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VAMPIRA
la maîtresse des ténèbres
Hôtesse
et présentatrice de films d’horreurs pour la télévision,
actrice dans une poignée de nanars, poétesse beatnik
et amie de James Dean, Maila Nurmi -dite Vampira- a fait disjoncter
plusieurs générations de jeunes mâles avides
de terreur. Petit historique de la plus voluptueuse des goules...
Après
avoir quitté sa Finlande natale, où elle naquit en
1921, Maila Nurmi s’installe aux États-Unis. Elle décroche
un petit rôle dans Spook scandals, un show dans
lequel elle porte un costume de squelette qu’elle enlève
bien vite pour un strip-tease. C’est ainsi qu’en 1951 elle se retrouve
dans les griffes du réalisateur/producteur Howard Hawks (La
chose d’un autre monde), qui veut faire
d’elle la nouvelle Lauren Bacall, puis la nouvelle Greta Garbo,
puis finalement la laisse tomber ! La belle Maila se retrouve
alors à gambader dans Hollywood avec de jeunes acteurs comme
Marlon Brando, Anthony Perkins, et surtout James Dean. Elle entretient
avec le beau James des rapports assez étranges. Selon ses
propres dires, ils étaient comme frère et sœur. Selon
d’autres personnes, Dean la fuyait comme la peste bubonique et s’en
allait en hurlant dès qu’elle l’approchait... En 1954, elle
obtient un rôle de présentatrice sur une chaîne
TV de Los Angeles. C’est la naissance de The Vampira show
(plus tard intitulé Movie Macabre) et la création
du personnage de Vampira, érotique goule largement influencée
par le personnage de Morticia dans la Famille Adams,
et par les looks sado-maso des fifties chers à John Willis.
Dans cette émission, elle est une hôtesse de films
d’horreur qui accompagne le téléspectateur tout au
long du programme. Dans un décor de cimetière, sa
fine silhouette noire sort de la brume, envoie quelques bons mots
("...mon rouge à lèvres couleur hémoglobine..."),
cherche sa copine, l’araignée Rollo, hurle, déclame
des poèmes, et finit toujours par un sépulcral "Bad
dreams, darling..." Le 30 septembre 1955, son James
Dean se tue dans les circonstances que l’on sait. Commence alors
une longue période de délire pour la maîtresse
des ténèbres. Elle prétend parler avec l’esprit
de Dean qui hante sa maison ! C’est une vraie fête foraine
à domicile : des photos de l’acteur mort bougent dans
tous les sens, le téléphone se met à sonner
alors qu’il n’est pas branché... Bien vite, Vampira se fait
éjecter de son émission et haïr par la plupart
des gens du métier. C’est alors qu’un réalisateur
dénommé Ed Wood Jr lui demande de venir jouer un rôle
dans sa nouvelle production Grave robbers
from outer space. Proposition qu’elle accepte du
bout des lèvres, plus par manque d’argent que par envie de
tourner avec le metteur en scène. Malgré tout, c’est
grâce à ce film (retitré Plan
nine from outer space qu’elle deviendra un symbole
et une icône incontournable de la série B fifties.
Entre 1958 et 1962, elle joue les apparitions dans des films aux
titres évocateurs : The beat generation,
une évocation poilante des coffee-house beatnik ;
Sex kittens go to college, l’histoire d’une
strip-teaseuse choisi par Thinko le robot pour être la directrice
d’une fac de sciences ; The magic sword ou encore
Night of the ghouls. Puis plus rien... On la retrouve,
au début des années 70, tenancière d’une boutique
d’antiquités à Los Angeles, la Vampira’s attic.
En 1980, elle est payée 300 dollars pour Bungalow invaders
un mystérieux film en super 8 sur lequel on ne sait rien.
Redécouverte par des groupes de rock (The Damned, The Misfits)
qui lui consacrent des chansons dans les années 80 (elle
est même l’invitée surprise d’un concert d’Halloween
des Cramps !), et forte d’une nouvelle notoriété
due en partie à la ressortie des films d’Ed Wood jr, Maila
Vampira Nurmi coule aujourd’hui des jours heureux en faisant
des interviews, des conventions de cinéma fantastique et
en participant à des documentaires sur James Dean. Juste
retour des choses...
Pierre
Henri de Castel-Pouille
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