Le
7 octobre 1993, j’écrivais une lettre à Monsieur Jean-Jacques
Anglade qui était à l’époque Maire de la ville de Vitrolles.
En voici des extraits : "Monsieur le Maire, Voici donc
La Mort du Peintre. Sa réalisation fut pour moi un moment intense.
Et c’est grâce à vous, aux femmes et aux hommes à qui vous avez
fait confiance que ce livre existe (…). Vitrolles est représentative
de beaucoup d’autres villes nouvelles en France et sûrement en
Europe. Représentative des difficultés inhérentes à la jeunesse
d’une ville, difficultés aggravées aujourd’hui par le contexte
économique et social (…). Ce livre maintenant vous appartient.
Il vous appartient de l’utiliser comme vous l’entendez (…)".
Quand ensuite Monsieur Anglade a lu La Mort du Peintre, il
ne l’a pas du tout aimé. Il n’a pas voulu que la Médiathèque de
Vitrolles, qui en avait acheté un certain nombre, puisse le proposer
au public. Et, surtout, il a menacé de sanctions les deux responsables
de la Ville qui m’avaient contacté et offert une résidence de
plusieurs mois pour faire ce livre : Pierre Jacques, directeur
des Affaires Culturelles, et Henri Naiditch, directeur du service
Lecture Publique.
Dans les années qui ont suivi, Vitrolles a fait l’expérience d’une
municipalité dirigée par l’extrême droite. Ce livre n’y est naturellement
pour rien. Pour rien non plus dans son retour vers une mairie
à sensibilité de gauche. La Mort du Peintre est simplement
une photographie de Vitrolles faites dans les débuts des années
90. En 1993, l’éditeur était Niçois, c’était Z’Editions. Les difficultés
économiques ont eu raison du courage de cet éditeur qui a osé
publié les premiers livres de Kamel Khélif et de Troubs, deux
grands de la bande dessinée.
Edmond Baudoin, septembre 2004