FINAL  : 3
2006, Neurot recordings

        Final (1983-...) est le premier groupe de Justin K Broadrick (selon lui, il l'aurait commencé à 13 ans !), bien avant Fall of because , Napalm Death et Godflesh . Les premières productions, fortement influencées par la musique industrielle de l'époque, étaient dupliquées sous forme de cassettes au sein de son label « Post mortem rekordings ». On trouve des traces de cette production dans le morceau « 1983-1987 (edits) » sur l'album One (1993)

        Après un temps de latence, Broadrick ressuscite Final, comme un espace d'expérimentations et d'ouverture vers d'autres formes musicales que ne lui permettaient pas ses multiples groupes (Godflesh , Sweet Tooth , Techno Animal , Solaris BC , Youpho , Sidewinder , Tech Level 2 ,…) aux sonorités plus agressives. La particularité de Final est de représenter la sensibilité de Broadrick tout autant que ces autres projets : tendue, inquiéte,... sidérante - je trouve que sa musique, entre le bruit, le cri et une tension rythmique extrême stupéfie l'auditeur, le laisse sans voix, abasourdi - mais ici sans structures rythmiques. On peut parler d'"ambient music", mais en même temps ce n'est pas vraiment une musique d'ambiance. Elle est en fait très narrative.

        3 est constitué de 2 disques et totalise en tout 27 titres, assez courts en général, ce qui n'est pas courant pour Final. 11 titres ont été composés conjointement par Justin K Broadrick et Darmuid Dalton (bassiste de Cable Regime , et maintenant de Jesu ), 16 titres par Broadrick seul. Les titres, composés de 2000 à 2005, ont des structures très simples, l'ensemble est assez doux, sous-marin, bien que teinté d'une certaine inquiétude, et dégage une sorte de naïveté. L'enchaînement des titres favorise parfois une continuité, et d'autres fois des contrastes assez marqués. L'ensemble est très cohérent et attachant, et démontre un montage très étudié. Le son est très présent et clair.


Disque 1 :

1. The Light Orchestra
Ce morceau, jouant parfaitement son rôle d'introduction, est constitué d'une boucle de guitare issue, semble-t-il, d'une session du premier album de Jesu .

2. Seasick
Plus bruitiste et plus rythmique

3. Negative Youth
4. Laughing Stock
Deux morceaux construits sur une guitare dissonante, de timides mélodies s'en dégagent.

5. Hollow
Morceau plus éthéré. Bruits de fond, réverbération.

6. Little Pictures (MP3)
Guitare. Mouvement ample.

7. Spinning Top
Titre relativement long et calme.

8. Open Air
Bruitiste.

9. Eden
Mélodie naïve, sons saturés.

10. Golden
Simplicité mélodique.

11. Cascades
Morceau atmosphérique.

12. After
Accords mélodiques sur une note tenue haute.

13. We Glowed
Accords mélodiques, symphoniques. Léger rythme en fond.

14. Sorry
Des arpéges tintinnabulants de guitare subit peu à peu des altérations rappelant fortement une bande analogique se déformant.

15. Not Real
Des sons percussifs et étranges sur un drone continu. Ambiance orientale et entêtante.

16. Long Wave
Ce titre assez long (12 mn) est atonal et bruitiste. Une nappe de synthétiseur apparaît à la fin et libère la tension.

Disque 2 :

1.Covered
Spatial, avec une note continue haut perchée.

2. Barely Here
Titre sourd, grave, opaque.

3. Remnants
Ce titre présente une mélodie descendante très simple, légère et mélodique, avec des échos dissonants. La sonorité synthétique un peu naïve a des parentés avec celle des Residents.

4. Confusion
Sentiment d'oppression. Même type de mélodie que dans “Remnants”, mais plus grave et plus dramatique.

5. Long Lost
Guitare répétée et obstinée, avec des altérations de plus en plus présentes au fur et à mesure que le morceau avance.

6. Not Real 2
Retour de ce titre très attachant.

7. Trees
Une des rares titres “guitare/basse” à proprement parler de cet album. Les instruments apparaissent à tour de rôle. La ligne de basse semble issue du titre Heart Ache de Jesu . Les ritournelles de guitares sont très anglaises, très pop.

8. Free
Rythmes bruitistes, ambiance vaporeuse.

9. To the Heavens
La mélodie, à base de guitares saturées, rappelle fortement le remix emphatique qu'a réalisé Justin Broadrick du titre « Hymn » du groupe américain Pelican.

10. All We Ever Do
Bruitiste et calme, parasites.

11. Northpole
Titre long et entêtant (plus de 17 mn) De grandes nappes de sons se chevauchent, évoquant une étendue vide, inquiétante. La fin est ouverte, plus lumineuse. Une très belle conclusion d'un album de plus de 2 heures…