Pour
en savoir plus sur Cioran
Né
dun prêtre Orthodoxe Roumain dans un village de Transylvanie,
Cioran chérit tout au long de sa vie son village natal, où
il connut une enfance heureuse. Son monde seffondra lorsque sa
famille déménagea pour une plus grande ville, dont il
fréquenta le lycée. Il se mit à lire abondamment
le jour et à errer la nuit dans les rues désertes, souffrant
dinsomnies qui pouvait durer des semaines. Sa dépression
grandissante le conduit à perdre intérêt dans le
violon, quil chérissait, et à développer
un intérêt morbide pour la religion. Il se passionne pour
les saints et les mystiques et commence à débattre de
questions religieuses avec son père. A luniversité,
il étudie la philosophie et lart avec un intérêt
prononcé pour Bergson et lidéalisme allemand. Il
fit parti de la « génération 1927 », un groupe
détudiants prêchant la révolution culturelle,
dont les membres incluaient Mircea Eliade, qui allait devenir un professeur
des religions émérite et Eugène Ionesco, qui deviendrait
plus tard un des auteurs de théâtre les plus marquant du
XXème siècle. Il obtient son diplôme avec un essai
sur lintuitionnisme Bergsonnien, mais cest avec son premier
livre écrit en roumain, « Sur les cimes du désespoir
», quil obtient une bourse, quil consacra à
deux années détudes à Berlin.
Avant son départ, sa mère lui avoua que si elle avait
su à quel point il serait malheureux elle se serait fait avorter.
Il vécut, de ses propres termes, comme une « parasite »
et publia quatre ouvrages en roumain avant dimmigrer à
Paris en 1937, où il vécut, modestement le reste de sa
vie. Il surmonta finalement ses insomnies en faisant du vélo
jusquà lépuisement. En traduisant Mallarmé
en roumain il découvrit « la faiblesse inhérente
du roumain » et commença à écrire exclusivement
en Français. Il réécrivit son premier ouvrage en
Français quatre fois, puis fût publié par les éditions
Gallimard avant de gagner le prix Rivarol, le seul prix quil accepta
de son vivant. Il mena une vie détude tranquille et solitaire,
simpliquant cependant un temps dans la communauté parisienne
dartistes et décrivains qui était particulièrement
active dans les années 50 60. Il devint ami avec Samuel
Beckett, mais Beckett perdit par la suite sa sympathie pour le pessimisme
de Cioran. Il était ami avec la plupart des expatriés
roumains ainsi que beaucoup dexistentialistes, surréalistes
et de fondateurs du théâtre de labsurde. Bien quil
soit très côté dans les cercles littéraires,
il était peu connu du grand public ou pour le reste du monde,
à lexception de certains écrivains internationaux
davant garde.
Pour subsister, Cioran faisait appelle à des subventions et travaillait
comme traducteur pour de nombreuses maisons dédition. De
ses propres mots « je ne gagne pas ma vie, je survis. »
Il vécut dans le même appartement minable dun quartier
à la mode de Paris pendant près de trente ans. Les dernières
années de sa vie il se retira de la vie sociale. Il ne fréquentait
plus les cafés et refusait les invitations à dîner.
Il préférait passer son temps à se promener dans
les jardins et les cimetières quand il nétait pas
absorbé par ses recherches littéraires. Au début
des années 90 il en eut assez « dinsulter Dieu
et le monde » et ne senti plus le besoin décrire,
ce quil accepta comme une récompense de son travail plutôt
que comme une punition. Il tomba malade en 1994 et après une
bataille qui dura plus dun an, il séteint à
Paris.
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