Le rialto

 

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DES FILMS... AVEC DES NAINS !

Quand on ne le lance pas (seul cas où il suscite notre sympathie) ou qu’on ne le plante pas dans le jardin (à priori, il est alors en plâtre), le nain est FORCEMENT sournois, malsain et retors. Son rôle au cinéma consiste essentiellement à ouvrir des portes qui grincent (dans ce cas il est aussi bossu) ou à courir entre les jambes des vrais acteurs en riant comme un dément.

Il y a toutefois deux films qui méritent de figurer en bonne place sur la plus basse étagère de votre vidéothèque, deux films dans lesquels TOUS les acteurs sont des nains (sans avoir, paradoxalement, le beau rôle…). Même les nains ont commencé petit (qui, malgré son titre débile, n’est pas un film de Max Pecas mais de Werner Herzog) décrit une révolte dans une maison de correction et contient de nombreuses scènes "choquantes" : traitements cruels envers des nains aveugles, torture et crucifixion d’un singe, très longue scène d’amour (à cause des difficultés quasi insurmontables pour l’escalade du lit !) et une fin assez pénible à supporter : après avoir tout cassé /brulé/tué, les nains forment une farandole et sont pris d’un fou rire interminable entrecoupé de hoquets, d’étouffements et de cris qui résonnent encore dans mes oreilles dix ans après la vision de ce film qui contient tout de même une réplique historique : " Il est difficile d’être révolutionnaire quand on a du mal à atteindre la poignée de la porte ". Une œuvre politique au même titre que Porcherie de Pasolini ou Le droit du plus fort de Fassbinder, subversive et dérangeante.

En ce qui concerne Terror of tiny town de Samuel Newfield (1938) je dois bien avouer que, même en étant bon public et de mauvaise foi, passé le postulat de base ce film est franchement pénible. Quelle fantastique idée de départ pourtant : une comédie musicale…au far west… jouée uniquement par des nains ! Au début c’est, bien sûr, assez plaisant, ils chevauchent des poneys, ont des costumes sur mesure mais des colts trop grands pour eux, passent SOUS les portes battantes du saloon, etc… A noter aussi une poursuite dans la prairie où, miracle du raccord, un cheval blanc devient subitement noir puis retrouve sa couleur d’origine ! Malheureusement, on se lasse vite de l’histoire quelconque (pour ne pas dire inexistante), des chansons lamentables et de la mise en scène au ras des pâquerettes , les voix suraigües des nains donnent rapidement des envies de meurtres et il y a même un accroc scandaleux à la déontologie : certains rôles sont en fait joués par des enfants !

Imaginez le chef-d’œuvre qu’auraient tiré de ce scénario Tod Browning, Ray Dennis Steckler ou même Roy Rowland (réalisateur du merveilleux 5000 doigts du Docteur T ). Il est vrai que quand on a, comme S.Newfield, tourné 150 films en 20 ans, on est soit un génie survitaminé doté de plusieurs cerveaux et de quatre mains, soit un tâcheron besogneux sans la moindre conscience professionnelle, filmant un œil sur la pointeuse, l’autre sur la fiche de paie. La vision de White pongo, Invisible killer et Nabonga le gorille confirmerait probablement la deuxième hypothèse, mais ne soyons pas trop sévère avec ce brave homme qui nous a tout de même aussi offert The lost continent  avec de très beaux dinosaures en pâte à modeler et Harlem on the prairie (même idée que Terror of tiny town mais avec des noirs !).

Memphis Shock