Chronique
sur BDGest
par A. Perroud, le 30/03/2009
C’est
un peu compliqué à expliquer, voyez-vous il s’agit d’une histoire
d’amour – ça fait toujours rêver l’amour – passionnée. Euh...enfin,
ce n’est pas du Barbara Cartland non plus. C’est plus un récit
d’aujourd’hui, une chronique sociale si vous voulez : le chômage
des jeunes, le malaise des vieux, la crise... Ce n’est pas
rébarbatif pour autant, c’est moderne et drôle aussi, il y
a de la musique et ça bouge, le fun quoi ! Ne bougez pas,
je m’occupe de la clôture et je vous raconte. Le début de
la lecture de la Clôture a tendance à désarçonner tant la
narration est dé-construite. Plusieurs petites scénettes sans
rapport apparent s’entrecroisent de façon aléatoire, puis,
peu à peu, une direction générale semble se mettre en place.
Le plus étonnant étant l’apparition de l’auteur qui, de fort
méchante humeur, sèche sur la page planche. Deux niveaux de
lecture se révèlent : des tentatives de début d’histoires
et une partie autobiographique. Rien n’est moins sûr, Fabcaro
sort pour prendre un peu l’air et croise physiquement ses
personnages. Le réel et la fiction s’entrecroisent. Quelle
dose de réalité dans la fiction ? Quelle est la part de la
fiction dans la réalité ? Que se passe-t-il quand la clôture
qui sépare ces deux mondes est brisée ? Lewis Trondheim avait
choisi la forme de l’essai dans Désoeuvré pour traiter des
mystères de l’inspiration et de la peur, terrible pour un
créateur, de se retrouver un jour « à sec ». Dans la Clôture,
Fabcaro (Droit dans le mur) se met également en scène, mais
il choisit une approche fictionnelle. Le récit est en lambeau
comme peuvent l’être les pensées qui défilent quand on laisse
aller son esprit. Des morceaux de réalité glanés ici et là
qui se suivent, s’emboîtent, s’entrechoquent et finissent
par former le tissu de nos vies. Élargissant son récit au-delà
de ses angoisses personnelles, Fabcaro parvient, d’une façon
très originale, à décrire la face absurde du monde qui nous
entoure. Loin des canons classiques de la narration, le petit
monde conçu par Fabcaro est néanmoins parfaitement huilé et
logique. La lecture nécessite une attention soutenue, car
chaque case possède un petit détail qui fera la différence
à un moment du récit. La Clôture est une bande-dessinée originale
et complexe, admirablement réalisée et chaudement recommandable
à tous amateurs curieux du 9e art. |
Interview
sur Scenario.com
par Sburo, le 24/03/2009
Chronique
sur Scenario.com
par Sburo, le 24/03/2009
C’est à un exercice périlleux
que s’est livré Fabcaro avec cette bande dessinée La clôture.
Périlleux parce que donner dans l’absurde ne garantit pas
toujours l’adhésion d’un lectorat hyper large, et cela surtout
lorsque le côté loufoque n’est pas que ponctuel. Mais c’est
aussi un plaisir qu’il a pu s’accorder en sachant sûrement
quelque part que ses fans le suivront dans ses observations,
dans ses réflexions et dans ses délires. Comme toujours
gentiment moqueur, Fabcaro met en scène dans La clôture
de nombreux personnages tous un peu plus azimutés les uns
que les autres. Un jeune chercheur d’emploi tombé de la
dernière pluie et super optimiste malgré ses prestations
navrantes... Une femme à la recherche de l’âme sœur qui
va se faire draguer par un mec top-funky... Un serveur,
un présentateur télé, une jeune danseuse, un D.R.H... Bref,
tout un petit monde qui n’a pas forcément à faire ensemble
mais que le fil conducteur du récit va faire se rencontrer,
se côtoyer ou se séparer... Il fait ainsi de sa bande dessinée
un essai à fort potentiel : ça aurait pu tourner à la comédie,
ça aurait pu tourner à l’histoire romantique, ça aurait
pu virer à l’intimiste ou à la chronique sociale... Ca aurait
même pu tourner à la SF ! Si !!! Au final, ça part assez
en vrille, hein, on ne va pas le nier... mais tout en restant
focalisé sur la condition de "Monsieur tout-le-monde" et,
intrinsèquement, sur la réalité du travail de création des
auteurs de bandes dessinées. On n’en attendait pas moins
de Fabcaro qui participe régulièrement au collectif JADE,
une publication qui aime aborder avec humour la condition
de l’homo-bandessinus. Déjantée, donc, et dessinée dans
le plus pur style Fabcaro, cette BD La clôture est un récit
choral dont les situations et les dialogues vous soutireront
des rires qui ne demandaient qu’à sortir. C’est donc une
lecture vivement conseillée ! A découvrir dans la collection
Monotrème des éditions 6 pieds sous terre.
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Chronique
sur L'avis de bulles # 116 par
Sophie de Lestang, le 15/04/2009
Deux acteurs jouent une scène d’amour. Un sympathique looser
à la logique bien particulière tente de réussir sa vie amoureuse
et professionnelle. Une jeune femme célibataire cherche l’âme
soeur mais semble inéluctablement attirer tous les crétins
de la création. Le rapport entre tous ces individus ? Ils
sont tous des personnages potentiels du dernier album de FABCARO.
Sauf que ce dernier peine à trouver l’inspiration et n’arrive
pas à “scénariser”. Normal, lorsque l’on a une femme, deux
filles et une clôture à réparer… Après deux albums autobiographiques,
deux oeuvres d’humour noir et une parodie de catalogue, FABCARO
nous livre une excellente mise en abyme qui, à l’image de
films tels que The player (ALTMAN) ou Ça tourne à Manhattan
(ALLEN), se penche sur les aléas du processus de création
ainsi que sur la condition des personnages, leurs rôles, leurs
droits et surtout leurs limites. Conformément à la théorie
de Stephen KING sur le libre arbitre hypothétique des protagonistes
de romans, FABCARO conçoit des personnages qui n’en sont pas
vraiment et qui finissent même par mettre leur grain de sel
dans une intrigue qui n’existe pas encore, le tout en se plaçant
lui-même au même niveau que les acteurs de son scénario en
gestation. Ce n’est pas très clair ? Vous n’avez qu’à lire
l’album et ainsi savourer par vous-mêmes son ironie profonde
ainsi que sa transparence absolue au moyen de laquelle les
tripes de l’auteur nous apparaissent encore plus clairement
que lors de ses oeuvres autobiographiques. Une exposition
sincère et émouvante doublée d’une pirouette narrative d’une
finesse remarquable. |
ZOO
#19 par Wayne, mai 2009
Un auteur dépressif en panne d’inspiration décide de squatter
son album et de prendre en otages ses personnages. Déstructurant
la BD chorale à l’extrême, Fabcaro enchaîne les situations
absurdes et les répliques nonsensiques dans un joyeux bazar.
Mais derrière cette déroutante mise en abyme se cache le thème
très actuel du manque de communication. Après les très biographiques
Le steak haché de Damoclès et Droit dans le mur, cet OVNI
périlleux, ce pétage de plombs perplexe, se révèle finalement
comme son livre le plus personnel. |