À
ses amis du rebut, elle raconte alors des courtes histoires surréalistes,
de petites utopies de textiles, des métaphores fugaces du quotidien
empreintes de douceur, de candeur ou d’ironie.
Artisan avant d’être artiste, autodidacte éclairée
plutôt que carriériste appliquée ; ses ouvrages
émancipés des préjugés et de la pesanteur
de la réalité, puisent dans les détails abstraits
de son existence : rêves, images familières, morceaux
choisis de l’intimité.
Elle crée, au détour de petites œuvres émouvantes,
réflectives, drôles ou détraquées un univers
onirique, un monde fantasmé où des oiseaux à
tête anguleuse côtoient des chats cosmonautes, où
des éléphants bleus tachetés cabotent et des
félins complotent sur la glace en attendant la fonte. De ces
consommés de vie, d’imagination, elle tire, via un trait de
crayon ludique et assuré, des bestiaires colorés et
absurdes, de petites fables pastorales ou urbaines, à l’image
de ces personnages névrosés de la capitale.
Le choix de matériaux de récup’, l’utilisation de tissus
d’ameublement inusités, d’étoffes aux imprimés
désuets comme décors à ses petits dessins drolatiques
ainsi que l’emploi des couleurs primaires participent de l’esprit
nostalgique et enfantin qui plane sur son œuvre.
Des paraboles poétiques, des fictions délicates qui
s’imprègnent de la personnalité de leur auteur autant
que du monde qui l’entoure. Une manière subtile et engagée
d’élever nos âmes, une once au-dessus de l’asphalte de
nos quotidiens un peu trop ternes.
Jadeweb
: Genèse ?
Béatrice Myself : Je
dessine je crois depuis l'enfance, c'est indéfinissable, j'ai
toujours dessiné en parallèle de mes autres activités,
mais plus intensément depuis dix ans (déjà !),
et maintenant il y a deux ans que je ne fais que ça.
Thèmes
de prédilection ?
Le quotidien,
les rêves, l'absurde, les animaux, en particulier les chats.
Inspiration ?
Je la
trouve dans des petites phrases de la vie, des scènes que j'observe,
que j'entends, soit dramatiques soit ultra comiques, en fait bien
sûr je m'écoute beaucoup (je suis quand même myself !)
et donc il y a beaucoup d'autobiographie dans mes dessins ! La
musique aussi bien sûr puisqu'elle fait partie de la vie. Mon
flux créatif est beaucoup plus abondant quand je suis fatiguée,
et oui, d'autres se cament ou boivent, moi pour parvenir à
être un peu fière de ce que je fais, il faut que je dorme
peu. La fatigue m'aide à être plus sensible, plus "en
tension". Pour le dessin c'est bien, pour l'entourage c'est moyen !
Tes
références, les travaux qui t'attirent ?
La figuration
libre et en particulier Robert Combas m'a vraiment influencée.
Aujourd'hui, j'apprécie vraiment le dessin de Poincelet, le
travail de Blanquet et Olive, la peinture de Placid. Les écrits
d'Henri Michaux aussi me touchent, les carnets de voyage de Loustal.
J'adore aussi Ricardo Mosner.
J'en oublie
bien sûr, mais je m'émeus très facilement devant
un dessin d'enfant, ou une pancarte représentant un cochon
devant une charcuterie, un motif de tissu, une boîte de sardines,
le papier qui emballe une orange, des peluches écrasées
d'un artiste modeste. On peut voir l'art partout puisqu'il est nulle
part.
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Béatrice
Myself à un atelier-boutique à Tours
29 rue du Grand Marché - 37000 Tours
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