JadeWeb
:
Quel est votre premier souvenir musical ou sonore ?
La ligne
de T.G.V. qui longeait ma maison, dans les quartiers nord de Marseille :
un train toutes les huit minutes pour marquer mes oreilles. Ça
m’aidait à m’endormir, j’ai été complètement
troublée quand on a déménagé, pour mes
dix-huit ans.
Quels
artistes ou chansons ont marqué votre jeunesse ?
Pendant
ma petite jeunesse, c’était Lil’Louis (le tube dance auch)
et Technotronic qu’écoutait mon frère, les pseudos cris
de jouissance mâtinés de beat et les basses vrombissantes
derrière la cloison qui séparait nos chambres. Pendant
ma moyenne jeunesse, on parlera de Jim Morrison et ses trois poils
au torse, l’intégrale des Doors que je me passais en boucle
tandis que je recherchais, rêveuse sur mon lit, des excuses
pour sécher les cours de sport de 5e 1 du collège
Arthur Rimbaud. À peine plus tard, il sera question de Tom
Verlaine et Television que j’écoutais au walkman sur l’autoroute
avec mes parents devant. Après, on tombe dans le domaine public
de l’Internationale Underground : c’est moins bandant.
Pensiez-vous
travailler dans la musique ? Que souhaitiez-vous devenir plus
tard ?
Petite,
je voulais rien faire de spécial, juste pousser tranquille,
faire des dessins, regarder des livres. Peut-être institutrice,
ou bibliothécaire. Pis l’adolescence arriva, ses boutons, ses
fringues mal coupées qui vous
tombent
toujours en sac à patates. Je n’ai jamais voulu, même
adolescente, même avec mon fanzine, faire ma rock-critic des
chicanes. Jusque l’année dernière, je voulais faire
maître de conférence à la fac, et décortiquer
avec une voix suave les différentes théories de l’art
en amphi, en matant des premières années de DEUG rougeauds
dans le fond de la pupille. Maintenant, je sais que je voudrais faire
de l’écriture un métier, mais pas forcément journaliste.
Et je programme du post-rock et de la house en attendant que mon heure
vienne.
Y
a t’il des sons désagréables (ou agréables) qui
ont marqué votre jeunesse ?
Voir
la réponse 1.
Est-ce
que vos parents ont participé à votre éducation
musicale ?
Une
vingtaine de vinyles à la maison : les Sputnicks, les
Shadows et un vynil rare D’où viens-tu Johnny a moitié
bouffé par les rats. Autant dire que mes parents, à
part le surf mainstream à guitare et le charleston sur lequel
ils dansaient pendant les mariages successifs des nièces, n’étaient
pas des plus pumpy. Mais on peut dire que par leur patience d’ange
et leurs sonotones d’amour, voui, ils m’ont aidé à développer
ma croissance musicale biscornue.
Pouvez-vous
raconter un souvenir d’enfance marquant, relatif à la musique
(concert, spectacle…) ?
un concert qui m’a touché le cœur : un arbre de
Noël de la boîte de mon père, avec Chantal Goya
et un prestidigitateur, ou encore un récital de piano où
l’on m’avait invitée sur scène, mais j’étais
trop timide. Un podium RTL avec Jean-Pierre Foucault et des stars,
sur la plage, le truc pour mater en douce avec des miroirs sur les
yeux, aux armes de la radio. Dire Straits pré-ado où
j’ai fait bouffer mes cheveux au type de derrière, désarmé
par tant de furie qui ne demandait qu’à s’exprimer en live.
Je n’avais pas encore de Doc Martens coquées à l’époque,
j’ai eu très mal aux pieds.
Votre
Top 5 de l’enfance
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45 t
de Barbe-Bleue, à moitié couvert de bave de gamine.
New
Kids on The Blocks, les stickers de OK Magazine échangés
avec les copines.
Jingles
Yannick Chevalier, des vinyls de bruitages et d’animations
DJ’s très très chers qu’écoutait mon frère.
Some
Friendly des Charlatans, découvert par hasard
en cassette à Carrefour à 10 boules.
Où
veux-tu que je regarde de Noir Désir parce
que le beau minois et les phrases incompréhensibles de
Bertrand Cantat m’ont fait découvrir Abus Dangereux
et Television.
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