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DANGER
DIABOLIK
Le
fameux cambrioleur masqué Diabolik agit au nez et à
la barbe de la police qui le traque sans cesse. Assisté de
la belle et dévouée Éva Kant, il dérobe
des sommes d’argent colossales qui lui permettent de mener une vie
de luxe et de plaisirs au coeur d’une imposante base secrète
qu’il a édifiée juste histoire de déconner.
Mais l’inspecteur Ginko est prêt à tout pour le coincer,
et va jusqu’à s’associer avec le dangereux criminel Valmont.
Ensemble, ils échafaudent un plan pour kidnapper Éva
Kant, et ainsi, obliger Diabolik à se rendre...
Au
départ, Diabolik est l’adaptation d’une sulfureuse
BD italienne à succès créée par les
soeurs Angela et Luciana Sansoni [couverture].
Mais, à la fin des années soixante, la grosse entreprise
cinématographique que constitue Diabolik est surtout
une bonne occasion de marcher sur les plates bandes des James
Bond, dont la recette éprouvée -action non-stop
/ gadgets à la con / poulettes dévêtues- apporta
gloire et richesse à leurs producteurs. Avant de visionner
Danger Diabolik, oubliez tout ce que vous savez sur le respectueux
réalisateur transalpin Mario Bava. Effacez de votre mémoire
les somptueux frissons en noir et blanc provoqués par le
Masque du Démon, et ceux, colorés et baroques
de Six femmes pour l’assassin ou des Trois visages de
la peur... Car si c’est bien d’un film policier dont il s’agit,
ça n’a pourtant rien à voir avec les giallo
auxquels le maître nous avait habitués jusqu’ici...
Pour
la première et la dernière fois de sa carrière,
Mario (le cinéaste, pas le plombier) se trouve à la
tête d’une superproduction au budget colossal et au casting
international. C’est ainsi que Michel Piccoli, dans le rôle
de l’inspecteur Ginko, aussi à l’aise que Boris Karloff pourrait
l’être dans Zazie dans le métro, donne la réplique
à l’américain John Philip Law (Le Baron
Rouge, Barbarella, les Russes arrivent...).
Afin
de toucher un plus large public, le réalisateur devra pourtant
atténuer l’érotisme et la violence de l’oeuvre originale.
Mais n’ayez pas peur : le résultat vaut quand même
le détour, même si Diabolik évoque plus
souvent les facéties de Fantômas avec Louis de Funès
que celles de l’agent 007. Pourtant, Danger Diabolik se hisse
dans le peloton de tête des oeuvres les plus kitsch que le
cinéma ait engendré dans les années soixante,
et trouve dignement sa place aux côtés de Barbarella
ou de The Trip de Corman ! Un cinémascope
aux couleurs pétaradantes, un générique sous
acide, en forme de spirales multicolores, des décorateurs
mégalos qui refont la batcave en dix fois plus grand, des
costumes aussi invraisemblables que ridicules... Que demander de
plus ?
N’oublions
pas la supra-pulpeuse Marisa Mell, pour qui le film n’est
qu’un interminable défilé de mode. Mini-jupes et autres
tenues ajourées sont de rigueur, quand encore elle prend
le temps de s’habiller. L’érotisme, hélas plus soft
qu’il n’aurait dû l’être, est quand même bel et
bien là. Une scène d’amour entre Diabolik et Éva,
dont le corps n’est recouvert que par endroits par les billets de
banque qu’ils ont volé, est d’ailleurs une des plus réussies
du film.
Pierre-Henri
de Castel Pouille (le vrai)
Diabolik
(It/Fr) | 1968 | 105 minutes | Couleur | Production : Dino
de Laurentiis et Marianne Prod | Réalisateur : Mario
Bava | Scénario : Dino Maiuri et Mario Bava | Interprètes :
John Philip Law (Diabolik), Marisa Mell (Éva Kant), Michel
Piccoli (inspecteur Ginko), Adolfo Celli (Ralph Valmont)...
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