaine que les Dürer, Holbein et
autres Graf, avaient su rendre dans leurs oeuvres gravés. il a pour
l’occasion mis à profit ses qualités de chercheur à la Bibliothèque
nationale de France pour se documenter au mieux et tenter de traduire,
avec des codes esthétiques modernes, l’oppressant malaise philosophique
d’une époque, dont les thèmes centraux étaient la relation toute
particulière que l’homme du XVIe siècle entretenait avec son corps,
Dieu et la Justice.
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