Chronique
sur
Sceneario.com par Sbuoro, 17 avril 2009
Des corps se frôlent, se rencontrent et dansent... C’est
l’acte d’amour qui se déroule sous vos yeux. L’amour plaisir,
l’amour complice, l’amour sincère. Mais l’amour sportif, aussi,
l’amour technique, celui qui voit les partenaires changer de
position parce que le dos ou les genoux n’en peuvent plus, parce
que la respiration s’emballe... C’est l’amour et tout ce qui
se passe dans la tête en même temps. Alors c’est plus ou moins
net, hargneux, doux, vibrant... Et c’est en noir et blanc, traduit
en images par Edmond Baudoin qui a voulu sortir de son corps
pour se voir à l’oeuvre...
Une courte préface, comme quelques mots échangés dans l’excitation
avant de se glisser sous la couette...
Un témoignage plus long, plus personnel, en fin d’ouvrage, comme
une confidence favorisée par le rapprochement qui s’est fait...
Et au milieu, des dessins. Plein de dessins. Jetés. Puissants.
Des pages entières, muettes, faisant de nous les témoins de
ce que l’auteur a bien voulu nous faire partager de ses ébats.
Corpus Song n’est pas un Kama Sutra. Ce n’est pas non
plus un film pornographique. Mais ce n’est pas pour autant un
sage recueil à mettre entre les mains de tout le monde. C’est
du sexe, des émotions, et c’est à la fois une expérience graphique,
un défi lancé à lui-même pour Edmond Baudoin qui a voulu s’exprimer
sur tout ça "autrement"...
On aime ou on n’aime pas. Peut-être que certains auraient préféré
que le trait soit plus lisse. Peut-être que d’autres auraient
aimé plus de transitions dans les mouvements d’une page à l’autre...
Peut-être que certains trouveront que le graphisme trop sale
représente mal les instants magiques évoqués... Chacun aura
son avis sur la question : Corpus Song ne laissera en effet
pas indifférent ; que ce soit sur le fond ou sur la forme. Les
formes ? |
Chronique
dans L'avis des Bulles #117,
par Jean-Charles Andrieu de Levis, mai 2009
Si BAUDOIN nous avait habitués à des livres poétiques remplis
de dessins et textes qui transcendent les relations amoureuses,
il se faisait plus discret sur l'acte sexuel. Peut-être par
pudeur. C'est avec cette même pudeur qu'il illustre cet acte
amoureux de façon brute, sans détour. Il en va de même pour
la représentation du sexe masculin. S'il dessinait peu de pénis
auparavant, l'organe est ici très librement exposé. Deux dessins
d'une demi-page de ce sexe viennent donner de la grâce à cet
organe sale selon sa mère : il se libère ainsi de cette frustration.
Loin d'être une banale série de dessins pornographiques, le
pinceau de BAUDOIN chante les ébats amoureux d'un couple. Les
corps s'enlacent, se pénètrent, se confondent dans une danse
effrénée à l'amour. Dans une page, l'auteur peut illustrer diverses
positions, ou bien réaliser plusieurs dessins (souvent presque
identiques) d'une même position, ralentit de l'action, insistance
sur la beauté du mouvement : BAUDOIN nous retranscrit ici son
amour du sexe et la musique de son trait est accompagnée par
le rythme de la construction et de la mise en page, qui s'accélère
parfois, avec une accumulation de dessins qui deviennent de
plus en plus denses, pour trouver son apogée dans une double
page, et repartir plus calmement : en amour comme dans la vie,
tout est question de rythme. Du grand BAUDOIN, qui n'aura de
cesse de nous surprendre par la mutation constante de son discours,
dont la substance principale reste son amour des femmes. |