Le rialto

 

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LE LIVRE EROTIQUE DE LA JUNGLE

Le détective privé Edmond Douneu est chargé par sa banque d’une mission délicate : retrouver Béatrice, la fille d’un multimillionnaire canadien, disparu quinze ans auparavant en Afrique. À sa grande surprise, ses camarades et lui-même vont se retrouver dans les griffes de la terrible tribu des Papouilles et de leur mystérieuse déesse blanche…

Dès le générique, on est étonné par la qualité du nanar : joli générique, photo aux petits oignons, belles images et apparemment budget confortable pour ce type de film réservé à l’époque à un public purement adulte. On découvre ensuite avec plaisir le nom de David Friedman au poste de producteur (et de scénariste !). Friedman, l’homme qui se cache derrière les sanglants Blood feast et Color me blood red, mais aussi les sévèrement burnés Ilsa la louve SS, Space thing et ses lesbiennes spatiales de l’an 2069, et autres Chevauchées amoureuses de Zorro, signe là un de ses plus gros succès (plus de dix millions de recette !). Mais comment ne pas craquer sur ces acteurs qui jouent (volontairement ?) comme des patates, sur ces gags carambars où l’on se fait piquer des bananes par des gorilles albinos ; sur ces situations trouduculnesques où ça tripote de la tétine tel un adolescent boutonneux à l’aube de son premier émoi. Bien sûr, il y a prolifération de miches, cargaison de poils et autres apparitions d’anus, mais tout cela reste mignon, naïf, jamais graveleux. Au détour d’un plan, les animaux mal filmés se mettent à parler et se foutent gravement du nom du héros (Edmond Douneu), les porteurs indigènes se retrouvent soudain chaussés de baskets blanches (?), et le détective se déguise en Sherlock Holmes.
Tout le monde tripote gentiment tout le monde et le film coule tranquillement vers son générique de fin. Soudain, on est surpris par la tribu des Papouilles (et ses papouillettes) qui swinguent pour annoncer la venue de leur reine, la déesse blanche, puis on s’égosille d’hilarité devant les séquences explicatives en noir et blanc (lignée Benny Hill à poil sous acide). On retiendra aussi la chute particulièrement bidonnante en découvrant que Nabuko, le grand gorille blanc n’est en fait qu’un ancien nazi bavarois dans un costume pourri (pour le costume, on avait remarqué). À force de sourires en coin, du jeu poussif des acteurs, de décors montés à la va-vite (le bar et son unique table, la jungle pas vraiment touffue…), et d’auto-parodie révélatrice, le gentil filmounet emporte haut la main la sympathie du spectateur qui, entre un bout de téton et deux gags foireux à base de prout, se régale de tant de niaiserie cinématographique.

Disponible en supermarchés au rayon des slips en fourrure

Pierre-Henri de Castel Pouille

LE LIVRE EROTIQUE DE LA JUNGLE (Trader hornee) | 1970 | USA | couleur | 83 minutes |Réal : Don Tsanusdi (en fait Jonathan Lucas !) | Int : Deek Sills, Buddy Pantsari, Elisabeth Monica, la célèbre tribu Papouille et ses papouillettes.