l




L'auteur Pierre Duba

> Collection Blanche
> Format 22x30 cm
> couv trichromie avec rabats
>ISBN 2-910431-06-1
> 84 pages | noir & blanc
> Prix : 10 €
Parution : novembre 2005


EXTRAIT EN LIGNE
4 pages au hasard



Avec L’absente, Pierre Duba livre un travail très personnel ou l’importance du graphisme, et son aspect novateur, est mis en avant à travers les paysages fugitifs défilant depuis un train en marche. Un peu à l’image de Giacomo Ballà et Umberto Boccioni, des avant gardes Italiennes du début du siècle, le déplacement et la vitesse sont les thèmes graphiques marquants de l’ouvrage, mais la finalité est bien différente. Là où, du temps de Boccioni, le modernisme se liait à l’optimisme comme vision du futur, Pierre Duba, ancré dans son époque en proie à une nouvelle vitesse (la communication mondiale), parle avec une certaine appréhension de la répétition des utopies mécaniques, des oblitérations qu’elles opèrent dans nos mémoires. Et surtout, de leurs finalités, y opposant le vécu affectif de chacun comme rempart à cette course effrénée. Un état de veille reposant sur la mémoire, trouvant son pendant graphique en la personne du voyageur contemplant le monde qui défile sous son regard.

aggrandir l'imageUn homme roule à vive allure dans la nuit. Il transporte avec lui les cendres de son épouse décédée. Depuis une fenêtre, dans un hôtel près de la gare de Béziers, il disperse les cendres sur les voies. L’aube se lève. Une nouvelle journée commence dans la gare. Les voyageurs se pressent, passent et disparaissent. Un chien s’amuse avec un carnet perdu par un voyageur.
Un homme finit par ramasser le carnet, puis prend son train pour Paris. À bord, il le lit.
C’est le journal intime d’une femme retraçant ses souvenirs d’enfance.
Tour à tour, tout au long du voyage, trois personnages livreront des extraits de leurs vies, de leurs attentes et de leurs émotions, tandis que défilent par la fenêtre du train les paysages des campagnes, villes et villages traversés. Trois voix qui se mêlent, faisant voyager le lecteur dans la temporalité, parallèlement au voyage physique où nous entraînent les images.
La première voix vient du carnet, simple, nostalgique, acquise à l’émotion. La deuxième voix vient du voyageur qui lit le carnet. Ce sont des pensées de voyages, celles que l’on peut formuler dans l’impression d’immobilité et de déplacement rapide que procurent les transports modernes. La troisième voix, pleine de recul et de philosophie, est celle de la femme dont les cendres ont été jetées sur la voie. Cette voix est extraite de Parole du sage, in Les cinq rouleaux de Henri Meschonnic (éd. Gallimard).
Ce trio posera, chacun à sa manière, une musique particulière sur les paysages que la vitesse du train défigure, recompose en tableaux presque abstraits, soustrayant ainsi la fugacité humaine à la réalité du monde.
Le train arrive à Paris, les flots de voyageurs se mêlent, anonymes.