Le rialto

 

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BLACULA

Au XVIIIe siècle, en Transylvanie, le comte Dracula mord et emprisonne un prince africain venu lui demander de l’aide pour abolir l’esclavage. 150 ans plus tard, deux décorateurs et antiquaires new-yorkais achètent pour une bouchée de pain le cercueil dans lequel est enfermé le prince devenu seigneur de la nuit sous le nom de Blacula.

Après un prologue de quelques minutes presque classique (hormis le fait que l’armée de vampires soit d’une agréable couleur bleu ciel), on a tout le loisir de découvrir un générique inattendu entre art moderne et cartoon d’avant-garde. Une présentation étrange sur laquelle les titres et noms des protagonistes coulent lentement dans un décor de taches grossies, tandis que dans un coin de l’image une minuscule chauve-souris poursuit une petite forme humaine... fabuleux générique !

Après un début pareil, un titre pareil et avec un sujet pareil, le spectateur peut s’attendre à tout et finalement, ce qui aurait pu être un immonde tas de boue cinématographique, se transforme à l’arrivée, en film plutôt conformiste mais réussi. À commencer par l’interprétation de William Marshall (Blacula), géant noir entraperçu en gladiateur aux côtés de Victor Mature dans Demetrius and the gladiators (1954), en capitaine pirate pillant les vidéoclubs dans Amazon women on the moon (1986) et en exorciste dans Abby (1974). Il interprète sobrement le vampire noir sans jamais tomber dans le ridicule, à part lorsqu’il se transforme et que lui pousse une moustache velue et des gros sourcils, mais ça, c’est pas de sa faute. En dehors de ces quelques poils superflus, la créature de la nuit est un vampire comme les autres : invisible sur les photos, elle mord ses victimes dans le cou en leur grognant dessus, dort dans un cercueil, se transforme à volonté en chauve-souris et déteste le soleil. Par contre niveau victimes, c’est pas l’idéal. Entre les deux décorateurs d’intérieur homosexuels complètement folles et aux goûts vestimentaires douteux (et méritant une peine de prison juste pour leur coupe de cheveux) et la photographe qui développe ses pellicules en monokini à paillettes, on se demande vraiment pourquoi un vampire aussi sérieux que Blacula choisit de tels énergumènes. Certaines séquences pourtant forcent l’admiration, telle la scène où après avoir déterré un cercueil, un flic se retrouve acculé par une goule et lui enfonce un pieu bien pointu dans le coeur à grands coups de pelle. On attardera aussi nos oreilles sur la musique guitarisante, pédale wah-wah à fond la caisse et voix soul aussi sucrée qu’un pot de miel sur un kilo de sucre.

Voir également la page sur la Blaxploitation

Pierre-Henri de Castel Pouille (le vrai)

Blacula | USA | couleurs | 89 minutes | Réalisateur : William Crain | Scénario : Joan Torres et Raymond Koenig | Interprètes : William Marshall (Blacula), Denise Nicolas (Michelle)...