Le rialto

 

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ROBBY
Le gentleman de titane


Majordome d’acier, icône incontournable de la science fiction fifties, et accessoirement distillerie ambulante, Robby est le parfait représentant de la race des bonhommes en fer. Petite visite dans les rouages cybernétiques du robuste robot...

Crée en 1954 pour les besoins de Planète interdite (1956), Robby le robot est l’œuvre d’une poignée de designers fous avides de perfection, qui vont transformer une série B produite par MGM en un feu d’artifice visuel qui traumatisera des générations entières de mouflets, cloués à leur fauteuil, la morve au nez. À la sortie du film, le traumatisme a un nom : Robby ! Plus costaud qu’un autobus d’haltérophiles dopés, bien meilleur cuisinier que Micheline & Maïté, parlant 187 langues et possédant un humour certain, l’amicale machine devient le symbole évident d’une science fiction ultra perfectionnée qui enfonce largement tout ses petits copains robots de l’époque. Même en France (où le fantastique est autant apprécié que la peste bubonique), à l’occasion de la sortie du film, Robby descendit les champs Élysée à bord d’une voiture, tel le pape en visite, et eut même l’indicible honneur de se faire interviewer par la toujours liftée France Roche, avant de se voir consacrer une page rien que pour lui dans un numéro de L’express ! En 1957, notre ami en fer blanc fait son grand retour dans le niais The invisible boy, où il interprète le rôle d’un robot (!) ami des enfants, qui devient méchant dés qu’un vilain computer lui balance de sales informations dans la tête. C’est donc avec plaisir que l’on peut apercevoir sa silhouette bibendumesque rendre un morveux invisible (d’où le titre) et jouer au base-ball avec une batte à la main ! On signalera aussi que peu à peu, Robby devint une véritable vedette de la télévision, jouant les guest-stars dans Columbo, La quatrième dimension, ou encore The love boat...

Tout cela pour en arriver en 1976, où le pas encore connu Joe Dante, futur réalisateur de Gremlins, utilise notre conserve préférée dans son orgie cinématographique Hollywood boulevard. Il est bon de signaler qu’à dater de ce jour, Joe fut si content de la performance d’acteur du robot, qu’il l’embaucha pour une apparition dans tout ses films ! Vers le milieu des années quatre-vingts, on retrouve un Robby tout propre et flambant neuf suite à un relookage total de sa personne, et c’est l’ultra prolifique Fred Olen Ray qui en fait un de ces héros fétiche dans le très poilant The phantom empire, joyeux nanar fantastique emballé en six jours, où le charismatique robot tripote les tétons de la teutonne Sybil Danning, raflant par la même occasion un cachet sans doute équivalent à la moitié du budget total du film, atteint de nanisme il est vrai. Depuis cette époque, on peut parfois croiser le synthétique regard de Robby le robot au détour d’un téléfilm ou d’une série télé. Cruelle est parfois la vie...

Pierre Henri de Castel-Pouille