SOMMAIRE |
ENTRETIENS
A
LA LOUPE
Le
label SOFTL
Le
label V/VM
Le
label Z & Zoé
|
Chroniques
de
Julien Jaffré
[Contact]
CHRONIQUES
19
CHRONIQUES
18
13 & GOD.WORLD STANDARD. TROY VON
BALTHAZAR. VLAD. L.PIERRE. THE REMOTE VIEWER. Robin FOX.
FS BLUMM. POPULOUS. THE GASMAN. SINISTRI. Keith FULLERTON
WHITMAN/ greg DAVIS. PXP. THE KONKI DUET. LAUTER. MARGO.
JASMIN01. Alexander PETERHAENSEL. Dino FELIPE. V/a RONDA.
TARAB. LOOPER. Masha QRELLA. COLEMAN/ HAUTZINGER/SACHIKO
M/YOSHIHIDE. Jon MUELLER. The CHOPSTICK SISTERS. The WILD
BUD. The DAYS. ELEKTROPHONVINTAGE. ROOM 204. OBADIA. Ben
GIBBARD/Andrew KENNY.Ronnie SUNDIN. Xabier ERKIZIA. PASTACAS.
LOUIS. ROOTS MANUVA. THEODORE. ENON. SETTLFISH. THE THING.
V/a TOYTRONIC . OCHRE. 3PCONCEPTS. ABRAXAS PROJECT. SHANE
COUGH. NAVEL. MLADA FRONTA. John CONVERTINO. AMON TOBIN.
STUNTMAN 5. SKUGGE & STRAVOSTRAND.FENIN. ECHO DEPTH
FINDERS. IGNATUS. COLLEEN. PERCEVAL MUSIC. SPRINGINT GUT.
SNA-FU. V/a TALES OF THE UNREST.Michael GALASSO.Johzn SKUGGE.
BUSDRIVER. INNOCENT X. SUPERCILIOUS. THE PREFECTS. RUBIN
STEINER.
CHRONIQUES
17
John ZORN . KAADA / PATTON . THE BERG
SANS NIPPLE . KILN . SOLVENT . PAN/TONE . Alexander RISHAUG
. BLACK EYES COUGH . Damien MINGUS . Stepahn MICUS. Q AND
NOT U . STYROFOAM . DANA HILLIOT . O.BLAAT . PROPERGOL Y
COLARGOL . Vitor JOAQUIM . PSYKICK LYRIKHAH . KAMMERFLIMMER
KOLLEKTIEF . BJORGULFSSON/ PIMMON /THORSSON . HANALEI .
TETRAULT/ OTOMO . THE PATRIOTIC SUNDAY . MORCEAUX DE MACHINES
. POLA . AUTODIGEST . DIE WELTTRAUMFORSCHER . GOO . PATRICK
WOLF . STATE RIVER WIDENING . WILLIT/ DEUPREE . MARCLAY
. MOUSE ON MARS . GRAILS . SUN PLEXUS . EPSYLON ZYGMA CLUB
. FRANCESCO ARENA . LUDMILA . Michaela MELIAN . FS BLUMM
. HENKE . ENCRE . V/a NOISE &THE CITY . V/a NEUROT . FORMANEX
. REUBER . TILIA . INFANT . ENABLERS . ILIOS . V/a MONIKA
FORCE . TREVOR DUNN S TRIO . SUSANNA & THE MAGICAL ORCHESTRA
. ISIS . MILGRAM. SKOLTZ KOLGEN . V/a PORC EPIC . ARMAND
MELIES . RD16 . KREIDLER . BLOOD AND TIME . MARSEN JULES
. AETHER . NIMP . SUPERCILIOUS . TOOG . RUBIN STEINER .
MATTIN/ WORKMAN . ICHLIEBELOVE . PRINCESSE ROTATIVE . STAFOENN
HAKON . CANCEL N. PARESSANT . THE SOFT RIDER. KAMIDO TU
. MALAUSSENE Vs BANGA . JAMES T COTTON . ANA . GREG HEADLEY
. NOWHERE . SOFUS FORSBERG. OBNY . LOSOUL . OHM EDITIONS/
AVATAR . KOTRA . BORISOB/ NIKKILA.
2004
CHRONIQUES 16
COBRA
KILLER . TRAVAUX PUBLICS . V/a STAUBGOLD . KARATE .. LALI
PUNA . KERRIER DISTRICT . STRATEGY . Pascal SCHÄFER
. V/a Antologia de musica electronica portuguesa . FIRE
WERE SHOT . SWOD . PATERAS/ BAXTER/BROWN . SCHURER .. @C
. ADAM WILTZIE . RAN SLAVIN . THE ETERNALS . CHILDRENS
OF MU . MAX EASTLEY/ DAVID TOOP . CHARALAMBIDES . ANGIL .
BIP-HOP VOLUME 7 . EYVIND KANG . COCOON . VENETIANS SNARES
. LULLATONE . Corker Conboy . POST INDUSTIAL BOYS .. STEPHAN
WITTWER . GROWING . ILIOS . YANNIS KYRIAKIDES/VEENFABRIEK
. MINIT . THE GO-FIND . MICHAEL J SCHUMACHER . MILOSCH
CHRONIQUES #15
BATHYSCAPHE
. TRAVAUX-PUBLICS . SPEKTRUM . LUNT . BAKA ! .. V/a
MUSIK EXPERIENCE . LANGUAGE COMPUTER . AGF . Tô .. TRICATEL
. MEN’S BEST FRIEND . MAX HAIVEN/JON VAUGHN . V/a List .
RYOICHI KUROKAWA . SKETCHES OF PAIN . MINOTAURE SCHOCK .
Z_E_L_L_E . V/a Rural Psychogeography . MARGO . FORMA.
2.03 . FAUST Vs DALEK . MANITOBA . COURTIS / MARHAUG
. LUCKY R’ . EXPLOSIONS IN THE SKY . REMARC . JOSH RITTER
. GROWING . CHRISTIAN RENOU/ANEMONE TUBE . BREEZY TEMPLE
. GUINEA PIG . V/A Kraakgeluiden doc1 1999-2003 . DIRGE
. ATONE . HARPAGES . DEPTH AFFECT . REBECCA . JONO EL GRANDE
. SKYPHONE . PUYO PUYO . MEAT BEAT MANIFESTO . WESCHEL GARLAND
AND WORLD STANDARD . BRAILLE . HAMLET . O.Lamm & Sutekh
. V/A HAUNTED WEATHER . MITCHELL AKIYAMA . ALEX GARRACOTCHE
& STEPHAN KRIEGER . FUNKSTORUNG . HELIOGABALE .. THE
SIDE OF JORDAN . FROM:/TO: . RAUD & HOLLAND .. EXCAVATION
SONORE . HYPO . THE LOOP ORCHESTRA . CLOUDHEAD . PAULO RAPOSO
& MARS BEHRENS . V/A Nothing but a Funk Thang
. Jorg PIRINGER . KID SPATULA . AIRPORT CITY EXPRESS . EPSYLUN
ZYGMA CLUB . SUGAR PLUM FAIRY . Jean Luc Guionnet &
Eric La Casa . CM VON HAUSSWOLFF . JOHN BUTCHER . YEYE .
Pierre BONDU . MINIMALISTIC SWEDEN . BABY FORD . DJ DAMAGE
. FLUNK . ALCAHA SOUNDSYSTEM . DAY &TAXI . PHI LIFE
CYPHER . NHX . 90 DAY MEN . Fort Laudendale . Le POP 2 .
PERLON . TBA . TANDY . WHOPPER . Villalobos . LUNGFISH .
TWERK . MICHAEL YONKERS BAND . Andrew Thomas . SERGEJ MOHNTAU
. The Limps Twins . ABSiNTHE (PROVISOIRE) . Gustavo Lamas
. SETH P BRUNDEL . The Sound Of Warhammer . BEXAR BEXAR
. Active Suspension at Vooruit, GENT . PLANETALDOL .. FEIST
. THE SHINS . Arman MELIES . GREENBANK . ROSIE THOMAS .
V/A STEREO DELUXE . JASCH . KAMIDO . ARMAND-FLORIAND DIDIER
. TANTE HORTENSE . METAMATICS . HELLFIRE . Laurent PLESSIET
. ISO 68 . BMB Con . CARLO FASHION . JAS
CHRONIQUES #14
EXTENSIONS . LEFT / MIDDLE / RIGHT . BERNARD FLEISCHMANN
. CHARALAMBIDES . KAFFE MATTEWS . TRIOSK MEETS JAN JELINEK
. NAO TOKUI . FANTOMAS . DEAN ROBERTS . CINELUX . FUTURE
PILOT AKA . KAT COSM . OLAF HUND & HIS ORCHESTRE TOUT JUSTE .
FORMANEX/AMM . PLURAMON . V/A LOST IN TRANSLATION .. KID
606 . THOMAS MERY . PAUL WIRKUS . POLMO POLPO . NITRADA .
MELODIUM . DUDLEY . BIAS . HANS JOAQUIM IRMLER . ENCRE
. KHANATE . ADVENTURE TIMES . V/a CIRQUE . PIANO MAGIC .
THE HIGH LLAMAS . THE BOOKS . REFREE . XANOPTICON . GRIDLOCK
. WILLIAM ELLIOT WHITEMORE DIM MAK . PARADISE ISLAND . DANCE
DISASTER MOOVEMENT . EKKEHARD EHLERS / JOSEPH SUCHY / FRANZ
HAUTZINGER . OKKERVIL RIVER . ANTIFROST . THE PAPER CHASES .
THE SILVER mt ZION MEMORIAL ORCHESTRA & TRA-LA-LA BAND WITH
CHOIR . RED SNAPPER . AUTODIGEST . SUMUGAN SIVANESAW / DURAN
VAZQUEZ .LEE VAN DOWSKI .WE GOT MONKEYS . RAINIER LERICOLAIS
. GRASSKIRT . ANABEL’S POPPY DAYS . FABRIQUE DE COULEURS
. METAXU . XIU XIU . NOVEL 23 . ERIK FRIEDLANDER .. DICKY
BIRD . SANTA CRUZ . PW LONG . DO MAKE SAY THINK . CHICA
& THE FOLDER 42 . CLEAR HORIZON . TELEFON TEL AVIV . Ms
JOHN SODA . Phrênésie #2 . EINOMA . BRUNO DESCOUT . J XAVERRE
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Chroniques
2004
chroniques archives
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LA
DEMOTHEQUE #1
LA DEMOTHEQUE #2
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MAN
Helping Hand
(Man music/ Sub Rosa)
Eric
Charrier et François Rasim Biyikli n'ont que faire des
étiquettes. Leur musique est une fragilité en marche qui agrée au
fur et à mesure des rencontres et du temps, les courants, les genres,
nourrissant leur curiosité musicale au détour de leurs instruments
: Piano, Rhodes, mélodica, guitares, petits bruitages aériens, basses,
guitares, jouets. Man adopte sans relâche de nouvelles formes, de
nouveaux principes de fonctionnement. Ce caractère mouvant, ces
recherches introspectives se lisent jusque dans les références citées
en exemple pour dépeindre leurs univers…Debussy, Keith Jarret,
Arvo Part, Pascal Comelade, Labradford, Talktalk, Suicide, GSYBE,
Brian Eno, Ennio Morricone, Tiersen, Tortoise.. Man s'offre
un luxe suprême, le choix de ne pas avoir à choisir, fuyant les
convenances, les consensus mous ; préférant laisser aux vents le
soin d'ordonner leurs climats Des atmosphères, plus que des compositions
à cheval sur le jazz (drifting), sur des prospectives ill-bient
nocturnes (Maiomie), des carrefours de free, d'expérimentations
et de ritournelles sans âges, de bricoles à la Comelade-Bastien,
de gymnopédies classiques, de sound fields urbains et soniques.
La maîtrise des silences à la beauté apaisante de l'album de Mark
Hollis, la chaleur sourde et dramatique du Surrogate cities
d'Heinner Goebbels, les égarements pastoraux d'un Godspeed
ou d'un Ennio Morriconne. En soi, cette signature sur Sub
Rosa est un aboutissement, tant le label belge a toujours su
faire front contre la normalisation.. la pluralité, la différence
comme rempart à l'ignorance et au monolithisme culturel. Cet album
est une pure merveille, Helping hand tutoie la beauté sombre
de l'obscurité.
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BOOGERS
in your heads
(Travaux
Publics/ www.travauxpublics.org )
Tout
à commencé, comme bien souvent par des K7 " autoproduites, auto-enregistrées
et auto-éditées " ; des démos échangées sous le manteau, des morceaux
pour lesquels le terme lo-fi signifie quelque chose; des pochettes
reproduites à l'arrache, sans fioritures pour des compositions pleines
d'une saine énergie, plutôt orientées Lo-fi-folk dans le prolongement
d'un Lou Barlow/ Daniel Jonshton adolescent. Voilà pour la
genèse de Boogers. A la recherche de nouvelles sonorités, le jeune
homme s'essaie aux platines, apprivoise les machines, se laisse
gagner aux joies du sampling et découvre les sons cheap et inusités
des jouets pour enfants (depuis le Kazoo au synthé, en passant par
le saxo bontempi). Un one Man show qui l'entraîne dans le sillage
du label Travaux-Publics en divers lieux et compagnies. Il est rejoint
dans sa formule live en 2003 par Oliv'yeah et Alain.
Stéphane Charasse, de son vrai patronyme, a été vu au préalable
dans diverses formations ; batteur au sein des Concrete Idea (Hardcore
mélodique), manager et membre du collectif punk ska (Booby Watch),
et enfin incorporé au quartet de Rubin Steiner, le Neue Band, ou
aux côtés de Supercilious avec le Annilenox, mais aussi Les
Playboys. Dans ces multiples projets, il a toujours su faire
montre d'un état d'esprit indépendant. Avec In Your heads, Boogers
voit enfin se formaliser sur support plusieurs années de pérégrinations
internes, d'expérimentations enjouées, de blagues potaches et de
mélodies bien senties. Ceux qui connaissent le personnage savent
à quel point il est exubérant, extraverti et attachant. L'album
concentre toutes ces caractéristiques tout en affichant un net penchant
pour la schizophrénie, In your head développe en parallèle un appétit
sans limite pour l'énergie sale du punk-rock,un amour sans pareil
pour les mélodies classes et une sensibilité pour les rythmiques
souples et enthousiastes. Sur les premiers morceaux, on sent une
proximité d'esprit avec son comparse Rubin Steiner (qu'on
retrouve à la production de l'album); Imprégnés d'un traitement
du son embrasé, torride et un peu bancal, les titres s'enchaînent
avec une rare cohérence, Something for you, Turtle, Takata, Jacomo..
, une succession d'instantanés dont la mélodie, en deux temps trois
mouvements s'ancrent à l'esprit pour ne plus le lâcher. L'attitude
des morceaux est une habile synthèse sonore où se côtoient sonorités
absurdes et surprenantes, bruits non inventoriés d'harmonica, de
jouets pour enfants, spoken words décalés, sur fonds de groove percutants
et de combinaisons accrocheuses ; tout ce qui fait en fait la marque
de fabrique (l'efficacité) et le charme de ses lives. On redécouvre
au passage son tube revisité - Treat me like a dog- dans une version
non stoogienne ; A partir de ce morceau, l'album prend l'oblique
est va fouiller dans un patrimoine punk-rock plus ancré sur la guitare
sans toutefois mettre à la marge les machines. L'excellentisime
You/You, End of the summer, Sad Vocoder, My Heroin, le sublissime
Ashtray, etc… On savait le garçon capable de nous faire rire
ou battre la mesure par ses pitreries, on lui découvre un penchant
pour la tristesse et la grâce mélodique qui nous font osciller entre
le respect profond et l'émoi. Un esprit libre qui ne se prend pas
au sérieux . Du talent sans œillères. Très bon.
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[1]
KILO OF A BLACK BONDAGE Fear the Windows
(Ronda-label/ www.ronda-label.com)
Derrière le patronyme énigmatique et clandestin [1] Kilo of a Black
Bondage se dissimulent quelques pourvoyeurs éclairés de la scène
culturelle du milieu des années 90. Outre la présence tutélaire
de Black Sifichi, vieil expérimentateur devant l'éternel
(depuis les Spoken Word au microphone), on retrouve au sein de ce
collectif Nicolas Marmin, issu d'Osaka Bondage [aka_bondage]
et qui a depuis enrichi des ses schismes rythmiques et sonores les
line-up de Colder, French Doctors ou encore Damo Suzuki's
network [CAN pour les néophytes] et Somes Kilos, soit Hugues
O., rédac chef de feu l'excellent fanzine 18 jardins et membre
du défunt My own et actuel membre de " 2 kilos & more ",
sans omettre Norscq à la production ou Jérôme Lori Schön Berg
(1/2 de Berg Sans Nipple) en Guest. Un collectif qui a les atours
d'une fédération de compagnons dont l'intérêt et les compétences
en matière de musique contemporaine et de recherches sonores n'est
plus à débattre. La genèse du projet est à porter au crédit du festival
IDEAL, qui en mars 2003, dans la salle obscure de l'étage du lieu
unique à vu naître les accouplements de textures de Black Sifichi
et d'Aka Bondage. Le projet, en maturation constante en fédérant
de nouvelles recrues a amplifié dans le même temps son horizon.
Empruntant au domaine du Hip-hop, du dub, de l'électronica, d'assemblage
rock, l'ensemble des morceaux se révèle plus proche d'un road movie,
où sont davantage privilégiés les textures, les espaces et les paysages
abstraits comme fil conducteur. Des instants oniriques, des climats
enjoués ou phtisiques, c'est selon jalonnent l'écoute de ce Fear
of a Black Windows, (Public Enemy, es-tu là ?) signé sur Ronda,
mais qui aurait tout aussi bien pu figurer en bonne place au catalogue
de Sub Rosa ou d'un Wordsound excentrique. Quelque
part entre les structures savantes et jazzy d'Orchestre 33 1/3,
Les vacations urbaines d'un DJ Spooky période Necropolis
et des spoken words façon Burroughs [dont la pochette entretient
une étrange parenté avec l'esprit du Festin Nu du même Burroughs
(le feutre en trompe l'œil )]. Totalement recommandé.
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YANNIS
KYRIAKIDES The Buffer Zone
(UNSOUNDS/
METAMKINE)
Le
musicien et dramaturge chypriote est un habitué des bancs d'Unsounds
puisqu'il signe avec the Buffer zone sa troisième collaboration
effective. En soit, The buffer Zone est un prolongement de son précédent
opus, Conspiracy cantata, canalisant des thèmes récurrents dans
l'œuvre et les sonorités de Kyriakides, tel que la promiscuité avec
le théâtre ou la recherche de climats spatiaux, de No man's land
acoustique sur fond de trame électro-acoustique. Bâti autour de
recueil d'interviews et d'enregistrements d'un soldat de l'ONU (interprété
par TIDO VEISER), en base à Chypre, The buffer zone, la zone
tampon/ frontière, se propose d'explorer les thèmes du déracinement,
le contexte et les effets particuliers qu'induit cette frontière
entre deux lieux, deux cultures, deux peuples, grecs et turcs.
The Buffer Zone est la bande son de cette réflexion, matérialisée
dans un enivrant et profond travail de landscapes, de recherches
harmoniques (le piano), de scories concrètes, entremêlées d'acoustique
(Marc Reichow au piano ; Nikos Veliotis au Cello,
Tido Visser à la voix). Une étonnante œuvre contemporaine,
personnelle et universelle dans le même temps.
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FENTON
Pup
(Plop/ Mochi Mochi) www.inpartmaint.com/plop
Si
Dan Abrams privilégie une approche plus électronique sous
son projet Shuttle 358 (récent album sur 12K [Chessa], mais
aussi sur Mille-Plateaux, 5 LP au total), il met bien davantage
à contribution les arpèges de sa guitare sous son side -Project
Fenton. La posture reste minimaliste. Les micro-sons qui
environnent ses travaux prennent ici une tournure " pop ", dans
le sens où les mélodies qu'il tisse se laissent volontiers caresser
par l'esprit. L'idée est le fruit d'un constat, de l'observation
simple de son existence ; Dan est un amoureux de la mélodie. Pour
autant, son esprit n'assimile (comme le notre bien souvent) que
le refrain, l'introduction ou la conclusion. Pup, pas dénué
d'un certain esprit ludique se propose de condenser ses moments,
ses émois, éclats de vies, segments et sections de mélodies pour
en faire un cheminement propre. Une quête sonore, jamais éloignée
des pèlerinages en mer intérieure de Labradford, d'éléments de folk,
de bruissements minimalistes ou environnementaux, où la guitare
est balayée par les embruns d'effets divers et le silence comme
ponctuation… Le résultat est une exploration lactescente entre gestuelles
délicates, postures contemplatives et douces méditations oniriques.
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COBRA
KILLER & KAPAJKOS Das Mandolineorchester
(Monika Enterprise/ La Baleine)
Les
deux berlinoises de Cobra Killer, Anika Line et Gina V D'Orios
ont choisi de s'associer pour cette nouvelle production à l'orchestre
Kapajkos. La fresque sonore qui en découle est audacieuse et intrigante.
Elle s'articule non plus autour des samples surannés et de l'électro
dégingandée qui ont fait leur succès par le passé mais s'attache,
à la faveur d'une instrumentation classique type orchestre klezmer/tzigane
[ 3 mandolines, une basse, des clefs…] à réinterpréter leurs précédents
albums, depuis 76/77 (Monika) à Third Armpit (Valve) voir Cobra
Killer sur DHR. La traduction est vraiment intéressante. Comme si
les Taraf des Haïdouk réinvestissait l'univers tordu de LE
TIGRE ou l'héritage punk-no wave de la jonction 70'/80. Le décalage
est excellent, créant une distance entre les morceaux originaux
et les nouvelles pièces. Un grand écart audacieux, inventif et réussi
dans l'esprit vicié d'un Bunrt Friedman, qui en changeant de contenant
n'en change pas pour autant la qualité du contenu. A découvrir.
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SOVACUSA
Centrepoint
(Expanding records/ Chronowax) www.expandingrecords.com
La
genèse du projet Sovacusa n'est pas que le fruit d'un exercice de
style artificiel ou d'une feuille de route imposée à deux artistes.
La réunion de Tim Martin (Maps+ Diagrams) et Steve Davis
(Broca) est le fruit d'une amitié de 20 longues années faite
de fous rires, de coups de gueule, de maux et de joies de l'existence,
de filles et de projets avortés. Quelque chose qui ne se contracte
pas en quelques lignes… Cette envie de créer ensemble les a amenés
par le passé à engendrer leur propre structure, Cactus Island,
label qui leur a permis de sortir leur première production sous
leur patronyme respectif parmi d'autres artistes ? (SENSE, EU,
VESSEL, etc.…) De l'ombre à la lumière, il n'y a qu'un pas qu'ils
ont franchi à l'occasion de ce projet Sovacusa, sorti sur le label
Expanding. (dont le design rappelle terriblement celui de
feu -Time.rec) Evoluant dans des entrelacs d'électronique, d'atmosphères
dénaturées et contemplatives, agencées de fréquences ambiantes,
de décharges quantiques et de micro mélodies/.. On navigue dans
des micro-sonorités familières, proches de certaines explorations
immatérielles de chez CCO. On ressent cette imbrication dès
les premières séquences de décodage de ce génome sonore. Un projet
humain intéressant dès lors que les rythmiques s'installent même
si les ondes sinusoïdales d'ambiantes lénifiantes ont quelquefois
le don d'ennuyer..
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GUIDO
MÖBIUS Dishoek
(Dekorder/ Metamkine) www.dekorder.com
La
structure Dekorder a su fertiliser au long de ses productions,
l'alchimie intense et instable de ses artistes, naviguant en eaux
troubles, quelque part entre mélodies narratives abstraites, prises
de risque free et expérimentations déviantes.Un caddie renversé
dans l'herbe, Lassie Marhaug, etc.… Guido Möbius est un homme
qui a fait de la musique son métier, son environnement, sa niche;
Associé au sein d'un office à la distribution et à la promotion
de labels tels que Sonig, Smalltown Supersound ou Klangbad
; fondateur du label Emphase recording, guest sur divers
projets d'artistes (Anne Laplantine, Mouse on mars entre autres..),
il délaisse un temps ces " à cotés ", pour revenir sur les pas de
sa passion originelle : la création. Dishoek fait suite à
Klisten, son aîné de deux ans, sur lequel son acolyte Alexej
Gottchau (Basse) avait déjà pas mal contribué. Sous le vernis
complexe et craquant d'un assemblage baroque de sources acoustiques
(clarinette, violon, guitare, cornet) et d'apports électriques et
analogiques (basse, guitare, synthétiseur) Guido Möbius livre
un album dont les lignes mélodiques sont d'une simplicité déconcertante,
d'une aménité à fleur de peau. Ni pédant, ni pompier, pas plus académique,
Dishoek est une flânerie pleine d'onirisme et de beauté abstraite.
Il revisite dans ce malicieux succédané son patrimoine musical intime
: un peu de sa culture nationale en ré-intronisant le Krautrock
de ses aïeuls (Amon Dull/Can/Tangerine Machine), un peu du folk
d'Amérique du nord, de l'électronica intimiste européenne à la mouse
on mars, du psychédélisme en menuet, mécanisme de l'enfance, jouets
cassés, électronique en sursis.. Mais aussi de la littérature, du
cinéma…un fourre-tout élégant, qui ne livre pourtant aucun cliché
des genres précités, laissant la part belle aux vacations introspectives.
Dans une lignée de disques sortis chez CCO ou Staubgold.
A noter la présence de FS BLUMM et le sage design orchestré
par Marc Richter.Un instant délicieux pour un disque, sans
doute le plus accessible du catalogue Dekorder, qui paradoxalement
se révèle le plus riche à explorer.
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COLUMN
ONE Dream Time - an anthology of selected public and private
materials (1994-2004)
90%Wasser
records/ Nuit et Brouillard)
Plutôt
que de célébrer pompeusement dix années de création intense, le
duo éclairé allemand formé de René Lamp et de Robert Schalinski
devenu Septet pour l'heure, s'investit corps et âme dans une
relecture de son patrimoine culturel, tout en gansant son projet
d'un caractère hautement conceptuel. Ce qui me plait dans l'œuvre
du collectif Column One, c'est ce goût absurde pour le décalage
visuel entre un esthétisme naïf (les colombes dans la neige, des
jeunes filles en fleur) tout en gardant ce côté déroutant, provoquant,
ambiguë qui sied si bien à ces groupes post punk néo-industriels
des 80'(P16 D4..) Le propos à cheval entre manipulations visuelles
autour de la sexualité et cut-up sonores, est une diatribe lancée
à la face du libéralisme et de ses corollaires, la surconsommation
de masse, le matraquage médiatique… Une satire bâtie autour de l'utilisation
abusive des corps dans la propagande libérale, sans point de vue
moraliste, exclusivement construite à partir de slogans, d'images
et de sons détournés, de matériaux télévisuels fragmentés, re-compartimentés.
On traverse avec une curiosité aiguisée les compositions, assemblage
de lentes mélopées nostalgiques, de samples de films érotiques italiens,
d'extraits de leçons sexuelles en allemand, de voix lascives de
femmes, etc.…Echantillonnage, cut-up, figure artistique, plunderphonique,
tout cela à la fois, Les membres fondateurs de Column One , se sont
adjoint le temps de ce disque les talents (vocaux, notamment) de
Doreen Kutzke, Justine Electra, , Rotraut Z mais aussi Eyn
Lump, Jurgen Eckloff, Andrew Loadman . Les compositions de Column
One sont ici moins prétextes à l'engourdissement ; les horizons
sonores grisés, les accidents mécaniques, les lentes montées défaillantes
qui ont fait leur succès sont ici évacués pour laisser place à des
univers complexes, syncopées, fragmentés. On est enseveli sous un
amas de réclames, phrases percussives vantant les mérites de tel
produit, slogan louant les bienfaits de tel autre sur fond d'univers
oniriques colorés et fragmentaires. Déroutant.
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V/A
RICHARD CHARTIER Re'post'postfabricated
(DSP recording/ Import) www.dsprecs.com
Comment
résister au line-up de cette double compilation, la crème des musiciens
mondiaux au service d'un projet original, jugez plutot : Coh,
Vend, Asmus Tietchens, Frank Bretschneider, Richard Chartier, Goem,
Taylor Deupree, Alva Noto, Freiband, Sogar, Byetone, Matmos, Steve
Roden !!! La genèse de cette compilation est des plus complexes.
Ce Re PostFabricated est une émanation du Postfabricated
du compositeur R. Chartier, édité en 1999 sous l'égide de Microwave
sur CDR (label de Roel Meelkop et Frans de Waard, ndlr) Le
premier " long métrage " de Richard Chartier, conçu avec les moyens
de l'époque : minidisc, connections analogiques, remasterisation
en studio, avait alors les qualités de ses défauts…Ainsi, les limites
techniques d'enregistrement de l'époque, si elles offraient une
forme de radicalisme, de nécessité aux morceaux, restaient pourtant
éloignées des vues et des attentes de son auteur. En empruntant
l'analogie avec la restauration appliquée d'ouvrages anciens, DSP
recording offre six ans après l'occasion à Chartier de réhabiliter
cette œuvre, en restituant la profondeur voulue aux micros sonorités,
à l'époque voilée. Allant au-delà du simple dépoussiérage, le compositeur
américain a ré-édifié son œuvre (d'où le Re devant le Post), à partir
de notes, de diagrammes, d'archives, conservant autant que possible
la structure de base, l'esprit des morceaux comme fil conducteur,
tout en remaniant l'ensemble par le biais digital. La mise en parallèle
des deux œuvres est réellement instructive. Finalement, on reste
assez charmé par le premier jet dont les restrictions techniques
lui donne un supplément d'âme. Alors que le second volet nous plonge
dans un océan de micro-détails, de bas reliefs de compositions qui
bien que passionnants nous font quelque peu oublier l'armature de
base. Dans cette mise en abîme subtile, prenant au pied de la lettre
une réflexion/ suggestion de Roel Meelkop paru dans Vital
Weekly vantant les mérites potentiels de PostFabricated comme
base d'un travail de remixes, Richard Chartier a convié sa
bande de compagnons/ artistes attenants à son univers, à revisiter
à leur tour ce nouvel opus. Un bien agréable moyen de découvrir,
préambule original, l'œuvre exemplaire et riche de Richard Chartier.
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AUDIOPIXEL
Memento Rumori
(Effervescence/ differ-ant)
Son
pseudonyme résume à lui seul toute la fragile et numérique démarche
de sa musique. On est vraiment content de voir enfin aboutir sur
un long -courrier, celui, qui a offert une myriade de " live " aux
4 coins de l'Europe, des poignées de compositions livrées sur des
labels en pointe (Grain Of sound, Effervescence) et tout
autant de remixes. Memento Rumori n'est pas un disque fait
à l'emporte pièce(s), sur le coin d'une table ; il est le fruit
de 3 années de réflexions, de maturations lentes du travail de l'imaginaire,
d'inflexions mélodiques ténues, de rigueur compositionnelles, de
spontanéité ancrée dans la recherche sonore. A l'instar de Dan
Brahams (Shuttle 358) et son side projet Fenton, voué à la guitare
; Miguel Constantino, jeune ingénieur du son Franco-Portugais, par
ailleurs producteur des récents albums de Stuntman 5, The Patriotic
Sundays ou Argument, a choisi de recentrer son étude, son analyse
sur l'usage exclusif de la guitare. Pour autant, la posture n'est
pas académique, elle laisse deviner une astucieuse approche où les
arpèges semblent pervertis à la faveur d'un traitement numérique.
Memento Rumori n'est pas pour autant une étude appliquée
de l'instrument à cordes. Il est enrichi d'une manne d'éléments
annexes qui donnent ce caractère tellement vivant, humain, fragile
à sa musique. Dans les faits, ça se traduit par quelques gymnopédies
de piano, le chant chinois déracinant de Shuang Song, le
soutien logistique heureux de Domotic (Sébastien Laporte),
des interventions diverses et variées à la batterie (P.A. Parois)
à la basse, au violon (Carla Pallone), etc…Le tout sustenté
de soundfields, de fragments de sons concrets, ajouts de bandes
et autres petits instants sonores volés au quotidien. Le fait que
les morceaux aient était enregistrés en live en différant lieux
et places ( depuis Lisbonne jusqu'à la Bretagne) ajoute en dépaysement
sans toutefois trahir l'unité d'ensemble de l'album. Des rumeurs
d'une grâce et d'une fragilité mystérieuses et belles. Très bon.
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EZEKIEL
HONIG & MORGAN PACKARD Early Morning Migration
(Microcosm Music/ Venus)
Early
Morning Migration est une discussion chaleureuse; la rencontre
de deux humanités, de deux esprits, deux manières d'envisager l'espace
et de le remplir. Ezekiel Honig, partisan d'une certaine
forme de méthodisme, d'ordonnancement logique de son approche, symbolise
au travers de cette œuvre la structure, l'ossature sur laquelle
peuvent venir s'amarrer ou virevolter les sons plus libres et inféodés
de son acolyte. Morgan Packward, justement, dont l'esprit
intuitif est ici mis à l'honneur. Un jeu subtil de cutting, de mises
en perspective des sonorités par un habile travail de restructuration,
de montage. Du minimalisme de la pochette (Aesthetic Race)
à la limpidité de la musique, il n'y a qu'une onde..Early Morning
Migration est une conversation intime, une relation secrète qui
se noue, s'instaure. Une discussion faite de fragments de couleurs,
d'impressions diffuses, de textures diluées, de couleurs délayées,
de motifs abstraits. Une chaleur peu commune environne ce disque….
de la retenue ? de la timidité ? Qui sait… Une fragilité bienveillante
teintée de micro-rythmes environne ce disque pour des instantanés
de nostalgie, d'aménité où s'entremêlent des multitudes de parenthèses
mélancoliques. Frais comme une pluie d'été dans la chaleur de la
nuit ; Bon comme le doux ressac d'une mer tiède sur le sable. Sublime
de retenue.
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HANNA
HARTMAN Longitude/Cratere
(Komplott/ Import)
Longitude
013° 26' E et Cratère sont les deux compositions uniques
de cet album, réalisé pour le compte de la SBC [Swedish Broadcasting
Corporation], radio suédoise, un peu à la manière de la VPRO pour
Staalplaat. Le Label Komplott a pris l'initiative de les
diffuser, profondément impressionné par la portée de ces 2 morceaux.
Longitude nous entraîne dans des climats concrets plus humanisés,
aux frontières des musiques concrètes et environnementales. Une
habile refonte de climats fluides, liquoreux. Les titres, sans fioritures
sont d'une belle simplicité, mettant simplement en avant le fond/
ou le contexte d'enregistrement de ces 2 titres Concrets. Le premier,
Longitude 013° 26' E a pour lieu un bateau, naviguant en mer baltique.
L'approche du morceau tente de dresser des ponts, jeter des frontières
sur la relation ambiguë entre cartographie et terrain, virtualité
et réalité, électro-acoustisme (La présence d'Annette Krebs
à la guitare préparée et de Robert G Patterson à l'Horn,
ni étant pas étrangère)/ sons concrets ou environnementaux.. Par
analogie, la réflexion chemine sur les points d'ancrage entre origine
des sons et leur traduction dans une forme musicale. On navigue,
pareil à cette coque, frappé par le ressac, tourmenté par le roulis,
engourdi par le bourdonnement entêtant des abysses... avec toujours
en point de mire, la ligne de flottaison. Les climats aquatiques,
leur mystère nous rappellent par effet d'écho les autres climats
abyssaux, ceux des astres.. Cratère, pour sa part, enregistré
sur le mont Etna dérive de ce même reflet de la pensée. La sensation
que procure ses pièces ne laisse pas indemne. Cratère met en relief
avec beaucoup de discernement les sourds mouvements telluriques,
l'impulsion lente des profondeurs mais aussi les mouvements frêles
et volatiles, inféodés du vent... l'idée de Continents à la dérive
comme dirait Russel Banks…
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GREG
DAVIS/ SEBASTIEN ROUX Paquet Surprise
(Carpark/ Chronowax)
Avant
de psalmodier sur ces deux brillants stakhanovistes de la forme
sonore, quelle que soit d'ailleurs la forme de leurs compositions
( droniennes, concrètes, électroniques, voir environnementales)
,laissons nous enivrer par la superbe pochette, sorte de collage
exquis d'un monde animal et végétal compacté, sortant d'un vieux
carton, figure inaccoutumée de corne d'abondance. Pour autant la
symbolique est bien trouvée. Ce paquet surprise est une véritable
mine d'or, fourre-tout génial, miscellanés de toutes les interrogations,
pistes de réflexions, échos d'idées, stratégies avortées dans le
cadre confiné de 2 ordinateurs reliés chacun l'un à l'autre à plusieurs
milliers de kilomètres de distance. Sébastien Roux, Paris,
employé à l'IRCAM, compositeur de 2 longs courriers paru chez Pricilia
. Greg Davis, Vermont, habitué de chez Carpark, explore avec
beaucoup de spontanéité, de décontraction et de savoir-faire les
marges multiples des musiques indépendantes. On l'a vu récemment
aux côtés de Keith Fullerton Whitman, Animal Collective, Marumari,
ou Mark Nelson (Pan-American) Paquet Surprise est un
condensé de vie, une ode à la diversité, une compression par deux
amoureux du son d'un concentré presque surnaturel des genres et
courants qui ont jalonné leur existence. Bien que relativement rock
dans sa forme générale, cet album accepte sans vergogne différents
niveaux de lecture, laissant l'auditeur découvrir ici une niche
de sons concrets, là un abécédaire de déclinaisons électroniques.
Le projet était sur le papier ambitieux, voire casse gueule, mais
se révèle à l'écoute d'une majesté réelle, d'autant plus agréable
à entendre qu'elle reste profondément intuitive, libérée des connaissances
théoriques des compositeurs. Très bon.
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FILFLA
Frame (Plop/ Mochi Mochi)
www.inpartmaint.com/plop
La
volonté de décliner sous autant de pseudonymes (hétéronymes dirait
Pessoa) qu'il est possible les multiples facettes de son travail
n'est pas en soit un fait récent. De nombreux exemples émaillent
les mémoires de la musique. Pour autant, il s'est à notre époque
généralisé au point de devenir un quasi-usage chez nombre de compositeurs
contemporains. Les racines sont sans doute à rechercher dans un
goût pour l'anonymat davantage que dans une soif de schizophrénie.
Ainsi, Keiichi Sugimoto ( boss du label Cubic rec.,
pas de lien de parenté avec Taku ) compte pas moins de 5 identités
distinctes dans lesquelles il place ses petits univers oniriques,
ses petits travaux à tendance minimaliste. Fourcolor , Fonica,
Minamo, Installing and Good Music, signés sur autant
de labels divers (12K, Apestaartje, Tomlab) …et à présent.. FILFLA
sur Plop. Ici, il y a un désir plus grand, c'est perceptible
dès les premiers morceaux, d'intriguer le rythme dans les morceaux.
On retrouve bien sûr des éléments épars de sa discographie, les
assemblages folk-pastels et électronica de Fonica, les micro-environnements
atmosphériques en filigrane de Fourcolor. La différence est
que là, Keiichi Sugimoto y incorpore un panel de microBeats,
d'effets de coupures de rythmes, de séquençages de l'espace qui
traverse avec la fulgurance d'un orage ses paysages embrumés. Ça
pourrait s'apparenter à un travail de remixages d'artistes tels
que Sogar sur l'œuvre de Fonica, mais c'est pourtant bien
le même auteur. L'évidence est là ; pourquoi confier à quelqu'un
d'autre ce qu'on est en mesure de réaliser seul. Pour l'anecdote,
Filfla est un îlot inhabité au large de Malte... limpide.
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VELMA
La pointe Farinet, 2949m.
(Monopsone/ Chronowax)
Tout
commence par un concert, un remix (Supercilious, viva el
protocol my friend, monopsone), la certitude de tenir un groupe
unique sous la main, un single sur le label Lykill, un split avec
Dalëk, des points de vue âme sœur, de l'enthousiasme, quelques bières,
l'amour de la mise en scène, la chaleur de la nuit… Faisant suite
à Ludwig (Zeal records) et Cyclique (Emperor Norton), et
ce maxi No risk to be taken (Lykill rec), VELMA revient
dans une charge symphonique a l'abordage avec La pointe Farinet,
2949 m. La production a été confiée au grand Mark Van Hoen,
figure emblématique de la scène indépendante (Locust, Seefeel,
Mojave 3, Scala) l'album est à la hauteur de son illustre invité.
Un album captivant de bout en bout. La démarche, plurielle, convoque
diverses unions, depuis la chaleur syncopée du post-rock, l'intimité
du folk jusqu'aux vibrations savantes de l'électronica. Un magistral
vertigo, qui chemine au milieu de chœurs lancinants et répétitifs,
d'apnées d'arpèges, à la fois brûlant, plein de torpeur, presque
jazz par certains angles. Velma met en boucle ses drones cinématiques,
vertiges sonores, donnant à cet album, la couleur de l'ivresse.Splendide.
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SOFTLAND
War Against Error
(Spezial Material/ Toolbox)
Christof
Steinmann , artiste Laptopien suisse, en villégiature à Zurick
a su en seulement 2 albums, bousculer ( faire vaciller !) l'équilibre
fragile entre pop et électronica édicté par Morr, CCO ou
encore Vertical Form. En incorporant des structures issues
du jazz, de recherches expérimentales ou de sons concrets (perceuse
sur please confirm the world pour l'exemple), War against Error
est une sorte de recueil de cartes postales sonores en 22 épîtres/
compositions Pop-Song expérimentales à la silhouette lo-fi-jazzy,
agrémentée d'électronica cristalline. L'outrageuse combinaison à
laquelle se prête C. Steinmann, ouvre un peu plus encore
que son prédécesseur One is a very small Crowd le spectre des possibles,
(le très wendy carlosien moiré ) laissant s'entrecroiser micro-miniatures
minimalistes, folk lumineuse du petit matin, Soundfield du crépuscule,
petites structures avant-gardistes de l'aube. Des harmonies complexes
qui servent une écriture limpide, aérienne. Un équilibre fragile
pour un milieu délicat, entre apport acoustique (Double Bass/harmonium/enregistrement/voix)
et sources synthétiques (Analogiques ou digitales, c'est selon)
Il est ici question d'harmonies, de timbres, de structures, d'alchimie
des sons de nappes, de paysages. Des opportunités, des questionnements,
des sources de propositions qui fluctuent entre pop-song cérebrales
et fragiles apports électro-organiques.. Un moment de sérénité maîtrisée,
pour une musique déviante, sensuelle et forcement belle, puisque
faillible.
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TAYLOR
DEUPREE + EISI Every Still Day
(Noble Rec/import)
Le
New Yorkais Taylor Deupree s'accorde une petite infidélité, délaissant
un temps ses labels 12K, Line et Happy. pour s'investir dans un
travail studieux de reconstruction. La reconstruction/reconstitution
minutieuse d'un album, Awaawa (accessoirement 7éme référence du
catalogue Noble) signé par EISI, trio japonais composé de Mujika
Easel/Tustoma Kobori et masaaki Morita La musique d'EISI est belle,
sorte de folk distendue sans âge, comme l'affectionne David Grubbs,
entre autres. Taylor Deupree, chantre du minimalisme new-yorkais
se meut avec une aisance non feinte dans ce manifeste lo-fi pour
instrumentation acoustique à base de guitares voire de quelques
synthétiseurs. Le savoir-faire de maître verrier, sa connaissance
des structures translucides se marient à ravir avec la mélancolie
de surface du trio. Comme son prédécesseur, Every still Day est
un album d'une quiétude extrême, porté par la voix d'éther de Mujika
Easel. Il est ici question de goût, de passion, d'amitié également
(Christophe Willit étant venu enrichir les compositions de ses Cornes
de Brume). Deupree appose ses délicates couches digitales, ses spectres
de mélodies, esprit d'une no-folk perturbée de procédés électroniques,
nourris de charge émotive. D'une grâce envoûtante.
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TU
M' Just One Night
(Dekorder 012/ dekorder.com)
Duo
italien composé de Rossano Polidoro et Emiliano Romanelli, TU M'
est originaire d'un village retiré de la tourmente du monde, "CITTÀ
SANT' ANGELO ", preuve s'il en est une fois encore que la création
naît partout et nulle part. Clin d'œil à Marcel DUCHAMP, génie de
fausse nonchalance et de surréalisme associé, le duo a déjà fait
connaître ses talents sur quelques labels et pas des moindres, s'il
vous plait, parmi eux, Staalplaat, Box Media, Phtalo, ERS, FÄllt,
etc.…et un morceau présent sur la prochaine compile de Wire. Ultra
actifs, ils dirigent également le label Mr Mutt en même temps qu'un
site de téléchargement MP3 de mixes en guise d'illustrations sonores
aux travaux de webcam de Chris Cutler, Donna Summer, Dalek, Noël
Akchote, feu-Voice crack, Farmers Manuals, Voks, Un caddie renversé
dans l'herbe, Black To comm, A. Linch, et David Grubbs ! En sus,
ils conduisent le projet STENO en compagnie de Frank Metzger d'Oval
sans oublier Steve Roden et Simon Fisher Turner ! Voici les présentations
faites ! Just one night à l'image de leur background est une synthèse,
une combinaison heureuse de leurs amours respectifs pour les belles
mélodies, des montages abstraits, d'improvisations fluides, de sonorités
sournoises, d'habiles bouts de vies, de fields recordings, d'harmonies
de flugelhorn, de nappes synthétiques… Collages de voix, échos de
timbres en ricochet, ambiant. musique nocturne, sonorités filles
de la pénombre ; accidentologie cardiovasculaire du numérique, folk
évanescente (John Fahey ?), post rock désertique, chorus d'orchestre
pris de crise spasmodique, jazz enfumé, ambiant arctique, électronica
boréale, Just one night est tout cela et rien à la fois, se révélant
être au final un petit bréviaire de l'humanité climatique, nocturne
et fragile, de ce qu'on souhaiterait emporter une dernière nuit
avec soi. Indéfinissable et magistral. www.dekorder.com Nota bene
: On retrouve Marcus Schmickler (Pluramon/ Mimeo) à la production,
grand monsieur s'il en est (surtout au regard de ce travail d'orfèvre).
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ARDEN
Conceal (Still001/import)
www.still.org
Sobrement
intitulé Arden (Ardennes) en référence au lieu d'enregistrement,
ce projet collectif correspond à la rencontre improbable (mais pourtant
réelle) de musiciens d'exception. Cet album marie, dans une alchimie
incertaine et pourtant prévisible, les six savoir-faire de musiciens
d'exception. Incertaine, car on ne peut jamais prévaloir de la réussite,
d'autant quand autant d'intervenants, aussi talentueux soient-ils,
sont investis dans l'aventure. Une palette de couleurs/ sonorités
où se côtoient musique atmosphérique, sensibilité post-rock instrumental,
électronique minimale liée à un souci commun d'improvisation et
d'élégance de forme. Comprendre la musique d'Arden, c'est comprendre
les gens qui l'habitent au titre desquels Mitchell Akiyama (boss
d'Intr_version, ½ de Désormais, albums sur Raster, Sub Rosa, Alien
8) ; Jurgen Heckel, le jeune homme derrière Sogar (12K, List) qui
apprivoisent ici les geignements de guitare. Jerôme Denson (Intr_version)
délesté pour l'heure de son alter-ego Alain Lefebvre ; Sébastien
Roux (12 K, Apestaarje, Carpark avec Greg Davis récemment) dont
la saveur du dosage minimaliste en électro n'est plus à démontrer.
Et enfin deux autres compatriotes belges de Denson, Christophe Bailleau
(Le cri de la harpe) et Jeuc Dietriech dont la pratique est passée
à maintes reprises par le cinéma. Le résultat est une forme onirique
de métissage ou la solitude d'une Colleen rencontre la beauté d'un
Gel, jusqu'aux errances atmosphérico-expérimentales d'un Tu M',
Labradford, GSYBE… On part dans une puissante descente dans les
abîmes, ou l'on entrevoit l'importance du lieu, l'isolement comme
vecteur de la création (Popol Vuh, es-tu là), de l'intimité, du
retour sur soi . Les morceaux convoquent une multitude de sensations,
tantôt on découvre un parterre de petits échos, dyslexie numérique,
montées d'orgues sur fond de syntés nuageux puis c'est la montée
en tension rock avec Smashed Computer, magnifique traité de strates
bruitistes sur fond de cornemuse écossaise. Suivent des instants
prélevés à la nature folk -post rock tel que Sleeping in a strange
bed, Ne se soucier de rien (Constellation meet Table of The element)
Des petits moments névralgiques ou nerveux, d'une intensité (trop)
rarement atteinte de nos jours. Un album Splendide.
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PIERS
WHYTE s/t
(Ache/import)
La
musique de Piers Whyte appelle à un effort, necessite de tailler
les épaisses broussailles, épineuses, tortueuses en lisière de forêt
pour pénétrer plus en avant, et accéder à ses sous-bois ombragés,
à ses clairières lumineuses. Une fois cisaillé ce forest fire démo,
massif de hautes fréquences disruptives, machines rayées dense,
semblant fuir à travers l'espace comme des photons [et le sentiment
d'inachèvement/ inconfort qu'il suscite], on chemine sous une nuit
étoilée, au milieu des sons nocturnes, angoissants ou apaisants.
Springs mélange ainsi une multitude de sources : chœurs roumains,
éléments empruntés à la nature, chants d'oiseaux, grondements sourds
de l'orage en contrepoint, reliefs accidentés du rythme. Un voyage
initiatique, une rencontre autour de l'environnement, avec sa beauté
fragile, avec sa rudesse et sa cruauté. Une musique qui révèle une
gamme étagée de sentiments, depuis la quiétude aux déchirements
ou la rage contenue. Un trait gris clair qui file sur un horizon
blanc, vertigineux d'horizontalité. Une tempête de neige vue dans
l'intimité d'une alcôve réconfortante, quelque part entre Francisco
Lopez, Ryoji Ikeda, Oval et Thomas Koner.
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WAHRNEHMUNGEN
V/a
KOSMONAUTENTRAUM
Ungehortes/ Unerhortes
DIE
TODLICHE DORIS welten -Worlds-Ohontasa'shon :a
(Vinyl
On Demand/ Nuit et Brouillard)
VINYL
ON DEMAND nous propose un véritable cours de rattrapage historique.
C'est à la genèse de SELEKTION mené par Ralf Wehowsky, membre à
part entière de P16 D4 ,que nous convie ici cette compilation. Wahrnehmungen
est en fait le prologue du label SELEKTION et du collectif PD devenu
P16D4, projet expérimental non répertorié dans la table des matières.
Début 1980-81, le label édite une vingtaine de K7 dans une diffusion
hiératique, qualité défiant la fidélité de toute chaîne hi-fi de
salon. L'urgence du Punk, l'exigence de l'expérimentation noyée
dans un contexte post-punk néo-industriel qui auront vu naître ce
groupe, ses variations ainsi que d'autres ténors, tels que SPK ou
TG, proches d'un imaginaire situationniste/ lettriste. Des compositions
oubliées, ou mutilées par les âges, perdues voire pour certaines
virtuelles (car jamais éditées). Des groupes mythiques ou disparus
parmi lesquels, Ertrinken, Vakuum : Kurzschluss, LLL, Permutative,
Distorsion, Der Apathische, Alptraum, P16D4… Le dynamisme et l'essor
d'une jeunesse allemande alors en recherche de rupture s'appuyant
pour certains sur les legs de ses pairs les plus audacieux (FAUST)
ou rejetant les affects planants des autres (Popol Vuh). Des moments
de feed backs de répétitions sans fin, de collages surréalistes,
de second degré de folk distordu, quelques sons de machines rouillées
pour une superbe carte postale sonore, perdue durant 30 ans. Un
magnifique témoignage d'une époque révolue. Dans cette même logique,
Vinyl On Demand nous propose une mise en abîme dans l'univers enrichi
de Michael Jarick, Kosmonnautentraum une sorte de musique environnementale
industrielle, où les sonneries de cloches d'écoles, les bruits d'usines,
les discours politisés, la frappe des machines à écrire se superposent
dans un malstrom hystérique, d'électronique primaire, de sons in-inventoriés.
Une sorte de manifeste socio-politique 20 ans avant la clique DHR
(Alec Empire, lui doit sans doute beaucoup) Une revue de détails
composés de multiples 7 ' construit autour des années 1980'. Die
Todliche Doris, enfin, avatar oublié entre Negativland et les délires
orchestrés du collectif V/VM...fanfare grippée, chaos mélodique,
musique industrielle ulcérées/filtres déformants.. Un travail conceptuel
de Gerry Beltz (Die Todliche Doris) pour un projet sonore qui intègre
de manière audacieuse une multitude d'univers distincts, issu de
l'underground Berlinois. Un réel devoir de mémoire.
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LOKAI
7 millions
(Mosz/ Metamkine)
Où
comment inviter à sa table les 2 instruments, l'un acoustique, l'autre
numérique, certainement les plus maniés et pratiqués de ces dernières
décennies. 7 millions, n'est pas la promesse d'une humanité toujours
plus large, toujours plus variées. Prenant à bras le corps les attentes
d'un Christian Fennesz, l'ambition est de faire converger la pratique
aérienne de la guitare et l'usage flottant et ludique du lap top,
de l'électronique. Finalement, la genèse est peut-être à rechercher
dans les albums de Brian Eno/bill Frisell ou dans les compositions
d'Heldon, mélange de sons synthétiques et analogiques, de structures
et de textures folk, de sons et de bruits non narratifs. " tunes
and tones merge and diverge " pourrait résumer en un sous-titre
ce disque où l'on retrouve Stefan Nemeth et Florian Kmet ; Un travail
d'atomisation de la mélodie, des arpèges par l'entre fait de l'électronique,
qui s'il donne un caractère parfois affecté aux compositions, démultiplie
les profondeurs d'écoutes et les niveaux d'analyses de ce disque.
On passe de climats odieusement denses, saturés, à des phases de
pleine accalmie. Une entrée en matière intéressante même si on reste
assez peu surpris du résultat…
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DABRYE
Additional productions Vol.1
(Ghostly rec/ La Baleine)
Tadd
Mullinix est un petit génie de l'ombre, en marge de la notoriété,
ayant préféré taire sa voix et contraindre son talent à s'exprimer
sur les seules berges de l'instrumentale. Découvert deux ans plus
tot sur le maxi Instrmntal paru chez Eastern Developements, il a
auparavant sorti un album courant 2001 (One/three), déroutant dosage
(déjà à l'époque) d'instrumentaux hip-hop passés à la moulinette
du numérique. Puis Game Over sur Ghostly, featuring Jay Dee and
Phat Kat Ici Dabrye s'attache à remixer, ou plutôt réinventer, en
gardant l'ossature et le style de chaque artiste, une série de compositions
qui si elles tranchent par leur diversité n'en donnent pas moins
l'occasion de saisir la diversité de son talent. T. Raumschmiere,
Trans Am, Nomo, Bus, Ill Sueno mais aussi Dabrye lui-même se sont
prêtés à la révérence du remix Les titres s'enchaînent dans une
folle embellie, entraînant le pied à battre la mesure et la tête
à marquer le rythme. La signature de Dabrye a des proximités de
vues avec les fonds instrumentaux de Prefuse 73, ou d'un Daedalus,
une sorte de click-hop confiné, festif, remanié, rapiécé auquel
on aurait adjoint la chaleur de mélopées Jazz, la distance du Vocodeur,
l'énergie rythmique et le sens de la mélodie d'un AfriKa Baambataa….
Si le premier album (One/three) montrait tardivement son talent
( à partir du 7ème morceau), Additional Productions, cadré par un
prestigieux pré-carré d'invités (Beans d'antipop Consortium/ Bus/MC
Soon-T/ Vast Aire (Cannibal Ox)/Big Tone (ABB) balance une énergie
et une vivacité dès les premiers titres, rarement atteintes par
un album de ce genre. Une merveille de rythmes
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ANGIL
Matter 3 '
(Unique records/ La Baleine)
ANGIL
Beginning of the fall/ my time wainting/if i stumbled
(Unique records/Megaphone)
Défendu
depuis les premières heures de l'aube par Jade Web, la carrière
du jeune stéphanois Michael Mottet, ou Angil pour les moins intimes
a pris un envol plus que mérité sous l'impulsion de forces vives,
depuis Unique records, Magic, en passant par les Inrocks. Pourtant
le seul qui puisse réellement savourer ce succès d'estime grandissantest
Angil , qui à la faveur d'un travail acharné, une remise à plat
de ses compositions, leur relecture sous format quartet avec The
Hiddentracks ( Saxophone, Flute, Circus bands, Guitar et samples)
aura su réinventer et élargir les murs folk Lo-fi des premières
heures. La superbe voix rêche, fébrile et désabusée d'Angil est
toujours présente, faisant le lien entre chaque composition. 2 maxis
dont un sorti par l'entremise de Megaphone en Angleterre + un cd
3 pouces où l'on redécouvre les incontournables du jeune homme pour
une poignée d'instants réconfortants. L'insoutenable légèreté du
mal-être. Splendide.
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TONY itinerances
(Moulin010/ autresdirections)
MELODIUM
hum hum & blabla
(Moulin014/ autresdirections)
Pareille
à un Don Quichotte étiolé par l'effort consenti, la multiplication
des moulins d'Autres Directions oblige à une discipline et une hygiène
de vie totale pour qui veut étreindre leur beauté. 2 maxis dont
la durée n'excède pas les 20 minutes pour une poignée de titres
qui volent à la face du vent. Tony avec son Itinerances, joli néologisme
entremêlant itinéraires et errances pour des morceaux imprégnés
de déracinements, du goût de l'ailleurs. Un lent travelling en balayage
(à la manière du clip en visuel sur le site d'autres directions),
composé d'accidents du détail, de catastrophes intimes, de perturbations
introspectives où apparaissent, au fur à mesure de cette fuite latérale,
dans les cadres, quelques arpèges de guitares ici, des bribes de
lap-top là. Un voyage initiatique pour l'auditeur autant qu'une
quête intérieure pour le créateur. Des environnements sonores qui
évoluent depuis les climats d'un François Bayle (le 3) aux ambiances
folk perturbées, de chorus symphoniques, de désunions, de fragiles
ruptures, de boucles lancinantes, de musiques traditionnelles d'extrême
orient, d'arpèges d'une beauté sombre et envoûtante (les titres
d'ouvertures). Magnifique. Melodium, pour sa part, dont on avait
entrevu tout le talent à l'occasion de la sortie récente de son
merveilleux la tête qui flotte, livre ici une forme de post-face
intuitive, belle, équilibrée dans son déséquilibre, dont les racines
trouvent toujours le chemin dans cet assemblage inconscient d'électronique
nocturne et de song-writing de l'aurore. Viennent s'y adjoindre
les remixes vraiment réussis de 3 incontournables , Hellomusic,
Interlude pour dépressifs et la fin de Tout respectivement réorchestrés
avec beauté et justesse par Ochre (Toytronic Records - Ang), Audioroom
(Arbouse Recordings - Fr )et Marsen Jules (Autoplate, City-Centre-Offices
- All). Un maxi à l'élégance folle qui donne envie de se replonger
dans l'album. Incontournable.
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EXILE Pro
Agonist
(Planet Mu/ LA Baleine)
Difficile
de faire abstraction du label de Mike Paradinas, tant celui-ci a
contribué à renforcer la ferveur et l'impact du genre électronique,
à l'instar de Warp Ou de Rephlex. Planet Mu s'est attaché durant
plusieurs années à référencer, inventorier, réhabiliter la rupture
de rythme comme art sonore, au travers du spectre de la musique
électronique récente. Initiés dès son plus jeune âge aux rythmes
rompus, cet amour ne l'a dès lors plus quitté. Dans cette quête
éperdue, il a progressivement aggloméré de nouveaux horizons, l'inspiration
venant aussi bien des médias que de partitions orchestrales surannées.
Aussi versatiles que schizophrènes, les univers multiples du jeune
homme l'ont amené à être édité sur Moving Shadow, Beta, Renegade
Harware, Mosquito (Cristian Vogel) et Planet Mu. Amateur de collaborations
croisées (DJ, MC Temper), il a su créer des univers addictifs, tempétueux
radicaux et tendu. Pro Agonist, même avec son côté un peu désuet
est une charge Drum'n Bass, pleine de fluctuations dissonantes,
de fragrances mélodiques désœuvrées et malsaines à la Aphex Twin
(Open Mikes), de modulations extra-terrestres ludiques et festives.
La charge héroïque mutilée de l'ère Post Atomique
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RM74
Exkursion
(Doc Rec./ Import)
RM
74, après un très honorable coup d'essai expérimental à base de
Glitchs, de cliquetis dénaturés et de nappes insalubres sur Domizil
en 2002 (mikrosport), et Instabil où il oeuvrait à l'atonalité,
Reto Mäder revient sur le devant de la scène, tiré de sa léthargie
(?) par l'artiste PURE, via son label Doc rec On retrouve cette
même appétence pour la saturation (Flax), cette faim de bruit blanc,
de bourdonnement dronien nihiliste…pourtant Exkursion, comme il
l'indique s'octroit une ouverture d'esprit que n'avait pas son aîné.
Une fois passé le second degré introductif (une fanfare de province)
on plonge dans les entrelacs digitaux opaques qui laissent pourtant
éclore des clairières de folk song (si, si ) des séquences environnementales
ou cinétiques (Knarpfen). Un album exigeant dont la ligne directrice
reste implacable. Un digipack esthétique, filigrane sur fond gris,
prompt à la métaphore sur l'éclosion.
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HALF
ASLEEP (we are now) seated in profile
(Unique records/ La Baleine)
C'est
sans doute un écueil, un de plus, pourtant la douceur qui nous enveloppe
à l'écoute d'un album d'Half Aslleep n'est sans doute pas totalement
étrangère à la grâce et la fragilité de ses interprètes. Après une
tournée européenne aux côtés de Colleen, avec laquelle elles partagent
d'autres points communs dont notamment le génialissime graphiste
italien Iker Spozio (que j'adore) résident en Espagne [dont le ligne
se situe dans un croisement entre l'art nouveau et les affects graphiques
des 70'] ;Half Asleep sort son nouvel album, le second à ce jour
sur Unique records, label au nez fin qui multiplie ces temps ci,
après Angil, les incursions dans le song-writing-folk-pop avec une
justesse indéniable. Après un "Palms & Plums" honteusement passé
sous silence en 2002-2003 (sorti sur Another record ) les deux sœurs,
Valérie et Oriane reviennent aux détours de ce projet bâti autour
de consonances minimalistes, de paroles chuchotées, d'âme sombre
des matins gris. Un song writing d'une extrême justesse, qui dans
son équilibre entre les silences et les notes me rappelle la beauté
d'un Mark Hollis. On pense en outre à Beth Gibbons, à Yann Tiersen
ou parfois à Michael Nyman pour la mécanique répétitive des harmonies
de piano. A écouter en compagnie de la lecture d'un Pessoa. Un des
albums de 2005.
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VEX'D
Degenerate 2CD
(Planet Mu/ La Baleine)
Difficile
de jouer sur le registre de l'étonnement ou de la surprise avec
cette nouvelle production du label Planet Mu tant le duo composé
de deux jeunes anglais (Jami et Robi) jouent le jeu dangereux de
la révérence à un genre ( Hardcore break beat) maintes fois fouléau
cours du milieu des années 1990 sans ici vraiment nourrir d'originalité
leurs morceaux. C'est excessivement efficace : les déflagrations
de bass, les nappes phtisiques, climats moites sont parfaitement
agencés sous couvert d'une ligne esthétique néo-industrielle, mais
finalement fortement datés dans la décennie passée. Le service minimum,
c'est bien dirait l'autre, mais parfois ça ne suffit pas…
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DMW
CREW wave :cd
(Rephlex/ LA Baleine)
Avec
plus de 8 maxi-lp à son actif et autant de traces sur compilations
pour le label Rephlex, Ed DMX fait partie des meubles de la maison
Rephlex [ fondée en 1991 par Grant Wilson Claridge et Richard David
James] ; un label aux avant-postes d'une musique artificielle hédoniste
mais intelligente (à l'usage du cerveau et des pieds, cqfd) Pour
l'heure, mister DMX a mis entre parenthèses son label Breakin' records
et ses projets annexes (computer rockers/EDMX/ Bass Potato/ eddmx)
pour se replonger dans l'histoire de la musique électronique. Amateur
impénitent du vocodeur, il creuse une période charnière entre la
fin 70' et le milieu des années 80', avec un mélange d'électronique
naïve, d'EBM binaire et spartiate et de disgressions vers une sorte
de proto-eurodance (FISCHER SPOONNER lui a tout pris) auquel il
adjoint ses épreuves miniatures et autres petits effets personnels
: micro glitch, ghost sound, sons de synthétiseurs analogiques pourraves
, etc… Le côté cheap de ses sonorités, le rythme lent du développement
des morceaux tranchent foncièrement avec la folle embellie de notre
époque. Ça frise parfois la caricature, s'induisant même dans le
design (ah la belle pochette à la Roberto Armani !) Difficile de
se trémousser sur cet album de DMX crew ( se serait-il assagi ?)
autant [ il faut l'avouer] que d'être surpris, même s'il révèle
à l'occasion des petites perles tel que Echelon, 17 Ways to break
my heart, You Can't hide Your Dub Beaucoup d'inédits sur le second
cd -previously unreleased- souvent plus drôles et détachés que les
compositions retenues du premier disque. Un album attachant et cohérent
dans la perspective de l'œuvre du musicien, pas toujours bouleversant,
mais bon, ça reste du pur DMX crew !
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SZ
home recordings
SZ
live recordings
(Drunk dog/ www.drunkdog.com)
SZ
dont on ne connaît réellement la signification cachée, est un projet
solo mené par Franck Litzler. Une fois assimilée la magnifique pochette
de l'album, on se recentre sur l'écoute de ce double album, réparti
sur un travail soigné de studio d'une part et d'autre part, abordant
les aspects du live (accompagné de son frère Damien à la batterie).
Home recordings est la quintessence de 8 morceaux instrumentaux
aux arrangements limpides, laissant entrevoir chaque texture, celle
des cordes et leurs mélodies dans un jeu de rupture constant mais
doux. Des mélodies construites qui portent avec une pesanteur maîtrisée
les constructions obliques et complexes vers des climats instables
où la batterie s'emballe (Mona) La chaleur des sonorités, la teinte
des gammes, les apports épars de petits sons et bruits accumulés
des années durant rappellent évidemment certains artistes nord-américains
issus de cette scène post-rock sans frontière…On retrouve la chaleur
d'un Tortoise, la légèreté d'arpèges d'un Sea & the Cake, le sens
de la fragilité mélodique de L'Altra. Le live sur le deuxième cd,
enregistré en 2004 à Grenoble livre, dans le prolongement de l'enregistrement
studio, une facette plus énergique, plus brute aussi où les arrangements
semblent dénués de tous artifices, fard ou maquillage dans la simple
beauté de leur nature. Très bon.
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VANISHING
BREED between arrival and departure
PINGIPUNG
PLAYS the piano
(Pingipung 06/ La Baleine)
Le
label allemand revient sur le devant de la scène avec 2 nouvelles
productions de belle tenue. Alexander Holmes, en premier lieu, échappé
des très bons They Came From The Stars, I Saw Them, sous son projet
Vanishing Breed. Il a été aperçu auparavant sur 4 maxis autour d'un
projet sur les saisons à base de petites mélodies sautillantes,
de sons surannés de boite à musique, de riff léger de guitares,
ritournelle naïve d'électronica cheap. Le musicien investit à chaque
nouveau projet un concept, ici celui du dépaysement, du voyage,
du départ, laissant s'affirmer avec des nuances contenues ses influences
pop-folk électronica. Les remerciements à Joseph Conrad autant que
la pochette en disent long sur l'idée de voyage. On navigue d'île
en île, visitant des no man's land, découvrant ici un vendredi en
proie au bricolage électronica, là des ritournelles exotiques, caribéennes
à la façon d'un Harry Bellafonte…un mélange étrange, naïf, souvent
déroutant, parfois lumineux qui reste un ovni dans le paysage pop-électronica
européen. Pingipung plays the piano, comme l'avait fait l'excellent
label Travaux Publics en son temps (même si le dogme est ici moins
sévère) s'accorde à fixer aux hôtes qu'il accueille le soin de réaliser
une pièce avec le Piano comme armature centrale de la composition…
Même si l'utilisation qui en est faite reste profondément " romantique
", le recours au piano prend ici des chemins de traverse, jouant
tours à tour sur la répétition, le minimalisme, l'énergie, le romantisme,
le sacré, le fun, le solennel… assortissant généralement le tout
de petites sonorités ou nappes numériques volatiles. Loin d'être
répétitive ou linéaire, cette compilation recèle quelques arabesques
sonores de premier ordre.. avec Hauschka, Peter Presto, DJ Nalesniki,
Coloma, Guido Mobius, Spinning tap, Lawrence, Florian grote, Springintgut,
Adam Butler, Barbara Morgenstern & Robert Lippok, Egobird….De l'originalité
et un savoir-faire qui renouvelle un peu les perspectives de la
sphère pop-électronica.
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EXPLOSION
IN THE SKY
(The Temporary Residence/ Differ-Ant)
L'observation
de phénomènes climatiques à la beauté surréaliste - mirages réfractés
des déserts, aurores boréales des pôles- semble imperceptible hors
de leur contexte géographique. Pourtant, en capturant un peu de
la solitude et de la lumière de ces événements, Explosions in the
Sky a su fertiliser dessus une musique instrumentale, sans ornementations
pompeuses ; une lente dérive de sonorités où les arpèges de guitares
bourdonnantes s'amplifient, semblent percer la glace pour enfin
trouver la lumière (Magic Hours) Quelques noms reviennent souvent
à leur propos, GSYBE, And you will Know Us by The Trail of Dead,
Souvaris…Pourtant peut-on comparer 2 personnes qu'on a aimés, y-a
t'il réellement sous le vernis des similitudes une logique de points
d'attaches ? Non, évidemment. Il nous reste à entrer dans leur musique,
belle d'une tension sourde, de mélodies tournoyantes du clair-obscur,
de moments de silences absolus. A l'heure des bilans, Explosions
In Sky nous laisse seul avec nous mêmes, dans le simple dénuement
de notre âme. Splendide.
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ANTONELLI
the blackout Quintet
(Italic/ La Baleine)
En
provenance de Cologne, dirigé par Mark Knauer, le label Italic,
laisse dériver au fil de ses parutions une certaine idée de la techno,
à la fois pragmatique, dansante, mais également anti-conformiste
ou trans-genre. Malgré une production relativement axée sur le clubbing,
on trouve à l'occasion quelques OVNI attachants tel que ce Antonelli
[émanations ou variations c'est selon d' Antonelli Electr.et A rocket
in Dub de l'artiste Stefan Schwander]. Prenant tour à tour le pas
d'un électronique Click n' cut, d'une techno au rythme spartiate,
ou d'arcane sonore house minimaliste…il arrive à nouveau à nous
surprendre. The Blackout Quintet est une litanie nocturne d'une
grande quiétude, une constellation ambiante traversée d'étoiles
filantes, de micro-rythmes, de nova lointaine, de tonalités de synthétiseurs,
qui lui confère une proximité de vue avec certaines productions
de chez CCO-Morr, voire même Intr_version pour les aspects les plus
engagés. Pas bouleversant, mais relativement bien construit.
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WHITE
HOLE pink Album
(Kyo/ LA BALEINE)
Avec
un humour second degré irrésistible (qui en trompera plus d'un),
White Hole présente son album Pink Album (numéro 1 des ventes aux
USA et en Angleterre annonce le sticker..) sous couvert d'une pochette
outrageusement aguicheuse.. L'art de la duperie est ici flagrant
(peut-être une manière de tester les journalistes mous du genou
qui s'arrêtent souvent à la pochette pour bâtir une chronique) quand
on sait qui se cache derrière le projet. Hanno Leichtmann, le monsieur
derrière Static (album sur CCO) qui travaille régulièrement avec
Justine Electra, Valérie Trebeljahr (Lali Puna), Ronald Lippok (To
Rococo Rot), Stefan Schneider (Mapstation) et Nicholas Bussman joueur
de violoncelle chevronné et adepte d'électronique, partenaire de
Toshimaru Nakamura, membre de Beige Oscillator , Kapital Band et
Ich Schwitze Nie) Ces 2 hommes composent les 2 membranes de ce White
Hole. Là où la surprise est de taille, c'est quand on regarde les
guests, musiciens venus apporter un semblant de souffle acoustique
aux constructions électro-numérique du duo ; Puisqu'on y trouve
Martin Siewert (guitare) et Boris Hauf (Saxo tenor), 2 pontes de
la musique improvisée, respectivement membres et collaborateurs
de Trapist , EFZEG, My Kingdom for a lullaby, Melt et Komfort 2000
(Albums sur Thrill Jockey, Erstwhile et évidemment Charhizma, Grob,
Durian) pour le premier et Efzeg, TVPOW, Lozenge (albums sur grob,
durian, mego, extraplatte, boxmedia, en/of, crank satori, cheap,
lbt, staalplaat, timesup, zomba, sickroomrecords, iftaf, charhizma,
hathut, mosz, sijis ...) pour le second. Autant dire 2 figures incontournables
(malgré leur jeune âge) de la scène électroacoustique mondiale.
Ok, d'accord, joli background, mais la musique de White Hole dans
tout ça ? Une croisade de genres , crossover de style Dub, électronica,
Click'n pop, folk-numérique qui s'il met du temps à démarrer, révèle
d'excellents titres dans une lignée chère à SONIG ou SKIP rec. (Galaxy,
Piano Again, We should stay at home tonight) Du seconde degré et
de la bonne musique, que demande le people (peuple) ?
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V/a
RX : TX Dis_patched [live recordings from belgrades's di-patch
festival [2002-2004]
( rx:tx 009/ import)
A
ceux qui ont perdu la foi en l'humanité, qui ont laissé dans le
fossé l'espérance et l'espoir ; RX :TX envoie cette carte postale.
D'un pays Meurtri par des années de guerre, recouvert d'un permafrost
compact de haine du prochain, de violence du quotidien, a émergé
une fleur fragile, qui pareille à un perce-neige a su trouver le
chemin de la lumière. Dis-patched, avec sa troisième édition, n'est
pas un festival de plus comme Sonar, Pauze ou Mutek. En sus de la
musique, il est porteur d'espoir et à un sens profond pour l'existence
et la reconnaissance culturelle d'un pays encore fragile, la Slovénie.
Cette double compilation est d'une hétérogénéité absolue, proposant
en 2 longues plages de 11 compositions d'artistes chacune, l'ensemble
des facettes de sa programmation. On débute avec le folk intrusif
et les climats acoustiques de Marc Marcovic, Davide Balula et Colleen
(qui nous recouvre de ses sons d'accordéon bourdonnant) Ensuite
Icarus laisse dévier le propos vers une électronique infra-organique
teintée de particules mélodiques frugales ; Tujiko Noriko, égérie
d'un folk-lap-top onirique délivre un live tout en belles nuances..
puis c'est au tour d'AGF, à l'honneur de 2 titres avec ses climats
spectraux si particuliers alors que Tarwater lance à la face du
vent son tube Tesla. Suivront Radian , Dictaphone , Belgradeyard
sound system et le Chicago Underground Trio dans leurs styles respectifs
soit expérimental/pop-électronique/ Jazzy -façon Cinematic orchestra/tipsy)
et Post-rock qui ne laissent jamais retomber la tension superbe
. Le seconde volet ; plus exigeant, fais la part belle aux euphonies
et ambiances tantôt électroniques, bruitistes, environnementales,
expérimentales voire quelquefois mélodiques de Rechenzentrum, Aoki
Takamasa, Pita, Information, Monolake, Murcof, POS, Wang.I.N.C,
, Luomo et AGF.. Un sans faute total pour une série de lives qui
laissent déjà entrevoir les merveilles intrinsèques de la prochaine
édition.
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APSCI
Thanks for the Asking
(Quannum Project / Differ-ant)
APSCI, prononcé
[APSAYE] (APplied SCIence) est une bombe à déflagration, un mécanisme
explosif complexe au minutage parfait, diamant à fractales multiples,
prenant ici au Booty Sound, là au R'nB, à la soulbeat, ou au hip-hop
déviant, Scratch Mutant et polyvalent, métamorphosés en un malstrom
sensationnel. Issu du terreau New-Yorkais et des banlieues de Sydney,
Ra et Dana, mariés à l'état civil, confortés par DJ Big Wiz développent
un hip-hop électro dancefloor non-conformiste et enjoué. La voix
de Dana module sans timidité laissant les lyriques prendre des chemins
insoupçonnés. Pour le reste, la saveur des schémas Hip-hop, pervertis
de sons du quotidien, de bleeps n' cuts et d'infra-bass tonitruants
rendent l'ensemble des plus attrayants. On pense à la rencontre
improbable de Buckfunk 3000, Roots Manuva pour la tension et Gonzales
pour la déconne.. Des raccourcis qui ne dévoilent qu'avec partialité
la réelle intégrité de leur musique. Une union sacrée qui trouve
sa concertation dans nos oreilles..
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ROB
SWIFT Wargames
(Coup de Grace/ Differ-Ant)
L'œil
et la main, la main et l'œil, voilà sans doute les 2 armes (3 si
on y ajoute son cerveau) de prédilection de Rob Swift, l'œil pour
surveiller la révolution du disque sur la platine, la main pour
freiner le courant de l'histoire, l'amener à stopper sa course,
repartir vers le passé. Armé d'une réputation implacable, maître
incontesté des platines, chef de files des X-ecutionners, collectifs
de Scratcheurs-Turntablist new-yorkais sauvages, repéré une poignée
d'années en arrière par Asphodel, Rob Swift est auréolé d'un savoir-faire
inné dans le domaine des platines et d'un sens de la mise en scène
musicale radicale et fulgurante. Faisant suite à "Sound Event",
Wargame ne fait pas offense à son prédécesseur… Pourtant cette fois,
les thèmes de la guerre contre le terrorisme, George Bush viennent
ici voler la vedette aux artistes invités (en vrac : Breez Evahflowin,
The Large Professor, DJ Quest & bob james, DJ meloD, Ricci Ricker
& Toadstyle, Dave McMurray….) Une réflexion autour de l'attaque
et de la réplique mise en marche après le 11 septembre 2001.Une
volonté d'objectivité où Bush et ses sbires ne sont que rarement
épargnés. L'ouverture d'esprit du jeune homme n'est plus à faire,
après 2 albums pour les X-ecutionners, 3 albums solos dont des albums
de démonstration de Scratchs (Who scratch this ? et le projet OUMUPO
(ici d'ailleurs) en compagnie du dessinateur Etienne Lecroart ("Cercle
vicieux", "Le Cycle"). War Games nous plonge dans des climats saumâtres
et brûlants du métro New-yorkais, jungle urbaine où Rob Swift s'est
frayé une voie unique via sa machette-platine. En un sens, il se
rapproche des ambiances de labels tels que Wordsound ou plus certainement
DJ Spooky pour ce mélange de sources disturbées, d'ambiances urbaines
mêlées de Jazz, de sensualité, de violence et de discours et dialogues
en échos. Le disque est accompagné d'un DVD où l'on retrouve le
premier clip issu de l'album ainsi qu'un live impressionnant, des
archives de ses premières interventions dans le monde du Hip-hop
et des cours de scratch, histoire de nous rappeler qu'il fut enseignant
dans ce domaine quelques années plutôt. D'une efficacité redoutable.
Incontournable !
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