Julien de Monotrains & Satellites et jadeWeb.
- Bonjour, c’est moi.


 



JULIEN JAFFRÉ

 

JadeWeb : Quel est votre premier souvenir musical ou sonore ?
La cloche sonnant la fin des cours (annonçant le début des grandes vacances).

Quels artistes ou chansons ont marqué votre jeunesse ?
J’avais un sensibilité certaine à l’égard des Schtroumpfs, la musique du générique avec leur petites voix à l’hélium (Ah ! la Démocratie Patriarcale participative ! ! !) Sinon, j’aimais surtout les figurines et les BD, et la Schtroumphonie en ut, notamment (pamphlet violent à l’encontre de la musique répétitive de Riley- La monte Young et des sleeping performance chères à quelques notables d’Extreme rec.).

Pensiez-vous travailler dans la musique ? Que souhaitiez-vous devenir plus tard ?
N’est pas Johnny Hallyday qui veut.

Y a t’il des sons désagréables (ou agréables) qui ont marqué votre jeunesse ?
Désagréable : J’avais en horreur les cours de flûte à l’école et l’idée d’en jouer en public me paralysait. Madame Raffin, ma prof de musique de l’époque m’a un jour interrogé sur un passage ….je tremblais tellement que je n’arrivais pas à maintenir les trous convenablement bouchés…depuis lors, je suis le dépositaire du "free flutio", Anthony Braxton me verse des droits, j’ai joué avec l’AEOC et depuis peu, on a réédité certains de mes albums chez Hatnoir et Tzadik (bien que je ne sois pas juif, marque de respect s’il en est.) bref, un mauvais moment.
Toujours dans les sons désagréables, les cris de ma sœur lorsque j’ai refermé la portière de la voiture familiale sur ses doigts. Avec mon pragmatisme et ma rapidité légendaire, je me suis empressé de baisser la fenêtre (au lieu d’ouvrir la porte), l’occasion pour moi d’écouter en dolby stéréo un récital pour une voix d’un vocabulaire assez peu châtié (pardon, petite sœur).
Et puis c’est navrant de banalité, mais le bruit des ongles sur un tableau ne me plait pas plus que ça. (et  Les Gargouillis de Ventre de 11 heures qui ruinent une réputation dans une cours de récré en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire)

Agréable : le bruit des voitures qui m’aidait à m’endormir (j’habitait au sixième ) et puis la musique de Mr Merlin, une série d’antenne 2 dont j’étais un fan assidu.

Est-ce que vos parents ont participé à votre éducation musicale ?
Ma mère jouait enfant de l’accordéon (je n’en ai gardé aucune séquelle si ce n’est d’écouter Guy "Cluvecek") et mon père jouait davantage du pinceau C’était de la variété très pointue, ça allait de Ginette Reno (un homme, ça tient chaud) à Nicole Croisile/Tuesday Jackson (i never leaved you)  et puis julien clerc (auquel je dois d’ailleurs mon prénom), Mort Shuman, Jean François Schoenberg  ("le premier pas" ) pas de parenté avec l’autre Schoenberg…les Platters, Fats Domino pour ma maman, plutôt Ferré et Reggiani pour mon papa…

Pouvez-vous raconter un souvenir d’enfance marquant, relatif à la musique (concert, spectacle…) ?
On m’a rapporté et certifié que j’avais bien vu ABBA au jardin d’acclimatation vers 1980, sinon, j’avais Karen Cheryl comme voisine d’immeuble (Haussman, dans sa bienveillance édifiait des immeubles robustes avec des murs bien épais). A part ça, ma sœur donnait des cours de maths à Ophélie Winter (véridique), on voit où l’amour des maths l’a mené (Shame on you, Ophélie) et puis je me souviens avoir annoncé la mort de Claude François à ma mère, le sourire aux lèvres, vu que pour moi le concept Claude François était un peu flou, et j’avais sans doute interprété cette mort comme une allégorie de son parcours professionnel de l’époque, alors déclinant ( c’est fou tout ce qui passe par la tête d’un enfant).
Sinon, la visite de l’ORL en CE2 et ses tests d’auditions, prémisses à une écoute attentive des albums de Ryoji Ikeda et Bernhard Günter.


Votre Top 5 de l’enfance

- Compter les pas me séparant du trottoir d’en face. Si c’est 8, mon vœu se réalise (Gabrielle est amoureuse de moi), si c’est 9, je recommence au carrefour d’après.
- Ecouter The Eye of the Tiger et The Final Countdown (Europe) en moulinant du bras (imitation approximative de Joey Tempest) genre "j’ai une guitare à deux manches et tu me respectes",  dans les couloirs du collège avant le cours d’EMT.
- Lécher du tang  au creux de ma main et dessiner ainsi des épures plébiscitées par les grands maîtres de l’art calligraphique (prise de conscience tardive).
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Devenir Avocat, prendre des mesures de rétorsions à l’encontre de mes parents, les traîner devant un quelconque tribunal International (Motifs de plainte : Association douteuse de rond en cuir  "protéges-coudes" et de matières inusités (lycra vermillon…) en vue de déstabiliser le plaignant aux yeux de ses camarades. Pratique expérimentale de la cuisine (aliments autres que des frites…) ; Câlins intempestifs, propos déplacer ("va faire  ton lit") à même de faire prendre conscience au plaignant de son statut d’enfant….)
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L’instant magique où le temps est suspendu : l’ouverture des paquets de Stickers et de Paninis : la découverte de la dernière partie du triptyque autocollants représentant la scène finale du banquet Schroumpfs. (pensez à échanger les " en double" avec Fabien Felliciani dans la cour de récré).
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Reconstituer à partir de figurines du village dans les nuages, de walt Disney  et  d’une légion de Schtroumpfs la bataille d’Azincourt  (Scénographie Complexe).
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Edifier un hôtel à la gloire de Michael Jackson, sans avoir de connaissances aigus des effets de portance et des principes constructifs de contreventement ; écouter Thriller en intégralité et en boucle sur une période préliminaire de 6 mois, manger comme Michael Jackson, marcher comme  Mickael Jackson (il s’est avéré par la suite que la pratique du Moonwalker, quoi qu’élégante, n’était pas d’une praticabilité évidente).
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Créer une dépression au sommet de ma purée, la dénommer Mont Mousline et faire jaillir sur ses flans la lave en fusion lancée à pleine vitesse (autrement  appelé sauce de poulet). Trouver ça cool et recommencer.
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Dresser des cabanes dans  les angles alambiqués de ma chambre, archétype de demeure à base de draps, de coussins, de mobiliers d’enfant enchevêtrés, de peluches et de bandes dessinées, avec, sommet d’art Païen, la présence d’une entrée secrète dissimulée par des stratagèmes de mon esprit d’enfant… ensuite, savourer la douce torpeur de cette cachette en dégustant du Nutella et en recomptant son lot de billes.

> Rédaction
© Julien Jaffré | Jadeweb 2003