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éditions
Albin-Michel, 1984.
ISBN
2-226-01749-6 - Publié en 1980 aux éditions du square - Public
adulte
"La
guerre a éclaté. Aucun survivant ne peut dire l'ampleur du désastre. Des
régions entières ressemblent à des quartiers de lune noircis et poussiéreux...
Mais plus loin ?... Quelque part en Russie, le navigateur de première
classe Ardeur fonce plus loin, toujours plus loin. Il fuit le front nord
et ses cratères atomiques".
Ardeur
n'est plus un militaire et il n'a plus de visage. Il fuit le cataclysme
auquel il a échappé sans avoir vraiment d'autre but, traversant des forêts
de conte de fées sans fées et des champs sans cultures et boueux, des
villes mal réveillées où s'organise l'ordre nouveau (tendance brune).
Le lecteur accompagne la déroute du héros avec effroi.
Ardeur
présente un monde sans repères, en pleine régression, ombre de son passé.
Les décénies de notre siècle sont mises à plat, mélangées dans une sorte
de non-temps hagard et fascinant.
La noirceur du premier tome est saisissante de réalisme. Le public
réclame des témoignages vécus, en voici un : c'est, certes, une fiction,
et même une fiction plutôt improbable maintenant que "le mur"
est tombé, mais on a du mal à ranger l'album dans une bibliothèque sans
se dire que, quelque part, il raconte une histoire vraie.
C'est une sorte de rêve - ou de cauchemard, mais je n'ai jamais
vu la différence - c'est à dire un récit plus crédible que n'importe quelle
vérité.
Il faut dire que le trait d'Alex Varenne y est pour beaucoup :
peu détaillé, il ne nous laisse presque aucune chance d'échapper à l'ambiance
par quelque maladresse graphique. Mieux, notre oeil n'est pas repoussé
par le dessin aujourd'hui presque devenu trop adroit de Varenne.
JN.

Ardeur est une série : Ardeur (1980), Warshau (1981), La grande fugue
(1981), Berlinstrasse (1983), Ida Mauz (1983), Jack le Vengeur (1987).
L'ambiance très forte des trois premiers tomes se dilue ensuite un peu.
En gagnant en complexité, le récit perd en épaisseur. Alex Varenne
est maintenant devenu un auteur spécialisé dans un érotisme graphiquement
intéressant... Sans plus.
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Un
séjour chez des ogresses et une case visiblement très inspirée par Rembrandt.

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