JadeWeb
:
Dans votre approche, qu’est-ce qui vous différencie d’autres
compagnies de Théâtre de rue ?
Mis à part
le fait que nous avons les moyens de nous payer le capitonnage en
moumoute orange de la porte de notre bureau, je dirais que c’est d’avoir
choisi la parodie du quotidien sur un ton humoristique. Cela ressemble
beaucoup plus à du sketch et du canular qu’à du théâtre,
même de rue. De toute manière, l’expression "théâtre
de rue" est devenue un fourre-tout qui n’a plus grand sens… Sinon,
il y a le choix d’une moquette violette, toujours dans notre bureau !
La
genèse du projet ? Présentation actuelle du groupe ?
On était
un club des cinq, totalement désœuvré, et on s’est mis
à singer d’une manière totalement croûteuse Jean
Louis 2000 et son équipe en ressuscitant Yannick Chevalier
(grand mentor du deejaying à la française) pour une
soirée privée et pour une série d’émissions
pirates sur radio Béton. Et le jour où on nous a proposé
de nous payer pour une intervention, on s’est dit que les comiques
c’étaient peut-être pas nous ! De plus, on avait
tous envie de faire des conneries… Pour reprendre les Fabulous Troubadours,
" ma ville est le plus grand parc d’attraction "…
donc autant en profiter ! Sinon, de cinq personnes et de mon
placard à balai pour stocker notre matériel nous en
sommes maintenant à une vingtaine d’intervenants aux compétences
variées et à la présence plus ou moins régulière.
Ce qui est important pour nous est que tout ça doit rester
avant tout un plaisir. Pour certains, c’est un hobby occasionnel.
Nous ne sommes pas des comédiens professionnels et ne voulons
pas l’être. Pour résumer c’est une plate-forme, une structure
pour essayer de réaliser certaines envies. D’ailleurs, on va
essayer de diversifier nos activités en essayant de lancer
des soirées avec des concerts, des perfs et surtout travailler
sur l’ouverture musicale.
Quels
sont les différents thèmes de vos spectacles ?
À
l’heure actuelle on travaille sur "Vigie pirate" qui est une équipe
d’agents de sécurité qui protège de tout et n’importe
quoi et qui mêle l’univers des pirates, celui des forces de
l’ordre et celui des milices privées. Sinon l’autre intervention
phare est "Les Explorateurs" qui se décline en plusieurs versions.
En gros, c’est une équipe de colonialistes qui découvre
une nouvelle terre et qui essaie d’en tirer le meilleur parti en exploitant
son prochain en toute bonne foi. On a aussi des faux présentateurs
radio et Michel Delbiche. On a fait plusieurs créations à
caractère unique pour des événements donnés.
Par exemple, on avait organisé un grand téléthon
pour repeupler les pays en voie de vieillissement avec le parrainage
d’une fausse star du porno qui voulait se racheter une conduite en
faisant de l’humanitaire ! Suite au largage des dons par canadair,
l’Italie du Nord va beaucoup mieux…
Qui
est Michel Delbiche ? Il a, paraît-il, fait des premières
parties plus que prometteuses ?
Michel
Delbiche, chanteur de variété pour femmes, est un personnage
qui essaie de sortir actuellement la musique de son inertie créatrice.
Il n’est pas italien mais berrichon car né à Sancoing
(le plus grand marché au bestiaux d’Europe !). À
son palmarès, entre autres, il a en effet la première
partie de Richard Gotainer, la première partie des Roller Coaster,
de Salmonella Dub et un happening-hommage à Franck Mickael
au palais des congrès de Tours. Il a choisi d’explorer en concert
la formule Tube-Repride-Reprise du tube. Si vous voulez en entendre
plus, allez jetez une oreille sur le
site.
Quelles
relations cherchez-vous à établir avec le public ?
Tout
simplement s’amuser avec eux mais quand même avec l’idée
de s’interroger sur ce qui les entoure, le vrai et le faux, sur les
représentations que l’on peut avoir de choses banales. Mais
pour être totalement honnête, on réalise des choses
qui ne sont rien d’autre que de vastes conneries ! !
Quel
pourrait-être le fil d’Ariane reliant chacune de vos performances ?
La parodie,
la dérision du quotidien (la sécurité, le star-system,
la peur de l’autre, les grandes messes festives…) ; bref des
choses que j'ai déjà citées un peu plus haut.
De
quelles manières dosez-vous la proportion d’improvisation et
de "séquences travaillées" au sein de vos interventions ?
Salaud !
T’as pas fini avec tes questions qui dérangent ! Les interventions
sont calées en terme de scénario, de fil conducteur
mais nous travaillons tous en dehors de la compagnie. Ce qui fait
que nous répétons peu à chaque fois. Nous construisons
nos personnages à force de faire, avec l’expérience.
Comme je l’ai déjà dit, nous ne sommes pas comédiens
et ne voulons pas spécialement l’être. Ce qui est aussi
un avantage car on conserve une certaine naïveté et on
est prêt à faire beaucoup de choses ! Mais nous
avons prévu pour cet hiver de travailler sur deux spectacles
en répétant certaines séquences clés de
manière régulière.
Cela
ne favorise-t-il pas la schizophrénie de simuler autant de
personnages différents ?
Non !
bien au contraire parce que ça me permet de faire et dire des
choses, de détourner des lieux et des situations. Beaucoup
de choses que je ne pourrais pas faire dans mon quotidien ! Récemment,
je me suis éclaté à déambuler juste en
pagne, en bon sauvage, dans les rues de Poitiers, à rentrer
dans les magasins, à arrêter et dompter un bus, à
piquer des choses aux gens, etc. Bref s’octroyer la possibilité
de faire quelque chose qui n’est pas conventionnel mais qui n’est
pas non plus super incroyable, c’est peut être ça la
subversion pour anticiper la question suivante car faisons tomber
les masques ! Cette interview n’est pas en direct comme les lecteurs
pourraient le croire ! Faites tomber le voile de l’hypocrisie
M. Jaffré ! ! ! Non, pardon je m’emballe…
Vous
vous permettez des actes assez osés, comme ce Père Noël
raide bourré, grabataire sniffeur invétéré
de coke, entouré de gogo danseurs S.M. en string et d'un élan
mutant…
Dis-moi
pas que tu n’en as jamais rêvé ? ! Non, c’est
pas spécialement osé… Là où ça
serait osé c’est de le faire dans une rue piétonne ou
une galerie commerçante ! On va sûrement le faire !
d’une manière générale c’est les plans comme
ça, les happenings, qui sont les plus riches parce que ça
perturbe l’ordre des choses.
Est-il
bon d’être désinhibé, voire de mettre au placard
son amour propre pour intégrer la compagnie D ?
Je dirais
que c’est bon pour tout le monde ! Je voudrais que le monde soit
un goûter d’anniversaire permanent avec les Bisounours, Noël
Godin et Kiss comme animateurs ! ! Par contre, évitez
que Ian McKay s’occupe du buffet, merci !
Quels
échos vous renvoient les gens de votre spectacle ?
Que
nous les faisons rigoler ! Même si c’est parfois sans prétention.
Quels
sont les activistes de votre région ?
Sans
faire slogan du conseil général mais la Touraine c’est
bien ; vivre ailleurs ça craint ! (je ne suis peut
être pas totalement objectif !). C’est une ville très
riche culturellement depuis de nombreuses années. Je ne citerai
personne pour ne fâcher personne. Bon, il manque quand même
un lieu de concert et de fête de taille moyenne.
Trouvez
un slogan définissant au mieux la compagnie ?
"On
l’a fait !… Et alors ?".
Le site de
la compagnie D
|